épurer [ epyre ] v. tr. <conjug. : 1>
• espurer 1180; de é- et pur
1 ♦ Rendre pur, plus pur, en éliminant les éléments étrangers. ⇒ purger, purifier. Épurer de l'eau, un liquide. ⇒ clarifier, décanter, distiller, filtrer, raffiner, rectifier. Liquide épuré. Épurer un gaz. Épurer un minerai.
2 ♦ V. pron. Fig. Devenir meilleur, plus pur. « Redressez les opinions des hommes, et leurs mœurs s'épureront d'elles-mêmes » (Rousseau). « Mon sentiment se dépouilla [...] de ce qu'il avait d'abord pu avoir de charnel, et, de lui-même, s'épura » (A. Gide).
♢ Rendre plus correct, plus délicat. ⇒ affiner, châtier, perfectionner, polir. Épurer le goût d'une époque, les formes d'un art. Chapelain « soutint qu'il fallait d'abord [...] s'occuper d'épurer la langue » (Gautier). — Pronom. La langue s'est épurée. « La phrase du XVII e siècle si claire, si mesurée, si épurée » (Taine).
3 ♦ Éliminer certains éléments de (un groupe, une société). Épurer une assemblée. Par ext. Fam. ⇒ éliminer, exclure, expulser. Épurer un indésirable. « Un pur trouve toujours un plus pur qui l'épure », aphorisme attribué à É. Picard.
⊗ CONTR. Polluer, salir, souiller. Corrompre, pervertir.
● épurer verbe transitif Rendre quelque chose pur ou plus pur ; le purger des corps étrangers qui en altéraient la pureté : Épurer des métaux. Exclure, éliminer d'une association, d'une administration, d'un parti les membres jugés indésirables ou indignes. Rendre quelque chose pur ou plus pur ; enlever tout ce qui peut porter atteinte à sa pureté, son harmonie, etc. : Épurer la langue. ● épurer (difficultés) verbe transitif Sens Ne pas confondre ces deux verbes. 1. Apurer un compte = le vérifier et l'arrêter définitivement (terme de comptabilité, de technique financière). 2. Épurer = purifier. Épurer de l'eau. ● épurer (synonymes) verbe transitif Rendre quelque chose pur ou plus pur ; le purger des corps...
Synonymes :
- dépurer
- raffiner
Contraires :
- polluer
Exclure, éliminer d'une association, d'une administration, d'un parti les membres...
Synonymes :
- purger
Contraires :
Rendre quelque chose pur ou plus pur ; enlever tout ce qui...
Synonymes :
- améliorer
- assainir
- élaguer
- expurger
- purifier
épurer
v. tr.
d1./d Rendre pur, plus pur. épurer l'eau, afin de la rendre potable.
d2./d Fig. Débarrasser de ses impuretés, de ses défauts. épurer le goût.
d3./d éliminer les éléments jugés indésirables de (un corps social). épurer une administration.
d4./d v. Pron. Devenir plus pur, meilleur.
⇒ÉPURER, verbe trans.
A.— [L'obj. désigne une substance ou un produit]
1. Rendre (plus) pur, par élimination des éléments ou des corps étrangers. Épurer de l'eau. Synon. purifier. La filasse, épurée du gros laissé par le treillage (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 253). On épurait autrefois le gaz avec la chaux (QUÉRET, Industr. gaz, 1923, p. 143).
— Emploi pronom.
♦ à valeur passive. V. creuset, citat. de Sandeau.
♦ à valeur réfl. Une rivière dont l'eau limpide semble s'épurer encore par des cascades qu'elle forme à travers les rochers (JOUY, Hermite, t. 5, 1814, p. 254). Fermentations dernières, quand s'épurait l'âme du vin (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923 p. 225). V. aiguiser ex. 15.
— MÉD. Éliminer les impuretés de l'organisme ou d'un organe. L'activité des appareils qui épurent le milieu intérieur, c'est-à-dire, du cœur, du poumon et des reins (CARREL, L'Homme, 1935, p. 209).
2. P. ext. Opérer un tri, faire un nettoyage :
• 1. Alors, je songeai à mettre de l'ordre dans mes papiers. Voici longtemps que je songeais à cette besogne d'épurer mes tiroirs; car depuis trente ans, je jette pêle-mêle dans le même meuble mes lettres et mes factures, et le désordre de ce mélange m'a souvent causé bien des ennuis.
MAUPASSANT, Contes et nouv., t. 2, Suicides, 1883, p. 826.
3. P. anal. [L'obj. désigne un son] Rendre plus net, plus pur. Il est des sons que l'espace épure et qui arrivent à l'oreille comme des ondes pleines à la fois de lumière et de fraîcheur (BALZAC, Séraphita, 1835, p. 301).
B.— Au fig.
1. [L'obj. désigne un inanimé abstr., moins souvent une pers. ou un groupe de pers.]
a) Domaine moral. Rendre plus correct, plus délicat. Épurer les mœurs (cf. infra ex. 2). Synon. affiner, châtier, purifier.
♦ Épurer un auteur. ,,Retrancher des ouvrages d'un auteur ce qu'il y a de trop libre et de choquant`` (Ac. 1932). Épurer le théâtre. ,,Faire en sorte qu'il n'y ait rien dans les pièces de théâtre qui puisse blesser les mœurs`` (Ac. 1932). Synon. expurger.
♦ Épurer le cœur, l'âme, les sentiments de qqn. ,,Chasser de l'esprit et du cœur de quelqu'un les pensées, les sentiments contraires à la religion, aux bonnes mœurs, à l'honneur`` (Ac. 1932).
— Emploi pronom. réfl. S'assainir. Cette population malade reprendra vigueur morale, s'épurera au feu de la liberté (MICHELET, Journal, 1854, p. 241).
— Emploi abs. Apologie pour la guerre « qui épure » (BENDA, Trahis. clercs, 1927, p. 157).
b) Domaine spirituel. Purifier (de tout ce qui éloigne de Dieu). Épurer son cœur de toute affection terrestre (Ac. 1798-1932).
— Emploi pronom. réfl. Se dépouiller. Dans cette solitude céleste, les âmes s'épurent et laissent au passage les dernières souillures de leur enveloppe terrestre (NERVAL, Sec. Faust, 1840, p. 284).
c) Domaine intellectuel. Mettre au net (une pensée), affiner (des idées). Synon. dépouiller. Donner (...) tout son effet à l'argument épicurien, en l'épurant de ses résonances sensualistes (VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 61).
— Emploi pronom.
♦ à valeur passive. Au fur et à mesure que se corrompait la société, les notions de moralité allaient s'épurant (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 558). Depuis longtemps l'idée que je me faisais de lui s'était épurée, sublimée au point qu'il avait perdu tout visage (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 138).
♦ réfl. indir. Il faut faire la noce de temps en temps pour s'épurer l'intelligence (RENARD, Journal, 1894, p. 222).
d) Domaine esthétique. Rendre plus fin, plus poli. Le sage ne découvre des vérités nouvelles qu'en épurant son langage, en lui donnant plus de précision (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 220). Il reprend, il épure sans cesse ses mots (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 250) :
• 2. Une sentence latine prétend que le théâtre de l'Opéra-Comique épure les mœurs (...). Épurez votre répertoire, épurez la voix de vos chanteurs, épurez le style de vos auteurs et de vos compositeurs, épurez le goût de votre public, épurez la population de vos premières loges...
BERLIOZ, Grotesques mus., 1869, pp. 187-188.
— Emploi pronom. à valeur passive. Le goût s'épure par de bonnes lectures (Ac. 1798-1932).
2. [L'obj. désigne un groupe de pers.]
a) Vx et rare, emploi pronom. réfl. Se clairsemer. L'assistance s'était épurée. Les canotiers presque seuls restaient avec quelques bourgeois parsemés (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Femme de Paul, 1881, p. 1226).
b) Éliminer d'un corps social les membres jugés indignes d'en faire partie ou considérés comme indésirables. Épurer une assemblée, une compagnie (Ac. 1878-1932). Au moment où l'on va épurer toutes les administrations (BALZAC, Annette, t. 1, 1824, p. 37). À l'époque où la République épurait la magistrature (FRANCE, Orme, 1897, p. 208). Cf. supra ex. 2.
— En partic., domaine pol., souvent péj. [L'obj. désigne une pers.] Le gouvernement devra s'arrêter dans la voie de l'épuration — et s'arrêter, non pas faute de citoyens à épurer, car il y en aura encore et toujours : pas plus que l'incorruptible, il ne faut espérer en voir la fin (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 420).
— Emploi abs. Tout un monde bizarre, inquiétant, où [Robespierre] « épura » sans pitié, mais peut-être parfois avec discernement, et qu'il expédia à la guillotine (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 85).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Épurant, ante, en emploi adj., technol. Qui est destiné à épurer. La matière épurante est disposée dans des cuves en fonte (QUÉRET, Industr. gaz, 1923, p. 146). Le gaz (...) est envoyé à la base d'une colonne remplie (...) de matières épurantes variées (DUPONT, Bois carburant, 1941, p. 94). b) Épuratoire, adj. ) Qui est destiné à purifier. D'autres passaient par un feu épuratoire (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 523). ) Au fig. Qui vise à l'élimination d'individus indésirables. Scrutin épuratoire (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 91).
Prononc. et Orth. :[] (j')épure []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 soi espurer « devenir pur » (ALEXANDRE DE PARIS, III, 3533 ds Elliott Monographs, 37, p. 222); 2. 1772 trans. pol. (G.-T.-F. RAYNAL, Histoire philosophique, t. V, p. 284 ds BRUNOT t. 9, p. 818). Dér. de pur; préf. é-2; dés. -er. Fréq. abs. littér. :274 (épurant : 31). Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 478, b) 285; XXe s. : a) 402, b) 3 1. Bbg. PINCHON (J.). Questions de vocab. Fr. Monde. 1968, n° 60, p. 54.
épurer [epyʀe] v. tr.
ÉTYM. V. 1220, espurer, sens 2.; de é-, pur, et suff. verbal.
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1 Rendre pur, plus pur, en éliminant les éléments étrangers, dégager, débarrasser (qqch.) des impuretés. ⇒ Apurer (vx), purger, purifier. || Épurer de l'eau, un liquide. ⇒ Clarifier, décanter, distiller, filtrer, raffiner, rectifier. || Épurer un gaz. || Épurer un lieu malsain. ⇒ Assainir. || Épurer un minerai, du sable. ⇒ Cribler. || Épurer un métal dans un creuset (cit. 7). || Épurer les fibres des matières étrangères. → Peignage, cit. 1. — Pron. || L'or s'épure par le feu (→ Consumer, cit. 1).
2 Abstrait. Rendre meilleur. ⇒ Améliorer, châtier, purger. || Les censeurs voulaient épurer les mœurs des Romains. || Épurer le cœur, l'âme, les sentiments de qqn. — Pron. Devenir meilleur, plus pur. || L'âme s'épure dans l'épreuve. ⇒ Creuset (cit. 5 et supra). || Sentiment qui s'épure. ⇒ Dépouiller, cit. 25. — (Passif). || Son amour a été épuré par le temps. — Au p. p. || Épuré de, par… (cit. 1 ci-dessous).
1 (…) une flamme épurée de tout le commerce des sens, une tendresse toute sainte, un amour détaché de tout, qui n'agit point pour soi, et ne se met en peine que de votre intérêt.
Molière, Dom Juan, IV, 6.
2 Redressez les opinions des hommes, et leurs mœurs s'épureront d'elles-mêmes.
Rousseau, Du contrat social, IV, 7.
3 (L'amour chez les animaux) peut-il entrer en comparaison avec ce sentiment tendre et fidèle qui ne voit qu'un homme entre tous les hommes, qu'une femme entre toutes les femmes ? C'est cette préférence, ce côté moral et profond qui épure, consacre et divinise l'amour.
Rivarol, Disc. préliminaire.
4 Il n'avait pas précisément de vices; mais il était rongé d'une vermine de petits défauts dont on ne pouvait l'épurer (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 79.
Michelet, Hist. de la révolution franç., I, p. 655.
♦ Épurer un auteur, retrancher de son œuvre ce qu'il y a de trop libre, de choquant (⇒ Censurer, expurger). || Épurer le théâtre. || Épurer un texte de ses obscénités. ⇒ Châtrer.
6 (…) la première source de tout le comique : je dis de celui qui est épuré des pointes, des obscénités, des équivoques (…)
La Bruyère, les Caractères, Disc. de Théophraste.
♦ Au p. p. || Ouvrage épuré. || Littérature épurée.
6.1 À gauche, c'est la bibliothèque : 30 000 volumes divisés en trois classes, non épurés, demi-épurés et épurés. Quand des pensionnaires nous arrivent, pour ne pas brusquer leurs idées et leur jeter tout d'abord une pâture intellectuelle trop douceâtre, nous leur donnons les volumes de la troisième classe, la littérature non épurée. Après quelque temps de séjour, quand leur tête s'est calmée et que la vertu commence à jeter quelques racines dans leur cœur, nous passons à la seconde classe : littérature demi-épurée, qui donne des sensations douces et tièdes ! Enfin, lorsque je les trouve suffisamment régénérés, nous arrivons à la troisième (sic) classe : littérature épurée !
A. Robida, le Vingtième Siècle, p. 136.
♦ Rendre plus correct, plus délicat. ⇒ Affiner, châtier, perfectionner, polir; épurement. || Épurer la langue. || Épurer le goût d'une époque, les formes d'un art. || Cet auteur a épuré son style. — Pron. || Selon le goût classique, c'est avec Malherbe, que le français commença à s'épurer.
♦ Vx. Rendre plus fin (le jugement, le goût). || Épurer le goût, le sentiment du beau, l'oreille. — Au p. p. (→ ci-dessous, cit. 7 et 11) :
7 Par ce sage écrivain (Malherbe) la langue réparée N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée.
Boileau, l'Art poétique, I.
8 On a voulu épurer notre langue depuis François 1er; peut-être a-t-on fait comme ces médecins qui, à force de saigner et de purger, précipitent leur malade dans un état de faiblesse d'où il a bien de la peine à revenir (…)
9 Épurer son goût, en écumant son esprit, est un des avantages de la bonne compagnie et de la société des lettres, à Paris. Les idées médiocres s'y dépensent en conversation; on garde les exquises pour les écrire.
Joseph Joubert, Pensées, VIII, XXXIV.
10 À la seconde séance, le 20 mars 1634, Chapelain (…) soutint qu'il fallait d'abord (…) s'occuper d'épurer la langue et travailler à la rendre capable de la haute éloquence; que, pour cet effet, il était bon d'en régler premièrement les termes et les phrases dans un ample dictionnaire et une grammaire fort exacte, qui lui donneraient une partie des ornements qui lui manquaient, et qu'ensuite elle pourrait acquérir le reste par une rhétorique et une poétique que l'on composerait pour servir de règle à ceux qui voudraient écrire en prose ou en vers.
Th. Gautier, les Grotesques, p. 259.
11 La phrase du XVIIe siècle si claire, si mesurée, si épurée (…) est incapable d'exprimer les passions crues (…)
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 323.
12 Cette langue, je la voulus plus pauvre encore, plus stricte, plus épurée, estimant que l'ornement n'a raison d'être que pour cacher quelque défaut et que seule la pensée non suffisamment belle doit craindre la parfaite nudité.
Gide, Feuillets, in Journal 1889-1939, Pl., p. 347.
3 (1772). Éliminer certains éléments de (un groupe, une société). || Épurer une assemblée. — Par ext., fam. ⇒ Éliminer, exclure, expulser. || Épurer un indésirable. || « Un pur trouve toujours un plus pur qui l'épure », aphorisme attribué à É. Picard.
♦ Au p. p. Vieilli.
13 D'autres invités y sont venus et s'en sont allés parce qu'ils n'ont pas trouvé le bal assez épuré.
P.-L. Courier, Lettres, II, 109.
♦ En emploi factitif :
14 Au Tribunat, plus de discours enflammés : on a trop peur de se faire encore « épurer » et pour qui, d'ailleurs, discourrait-on ?
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, XVI, p. 258.
♦ Spécialt (en parlant des collaborateurs, à la Libération).
15 C'est un film qu'on a commencé de tourner sous l'occupation et qu'on est en train de terminer. C'est d'ailleurs pourquoi je joue car je dois vous dire que j'ai été épuré et qu'on m'a interdit pour deux ans.
M. Aymé, le Vin de Paris, « Le faux policier », p. 162.
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épuré, ée p. p. adj.
♦ (→ ci-dessus à l'article, notamment cit. 1, 6.1, 7, 11, 12 et 13).
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CONTR. Polluer, salir, souiller, troubler. — Mélanger. — Corrompre, dépraver, pervertir.
DÉR. Épurage, épurateur, épuratif ou épuratoire, épuration, épure, épurement.
Encyclopédie Universelle. 2012.