établissement [ etablismɑ̃ ] n. m.
• fin XIIe; « règle, loi » v. 1155; de établir
I ♦
1 ♦ Vieilli ou didact. Action de fonder, d'établir. L'établissement d'un empire. L'établissement d'un tribunal. ⇒ création, constitution, érection, fondation, instauration, institution. — Mod. L'établissement d'une religion, d'un régime. L'établissement d'un impôt. « ces réminiscences du passé qui troublaient si profondément l'établissement d'un ordre nouveau » (Renan).
♢ (Concret) Vieilli Construction. « Avant l'établissement du chemin de fer de Naples à Résina » (Nerval).
2 ♦ (1681) Action d'établir (des personnes), de s'établir (quelque part). L'établissement de l'ennemi dans une position fortifiée.
♢ Action de prendre pied dans un pays. L'établissement des Français dans les Indes au XVII e s. ⇒ implantation .
♢ (1635 « mariage ») Vieilli Action de pourvoir d'une situation, d'une position sociale; spécialt Mariage. Je suis « toujours d'un caractère très jovial, ce qui peut me faciliter mon établissement si j'ai envie de me marier » (Flaubert).
3 ♦ (av. 1678) Le fait d'établir (II, 3o, 4o). L'établissement d'un fait. Procéder à l'établissement d'un devis. ⇒ rédaction. Établissement d'un texte. ⇒ édition. — Établissement d'une liaison entre un terminal et un ordinateur hôte.
II ♦ Lieu où une chose, une personne est établie.
1 ♦ (1698) Hist. (au plur.) Colonie, comptoir. Les établissements français de l'Inde, les établissements portugais.
2 ♦ (1606, répandu XIXe ) Cour. Unité géographique de production, d'exploitation (siège social, usine, atelier, dépôt). Les grandes entreprises ont en général plusieurs établissements. Par ext. Entreprise. Établissement agricole, commercial, industriel. ⇒ agence, atelier, boutique, bureau, comptoir, entreprise, exploitation, fabrique , 2. ferme, firme, fonds, industrie, magasin, maison, manufacture, usine. Les établissements X... ⇒ entreprise, société. Abrév. graphique Ets . Ets DUPONT. Législation sur les établissements dangereux, insalubres ou incommodes. Établissement financier, bancaire, de crédit. ⇒ banque.
♢ ÉTABLISSEMENT PUBLIC : personne morale administrative chargée de gérer un service public. Établissement public à caractère industriel et commercial, qui gère un service public selon les règles de l'entreprise privée (par ex. la S. N. C. F.). Établissement d'utilité publique : association ou fondation privée, reconnue d'utilité publique. — Établissement scolaire. ⇒ école; collège, lycée; région. athénée, cégep. Chef d'établissement. Établissement hospitalier. ⇒ C. H. U., hôpital. Le « médecin-chef de l'établissement où elle se soignait » (Camus). Établissement thermal. ⇒ thermes. Établissement pénitentiaire (⇒ prison) .
III ♦ ⇒ establishment.
⊗ CONTR. Démolition, destruction, renversement. Abolition.
● établissement nom masculin Action d'établir, de construire : L'établissement d'un barrage, d'un empire. Action de s'établir, de prendre pied dans une région, au point de vue industriel ou commercial : L'établissement des Français en Afrique. Action d'installer, de mettre en vigueur ; instauration : L'établissement d'une république. Littéraire. Action de pourvoir d'une situation, d'une position sociale. Action de fournir un plan, un projet, le détail d'un compte : Établissement d'un devis. Action de démontrer, de fournir des preuves de quelque chose : L'établissement de la vérité. Entreprise, usine, maison de commerce d'une certaine importance : Établissement industriel. Droit Unité technique de production, dotée d'un matériel et d'un personnel propres, constituant une fraction de l'entreprise ou pouvant coïncider avec l'entreprise. Menuiserie et Charpente Ensemble des signes tracés sur les pièces d'un ouvrage avant l'assemblage. ● établissement (expressions) nom masculin Établissement scolaire, école, collège ou lycée. Établissement de soins, organisme, public ou privé, dans lequel sont dispensés des soins médicaux. Établissement de crédit, personne morale qui effectue à titre de profession habituelle des opérations de banque. Établissement financier, entreprise qui, sans posséder la qualification de banque, participe à des activités telles que les opérations sur titres, la gestion de patrimoines, etc. Droit d'établissement, possibilité d'accéder à une activité professionnelle non salariée et de l'exercer, ainsi que de constituer et de gérer une entreprise. Établissement classé, établissement affecté à des industries dangereuses et incommodes pour le voisinage, et dont l'ouverture et le fonctionnement sont strictement réglementés. (Les établissements dangereux, incommodes et insalubres sont dits « classés ».) Établissement public, personne morale de droit public autre que l'État et les collectivités locales, chargée d'assurer le fonctionnement d'une activité prise en charge par la collectivité et qui jouit de l'autonomie financière. Établissement public administratif, établissement public chargé de la gestion d'un service public administratif. Établissement public à caractère industriel et commercial, établissement public chargé de la gestion d'un service public industriel et commercial. Établissement d'utilité publique, organisme privé qui a pour but de satisfaire des besoins d'intérêt général. (La reconnaissance d'utilité publique est délivrée par l'Administration.) Traité d'établissement, traité qui règle de façon préférentielle la condition des nationaux de chaque État contractant dans le territoire de l'autre. Établissement maritime, local, atelier appartenant à la marine nationale. Établissement du port, moyenne des retards de la pleine mer par rapport au passage de la Lune au méridien d'un lieu, les jours de syzygie d'équinoxe. Établissement flottant, installation flottante qui n'est pas normalement destinée à être déplacée (dock, embarcadère, hangar pour bateaux, etc.). ● établissement (synonymes) nom masculin Action d' établir , de construire
Synonymes :
- érection
Contraires :
- démolition
- ruine
Action de s'établir, de prendre pied dans une région, au...
Synonymes :
Contraires :
- départ
- fuite
Action d'installer, de mettre en vigueur ; instauration
Synonymes :
Contraires :
Action de démontrer, de fournir des preuves de quelque chose
Synonymes :
- démonstration
- exposé
Entreprise, usine, maison de commerce d'une certaine importance
Synonymes :
- maison
établissement
n. m.
d1./d Action de construire. établissement d'une voie ferrée.
d2./d Action d'établir, de fonder. établissement de la démocratie.
|| ECON Droit d'établissement: droit de fonder une entreprise, un commerce, ou de commencer à exercer une profession libérale.
d3./d Fait d'établir, d'instaurer, de mettre en place (qqch d'abstrait). Travailler à l'établissement de relations entre deux pays.
d4./d Installation établie pour l'exercice d'un commerce, d'une industrie, pour l'enseignement, etc. établissement scolaire.
|| Vieilli, péjor. (Cour. à Maurice) Propriété sucrière.
|| DR établissement public: institution administrative qui gère un service public.
|| FIN établissement financier: entreprise qui, sans être une banque, accomplit des opérations financières.
⇒ÉTABLISSEMENT, subst. masc.
I.— [Avec l'idée de mise en place solide]
A.— [En parlant d'une chose]
1. Concr., rare
a) Action d'installer, de faire tenir dans un lieu de manière stable; résultat de cette action. Ne permettre l'établissement d'aucun étalage sur la voie publique (Ac. 1835, 1878). Les bois qui servent à l'établissement [des cadres de mine] doivent être décortiqués et avoir de 15 à 20 centimètres de diamètre (J. CAHEN, BRUET, Carrières, 1926, pp. 127-128) :
• 1. C'est l'enfouissement simple, la jonction de la chair crue au limon inerte et compact (...). La tombe vous a survécu, et à la mort même le signe parfait dans le brutal établissement de ce bloc.
CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p. 74.
♦ Expr. fig. ,,Il a réussi dans l'établissement de sa fortune. Il doit à cet ouvrage l'établissement de sa réputation, sa réputation fut établie par cet ouvrage`` (Ac. 1835, 1878).
b) [En parlant d'un phénomène atmosphérique] Apparition et prolongation. Immédiatement après le départ des glaces, l'établissement d'un froid sec (...) aurait marqué l'époque magdalénienne (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 382).
2. Au fig.
a) Action de mettre en place, en application; résultat de cette action. Établissement de l'impôt, d'une assemblée, d'une constitution. (Quasi-)synon. instauration, institution. Le seul remède à la fraude était l'établissement d'une taxe uniforme dans toutes les provinces (STOCKER, Sel, 1949, p. 106) :
• 2. ... leurs actes antérieurs au 17 juin 1940 ou postérieurs à l'établissement du gouvernement provisoire de la République Française sur le territoire continental...
DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 408.
b) P. ext. Action de faire entrer dans les mœurs, d'implanter de façon solide et durable. Établissement du christianisme, de la démocratie. Les communistes affirment toujours que les conflits entre le communisme et le capitalisme (...) conduiront finalement à l'établissement du communisme (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1938, p. 163).
B.— [En parlant d'un être humain]
1. Concret
a) Vieilli. Action de s'installer dans un lieu en vue d'y habiter pour une période déterminée; p. méton. résultat de cette action. Pour la première fois depuis son établissement chez les Bergmann, le vieil Italien laissa pénétrer un étranger dans son appartement (BALZAC, A. Savarus, 1842, p. 46). Madeleine ne vint point à Paris de tout l'hiver, diverses circonstances ayant retardé l'établissement que M. de Nièvres projetait d'y faire (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 135) :
• 3. Il fallut se retirer dans les villages voisins, et je m'associai à une famille intéressante pour former un petit établissement dans une cabane de paysans où nous passâmes quatre mois ensevelis en quelque sorte sous les neiges.
SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1610.
• 4. ... le devoir (...) était de redemander ton âme à tous les gardiens de la cité! Les parts du monde et de Dieu bien dosées et le confort dans un établissement bourgeois, voilà ce qui était habitable par d'autres précisément que par toi.
CLAUDEL, Messe là-bas, 1919, p. 502.
— Spéc., ART MILIT. ,,L'établissement des quartiers, la distribution des troupes dans les lieux qu'elles doivent occuper durant quelque temps`` (Ac. 1835, 1878).
b) Fait de s'installer à demeure dans un lieu (dans un but de travail, de colonisation). L'établissement des Phocéens dans les Gaules devint une des causes secondaires de l'esclavage de ces derniers (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 256).
♦ P. méton., souvent au plur. Les établissements des Français dans l'Inde. (Quasi-)synon. colonie, comptoir, possession. Bonaparte joignait peut-être à la folle idée de la guerre de Russie (...) quelques tentatives sur les établissements des Anglais dans l'Inde (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 136). Depuis le XVIe siècle jusqu'au milieu du XVIIe (...) elle [l'Espagne] mettait le pied sur l'Afrique et y faisait des établissements (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 5).
2. Au fig., vieilli. Fait d'être installé dans une charge, une profession, une situation, un milieu. Procurer un établissement à qqn. Il a un bel, un bon établissement (Ac. 1835, 1878). Votre Altesse joue trop bien; on va dire que vous êtes amoureux d'une femme de trente-huit ans, ce qui fera manquer mon établissement avec le comte (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 406). Il [Bocher] croit à l'établissement de Napoléon (...) il est plus populaire que tous les gouvernants, depuis trente ans (DELACROIX, Journal, 1849, p. 261). Occupe-toi sérieusement de ton avenir (...) Tout établissement vient tard et dure peu. N'importe? Ne rebutons jamais le devoir (AMIEL, Journal, 1866, p. 376) :
• 5. Un marchand a-t-il pour revenu le montant de toutes les ventes qu'il fait dans une année? Non, certes (...). La difficulté, les frais et les abus de la perception de l'impôt en nature, sont un nouvel obstacle à son établissement.
SAY, Écon. pol., 1832, p. 534.
— Établissement de ses enfants. Action de placer ses enfants dans une bonne situation, dans de bonnes conditions, au moment de l'âge adulte; résultat de cette action. Elle [l'épouse] peut aussi, avec l'autorisation de son mari, donner ses biens dotaux pour l'établissement de leurs enfans communs (Code civil, 1804, art. 1556, p. 287). Les grandes réceptions de Mme de Marsantes et de Mme de Forcheville, données pendant des années surtout en vue de l'établissement éclatant de leurs enfants (PROUST, Fugit., 1922, p. 671).
♦ DR. Frais d'établissement d'un enfant. ,,Dépenses extraordinaires faites par les parents en faveur d'un enfant qui se marie ou qui s'installe dans une profession`` (CAP. 1936). Ceux qui (...) ne disposaient pas des moyens financiers suffisants pour assumer les frais des longues études et d'établissement d'un médecin ou d'un pharmacien (Combat, 19-20 janv. 1952, p. 1, col. 5).
♦ En partic. Établissement d'un fils, d'une fille. Fait de les marier; p. méton. le mariage lui-même. On n'aime point dans la société de Saint-Étienne les hommes non mariés, et pour être toléré, j'ai dû (...) annoncer mon prochain établissement (STENDHAL, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 205). Je vous remercie, ma mère, et vous, mon père, d'avoir pensé à mon établissement, mais je ne veux pas me marier (BALZAC, A. Savarus, 1842, p. 122).
II.— P. ext. [Avec l'idée d'aboutissement à une construction, à une œuvre, à un résultat]
A.— [Sur le plan matériel]
1. [En parlant d'un bâtiment ou d'une construction quelconque] Action d'installer, de mettre en place en construisant, bâtissant. Établissement d'un pont, d'un barrage. L'établissement d'une fabrique (Ac.). La construction du radeau était achevée. John avait donné tous ses soins à l'établissement de l'appareil (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 67) :
• 6. Les salins de l'Ouest ont alimenté la plus grande partie de la France jusqu'au moment où, favorisés par l'établissement des voies ferrées, les salines ignigènes et les salins du Midi ont déversé leur production dans le rayon traditionnel de vente de l'Ouest.
STOCKER, Sel, 1949, p. 38.
2. P. méton.
a) ÉCON. Unité de production rassemblant des personnes et des moyens matériels dans un lieu donné. Établissement dangereux, incommode, insalubre; comité d'établissement.
— Frais de premier établissement. ,,Titre du compte dans lequel sont portées les dépenses qu'une entreprise ne supporte qu'à ses débuts; tels sont : le coût de la publicité destinée à faire connaître la maison, les frais d'enregistrement d'actes, les frais de constitution des sociétés, etc.`` (Lar. comm. 1930). Les dépenses de premier établissement comprennent, lorsque les travaux sont exécutés par des Compagnies, l'intérêt du capital engagé jusqu'au jour de l'ouverture de la ligne (BRICKA, Cours ch. de fer, t. 2, 1894, p. 465).
— Au plur. Entreprise, société, usine, maison de commerce, d'une certaine importance. Les établissements du Creusot. La constitution des établissements Renault en une régie nationale (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 96).
b) ENSEIGN. Lieu où l'on dispense un enseignement scolaire. Établissement du 1er, du 2e degré, d'enseignement supérieur; chef, conseil d'établissement; établissement secondaire.
c) Domaines divers. Organisme ayant une destination précise, installé dans un lieu ou un ensemble de locaux. L'État (...) fondera des établissements publics d'éducation, de police, d'arts, de communication par terre et par eau (BONALD, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 87). La dualité des problèmes administratifs et scientifiques (...) se retrouve dans les établissements de recherche (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 245).
SYNT. Établissement + adj. déterminatif indiquant son statut : établissement privé, public; établissement + adj. déterminatif indiquant sa destination : établissement bancaire, financier, hospitalier, maritime, militaire, pénitentiaire, thermal; établissement + compl. déterminatif indiquant sa destination : établissement de bains, de bienfaisance, de crédit, de cure, de jeux, de recherche, de soins.
3. P. ext. Action de créer, de nouer entre deux ou plusieurs personnes, un lien, une communication; résultat de cette action. L'emploi d'un langage intelligible (...) ne s'élaborera que par l'établissement entre les êtres d'une sorte de neutralité de la vie sensible (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 28). L'espoir de la fraternité universelle (...) a (...) orienté les syndicats ou les philantropes vers l'établissement de liens internationaux (REYNAUD, Syndic. Fr., 1963, p. 261) :
• 7. ... une des conséquences les plus importantes du développement du réseau mondial est l'établissement de contacts tendant à la formation d'une sorte d'économie internationale.
VIDAL DE LA BLACHE, Princ. géogr. hum., 1921, p. 252.
B.— [Sur le plan intellectuel]
1. Action d'accomplir un travail (de mémoire, de classement, de bureau), de déterminer par le calcul, la réflexion. Établissement d'un devis, d'un document, d'un dossier, d'un plan. L'intégrité dans l'établissement des fiches de paie (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 113). Les renseignements nécessaires à l'établissement des prix de revient (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 222). Sévérité accrue dans l'établissement des budgets (Univers écon. et soc., 1960, p. 5006).
— P. méton. Résultat de cette action.
a) HIST. ,,Les Établissements de Saint Louis, Le code de lois donné par ce prince`` (Ac. 1878-1932).
b) MARINE
♦ ,,L'établissement d'un port, d'une baie. L'heure de la haute mer dans ce port, dans cette baie, dans la région`` (Ac. 1932).
♦ ,,Établissement des marées. Tableau qui indique l'établissement des principaux ports de mer`` (Ac.).
2. P. ext. Action de démontrer, de prouver, la vérité, la réalité, la valeur de quelque chose. L'établissement d'un fait, d'un droit (Ac.). L'établissement du bien-fondé de ce qu'on avance (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 89).
— P. méton. Résultat de cette action.
♦ DR. Établissement de propriété. ,,Énonciation analytique, dans un acte de vente d'un immeuble ou de constitution de droits réels, des titres justifiant le droit de propriété du vendeur ou du constituant, ou de leurs auteurs, sur cet immeuble`` (CAP. 1936). Synon. titre de propriété.
Rem. On rencontre (calqué sur l'angl. Establishment), Establishment, subst. masc., avec ou sans majuscule. Classe sociale dominante, qui profite largement de l'ordre établi. Faire partie de l'establishment, pénétrer dans l'establishment, respecter l'establishment, contester l'establishment (DUPRÉ 1972). Pourtant, jusqu'en 1870, ce ne sont pas les gouvernants (...) qui constituent sa cible majeure, c'est l'Establishment bourgeois, la classe imbécile que la Révolution, bernée, a installée sur les débris de l'Ancien Régime (J.-P. Aron ds Le Nouvel Obs., 30 déc. 1974, p. 51, col. 1).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1155 « action de fonder, d'instituer » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 2287); 2. 1698 « ce qui est établi, ici plur. : les comptoirs, colonies d'un pays » (Texte cité par Flutre ds R. Ling. rom. t. 25, p. 279). Dér. de établir; suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér. :2 457. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 5 511, b) 2 953; XXe s. : a) 1 930, b) 2 999. Bbg. BRUPPACHER (V.). Zur Geschichte der Siedlungsbezeichnungen im Galloromanischen. Vox. rom., 1961, t. 20, pp. 105-160. — GRANDPRÉ (J. P. de). Qq. termes d'assurance sur la vie. Meta. 1972, t. 17, p. 168. — PUCHEU (R.). Gloss. ou les Mots de l'aménagement. Fr. Monde. 1972, n° 93, p. 108.
établissement [etablismɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1698; « règle, loi », v. 1155; de établir.
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I Action d'établir.
1 (Concret). Vieilli. Action de construire. ⇒ Construction. || L'établissement d'un pont sur une rivière, d'un barrage, d'une route, d'une voie ferrée.
1 Avant l'établissement du chemin de fer de Naples à Résina, une course à Pompéi était tout un voyage.
Nerval, les Filles du feu, « Isis », I.
2 (Abstrait). Action de fonder, d'établir. || L'établissement d'un tribunal. ⇒ Création; constitution, érection, fondation, instauration, institution. || L'établissement d'entreprises nouvelles par une société. Par ext. || L'établissement d'une doctrine, d'une religion. || L'établissement du christianisme (→ Conduite, cit. 9). || L'établissement d'un nouveau régime, de nouvelles institutions, de règles nouvelles (→ Contrat, cit. 5). || L'établissement de la censure postale. ⇒ Institution, vigueur (mise en).
2 Il n'y a rien de plus absurde que de dire qu'il (Dieu) ne se mêle point du gouvernement des peuples, de l'établissement ni de la ruine des États (…)
Bossuet, Traité du Libre arbitre, 3.
3 La noblesse, je le sais, n'était pas seule coupable de ces réminiscences du passé qui troublaient si profondément l'établissement d'un ordre nouveau.
Renan, Questions contemporaines, in Œ. compl., t. I, p. 42.
♦ L'établissement d'un fait, d'un droit. ⇒ Démonstration, exposé, preuve. — Dr. || Établissement de propriété : énonciation analytique dans un acte de vente d'un immeuble ou de constitution de droits réels, des titres justifiant le droit de propriété du vendeur ou du constituant, ou de leurs auteurs, sur cet immeuble. || Depuis la loi du 17 mars 1909, l'établissement de propriété est exigé pour la vente ou le nantissement d'un fonds de commerce (syn. : origine de propriété. Cf. Capitant, Voc. juridique, art. Établissement). (Comm.). || Droit d'établissement, réglementant l'accès à une activité professionnelle non salariée. (Fin.). || Frais d'établissement (d'une entreprise). || Frais de premier établissement.
♦ Établissement d'un compte, d'un devis, d'un contrat, d'un programme. ⇒ Rédaction. || Établissement d'un texte. ⇒ Édition.
♦ Mar. || Établissement du port : détermination, indication de l'heure de la pleine mer dans ce port.
3 (1681). Action d'établir (des personnes), de s'établir.
♦ Spécialt, milit. || L'établissement de l'ennemi dans une position fortifiée. || L'établissement du camp sur la crête. || L'établissement des quartiers : distribution des troupes en zone d'occupation.
♦ Action de prendre pied dans un pays. || L'établissement des Français dans les Indes. ⇒ Possession (prise de possession).
4 Vieilli. Action de pourvoir quelqu'un d'une situation, d'une position sociale. || Travailler à l'établissement de ses enfants. — (1635). Spécialt. || Ce père a été heureux dans l'établissement de ses filles (Académie). ⇒ Mariage (→ Bien-être, cit. 9; délicat, cit. 9). || Frais d'établissement d'un enfant.
4 L'enfant n'a pas d'action contre ses père et mère pour un établissement par mariage ou autrement.
Code civil, art. 204.
5 (…) je suis (…) toujours d'un caractère très jovial, ce qui peut me faciliter mon établissement si j'ai envie de me marier.
Flaubert, Correspondance, 92, À Alfred Le Poittevin, avr. 1845.
6 Lamartine, dès ce jour, a pris en main l'éducation, la formation spirituelle, le soin de l'établissement de son fils dont il paie l'entretien et les études.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 217.
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II Lieu où une personne, une chose est établie.
1 Dr. ⇒ Domicile (cit. 1).
7 Une personne ne pouvant avoir qu'un domicile, il en résulte que si elle a plusieurs établissements, il y a lieu de déterminer, d'après les circonstances, quel est le principal d'entre eux; les juges ont, à cet égard, un pouvoir souverain d'appréciation.
Dalloz, Nouveau répertoire, art. Domicile, no 6.
2 (1723). Hist. (vx). Empire. || Aux frontières de l'établissement romain (→ Centre, cit. 14). — Au plur. (mod.). Colonie, comptoir. || Les établissements français de l'Inde.
3 (1606; répandu XIXe). Cour. Ensemble des installations établies pour l'exploitation, le fonctionnement d'une entreprise, et, par métonymie, l'entreprise. || Établissement agricole, commercial, industriel. ⇒ Atelier, boutique, bureau, commerce (maison de), comptoir, entreprise, exploitation, fabrique, ferme, firme, fonds (de commerce), industrie, magasin, maison, manufacture, usine. || Cet immeuble, cet outillage appartient à tel établissement (→ Arsenal, cit. 1). || Les établissements X. ⇒ Entreprise, société. Abrév. graphique : Ets. || Tenir un établissement. || Siège d'un établissement. || Le gérant d'un établissement, de l'établissement. || Les succursales d'un établissement. || Établissement bancaire. ⇒ Banque, caisse, comptoir. — Dr. || Établissements industriels de l'État. ⇒ Office, régie, société. || Établissement pénitentiaire. ⇒ Prison. || Établissement de bienfaisance, privé ou public. ⇒ Bienfaisance. || Établissements hospitaliers. ⇒ Clinique, maison (de santé), maternité. || Établissement hôtelier.
♦ Spécialt. a Établissements d'enseignement. ⇒ Collège, école, lycée; et aussi institution. || Chef d'établissement (ne s'emploie guère que dans ce sens). b Établissement de bains. || Établissement thermal (→ Baigneur, cit. 4). — Absolt. || L'établissement et le casino d'une ville d'eaux.
8 L'hôtel et l'établissement hydrominéral étaient traités dans un style tout différent. Ils comportaient de grands toits à pente raide, de hautes cheminées, des sortes de mansardes très avançantes, des galeries de bois, des saillies de poutres formant console.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVII, p. 285.
9 (…) il s'était décidé à câbler au médecin-chef de l'établissement où elle se soignait.
Camus, la Peste, p. 209.
♦ Législation sur les établissements dangereux, insalubres ou incommodes.
REM. Établissement peut être employé absolt dans les divers contextes, mais les emplois absolus les plus usuels sont : a) établissement d'enseignement; b) établissement thermal; les autres emplois absolus sont plutôt administratifs ou juridiques.
♦ Établissement public : personne morale administrative chargée de gérer un service public. || Établissement public à caractère industriel et commercial, qui gère un service public avec des règles de droit privé. || Établissement d'utilité publique : association ou fondation privée, reconnue d'utilité publique
10 (…) il ne faut point confondre les établissement publics et les établissements d'utilité publique. Les premiers correspondent à des services publics, les seconds à des entreprises privées. Les premiers sont soumis, en principe, aux règles spéciales du droit administratif (…) Les établissements d'utilité publique, quelle que soit l'importance pratique du rôle qu'ils jouent, ne sont, au point de vue juridique, que des auxiliaires de l'Administration, de simples entreprises privées soumises en principe aux règles du droit privé.
Louis Rolland, Précis de droit administratif, no 49.
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III (1966). Par métonymie et pour traduire l'anglic. establishment. ⇒ Establishment. Les personnes établies, en place. || « L'établissement littéraire d'aujourd'hui » (le Monde, 16 avr. 1966, in Gilbert).
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CONTR. Démolition, destruction, renversement. — Abolition.
COMP. Rétablissement.
Encyclopédie Universelle. 2012.