fécond, onde [ fekɔ̃, ɔ̃d ] adj.
• fin XIIe; lat. fecundus
1 ♦ Didact. Capable de se reproduire (opposé à stérile). Les hybrides (mulets) ne sont pas féconds. La femme n'est féconde que pendant la période de l'ovulation.
♢ Par ext. Œuf fécond. — Fleur féconde, qui peut donner un fruit. Graine, semence féconde, capable de se développer.
2 ♦ Didact. Littér. ou style soutenu (Personnes) Qui est capable d'avoir beaucoup d'enfants. ⇒ prolifique. — (Animaux) Qui peut produire, qui produit beaucoup de petits. Les lapins sont très féconds. Race féconde, qui se fait remarquer dans l'espèce par son abondante multiplication.
3 ♦ Littér. Qui produit (peut produire) abondamment (terre). Champs féconds. Terres fécondes. ⇒ fertile, généreux, productif, riche.
4 ♦ Fig. Qui produit beaucoup. Un travail fécond. ⇒ fructueux. Principe fécond, idée féconde. Sujet fécond, qui offre beaucoup de possibilités de développements. ⇒ abondant, inépuisable. « Siècle fécond, touffu, plantureux, où la vie et le mouvement surabondent ! » (Gautier). Fécond en... : qui produit (qqch.) en abondance. Journée féconde en événements. ⇒ riche. — Esprit fécond, imaginatif. Écrivain fécond, qui produit beaucoup.
⊗ CONTR. Stérile, improductif, infécond, ingrat, pauvre.
● fécond, féconde adjectif (latin fecundus) Se dit d'un être animé qui est propre à la reproduction de l'espèce. Se dit d'un animal qui produit beaucoup de petits ; prolifique. Littéraire. Se dit d'une terre qui a une grande puissance productive. Se dit d'un écrivain, d'un artiste qui produit beaucoup d'œuvres. Qui offre à la connaissance une matière abondante, de multiples possibilités de développement : Idée féconde. Qui a d'heureux résultats : Travail fécond. Qui entraîne quelque chose : Crise féconde en rebondissements. ● fécond, féconde (expressions) adjectif (latin fecundus) Esprit fécond, imagination féconde, esprit très imaginatif, imagination très riche. ● fécond, féconde (synonymes) adjectif (latin fecundus) Se dit d'un animal qui produit beaucoup de petits ; prolifique.
Synonymes :
Contraires :
- bréhaigne
- infécond
- stérile
Littéraire. Se dit d'une terre qui a une grande puissance productive.
Synonymes :
- fertile
- généreux
Contraires :
- aride
- ingrat
- pauvre
Se dit d'un écrivain, d'un artiste qui produit beaucoup d'œuvres.
Synonymes :
- créateur
- inventif
Contraires :
- sec
Qui offre à la connaissance une matière abondante, de multiples...
Synonymes :
- abondant
- inépuisable
- riche
fécond, onde
adj.
d1./d Qui peut se reproduire, en parlant des êtres animés, des plantes. Le mulet, de race hybride, n'est pas fécond. Ant. stérile.
d2./d Qui peut avoir beaucoup d'enfants, de petits. Femme très féconde. Race animale féconde.
|| Fig. Année féconde en événements. écrivain fécond.
⇒FÉCOND, ONDE, adj.
A.— [Sans prép.; le plus souvent postposé ou en fonction d'attribut] Capable de donner naissance à.
1.— Domaine physiol.
a) [En parlant de la femme] Capable de procréer; capable d'avoir beaucoup d'enfants. Synon. prolifique; anton. stérile. La toute féconde Isis (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 315). Ce ventre de femme féconde, où la grossesse ne s'indiquait pas encore (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 324) :
• 1. ... pour que la vie produise quelque chose d'égal à elle-même, il faut qu'elle produise la vie; pour que l'être vivant produise quelque chose d'égal à lui-même, il faut qu'il produise son semblable, ou, en d'autres termes, qu'il soit fécond.
LACORD., Conf. N.-D., 1848, p. 41.
— P. méton. Amour, ventre fécond. Après les ravages causés par la fameuse peste de Marseille, en 1720, les mariages furent en Provence plus féconds qu'auparavant (SAY, Écon. pol., 1832, p. 425). Les joues des nourrissons, telles des pommes rondes, Demeuraient suspendues à des gorges fécondes (JAMMES, Géorgiques, 1912, p. 28).
— Au fig. Être juif et français, que cette alliance pourrait être féconde! (LACRETELLE, Silbermann, 1922, p. 160).
b) [En parlant d'un animal] Qui est capable de produire ou qui produit beaucoup de petits. Oh! nous sommes riches en canards, répondit le naturaliste. Ce genre est d'ailleurs, comme vous le savez sans doute, le plus fécond de l'ordre des palmipèdes (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 230). L'amour les [les vaches andalouses] tente plus que la lutte. Un trait d'ailleurs les classe : elles sont fécondes. La bête de grande marque est stérile (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 18) :
• 2. ... jamais l'union ne s'opère dans la ruche, et l'on n'a jamais réussi à rendre féconde une reine captive. Les amants qui l'entourent ignorent ce qu'elle est, tant qu'elle demeure au milieu d'eux.
MAETERL., Vie abeilles, 1901, p. 211.
♦ Œuf fécond. ,,Dont le germe a été fécondé`` (Ac. 1835-1932).
c) [En parlant d'un végétal] Qui a la faculté de produire beaucoup. Plante féconde. Il [l'arbre] semblait bon, robuste, puissant, fécond (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1404) :
• 3. Ils [les ceps américains] poussaient des fleurs exquisement parfumées. Ils chargeaient l'air d'une odeur de cannelle et de miel, à goût de fruit, que la bouche respirait à l'égal de la narine. Mais, chose curieuse, ils n'étaient que peu féconds, et les rares fruits qu'ils portaient (...) n'arrivaient que difficilement à maturité.
PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 76.
♦ Fleur féconde. ,,Fleur qui donne du fruit`` (Ac. 1878-1932).
2.— P. anal. [En parlant de la terre] Capable de produire en abondance. (Quasi-)synon. fertile, riche. La terre, sur ce plateau, était prodigieusement féconde, et l'on pouvait espérer que les récoltes y seraient abondantes (VERNE, Île myst., 1874, p. 289). Il faisait chaud; c'était une molle chaleur parfumée de terre grasse, humide et féconde : on croyait respirer des germes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Épingle, 1885, p. 1022) :
• 4. ... le delta [du Nil], qui est une terre bénie, qui autrefois a nourri l'empire romain, aurait eu au moins deux récoltes par an et serait devenu le sol le plus fécond de l'univers.
DU CAMP, Nil, 1854, p. 27.
— Spéc. Une mine, une source féconde.
♦ Au fig. C'est le papisme qui est la source féconde des vices et du malheur qui suivent nos mariages actuels (STENDHAL, Amour, 1822, p. 51).
— P. méton. [En parlant d'une réalité naturelle] Qui rend fécond ou augmente la fécondité du sol. Une pluie, une rosée féconde; un fumier, un soleil fécond. Le concours de l'« humidité » est la condition essentielle qui rend la chaleur si féconde et si nécessaire à la vie (LAMARCK, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 62). La terre végétale n'est qu'une matrice qui pompe sans cesse les rayons du soleil, l'air vivifiant de l'atmosphère et l'eau féconde des pluies (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 237). L'été fécond qui doit mûrir la gerbe (LAMART., Chute, 1838, p. 828).
3.— Au fig., dans le domaine intellectuel ou moral.
a) [En parlant d'une pers.] Capable de générer de nombreuses productions, une œuvre abondante. Un écrivain, un inventeur fécond. Synon. abondant, inépuisable. Il a fallu au plus fécond de nos romancier, à Balzac, un fumier plus haut que cette maison pour qu'il y poussât quelques fleurs maladives et rares (SAINTE-BEUVE, Poisons, 1869, p. 110).
— P. méton. Pour les esprits féconds, il n'est pas de sujets stériles (JOUY, Hermite, t. 5, 1814, p. 289). J'ai la plume féconde et la bouche stérile (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 358).
b) [En parlant d'une manifestation intellectuelle, morale ou spirituelle] Capable d'ouvrir un vaste champ à la réflexion, à la connaissance. Une idée, une imagination, une parole, une pensée féconde. Synon. riche. Il traversait une crise intellectuelle, qui devait être féconde : — toute sa vie future y était déjà en germe (ROLLAND, J.-Chr., Adolesc., 1905, p. 367). Il faudrait, à ce degré de la pensée, restaurer l'équilibre sensible. Rendre la vérité féconde et créatrice d'actes (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1935-36, p. 243). Je pensais être sur la voie d'une invention féconde, avoir trouvé une « manière » inédite (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. LXI) :
• 5. ... dans la IIIe République, il y avait d'abord la république, c'est-à-dire ces principes puissants, généreux et féconds qui s'appellent : la liberté, la justice, la souveraineté du peuple...
DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 600.
c) [En parlant d'une durée plus ou moins longue dans le temps] Enrichissant. Ce treizième siècle, si fécond pour la foi, ne fut pas non plus stérile pour la science (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. LXII).
B.— Fécond en + subst. plur. Riche en, qui abonde en.
1.— [Correspond à A 1; le subst. désigne un ensemble de pers.] Enfin nous arrivons à Tarbes. Cette riante capitale du comté de Bigorre, si fécond de temps immémorial en hommes forts et généreux (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 43). Y a-t-il au monde une classe qui soit plus féconde en maris trompés que celle des notaires? (SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 59).
2.— [Correspond à A 2; le subst. désigne un inanimé concr.] Au milieu de cette province plate et féconde en blés [la Beauce] (VIGNY, Journ. poète, 1847, p. 1258).
3.— [Correspond à A 3; le subst. désigne un inanimé abstr.] La révolution peut être bonne, utile, féconde en résultats heureux et moraux pour l'humanité et la religion véritable (LAMART., Corresp., 1831, p. 112). Le système prohibitif est fécond en injustices (SAY, Écon. pol., 1832, p. 178). Notre Europe, si féconde en inventions de tous genres (LOTI, Mariage, 1882, p. 89). Cette idée, féconde en rebondissements (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 151).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin XIIe s. « qui peut produire en abondance (d'un inanimé) » (THOMAS DE KENT, Roman de toute chevalerie, éd. Br. Foster, 36 : Europe est la tierce, de toz biens est feconde); 1690 « id. » (d'une pers.) (FUR.); 1690 un esprit fecond (ibid.). Empr. au lat. class. « fécond, fertile, abondant ». Fréq. abs. littér. :1 586. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 632, b) 2 127; XXe s. : a) 1 830, b) 1 403.
fécond, onde [fekɔ̃, ɔ̃d] adj.
ÉTYM. Fin XIIe; lat. fecundus « fécond, fertile, abondant; qui fertilise », dérivé en -cundus d'un radical fe- également attesté dans femina « femme », filius « fils », fellare « téter » (→ Fellation), felix « fécond, fertile; heureux; favorable » (→ Félicité), etc., et rattaché à une racine indo-européenne dhe- « téter, sucer, traire ».
❖
♦ Par ext. || Œuf fécond. — Fleur féconde, qui peut donner un fruit. || Graine, semence féconde, capable de se développer.
2 Didact. Littér. ou style soutenu. (Personnes). Qui est capable d'avoir beaucoup d'enfants. ⇒ Prolifique. || Femme très féconde, peu féconde.
1 Les négresses sont fort fécondes et accouchent avec beaucoup de facilité et sans aucun secours (…)
Buffon, Hist. nat. de l'homme, Var. dans l'esp. hum.
2 Si elle (la femme) est bonne, elle est souvent trop bête, ou alors elle n'a pas de santé ou bien encore elle est désolamment féconde, dès qu'on la touche.
Huysmans, Là-bas, p. 88.
♦ (Animaux). Qui peut produire, qui produit beaucoup de petits. || Les lapins sont très féconds. || Poule féconde. ⇒ Pondeuse. — Race féconde, qui se fait remarquer dans l'espèce par son abondante multiplication.
3 On peut dire en général que les grands animaux sont moins féconds que les petits; la baleine, l'éléphant, le rhinocéros, le chameau, le bœuf (…) ne produisent qu'un fœtus, et très rarement deux (…)
Buffon, Hist. des animaux, IX, Œ., t. I, p. 592.
4 (…) les coqs trop gras sont moins chauds, et les poules trop grasses sont moins fécondes, et pondent des œufs à coquille molle et faciles à écraser.
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Faisan, Œ., t. V, p. 416.
♦ Par ext. || Croisement fécond, qui donne naissance à un œuf (→ Espèce, cit. 30).
3 (XIIIe). Littér. Capable de produire abondamment (en parlant de la terre, du sol). || Champs féconds. || Terres fécondes. ⇒ Fertile, fructifiant, généreux, productif, riche. || Engrais, mélanges de terre qui rendent un sol fécond (→ Compenser, cit. 5). || Un pays fécond. ⇒ Plantureux. || La féconde vallée du Nil.
5 (…) tandis que nous considérions ces lieux secs et arides, et que nous admirions le caprice de la nature qui se montre féconde et stérile où il lui plaît (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, V, I.
♦ Par métonymie. Qui rend fécond, fertile. ⇒ Fécondant, fertilisant. || Pluie féconde, La chaleur féconde du soleil.
4 Par métaphore et fig. a (Choses). Qui produit beaucoup. — Littér. || Une paix féconde, riche d'heureux résultats (→ Crise, cit. 10). || Un travail fécond. ⇒ Fructueux. — Plus cour. (le produit est abstrait, intellectuel ou moral). || Principe fécond, idée féconde (→ Église, cit. 2). || Sujet fécond, qui offre beaucoup de possibilités de développements. ⇒ Abondant, inépuisable (→ Brièveté, cit. 4).
5.1 Aussi la sensualité par exemple était-elle sinon le bien, au moins inoffensive et souvent assez féconde, tandis que la frivolité et surtout l'éloquence qui, en nous faisant chercher à briller devant un auditoire, transposent notre activité et laissent stérilement échapper de notre silence toutes les puissances que nous y aurions trouvées en nous mettant au travail, étaient le mal véritable.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 703.
♦ Fécond en…, qui produit (quelque chose) en abondance. || Une terre féconde en artistes, en hommes de loi. || Peuple fécond en réalisations artistiques, culturelles (→ Couvrir, cit. 8). — Une théorie féconde en résultats pratiques, en applications. || Une réforme, une révolution féconde en effets sociaux. || « Cette idée, féconde en rebondissements » (Camus, in T. L. F.). — REM. Lorsque le compl. abstrait correspond à un contenu péjoratif, l'emploi semble vieilli : || « Le système prohibitif est fécond en injustices » (J. B. Say, in T. L. F.).
6 (…) la France, en grands noms plus féconde
Qu'aucun climat de l'univers (…)
La Fontaine, Fables, X, 14.
♦ Par métaphore (du sens 3.), avec un compl. abstrait :
7 Je nourris dans son cœur la semence féconde
Des vertus dont il doit sanctifier le monde.
Racine, Esther, Prologue.
b (Personnes, capacités intellectuelles). Capable de produire (des idées, une œuvre abondante…). || Écrivain, auteur, inventeur fécond. ⇒ Abondant, inépuisable. — Par métonymie. || Esprit fécond. || Imagination féconde. || Âme exaltée (cit. 28) et féconde.
8 Vous allez voir tout le parti qu'un esprit fécond sut tirer de cet aveu.
Diderot, le Neveu de Rameau, Pl., p. 477.
♦ Fécond en… || Un écrivain fécond en romans, en poèmes, en réflexions. || Un esprit fécond en inventions. ⇒ Créateur, inventif (→ Armoirie, cit. 1).
REM. Parmi ces emplois, certains semblent plus métaphoriques que figurés, même lorsqu'ils ne s'appuient pas sur un substantif concret (→ cit. 10). Leur sens global les rattache cependant à cette acception.
9 La pensée est une terre vierge et féconde dont les productions veulent croître librement, et, pour ainsi dire au hasard (…)
Hugo, Odes et Ballades, Préface.
10 Siècle fécond, touffu, plantureux, où la vie et le mouvement surabondent !
Th. Gautier, les Grotesques, Théophile de Viau, p. 88.
❖
CONTR. Bréhaigne, impuissant, stérile. — Aride, improductif, infécond, ingrat, pauvre. — Avare.
Encyclopédie Universelle. 2012.