sec, sèche [ sɛk, sɛʃ ] adj. et n. m.
• v. 980 « desséché »; lat. siccus, sicca
I ♦ (Concret)
1 ♦ Qui n'est pas ou est peu imprégné de liquide. ⇒ desséché. Feuilles sèches. Bois sec. « demandez de la pluie; nos blés sont secs comme vos tibias » (Musset). Terrain sec. ⇒ aride, stérile. Lieu, endroit sec, où le sol est sec.
♢ (XIIIe) Sans humidité atmosphérique, sans pluie. Air, vent sec. Il fait sec. Climat, jours secs. Froid sec et piquant. Saison sèche. « Il pleuvait [...] je n'avais pas un fil de sec, l'eau m'entrait dans le dos » (Zola). — Cale sèche.
♢ Loc. Traverser une rivière à pied sec. Avoir la gorge sèche, le gosier sec : avoir soif. « Ils avaient la bouche sèche et la tête bourdonnante » (Nizan). — N'avoir plus un poil de sec : transpirer abondamment. — « Tu es mort et mes yeux sont secs [...] :je n'ai plus de larmes » (Sartre). Regarder d'un œil sec, sans être ému. « Pour vouloir d'un œil sec voir mourir ce qu'on aime » (Molière). — Faire cul sec.
♢ Fam. L'avoir sec : éprouver une déception, une contrariété. « Je l'ai sec. — Ça te passera » (Queneau).
♢ Wisky sec, servi sans glace et sans eau, pur. « une double rase de bourbon sec » (Robbe-Grillet).
2 ♦ Spécialt Déshydraté, séché en vue de la conservation. Figues sèches. Raisins secs. Poisson sec. Légumes secs : graines de légumineuses séchées. — Gâteaux secs.
3 ♦ Qui n'est pas accompagné du liquide auquel il est généralement associé. Mur de pierres, de briques sèches, sans ciment. Orage sec, sans pluie. — Toux sèche, sans expectoration. Pleurésie sèche. Peau sèche (opposé à peau grasse) . — Régime sec, sans boisson. — Nourrice sèche, sans lait. Panne sèche : panne d'essence. — Grav. Pointe sèche. — Batterie sèche, sans électrolyte.
4 ♦ Non accompagné (ddes éléments habituels). Pain sec. Au pain sec et à l'eau. Perte sèche. Licenciement sec, sans mesure sociale d'accompagnement. Vol sec, vendu sans autre prestation touristique. — (Cartes) Avoir la dame sèche, sans autre carte de la couleur. Partie sèche, non suivie d'une revanche et d'une belle. Jouer en cinq secs : à l'écarté, jouer en une seule manche de cinq points. — Adv. En cinq sec; fig. rapidement.
5 ♦ (h. XIIIe) (Personnes) Qui a peu de graisse, qui est peu charnu. ⇒ 1. maigre. « Elle était devenue plus maigre, jaune et sèche qu'un poisson fumé » (Maupassant). — Sec comme un coup de trique.
6 ♦ Qui manque d'ampleur, de moelleux ou de douceur. Contours, dessins secs, trop marqués, très précis. ⇒ dur. Bruit, claquement sec, sans résonance. Voix sèche. Coup sec, rapide et bref. Lainage, tissu sec, à tissage bien marqué.
♢ Vins secs, peu sucrés (opposé à vins doux, liquoreux). Champagne brut, sec, demi-sec. ⇒ dry.
II ♦ (Abstrait)
1 ♦ (1226) Qui manque de sensibilité, de tendresse. ⇒ dur, indifférent. Cœur sec. Un homme froid et sec. — Qui marque qu'on ne se laisse pas attendrir; qui témoigne d'une intention blessante. ⇒ aigre, désobligeant, glacial. Réponse sèche. Répondre d'un ton très sec. ⇒ autoritaire, 1. bref, brusque, cassant. Sa lettre était sèche, à peine correcte.
2 ♦ (1265) Qui manque de grâce, de charme, de richesse naturelle. « Elle aimait les vêtements de coupe sobre, [...] élégante, pourtant : mais d'une élégance un peu sèche et sévère » (Martin du Gard). ⇒ austère. « La prose la plus sèche renferme toujours un peu de poésie » (Sartre) .
3 ♦ (1866) Fam. Être, rester sec, incapable de répondre. ⇒ sécher.
III ♦ N. m.
1 ♦ Sécheresse. « Cet affreux mélange du sec et de l'humide [...] qui constituait ce chaos » (Valéry). Tenir une chose au sec, dans un endroit sec, à l'abri de l'humidité. — Agric. Le sec : le fourrage sec. Mettre son cheval au sec.
2 ♦ (XIVe) À SEC : à l'état sec, sans eau. Cours d'eau, source complètement à sec. Mettre un étang à sec. ⇒ assécher, vider. — (XVIe) Fig. Dans l'état où l'on n'a plus d'idées, plus rien à dire. « Sur ce chapitre on n'est jamais à sec » (Molière). — Fam. Sans argent. ⇒ fauché. « Quand il était à sec, il n'avait qu'à dire à son ami : Cadenet, prête-moi donc cent écus » (Balzac).
♢ Mar. À sec de toile, se dit d'un bâtiment qui navigue sans se servir de ses voiles.
♢ Techn. Sans eau (opposé à mouillé). Filature à sec, au sec.
IV ♦ Adv.
1 ♦ Boire sec. Vieilli Boire sans mettre d'eau dans son vin. « Fort bon vin; et comme l'eau est douteuse [...] je bois sec » (A. Gide). Mod. Boire beaucoup.
2 ♦ (1532) Rudement et rapidement. ⇒ brutalement. Démarrer sec. Boxeur qui frappe sec. Ça pète sec (cf. aussi Pète-sec, subst. ).
3 ♦ Loc. fam. Aussi sec : immédiatement, sans hésiter et sans tarder. « Je les colle en prison, aussi sec » (Aymé).
V ♦ Interj. Alpin. Mot par lequel le grimpeur donne l'ordre de tendre la corde (cf. Dur !).
⊗ CONTR. Humide, mouillé.
⊗ HOM. Sèche, seiche.
● sec adverbe De façon nette et brève : Des détonations qui claquent sec. Avec vigueur, rapidité et décision : Démarrer sec. ● sec nom masculin À sec, vidé du liquide habituellement contenu : L'été, la rivière est à sec. Au sec, dans un endroit sec. Familier. Être à sec, être sans argent. Maçonnerie à sec, maçonnerie faite avec des pierres sans mortier. (On dit aussi maçonnerie en pierres sèches et, dans le cas de pierres de taille, à joints vifs.) ● sec (expressions) adverbe Populaire. Aussi sec, immédiatement et sans la moindre hésitation. Boire sec, boire abondamment des boissons alcoolisées. Familier. Rester sec, être incapable de répondre à une question. ● sec (expressions) nom masculin À sec, vidé du liquide habituellement contenu : L'été, la rivière est à sec. Au sec, dans un endroit sec. Familier. Être à sec, être sans argent. Maçonnerie à sec, maçonnerie faite avec des pierres sans mortier. (On dit aussi maçonnerie en pierres sèches et, dans le cas de pierres de taille, à joints vifs.) ● sec, sèche adjectif (latin siccus) Qui ne renferme pas d'eau, qui n'est pas mouillé, qui a perdu son élément liquide : Du sable sec. Des vêtements secs. Se dit des conditions atmosphériques quand l'humidité est faible, quand les pluies sont rares : Un froid sec. Qui est dépourvu d'humidité ambiante : Conserver dans un endroit frais et sec. Se dit d'aliments qu'on a laissés se déshydrater ou qu'on a soumis à un traitement spécial pour être conservés : Des légumes secs. Se dit d'une boisson alcoolisée non additionnée d'eau : Boire un whisky sec. Se dit d'une partie de l'organisme qui manque des sécrétions appropriées : Avoir la peau sèche. Se dit d'un son rapide, sans ampleur ni résonance : Un claquement sec. Se dit d'une manière de parler sans rondeur ni chaleur : Un ton sec, tranchant. Qui est maigre, décharné : Un homme grand et sec. Qui manque de douceur, d'ampleur et d'ornements : Une élégance un peu sèche. Qui est dépourvu de chaleur, de générosité, de sensibilité : Un cœur sec. Se dit d'un vin ou d'un cidre peu sucrés. Beaux-arts Se dit des contours d'une forme, d'un graphisme qui sont durs et sans souplesse ; d'un coloris qui manque de douceur, de moelleux. ● sec, sèche (expressions) adjectif (latin siccus) À pied sec, sans avoir à se mouiller : Traverser le ruisseau à pied sec. Avoir la gorge sèche, le gosier sec, avoir très soif. Coup sec, coup frappé vivement, nettement. D'un œil sec, sans être ému, sans ressentir de pitié. Familier. L'avoir sec, être déçu, contrarié. Licenciement sec, licenciement sans mesure sociale d'accompagnement (par exemple sans plan de formation professionnelle). Perte sèche, qui n'est atténuée par aucune compensation. Régime sec, sans aucune boisson alcoolisée. Familier. Sec comme un coup de trique, comme un échalas, au corps très maigre. Yeux secs, sans larmes : Il regardait la scène les yeux secs, sans aucune émotion. Voie sèche, traitement qui se fait sans recours à des liquides. Avoir un atout sec, une carte sèche, avoir une seule carte dans une couleur. Orage sec, phénomène orageux ne comportant pas de pluie. Guitare sèche, guitare traditionnelle, qui n'est pas électrique. Chaleur sèche, chaleur qui n'est pas accompagnée de sueur ni de moiteur. Toux sèche, toux sans expectoration. Vapeur sèche, vapeur dont la pression est inférieure à la pression de vapeur saturante. ● sec, sèche (homonymes) adjectif (latin siccus) sèche nom féminin sèche forme conjuguée du verbe sécher sèchent forme conjuguée du verbe sécher sèches forme conjuguée du verbe sécher seiche nom féminin ● sec, sèche (synonymes) adjectif (latin siccus) Qui ne renferme pas d'eau, qui n'est pas mouillé, qui...
Synonymes :
- aride
- asséché
- désertique
- desséché
Contraires :
- détrempé
- mouillé
- trempé
Se dit des conditions atmosphériques quand l'humidité est faible, quand...
Contraires :
- brumeux
- pluvieux
Qui est dépourvu d'humidité ambiante
Contraires :
- humide
Se dit d'aliments qu'on a laissés se déshydrater ou qu'on...
Synonymes :
- séché
Contraires :
- frais
- vert
Se dit d'une partie de l'organisme qui manque des sécrétions...
Synonymes :
- desséché
Contraires :
- gras
- huileux
- moite
Se dit d'une manière de parler sans rondeur ni chaleur
Synonymes :
- blessant
- bourru
- bref
- brusque
- brutal
- cassant
- déplaisant
- désagréable
- dur
- revêche
- rogue
- rude
Contraires :
- affable
- aimable
- amène
- avenant
- cordial
- gentil
- onctueux
Qui est maigre, décharné
Synonymes :
- décharné
- émacié
- étique
- maigre
Contraires :
- charnu
- dodu
- grassouillet (familier)
- potelé
- replet
- rondelet (familier)
Qui manque de douceur, d'ampleur et d'ornements
Synonymes :
- austère
Contraires :
- agréable
- coloré
Qui est dépourvu de chaleur, de générosité, de sensibilité
Synonymes :
- indifférent
Contraires :
- expansif
- ouvert
sec, sèche
adj., n. m. et adv.
aA./a adj.
rI./r
d1./d Qui est peu ou qui n'est pas humide; aride. Terrain sec. La saison sèche.
d2./d Dont on a laissé l'eau s'évaporer, qui a séché. Fossé sec.
|| Légumes, fruits secs (par oppos. à verts, frais).
|| MAR Cale sèche: bassin pour le carénage des bateaux.
d3./d Qui n'est plus imprégné de liquide, qui n'a pas son humidité naturelle. Toux sèche, sans mucosité. Des yeux secs, sans larmes.
— Avoir la gorge sèche: avoir soif.
|| Mur de pierres sèches, assemblées sans mortier.
|| PHYS Vapeur sèche, dont la température est supérieure à la température nécessaire à la condensation.
|| Nourrice sèche, qui n'allaite pas le nourrisson qu'elle soigne.
rII./r
d1./d (Personnes) Maigre, nerveux, peu charnu. Un homme sec.
d2./d Fig. Peu sensible; dépourvu de chaleur humaine, de bienveillance. Un coeur sec.
d3./d Sans moelleux, sans douceur. Des contours secs.
|| Un coup sec, bref et percutant.
|| Ton sec, sans aménité.
|| Un vin sec, très peu sucré.
d4./d Dénué de charme, de grâce. Style sec.
d5./d Que rien n'accompagne. Pain sec.
— Régime sec, sans boisson alcoolique.
— Perte sèche, sans aucune compensation.
|| Loc. adv. Fig. En cinq sec: brièvement, rapidement.
aB./a n. m.
d1./d Ce qui est sec, sans humidité. à conserver au sec, à l'abri de l'humidité.
|| (oc. Indien) Partie d'une plage que les vagues n'atteignent pas.
— Haut-fond émergeant à marée basse.
|| Loc. adv. à sec: sans eau. Mettre un étang à sec.
|| Fig., Fam. Sans ressources. être à sec.
d2./d MAR Naviguer à sec de toile, sans aucune voile.
d3./d (Antilles fr., Haïti) Petit verre de rhum bu d'une traite.
aC./a adv.
d1./d Boire sec, beaucoup.
d2./d Avec rudesse, brièvement. Parler sec à qqn.
⇒SEC, SÈCHE, adj. et subst.
I. — [Qualifie une réalité concr.]
A. — Qui ne renferme pas ou plus d'humidité; qui ne contient pas d'eau ou de substance liquide. Synon. aride, desséché; anton. humide, mouillé. Argile, terre sèche; sable, sol, terrain sec; plaine sèche et rocailleuse; être sec comme une allumette. Il conta une tournée d'automobile (...) Il avait fait quarante kilomètres à l'heure. Il est vrai que la route était sèche et bien entretenue (FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 273):
• 1. ... les surfaces éprouvées par un mauvais écoulement des eaux réclamaient de coûteux travaux de desséchement. Au contraire, la culture arbustive a pu de prime-abord se propager et s'étendre sur les terrains où, la surface étant sèche, le sous-sol restait suffisamment humecté...
VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 84.
♦ Loc. fam. N'avoir plus un fil de sec.
— En partic.
1. [Qualifie certaines conditions climatiques, météor.]
a) Dépourvu de précipitations, de brouillard, d'humidité atmosphérique. Été, froid, climat, temps sec; orage sec; chaleur, mousson sèche; jours secs. C'était le début des grandes tornades sèches de juillet. En efforts désespérés, elles se vrillaient vers le ciel, et sifflaient, lugubres, comme un serpent se dresse verticalement et crache aux étoiles son impuissance (PSICHARI, Voy. centur., 1914, p. 48). Au creux humide du rocher se forme la mousse. Condamnée d'avance, certes, par le premier vent sec du désert (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 624). Saison sèche.
b) [P. méton.;] [en parlant des pays, des régions où se manifestent ces conditions, des conséquences pour l'agriculture, l'économie, etc.] Le passage de l'Asie sèche à l'Asie humide, de la région des oasis à celle des pluies de moussons (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921p. 62). L'on peut opposer les grandes plaines de culture sèche aux vallées irriguées et aux pays coupés des collines (MEYNIER, Paysages agraires, 1958, p. 52).
c) PHYS. Dans l'air absolument sec, la fraction de saturation est nulle, et (...) elle est égale à l'unité lorsque l'air est saturé de vapeur d'eau (SER, Phys. industr., 1890, p. 668).
♦ Vapeur sèche. Vapeur ,,dont la température est supérieure au point de rosée`` (Hachette 1980).
2. [Qualifie certaines parties du corps] Qui n'est pas ou qui est peu humecté, hydraté; dont les sécrétions, la lubrification sont insuffisantes. Synon. déshydraté, desséché; anton. humide, moite (mains, peau), gras (cheveux, peau). Bouche, gorge, peau sèche; lèvres, cheveux secs. [Il] frotta ses mains sèches, rouges d'ignorer en toute saison l'eau chaude et les gants (COLETTE, Sido, 1929, p. 145):
• 2. ... il dut rentrer au milieu de l'après-midi pour se reposer de nouveau. Dans la nuit, il se mit à tousser; et il se retournait sur sa paillasse, fiévreux, le front brûlant, la langue sèche, dévoré d'une soif ardente.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 226.
3. a) [Dans des loc., pour exprimer certaines sensations ou sentiments déterminés par le cont. (angoisse, émotion, etc.)]
♦ (Avoir la) bouche sèche. Moi, j'avais la bouche sèche, j'étais incapable de dire un mot. Je me sentais redevenu le petit garçon qui tremble devant une correction méritée (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 814).
♦ (Avoir le) gosier sec.
[P. ell. du subst.] Au fig., pop. L'avoir sec. Être déçu, mécontent, furieux. On avait beau faire les mariolles, le barbu et moi, on l'avait sec malgré toute la flotte (VIALAR, Morts viv., 1947, p. 418).
♦ (Avoir l')œil sec. Ne manifester aucune émotion, aucun chagrin. Louis XIV l'avait vue [Mme de La Vallière] entrer au couvent d'un œil sec (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 3, 1851, p. 472).
[P. méton.;] [en parlant d'un sentiment ne s'exprimant pas par des larmes] Cet art [la musique] change la douleur sèche du malheureux en douleur regrettante (...) il fait couler les larmes (STENDHAL, Hist. peint. Ital., t. 2, 1817, p. 129):
• 3. Elle ne dit qu'un seul mot: « Je me survis ». L'accent ne correspond pas du tout au visage. Il n'est pas tragique, il est... horrible: il exprime un désespoir sec, sans larmes, sans pitié. Oui, il y a en elle quelque chose d'irrémédiablement désséché.
SARTRE, Nausée, 1938, p. 183.
♦ N'avoir plus un poil de sec.
b) [P. méton.] Vieilli ou iron. Nourrice sèche. Nourrice qui garde, élève des enfants en bas âge sans les allaiter. On doit (...) avoir une nourrice sèche. La nourrice sèche a de grosses épingles et des rubans à son bonnet comme une autre nourrice; il ne lui manque que du lait (FRANCE, Livre ami, 1885, p. 200).
4. [Qualifie l'aboutissement d'un processus d'évaporation]
a) [En parlant d'un végétal, d'un aliment] Qui a perdu ses constituants liquides, sa fraîcheur, son humidité naturelle. Anton. frais, vert (végétaux). Arbre, bois sec; prairie sèche; feuillages secs; herbes sèches; pain sec (synon. dur, rassis). Il devait avoir une collection de plantes sèches. Cela s'appelle un herbier (MÉRIMÉE, Abbé Aubain, 1847, p. 159). Des reliures de Prouvé, le peintre, dont l'une, la Mélancolie d'automne, représente, sur une peau couleur de feuille morte et en relief, le recroquevillement des feuilles sèches dans cette saison sur les chemins (GONCOURT, Journal, 1894, p. 583).
♦ Fourrage sec.
♦ HÉRALD. Arbre, rameau sec. Arbre, rameau représenté sans feuilles. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) [En parlant d'un obj., d'une substance] Dont l'eau, l'humidité, les constituants liquides (solvants, etc.) ont été éliminés, retirés (par séchage, évaporation). Linge, vêtement sec; colle, peinture sèche; plâtres secs. Il retira son caoutchouc et fut tout heureux de trouver sa capote sèche (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 257):
• 4. On s'assure que le vernis est bien (...) sec, en touchant avec le doigt (...). Si le doigt laisse une empreinte terne et nébuleuse, c'est un signe (...) que le vernis n'est pas arrivé au degré de siccité convenable...
NOSBAN, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 181.
♦ Extrait sec, matière sèche. Produit restant après déshydratation complète. L'auteur ne cite ici qu'une partie des fraudes que la mauvaise foi et la cupidité font subir aux extraits de quinquina, et surtout à l'extrait sec de cette écorce (KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t. 2, 1821, p. 606).
[P. méton.] Poids sec. Poids du produit ainsi déshydraté. On a dénombré jusqu'à plusieurs centaines de millions de bactéries par gramme de vase humide, ce qui correspond à un poids sec de matière vivante de 0,3 à 2 mg (J.-M. PÉRÈS, Vie océan, 1966, p. 94).
♦ ALIM., CONSERV. Qui a subi un traitement destiné à la déshydratation plus ou moins complètement, généralement pour assurer sa conservation. Poisson, saucisson sec; fromage sec; haricots, légumes secs; abricots, raisins secs; châtaignes, figues sèches. Le lait traité (évaporé, condensé ou sec) est destiné aux bébés et aux malades (WOLKOWITSCH, Élev., 1966, p. 206).
Gâteau sec.
Vieilli. Confitures sèches. Fruits confits. [Le coing] servait à l'assaisonnement des viandes et on l'utilisait comme base pour faire les confitures sèches d'Orléans appelées cotignac (Gdes heures cuis. fr., Éluard-Valette, 1964, p. 232).
Loc. fig. Fruit sec. V. fruit1.
5. Qui ne comporte pas l'élément (semi-)liquide dont il est normalement accompagné.
a) En partic.
) [En parlant d'une boisson alcoolisée] Servi sans eau, sans glaçons. Apéritif, porto, whisky sec. Elle aimait bien son pernod sec (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 524). Bien que ce ne soit pas l'heure, je boirai quelque chose de sec, de la fine ou de l'armagnac (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 170).
) [En parlant d'un véhicule] Être en panne sèche. V. panne3.
b) Spécialement
) BÂT. Mur de briques, de pierres sèches (v. pierre B 2). Mur de briques, de pierres empilées les unes sur les autres sans mortier ni liant. (Dict. XXe s.).
) CHIM. Voie sèche. Traitement chimique réalisé sans adjonction de liquides excipients et généralement à haute température. Verre soluble. — (...) produit dont la fabrication peut se faire par voie sèche ou par voie humide (Cl. DUVAL, Verre, 1966, p. 100).
) COMM. [P. oppos. à liquide] Épicerie sèche, marchandises sèches (v. marchandise A 1). Ensemble des aliments présentés en rayon, à l'exclusion des boissons et des produits frais.
) MARINE
♦ Banc sec. ,,Banc qui découvre à marée basse`` (Lar. 19e-Lar. Lang. fr.).
♦ Cale sèche. V. cale1.
) MÉD., PATHOL.
♦ [Pour indiquer une absence de liquide, de sécrétions physiologiques] Eczéma sec. Polyarthrite sèche progressive (RAVAULT, VIGNON, Rhumatol., 1956, p. 16).
Asthme sec, toux sèche. Asthme, toux non accompagné(e) d'expectorations. Anton. gras. Tant que dure l'accès d'asthme, il ne faut donner au malade aucun aliment solide, sur-tout dans l'asthme sec, où le malade ne rend aucuns crachats (GEOFFROY, Méd. prat., 1800, p. 132). Les antitussifs sont indiqués lors des toux sèches, tandis que les expectorants sont indiqués lors des toux grasses (Pèlerin magazine, 21 nov. 1986, n ° 5425, p. 37, col. 4).
Pleurésie, pleurite sèche. Inflammation pleurale sans exsudation. En février, j'ai fait une pleurite sèche avec expectorations sanguinolentes (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 887).
Ventouses sèches. Ventouses appliquées sans inciser préalablement la peau, et ne provoquant pas d'exsudation sanguine. Les ventouses ainsi appliquées prennent le nom de ventouses sèches; elles produisent une révulsion qui est souvent utile (NELATON, Pathol. chir., t. 1, 1844, p. 31).
♦ [Pour indiquer une privation d'alcool]
Pays sec. ,,Pays dans lequel la consommation d'alcool est prohibée`` (Lar. 20e-Lar. Lang. fr., QUILLET 1965).
Régime sec. V. régime1.
B. — P. ext.
1. [Qualifie une chose] Non accompagné, dépourvu d'un complément ou d'un autre élément. Être au pain sec.
a) Spécialement
) ARBORIC. Taille sèche. Quand on pratique la taille sèche (...) on supprime tous les rameaux inutiles à la formation de la souche ou à la fructification (BRUNET, Matér. vitic., 1909, p. 18).
) JEUX, SPORTS
♦ JEUX DE CARTES. Atout, manillon sec; carte sèche. Atout, manillon, carte qui n'est pas accompagné(e) d'une autre carte de même couleur. (Dict. XXe s.).
♦ JEUX, SPORTS. Manche, partie sèche; set sec. Manche, partie, set qui se déroule en une fois, sans possibilité de revanche. Les qualités d'accrocheur d'Agopoff ne purent rien contre le brio de Fred, qui remporta une victoire relativement facile en trois manches sèches [Ping-pong] (France au travail, 17 févr. 1941).
Loc., au propre et au fig. (Jouer) en cinq secs.
) MAR. [Pour indiquer l'absence de voiles]
♦ Cape sèche. V. cape2.
♦ Panne sèche. V. panne3.
♦ Vergue sèche.
) MUS. (dans le domaine du jazz, du rock, de la pop-music). [P. oppos. à guitare électrique] Guitare sèche. Guitare dépourvue d'amplificateur. Hugues Aufray chante d'excellentes traductions de folksongs traditionnels (chants de cow-boys, de marins, de poseurs de rails) et d'œuvres américaines contemporaines (...). La guitare électrique laisse la place à la guitare dite « sèche », au banjo et à l'harmonica (F. VERNILLAT, J. CHARPENTREAU, La Chans. fr., 1971, pp. 106-107).
) TOUR. [Pour indiquer l'absence d'autres prestations] On s'envole maintenant vers les States avec la formule « transport sec », juste le billet sans achat de services. On se débrouille sur place (Le Nouvel Observateur, 29 juin 1981, p. 47, col. 2).
b) [Qualifie une somme d'argent] Argent sec. Synon. de argent comptant. J'avois calculé que six cents livres d'argent sec me mettroient à même de courir de bons marchés (FIÉVÉE, Dot Suzette, 1798, p. 69).
) [Pour indiquer l'absence de prime, de majoration ou de minoration sur la somme indiquée] Synon. de net. Si vous n'aviez pas de fortune, on vous laisserait très bien, mon prince, (...), avec votre traitement tout sec, sans se souvenir que vous avez sauvé la Grande Armée (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 303).
♦ Perte sèche.
) [P. méton.; en parlant d'une pers.] Fam., vieilli. Être sec. Manquer d'argent. (Dict. XIXe s.). Synon. être à sec.
c) [Qualifie un acte professionnel, religieux, etc.] Cette cérémonie sèche, le mariage civil, une espèce de formalité à l'américaine, qui met dans le mariage juste le cœur du code (GONCOURT, Journal, 1865, p. 154).
♦ Confession sèche. Confession non suivie de l'absolution. (Ds QUILLET 1965).
♦ Consultation sèche (vieilli). Consultation donnée par un avocat, sans percevoir d'honoraires. (Ds Lar. 19e, LITTRÉ, DG).
♦ Messe sèche.
2. [Qualifie l'ensemble ou une partie du corps d'une pers., d'un animal] Dépourvu de chair, de graisse. Synon. décharné, étique, maigre; anton. gras, gros1, replet. Homme, vieillard sec; corps sec; épaules, mains sèches; tête sèche. Madame Ragon, grande femme sèche et ridée, au nez pincé, aux lèvres minces, avait un faux air d'une marquise de l'ancienne cour (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 163):
• 5. ... Poëri fit signe au bouvier de faire avancer ses bêtes. C'étaient de superbes animaux, aux longues cornes évasées comme la coiffure d'Isis, au garrot élevé, au fanon puissant, aux jambes sèches et nerveuses.
GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 265.
a) [Dans des loc. compar. à connotation dépréc.] Sec comme un échalas, un hareng, une momie, un pendu. Sec comme un coup de trique (CARABELLI, [Lang. pop.], s.d.).
b) En empl. subst. Ce chef, un grand sec, arrêtait son monde et le reformait au milieu des landes et des broussailles (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 218).
c) P. ext., vieilli, fam. Être sec. Être mort. Voir RIGAUD, Dict. jargon paris., 1878, p. 309.C. — P. anal. Qui manque d'ampleur, de moelleux, d'onctuosité. Synon. âpre, bref, dur, raide, rêche, rude; anton. doux, étoffé, gracieux, onctueux, souple. La maternité, l'allaitement, avaient développé les hanches, les seins, épaissi la base du cou. Mais cet alourdissement n'était pas désagréable: il corrigeait ce qui subsistait encore de raideur protestante dans son maintien, son port de tête, et jusque dans la finesse un peu sèche des traits (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 844).
— En partic.
1. [Qualifie une œuvre picturale, sa réalisation] ,,Se dit d'une exécution dure, de contours trop carrés, de tableaux peints d'une touche trop mince, dont la pâte n'offre pas une épaisseur suffisante`` (ADELINE, Lex. termes art, 1884). Contour, dessin sec; calligraphie sèche; tons secs. Si l'on regarde [chez les Anglais] (...) ce qu'on appelle l'École sèche, souvenir des Flamands primitifs, on trouve (...) dans l'aridité du procédé un sentiment de vérité réel et tout à fait local (DELACROIX, Journal, 1855, p. 339). Élève de Jean Bellin, Titien, dans ses commencements, en imite la manière un peu sèche et la naïveté encore gothique (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 49).
2. [Qualifie une œuvre musicale, son mode d'exécution] Note(s) sèche(s). Tous [les musiciens hot] emploient un même type d'attaque rapide, sèche et puissante (PANASSIÉ, Jazz hot, 1934, p. 80).
3. [Qualifie un bruit, un coup, un mouvement, etc.] Net, vif, rapide. Claquement sec; détonation, sonorité sèche. Les soirées se passaient pour le père et pour la fille à jeter les dés qui sonnaient avec un bruit sec contre le rebord de bois (BOURGET, Disciple, 1889, p. 139). L'irascible petit vieillard [répondit], avec un coup sec frappé sur le bureau (BENOIT, Atlant., 1919, p. 148).
♦ Voix sèche. Voix nette, aux sonorités un peu tranchantes. Quant à Paul Valéry, qui a enregistré, d'une voix métallique et sèche, Le Cimetière marin, nous pouvons le trouver monotone, mais nous pouvons aussi penser que sa diction s'accorde à la beauté de ses vers, à leur rigueur formelle, à leur désespoir sans consolation (Disque Fr., 1963, p. 15).
4. [Qualifie une étoffe] Qui manque de moelleux au toucher. Lainage sec; gabardine sèche. De la popeline? C'est une étoffe soie et laine, sèche, tu sais, qui ne colle pas (COLETTE, Fin Chéri, 1926, p. 222).
5. [Qualifie un vin] Peu liquoreux, à saveur plus ou moins acide. Anton. doux, moelleux, sucré. Vin blanc sec; champagne sec. Mettez dans une casserole (...) des parures de champignons et de truffes et deux verres de madère sec (Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p. 132). Aimeriez-vous un verre de Pouilly sec? (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 51).
II. — Au fig., domaine moral, intellectuel. [Qualifie une réalité abstr.]
A. — [Appliqué à un enseignement, une doctrine, une production de l'esprit, etc.] Qui manque d'agrément, de charme, de fantaisie (pour l'esprit, la sensibilité). Synon. aride, froid, sévère. Ouvrage, style sec; étude, langue, narration, prose sèche; intellectualité, vie sèche. L'abstrait impératif catégorique de Kant lui paraissait trop froid et trop sec pour les besoins de l'imagination, cette folle du logis de Malebranche, mais aussi cette source de l'inspiration (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 19). Ce sera, j'espère, un délassement pour vous d'entendre, après l'exposé sec et aride des découvertes de la science, une description poétique de l'opposition économique qui existe entre le narcissisme et l'état amoureux (FREUD, Introd. psychanal., trad. par S. Jankélévitch, 1959 [1922], p. 447).
B. — [Appliqué à une pers., à son comportement]
1. Qui est dépourvu de générosité, de sensibilité, de chaleur humaine. Synon. froid, glacial, indifférent, insensible, sévère. J'étais tombé sous la férule de l'abbé Homan, jeune prêtre d'allure tortillante, à l'esprit petit et soupçonneux, au cœur sec (BILLY, Introïbo, 1939, p. 26):
• 6. Il y eut dès ce moment dans (...) [le] sentiment [de Mathilde] pour Julien, du vague, de l'imprévu, presque de la terreur. Cette âme sèche sentit de la passion tout ce qui en est possible dans un être élevé au milieu de cet excès de civilisation que Paris admire.
STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 445.
— En partic. Qui dénote la mauvaise humeur, le désir de blesser. Synon. cassant, désobligeant. Geste, refus, salut, ton sec; lettre, réponse sèche. Que de fois déjà, un coup d'œil hautain, un mot sec de la Belcredi, avait déraciné jusqu'aux moindres fibres de l'attendrissement qu'il sentait (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 245). Ne joue pas les ingénues, ça n'est pas ton emploi, dit Lucie Belhomme d'une voix sèche (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 270).
2. Qui manque de richesse intérieure, de facultés créatrices. Synon. aride, stérile; anton. fécond, luxuriant. Auteur, écrivain, penseur sec. Sous couleur d'être analystes, nous ne sommes que des nihilistes, des âmes sèches, des cerveaux incapables de sentir efficacement et avec suite, organisés uniquement pour la négation (BARRÈS, Renan, Trois stations de psychothérapie, 1891, p. 92).
— Loc. fam. Être, rester sec. Être incapable de répondre, d'argumenter. Synon. sécher. Un passage d'un livre ou d'un exposé l'obsédait: « Si j'avais à en parler, je serais absolument sec. À l'oral, j'aurais l'air d'un idiot... » (MAGNANE, Bête à concours, 1941, p. 384). Demandez à un monsieur à la page de réciter des vers de Claudel, de Valéry, d'Éluard, il restera sec (AYMÉ, Confort, 1949, p. 59).
III. — Empl. adv.
A. — [Corresp. à supra I A 4 a ] Boire sec. Boire de l'alcool sans y ajouter d'eau, de glaçons; p. ext., boire beaucoup. On but sec et longtemps. On trinqua « aux dames d'Alger! au Monténégro libre!... » (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 88).
B.— [Corresp. à supra I C 3; avec un verbe indiquant une action, un mouvement] D'une manière vive, rapide. Conduire, frapper, parler sec; ça pète sec. Le claquement de leurs socques de bois accompagnait sec et vite la mesure de cette musique (HAMP, Marée, 1908, p. 18). Tac! Un coup de feu claque sec, venant des lignes boches (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 94).
♦ En compos. Pète-sec.
— AUDIOVIS. Couper sec. ,,Faire une coupure brusque et nette du plan sonore ou visuel`` (FRANTERM Néol. 1984). Monter sec. ,,Faire un montage de plans sonores ou visuels coupés de manière brusque et nette`` (FRANTERM Néol. 1984).
— Loc. adv., pop., fam. Aussi sec. Aussitôt, sans hésiter. Synon. du tac au tac. Un bout de conversation, et mon pouvoir séducteur opérera. — Et s'il n'opère pas? — Alors je vous saute dessus. Aussi sec (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 210).
IV. — Empl. subst. masc.
A. — À valeur de neutre
1. État, qualité de ce qui est dépourvu d'humidité. J'ai dans ma vigne des grappes qui se couvrent de moisissure et qui n'ont échappé au soleil que pour périr à la pluie. — Hélas! (...) l'humide et le sec sont les deux ennemis du vigneron (FRANCE, Rôtisserie, 1893, p. 341).
— En partic.
a) [Dans la philos. gr.] Un des quatre principes actifs d'Aristote. Aux quatre âges de la vie correspondent pour le corps quatre tempéramens qui résultent de la combinaison de l'humide, du chaud, du sec, et du froid (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 130).
b) Sécheresse atmosphérique. Ces baromètres rustiques, grains d'avoine dont les deux barbes, aussi longues que celles des crevettes-bouquet, viraient, crucifiées sur un carton, à gauche, à droite, prédisant le sec et le mouillé (COLETTE, Sido, 1929, p. 38).
2. Chose(s) sèche(s). Une fois dans l'île et vêtus de sec, il leur fallut laver leur barque (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 108).
— En partic.
a) Aliment sec dont se nourrit le bétail. Anton. vert. Tous les fumiers destinés à être employés à la production des champignons doivent provenir d'animaux nourris au sec (...) nourris avec du foin, et non avec des plantes vertes (GRESSENT, Potager mod., 1863, p. 680). Voilà une vache qui mange trop de sec. — Ça se peut, en tout cas, elle donne ses douze litres (AYMÉ, Jument, 1933, p. 134).
♦ Loc. fig. Donner, employer, manger... le vert et le sec. User de tous les moyens dont on dispose (pour obtenir quelque chose). Le maréchal (...) me dit (...) que nos adversaires ont employé le vert et le sec, mais qu'il a résisté de tous les côtés avec vigueur (MÉRIMÉE, Lettres Viollet-le-Duc, 1864, p. 103). Le pauvre homme a rencontré une bouleversante créature aux yeux de jade, pour laquelle il est en train de manger le vert et le sec (AYMÉ, Bœuf cland., 1938, p. 218).
b) Au sec. Dans un lieu dépourvu d'humidité. Être au sec; mettre qqc. au sec. Il était (...) chaussé de sabots qui lui tenaient les pieds bien au sec (CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p. 8):
• 7. Les cheminées se trouvaient ainsi divisées en trois ou quatre chambres, si toutefois on peut donner ce nom à autant de tanières sombres, dont un fauve se fût à peine contenté. Mais on y était au sec, et l'on pouvait s'y tenir debout...
VERNE, Île myst., 1874, p. 35.
♦ Mettre les voiles au sec. Les déployer pour les faire sécher. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ Tirer les confitures au sec. Les sortir de leur jus, de leur sirop (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — Loc. adj. ou adv. À sec
1. Sans eau, sans élément liquide. Quand tous les puits seront à sec, celui-ci aura de l'eau encore (CLAUDEL, Père humil., 1920, II, 1, p. 516). Une pluie diluvienne recommence; Quelle bêtise! En été, la citerne à sec, le gosier à sec, on gémira sur le manque d'eau et, maintenant, des fleuves de pluie et des fleuves de pluie croulent, perdus d'avance (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 117).
— En partic. [En parlant d'une pers.] Sans verser de larmes. Sotte, qui t'en vas pleurer comme une petite fille! N'as-tu pas appris à « souffrir à sec? » (COLETTE, Vagab., 1910, p. 187). Les filles et la femme poussent des cris retentissants, les garçons gémissent à sec, avec un visage admirable de gravité (BARRÈS, Pays Lev., t. 2, 1923, p. 47).
— Spécialement
♦ BÂT. Sans mortier ni liant. Comme la plupart des grands monuments des Romains, le pont du Gard est construit en pierres de taille posées à sec sans mortier ni ciment (STENDHAL, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 150).
♦ TECHNOL. Sans adjonction de liquide spécifique. Teinture à sec. Le blanchissage diffère du simple savonnage que l'on fait subir aux tissus de laine, du nettoyage à sec auquel sont soumis les vêtements de laine et de soie (Lar. mén. 1926, p. 190).
2. Que l'on a placé hors de l'eau. On l'avait mis à sec [le navire] l'année précédente pour gratter ces coquillages, puis il avait repris la mer (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 448). L'originalité du projet de la Rance réside dans sa construction en plusieurs phases (...) permettant d'effectuer les travaux à sec entre batardeaux étanches (ROMANOVSKY, Mer, source én., 1950, p. 99).
3. MAR. (Navire) à sec (de toiles, de voiles). (Navire) qui a serré toutes ses voiles en raison du gros temps. Durant les quatre jours que Vespuce a été poussé dans le nord par un vent de sud-ouest violent, il a pu faire, quoique naviguant à sec, trente-cinq lieues par vingt-quatre heures (Voy. La Pérouse, t. 1, 1797, p. 75). Un gros navire à sec de toiles qui fuyait sous le vent du côté des îles Lavezzi (A. DAUDET, Lettres moulin, 1869, p. 89).
4. Au fig., fam.
a) Dépourvu d'argent. Je suis tellement à sec que je ne t'envoie pas de bleu (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 307). S'étant aperçue que son compte en banque était presque à sec, elle avait eu un coup de panique (AYMÉ, Travelingue, 1941, p. 118).
♦ Mettre (qqn) à sec. (Le) ruiner. [Mariette] se rappelait son émotion, la première fois qu'elle avait soulevé, de cette façon, une grosse somme à un Anglais fou d'elle, et qui voulait se tuer quand elle le quitta, après l'avoir mis à peu près à sec (L. DAUDET, Entremett., 1921, p. 86).
b) Être à sec. Ne savoir que répondre, manquer d'idées (sur tel ou tel sujet). Quand ils furent à sec d'éloquences, ces trois messieurs se retirèrent (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p. 109). Je suis fort à sec quant aux renseignements sur les dieux de la Perse et sur les dieux de l'Inde (FLAUB., Corresp., 1871, p. 275).
Prononc. et Orth.: [], fém. []. Ac. 1694, 1718: sec, seche;dep. 1740: sec, sèche. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 980 « qui a perdu son humidité naturelle (d'une plante) » (Jonas, éd. G. de Poerck, p. 43); 1273 ognons sais « dont on a fait évaporer les éléments humides en vue de la conservation » (C'est Henris de Gant, Chirog., A. Tournai ds GDF. Compl.); 1690 fruits secs (FUR.); b) déb. XIIe s. « qui ne renferme pas d'eau ou d'éléments liquides » (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1578); 1690 sec comme une allumette (FUR.); c) ca 1150 « qui est dépourvu d'humidité atmosphérique » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 2233); fin XIVe s. saisson seche (FROISSART, Chroniques, éd. G. Raynaud, t. 11, p. 127); d) 1160-70 « qui n'est pas ou plus mouillé » (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 4342); 1616 ancre seche « dont le solvant s'est évaporé » (D'AUBIGNÉ, Hist. univ., II, 252 ds LITTRÉ); e) 1389 bouche seche « qui n'est pas hydratée » (L'Orloge de sapience, Maz 923, I, VI ds GDF. Compl.); 1670 fig. avoir des yeux secs « ne pas être ému » (RACINE, Berenice, IV, 5); f) 1535-74 avoir le gosier sec (MELLIN DE ST GELAYS, Œuvres, éd. P. Blanchemain, I, 71); 1918 l'avoir sec (le gosier) (DAUZAT, Arg. guerre); 1936 id. « éprouver une vive contrariété » (CÉLINE, Mort à crédit, p. 462); 2. a) 1150-70 piere secche « employée sans mortier » (Jeu Adam, éd. W. Noomen, 850); b) ca 1210 touz seche « sans expectoration » (GUIOT DE PROVINS, Bible, 2569 ds T.-L.); 1871 orage sec « sans pluie » (LITTRÉ); c) fin XIIIe s. [date du ms.] pain tot sec « pain sans autre aliment » (Li Purgatoires saint Patrice, B. N. 423, f ° 35b ds GDF. Compl.); 1342 pain sec (J. BRUYANT, Pauvreté et richesse, 38a ds T.-L.); d) 1260 argent sec « argent comptant » (E. BOILEAU, Métiers, éd. G.B. Depping, 351); e) 1904 partie sèche « aux cartes, partie non suivie d'une revanche et d'une belle » (Nouv. Lar. ill.); 1931 avoir le manillon sec « sans autre carte de la couleur » (PAGNOL, Marius, III, 4, p. 162); 3. a) ca 1160 « se dit d'une personne maigre » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2572); b) 1690 sec comme un pendu (FUR.); 1845 sec comme un hareng (BESCH.); c) 1835 subst. un grand sec (Ac.); 4. a) 1200 vin sec (JEAN BODEL, Jeu St Nicolas, éd. A. Henry, p. 100); b) 1636 tissu sec (MONET); c) 1676 « dans le domaine artistique, exécution dure où les traits sont trop marqués » (FÉLIBIEN, p. 734); d) 1703 coup sec (Trév.). B. 1. a) Ca 1225 cuers... ses « qui manque de sensibilité, de tendresse » (RECLUS DE MOLLIENS, Miserere, CCLXI, 11 ds T.-L.); b) 1588 parler sec « rude, brusque » (MONTAIGNE, Essais, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 253); 2. ca 1265 « qui n'offre aucun agrément pour l'esprit, dénué de grâce, de fantaisie » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, p. 327); 1636 « se dit d'un auteur stérile ou aride » (MONET); 1866 arg. scol. « incapable de répondre à une question » (ds ESN.). C. Subst. 1. a) 1269-78 « état de ce qui est sans eau » (JEAN DE MEUNG, Rose, éd. F. Lecoy, 16931); b) 1342 seck « fourrage sec » (Cartul. de Cambron, p. 256 ds GDF. Compl.); c) ca 1450 avoir le sec et le vert (Mistere Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 35341); 1611 employer le verd et le sec (COTGR.); 2. a) 1155 a sec « hors de l'eau » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 2476); 1283 metre a sec (un vivier) (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. A. M. Salmon, t. 2, p. 92); b) 1611 naviger a sec « sans voiles » (COTGR.); 1859 à sec de voiles (BONN.-PARIS); 1904 à sec de toile (Nouv. Lar. ill.); c) 1536 mettre qqn à sec « le démunir d'argent » (ROGER DE COLLERYE, Œuvres, éd. Ch. d'Hericault, p. 248); d) 1567 être à sec « n'avoir plus rien à dire » (AMYOT, Vies, Lucullus, 2 ds GDF. Compl.); 1678 mettre qqn à sec « le réduire au silence » (BUSSY-RABUTIN, Lettre ds Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, p. 603). D. Adv. 1. 1283 paier tout sec (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, op. cit., p. 37); 2. ca 1500 parler sec « d'une façon vive, nette » (PHILIPPE DE COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, t. 2, p. 316); 3. 1640 boire sec « bien boire » (OUDIN Curiositez, p. 501); 4. 1904 aussi sec! (ds ESN.). Du lat. siccus « sec, sans humidité », fig. en parlant du style « froid, indifférent ». Fréq. abs. littér.: 5 386. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 5 392, b) 8 883; XXe s.: a) 9 004, b) 8 130. Bbg. BLUMENTHAL (P.). Die Linguistik des Weingeschmacks... Z. fr. Spr. Lit. 1979, t. 89, pp. 99-102, 105. — QUEM. DDL t. 28. — VINCENOT (I.). Ét. du mot sec d'après un corpus tiré des enregistrements du T.L.F.: théor. de sém. combin. appl. au mot sec. Thèse, Nancy2, 1987, 487 p.
sec, sèche [sɛk, sɛʃ] adj.
ÉTYM. V. 980, « desséché »; lat. siccus, sicca.
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I Concret.
1 Qui n'est pas ou est peu imprégné de liquide (notamment, d'eau). ⇒ Desséché. || Herbes, branches, broussailles sèches (→ Flammèche, cit. 2; foin, cit. 3; pétillement, cit. 1). || Feuilles sèches (→ Jaunir, cit. 5). || Bois sec (→ Dessèchement, cit. 1; four, cit. 2; orme, cit. 2). || Sol, terrain sec. || Argile (cit. 4), terre sèche (→ Déplacer, cit. 6; herbage, cit. 1). ⇒ Aride, stérile. || Sable sec (→ Pâté, cit. 7). — Lieu, endroit sec (→ Fécond, cit. 5; harasser, cit. 3), où le sol est sec.
1 (…) quand vous prierez Dieu, demandez de la pluie; nos blés sont secs comme vos tibias.
A. de Musset, On ne badine pas avec l'amour, I, 1.
2 (…) une couleur de peau comme celle de la terre sèche, comme celle de la terre quand il n'a pas plu depuis longtemps.
C.-F. Ramuz, la Grande Peur…, XII.
♦ (Mil. XIIe). Sans humidité atmosphérique, sans pluie. || Air, vent sec (→ Aveuglant, cit. 2; harmattan, cit. 1; langueur, cit. 18). || Mousson (cit. 2) sèche. || Climat, temps sec. || Jours secs (→ Polir, cit. 10). || Froid sec et piquant (cit. 1). || Saison sèche. || Été sec (→ Méditerranéen, cit. 1). — Les murs se gardaient bien secs (→ Humide, cit. 10). — ☑ Fam. N'avoir plus un fil de sec (→ Pleuvoir, cit. 3).
♦ (Parties du corps). Mal ou peu hydraté. || Peau sèche; mains sèches (→ Frotter, cit. 15; négliger, cit. 4). || Avoir la bouche, la langue, la gorge sèche. || Avoir le gosier sec. ⇒ Soif (avoir). → Boire, cit. 3. || Lèvres sèches (→ Humecter, cit. 3). Vx. || Humeur sèche. — (D'une femme, dans un contexte érotique). Sans humeurs vaginales. — ☑ Loc. N'avoir plus un poil de sec. — ☑ Œil sec, qui n'est pas humide de larmes (→ Blaser, cit. 9). Fig. Regarder d'un œil sec, sans être ému (→ Avaler, cit. 23). — ☑ À pied sec.
3 Pour vouloir d'un œil sec voir mourir ce qu'on aime (…)
Molière, Psyché, II, 1.
4 (…) ils avaient la bouche sèche et la tête bourdonnante, parce que le soleil en tournant les avait recouverts de sa flamme (…)
P. Nizan, le Cheval de Troie, I, 1.
5 Tu es mort et mes yeux sont secs; pardonne-moi : je n'ai plus de larmes et la mort n'a plus d'importance.
Sartre, Morts sans sépulture, III, 2.
♦ ☑ (1914-18, argot de la guerre, selon Dauzat; orig. obscure; p.-ê. « le gosier sec »). Fam. L'avoir sec : éprouver une déception, une contrariété; être mécontent, furieux (de qqch.). || Il l'a eu sec.
5.1 Le book m'a jeté un regard noir. Il l'avait sec. Je l'ai regardé d'un air innocent.
M.-G. Prêtre, la Revanche des médiocres, p. 106.
♦ Sans eau (d'une boisson alcoolique). || Prendre un whisky sec.
2 Qui n'est plus mouillé ou humide; dont l'humidité a été éliminée. || Le linge est sec. ⇒ Séché. || Les plâtres ne sont pas encore secs.
3 (Fin XIIIe). Déshydraté, séché (par suite d'un traitement approprié, et en vue de la conservation). || Fruits secs. Fig. ⇒ Fruit. || Noix, figues sèches. || Fourrages (1. Fourrage, cit.) secs. || Raisins (cit. 2) secs (→ Mendiant, cit. 5). || Légumes secs. || Poisson sec (→ Fournir, cit. 2). || Lait sec. || Gâteaux secs, sans crème (pâtisserie) ou fabriqués industriellement et vendus dans le commerce (biscuiterie). || Saucisson sec. || Petits fours, petits gâteaux secs.
♦ Pêche. || Mouche sèche : mouche artificielle utilisée comme appât.
4 Qui n'est pas accompagné du liquide (ou des éléments pâteux) auxquels il est généralement associé. || Mur de pierres sèches, de briques sèches (→ Carquois, cit. 1). — Orage, grain sec, sans pluie. — Toux sèche, sans expectoration (→ Maigrir, cit. 1). || Pleurésie sèche. — Régime sec (→ aussi ci-dessous IV., 1.). — Nourrice sèche, qui soigne un enfant sans le nourrir au sein. — Chim. || Par voie sèche : en l'absence de tout liquide et généralement à haute température. || Analyse par voie sèche. — Gravure. || Pointe sèche.
♦ ☑ Loc. Cale sèche. — ☑ Panne sèche.
5 Non accompagné (d'un autre élément). || Pain sec. || Vergue sèche. Vx. || Argent sec, net de tous frais. || Argent sec et liquide (cit. 6). || Perte sèche. — (Cartes). || Avoir le manillon (cit.) sec, la dame sèche, sans autre carte de la couleur. || Partie sèche, non suivie d'une revanche et d'une belle (par oppos. à partie liée). || À l'écarté, jouer en cinq secs (adj.), jouer en une seule manche de cinq points, par oppos. à jouer en cinq liés (→ ci-dessous IV., 5.).
6 (V. 1130). Personnes. Qui a peu de graisse, qui est peu charnu. ⇒ Maigre (cit. 1). || Corps sec (→ Affamer, cit. 3; ostéologie, cit.). || Jambes (cit. 8) fines et sèches (→ Race, cit. 10). || Homme, vieillard sec, tout sec (→ Abeille, cit. 7; escogriffe, cit. 2; puce, cit. 8), devenu sec (→ Guilleret, cit. 1). ☑ Loc. Être sec comme un coup de trique, un échalas, un hareng, une momie. || Femme sèche (→ Limande, cit. 2). || Sèche comme un cotret (cit.). || « Sec et noir comme écouvillon » (cit. 1).
6 (…) elle était devenue plus maigre, jaune et sèche qu'un poisson fumé.
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Le noyé », I.
7 Les deux vieillards restèrent seuls. M. Achille, sec comme un coup de trique, un peu jaune, M. Pascal remplissant bien sa peau fraîche (…)
A. Maurois, Bernard Quesnay, XV.
7 (1676). Vx. Mort.
7.1 Je suis fâchée que le bonhomme Sannes se soit fait enterrer; c'étoit un plaisir que de le voir jouer au piquet, aussi sec qu'il l'est présentement.
Mme de Sévigné, 8 mars 1676, in D. D. L., II, 10.
1 Qui est peu étoffé, manque d'ampleur, de moelleux ou de douceur. || Contours, dessins secs, trop marqués, très précis. ⇒ Dur (→ Raide, cit. 2). — (Déb. XIXe). D'un bruit, d'un son. Bref et sans résonnance. || Bruit, claquement (cit. 2) sec, sans résonance (→ Marchepied, cit. 1; pelote; cit. 3). || Sonorité sèche (→ Gelée, cit. 1). || Son de voix aigre et sec (→ 2. Parler, cit. 2). || Voix sèche. || Coup sec, rapide et bref (→ Manœuvrer, cit. 8; rebondir, cit. 1). ☑ Loc. fig. D'un coup sec : rapidement, efficacement. Cf. Sans bavure. — Coup sec, au billard. || Le trot sec d'un cheval, sans souplesse.
2 (1636). || Lainage, tissu sec, à tissage bien marqué (→ Popeline, cit.).
3 (Fin XIIe). || Vins secs, peu sucrés (opposés aux vins doux et liquoreux). || Champagne brut, sec, demi-sec. ⇒ Dry. || Un vin blanc sec.
8 Vous avez des alcools qui sont comme empêtrés dans une saveur beaucoup trop particulière. Tout en étant secs, ou soi-disant, ils prennent quelque chose de liquoreux.
J. Romains, Donogoo, II, V.
♦ N. m. || Du sec ou du sucré.
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II Abstrait.
1 (Déb. XIIIe : cœur sec). Qui manque de sensibilité, de tendresse. ⇒ Dur, froid, indifférent, insensible, pincé. || Cœur sec (→ Privilège, cit. 5). || Âme sèche (→ Parti, cit. 11). || Un homme sec et méchant (→ Exprimer, cit. 18), froid et sec (→ Atrabilaire, cit. 8; généreux, cit. 9; ironie, cit. 9). — Vx. || Sec sur… : peu sensible à… (→ Jalousie, cit. 2).
2 Qui marque qu'on ne se laisse pas attendrir; qui témoigne d'une certaine mauvaise humeur, d'une intention blessante. ⇒ Aigre, désobligeant, glacial. || Lettre, réponse (cit. 3) sèche. || Un ton très sec. ⇒ Autoritaire, bref, brusque, cassant (→ Pointilleux, cit. 2). || Un non (cit. 58) sec (→ aussi Baisser, cit. 6).
3 (1265). Qui manque de grâce, de charme, de richesse naturelle. ⇒ Rébarbatif, rebutant, revêche. || Caractère sérieux, sec et taciturne (→ Lacédémonien, cit. 2). || Rien de plus sec et de plus aride (cit. 4) que ses bonnes grâces. || Figures ingrates et sèches (→ Foi, cit. 21). || Élégance (cit. 7) un peu sèche et sévère. ⇒ Austère. || Sèches et rebutantes nomenclatures (→ Histoire, cit. 6). — « Le pauvre (cit. 34) esprit de femme, et le sec entretien ! ». || Narration maigre (cit. 15), sèche, abstraite. || Style sec. — Un triste et sec faiseur d'annales (cit. 2). || Il est sec et sans génie (→ Figure, cit. 25). ⇒ Étriqué.
4 ☑ (1866). Fam. Être, rester sec, incapable de répondre. ⇒ Sécher (II., 4.). || Il est resté complètement sec.
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III N. m.
b (V. 1112). Lieu sec (dans : au sec). || Mettre, tenir une chose au sec, dans un endroit sec, où elle puisse sécher.
c (1553). Agric. || Le sec : le fourrage sec (opposé à vert). || Mettre son cheval au sec. — ☑ Loc. fig. (Fin XVIe). Vx. Donner, employer le vert et le sec, tous les moyens.
9 La France est envahie sourdement, on veut donner un assaut général, on y emploie le vert et le sec !
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 470.
2 ☑ Loc. adj., adv. (XIVe). À sec. a À l'état sec, sans eau. || Cours d'eau, source complètement à sec (→ Étiage, cit. 1). || Langue (cit. 48) de terre restée à sec dans une plaine inondée. || Mettre un étang à sec pour le curer.⇒ Assécher, vider.
10 Si je ne bois, je suis à sec : me voilà mort. Mon âme s'enfuira en quelque grenouillère. En sec jamais l'âme n'habite.
Rabelais, Gargantua, V.
11 (…) et je le répéterai jusqu'au tronçon de ma dernière plume; j'y mettrai l'encrier à sec (…)
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 141.
♦ Techn. || Opérations (de filature) qui se font à sec, sans eau (opposé à mouillé). || Filature à sec, au sec.
11.1 La filature au sec. — Elle est requise pour les gros fils bon marché ou dont on exige une bonne hydrophilie.
Jacques Lourd, le Lin et l'Industrie linière, p. 55.
b ☑ Fig. Être à sec, dans l'état où l'on n'a plus d'idées, plus rien à dire.
12 Sur ce chapitre on n'est jamais à sec (…)
Molière, Remerciement au roi.
♦ Sans argent (→ Fauché). || Mettre qqn à sec : le ruiner.
13 (…) quand Cérizet était à sec, il n'avait qu'à dire à son ami : « Cadenet, prête-moi donc cent écus ». Mais il les lui rendait toujours fidèlement.
Balzac, les Petits Bourgeois, Pl., t. VII, p. 169.
♦ ☑ Loc. vieillie. Avoir l'esprit à sec (même sens que cit. 12).
14 Écris-moi dans ta prochaine lettre quelque bonne blague, car pour moi j'ai l'esprit à sec.
Flaubert, Correspondance, 24, 28 oct. 1838.
♦ ☑ (1658). Loc., vx. Mettre qqn à sec : le réduire au silence.
♦ ☑ (1611, a sec; a sec de voiles, 1871). Mar. Courir à sec, à sec de toile, sans une seule voile hissée (le plus souvent, par gros temps).
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1 ☑ (1640). Boire sec : ne pas mettre d'eau dans son vin, et, par ext., boire beaucoup. || Tout sec : sans accompagnement, sans rien de plus. || Un oui (cit. 1) tout sec. || Il n'y avait pas d'un côté le devoir tout sec (→ Formule, cit. 15). — REM. Cet emploi est adverbial plutôt qu'adjectif; on ne dirait guère toute sèche, avec un féminin.
15 Fort bon vin; et comme l'eau est douteuse et que la typhoïde est à craindre, je bois sec.
Gide, Journal, Fès, janv. 1944.
2 (1582). ⇒ Brutalement, rapidement, rudement, sèchement. || Poudre (cit. 15) qui claque sec. || Ça pète sec. ⇒ Pète-sec. || Démarrer, conduire sec, très vite, sans hésitation. || Boxeur qui frappe sec. || Parler sec (→ Couper, cit. 10).
♦ Il l'a laissé tomber tout sec, brutalement.
15.1 Si tu avais attrapé cet homme à la tête, tu pouvais le tuer tout sec.
M. Pagnol, Jean de Florette, p. 278.
4 ☑ Loc. adv. (1904). Fam. Aussi sec : par une réaction immédiate, sans hésiter et sans tarder.
16 Et la directrice de L'O. H. B. je la renvoie à ses fourneaux ! Et le préfet, l'administrateur, le chef de cabinet, tous, je les colle en prison, aussi sec.
M. Aymé, la Tête des autres, IV, 5.
17 Aussi sec, les jambes de Riton reculèrent, le portèrent à deux mètres en arrière, près du mur où était posée la mitraillette (…)
Jean Genet, Pompes funèbres, p. 58.
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V Interj. Alpin. Mot par lequel le grimpeur donne l'ordre de tendre la corde. (On dit aussi : dur !).
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CONTR. Aqueux, humide, mouillé. — Collant, moite. — Frais, vert. — Gras, gros. — Moelleux, onctueux. — Amoureux, attendri, généreux. — Agréable, aimable, attendrissant, caressant, patelin. — Abondant, luxuriant, nourri.
DÉR. 2. Sèche, sèchement, sécheron, sécot. — V. Sécher (et dér.) et aussi siccatif, siccité.
COMP. Pète-sec.
Encyclopédie Universelle. 2012.