1. foudre [ fudr ] n. f. et m.
• 1080; lat. fulgur « éclair »
1 ♦ Décharge électrique qui se produit par temps d'orage entre deux nuages ou entre un nuage et le sol, avec une lumière et une détonation (⇒ éclair, tonnerre). La foudre éclate, tombe. Arbres frappés par la foudre. ⇒ foudroyer. Avec la rapidité de la foudre.
♢ Myth. Faisceau enflammé, arme et attribut de Jupiter.
2 ♦ COUP DE FOUDRE. Vx Événement désastreux, qui atterre. — Mod. Manifestation subite de l'amour dès la première rencontre. Avoir un coup de foudre pour qqn. « à votre âge, les coups de foudre sont à craindre » (Crébillon). « Des coups de foudre. Il faudrait changer ce mot ridicule; cependant la chose existe » (Stendhal). — J'ai eu le coup de foudre pour ce tableau. ⇒ fam. craquer, flasher (sur).
3 ♦ (Plur.) FOUDRES : condamnation, reproche. Les foudres de l'Église, du Vatican. ⇒ excommunication; fulminer . S'attirer les foudres de qqn.
4 ♦ N. m. Vieilli Un foudre de guerre : un grand capitaine. — Mod. Ce n'est pas un foudre de guerre : il n'est pas très malin (⇒ 1. flèche) .
foudre 2. foudre [ fudr ] n. m.
• 1690; voudre XVe; all. Fuder
♦ Tonneau de grande dimension pouvant contenir de 50 à 300 hectolitres. « Dans les caves interminables, les attendaient les foudres et les barriques » (Perec).
● foudre nom féminin (latin fulgura, pluriel de fulgur, -uris, éclair) Décharge électrique aérienne, accompagnée d'une vive lumière (éclair) et d'une violente détonation (tonnerre), se produisant entre deux nuages ou entre un nuage et le sol. ● foudre (citations) nom féminin (latin fulgura, pluriel de fulgur, -uris, éclair) Jean de Sponde Mauléon 1557-Bordeaux 1595 Le Mont est foudroyé plus souvent que la plaine. Autres sonnets sur le même sujet sur la mort ● foudre (difficultés) nom féminin (latin fulgura, pluriel de fulgur, -uris, éclair) Sens et genre Attention au sens et au genre du mot foudre. 1. Foudre n.f. = décharge électrique aérienne. La foudre est tombée tout près. Au sens figuré (= reproches, châtiment, vengeance), toujours au pluriel : il s'est attiré les foudres du pouvoir. 2. Foudre n.m. = faisceau de dards en zigzag, attribut de Jupiter ; représentation stylisée de l'éclair. « Le foudre ailé du roi Zeus »(Th. de Banville) ; le foudre était autrefois l'insigne des télégraphistes. Un foudre de guerre, d'éloquence : un grand capitaine, un grand orateur. Remarque Dans ce sens et dans le précédent, le mot est issu du latin fulgur, éclair. 3. Foudre n.m.= tonneau d'une capacité de 50 à 300 hectolitres. Remarque Dans ce sens, le mot est issu de l'allemand Fuder (même sens). ● foudre (expressions) nom féminin (latin fulgura, pluriel de fulgur, -uris, éclair) Comme la foudre, avec une grande rapidité, une extrême impétuosité. Coup de foudre, apparition subite d'un violent sentiment d'amour pour quelqu'un ; engouement soudain et vif pour quelqu'un ou quelque chose. ● foudre (homonymes) nom féminin (latin fulgura, pluriel de fulgur, -uris, éclair) foudre nom masculin ● foudre nom masculin (de foudre) Faisceau de dards en zigzag, attribut de Jupiter. Meuble héraldique généralement empiété par une aigle, formé par un faisceau de flammes, avec quatre dards en sautoir. ● foudre nom masculin (allemand Fuder) Grand tonneau en bois pour le vin (50 à 300 hl). ● foudre (difficultés) nom masculin (de foudre) Sens et genre Attention au sens et au genre du mot foudre. 1. Foudre n.f. = décharge électrique aérienne. La foudre est tombée tout près. Au sens figuré (= reproches, châtiment, vengeance), toujours au pluriel : il s'est attiré les foudres du pouvoir. 2. Foudre n.m. = faisceau de dards en zigzag, attribut de Jupiter ; représentation stylisée de l'éclair. « Le foudre ailé du roi Zeus »(Th. de Banville) ; le foudre était autrefois l'insigne des télégraphistes. Un foudre de guerre, d'éloquence : un grand capitaine, un grand orateur. Remarque Dans ce sens et dans le précédent, le mot est issu du latin fulgur, éclair. 3. Foudre n.m.= tonneau d'une capacité de 50 à 300 hectolitres. Remarque Dans ce sens, le mot est issu de l'allemand Fuder (même sens). ● foudre (expressions) nom masculin (de foudre) Littéraire. Foudre d'éloquence, orateur puissant. Foudre de guerre, guerrier redoutable, grand capitaine. ● foudre (homonymes) nom masculin (de foudre) foudre nom féminin ● foudre (difficultés) nom masculin (allemand Fuder) Sens et genre Attention au sens et au genre du mot foudre. 1. Foudre n.f. = décharge électrique aérienne. La foudre est tombée tout près. Au sens figuré (= reproches, châtiment, vengeance), toujours au pluriel : il s'est attiré les foudres du pouvoir. 2. Foudre n.m. = faisceau de dards en zigzag, attribut de Jupiter ; représentation stylisée de l'éclair. « Le foudre ailé du roi Zeus »(Th. de Banville) ; le foudre était autrefois l'insigne des télégraphistes. Un foudre de guerre, d'éloquence : un grand capitaine, un grand orateur. Remarque Dans ce sens et dans le précédent, le mot est issu du latin fulgur, éclair. 3. Foudre n.m.= tonneau d'une capacité de 50 à 300 hectolitres. Remarque Dans ce sens, le mot est issu de l'allemand Fuder (même sens). ● foudre (homonymes) nom masculin (allemand Fuder) foudre nom féminin
foudre
n.
rI./r n. f.
d1./d Décharge électrique intense qui se produit par temps d'orage, accompagnée d'un éclair et d'une violente détonation (tonnerre).
— (Afr. subsah.) Pierre à ou de foudre: hache néolithique de pierre polie (sud du Togo et du Bénin) utilisée dans certains rituels.
|| Fig. Coup de foudre: amour subit et immédiat pour qqn.
— Par ext. Acheter un meuble ancien sur un coup de foudre.
d2./d (Plur.) Les foudres de: le courroux de. Encourir les foudres du pouvoir.
rII./r n. m. Iron. Un foudre de guerre: un redoutable combattant.
I.
⇒FOUDRE1, subst.
A.— Subst. masc. ou fém.
1. Gén. subst. fém. sing. Brusque et puissante décharge d'électricité atmosphérique qui se produit au cours d'un orage, entre deux nuages ou entre un nuage et la terre, et qui est accompagnée d'une vive lueur, l'éclair, et d'une violente détonation, le tonnerre. Être atteint, frappé, touché par la foudre; carreau, pierre, coup de foudre. La cause de la foudre n'est plus un secret; et Franklin a dévoilé aux hommes l'art de la détourner et de la diriger à leur gré (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 178). La journée a été orageuse; le tonnerre a grondé pendant deux heures et la foudre a éclaté non loin de la maison (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 212). La foudre était tombée sur l'église de Rueil et avait fondu la croix du clocher (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 50).
— Foudre globulaire; foudre en boule. Masse gazeuse qui apparaît parfois après un éclair sous la forme d'une gerbe de feu. Il pense que la foudre globulaire pourrait être formée par une masse d'oxydes d'azote concentrés (J. phys. et Radium, 1925, p. 64). La foudre déconcerte. Il lui arrive d'être une boule rouge très légère, d'entrer dans une chambre, de se promener et d'en sortir sans faire de mal (COCTEAU, Poés. crit. II, Monologues, 1960, p. 40).
a) P. exagération et p. compar.
— [Avec la violence de la foudre et le bruit qui l'accompagne] Un éclair jaillissait des yeux redoutables du fantôme, un mugissement pareil à la foudre grondait dans sa voix terrible (NODIER, Trilby, 1822, p. 165). La neige pénètre par toutes les meurtrières, elle s'amasse, et quelquefois l'on gît, bloqué, quand le vent souffle en foudre! (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 55).
— [Avec la rapidité de la foudre] Que Malek Adhel, couvert de sueur et de poussière, sur un cheval ruisselant d'écume, arrive comme la foudre, s'élance d'un trait au-dessus de la barrière (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 179). Il eut un geste prompt comme la foudre. Le canon de son browning toucha le menton du Bavarois (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 429).
— [Avec la brutalité de la foudre et la peur qu'elle inspire] On me redoutait à l'égal de la foudre; on m'accusait d'avoir une main de fer (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 902).
♦ P. iron. On le craint, il est craint comme la foudre. ,,Se dit surtout ironiquement d'un homme qui est fort redouté`` (Ac.).
b) Littér., p. anal. [Avec la puissance destructrice de la foudre] Puissance de feu d'une arme; puissance des armes à feu. Cette tombée sifflante d'obus martèle et écrase à coups de foudre l'extrémité béante du poste (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 320). C'est alors que, les 6 et 10 août, tombe sur Hiroshima et sur Nagasaki la foudre des bombes atomiques (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 227) :
• 1. Tu fouilleras toutes les caves de la section pour en extraire les substances nécessaires à la fabrication de la poudre. L'ennemi sera peut-être demain devant Paris : il faut que le sol de la patrie nous fournisse la foudre que nous lancerons à ses agresseurs.
FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 164.
Rem. On relève dans la lang. poét. ou vieillie a) Fondre, subst. masc. Le trait brillant du foudre dans la livide clarté d'un orage (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 291). On eût dit qu'un foudre invisible l'avait frappé, et peu s'en fallût qu'il ne tombât mort (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 265); b) des emplois de foudre au plur. Il [Dieu] se montre aux hommes entre la saison des fleurs et la saison des foudres (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 310). L'orage est en plein, enfin il crève. Rien n'est plus curieux que le bruit des foudres (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1901, p. 386).
2. Gén. subst. masc., p. méton.
a) Faisceau de dards de feu en zigzags terminés par une flèche et qui constitue l'attribut des puissances divines ou guerrières, notamment entre les mains de Jupiter et d'Indra. Son peintre facétieux l'a [Alexandre], comme fils de Jupiter, armé grotesquement du foudre, qui est là, entre ses jambes (MICHELET, Journal, 1857, p. 367). Le foudre ailé du roi Zeus (BANVILLE, Exilés, 1874, p. 34).
Rem. Les dict. affirment que foudre dans le sens myth. est toujours au masc. Pourtant on trouve aussi le fém. ds la docum. Ces moineaux, disait Phidias, sont pareils aux gens d'Olympie qui redoutent la foudre en airain ciselé que je formai pour leur monarque (MAURRAS, Chemin Paradis, 1894, p. 41) et infra ex. 2. Il semblerait que les aut. mod. adoptent de préférence la forme foudre subst. féminin :
• 2. Dans un filet de pêche les marins ont remonté le Zeus ou le Poséidon qui foudroyait ou qui lançait le trident. Ses cheveux, sa barbe ont encore l'air mouillés. Comme son trident ou sa foudre, il a perdu ses yeux réalistes. Il est aveugle.
COCTEAU, Maalesh, 1949, p. 213.
b) P. anal.
— Domaine milit. Ce même symbole utilisé comme emblème ou porté en insigne sur l'uniforme de certains officiers. La vicomtesse Olive lui demanda un entretien secret. Il la reçut à l'Amirauté dans un pavillon orné d'ancres, de foudres et de grenades (FRANCE, Île ping., 1908, p. 221). De son bras où étincelle un brassard en soie brodé d'or et brodé de foudres d'or, un capitaine désigne la banquette de tir (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 41).
— HÉRALD. Faisceau figuré sur l'écu avec quatre dards en sautoir (ds LITTRÉ, ROB., Lar. Lang. fr.).
3. Au fig.
a) Coup de foudre. Cf. coup A 2 synt., expr. b. Avoir le coup de foudre pour qqn/qqc. Éprouver une passion violente et subite pour quelqu'un/quelque chose. Alors vous avez eu le coup de foudre pour le baron Saval, ici présent (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 501). J'ai le coup de foudre pour la maison (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 964).
b) [P. allus. aux croyances anc. qui voyaient dans la foudre la manifestation de la colère divine] Synon. feu du ciel.
— Colère divine. La foudre de Dieu nous entoure, il ne faut peut-être qu'un mot, que ce mot que vous me demandez, pour la faire tomber sur nous (COTTIN, Mathilde, t. 1, 1805, p. 347). Ce sont eux [les monastères], hélas! qui, par le relâchement de leurs mœurs, ont fait pencher la balance et attiré sur ce pays la foudre (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 295).
— Gén. au plur. Réprobation, condamnation exercée par une autorité spirituelle, morale, judiciaire. Les foudres de l'Église, de la loi. Peu s'en fallait que nos hellénistes ne méritassent les foudres du Saint-Siège (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 454). Sans doute quelque vieille foudre de l'Église de Constantinople défend à ces révérends pères de famille les plaisirs enivrants du bal (ABOUT, Grèce, 1854, p. 460). Des œuvres qui ont soulevé l'indignation du public et mérité les foudres des tribunaux correctionnels (GONCOURT, Journal, 1888, p. 837) :
• 3. ... telle de ses Pensées [de Diderot] était une profession explicite de soumission à l'Église catholique, apostolique et romaine. Il fallait éloigner la foudre.
GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 230.
♦ En partic. Foudres de l'éloquence. Effets puissants par lesquels un orateur confond son adversaire. Sensation d'orgueil qu'éprouve un procureur du roi convaincu de la culpabilité de l'accusé, lorsqu'il voit blémir et s'incliner son coupable sous le poids des preuves et sous les foudres de son éloquence! (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 67).
B.— Subst. masc. [P. anal. avec la puissance redoutable de la foudre et au fig.] Homme redoutable. Ce géant des prophètes [Elie] (...) demeurant dans le creux des rochers, d'où il sortait comme un foudre pour faire et défaire les rois, était devenu une sorte d'être surhumain (RENAN, Vie Jésus, 1863, p. 100).
— [Le plus souvent dans des syntagmes dont le 2e élément indique le domaine où une pers. déploie une activité étonnante] « Ce garçon, c'est un foudre de labeur! » (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 129).
♦ En partic., souvent p. iron. Foudre d'éloquence. ,,Orateur qui frappe ses auditeurs par l'éclat de son éloquence`` (Ac.). Foudre de guerre. Chef militaire aux victoires éclatantes, combattant redoutable. Cet autre foudre de guerre, Le malheureux maréchal Ney! (BOREL, Rhaps., 1811, p. 178). Ancien ministre de Caillaux, et pas précisément un foudre de guerre (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 222).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 « décharge électrique qui se produit entre deux nuages » (Roland, éd. Bédier, 1426); 2. 1559 foudre de guerre « guerrier à qui rien ne résiste » (O. DE MAGNY, Odes, I, 129 ds IGLF); 3. 1594 masc. sing. « condamnation » (GUILLAUME DU VAIR, Actions et traitez oratoires, éd. R. Radouant, VIII, p. 340); 4. a) 1642 coup de foudre « événement qui déconcerte » (CORNEILLE, Polyeucte, II, 1, p. 407); b) 1813 « amour subit et violent » (JOUY, Hermite, t. 1, p. 288). Empr. au lat. fulgura plur. neutre du class. fulgur, fulguris « éclair » devenu fém. En lat. class. fulmen signifiait « foudre », il disparaîtra en b. lat. au profit de fulgur qui prendra ce sens où il est lui-même concurrencé par éclair. Fréq. abs. littér. :1 735. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 448, b) 2 992; XXe s. : a) 2 466, b) 1 348. Bbg. GOUGENHEIM (G.). Le Genre de foudre chez Corneille. Fr. mod. 1951, t. 19, pp. 91-94. — QUEM. DDL t. 16.
II.
⇒FOUDRE2, subst. masc.
Tonneau de grande dimension pouvant contenir de 50 à 300 hectolitres. Au chai, on aborde le foudre. C'est un vaste fût de 30 barriques de 320 litres, prêté par le maître (...). Tout en cœur de chêne pur et sonore, cerclé de fer (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 224). Wagon-foudre.
REM. Foudrier, subst. masc. Tonnelier spécialiste de la fabrication des foudres. On entend les foudriers cercler les fûts dans lesquels se fera le cidre des récoltes prochaines (FRANCE, Vie littér., 1890, p. 346).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [1. a) XIIIe s. pic. voder « sorte de mesure » (GIRY, Histoire de la ville de Saint-Omer, p. 494 ds IGLF : voder d'ail); b) XVe s. voudre « espèce de tonneau pour le vin du Rhin » (Chron. de 1400 à 1476 ds LA CURNE), attest. isolée; de nouv. 1611 vaudre (COTGR.)]; 2. 1669 foudre « grand tonneau en Allemagne » (WIDERHOLD All.-Fr.). Empr. à l'all. Fuder « voiture de charge, mesure de liquide »; cf. a. h. all. fotar, fodar « voiture, charrette »; m. h. all. vuoder « charretée, voiturée »; « sorte de mesure pour les liquides » (LEXER). Les formes avec v- initial sont issues du m. néerl. voeder « charretée »; « mesure pour le vin » (DE VRIES Nederl.), lui-même empr. à l'all. Fuder; cf. FEW 15, 2, 186 a. Bbg. SALMON (G.) Que reste-t-il du lex. région de la vigne? In : Colloque sur le Fr. parlé ds les Villages de Vignerons. 1976. 18-20 nov. Dijon. Paris, 1977, p. 177.
1. foudre [fudʀ] n. f. et m.
ÉTYM. 1080; du lat. pop. fulgura, fém.; du neutre du lat. class. fulgur « éclair », de fulgere « briller ». → Fulgurer.
❖
———
I N.
1 N. f. (La foudre). Décharge électrique qui se produit par temps d'orage entre deux nuages ou entre un nuage et le sol, avec une lumière et une détonation (⇒ Éclair, tonnerre). || Faire de la foudre. ⇒ Fulgurer, fulguration. || Éclair (cit. 1), bruit (→ Entortiller, cit. 4) accompagnant la foudre. || La foudre éclate, tombe (→ Capitolin, cit. 1). || Arbres (cit. 28) atteints, frappés, ébranlés, renversés par la foudre. || Attirer la foudre. || Le génie de Franklin a su dompter, apprivoiser la foudre (⇒ Parafoudre, paratonnerre). || Mettre à l'abri de la foudre. → Paratonnerre, cit. 1. La foudre, considérée comme un signe de la colère divine. ⇒ 1. Feu (du ciel). → Accabler, cit. 3. — ☑ Loc. vieillie. Coup de foudre : éclair (→ Bruit, cit. 9; écheveler, cit. 1). → ci-dessous, 4., au fig.
1 Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Villon, Poésies, « Épitaphe en forme de ballade. »
2 Que la foudre m'écrase tout à l'heure si (…)
Molière, George Dandin, III, 7.
3 Les nuages, les flots, les roulements de la foudre s'allient mieux au souvenir de l'antique liberté des Alpes que la voix de cette nature efféminée et dégénérée que mon siècle a placée malgré moi et dans mon sein.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 382.
4 (…) quand la foudre espaça ses coups, se perdit au loin, la société recommença à s'impatienter, se fâcha contre l'orage, jurant et montrant le poing aux nuées.
Zola, l'Assommoir, t. I, p. 88.
4.1 Soudain, accompagné du plus terrible fracas, un aveuglant zigzag de feu sillonna le ciel entier pour aboutir à la pointe du paratonnerre. Djizmé, dont les bras venaient de se tendre vers Naïr, ne put achever son geste; la foudre avait traversé son corps (…).
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 144.
5 Brusquement un éclair violet vola sur l'eau. Il avait jailli au ras des étangs. Sa flamme illumina, balayant les rives, toute l'étendue du canal (…) Et alors en face de moi le ciel craqua. D'un écartèlement de la terre surgit un arbre de feu, un tronc et des branches éblouissantes. Dans un rapide fracas de tonnerre il creva la terre, le ciel, et tout s'embrasa. La foudre flamboyait de tous côtés. Des éclats déchiraient le ciel. La terre grondait à mes pieds. Sous ces secousses répétées, cette commotion tellurique s'élargissait en vastes ébranlements; et, comme une basse profonde, on entendit, monté d'on ne sait quels abîmes, un roulement sourd.
H. Bosco, Hyacinthe, p. 66.
REM. Le mot, dans ce sens s'est employé au masc. en poésie.
6 Le foudre menaçant, qui perce avec fureur
L'affreuse obscurité de la nue enflammée (…)
Molière, le Malade imaginaire, Prologue.
2 N. m. (1642). || Un, des foudres. Didact. Faisceau enflammé, arme et attribut de Jupiter. ⇒ Carreau. || Foudres forgés par les Cyclopes (cit. 1).
7 Allons fouler aux pieds ce foudre ridicule
Dont arme un bois pourri ce peuple trop crédule (…)
Corneille, Polyeucte, II, 6.
8 Il lance un foudre à l'instant (Jupiter)
Sur certain peuple perfide.
La Fontaine, Fables, VIII, 20.
♦ Blason. Faisceau figuré sur l'écu avec quatre dards en sautoir. — (1872). Symbole utilisé comme attribut des chefs militaires.
3 Par compar. (du 1.). || Rapide, prompt, inattendu comme la foudre (→ Embraser, cit. 6; étreindre, cit. 8). || Avec la rapidité de la foudre. || Craint, redouté comme la foudre. || Brûlant comme la foudre (→ Aquilon, cit. 8). (1826). || Être comme frappé par la foudre. ⇒ Anéanti, atterré, étonné, stupéfait.
9 (…) il semblait frappé de la foudre, et incapable de voir ou d'entendre ceux qui l'observaient.
A. de Vigny, Cinq-Mars, XI.
10 (…) une armée solide, capable de tomber sur l'Europe, — Prusse ou Autriche, — comme la foudre, à l'heure où l'une ou l'autre Puissance se préparait à l'attaquer (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Avènement de l'Empire, XVIII.
4 Fig. (Choc soudain). ☑ Coup de foudre. a (1642). Vx. « Événement désastreux qui atterre, qui déconcerte, qui cause une peine extrême » (Littré). || « Ce fut un coup de foudre pour lui » (Académie. → Avis, cit. 41, Racine).
11 Soutiens-moi, Fabian; ce coup de foudre est grand,
Et frappe d'autant plus que plus il me surprend.
Corneille, Polyeucte, II, 1.
b Mod. Manifestation subite de l'amour, dès la première rencontre.
12 (…) à votre âge les coups de foudre sont à craindre.
Crébillon, les Égarements du cœur et de l'esprit, II, cité par Brunot, Hist. de la langue franç., t. VI, p. 1096.
13 Des coups de foudre (titre du chapitre). Il faudrait changer ce mot ridicule; cependant la chose existe.
Stendhal, De l'amour, XXIII
14 Ce que les romans du dix-septième siècle appelaient le coup de foudre, qui décide du destin du héros et de sa maîtresse, est un mouvement de l'âme qui, pour avoir été gâté par un nombre infini de barbouilleurs, n'en existe pas moins dans la nature (…) La femme qui aime trouve trop de bonheur dans le sentiment qu'elle éprouve, pour réussir à feindre; ennuyée de la prudence, elle néglige toute précaution et se livre en aveugle au bonheur d'aimer. La défiance rend le coup de foudre impossible.
Stendhal, De l'amour, Note 3.
15 Ils (Flaubert et Louise Colet) s'étaient rencontrés chez le sculpteur Pradier, en 1846 (…) Des deux parts, coup de foudre (…)
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 354.
5 ☑ (1587). Foudres (plur.) : condamnation, reproches. || S'attirer les foudres du pouvoir, les foudres de quelqu'un. ⇒ Châtiment, condamnation, critique, reproche. || Les foudres de l'Église, du Vatican. ⇒ Excommunication.
♦ (1690). Littér. || Les foudres de l'éloquence : les grands mouvements, les arguments par lesquels l'orateur confond ses adversaires. — REM. Foudre a longtemps été masculin et féminin et Littré admet encore les deux genres dans les expressions les foudres de l'Église, foudres de l'éloquence. Le féminin est seul en usage de nos jours.
16 Allez vaincre l'Espagne, et songez qu'un grand homme
Ne doit point redouter les vains foudres de Rome.
Voltaire, la Henriade, III.
17 Lamennais s'était attiré les foudres romaines (…)
Émile Henriot, les Romantiques, p. 280.
———
II N. m. ☑ (1559). Un foudre de guerre : un homme au génie éclatant. ⇒ Capitaine, militaire (→ Arbitre, cit. 10). — ☑ Vieilli. Un foudre d'éloquence : un grand orateur qui subjugue son auditoire. — REM. De nos jours, ces expressions ne s'emploient plus qu'ironiquement.
18 Comment ! des animaux qui tremblent devant moi !
Je suis donc un foudre de guerre ?
La Fontaine, Fables, II, 14.
19 On l'accusait, lui et quelques autres officiers généraux, d'avoir faibli dans cette rude journée et d'être allé derrière un buisson (…) Le fait est que d'Antin, connu et apprécié pour des talents militaires distingués, n'était pas un foudre de guerre.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 15 mars 1852, t. V, p. 487.
20 C'est un foudre de travail et d'expédition.
Hugo, Littérature et Philosophie mêlées, 1834, Sur Mirabeau.
❖
DÉR. et COMP. Foudroyer. Parafoudre.
————————
2. foudre [fudʀ] n. m.
ÉTYM. 1690; voudre, XVe; de l'all. Fuder.
❖
1 Grand tonneau. ⇒ Emballage, futaille. || Un foudre de vin.
1 Elles (les élections) mettent beaucoup d'effervescence autour des pressoirs, dans les cuvages, « tinaillers » et caves, où, près des cuves qui fermentent et des « foudres » qu'on remplit, règnent généralement la bonne humeur et la joie.
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 30.
2 Techn. Grand cylindre abritant une soufflerie.
2 (…) l'escalier difficile, sombre et huileux qui menait aux foudres où chaque moteur isolé accomplissait sa rotation d'hélice à quatre mille tours-minute (…)
Pierre Hamp, la Peine des hommes (Moteurs), 1942, p. 60-61.
❖
DÉR. et COMP. Foudrier. Wagon-foudre.
Encyclopédie Universelle. 2012.