gratifier [ gratifje ] v. tr. <conjug. : 7>
• 1366; lat. gratificari « faire plaisir »
1 ♦ Pourvoir libéralement de quelque avantage (don, faveur, honneur). ⇒ nantir; gratification. Un de « ces concerts dont la musique des régiments gratifie le peuple parisien » (Baudelaire). « On l'avait gratifié [...] de deux béquilles neuves » (Duhamel). ⇒ doter.
2 ♦ Iron. Affliger de qqch. de mauvais, de dérisoire. Gratifier un garnement d'une paire de gifles. ⇒ donner, fam. 2. flanquer. Auteur qui se voit gratifié des erreurs d'un autre. ⇒ attribuer, imputer. « La haine dont je veux gratifier son mari » (Laclos).
3 ♦ Psychol. Satisfaire sur le plan psychologique. Valoriser, revaloriser à ses propres yeux. Son succès l'a gratifié (⇒ gratifiant) . Se sentir gratifié.
⊗ CONTR. Priver. Frustrer.
● gratifier verbe transitif (latin gratificari, de gratus, agréable) Faire généreusement cadeau à quelqu'un d'une somme d'argent : Gratifier le garçon d'un bon pourboire. Donner, accorder à quelqu'un quelque chose d'agréable : Gratifier sa voisine d'un sourire. Donner à quelqu'un quelque chose qui lui sera pénible, qui lui sera désagréable : Gratifier un enfant d'une paire de gifles. (par l'intermédiaire de l'anglais to gratify) Procurer à quelqu'un un plaisir, une satisfaction psychologique, et en particulier narcissique. ● gratifier (difficultés) verbe transitif (latin gratificari, de gratus, agréable) Conjugaison Attention au redoublement du i aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous gratifiions, (que) vous gratifiiez. ● gratifier (synonymes) verbe transitif (latin gratificari, de gratus, agréable) Faire généreusement cadeau à quelqu'un d'une somme d'argent
Synonymes :
- fournir
- octroyer
- procurer
Donner, accorder à quelqu'un quelque chose d'agréable
Synonymes :
- allouer
- doter
- douer
gratifier
v. tr.
d1./d Gratifier de: faire don, nantir de. Gratifier qqn d'une pension.
|| Par antiph., iron. On l'a gratifié d'une punition.
d2./d Donner psychologiquement satisfaction à.
— Pp. Se sentir gratifié par une réussite.
⇒GRATIFIER, verbe trans.
A. — Vieilli. [L'obj. désigne une pers. ou un aspect de sa personnalité] Gratifier qqn. Lui être agréable, le satisfaire. Gratifier ses sens, la vanité de qqn. Telle est la constitution de l'homme qu'il ne peut point être tout à fait heureux quand son goût n'a point été gratifié (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 276).
B. — Gratifier qqn de qqc.
1. [Le suj. désigne une pers.] Accorder volontiers ou libéralement quelque chose à quelqu'un. Huit jours après ma déclaration, le roi me gratifia du cordon bleu (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 223). S'il vous plaît de m'honorer de votre compagnie, de me gratifier de votre présence (FLAUB., Corresp., 1844, p. 158) :
• 1. ... voilà ce dont ma vie avec Albertine me privait justement. Dont elle me privait? N'aurais-je pas dû penser : dont elle me gratifiait au contraire?
PROUST, Prisonn., 1922, p. 172.
SYNT. Gratifier qqn d'un certificat, de compliments, d'une mention très honorable, d'une pension, d'un sourire; gratifier qqn de ses faveurs, de tous les honneurs.
♦ [Sans compl. prép.] Pour se débarrasser de lui, l'autorité, ne pouvant le prendre, le cajola, l'amadoua (...) et le gratifia très-largement (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1832, p. 476).
♦ Rare. Gratifier avec. Une cliente dont il comptait gratifier son successeur avec trois cent mille livres de dot (SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 65).
— Emploi pronom. réciproque. Se gratifier l'un l'autre de qqc. Je me réjouis d'avance de leur étonnement lorsqu'ils se gratifieront l'un l'autre du même cadeau (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 21).
2. [Le suj. désigne une chose] Procurer de l'agrément, de la satisfaction à quelqu'un. Un de ces concerts dont la musique des régiments gratifie le peuple parisien (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 65) :
• 2. ... l'eau du ciel gratifie la Provence d'une odeur de brouillard, de sous-bois, de septembre, de province du centre.
COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 63.
— En partic. Doter, douer. La nature l'avait gratifié d'une voix forte. As-tu rétabli dans sa plénitude la beauté dont le ciel gratifia ton individu? (FLAUB., Corresp., 1862, p. 31).
C. — Par antiphrase. Infliger un désagrément à quelqu'un. Gratifier qqn d'un coup de fouet, d'injures, d'un reproche, d'un sobriquet, d'un surnom. Cette directe allusion aux petites moqueries dont nous gratifiait Mrs Édith (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 113) :
• 3. ... l'homme mystérieux que Sylvia avait gratifié le matin d'un si joli coup de cravache sur les doigts.
SAND, Jacques, 1834, p. 164.
— Emploi pronom. réfl. [La vivandière :] Est-ce que c'est mon homme (...) qui vous trahit? Lui qui est allé aux vivres pour vous et qui se gratifie encore de deux lieues dans les guêtres (RICHEPIN, Chien de garde, 1898, p. 4).
REM. 1. Gratifiant, -ante, part. prés. en emploi adj. Qui gratifie, qui satisfait. Ses conditions d'existence générales [celles de la femme] moins gratifiantes que celles de l'homme (L'Est Républicain, 8 oct. 1979, p. 9). 2. Gratifié, subst. masc. Celui qui reçoit quelque chose. À propos du présent, on asseyait le gratifié dans un fauteuil en lui disant pendant un certain temps : « Devine ce que nous t'allons donner! » (BALZAC, Employés, 1837, p. 57).
Prononc. et Orth. : [], (il) gratifie []. Ds Ac. dep. 1694 Étymol. et Hist. 1. 1366 « accorder une libéralité, une faveur à quelqu'un » gratifier de qqc. (cité ds B. PROST, Inventaires mobiliers et extraits des comptes des Ducs de Bourgogne, t. I, 92 : Le duc de Bourgogne, pour l'ayder en cela... le grattifie de 100 florins d'or frans); 1769 iron. (ROUSSEAU, Corresp. gén., t. 19, p. 154); 2. 1823 « (d'un inanimé) être cause de plaisir, de satisfaction pour qqn » (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, p. 70 : quelque bel arbre généalogique fort propre à gratifier sa vanité). Empr. au lat. class. gratificari « être agréable à; accorder comme faveur ». Fréq. abs. littér. : 121.
gratifier [gʀatifje] v. tr.
ÉTYM. 1366; lat. gratificari « avoir de la complaisance, faire une faveur »; sens actuel depuis le XVIIe sous l'infl. de gratification.
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1 Gratifier (qqn) de… Pourvoir libéralement d'avantages (don, faveur, honneur…). || Gratifier qqn d'un avantage. ⇒ Nantir; accorder, allouer, (rare) cadeauter (qqn de qqch.); donner (qqch. à qqn); récompenser (qqn par qqch.); gratification. || Favori qu'un prince gratifie de pensions, de titres, de toute sorte d'honneurs. ⇒ Honorer (→ Envie, cit. 23). || Le Ciel, les Muses l'ont gratifié d'un don, d'un talent exceptionnel. ⇒ Douer, doter (→ Écrouelle, cit. 2). || Les examinateurs ont gratifié le candidat d'une note indulgente. ⇒ Avantager, favoriser. || Gratifier un porteur d'un bon pourboire. || Elle le gratifia d'un sourire reconnaissant.
1 Je lui appris ensuite que le généreux Portugais, en me chargeant du portrait, m'avait gratifié d'une bourse de cinquante pistoles.
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, X.
2 Souffre la vérité, coquin, puisque tu n'as pas de quoi gratifier un menteur (…)
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, IV, 10.
3 (…) elle s'assit à l'écart dans un jardin, pour entendre, loin de la foule, un de ces concerts dont la musique des régiments gratifie le peuple parisien.
Baudelaire, le Spleen de Paris, XIII.
4 Il était extraordinairement faible et, dès qu'on cessait de le soutenir, se laissait glisser de côté. On l'avait gratifié, à la prière du docteur, de deux béquilles neuves dont il ne pouvait encore se servir.
G. Duhamel, Salavin, VI, XXX.
♦ Absolt (vx). || Ceux que le Ciel gratifie, comble de grâces (→ Agréer, cit. 3).
5 (…) une manière de faire des grâces qui est comme un second bienfait; le choix des personnes que l'on gratifie.
La Bruyère, les Caractères, X, 35.
♦ (Complément nom de chose) :
6 La noblesse, grand Roi, manquait à ma naissance;
Ton père en a daigné gratifier mes vers.
Corneille, Poésies diverses, 2.
2 (Mil. XVIIIe; sens qui tend à évincer le précédent). Iron. et par antiphr. || Gratifier (qqn) de… : affliger (qqn) de qqch. de mauvais, d'inopportun, de dérisoire. || Gratifier un garnement d'une paire de gifles. ⇒ Administrer, donner. || Gratifier (qqn) de mauvais traitements. ⇒ Maltraiter, châtier, punir. || Il l'a gratifié d'un bon coup de pied. ⇒ Donner. || L'insolence dont il me gratifie après tout ce que j'ai fait pour lui. ⇒ Remercier. || Il s'est vu gratifié des erreurs d'un autre. ⇒ Attribuer, imputer. || Le nom d'escroc dont il m'a gentiment gratifié ! — Récipr. || Ils se sont gratifiés des pires injures.
7 Pour lit, du foin ressuant et tout mouillé hors un seul matelas rembourré de puces, dont, comme étant le Sancho de la troupe, j'ai été pompeusement gratifié.
Rousseau, Correspondance à du Peyrou, t. III, p. 354 (1769).
8 C'était autrefois du nom de janséniste que la méchanceté gratifiait les objets de sa haine; ce sobriquet a vieilli; celui d'encyclopédiste y a succédé et ne tardera pas à vieillir de même.
d'Alembert, Éloges de Hauteville, note 6.
9 (…) j'augmente en elle la haine dont je veux gratifier son mari.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre XXXVIII.
♦ Compl. n. de chose. || L'accent dont on a gratifié ce mot (→ Binôme, cit.).
3 (De l'angl. to gratify). Psychol. Satisfaire, sur le plan psychologique (par le moyen d'un avantage ressenti comme une gratification [3.]). — Psychan. Valoriser, ou revaloriser à ses propres yeux (un sujet frustré, ou qui se sent frustré dans ses besoins profonds). || Gratifier qqn par l'estime qu'on lui manifeste. — Absolt. || Attitude qui gratifie. ⇒ Gratifiant. Au passif. || Être, se sentir gratifié. || Se sentir gratifié par l'attention, l'intérêt, les éloges dont on est l'objet.
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CONTR. Priver. — (Du sens 3.) Frustrer.
Encyclopédie Universelle. 2012.