hasarder [ 'azarde ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Littér. Livrer (qqch.) au hasard, aux aléas du hasard, du sort. ⇒ aventurer, exposer, risquer. Hasarder sa vie, sa réputation. « hasardant cent mille francs d'un coup, sans sourciller » (Balzac). PROV. Qui ne hasarde rien n'a rien. ⇒ risquer.
2 ♦ Vieilli HASARDER DE (et inf.) :courir le risque de. ⇒ risquer (de). « Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent » (Voltaire).
3 ♦ Faire, entreprendre (qqch.) en courant le risque d'échouer ou de déplaire. ⇒ essayer, tenter. Hasarder une démarche. — P. p. adj. Entreprise, hypothèse hasardée. ⇒ hasardeux, osé, téméraire.
4 ♦ Mettre en avant, se risquer à exprimer. ⇒ avancer. « les quelques remarques qu'il a craintivement hasardées » (A. Gide). Hasarder une boutade. — Hasarder une expression : se servir d'une expression nouvelle ou dont l'usage n'est pas encore bien établi.
5 ♦ SE HASARDER v. pron. Vieilli S'exposer à un péril.
♢ Mod. Aller, se risquer (en un lieu où il y a du danger). Il n'est pas prudent de se hasarder dans ce quartier. ⇒ s'aventurer.
♢ SE HASARDER À : se risquer à. Elle « se hasarda à me demander, d'une voix timide : — Quelque fâcheuse nouvelle ? » (A. Gide). À ta place, je ne m'y hasarderais pas.
hasarder
v. tr.
d1./d Litt. Exposer, livrer au hasard, et aux risques qu'il implique. Hasarder sa fortune.
d2./d Se risquer à dire, à exprimer. Hasarder une plaisanterie, une hypothèse.
d3./d v. Pron. Se risquer (dans une entreprise, un lieu dangereux). Se hasarder dans une contrée déserte.
|| Fig. Se hasarder à dire, à faire qqch.
⇒HASARDER, verbe trans.
A. — Entreprendre (quelque chose) malgré l'incertitude du résultat. Au mois de septembre, je hasarderai une ultime démarche qui sera encore vaine, j'en suis sûr. Puis immédiatement je commencerai une édition illustrée (FLAUB., Corresp., 1879, p. 281). Fuyons donc à Damas. Le plus sûr est de hasarder cette fuite (BARRÈS, Jard. Oronte, 1922, p. 95).
— Absol. Il faut du courage pour être romantique, car il faut hasarder (STENDHAL, Racine et Shakspeare, t. 1, 1823, p. 41). Jamais homme n'a plus laissé à la fortune que Cromwell; jamais homme n'a plus hasardé, n'a marché plus témérairement (GUIZOT, Hist. civilisation, leçon 13, 1828, p. 23).
— En partic. Oser (un geste, une parole) avec circonspection. Tous, d'ailleurs, depuis que le petit livre contait les rébellions de leurs ancêtres, écoutaient les yeux baissés, sans hasarder un geste, pris de méfiance, bien qu'ils fussent entre eux (ZOLA, Terre, 1887, p. 81). Valentine de Saint-Prix m'a bien fait promettre de ne point parler de cela à personne, hasarda timidement Arnica (GIDE, Caves, 1914, p. 768).« Je pense souvent à toi, mon petit », hasarda-t-il. « Je crains toujours que tu ne sois pas heureux ici?... » (MARTIN DU G., THIB., Pénitenc., 1922, p. 698) :
• 1. C'est incroyable de se trouver debout en plein jour sur cette descente où quelques survivants se rappellent s'être coulés dans l'ombre avec tant de précautions, où les autres n'ont hasardé que des coups d'œil furtifs à travers les créneaux. Non... il n'y a pas de fusillade contre nous.
BARBUSSE, Feu, 1916, p. 268.
— Emploi pronom. Se décider à entreprendre (quelque chose), malgré les incertitudes que cela comporte. Se hasarder à + inf. N'est-il pas de la plus haute prudence, mon ami, que tu ne te hasardes pas à aller à Paris, en ce moment où la découverte de cette correspondance met en si grand péril ta mère et toi? (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 70). Le livre tomba à terre. Je ne le ramassai pas. Nous restâmes silencieux un grand moment. Puis, je me hasardai à la regarder (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 43) :
• 2. Je l'avais connu à Munich, alors que plein de raison déjà, à l'âge où je me hasardais à fumer des Abdullah et à boire de l'anisette, il avait épuisé morphine, cocaïne et quelques autres remèdes de Dieu moins connus...
GIRAUDOUX, Siegfried et Lim., 1922, p. 27.
B. — Entreprendre une action dont l'issue incertaine implique un risque.
1. Exposer (quelque chose), mettre (quelque chose) en péril. Louis XIV ne voulut pas aller trop vite et, au grand mécontentement des militaires, préféra ne rien hasarder (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 240). Il avait franchi sans péril — c'est-à-dire sans rien hasarder d'indispensable — le dangereux passage de l'enfance à l'adolescence (BERNANOS, Nuit, 1928, p. 19) :
• 3. Un autre vœu que nous osons former, c'est qu'à côté des grands naturalistes on place les images des courageux navigateurs, des voyageurs persévérants, qui, par leurs travaux, leurs périls, en hasardant cent fois leur vie, nous ont rapporté ces trésors.
MICHELET, Oiseau, 1856, p. 36.
♦ Braver, courir (un danger). Oui, je le jure encore, je n'avais aucune idée d'un amour coupable; je calculais ce qui me restait de chances de ne pas mourir; je ne savais pas que j'allais hasarder d'autres dangers (SOULIÉ, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 327).
— Proverbe Qui ne hasarde rien, n'a rien. ,,Il faut un peu de hardiesse si l'on veut réussir`` (LITTRÉ). Var. : Qui ne risque rien, n'a rien.
2. Exposer (quelqu'un) au danger.
a) Au passif. Ce grand silence, en songeant à tant de mille hommes et de bons citoyens hasardés dans une pareille entreprise, vous serrait le cœur (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 471). D'où les hommes tirent-ils ce goût d'éternité, hasardés comme ils sont sur une lave encore tiède, et déjà menacés par les sables futurs, menacés par les neiges? (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 173).
b) Emploi pronom.
— S'exposer à un péril. Un d'eux, enfin, se hasarda, un nommé Potdevin qui était très souple. Il prit son élan et passa en courant comme un cerf. La tentative réussit (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Prisonn., 1884, p. 286). Le soir, quelques hommes de corvée partent, quelques brancardiers se hasardent. Et vite, en se cachant, ils exhument un homme d'un grand caveau de famille où des blessés geignent, sans soins possibles, depuis des jours (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 230).
— Se hasarder + compl. locatif. Se risquer en un lieu dangereux, s'aventurer. C'est le seul endroit abordable de notre forteresse; mais il est effrayant et, depuis la sainte, personne n'a osé s'y hasarder (SAND, Lélia, 1839, p. 490). Quand le baron se hasardait sur les boulevards ou traversait la salle des Pas-Perdus de la gare Saint-Lazare, ces suiveurs se comptaient par douzaines qui, dans l'espoir d'avoir une thune, ne le lâchaient pas (PROUST, Prisonn., 1922, p. 207) :
• 4. La navigation est imprégnée de ces souvenirs. Minutieusement attentive à la côte, elle ne s'en écarte qu'à regret et le moins possible. Il faut cependant se hasarder en pleine mer pour atteindre l'Espagne et l'extrémité occidentale de la Méditerranée...
VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 265.
♦ Au fig. et p. métaph. Cette espèce de tuyau tronqué de cage oblongue, de cheminée à jour, qui se hasarde si grotesquement sur la cathédrale, comme la tentative extravagante de quelque chaudronnier fantaisiste (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 88). Ensuite il s'était tu, en homme qui a récité sa leçon et ne se hasarde pas sur un autre terrain (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 222). Elle comprit au pli qui lui barrait le front qu'il cherchait des mots précis, attentif à traduire une émotion qu'il n'avait jamais encore exprimée (...) il essayait d'entrevoir les limites précises où il pourrait se hasarder (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 409).
C. — Exprimer, émettre (une proposition, une suggestion, une dénégation) en prenant le risque de déplaire, de se tromper. Je n'avais, à mon habitude, songé à rien. Et, ne m'apercevant pas des difficultés, je les avais surmontées. Telle était, du moins, l'explication que hasardait M. Beaussier de ce fait inexplicable (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 364). Ce sujet de conversation ressemblait à ceux qu'on hasarde lorsqu'on pense à tout autre chose, à quoi on ne veut pas avoir l'air de penser (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 394) :
• 5. Nous ne pouvons que hasarder des suppositions sur l'heureux hasard qui permit à l'homme de faire cette découverte, mais toutes les tribus des âges plus récents connaissaient déjà le feu lorsque les blancs les rencontrèrent. Les pygmées des îles Andaman l'avaient, eux aussi, bien qu'ils fussent incapables de le produire délibérement...
LOWIE, Anthropol. cult., 1936, p. 71.
— En partic. Utiliser une chose, un élément dont l'usage n'est pas établi, innover. Mais, en d'autres passages, il [Strauss] a hasardé des innovations troublantes, changeant de mouvement presque à chaque mesure, ralentissant ou accélérant sans motif plausible, introduisant çà et là des silences peu justifiés (LALO, Mus., 1899, p. 363).
— Emploi pronom. Se hasarder à + subst. Sans doute, elle ne s'interdit pas, en principe, l'usage de l'analogie. Elle se hasarde même aux généralisations parfois les plus hardies (LÉVY-BRUHL, Mor. et sc. mœurs, 1903, p. 112). Qu'il s'agisse de théâtre ou de concert, le style choral de notre temps n'a plus la sérénité contrapuntique d'antan où les artifices harmoniques et les modulations ne se hasardaient à aucune imprudente aventure (Arts et litt., 1935, p. 36-12).
REM. 1. Hasardement, subst. masc. Action de hasarder (Nouv. Lar. ill.). Je suis allé chez elle (...) peut-être aurais-je dû hasarder, mais, songeant au danger du hasardement, je n'aurais plus eu cette fleur de naturel et de gaieté (STENDHAL, Journal, t. 4, 1812, p. 205). 2. Hasardeur, subst. masc. Celui qui hasarde. Tancé par Mirabeau, condamné avec éloges par M. de Saint-Georges, Vauvenargues s'exécute d'assez bonne grâce (...). En faisant cette retraite en bon ordre, il redevient tout à fait pareil au Vauvenargues ordinaire, qu'on se figure plus voisin du stoïcien que d'un coureur de fortune et d'un hasardeur d'entreprises (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 14, 1851-62, p. 47).
Prononc. et Orth. : [] init. asp., (il) hasarde []. FÉR. Crit. t. 2 1787 cite, et réprouve, des formes j'hasarde, qu'hasardez-vous, d'hasarder. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1re moitié XIIIe s. haseter intrans. « jouer aux dés » (De saint Piere et du jougleur, 167 ds Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 5, p. 69); 2. 1407 hazarder (Arch. JJ 161, pièce 260 ds GDF.). B. [1389 hazardé « hardi, impertinent » (Ordonnances des rois de France, t. 7, p. 262)] 1. a) ca 1460 se hazarder « s'exposer à un danger » (J. CHARTIER, Chronique de Charles VII, éd. A. Vallet de Viriville, t. 2, p. 178); b) ca 1500 trans. « exposer à un danger » (COMMYNES, Mémoires, éd. J. Calmette, t. 1, p. 250); 2. 1552 « tenter quelque chose de risqué » (RABELAIS, Quart livre, chap. LV, éd. R. Marichal, p. 226); 3. a) 1579 « se risquer à exprimer une idée, une opinion qui peut être mal accueillie » (H. ESTIENNE, Précellence, Préf., éd. E. Huguet, p. 11); b) 1688 « utiliser un mot ou une expression qui n'est pas en usage » (LA BRUYÈRE, Caractères, éd. G. Servois, t. 2, p. 135 : ils [...] ne hasardent pas le moindre mot); 4. 1622 « affronter, braver » (D'AUBIGNÉ, Lettres et mémoires d'Estat, 14 ds Œuvres, éd. Réaume et Caussade, t. 1, p. 222 : hasarder le combat). Dér. de hasard; dés. -er. A 1 avec changement de suffixe. Fréq. abs. littér. : 879. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 543, b) 1 841; XXe s. : a) 1 017, b) 821. Bbg. GOUGENHEIM (G.). Chercher et fouiller... In : [Mél. Harmer (L. Ch.)]. London, 1970, p. 24.
hasarder ['azaʀde] v. tr.
ÉTYM. Fin XVe; hazarder « jouer au hasard (jeu de dés) », 1407, du Cange, intrans.; de hasard. REM. Ce verbe tend de plus en plus à sortir de l'usage courant où il est remplacé par risquer. Quand il est encore employé, il appartient à la langue littéraire ou au style soutenu.
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1 (1407). a Littér. Livrer au hasard, aux aléas du hasard, du sort. ⇒ Aventurer, exposer, risquer. || La prudence commande de ne rien hasarder, ou de hasarder le moins possible. || Hasarder sa vie (→ Fortune, cit. 9), son honneur. || Hasarder sa réputation, risquer de la compromettre. ⇒ Commettre. || Hasarder de l'argent, hasarder sa fortune au jeu. ⇒ Jouer. — ☑ Prov. Qui ne hasarde rien n'a rien : il faut quelque hardiesse si l'on veut réussir. ⇒ Tenter.
1 Un homme ne fait rien d'illustre, qui devant (avant) trente ans met sa vie en danger, parce qu'il expose ce qu'il ne connaît pas; mais lorsqu'il la hasarde depuis cet âge-là, je soutiens qu'il est enragé de la risquer, l'ayant connue.
Cyrano de Bergerac, Lettres satiriques, Contre un poltron.
2 Mais l'incertitude de gagner est proportionnée à la certitude de ce qu'on hasarde (…)
Pascal, Pensées, III, 233 (→ Gagner, cit. 7).
3 Ce soir, tu souperas comme on festinait chez Balthazar, et tu verras notre Paris, à nous, jouant au lansquenet, et hasardant cent mille francs d'un coup, sans sourciller.
Balzac, les Comédiens sans le savoir, Pl., t. VII, p. 54.
♦ Absolt. → infra Se hasarder.
4 Dans l'amour on n'ose hasarder parce que l'on craint de tout perdre; il faut pourtant avancer, mais qui peut dire jusques où ?
Pascal, Discours sur les passions de l'amour, Œ., t. III, p. 139.
5 (…) voyez les périls où vous me hasardez.
Corneille, Polyeucte, I, 4.
6 À peine ils touchent le port
Qu'ils vont hasarder encor
Même vent, même naufrage.
La Fontaine, Fables, X, 14.
2 (1651, Scarron). Vieilli. || Hasarder de (avec un inf.) : courir le risque de. → ci-dessous Se hasarder (2.) de… ⇒ Exposer (s'exposer à), risquer (de). || « Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner (cit. 3) un innocent » (Voltaire). || « On hasarde de tout perdre en voulant trop gagner (cit. 14) » (La Fontaine).
7 On avait compté, trop compté sur cette incapacité; autrement jamais on n'eût hasardé de faire ce grand mouvement.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, I.
3 (1552, Rabelais). Faire, entreprendre (qqch.) en courant le risque d'échouer ou de déplaire. ⇒ Essayer, tenter. || Hasarder une démarche (cit. 8).
8 Il est le seul des universitaires auprès de qui je me crois l'accès assez libre pour hasarder une recommandation.
Sainte-Beuve, Correspondance, 305, 11 août 1833, t. I, p. 377.
9 Le Dr Élie Faure, son ami, qui, contre tout espoir, s'obstine et jusqu'aux derniers instants prodiguera ses soins, hasarde encore de temps à autre une piqûre de spartéine ou d'huile camphrée; l'organisme ne réagit déjà plus.
Gide, Nouveaux prétextes, p. 171.
4 (1580, Montaigne). Plus cour. Mettre en avant, se risquer à exprimer ce dont on n'est pas bien sûr, ce qui risque de se révéler faux ou d'être mal accueilli, de déplaire, de produire un effet fâcheux. ⇒ Avancer. || Hasarder une remarque, une observation. || Hasarder un mot (→ Engager, cit. 7). || Hasarder timidement une opinion (→ Blanchir, cit. 7), une suggestion, un conseil. ⇒ Émettre. || Hasarder une boutade (cit. 1), une plaisanterie (→ Dard, cit. 3), un quolibet (→ Garde, cit. 81). — (1670, Corneille). Spécialt. || Hasarder une phrase, une façon de parler, une expression : se servir d'une phrase, d'une façon de parler, d'une expression nouvelle ou dont l'usage n'est pas encore bien établi (Académie; → aussi Fixer, cit. 9, Voltaire).
10 (…) ils sont puristes, et ne hasardent pas le moindre mot (…)
La Bruyère, les Caractères, V, 15.
11 (…) les quelques remarques qu'il a craintivement hasardées m'ont paru des plus judicieuses (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, III, XII.
12 Je hasardai un conseil de transport immédiat dans un hôpital pour qu'on l'opère en vitesse.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 238.
13 Le partage du compte en banque s'annonçait fort simple et, jusqu'à la dernière minute, Daniel se garda, prudemment, de hasarder des chiffres.
G. Duhamel, Compagnons de l'Apocalypse, XX, p. 223.
♦ Figuré :
14 Le feu se reflétait dans la mare, et les grenouilles, commençant à s'y habituer, hasardaient quelques notes grêles et timides (…)
G. Sand, la Mare au diable, X.
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se hasarder v. pron.
ÉTYM. (Mil. XVIe).
1 Vx. S'exposer à un péril. || Se hasarder contre un adversaire (cit. 1). || Ce général se hasarde trop (Académie).
2 (1835, Gautier). Mod. Aller, se risquer (en un lieu où il y a du danger). || Ne vous hasardez pas dans ce quartier après minuit; il n'est pas prudent de s'y hasarder. ⇒ Aventurer (s').
15 (…) conservez-vous, si vous voulez que je vive (…) il me semble que dans la vue de me plaire vous ne vous hasarderez point.
Mme de Sévigné, 134, 12 févr. 1671.
16 Pour ne pas l'exposer (le fils d'Andromaque), lui-même il se hasarde.
Racine, Andromaque, IV, 1.
17 (…) le théâtre est devenu une école de prostitution, où l'on n'ose se hasarder qu'en tremblant avec une femme qu'on respecte.
Th. Gautier, Préface de Mlle de Maupin, p. 6.
♦ (Mil. XVIe). Vx. || Se hasarder de… : se risquer à… → ci-dessus Hasarder (2.) de… || Se hasarder d'emprunter qqch. (→ Enlever, cit. 17, La Bruyère).
18 (…) je me suis hasardé d'y ajouter l'épithète d'« héroïque » (au titre de « comédie » donné à Don Sanche), pour le distinguer d'avec les comédies ordinaires.
Corneille, Discours du poème dramatique.
19 (…) lorsqu'il pensa le ressentiment de l'affaire amorti, il se hasarda d'adresser une requête à l'éminence (…)
Th. Gautier, les Grotesques, X.
3 (1642, Corneille). Mod. || Se hasarder à (suivi de l'inf.) : se décider, se résoudre (à faire qqch.) en bravant quelque danger, en s'exposant à des risques. ⇒ Risquer (se risquer à). || Ils se hasardèrent à sortir de leur refuge, à descendre dans la plaine (→ Établir, cit. 26). || Il ne s'y hasarde pas. || Se hasarder à demander qqch. (→ Fâcheux, cit. 5), à présenter une requête. || Il se hasarda à lui envoyer un baiser (→ Gaiement, cit. 1). || Ne vous hasardez pas à retourner chez elle, ce serait jouer avec le feu.
20 (…) je me hasarde à vous prier de vouloir servir mon amour (…)
Molière, le Médecin malgré lui, II, 5.
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hasardé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1389, hazardé « hardi, impertinent »).
1 (1611). Exposé à un péril, risqué. || Entreprise hasardée. ⇒ Dangereux, fou, hasardeux, imprudent, risqué.
2 (XIXe). Dont l'issue est douteuse. || Démarche hasardée.
3 (XVIIIe). Peu sûr, avancé à la légère. || Idée, hypothèse hasardée. ⇒ Hardi, incertain, téméraire (→ Énoncer, cit. 3).
21 Cette idée sur la cause du mouvement d'impulsion des planètes paraîtra moins hasardée lorsqu'on rassemblera toutes les analogies qui y ont rapport (…)
Buffon, Hist. nat., Preuves, De la formation des planètes, I.
4 Vieilli. || Mot hasardé, expression hasardée, employés de façon anormale ou incorrecte (→ Bannir, cit. 21; et aussi propos déplacé). ⇒ Grivois, leste, licencieux, osé.
22 (…) il y a un mot (dans votre ouvrage) qui est hasardé (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 27 (1688).
23 (…) cette veuve avait la plaisanterie lourde et hasardée (…)
G. Sand, la Mare au diable, XII.
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DÉR. Hasardement, hasardeur.
Encyclopédie Universelle. 2012.