initier [ inisje ] v. tr. <conjug. : 7>
• 1355; lat. initiare
1 ♦ Admettre à la connaissance et à la participation de certains cultes ou de certains rites secrets. Prêtre chargé d'initier un fidèle. ⇒ mystagogue. — Par ext. Admettre à la pratique d'une religion, admettre au sein d'une société secrète, faire entrer dans un groupe fermé par l'initiation. Initier qqn à la franc-maçonnerie.
2 ♦ Admettre (qqn) à la connaissance d'un savoir peu répandu. Initier qqn aux secrets d'une affaire, aux arcanes de la politique. ⇒ révéler. « Je vous prends huit jours avec moi, et vous initie à mes procédés » (Romains). Son père l'a initié aux secrets de la Bourse.
3 ♦ (1611) Être le premier à instruire, à faire accéder (qqn) à des connaissances. ⇒ apprendre, conduire, enseigner, instruire. Initier qqn à la philosophie.
♢ Pronom. S'INITIER À : acquérir les premiers éléments (d'un art, d'une science), faire l'apprentissage (d'une technique). ⇒ s'instruire. S'initier à un métier, à une profession. Un effort « en vue de s'initier à la technique de nos peintres » (Duhamel).
● initier verbe transitif (latin initiare, de initium, commencement) Admettre quelqu'un à la connaissance, à la participation de mystères religieux, aux pratiques secrètes d'une association, d'une secte. Donner à quelqu'un les connaissances rudimentaires d'une science, d'une technique, d'un sport : Initier un élève aux mathématiques. Mettre quelqu'un au courant de choses secrètes ou connues de quelques personnes : Initier un collaborateur au secret d'une négociation. Révéler une pratique à quelqu'un, être le premier à la lui faire connaître : Initier quelqu'un à la drogue. Faire démarrer un processus, une réaction, avoir l'initiative d'un projet. ● initier (difficultés) verbe transitif (latin initiare, de initium, commencement) Emploi 1. Initier qqn = lui enseigner les rudiments d'un savoir, ou lui révéler ce qui est habituellement tenu secret. C'est un vieux guide qui l'a initié à l'escalade. Emploi correct et courant. 2. Initier qqch = le mettre en route, en prendre l'initiative. Calque de l'anglais to initiate. Emploi critiqué. Recommandation Préférer, en fonction de la situation et du contexte : amorcer, commencer, entamer, entreprendre, ouvrir, mettre en route, mettre en train. ● initier (synonymes) verbe transitif (latin initiare, de initium, commencement) Donner à quelqu'un les connaissances rudimentaires d'une science, d'une technique...
Synonymes :
- débuter
- former
initier
v. tr.
rI./r
d1./d Admettre à la connaissance, à la pratique de certains cultes secrets. Initier un profane aux mystères d'une religion.
d2./d Recevoir au sein d'un groupe fermé (société secrète, classe d'âge dans certaines cultures, etc.).
d3./d Par anal. Mettre au fait d'une science, d'un art, d'une pratique, etc. Initier qqn aux affaires.
|| v. Pron. S'initier à: acquérir les premiers principes de.
rII./r
d1./d Ouvrir un domaine de connaissance nouveau.
|| Par ext. Créer.
d2./d Entamer (un processus). Initier une réaction chimique.
⇒INITIER, verbe trans.
A. — RELIG. ANC. Recevoir, admettre (quelqu'un) à la connaissance des mystères, à la participation aux cérémonies secrètes, au nombre des participants au culte d'une divinité. Orphée, qui, ayant été initié aux mystères de ce dieu [Bacchus] en Égypte, transporta ce culte en Béotie (DUPUIS, Orig. cultes, 1798, p. 151). Quand on adoptait un fils, il fallait avant tout l'initier à son culte, « l'introduire dans sa religion domestique » (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 61).
B. — P. ext. [En parlant d'une religion, d'une société (secrète), d'une compagnie] Saint-Germain et Cagliostro s'étaient rencontrés en Allemagne dans le Holstein, et ce fut, dit-on, le premier qui initia l'autre et lui donna les grades mystiques (NERVAL, Illuminés, 1852, p. 382) :
• 1. Comme Silvère atteignait sa seizième année, Macquart le fit initier à la société secrète des Montagnards, cette association puissante qui couvrait tout le Midi.
ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 148.
— Emploi pronom. réfl. Cet homme, en effet, qui avait précédemment essayé d'introduire Marianne de la bourgeoisie dans la noblesse, allait s'efforcer à son tour de s'initier parmi les princes du sang à l'aide d'une alliance du côté gauche (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 9, 1851-62, p. 185).
— Emploi factitif. Les évangiles n'étoient pas même entendus à la lettre par les premiers Chrétiens. C'étoit des espèces d'allégories, des mystères auxquels on se faisait initier comme à ceux d'Eleusis (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 342).
C. — Au fig.
1. Révéler (à quelqu'un) les secrets, la connaissance de quelque chose de caché ou d'un savoir ésotérique. Initier à la vie, aux secrets. Je n'ai pas pour habitude, Édouard, d'initier à mes projets ceux qui ne promettent pas de m'aider dans leur exécution (GOZLAN, Notaire, 1836, p. 91). Elle m'initia au culte de la grâce et de la vénusté; elle m'enseigna (...) à goûter la beauté (FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 235). V. animal1 ex. 12 :
• 2. Car à quoi servirait la philosophie, si elle ne nous initiait pas à la sagesse et à la vie?
VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 82.
2. Enseigner (à quelqu'un) les rudiments d'un art, d'une science, d'une technique. Initier aux techniques. Dante fut initié d'abord à la connaissance des langues. Il n'ignora pas entièrement le grec (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 69). En auto vers El Kantara (arrêt d'une heure pour initier Mme Théo aux charmes de l'oasis) (GIDE, Journal, 1945, p. 286).
— Initier (qqn) dans (l'art de). Je ne tardai pas à être initié dans tous les secrets de la jurisprudence positive, et à parler très-couramment la langue de la procédure (JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 98). [Descartes] avait jugé [l'Arithmétique universelle] propre à initier ses élèves dans la science et dans l'art du géomètre (CHASLES, Aperçu hist. orig. et développ. méth. géom., 1837, p. 157).
— Emploi pronom. réfl. Acquérir les premiers éléments d'un art, d'une science, d'une technique. Je m'initiais aux mœurs intimes des moustiques, qui toute la journée tremblotent sur leurs longues pattes, posés à l'envers des feuilles (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 131). L'aîné des fils de Mr du Toît achevait ses études à Oxford, où il était venu s'initier à la culture européenne (THARAUD, Dingley, 1906, p. 61). V. accessible ex. 27 et initiateur ex. 2 :
• 3. Il suivait des cours d'art décoratif, de droit, et s'initiait aux affaires dans les bureaux du rez-de-chaussée...
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 199.
Prononc. et Orth. : [inisje], (il) initie [inisi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1364-73 [ms.] « admettre à la connaissance et à la participation des mystères de l'Antiquité » (BERSUIRE, T.-Liv., ms. Ste-Gen., f° 412d ds GDF. Compl.); 1756 un initié part. passé subst. (VOLT., Mœurs, Introd. ds LITTRÉ); 2. 1611 « donner à quelqu'un les premiers éléments de quelque chose » (COTGR.); en partic. 1694 en parlant d'une science (Ac. : Il n'est pas encore initié à la Philosophie); 3. 1611 « introduire dans une société » (COTGR.). Empr. au lat. class. initiare « initier aux mystères », à la période impériale « instruire, initier à », dér. de initium « commencement, début ». Fréq. abs. littér. : 271. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 432, b) 459; XXe s. : a) 388, b) 301. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 324.
initier [inisje] v. tr.
ÉTYM. V. 1355; lat. initiare, proprt « commencer », de initium « début ». → Initial; initiateur, initiation, initiatique.
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1 Admettre à la connaissance et à la participation de cultes ou de rites secrets. ⇒ Initiation (1.). — Relig. anc. || Les Grecs, les Romains se faisaient initier aux mystères de Déméter, de Dionysos, de la Bonne Déesse, d'Adonis. || Prêtre chargé d'initier un fidèle (⇒ Mystagogue).
1 Le philosophe Antisthène, comme on l'initiait aux mystères d'Orpheus, le prêtre lui disant que ceux qui se vouaient à cette religion avaient à recevoir après leur mort des biens éternels et parfaits : « Pourquoi ne meurs-tu donc toi-même ? », lui fit-il.
Montaigne, Essais, II, XII.
♦ Admettre (qqn) à la pratique d'une religion. || Initier de nouveaux fidèles. || Initier qqn au christianisme, à l'islam. — Par métaphore. || Initier au culte (cit. 13) de la beauté. — (1611). Admettre (qqn) au sein d'une société (secrète). || Initier qqn aux derniers degrés de la franc-maçonnerie (→ Franc-maçon, cit. 2). — Faire entrer (qqn) dans un groupe fermé, par une initiation.
2 Le jour où, sous le règne de Claude, quelque juif initié aux croyances nouvelles (le christianisme) mit pied à terre vis-à-vis de l'emporium, ce jour-là personne ne sut dans Rome que le fondateur d'un second empire, un autre Romulus, logeait au port sur de la paille.
Renan, Saint Paul, Œ. compl., t. IV, p. 814.
2 Fig. Admettre (qqn) à la connaissance d'un savoir ésotérique, et, par ext., à la connaissance de choses secrètes, d'accès difficile, réservée à des privilégiés. || Maître alchimiste initiant son élève. || Initier qqn aux secrets d'une affaire, aux arcanes de la politique. ⇒ Révéler. — (Sujet n. de chose). || Des ébauches (cit. 3) où le génie semble nous initier à ses secrets. ⇒ Entrer (faire), introduire.
3 Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaître, exceller en des activités multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à tous ses mystères ?
Flaubert, Mme Bovary, I, VII.
4 Rien n'a l'air coutumier; il me semble que je vais être initié tout à coup à une autre vie, mystérieuse, différemment réelle, plus brillante et plus pathétique.
Gide, Si le grain ne meurt, I, I, p. 26.
3 (1611; sans idée de « secret », avec l'idée de « commencement »). Être le premier à instruire (qqn), à faire accéder (qqn) à des connaissances. ⇒ Apprendre, commencer, conduire, enseigner, instruire… || Initier qqn à la philosophie (⇒ Initiateur). || Initier qqn aux mathématiques modernes. || Il fut initié à la méthode aseptique (cit. 2). — (Sujet n. de chose). || La foi (cit. 26) nous initie à une autre pensée.
5 (…) cet habile homme, informé comme on ne l'est pas, initie à tant de choses que, sans lui, nous n'aurions jamais eu chance de savoir.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 22 oct. 1849, t. I, p. 51.
6 (…) je vous prends huit jours avec moi, et vous initie à mes procédés.
J. Romains, Knock, I, p. 44.
4 (Sous l'infl. de l'angl.). Prendre l'initiative de (qqch.). || « Le Ministère des Universités et la Délégation générale à la Recherche Scientifique et Technique ont initié en juin une enquête sur six universités » (le Progrès scientifique, janv. 1979, p. 79). — REM. Cet emploi est critiqué; malgré le rattachement sémantique à initiative, il procède de l'anglais to initiate « commencer » qui donne lieu à des emplois sans rapport avec le sémantisme du verbe français; → Débuter, commencer. || « De nouveaux axes de recherches ont été initiés en électrophysiologie » (le Progrès scientifique, janv. 1979, p. 89). || « L'accident a été initié par un événement généralement sans conséquences graves » (Sciences et Avenir, Le risque nucléaire, no 27, 1979, p. 58). ⇒ Déclencher.
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s'initier v. pron.
ÉTYM. (Mil. XIXe).
♦ S'initier à : acquérir les premiers éléments d'un art, d'une science. ⇒ Instruire (s'). || S'initier à la musique, à la peinture d'avant-garde. || S'initier à un métier, à une profession (→ Café-concert, cit. 1). Prendre peu à peu l'habitude de, faire l'apprentissage de (qqch.).
7 (…) ces peuples doivent faire un effort complexe et presque héroïque en vue de s'initier non seulement à la technique de nos peintres, de nos sculpteurs, de nos architectes (…)
G. Duhamel, la Turquie nouvelle, I, p. 11.
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initié, ée p. p. adj. et n.
ÉTYM. (V. 1355, à propos de l'Antiquité).
1 P. p. adj. Qui a été initié. || Homme politique initié aux habiletés parlementaires. — N. Personne qui a été initiée (1.). || Un initié. || Les initiés d'Éleusis. || Secret absolu imposé aux initiés. — La cabale, l'occultisme et leurs initiés. || Les Grands Initiés (Rama, Orphée, Jésus…), ouvrage de E. Schuré.
8 Il fallait que l'initié parût ressusciter; c'était le symbole du nouveau genre de vie qu'il devait embrasser.
Voltaire, Essai sur les mœurs, Introd., Des mystères de Cérès.
9 Le nombre des vrais poètes et des vrais connaisseurs sera toujours extrêmement petit; mais il faut qu'il le soit, c'est le petit nombre des élus. Moins il y a d'initiés, plus les mystères sont sacrés.
Voltaire, Correspondance, 3451, 7 mars 1769.
10 Dans ces calculs, rites les plus cachés de la magie industrielle, un profane n'aurait vu que problèmes vulgaires; les initiés savaient la part de l'inspiration poétique.
A. Maurois, Bernard Quesnay, IV.
2 N. (Mil. XVIIIe). Personne qui est dans le secret. || Les initiés : ceux qui sont dans le secret d'un art, d'une science, d'une affaire (⇒ 1. Augure, cit. 3). || Futur initié. ⇒ Catéchumène (2.). || Langage ésotérique (cit. 3) de la science intelligible aux seuls initiés. || Poésie, esthétisme (cit. 2) pour initiés.
11 (…) sa terminologie (de la psychiatrie), surabondante d'ailleurs, est un peu décevante pour le lecteur non initié (…)
A. Porot, Manuel de psychiatrie, Préface.
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COMP. (De initié, n.) Non-initié.
Encyclopédie Universelle. 2012.