linge [ lɛ̃ʒ ] n. m.
1 ♦ Ensemble des pièces de tissu en coton, lin ou fibres synthétiques, servant aux besoins du ménage. Linge fin, gros linge. — Linge blanc, de couleur. Linge de maison (pour le lit, la toilette, la table, la cuisine). Linge de table. — Armoire, coffre à linge. Sac à linge sale. Laver le linge (⇒ lave-linge) . Laver son linge sale en famille. Essorer, sécher, repasser le linge. Étendre le linge. Corde, épingles, pinces à linge. Linge uni, brodé, ouvré. Marquer, repriser du linge.
2 ♦ Linge de corps ou absolt le linge : ensemble des sous-vêtements. ⇒ 2. dessous, lingerie. Linge fin. Changer de linge. Linge d'un trousseau, d'une layette. — Fam. Du beau linge : des femmes bien habillées; par ext. des personnes importantes, riches.
3 ♦ Pièce de linge. Un linge humide. « Durtal essuya avec un linge mouillé ces empreintes » (Huysmans). Linge de pansement. ⇒ 1. bande, compresse; charpie. Linges d'autel, sacrés. ⇒ amict, corporal, manuterge, purificatoire, tavaïolle. — Loc. Blanc comme un linge : très pâle.
● Linge ensemble des sous-vêtements.
linge
n. m.
d1./d étoffe utilisée à des fins domestiques diverses.
|| Prendre un linge usagé pour astiquer les meubles.
|| Ensemble des pièces de tissu réservées à ces usages. Armoire à linge. Linge de maison (ou, absol., linge).
d2./d Linge de corps (ou, absol., linge): pièce(s) d'habillement portée(s) à même la peau, sous les vêtements. Changer de linge. (V. sous-vêtement.)
d3./d Rare (Cour. en Afr. subsah., dans l'oc. Indien, au Québec) Ensemble des pièces composant l'habillement, vêtements. Linge d'été, linge d'hiver.
— (Québec) S'acheter un morceau de linge, un vêtement.
d4./d (Madag.) Tissu d'ameublement. Il a changé le linge des fauteuils.
⇒LINGE, subst. masc.
A. — Au sing. [Précédé de l'art. déf. ou partitif]
1. Pièce de tissu de lin; p. ext. tout ou partie des pièces de tissu employées aux usages domestiques.
— Linge de cuisine. Tabliers et torchons utilisés dans une cuisine. Linge de lit. Draps, taies d'oreiller et de traversins. Linge de maison. Draps, nappes, serviettes, torchons. Linge de table. Nappes et serviettes. Pour que leurs filles deviennent de bonnes ménagères, il convient qu'elles ne sachent que faire la soupe et compter le linge de cuisine (SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 55). Des rayons se succédaient pour chaque sorte de linge, le linge de maison, le linge de table (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 783). Mrs Southey donna à Harriet, si incompétente en choses du ménage, de très bons conseils sur la cuisine et le blanchissage. Même elle lui prêta du linge de lit et de table (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 104).
SYNT. Linge de batiste, de chanvre, de coton, de linon, de nylon, de soie; linge brodé, damassé; battre, blanchir, bouchonner, égoutter, empeser, envelopper, essanger, encrer, étendre, laver, marquer, mouiller, rincer, savonner, sécher, tremper, tordre le linge; ouvrer, plier, raccommoder, ranger, ravauder, repasser, repriser du linge; linge blanc, douteux, éblouissant, frais, humide, propre, sale; linge fin; gros linge; ballot, paquet, pile, tas de linge; armoire, coffre, corde, panier, pince, sac à linge.
— Loc. verb. fig.
♦ Porter, prendre comme un paquet de linge sale. Porter, prendre sans ménagement. Un mort à la tête ensanglantée, que quatre hommes portent par les bras et les jambes, comme un paquet de linge sale (GONCOURT, Journal, 1871, p. 808).
♦ Laver son linge sale en famille.
2. Linge de corps et p. ell. linge. Vêtements de dessous et certaines pièces accessoires de l'habillement. Porter du linge fin; avoir du linge sale. Il (...) avait changé de linge, et mis une cravate de satin noir combinée avec un col rond, de manière à encadrer agréablement sa blanche et rieuse figure (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 53). Lui, si soigneux jusque-là dans le choix de son vêtement, marqua d'étranges faiblesses. Il tolérait les plis, les taches, la poussière. Il abandonnait au hasard et son linge et ses cravates (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 104) :
• ... j'ai vu (...) deux petits garçons (...). Tous deux étaient en loques, sans linge, sans chaussettes, le visage hâve et non lavé, souriant quand même.
GIDE, Journal, 1914, p. 465.
— Fam. [Souvent à propos d'une femme] Avoir du (beau) linge. Être élégamment vêtu. Ils ont du beau linge, de la fierté, ils ne saluent point (MICHELET, Journal, 1835, p. 199).
— Arg. et pop. [Le plus souvent à propos de femmes] Du beau linge. Une société élégante. Les convives (...) du beau linge (...) nanas parfumées, sapées (A. BOUDARD, Le Corbillard de Jules, Paris, La Table ronde, 1979, p. 236).
— Vx. Ouvrière en linge. Synon. lingère. Mademoiselle Pinson, ouvrière en linge, qui était leur voisine (MUSSET, Mimi Pinson, 1845, p. 219).
♦ Loc. verb. Travailler en linge. Faire des travaux de lingerie. Elle travaillait en linge, rue Montmartre, elle a fait des chemises à ton père (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 188).
B. — Au sing. et au plur. [Précédé de l'art. indéf. (ou parfois déf.)]
1. Vieilli, région. Pièce d'étoffe employée à divers usages. Synon. usuels torchon, serviette, chiffon. Astiquer, essuyer, frotter, laver, nettoyer, tamponner avec un linge. Il me faut (...) un grand linge pour ensevelir une pauvre fille qui se meurt (JANIN, Âne mort, 1829, p. 199). Il est professeur de langues orientales à l'institut. Il se lève à trois heures du matin, et, quand sa tête éclate sur des hiéroglyphes, la bonne a l'ordre de lui envelopper le front dans un linge imbibé d'eau fraîche (RENARD, Journal, 1892, p. 123). Dévorant à belles dents (...) les œufs durs, le jambon froid apportés de chez soi, le pain bis enveloppé d'un linge blanc (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 87).
— En partic. Pièce d'étoffe blanche utilisée dans la liturgie eucharistique. Linges d'autel; linge sacré. Sur le lit, tel qu'un linge sacré, offert à l'adoration des croyants, elle avait étalé le corsage en ancien point d'Alençon (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 165). Ils baisent le sol; les petites filles soulèvent pieusement les linges de l'autel (BARRÈS, Greco, 1911, p. 77).
2. Expressions
a) Blanc, pâle comme un linge; d'une blancheur, d'une pâleur de linge. Extrêmement pâle. Son pauvre visage maigri, d'une pâleur de linge, dans le ruissellement noir de ses cheveux, dont les boucles tombaient jusqu'aux épaules (ZOLA, Page amour, 1878, p. 960).
b) ,,Il n'a pas plus de force qu'un linge mouillé; c'est un linge mouillé. Il est d'une faiblesse extrême de corps ou de caractère`` (Ac.).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1er quart XIIe s. « toile de lin, morceau de toile » (1e trad. fr. du Lapidaire de Marbode ds P. STUDER et J. EVANS, Agn. Lapidaries, 418); 1570 spéc. « morceau de toile, serviette pour essuyer, frotter » (CH. ESTIENNE et J. LIÉBAULT, Maison rustique, p. 189 d'apr. FEW t. 5, p. 357 a; cf. éd. 1591, p. 121 v°); 2. ca 1225 désigne le linge de corps (Guillaume le Maréchal, 9112 ds T.-L.); 1re moitié XIIIe s. « chemise » (Enfances Guillaume, éd. P. Henry, 2455); 1798 linge de corps (Ac.); 3. 1549 désigne le linge de table (Arch. nat. KK 286, fol. 130 v° ds GAY); 1688 linge de table (Arch. nat. KK 1004, n° 5, ibid.). Substantivation de l'adj. a. fr. linge « de lin, de toile » (1er quart XIIe s. linge drap, 1re trad. fr. du Lapidaire de Marbode, éd. citée, 407 - encore au XVIe s., HUG.), du lat. lineus « de lin, de toile »; cf. lange adj. puis subst. en a. français. Fréq. abs. littér. : 2 489. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 749, b) 4 850; XXe s. : a) 5 138, b) 3 403.
DÉR. Lingé, -ée, adj., fam. Habillé avec élégance. Le monsieur de toutes les fêtes et de toutes les villégiatures, (...) parfumé, lingé comme un dandy de Londres (LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p. 305). En entrant, j'aperçois un beau jeune garçon frisé, lingé, pommadé, peint et poudré. C'est Lucien Daudet (RENARD, Journal, 1910, p. 266). — []. — 1res attest. a) 2e moitié XIVe s. « de lin, de toile » cote ... lingee (Liv. du chev. de La Tour, C. CXXII, Bibl. Elzev. ds GDF.), ex. isolé, b) 1850 arg. « bien vêtu » (d'apr. ESN.), 1878 id. être lingé « porter du linge blanc » (RIGAUD, Dict. jargon paris., p. 203); de linge, suff. -é (cf. aussi le m. fr. linger « de lin » 1408 ds GDF.).
BBG. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 250.
linge [lɛ̃ʒ] n. m.
ÉTYM. Déb. XIIe, « toile de lin; pièce de cette toile »; substantivation de l'adj. linge « de lin » (draps linges), déb. XIIe; linge signifie aussi « chemise » en anc. franç. (XIIIe); du lat. lineus « de lin, de toile ».
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1 Ensemble des pièces de tissus (d'abord de lin, puis de divers textiles) employées aux divers besoins du ménage. || Linge de batiste, de linon, de chanvre (cit. 3), de coton; linge pour fil. ⇒ Toile. || Linge de soie, de nylon. Loc. || Linge fin. || Gros linge, en tissu plus robuste formant de grandes pièces, drap, nappes… Ellipt. || Le gros, le fin. || Blanchisseuse de gros, de fin. — Linge blanc, linge de couleur. — Linge de (et compl. indiquant l'utilisation). || Linge de corps, linge de maison et linge de table (→ Ordre, cit. 8). || Linge de maison : linge de lit (draps, taie…), de toilette (essuie-mains, gants de toilette, peignoirs, serviettes…), de cuisine (frottoirs, torchons…). — ☑ Loc. (1688). Linge de table (nappes, napperons, serviettes; services de table). — Linge sale. || Coffre, sac à linge (sale). || Paquet de linge sale. ☑ Loc. Il faut laver son linge sale en famille. ⇒ Laver (cit. 3 et 4). || Comme un paquet de linge sale. || Laver (cit. 1) le linge, du linge. ⇒ Aiguayer, guéer; lavandière, lavoir, lessive; lessiver; lessiveuse, machine (à laver). || Mouiller, faire tremper, essanger, décrasser le linge. || Savonner, rincer, battre (⇒ Batte, battoir), blanchir (⇒ Blanchissage, blanchisserie, blanchisseur; laverie), azurer le linge (⇒ Bleu; → Azur, cit. 1). || Faire égoutter (cit. 2), essorer (⇒ Essorage, essoreuse), tordre, faire sécher (⇒ Séchoir), étendre (cit. 6) le linge (⇒ Étendoir). || Épingle, pince (cit. 2), corde à linge. — Lisser (⇒ Lissoir), repasser (⇒ Repassage, repasseuse; fer, platine [vx]), empeser (cit. 1) du linge (⇒ Empesage). || Plier, ranger, serrer du linge. || Pile de linge; armoire à linge (→ Arrangement, cit. 9). || Marquer, démarquer; raccommoder, repriser, ravauder du linge. — Fabrication, entretien, commerce du linge. ⇒ Linger, lingerie. || Coudre, ourler, ouvrer du linge. || Linge uni; brodé, ouvré, damassé (⇒ Damas, damassure), tuyauté (⇒ Tuyau); linge à jours, à grains d'orge, à liteaux, à nids d'abeille, à œil de perdrix. — Déchirer du linge pour en faire des chiffons, de la charpie, des bandes. || Tailler du linge pour faire des pansements (→ Gaze, cit. 3). || Bouchonner du linge; linge en bouchon, en tapon.
1 Son linge avait ce ton roux contracté dans l'armoire par un long séjour, et qui annonçait en feu madame Popinot la manie du linge; suivant la mode flamande, elle ne se donnait sans doute que deux fois par an l'embarras d'une lessive.
Balzac, l'Interdiction, Pl., t. III, p. 20.
1.1 Des rayons se succédaient pour chaque sorte de linge, le linge de maison, le linge de table (…)
Zola, Au Bonheur des dames, p. 783.
2 Il y avait du beau linge blanc aux armoires. Or, M. Maillet aimait le beau linge. Il posait, en dormant, sa joue bien pleine sur un grand oreiller rehaussé de dentelles au point de Venise et les draps de toile étaient fins et frais.
H. Bosco, Antonin, p. 222.
2.1 (…) mais bientôt sur pieds, tout ce grand corps évolue à l'étroit parmi le pavois utile à toutes hauteurs des carrés blancs du linge, que parfois de sa main libre il saisit, froisse, tâte avec sagacité, pour les retendre ou les plier ensuite selon les résultats de cet examen.
Francis Ponge, le Parti pris des choses, p. 66.
♦ ☑ Loc. (vx). Travailler en linge (→ Hôtesse, cit. 4, Rousseau). || Ouvrière en linge. ⇒ Lingère.
2 (V. 1225). Spécialt. Vêtements de dessous; ou pièces détachables de l'habillement (cols, collerettes, manchettes…), lorsqu'ils sont en tissu léger (lin, coton, soie, nylon…). || Linge féminin (⇒ Dessous, lingerie), masculin. || Pièces de linge : caleçons, chaussettes, chemises, gilets, maillots (de corps), mouchoirs, pyjamas… || Avoir du linge sale (→ Galoche, cit. 4; gargote, cit. 2). || Linge blanc (→ Après, cit. 27). || Linge fin (→ Dame, cit. 14; extérieur, cit. 14). || Changer de linge. || Vêtements et linge composant un trousseau. — REM. Pour les jeunes enfants, on emploie les termes spécifiques (→ Layette; bavette, bavoir, couche, lange…).
3 (…) il ne sort pas d'étonnement de voir répandu sur son linge et sur ses habits le potage qu'il vient d'avaler.
La Bruyère, les Caractères, XI, 7.
4 La petite cour servait à étendre sur des cordes en crin les mouchoirs brodés, les collerettes, les canezous, les manchettes, les chemises à jabot, les cravates, les dentelles, les robes brodées, tout le linge fin des meilleures maisons de la ville.
Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 218.
5 Edmond sortit son linge, tout était comme un fait exprès : des boutons qui manquaient aux chemises, une tache d'encre sur un caleçon (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, II, XXVII.
♦ ☑ Loc. (1798). Linge de corps : vêtements de dessous en tissus fins.
♦ ☑ Fam. Avoir du linge : être élégamment vêtu (en parlant d'une femme). ⇒ Lingé. — ☑ Argot. Y a du (beau) linge, de jolies femmes bien habillées, et, plus généralt, des gens de la bonne société. || Le beau linge. ⇒ Gratin. → Le beau (cit. 27) monde.
3 (1570). || Un linge : une pièce de linge non travaillée (à la différence du sens 2). → Essuyer, cit. 1. || Nettoyer, frotter avec un linge. ⇒ Chiffon, frottoir. || Linges de pansement. ⇒ Bandage (cit. 1), bande, bandeau, charpie (→ Fixation, cit. 1). || Se mettre un linge humide sur le front. ⇒ Compresse. || Linge pour ensevelir un mort. ⇒ Linceul, sindon, suaire (→ Baume, cit. 5). — Linges sacrés, linges d'autel. ⇒ Amict, corporal, lavabo, manuterge, pale, purificatoire, tavaïole.
6 (…) une bourrasque souffla, un vol de menus linges, des cols et des manchettes de percale, des fichus et des guimpes de batiste, fut soulevé, s'abattit au loin, ainsi qu'une troupe d'oiseaux blancs (…)
Zola, le Rêve, V.
7 (…) le concierge (…) avait essayé de nettoyer les vitres des cadres, car des traces de doigts marquaient les glaces. Durtal essuya avec un linge mouillé ces empreintes (…)
Huysmans, Là-bas, X.
♦ ☑ Fig. Être blanc comme un linge. — REM. Dans l'expression synonyme blancheur de linge, le mot est au sens 1.
8 Le pauvre bougre était d'une blancheur de linge. Son mouchoir glissé de sa main blessée, se tachait de plaques rouges.
Zola, la Terre, V, IV.
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DÉR. Lingé, linger, lingère, lingerie, lingette.
COMP. Chauffe-linge, lave-linge, sèche-linge.
Encyclopédie Universelle. 2012.