longuement [ lɔ̃gmɑ̃ ] adv.
• 1050; de long
♦ Pendant un long temps, avec longueur et continuité (d'une action). Projet longuement mûri. Raconter longuement une histoire. ⇒ abondamment, amplement. Insister longuement. « À présent c'était lui qui la regardait, — longuement » (Montherlant). — Le temps ne me permet pas de m'étendre plus longuement. ⇒ longtemps. Rédigez moins longuement.
⊗ CONTR. Abrégé (en abrégé), brièvement.
● longuement adverbe Au long, en détail, abondamment : Expliquer longuement un texte. Pendant un long temps : Projet longuement mûri. ● longuement (synonymes) adverbe Au long, en détail, abondamment
Synonymes :
Contraires :
- brièvement
Pendant un long temps
Synonymes :
Contraires :
longuement
adv. Durant un long moment; en détail. Attendre longuement. S'expliquer longuement.
⇒LONGUEMENT, adv.
A. — Sens temporel
1. [Avec un verbe impliquant l'idée d'une activité volontaire] De manière longue, en y consacrant un long temps, en prenant tout son temps. Anton. brièvement, rapidement. Il a prononcé longuement votre nom (KRÜDENER, Valérie, 1803, p. 262). Je n'ai pas le temps d'écrire aussi longuement que je le voudrais (BALZAC, Corresp., 1831, p. 619). Il s'est longuement étendu sur ce point (GREEN, Journal, 1947, p. 109) :
• 1. Elle haïssait son mari, et comme ce dernier lui avait volé sa fortune, comme il la condamnait à passer sa jeunesse auprès de sa vieillesse maussade et grondeuse, elle médita longtemps, longuement, avec tout le génie d'un forçat qui rêve une évasion, la rupture de son ban conjugal.
PONSON DU TERR., Rocambole, t. 2, 1859, p. 66.
SYNT. Il l'observa, l'examina longuement; écrire, répondre longuement à qqn; parler, plaider, raconter longuement; il y a longuement réfléchi; décrire qqc. longuement; énumérer, citer longuement; disserter, insister, s'expliquer, méditer longuement sur; on m'a longuement parlé, entretenu de vous; le plus longuement que vous pourrez, le plus longuement possible.
Rem. À la différence de longtemps, peut s'employer avec le prés. ou l'imp. sans qu'il en résulte un effet de sens itér. Le Sénat délibérait longuement si on leur permettrait enfin de retourner dans leur patrie (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 97). Il racontait longuement cette visite (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 181).
— Péj. [En parlant de la façon d'écrire, de s'exprimer] Avec beaucoup trop de détails inutiles et inintéressants (v. long I C). Rédigez moins longuement :
• 2. ... le grand Corvière, l'homme de France (...) qui parle le plus longuement avec le moins d'idées possible, et qui vous assomme avec le plus de persévérance du récit des choses les plus communes.
JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 90.
— Rare. [Le suj. du verbe est un inanimé] Et la terre aussitôt, s'agitant longuement, Salua son retour par un gémissement (VIGNY, Poèmes ant. et mod., 1837, p. 77). Comme leurs lèvres en délire Un soir longuement s'assemblaient (BANVILLE, Cariat., 1842, p. 148). Ses doigts agités cherchèrent longuement dans son portefeuille un billet de cent francs qu'il jeta à Marie de Lados (MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 399).
2. Vx. [Notamment avec les verbes n'impliquant pas l'idée d'une activité volontaire] Synon. de longtemps. Il hésita longuement (CHAMPFL., Avent. Mlle Mariette, 1853, p. 286). Si tu étais malade, longuement malade, frappé d'une infirmité ou tombé dans la misère (AMIEL, Journal, 1866, p. 244). Elle se tut longuement, ne trouvant rien à dire (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 406). L'homme que j'aurais longuement aimé (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 214) :
• 3. Je t'apporte mon cœur c'est un enfant prodigue
Pardonne lui d'avoir si longuement tardé
Dans ces pays fanés que les hivers fatiguent
Et galvaudé ses chants pour des cieux galvaudés.
ARAGON, Rom. inach., 1956, p. 134.
• 4. ... il ne subit pas longuement l'effroi du néant parce que dans l'univers où pour lui « tout est sensible » il ne peut croire vraiment à la possibilité du néant.
DURRY, Nerval, 1956, p. 149.
— [Le suj. du verbe désigne un inanimé] La plage resta longuement vide (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 171). Les batailles de propagande (...) avaient longuement faussé le problème (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 79).
B. — [Sens spatial] Vx et rare. En occupant un espace important. Au nord, par delà une mer irrégulière et longuement étroite, sont les campagnes de l'Europe riche en prairies et en champs cultivés (VOLNEY, Ruines, 1791, p. 27) :
• 5. Tous les tableaux humains qu'un esprit pur m'apporte S'animeront pour toi quand, devant notre porte,
Les grands pays muets longuement s'étendront.
VIGNY, Destinées, 1863, p. 55.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 « pendant un long moment » (Alexis, éd. Chr. Storey, 341 : Mult lungament ai a lui converset); 2. mil. XIVe s. « en détail » (ROQUES t. 1, IV-V, 6851 : prolixe longuement). Dér. de long adj.; suff. -ment2. Fréq. abs. littér. : 2 698. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 365, b) 3 500; XXe s. : a) 5 138, b) 5 343.
longuement [lɔ̃gmɑ̃] adv.
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1 Pendant un long temps, avec longueur et continuité (d'une action). REM. Longtemps est relatif à la durée objective d'un état ou d'une action, sans rapport à son contenu ni à sa continuité (ex. : Il a longtemps pensé à cette solution); longuement se rapporte à une action considérée en elle-même et quantitativement, à la fois dans son contenu et sa continuité (ex. : Il a longuement pensé à cette solution). Si vous parlez longuement, on ne vous écoutera pas longtemps. — Longuement était employé encore au XVIIe s. dans beaucoup de cas où longtemps serait de nos jours nécessaire : Aimer longuement (Bussy-Rabutin; → Absence, cit. 5). — Respirer longuement. || Se laver longuement les mains (→ Flamber, cit. 9). || Fumer (cit. 23) longuement un cigare. || Savourer longuement (→ Exceptionnel, cit. 5). || Faire quelque chose longuement et en détail. || Acte, geste (cit. 17) longuement médité (→ Attention, cit. 45). || Projet longuement mûri. || Raconter longuement. ⇒ Abondamment, amplement. || Parler trop longuement. ⇒ Délayer. — Avec minutie. || Il a longuement expliqué les causes de…, longuement insisté sur ce point…
1 Longuement n'est plus en usage à la cour, où il était si usité il n'y a que vingt ans; c'est pourquoi l'on n'oserait plus s'en servir dans le beau langage; on dit longtemps au lieu de longuement.
Vaugelas, Remarques sur la langue franç., t. I, p. 90.
1.1 Les allegro se traînaient longuement, longuement. Les quadruples croches ne valaient pas des rondes ordinaires en tout autre pays. Les roulades les plus rapides, exécutées au goût des Quiquendoniens, avaient les allures d'un hymne de plain-chant. Les trilles nonchalants s'alanguissaient, se compassaient.
J. Verne, le Docteur Ox, p. 47.
2 À présent c'était lui qui la regardait, — longuement. Déjà elle connaissait bien chez lui cette insistance dans le regard (…)
Montherlant, le Songe, I, VI.
3 (…) ils (les oiseaux de nuit) ravissent au vol, plus muets que l'éclair; puis ils dévorent, solitaires; et avares, ils se repaissent longuement.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », VII.
3.1 (…) il entra chez un marchand de cartes postales et regarda longuement non celles du jour de l'an, ni celles des hommes politiques, ni celles des boxeurs, mais des « nus » et des « déshabillés ».
R. Queneau, le Chiendent, p. 380.
♦ (Précédé d'un comparatif). || Le temps ne me permet pas de m'étendre (cit. 43) plus longuement. || Rédigez moins longuement.
2 (Dans l'espace). Rare. || Forme longuement étirée (→ aussi Amphithéâtre, cit. 2).
4 Les grands pays muets longuement s'étendront.
Vigny, Poèmes philosophiques, la Maison du berger, III.
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Encyclopédie Universelle. 2012.