long, longue [ lɔ̃, lɔ̃g ] adj., n. m. et adv. I ♦ Adj. A ♦ (1080 lonc) dans l'espace
1 ♦ (Av. le nom) Qui a une étendue supérieure à la moyenne dans le sens de la longueur. ⇒ grand. Une longue tige. Un long fil. De longs cheveux. Long nez. « Le héron au long bec emmanché d'un long cou » (La Fontaine). — Qui couvre une grande étendue, qui s'étend sur une grande distance. ⇒ étendu. Faire un long détour. Canon à longue portée. Voyage au long cours. ⇒ cours (V). Longue liste. Ellipt Longue suite de cartes. Avoir une longue à pique. — Longue suite d'événements.
2 ♦ (Apr. le nom) Dont la grande dimension (longueur) est importante par rapport aux autres dimensions (opposé à court, large, épais). — (Opposé à court) Chemise à manches longues. Robe longue. Pantalon long. Chaise longue. — Anat. Os longs. Muscles longs, et ellipt le long fléchisseur, le long supinateur de l'avant-bras. — Loc. Avoir le bras long. Avoir les dents longues. — (Opposé à large) Objets de forme longue (bande, barre, fil, tige). ⇒ barlong, oblong. Une belle fille longue et svelte. ⇒ élancé. — (Opposé à épais) Cuis. Sauce longue, trop claire, trop délayée. ⇒ allonger (la sauce).
3 ♦ Long de (telle grandeur) :qui a telle dimension, dans le sens de la longueur. Fleuve long de trois mille kilomètres. — Description trop longue d'un tiers. Prendre le chemin le plus long. Des cheveux trop longs. Cette année, les jupes sont moins longues, plus courtes.
B ♦ Dans le temps
1 ♦ (Xe) Qui a une durée très étendue, qui dure longtemps, beaucoup de temps. Un long hiver [ lɔ̃kivɛr ]; cour.[ lɔ̃givɛr ]. Il demeura un long moment dans cet état. ⇒ longtemps. Longue durée de la vie. ⇒ longévité. Longues nuits d'hiver, longs jours d'été. Film de long métrage. Version longue (d'un film). Vin long en bouche, dont le bouquet reste longtemps sur les papilles gustatives. Long voyage. Longue maladie. Longue attente. Je m'inquiète de votre long silence. Longues séances. ⇒ interminable. Écrire une longue lettre. Ce serait trop long de vous expliquer. Je ne serai pas long : je ne vais pas mettre beaucoup de temps (cf. Je n'en ai pas pour longtemps). — Qui semble durer longtemps. ⇒fam. longuet. Trouver le temps long. Les longues soirées d'hiver. Long comme un jour sans pain. — Gramm. Syllabe, voyelle longue. ⇒ longue.
♢ Qui dure longtemps et ne se répète pas souvent. À longs intervalles (cf. De loin en loin). Boire, humer à longs traits.
♢ Œuvre de longue haleine. Faire long feu.
2 ♦ Qui remonte loin dans le temps, qui date de loin. ⇒ ancien, vieux. Un long passé. Une longue habitude. C'est une longue histoire. De longue date.
3 ♦ (1250) Éloigné dans l'avenir. À long terme; le long terme (opposé à court et à moyen) . À plus ou moins longue échéance. Spécialt, fin. LONG TERME : plus de sept ans. Crédit à long terme.
♢ Loc. adv. À LA LONGUE : avec le temps, après beaucoup de temps. À la longue, il s'y est fait. ⇒ finalement. Tu t'es dit « que je me consolerais à la longue de la mort de mon père » (Flaubert).
4 ♦ LONG À : lent. Le feu a été long à s'éteindre. Plat long à préparer. — Fam. C'est long à venir, cette réponse. Être long à s'habiller. ⇒ lambin. « Donne tes ordres. Ne sois pas trop longue » (Cocteau ).
5 ♦ Long de; plus, moins long (durée). Cycle long d'un cinquantième de seconde. « Vinrent juin et les plus longs jours » (Colette).
C ♦ (Dans l'espace ou le temps, avec une valeur emphat.) De longs tourments. Couler à longs flots. ⇒ abondant. De longues heures (cf. Des heures et des heures).
II ♦ N. m. (1165)
1 ♦ (Précédé de au, de, en) Table de 1,20 m de long sur 0,80 m de large. ⇒ longueur. Tomber de tout son long, en s'allongeant par terre. ⇒ s'étaler. « il aperçut Fouan par terre, étendu de tout son long sur le ventre » (Zola).
♢ Loc. adv. DE LONG; EN LONG : dans le sens de la longueur. Scieur de long. Coupe pratiquée en long. ⇒ longitudinal. Profil en long d'une voie ferrée. — Fam. Avoir les côtes en long. — De long en large. En long et en large. AU LONG; TOUT AU LONG : complètement, en n'omettant aucun élément. Titre écrit au long, sans abréviation. Racontez-moi cela tout au long, en détail, par le menu. ⇒ longuement. — TOUT DU LONG : sur toute la longueur. Sa jupe est déchirée tout du long.
2 ♦ Loc. prép. AU LONG DE; LE LONG DE; TOUT LE LONG DE; TOUT DU LONG DE : en suivant sur toute la longueur (de), en suivant sur une certaine étendue le bord (de). « Le long des rues, des quais, des ponts, des boulevards, la foule criait » (Michelet). « Cheminons vers la ville au long de la rivière » (Verlaine). ⇒ côtoyer, longer, suivre. — (Dans le sens de la hauteur) Se hisser, grimper le long d'un mur, d'un mât.
♢ (Dans le temps) Durant, pendant toute la durée (de). Expérience acquise au long d'une carrière. Tout le long du jour : toute la journée. Dormir tout le long du trajet.
III ♦ Adv. (1050 longes « longuement »)
1 ♦ Beaucoup. Son attitude en dit long. En savoir long. Le désir d'en savoir, d'en apprendre plus long.
2 ♦ Avec un vêtement long. Femme habillée trop long. — REM. Aussi en long, où long est subst. — Littér. « des sénoras long voilées » (Musset).
⊗ CONTR. 1. Court, large. 1. Bref, instantané. Concis, succinct.
● long adverbe En dire long (sur quelqu'un, quelque chose), entrer dans de longs détails, avoir beaucoup de choses à dire ; avoir une signification importante, révéler quelque chose : Un simple regard parfois en dit long. En savoir long, être bien informé : Un jeune garçon qui en sait déjà long sur la vie. S'habiller long, avec des vêtements longs. ● long nom masculin Vêtements longs : La mode est au long. ● long (difficultés) adverbe Orthographe Long, employé comme adverbe, reste invariable : elles aiment s'habiller long ; des silences qui en disent long ; ils avaient l'air d'en savoir long. ● long (expressions) adverbe En dire long (sur quelqu'un, quelque chose), entrer dans de longs détails, avoir beaucoup de choses à dire ; avoir une signification importante, révéler quelque chose : Un simple regard parfois en dit long. En savoir long, être bien informé : Un jeune garçon qui en sait déjà long sur la vie. S'habiller long, avec des vêtements longs. ● long (expressions) nom masculin Au long, tout au long, dans son entier, complètement : Écrire un mot tout au long, sans l'abréger. Au long, tout au long, tout le long de quelque chose, pendant toute sa longueur, toute sa durée : Chanter tout le long du chemin. De long, après l'expression d'une mesure, indique la dimension dans le sens de la longueur : La table fait deux mètres de long. De long en large, en allant dans un sens, puis en revenant sur ses pas et ainsi de suite. De tout son long, sur toute la longueur du corps : Il s'est étalé de tout son long. En long, dans le sens de la longueur : Fendre des bûches en long. En long et en large, en long, en large et en travers, en tous sens ; sous tous les aspects. Le long de quelque chose, en suivant le bord ou en parcourant quelque chose sur toute sa longueur : Marcher le long du mur. Scieur de long, ouvrier qui sciait manuellement les grumes dans le sens de la longueur. Tout du long, sur toute la longueur, la dimension de quelque chose : Parcourir une allée tout du long. ● long, longue adjectif (latin longus, étendu) Qui a telle dimension dans le sens de la longueur : Un terrain long d'environ cinq cents mètres. Qui a telle dimension relative, par rapport à autre chose dans le sens de la longueur : Le paquet était beaucoup plus long que large. Dont la dimension d'une extrémité à l'autre est grande : Un long fil de soie. Se dit d'un vêtement qui descend jusqu'aux pieds ou des manches qui couvrent tout le bras : Robe longue. Qui couvre une étendue relativement grande ou dont la distance d'un point à un autre est grande : Nous avons fait une longue route ensemble. Qui a telle durée : Une attente longue de deux heures. Qui a telle durée relative ou dont la durée est grande, relativement grande ou trop grande : L'été, les jours sont plus longs que l'hiver. Se dit d'un temps dont on trouve qu'il s'écoule lentement ; qui occupe ou nécessite un tel temps : Trouver le temps long. Se dit d'un texte qui est étendu, fourni : Il nous a écrit une très longue lettre. Qui remonte loin, relativement loin dans le temps ou qui existe depuis longtemps : Paris a un long passé de gloire. Qui prend beaucoup trop de temps pour faire quelque chose, qui fait attendre quelqu'un : Je ne serai pas longue, j'en ai pour deux minutes. Qui est l'auteur d'un texte, d'un discours trop étendus : Vous êtes trop long dans la deuxième partie. Qui tarde à faire quelque chose d'attendu ; qui nécessite beaucoup de temps pour être fait : Ne soyez pas trop long à me répondre. Cette viande est longue à cuire. Anatomie Se dit des os dont la longueur prédomine sur les deux autres dimensions. Se dit de certains muscles, pour les distinguer d'autres muscles plus courts ayant la même fonction (long abducteur, long extenseur du pouce, etc.). Cuisine Se dit d'une sauce trop délayée. Métrique Se dit d'une syllabe qui vaut généralement deux, et quelquefois trois ou même quatre unités de mesure. Phonétique Se dit d'une unité phonique (voyelle, consonne, syllabe) dont la durée d'émission est relativement importante. ● long, longue (citations) adjectif (latin longus, étendu) Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire : Un vers était trop faible, et vous le rendez dur ; J'évite d'être long, et je deviens obscur. L'Art poétique ● long, longue (difficultés) adjectif (latin longus, étendu) Prononciation Long se prononce [&ph96;̃&ph91;], comme le féminin longue, devant une voyelle ou un h muet : un long apprentissage. Emploi 1. De long loc. adj. = de longueur. Il faut un fil de trois mètres de long (on dit indifféremment trois mètres de long ou trois mètres de longueur). 2. Au long de loc. prép. = pendant. Nous nous sommes perdus de vue au long de toutes ces années. 3. Le long de loc. prép. = en longeant. Le long du fleuve, le paysage est verdoyant. Sens Faire long feu → feu ● long, longue (expressions) adjectif (latin longus, étendu) Familier. Long comme un jour de jeûne, comme un jour sans pain, excessivement long et ennuyeux. Couleur longue, ou longue (nom féminin), , dans la main d'un joueur, série d'au moins quatre cartes de la même couleur. ● long, longue (synonymes) adjectif (latin longus, étendu) Qui a telle dimension dans le sens de la longueur
Synonymes :
- grand
Contraires :
- large
- profond
Dont la dimension d'une extrémité à l'autre est grande
Synonymes :
- illimité
- immense
- infini
- vaste
Contraires :
- étroit
- petit
- réduit
Se dit d'un vêtement qui descend jusqu'aux pieds ou des...
Contraires :
- court
Qui a telle durée relative ou dont la durée est...
Contraires :
- court
Se dit d'un temps dont on trouve qu'il s'écoule lentement ;...
Synonymes :
- éternel
- mortel
Se dit d'un texte qui est étendu, fourni
Contraires :
- bref
- concis
- court
Qui remonte loin, relativement loin dans le temps ou qui...
Synonymes :
- ancien
- antique
- vieux
Qui prend beaucoup trop de temps pour faire quelque chose, qui...
Synonymes :
- lent
Contraires :
- bref
- prompt
- rapide
- vif
Qui est l'auteur d'un texte, d'un discours trop étendus
Synonymes :
- diffus
- longuet (familier)
- prolixe
- verbeux
Cuisine. Se dit d'une sauce trop délayée.
Contraires :
- épais
Phonétique. Se dit d'une unité phonique (voyelle, consonne, syllabe) dont la...
Contraires :
- bref
Long, longue
adj., n. et adv.
aA./a adj.
rI./r (Idée d'espace.)
d1./d Qui présente une certaine étendue dans le sens de sa plus grande dimension (par oppos. à court, à large). Une longue perche. Une robe longue. Une salle très longue.
|| ANAT Le muscle long abducteur du pouce.
— n. m. Le long dorsal.
|| Loc. fig. Avoir le bras long: avoir de l'influence.
— Avoir les dents longues: être très ambitieux.
|| Long de: dont la longueur est de. Tapis long de deux mètres.
d2./d Qui couvre une grande distance. Phares à longue portée.
— MILIT Coup long, tel que le projectile tombe au-delà de l'objectif.
|| MAR Navigation au long cours, en dehors des limites du cabotage.
d3./d (Afr. subsah., Djibouti, Madag., Proche-Orient) (Personnes) Grand, de haute stature. Son frère est plus long que lui. (V. haut, sens A, I, 2.)
— Subst. C'est un long.
rII./r (Idée de temps.)
d1./d Qui dure longtemps (par oppos. à bref, à court). Une longue vie.
|| LING Syllabe, voyelle longue, dont l'émission dure longtemps, relativement aux autres syllabes, aux autres voyelles (dites brèves).
— n. f. Une longue.
|| Long de: dont la durée est de. Un règne long de dix ans.
d2./d éloigné (dans le passé ou dans l'avenir). Nous nous connaissons de longue date. Un bail à long terme.
d3./d Long à: qui met beaucoup de temps pour. Il est long à se décider.
aB./a n. m. Longueur. Des rideaux de trois mètres de long. Ant. largeur.
|| Tomber de tout son long, en ayant le corps étendu sur toute sa longueur.
aC./a
rI./r adv. Beaucoup. Regard qui en dit long.
rII./r Loc. adv.
d1./d De long, en long: dans le sens de la longueur. Scieur de long. Fendre une bûche en long.
d2./d Se promener de long en large: aller et venir dans un espace restreint.
d3./d Tout du long: entièrement, complètement. Je lui ai exposé le problème tout du long.
d4./d à la longue: avec le temps. Redites qui, à la longue, finissent par lasser.
rIII/r Loc. Prép.
d1./d Au (le) long de: en côtoyant. Au long du ruisseau.
d2./d Tout au (le) long de: pendant toute la durée de. Tout le long de la semaine, de l'année.
————————
Long
(Marguerite) (1874 - 1966) pianiste française. Elle fonda avec J. Thibaud, en 1946, un concours international d'interprètes.
⇒LONG, LONGUE, adj., adv. et subst.
I. — Adjectif
A. — [Dans l'espace]
1. [Au compar. ou au superl. ou bien suivi d'une indication de mesure] Qui a telle ou telle étendue dans le sens de la longueur (v. ce mot A 1). Anton. large, haut, profond. Une allée longue de cent mètres; une salle plus longue que large. Sous un plafond blanchi à la chaux, long de cent vingt pas, large de soixante (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 161) :
• 1. C'est un homme gros, court, velu, avec des bacchantes frisées, une chevelure aile de corbeau, un anneau à l'oreille gauche, l'œil fier, les sourcils froncés, les dents éclatantes, une fossette au menton, les mains en forme de poings, plus larges que longues, les pieds courts, les orteils épais, les chevilles dodues...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 168.
2. Absol. Anton. court.
a) Gén. antéposé ou en emploi attributif. Qui a une étendue supérieure à la moyenne dans le sens de la longueur. Longue avenue; long corridor; longue galerie; long cou; longs cheveux; longue chevelure; longues moustaches. Le cours du Danube est long (LITTRÉ). Du fond de ces longs couloirs de verdure, on les voyait venir avec leurs collerettes (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 210). Sur le long ruban de route qui se déroule, se marquent par étapes des foyers lumineux (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1565). Ce qui frappait d'abord dans cette longue salle basse et voûtée (...) était un singulier aspect de propreté et d'ordre (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 31).
♦ IMPR. Longues lignes. ,,Texte composé sur toute la largeur de la page, par opposition au texte imprimé en colonnes`` (BRUN 1968).
♦ Long comme le bras (loc. fam. et fig., marque l'importance). Elle peut bien être marquise long comme le bras pour ses domestiques. Mais dans les actes de l'état civil ce n'est pas la même chose (PROUST, Fugit., 1922, p. 676).
— Rare, fam. [En parlant d'une pers.] Voilà que le long Suédois qui précède justement Tartarin s'est arrêté (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 246). Est-ce que vous connaîtriez par hasard une gamine de quatorze à quinze ans, longue et maigre, vêtue d'une robe rose en coton (...)? (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 61).
— Vx. [En parlant d'une pers.] Long comme un jour sans pain. Extrêmement grand et maigre. (Dict. XIXe s.).
Rem. Auj. uniquement au sens temp., infra B, c'est-à-dire à propos d'une journée ennuyeuse, qui n'en finit pas.
— Vieilli. Une vue longue. Qui voit loin. (Ds DG, Ac.). De longs regards. ,,Qui se prolongent au loin`` (LITTRÉ). Cf. infra B 2 a .
♦ Longue-vue.
— MAR. Navigation au long cours. ,,Navigation maritime effectuée au delà d'un certain degré de latitude et de longitude fixés par la loi (...) et qui, par suite, est plus longue et présumée plus dangereuse que la navigation au cabotage`` (CAP. 1936). Nos deux frères aînés (...) sont partis comme mousses sur des navires au long cours (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 113).
♦ Capitaine, officier au long cours. Capitaine, officier effectuant la navigation au long cours. Il était alors capitaine au long cours, et voyageait pour un armateur de Saint-Malo (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 291).
— SPORTS. Une longue balle. Balle qui va loin, passe en profondeur (p. ex., en football).
♦ TENNIS. Balle frappée de telle sorte qu'elle rebondisse près de la ligne de fond. Avoir un jeu long. Nous pourrons renvoyer la balle sur le joueur adverse à condition qu'elle soit longue (H. COCHET, Le Tennis, Paris, P.U.F., 1978, p. 65). Emploi adv. Jouer long. Il faut jouer long, c'est-à-dire qu'il faut envoyer la balle près de la ligne de fond adverse (H. COCHET, Le Tennis, Paris, P.U.F., 1978p. 90).
Longue paume.
b) P. ext., antéposé ou en emploi attributif. Qui est composé d'éléments nombreux qui, à la suite des uns des autres, couvrent une grande étendue. Une longue file de..., série de..., liste de... Une assez longue suite de vers rimés (GIDE, Journal, 1943, p. 227).
c) Postposé. Qui se caractérise par sa longueur, souvent p. oppos. à un modèle normal, courant. Robe longue; chandail à manches longues; cheveux longs; avoir le cou trop long. Après, tu as dû les admirer avec leurs premières cigarettes, leurs premiers pantalons longs et puis ils ont commencé à sortir le soir (ANOUILH, Antig., 1946, p. 186) :
• 2. Dès qu'il consentait à rester immobile et silencieux, Eric Vidame ressemblait à Dante. Il avait un visage maigre, des traits longs et bien dessinés, un toupet dru qui formait promontoire entre deux golfes de front blanc.
DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 20.
♦ Chaise longue.
— ANAT. Muscle long fléchisseur du pouce, du petit orteil, muscle long radial... (Méd. Biol. t. 2 1971, s.v. muscle).
— P. anal., CUIS. Sauce longue. Sauce trop claire, trop délayée. (Ds Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
— Loc. fig. Avoir le bras long, les dents longues.
♦ Prendre le chemin le plus long. ,,Se servir des moyens les moins propres à faire réussir promptement ce qu'on a entrepris`` (Ac. 1935).
B. — [Dans le temps]
1. [Au compar. ou au superl. ou bien suivi d'une indication de durée] Qui est de telle ou telle étendue dans le temps. Un séjour long de deux mois; des vacances moins longues. Trois heures, trois heures seulement! cette journée m'avait déjà paru longue d'un siècle... et je n'en avais parcouru qu'un peu plus de la moitié (BENOIT, Atlant., 1919, p. 172).
2. Absol., gén. antéposé ou en emploi attributif
a) Qui a une durée étendue, qui dure longtemps ou qui est ressenti comme tel.
) [Le subst. qualifié désigne un espace de temps] Long intervalle; à longs intervalles; long moment; longue période; temps fort long; longues heures; trouver le temps long. L'absence est horrible, les nuits sont longues, ennuyeuses et fades; la journée est monotone (NAPOLÉON Ier, Lettres Joséph., 1796, p. 54). Mon étonnement (...) est qu'il ait fallu un si long temps pour obtenir ce résultat si simple (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 208). Elle commença à trouver le temps long et, pour se désennuyer, feuilleta un ancien cahier de modes (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 151). Le soleil entrait de biais par les fenêtres, qui sont orientées de telle sorte que ce phénomène ne peut se produire qu'aux jours les plus longs de l'année (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 104) :
• 3. Le dimanche est toujours tel que dans notre enfance :
Un jour vide, un jour triste, un jour pâle, un jour nu;
Un jour long comme un jour de jeûne et d'abstinence
Où l'on s'ennuie; où l'on se semble revenu
D'un beau voyage en un pays de gaîté verte,
Encore dérouté dans sa maison rouverte
Et se cherchant de chambre en chambre tout le jour...
RODENBACH, Règne silence, 1891, p. 113.
♦ Congé de longue durée. À l'expiration du congé de longue durée, le fonctionnaire non encore reconnu apte, mais pour lequel le comité médical conclut à une récupérabilité ultérieure possible, est placé en disponibilité sans traitement (Encyclop. éduc., 1960, p. 294).
♦ AUDIO-VISUEL. Disque, microsillon, cassette longue durée.
♦ De longue date. Depuis longtemps. Je l'ai fort pratiqué, nous sommes amis de longue date, et je le connais bien (PROUST, Filles en fleurs, 1918, p. 461).
♦ De longue main (vx). Synon. de longue date. Ce meurtre avait été machiné de longue main par les gens du dauphin (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 259). Il fut convenu que je me préparerais de longue main à la lutte électorale sur le terrain que j'avais choisi (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 307).
) [Le subst. qualifié est un subst. d'action ou d'état] De longs éclats de rire, de longs cris, une longue clameur; un long silence, une longue rêverie; une longue agonie, de longs gémissements; de longs tourments, un long soupir; un long apprentissage; de longs détours; une longue étape; de longues conversations, discussions, énumérations, controverses. Ce sont trois genres d'ennemis que la raison est obligée de combattre sans cesse, et dont elle ne triomphe souvent qu'après une lutte longue et pénible (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 11). La journée, comme un fruit tardif, sera lente à mûrir. Ah! que cette longue patience s'accorde mal avec l'ardeur d'une âme qui ne peut plus attendre! (PSICHARI, Voy. centur., 1914, p. 185).
♦ Long regard (cf. supra A 2 a). Regard insistant, fixe. Au milieu des filles fleurs. Celles qui m'entouraient, entièrement décolletées (...) ne me dirent bonjour qu'en coulant vers moi de longs regards caressants comme si la timidité seule les eût empêchées de m'embrasser (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 423).
♦ Boire à longs traits. À longue échéance. À long terme. De longue haleine.
) Il serait (trop, assez) long de... Il serait long de tout redire (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 32). Il serait assez long d'en savoir davantage (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 21).
) Long à + inf. Qui demande beaucoup de temps.
— [Le suj. de l'inf. est une pers.; le subst. qualifié est de l'inanimé]
♦ Long à faire, à réaliser. Tandis que s'achevaient les présentations si longues à raconter (PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 433).
— [Le suj. de l'inf. se confond avec le subst. qualifié]
♦ [Il est de l'inanimé] La faiblesse humaine est longue à se familiariser avec la majesté royale (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 327). Dès le moment cette réponse m'apaisa, me laissant à peine (comme la cicatrice longue à se fermer d'une blessure) un résidu d'angoisse (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 23).
♦ [Il est de l'animé] Lent. Je sentais alors près des femmes une timidité dont je devais être long à me guérir (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 529).
♦ [Sans inf. exprimé] Eh bien! monsieur l'abbé, si vous êtes allé relancer papa, et si vous avez un mot de lui pour maman, il faudra que vous attendiez que maman ait fini (...). Elle est longue des fois (ZOLA, Paris, t. 1, 1897, p. 98).
) PHONÉT. Syllabe, voyelle longue. Syllabe, voyelle qui a plus de durée qu'une syllabe, une voyelle brève. Il n'y a point de langues où il n'y ait des syllabes longues et brèves, et même des longues plus longues et des brèves plus brèves que d'autres (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p. 325). Un rythme quantitatif, reposant uniquement sur l'opposition des syllabes longues et brèves (SAUSSURE, Ling. gén., 1916, p. 314).
b) En partic., antéposé. Qui remonte loin dans le temps. Longue histoire, long passé; longue habitude. Une longue tradition centralisatrice (Amén. terr., 1964, p. 10) :
• 4. ... il calcule avec prudence ses démarches et celles d'autrui. Comme sa faiblesse le rend attentif à tous les événements qui peuvent lui nuire, il les prévoit de loin, et sait en profiter par sa longue expérience. C'est à lui qu'appartient de gouverner les membres d'une nombreuse famille.
BERN. DE ST-P., Harm. nature, 1814, p. 294.
C. — [En parlant d'un texte, d'un discours, d'un spectacle] Qui a beaucoup et, le plus souvent, qui a trop d'étendue, qui manque de concision. Une longue harangue; un épisode bien long et bien ennuyeux. Quand la chandelle fut éteinte et que la chaumière fut noire, on entendit une voix douce de petite fille commencer une prière en breton (...). Une très longue prière, coupée de répons graves de vieille femme (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 105). Parmi l'abondant courrier que me vaut mon article du Figaro du 10 décembre sur la langue française, une très longue, trop longue lettre signée Gabriel Daures (...) datée de Lourdes, contient de pertinentes remarques, des aveux : il n'a jamais pu s'intéresser aux romans (GIDE, Journal, 1946, p. 305).
— [P. méton.], fam. [En parlant d'un orateur, d'un écrivain...] J'ai été bien long. Le Président : Maître Lemerle, vous avez la parole. (Lemerle déploie son dossier.) Maître, serez-vous long? (FRANCE, Crainquebille, 1905, 1). C'est ce texte que je voudrais, en m'excusant d'être un peu long — mais je crois que la question en vaut la peine — commenter avec vous aujourd'hui (PINEAU, S.N.C.F. et transp., 1950, p. 76).
II. — Emploi adv.
A. — D'une manière longue, avec quelque chose de long. Être long vêtu; s'habiller long. J'aime, simple spectateur, à la voir [la danse] (...) long voilée dans la blonde Allemagne, glisser amoureusement comme un rêve (ZOLA, Contes Ninon, 1874, p. 35). Les femmes n'aiment pas qu'on soit bête [dit Nana]. Elles ne disent rien (...). Mais sois sûr qu'elles en pensent joliment long (ZOLA, Nana, 1880, p. 1274). Ils se fichent un à un dans la cible avec une précision qui vibre long (C. ROY, Le Commerce des classiques ds L.-O. GRUNDT, p. 317, v. infra bbg.).
B. — Synon. de beaucoup.
1. [Avec un suj. de l'animé]
♦ En dire long sur... Je suis incapable d'en dire plus long pour l'instant (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 269).
♦ En avoir long à dire sur... Je ne t'en ai pas parlé, de celle-là, lorsque tu pleurais par terre; j'aurais trop long à en dire (ZOLA, Nana, 1880, p. 1337).
♦ En apprendre long à qqn. Il m'en a appris long sur... Tu ne m'en as jamais appris aussi long là-dessus (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 48).
♦ En savoir long, en connaître long sur... Un mauvais élève du cours de spéciales en sait plus long sur la nature et sur les lois que Descartes et Pascal (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 255).
2. [Avec un suj. de l'inanimé]
♦ En dire long sur... Être révélateur, significatif. V. dire1 III A 2.
♦ En apprendre long sur... La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939p. 139).
III. — Emploi subst.
A.— Subst. masc.
1. Nom de mesure + de long. Un lit qui a deux mètres de long; le hall a trois cent mètres de long. Le papier portait un chiffre de deux pouces de hauteur, rouge, bleu, vert, or, argent, et n'avait lui-même que trois pouces de long (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 145) :
• 5. Le pays du livre d'occasion a ses frontières aussi. Il va du quai d'Orsay au Jardin des Plantes, sur la rive gauche, et de la Samar, comme on dit, au Châtelet, sur la rive droite. Les boîtes en sont, en principe, accordées par la Ville aux mutilés de la guerre et aux pères d'une famille nombreuse, à raison de soixante-cinq francs par an, sur huit mètres de long.
FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 79.
2. TECHNOL. Scieur de long. Ouvrier qui scie les planches selon la longueur (d'apr. PLAIS. 1969, s.v. scieur).
— ANAT. Long du cou. ,,Muscle qui s'attache à la face antérieure du corps des trois premières vertèbres dorsales et des six dernières cervicales...`` (LITTRÉ-ROBIN 1858). L'arcantérieur (...) qui présente en avant une saillie, tubercule antérieur, pour l'insertion d'un faisceau du long du cou (GÉRARD, Anat. hum., 1912, p. 94).
3. Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. C'est d'un long! La soirée m'a paru d'un long! (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 471).
4. Dans des loc. adv.
a) De son long, de tout son long. De toute la longueur. S'étaler de tout son long. M'allonger de mon long à côté de lui (CLAUDEL, Père humil., 1920, IV, 2, p. 560). Les grands coffres au couvercle bombé pour les vêtements étendus de leur long (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 162). Couché de tout mon long au côté de Vanessa (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 157) :
• 6. D'autres encore avaient fini leur vie, tombés en travers de leurs frères, accrochés dans leur chute à la fourche de deux branches, ou bien, ayant trouvé la terre, étendus de leur long, tout blêmes sur le terreau noir.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 165.
b) Au long, tout au long, tout du long. Dans toute sa longueur, de bout en bout. Taillée au bord de la pente, d'un côté, pour qu'elle [l'allée] s'essuyât par là, elle fut de l'autre et pour la même raison, bordée d'un fossé dont la terre extraite forma le tertre dressé tout du long (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 126) :
• 7. Une sorte de sentier, en pente vers la mer, une sinueuse allée, creusée entre des étendues de roches et bordée, tout au long, de pins sauvages, ouvre, en bas, ses lourdes grilles dorées sur le sable même de la plage, immergé aux heures du reflux.
VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 105.
— Au fig. Au long. Longuement, en détail. Le journal l'Abeille de Bar s'emparait de l'aventure, la commentait au long, blâmait avec une courtoisie sévère ce qu'il appelait l'incurie de M. le colonel baron de la Gondrée (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 3e part., II, p. 225).
c) En long. Dans le sens de la longueur. Fendre du bois en long. Il avait un pardessus qui lui moulait la taille. Ce pardessus était rayé en long et portait une grosse raie rouge et une seule (JACOB, Cornet dés, 1923, p. 99).
— Au fig., fam. En long, en large et en travers (rare, de biais). Sous tous ses aspects. On peut prendre les choses en long, en large, de biais, il n'y a jamais qu'un enchaînement de saloperies! (BERNANOS, Joie, 1929, p. 636).
d) De long en large. Alternativement en longueur et en largeur et, plus généralement, dans tous les sens. Quand vous marchiez, là, de long en large, la tête levée... avec des gestes si dignes... si nobles... (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, I, 15, 1923, p. 10) :
• 8. Et les voilà qui se mettent à déambuler très vite, de long en large, dans ce local exigu qu'on a parcouru en trois enjambées, qui tournent en rond, se croisant, se frôlant, penchés en avant, les mains dans les poches, en tapant la semelle par terre.
BARBUSSE, Feu, 1916, p. 155.
♦ De long en long (rare). Elle entendait, par la porte de communication qui se trouvait au milieu de la cloison, l'avare se promenant de long en long dans sa chambre (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 77).
♦ En long et en large. Synon. plus rare de de long en large. Un quart d'heure, il marcha en long et en large, les yeux fixés sur les rosaces du tapis de moquette (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 399).
Au fig. En examinant tous les aspects, amplement. Fritz s'étendait en long et en large sur ces choses (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 111).
e) Prendre au plus long. Prendre par le plus long. Par le chemin le plus long (supra I A 2 c). Si, comme dit le proverbe, qui trouve ici sa juste application, tout chemin mène à Rome, Huysmans a certainement pris par le plus long (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 164).
5. [Dans des loc. prép.]
a) [Sens spatial] (Tout) le long de, au long de. Suivant la longueur. Glisser, cheminer, se propager, s'échelonner le long de... Et de l'autre main, saisissant la chevelure de son fils, il le traîna par terre, au long du corridor, et le précipita par l'escalier (BOREL, Champavert, 1833, p. 146). Les haies, au long desquelles abondent la fraise, la framboise et la violette (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 550). On ne rencontre de beaux arbres qu'au long des galeries forestières bordant les cours d'eaux (MARAN, Batouala, 1921, p. 18) :
• 9. Les rides concentriques de l'eau se reflétaient en lumières sur sa robe noire, montaient tout le long d'elle comme des caresses de feu.
MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 449.
— P. ext. Dans le sens de la hauteur, considérée comme la plus grande dimension. Il avait pris le poignet de Thérèse, qui pendait le long de sa jupe, et le couvrait de baisers (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 663).
b) [Sens temporel] Tout le long de, (tout) au long de, tout du long de. Pendant (toute) la durée de. Expérience acquise au long d'une carrière. Il s'est diverti tout du long de l'année (Ac.). Je m'ennuie tout le long de la journée (LITTRÉ). Les jolis éclats de risée, qui retentirent tout au long de la route (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 232). Et tout le long du jour on venait le consulter, des hommes, des femmes, tous des voleurs (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 158) :
• 10. Mais enfin, capitaine, vous ne me surveillerez pas tout au long de ma mission. Et là-bas, au Mexique (...). Votre règlement ne sera plus qu'un souvenir saugrenu.
AUDIBERTI, Quoat, 1946, 1er tabl., p. 18.
B. — Subst. fém.
1. PHONÉT. Une longue. ,,Syllabe dont la prononciation a plus de durée que la brève`` (DG) :
• 11. C'est que les brèves et les longues sont extrêmement marquées dans les langues anciennes et dans celles des peuples sauvages, et qu'elles sont presque insensibles dans la plupart des langues modernes.
DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p. 326.
— MUS. Une longue. Dans l'ancienne notation musicale, note carrée avec queue à droite, qui a une durée double de la brève ou ronde (d'apr. DG).
2. SPORTS. La longue. Jeu provençal différent de la pétanque par la plus longue distance à laquelle on place le cochonnet. L'organisation annuelle de deux fameux concours dans le cadre du Parc Borely : l'un, à pétanque; l'autre à la longue ou jeu provençal (L'Équipe, 6 août 1965 ds PETIOT 1982).
3. En loc. adv. À la longue. Avec le temps, après beaucoup de temps, à force. Enfin, à la longue, il essaya de réagir sur lui-même (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 36). Au début, la lumière et le silence vous grisent... à la longue, ils vous ennuient... (LENORMAND, Simoun, 1921, p. 39).
Rem. Dans l'ex. suiv., la longue désigne la femme longue à se donner (emploi isolé et fam.). La femme ne craint pas de tendre avec ardeur au vin de la débauche une lèvre altérée, et là nulle ne fait la longue et la sucrée. L'homme attaque la femme, et la femme répond (BARBIER, Iambes, 1840, p. 67).
REM. 1. Longuissime, adj., rare. [Correspond à supra I C] Très long, trop long. Écrivez-moi de longuissimes lettres où vous direz tout ce qui vous passera par la tête. Plus il y en aura, et mieux ce sera (FLAUB., Corresp., 1861, p. 457). 2. Long-parcours, subst. masc. [Correspond à supra I A 2 a] ,,Voyage aérien qui éloigne un membre de l'équipage (...) de plus de trois mille milles marins de son centre d'affectation`` (BARR. 1967 et 1974).
Prononc. et Orth. : [], fém. []. [] devant voyelle ou h non aspiré : un long arrêt [], un long hiver []. Selon DUPRÉ 1972 l'usage mod. a tendance à introduire [g] dans ces cas plutôt que [k] : []. Mais de long en large []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adj. A. dans le temps 1. 2e moitié Xe s. « qui dure longtemps » (St Léger, 231 ds HENRY Chrestomathie, p. 13); 2. ca 1050 « lassant, ennuyeux en raison d'une durée excessive » lunga atente (Alexis, éd. Chr. Storey, 443); 3. 1215 de longue main « se dit de quelque chose qui prend du temps, qui existe depuis longtemps ou qui demande un long travail » (CALENDRE, Empereurs ds T.-L., s.v. main); 4. XIVe s. gramm. ditongue longue (cité ds Ch. THUROT, Notices et extraits de divers mss lat. ... ds Not. et extraits des mss de la Bibl. impériale, 1868, t. 222, p. 203); 1627 subst. fém. id. « syllabe longue » observer les longues et les brèves « être très cérémonieux ou très exact » (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, éd. A. Monmerqué, t. 8, p. 118); 5. 1552 « qui met beaucoup de temps à faire quelque chose » (ESTIENNE, Dict. latinogallicum); 6. 1690 « qui se produit à la fin d'une durée considérable » Bail à longues années (FUR.). B. Dans l'espace 1. a) ca 1100 « qui a une grande étendue dans le sens de la longueur » (Roland, éd. J. Bédier, 2852 : Cez veiez lunges e cez chemins mult larges); b) fin XIIe s. « qui a telle ou telle étendue d'une extrémité à l'autre » lons pres de quatorze toises (1re Continuation de Perceval, 8307, éd. W. Roach, I, p. 226); 2. ca 1100 « qui porte loin » (Roland, 1755 : la voiz est mult lunge); 3. ca 1160 « qui se caractérise par sa longueur par opposition à un modèle normal » barbe longue (Enéas, 2450 ds T.-L.); 4. 1694 sausse trop longue (Ac., s.v. sausse). C. Dans le temps ou dans l'espace. 1. ca 1150 « d'une œuvre, d'un discours dont le développement est important » (WACE, Vie St Nicolas, 601 ds T.-L.); 2. 1538 « (d'une personne) qui développe trop son sujet » (EST.). II. Loc. A. 1. Ca 1155 le lunc de « suivant la longueur » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 5115); 2. a) ca 1155 de lonc, de lé (WACE, op. cit., 8425 ds T.-L., s.v. lé); 1216 de lon en lé (ANGER, Vie St Grégoire, 135, ibid.); 1811 de long en large (JOUY, Hermite, t. 1, p. 41); b) fin XIIe s. de lonc en lonc (1re Continuation de Perceval, éd. W. Roach, 9615); c) 1660 tirer de long (OUDIN Esp.-fr.); 1690 coucher de long une pièce (FUR.); 3. 1230 en lonc ou en lé (Gaydon, 46 ds T.-L.); 1676 en long et en large (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 5, 74). B. 1. Ca 1260 a la longue (PH. DE NOVARE, Quatre Ages, 131 ds T.-L.); 2. 1614 aller de longue « avancer, continuer » (MALHERBE, Lettres à Peiresc, 152 ds Œuvres, éd. C. Lalanne, III, 402); 1639 tirer de longue « traîner en longueur » (Cal DE RICHELIEU, Lettres, Paris, Imprimerie Impériale, VI, p. 469). III. Subst. 1. 1176-81 « après un chiffre, la plus grande dimension d'un objet » set piez de lonc (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 320); 2. 1464 de son long « dans toute sa longueur » (ds DU CANGE d'apr. FEW t. 5, p. 408b); 1579 couché de son long (GARNIER, La Troade, 254 ds Les Tragédies, éd. W. Foerster, II, 92); 3. 1392-1400 boys sies au lonc « bois sciés suivant la longueur » (Compt. de l'Hôt.-Dieu d'Orl., f° 8 v°, Hôp. gén. Orl. ds GDF. Compl.); 1466 scieurs de long « celui qui scie le bois en long pour faire des planches » (Compt. de Nevers, CG 60, f° 27 r°, A. Nevers, ibid., s.v. seieor). IV. adv. 1. 1499 « avec un long vêtement » long vestu (Arch. Nord, 131708, f° 33 r° ds IGLF); 2. av. 1707 en savoir long « être bien informé » (HAUTER[OCHE], Le Coche d'Orléans ds LE ROUX 1752); 3. 1813 en avoir long à dire (COURIER, Lettres Fr. et Ital., p. 862). I du lat. class. longus « long, étendu dans l'espace et dans le temps »; l'a. fém. longe a été de bonne heure remplacé par longue d'apr. le masc. II, III, IV emploi adv. et subst. de I. Fréq. abs. littér. : 38 919. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 58 259, b) 58 514; XXe s. : a) 54 423, b) 51 719. Bbg. DAMOURETTE (J.), PICHON (E.). Long hiver. Fr. mod. 1936, t. 4, pp. 349-353. - GRUNDT (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 118, 165; pp. 313-324. - QUEM. DDL t. 3 (s.v. long-chevelu et long-voilé); 13, 20. - SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 75. - THOMAS (A.). Encore scieur de long. Romania. 1911, pp. 442-443.
long, longue [lɔ̃, lɔ̃g] adj., n. m. et adv.
ÉTYM. Xe, (Saint Léger) au sens temporel; lonc, et fém. longe (spatial), 1080; fém. longue, XIIe; long, et fém. longue, XIVe; du lat. longus.
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I Adj.
A (Dans l'espace).
1 a Qui a une grande longueur d'une extrémité à l'autre, une étendue importante en longueur (relativement à la taille normale ou par comparaison avec autre chose). ⇒ Grand. — REM. En ce sens, l'adjectif long, considéré comme épithète de nature ou de caractère, précède le substantif. || De longues allées d'arbres (cit. 5). || De longues aiguilles (cit. 10) à tricoter. || Long manche d'un fléau (cit. 1), d'une guitare (cit. 5). || Longue épée. || Longs fils clairs (→ Guipure, cit. 2). || Longue grappe (cit. 1 et 2) de raisin. || De longs gants, de très longs bas noirs (→ Assaut, cit. 16). || Long fourreau (cit. 8) de lainage bleu. || Bergers (cit. 8) en longue robe (on dit aujourd'hui robe longue, mais le sens est différent. → 2.). || En long habit de lin (cit. 3, Racine).
♦ Longs cheveux. || Longs bras (→ Aile, cit. 5). || Long nez (→ Bec, cit. 15). || Paupières frangées (cit. 6) de longs cils (cit. 1). || De longues jambes infatigables (→ Foulée, cit. 4). || Un long corps souple (→ Caressant, cit. 3). || De longs muscles fuselés (cit. 3). || Une longue figure effilée (cit. 7). — Les longues oreilles de l'âne. || La cigogne au long bec (→ Assiette, cit. 13, La Fontaine). || « Le héron au long bec emmanché d'un long cou » (→ Côtoyer, cit. 1, La Fontaine). || Moutons à longue laine. || La longue queue du gnou (cit. 1); des guenons (cit. 1).
1 Fantine avait les longs doigts blancs et fins de la vestale qui remue les cendres du feu sacré avec une épingle d'or.
Hugo, les Misérables, I, III, III.
2 (…) je montais parfois chez ma sœur aux longs cheveux (…) les cheveux de Juliette, défaits, la couvraient exactement tout entière.
Colette, la Maison de Claudine, p. 91 et 92.
2.1 Tout en lui paraissait amertume, et tout en lui était long. Il avait une longue taille, de longs bras, de longues jambes et une longue tête.
G. Leroux, le Parfum de la dame en noir, p. 23.
♦ Qui couvre une grande étendue, qui s'étend sur une grande distance. ⇒ Étendu. || De longs espaces dénudés (→ Grès, cit. 2). || Un long détour (→ Égarer, cit. 12). || Longues enjambées. || Longues houles (cit. 3). — Loc. || Longue vue. ⇒ Longue-vue. || Canon à longue portée. || Voyage au long cours. ⇒ Cours (V.). — Jeu de longue paume. ⇒ Paume.
♦ (1080). Qui porte au loin. || Voix longue.
b Qui est composé de nombreux éléments couvrant à la suite les uns des autres une grande étendue. || Une longue suite de pierres druidiques (→ Grève, cit. 2). || Longues files (cit. 4). || Une longue caravane (1. Caravane, cit. 2). — Par métaphore. || Longue suite d'événements (→ Histoire, cit. 9). || La longue série des ancêtres de l'homme (cit. 7). || Longue liste de noms. || Long palmarès fastidieux (cit. 2).
♦ Fig. (En parlant des produits du langage). || Long poème, longue harangue (cit. 5). Péj. ⇒ Diffus. || Une longue liste. — REM. En cette acception figurée, long se charge souvent d'une nuance temporelle. → ci-dessous, B., 1.
3 Les longs ouvrages me font peur.
La Fontaine, Fables, VI, Épilogue.
4 On n'est jamais long, quand on dit exactement tout ce qu'on a voulu dire.
E. Delacroix, Écrits, t. II, p. 84.
2 Dont la grande dimension (longueur) est importante par rapport aux autres dimensions (opposé à court, large, épais). — REM. En ce sens relatif, l'adjectif long est généralement placé après le substantif; on trouve aussi l'antéposition : fourchette (cit. 2) à long manche; pipe à long tuyau (→ Fourneau, cit. 9).
♦ (V. 1160; opposé à court dans un syntagme). || Chandail à manches longues. || Robe longue. || Culottes longues. || Avoir, porter les cheveux longs (→ Cacheter, cit. 1; croissant, cit. 3).
5 Elle avait troqué son sarrau noir, sa courte robe de petite fille contre une jupe longue (…)
Colette, la Maison de Claudine, p. 110.
♦ Chaise longue. ⇒ Chaise.
♦ (1588). Par ext. || Avoir la vue longue, qui porte loin. — Balist. || Coup (cit. 29) long. — Sports. || Balle longue.
♦ Anat. || Os longs. || Muscles longs, et, ellipt., le long fléchisseur, le long supinateur de l'avant-bras.
♦ ☑ Loc. fig. Avoir le bras long. — ☑ Avoir les dents (cit. 20) longues. ☑ Avoir la mine longue, le nez long. ⇒ Allongé.
6 Une poule qui trouve un couteau, un voleur qui trébuche sur un gendarme, une souris qui, par mégarde, pose la patte sur un chat, n'ont pas la mine plus longue que Maître Lagatut.
Loti, Mon frère Yves, XXXIV.
♦ (Opposé à large). || Objet de forme longue. ⇒ Barlong, oblong. || Cou (cit. 2), nez long et mince. || La belette au corps long et fluet (→ Étroit, cit. 1). — (Personnes). || Une belle fille longue et svelte. ⇒ Élancé (→ Couturier, cit. 1). — Personne longue et maigre. — ☑ (Déb. XXe). Loc. Être long comme un jour sans pain (→ Escogriffe, cit. 2; et aussi bringue, échalas, perche).
7 Mademoiselle Baptistine était une personne longue, pâle, mince, douce (…)
Hugo, les Misérables, I, I, I.
8 Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, Tableaux parisiens, XCIII.
9 Il est long comme un jour sans pain et maigre comme carême-prenant.
M. Constantin-Weyer, Source de joie, II.
3 (Fin XIIe). || Long de (telle grandeur). Qui a telle dimension, dans le sens de la longueur. || Territoire long de trois cents (cit. 2) lieues. — Fam. || Nez long d'une aune, d'une toise.
10 (…) des bosquets de palmistes élèvent çà et là leurs colonnes nues, et longues de plus de cent pieds (…)
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 96.
♦ (Dans des comparaisons, ou avec trop). || Le sanglier a la hure (cit. 2) plus longue que le cochon. || La girafe (cit. 1) a les pattes antérieures plus longues que les pattes postérieures. || Elle s'habilla d'une robe plus longue (→ Convenablement, cit.). — Trop long. || Capote (cit. 1) trop longue. || Jupe trop longue (→ Fixer, cit. 14) qui dépasse le manteau. || Des cheveux trop longs. — Moins long : plus court.
11 (…) elle mit le costume de crêpe marocain marron, fait sur mesure, ample pour masquer la taille, trop long par précaution (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 473.
♦ Fig. || De trop longs épisodes (cit. 3). — (1538). Par métonymie. || Écrivain trop long, qui s'étend trop sur son sujet.
12 (…) un livre, même le meilleur, est toujours trop long, et (…) si bref que soit un écrivain, — ce qui n'était pas le cas de Daudet — il en dit toujours trop.
Paul Léautaud, le Théâtre de Maurice Boissard, XXVII.
13 (…) j'avoue que Hugo est trop long pour moi, presque toujours. Je le lis en courant, et même j'en passe. Je vois trop où il va (…)
Alain, Propos, 26 août 1911, Hugo et Stendhal.
♦ (1740). || Prendre le chemin le plus long, et, ellipt. (n. m.), prendre le plus long, prendre au long : « se servir des moyens les moins propres à faire réussir promptement ce qu'on a entrepris » (Académie). → Le chemin des écoliers.
♦ Spécialt (en parlant d'une étendue linéaire ou pratiquement considérée comme telle). || Axe long de 36 mètres (→ Arène, cit. 7). || Circonférence longue de 2 mètres. — Par ext. || Parcours trop long que l'on divise en plusieurs étapes (cit. 6).
14 La rue de la Chanvrerie n'était guère longue que d'une portée de carabine.
Hugo, les Misérables, IV, XII, II.
4 (1694). Opposé à épais. Cuis. || Sauce longue, trop claire, trop délayée. → Allonger une sauce. — (1845). Techn. || Pâte longue : pâte ou matière molle qui s'étire facilement.
B Dans le temps.
1 (Xe). En général antéposé, en épithète.
♦ (Le subst. désigne une durée.) Qui a une durée très étendue, qui dure longtemps, beaucoup de temps. || Il demeura un long moment dans cet état. ⇒ Longtemps. || Disque microsillon de longue durée. || Long intervalle (cit. 15) de temps. || Longue durée de la vie. ⇒ Longévité (→ Grandeur, cit. 1). || Une longue vie commune (→ Formule, cit. 20). — De longues nuits d'hiver, de longs jours d'été. || Un long hiver [lɔ̃kivɛʀ]; cour. [lɔ̃givɛʀ]. || Une longue période de chaleur (cit. 3). — (Attribut). || Il s'en tirera, mais ce sera long (→ Handicaper, cit. 2). || Ce ne fut pas long. || Attendez-moi ici, ce ne sera pas long, j'en ai pour une minute.
15 Après cela, durant un long moment, il n'y eut dans la pièce que le murmure de deux souffles réguliers (…)
É. Estaunié, l'Appel de la route, p. 226.
16 Au mois de juin, les jours ont beau être longs, Berthe avait allumé la grosse ampoule sans abat-jour du plafond.
P. Nizan, le Cheval de Troie, I, III.
♦ Le jour le plus long.
♦ (Le subst. désigne une action). || Un long voyage (→ Accompagnement, cit. 4; essuyer, cit. 8). || Un long silence (→ Aimer, cit. 20). || Longue maladie. || Être essoufflé (cit. 2) par une longue montée. || Longue attente, longue expectative (cit. 2). || Long jeûne (cit. 6). || De longs travaux (→ Gagner, cit. 20). || De longues luttes. || Le fruit (cit. 46) de longues réflexions. || Longues courses (cit. 9 et 10). || Longues séances. ⇒ Interminable. || Attacher (cit. 29) de longs regards sur qqn. || Longs baisers (cit. 23).
17 Immobile, saisi d'un long étonnement,
Je l'ai laissé passer dans son appartement.
Racine, Britannicus, II, 2.
18 (…) je l'ai conquise (cette initiation) à force de réflexions, au prix de longs efforts.
Renan, Souvenirs d'enfance…, II, I, Œuvres, t. II, p. 755.
♦ Long espoir (cit. 6 et 8). || Après de longues angoisses (cit. 9). — Par métonymie. || Le génie (supra cit. 35) est une longue patience.
19 Le regard de ce vieil homme sombre est plein d'attention fugitive et de longue mélancolie (…)
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », III.
♦ (V. 1050; en parlant des œuvres de l'homme et eu égard au temps nécessaire pour les réaliser, les élaborer, les exécuter, en donner ou en prendre connaissance… → aussi ci-dessus : A., 1., rem.). || Un long discours (→ Aussi, cit. 56). || Les longues symphonies de Mahler. || N'avoir pas le loisir d'écrire une longue lettre (cit. 20). || Écouter de longues morales (→ Catéchisme, cit. 4).
20 Au cours de cette longue et minutieuse correspondance, on assiste, de jour en jour, au spectacle émouvant de ce pénible enlisement d'une âme d'élite (…)
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 337.
♦ (1538). Par métonymie. (Personnes; en attribut). || Évitez d'être long. || Vous avez été trop long. ⇒ Bavard, prolixe.
♦ Qui dure longtemps et ne se répète pas souvent (au plur.). || À longs intervalles. ⇒ Loin (de loin en loin). || De longues oscillations. || Boire, humer à longs traits. || Respirer à longues goulées (cit. 2).
♦ (V. 1050). Spécialt. Qui semble durer longtemps, qui paraît n'en plus finir (opposé à bref, court). || On trouve cette scène longue et froide (1. Froid, cit. 25). — (XXe). || Trouver le temps long, les jours longs. ⇒ Mortel. || Jamais les jours ne lui semblèrent si longs (⇒ Durer; → Impatience, cit. 10). || La vie paraît trop longue à notre ennui (cit. 15). ⇒ Siècle. || Désœuvrement (cit. 2) qui fait paraître les heures longues. || Les soirées d'hiver étaient longues (→ Abréger, cit. 8).
21 Pensez-donc ! Venir s'enfermer au phare pour son plaisir !… Eux qui trouvent les journées si longues, et qui sont si heureux quand c'est leur tour d'aller à terre…
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Le phare des Sanguinaires ».
♦ (XIVe, ditongue longue). Ling., rhét. || Syllabe, voyelle longue, et subst. (1627), une longue : syllabe, voyelle qu'on prononce plus lentement qu'une brève. || E est long dans gêne et bref dans nez.
21.1 Ô spondée du silence étiré sur ses longues.
Saint-John Perse, Éloges, IX.
♦ Par métaphore :
21.2 L'amour n'était pas cette brève rencontre entre deux épidermes, mais une laborieuse façon d'user son temps ensemble, avec ses brèves et ses longues, ses déliés et ses pleins, ses saisons, ses heures vides — ce qu'on appelle « amour » en Europe.
Régis Debray, l'Indésirable, p. 94.
2 (1664). Qui remonte loin dans le temps, dans le passé; qui date de loin. ⇒ Ancien. || Un long passé. || Une longue histoire (→ Habile, cit. 4). || Une longue habitude (cit. 30). ⇒ Vieux. || Une longue pratique (→ Génération, cit. 18). — ☑ Loc. De longue date, de longue main (1215). ⇒ Longtemps (depuis).
3 (1250). Éloigné dans l'avenir. ⇒ Lointain. — (Dans des constructions avec à). || Bail à long terme. || À longue échéance (cit. 5). || Assignation à longs jours.
♦ ☑ Loc. adv. À la longue : avec le temps, après beaucoup de temps. || À la longue, il devint un de leurs familiers (cit. 19). || Il s'y fera (cit. 242) à la longue. ⇒ Finalement. || Je me suis convaincu (cit. 6) à la longue. || À la longue, on finit par être excédé (cit. 16) de tout cela.
22 (…) tu t'es dit sans doute que, le temps venant, les jours s'écoulant, ma douleur allait passer, que je me consolerais à la longue de la mort de mon père (…)
Flaubert, Correspondance, 107, 5 avr. 1846.
4 ☑ (1552). Long à : lent. || Feu long à s'éteindre (cit. 24). || Idée qui n'est pas longue à venir à l'esprit (→ Jaloux, cit. 21). || Ces arbres sont longs à pousser (Académie). ⇒ Tardif. — Fam. || C'est long à venir, cette réponse (→ Mettre du temps). — (Personnes). || Enfant long à trouver sa voie (→ Aptitude, cit. 10). || Être long à s'habiller (cit. 12), prendre trop de temps, perdre du temps à…
23 Je monte. Donne tes ordres. Ne sois pas trop longue. Quelle est la chambre où je vais t'attendre ?
Cocteau, l'Aigle à deux têtes, III, 6.
5 (Fin Xe). || Long de; plus, moins long : qui est de telle durée. || Cycle long d'un cinquantième de seconde. || Dans un mois, les jours seront plus longs de 30 minutes. ⇒ Allonger. || Rendre plus longue la vie des hommes (cit. 15). || Facteur (cit. 11) qui aura une tournée moins longue.
24 Le jour me semble aussi long qu'une année,
Quand je ne vois l'éclair de vos beaux yeux.
Ronsard, Pièces retranchées, 7e livre des poèmes, Sonnet II.
25 Je pourrais tout gâter par de plus longs récits.
La Fontaine, Fables, XII, À Mgr le Duc de Bourgogne.
26 Vinrent juin et les plus longs jours (…)
Colette, la Chatte, p. 67.
C (Dans l'espace ou le temps, avec une valeur emphatique; surtout au plur.). || Griffonner (cit. 5) de longues pages. || De longs tourments (→ Insensé, cit. 9). || Couler à longs flots. ⇒ Abondant. || De longues heures, de longues années (→ Accumuler, cit. 3; appliquer, cit. 26), de longs siècles (→ Archéologie, cit. 2), de longs mois (→ Argile, cit. 8; joie, cit. 30). — Une longue après-midi durant. ⇒ Entier, tout (→ Fracture, cit. 4).
27 (…) des secrets pour étendre la vie à de longues années (…)
Molière, le Malade imaginaire, III, 3.
28 Et ce foyer chéri ressemble aux nids déserts
D'où l'hirondelle a fui pendant de longs hivers.
Lamartine, Harmonies…, III, XXVI.
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II N.
A N. m. (1165).
1 (Précédé de au, de, en). || Table de 1 m 20 de long sur 0 m 80 de large. ⇒ Longueur.
29 (…) nous quittâmes le chemin pour visiter une citerne (…) elle a trente-trois pas de long sur trente de large (…)
Chateaubriand, Itinéraire…, III, p. 273.
♦ ☑ (1464). Loc. Tomber de son long, de tout son long, en s'allongeant par terre. ⇒ Étaler (s'). || Couché (cit. 23), étendu (→ Bord, cit. 11) de tout son long, tout de son long.
30 Et dessus l'herbe à terre, s'étendit
Tout de son long (…)
Clément Marot, les Métamorphoses d'Ovide, II.
31 (…) comme Buteau rentrait à l'improviste, il aperçut Fouan par terre, étendu de tout son long sur le ventre (…)
Zola, la Terre, V, I.
32 Il dut tomber de tout son long, le front sur une marche, puis rebondir de là jusqu'en bas en deux énormes culbutes (…)
J. Green, Adrienne Mesurat, I, XIV.
♦ ☑ Loc. adv. De long; en long : dans le sens de la longueur. || Hommes : 40. Chevaux (en long) : 8, inscription à l'usage de l'armée sur les wagons de marchandises. — (1660). || Tracer un trait de long. ⇒ Ligne. — (1680). || Scier, scieur de long. — (1673). || Coupe pratiquée en long. ⇒ Longitudinal. || Barbe qui pousse en long (→ Dresser, cit. 2). || Profil en long d'une voie ferrée. — ☑ (1867). Loc. fam. Avoir les côtes en long : être très paresseux ou très fatigué.
♦ ☑ (1811; de lon en lé, 1216; de lon, de lé, v. 1155). De long en large; (1676; en lonc ou en lé, 1230) en long et en large. ⇒ Large (cit. 16 et 17; → aussi Exercice, cit. 24; journée, cit. 2).
♦ ☑ (Fin XIIe). Vx. De long en long.
♦ ☑ (1256). Au long, tout au long, tout du long. ⇒ Complètement (→ Assistance, cit. 1). || Il ne pourra jamais lire tout du long cet insipide roman. || Racontez-moi cela tout au long, en détail, par le menu. ⇒ Longuement.
33 Aurais-je (…) Écouté tout au long l'offre de votre cœur (…)
Molière, Tartuffe, IV, 5.
34 Que n'aurai-je pas donné pour pouvoir dire au long cette fameuse règle des participes, bien haut, bien clair, sans une faute !
Alphonse Daudet, Contes du lundi, La dernière classe.
2 ☑ Loc. prép. (XIIIe). Au long de, le long de, tout le long de, tout du long de : en suivant sur toute la longueur (de), en suivant sur une certaine étendue le bord (de). || Aller le long de… ⇒ Côtoyer. || Au long, le long des routes. || Le long d'une rivière (→ Arroser, cit. 3; contrebas, cit. 2), d'un clair (cit. 7) ruisseau. || Habiter le long du Rhin (→ 1. Franc, cit. 1). || Fougères (cit. 2) qui s'étalent au long des pentes. ⇒ Longer (3.). || Cheveux, mèches folles (1. Fou, cit. 52) qui descendent au long des joues, le long des oreilles. ⇒ Border. — Flâner le long des rues, des haies, tout le long de la route. ⇒ Longer, 2. (→ Errance, cit. 3; gauche, cit. 12; hêtre, cit. 1). || Se couler (cit. 34) le long d'un mur. || Âne (cit. 5) qui monte le long des chemins. || L'eau coule (cit. 3) le long des trottoirs. || La sueur qui coule tout le long du corps (→ Glacer, cit. 10).
35 Le long des rues, des quais, des ponts, des boulevards, la foule criait à la foule : À la Bastille (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., I, VII.
36 — Donc, par ce lent sentier de rosée et de thym,
Cheminons vers la ville au long de la rivière,
Sous les frais peupliers, dans la fine lumière.
Verlaine, Sagesse, III, XX.
37 Nous avons pensé des choses pures
Côte à côte le long des chemins,
Nous nous sommes tenus par les mains
Sans dire (…) parmi les fleurs obscures.
Valéry, Poésies, Vers anciens, « Le bois amical ».
38 Les feux des réverbères naissent un à un le long de la rue (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XV, p. 149.
♦ (Dans le sens de la hauteur). || Se hisser, grimper le long d'un mur, d'un mât (→ Agileté, cit. 2). || Arbre qui pousse le long d'un mur (→ Entamer, cit. 6).
39 (…) il ouvrit la fenêtre et regarda : plus de huit mètres le séparaient du sol. Se laisser glisser le long du mur était impossible, la pierre ne présentait aucun relief (…)
J. Green, Léviathan, II, XIV.
♦ (V. 1175; dans le temps). Durant, pendant toute la durée (de). || Expérience acquise (cit. 18) au long d'une carrière. || Tout le long du jour, du trajet. ⇒ aussi Longueur (à longueur de…).
40 L'Europe (…) n'a plus d'autre espoir que de rassembler, un à un, au long des années, les solitaires qui marchent vers l'unité.
Camus, l'Homme révolté, p. 346.
B N. f. || Longue. → ci-dessus supra cit. 21.1; supra cit. 22 (à la longue). — (Mil. XXe). Jeu de boules provençal où le cochonnet est placé plus loin qu'à la pétanque.
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III Adv. (1050, longes « longuement »). Avec quelques verbes.
1 ⇒ Beaucoup. || Son attitude en dit long. || Voilà qui en dit long. — (V. 1700). || En savoir long. ⇒ Instruire (être instruit). || Il en connaît long (→ fam. Un bout), bien plus long que moi là-dessus (→ Inférieur, cit. 5). || Gamine précoce qui en sait déjà long. || Le désir d'en savoir, d'en apprendre plus long.
41 (…) il fallut que Fouan leur imposât silence, solennel, d'une gravité triste, en vieil homme qui en connaît long, mais qui n'en veut rien dire.
Zola, la Terre, I, V.
2 (1499). Avec un vêtement long. || Femme habillée trop long. — Littér. (devant un p. p. adj.). || Long vêtu(e).
42 Bien des sénoras long voilées.
A. de Musset, Premières poésies, « Madrid ».
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CONTR. Court, large. — Bref, instantané. — (En parlant du style) Compendieux, concis, laconique, lapidaire, succinct.
DÉR. et COMP. Longe, longer, longeron, longotte, longtemps, longue, longuet, longueur. V. Longanime, longévité, longitude, longrine. — Barlong, oblong. Allonger, élonger, forlonger, prolonger, rallonger. Long-courrier, long-jointé. Longue-vue.
Encyclopédie Universelle. 2012.