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malade

malade [ malad ] adj. et n.
• 1126 n.; malabde 980; lat. male habitus « qui se trouve en mauvais état »
I Adj. (1155)
1Dont la santé est altérée; qui souffre de troubles organiques ou fonctionnels. Il est bien malade; gravement, sérieusement malade. atteint, 3. mal. Être très malade. Loc. Malade comme une bête, un chien, à crever. Se sentir malade, un peu malade. indisposé, fam. patraque, souffrant (cf. fam. Mal en point, mal fichu). « À force de se croire malade, on le devient » (Proust). Une personne très délicate, toujours malade. chétif, maladif, malingre, valétudinaire. Être malade du cœur (cf. Insuffisant cardiaque). Tomber malade. Être malade en bateau : avoir la nausée. Ne bois pas cette eau, tu vas te rendre malade. Soldat qui se fait porter malade. arg. milit. pâle, raide. Spécialt, fam. fou. T'es pas un peu malade ? Il est complètement malade, ce type ! (cf. Ça ne va pas, la tête ?).
Par exagér. Être malade d'inquiétude, de jalousie. « On est malades de rigoler ! » (Colette). Fam. J'en suis malade, cela me rend malade rien que d'y penser : j'en suis contrarié (cf. En faire une maladie, une jaunisse).
2(Plantes) Arbre, plante malade. La vigne est malade cette année.
3(1640) Fam. Détérioré, en mauvais état (objet). La reliure de ce livre est bien malade.
4Déréglé dans ses fonctions ou altéré dans sa constitution. Cœur malade. Intestins malades. dérangé. Dent malade. gâté. Fig. « La conscience malade, voilà le théâtre de la fatalité moderne » (Suarès).
5(1549) Dont l'activité, le fonctionnement sont gravement compromis. Entreprise, secteur malade, qui végète, périclite. La société est bien malade.
II N. Personne malade. Malade qui garde la chambre, le lit, est alité. Demander des nouvelles d'un malade. Le malade va mieux, récupère. Le malade est bien bas, est condamné, perdu. moribond. Un grand malade. aussi infirme, invalide. Soigner, traiter un malade dans une clinique, un dispensaire, un hôpital, une infirmerie. Médecin qui visite, suit ses malades. Guérir, opérer une malade. patient. Interner un malade mental. aliéné, fou; handicapé. C'est un malade. désaxé, détraqué. — MALADE IMAGINAIRE : personne qui se croit malade, mais ne l'est pas. ⇒ hypocondriaque. « Le Malade imaginaire », comédie de Molière.
Fam. Comme un malade : autant qu'il est possible. Il travaille comme un malade (cf. Comme une bête, comme un fou).
⊗ CONTR. Dispos, portant (bien portant). 1. Sain.

malade adjectif (latin male habitus, qui est en mauvais état) Se dit d'un être vivant qui souffre d'une maladie : Un cheval malade. Un arbre malade. Se dit d'un organe qui est touché, atteint par la maladie : Une dent malade. Qui éprouve un malaise, qui a en particulier la nausée : Être malade en voiture. Qui se sent mal physiquement ou psychologiquement : J'étais malade de le voir dans cet état. Qui est troublé dans ses facultés intellectuelles, morales ou dans ses sentiments : Esprit malade. Familier. Qui est en piteux état : Un livre bien malade. Qui n'est pas prospère, ne fonctionne pas au mieux : La France malade de l'inflation. Familier. Fou : Tu n'es pas malade de crier comme ça !malade (citations) adjectif (latin male habitus, qui est en mauvais état) Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu meurs de ce que tu es vivant. Essais, III, 13 Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 Je n'ai plus que deux affaires : l'une de savoir être malade, l'autre de savoir mourir. Mes pensées Joseph d'Arbaud Meyrargues 1874-Aix-en-Provence 1950 Dans le corps malade, l'âme se sent toute seule. Dins lou cors malaut l'amo se sènt souleto. Le Laurier d'Arles malade (expressions) adjectif (latin male habitus, qui est en mauvais état) Familier. Malade à crever, comme un chien, très malade. Familier. Se faire porter malade, feindre une maladie pour échapper à une corvée. L'homme malade, nom donné à l'Empire ottoman avant la Première Guerre mondiale. ● malade (synonymes) adjectif (latin male habitus, qui est en mauvais état) Se dit d'un être vivant qui souffre d'une maladie
Synonymes :
- indisposé
- mal fichu (familier)
- patraque (familier)
- souffrant
Contraires :
- dispos
- sain
Qui se sent mal physiquement ou psychologiquement
Synonymes :
- retourné
- révolutionné (familier)
- secoué
- traumatisé
Qui est troublé dans ses facultés intellectuelles, morales ou dans...
Synonymes :
- cinglé (familier)
- dérangé (familier)
- désaxé
- maboul (populaire)
- perturbé
- piqué (familier)
- sonné (populaire)
- timbré (familier)
- toqué (familier)
malade adjectif et nom Familier. Qui est très entiché de quelque chose ; fou : Ce sont des malades du golf.malade nom Personne dont la santé est altérée. ● malade (citations) nom Guillaume Bouchet, sieur de Brocourt Poitiers 1513-1594 Je voudrais […] que l'on fît comme en un certain pays, là où si les malades meurent, on fait payer les médecines à leurs médecins. Les Sérées Eugène Ionesco Slatina 1912-Paris 1994 Un médecin consciencieux doit mourir avec le malade s'ils ne peuvent pas guérir ensemble. La Cantatrice chauve Gallimard Charles Hubert Millevoye Abbeville 1782-Paris 1816 Triste et mourant à son aurore Un jeune malade, à pas lents, Parcourait une fois encore Le bois cher à ses premiers ans. Élégies, la Chute des feuilles Jules Romains, pseudonyme littéraire devenu ensuite le nom légal de Louis Farigoule Saint-Julien-Chapteuil, Haute-Loire, 1885-Paris 1972 Académie française, 1946 Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent. Knock ou le Triomphe de la médecine, I, Knock Gallimard Jules Romains, pseudonyme littéraire devenu ensuite le nom légal de Louis Farigoule Saint-Julien-Chapteuil, Haute-Loire, 1885-Paris 1972 Académie française, 1946 Malgré toutes les tentations contraires, nous devons travailler à la conservation du malade. Knock ou le Triomphe de la médecine, I, Knock Gallimard Horace, en latin Quintus Horatius Flaccus Venusia, Apulie, 65-Rome ? 8 avant J.-C. Comme les rêves d'un malade. Velut aegri somnia. Art poétique, 7 Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski Moscou 1821-Saint-Pétersbourg 1881 Le criminel, au moment où il accomplit son crime, est toujours un malade. Crime et Châtiment, III, 5 malade (expressions) nom Grand malade, personne gravement malade. ● malade (synonymes) nom Personne dont la santé est altérée.
Synonymes :
- patient

malade
adj. et n.
rI./r adj.
d1./d (Personnes) Qui éprouve quelque altération dans sa santé. Tomber malade.
Par exag. être malade de chagrin, d'anxiété.
|| Spécial. Qui éprouve des troubles mentaux. Esprit malade.
d2./d (Parties du corps.) Dont l'état ou le fonctionnement est altéré. Un poumon malade.
d3./d (Animaux, végétaux.) Qui est atteint par une maladie. Cheval malade. Des arbres malades.
d4./d Fig., Fam. En mauvais état. Une voiture bien malade. Une économie malade.
d5./d (Belgique) Fig., Fam. Il fait malade: le temps est orageux.
rII./r n. Personne malade.

⇒MALADE, adj. et subst.
I.Emploi adj.
A. — 1. [En parlant d'une pers.] Dont la santé est altérée; qui est atteint d'une maladie, qui éprouve un malaise. Synon. indisposé, souffrant, en mauvaise santé; anton. bien portant, en bonne santé. Elle avala un verre d'eau où elle avait fait tremper une poignée d'allumettes, ce qui la rendit horriblement malade , sans la tuer (ZOLA, Nana, 1880, p. 1452). Je sortais d'un dispensaire, j'avais joué avec des enfants malades, sans répugnance pour leurs plaies, toute douce et toute attendrie (BERNSTEIN, Secret, 1913, III, 3, p. 35). Sa voisine de chambre était gravement malade, (...) elle avait un cancer (...), elle allait mourir (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 38):
1. L'Amiral n'avançait guère, il se traînait plutôt, en ronronnant, d'un roulis vers l'autre. Ce n'était plus un voyage, c'était une espèce de maladie. Les membres de ce concile matinal, à les examiner de mon coin, me semblaient tous assez profondément malades, paludéens, alcooliques, syphilitiques sans doute...
CÉLINE, Voyage, 1932, p. 144.
SYNT. Être incurablement, légèrement, réellement, sérieusement malade; être bien malade; être trop malade (pour faire qqc.); être malade comme une bête, comme un chien, à mourir; avoir l'air malade; se croire, se rendre, se sentir malade; manger, rire à s'en rendre malade.
Tomber malade. Devenir malade. — (...) Si tu te voyais! Tu es blême!Tu me fais peur, tu vas tomber malade... — C'est des idées que tu te fais, je vais très bien. Évidemment, je suis fatiguée (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 72).
ARM. Se faire porter malade. Se faire inscrire comme malade. Synon. fam. se faire porter pâle. Pendant l'hiver de 1917, quand j'étais prisonnier, la nourriture était si mauvaise que tout le monde est tombé malade. Naturellement, je me suis fait porter malade comme les autres: mais je n'avais rien (SARTRE, Nausée, 1938, p. 137).
Fam. Se déclarer malade (sans l'être forcément). Elle crut que Paul l'avait prise en grippe et la fuyait. Le lendemain, elle se fit porter malade, se coucha et dîna dans sa chambre (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 144).
Expr. iron., fam. et vieilli
Le voilà, vous voilà bien malade. ,,Il se plaint, vous vous plaignez injustement`` (Ac., LITTRÉ).
Est bien malade qui en meurt. ,,Pour se moquer d'un danger qui menace plusieurs personnes et dont on croit pouvoir se tirer sans peine`` (Ac. 1878).
Il ne mourra que les plus malades. ,,Pour nier ou narguer un danger``(Ac. 1878).
Malade + compl. prép.
♦[Le compl. désigne ce qui rend qqn malade]
Malade + subst. déterminé ou non. Malade de/par suite de (la) chaleur, de/du froid. Il a été trois jours malade du plaisir qu'il avait pris à cette soirée (DUMAS père, Lorenzino, 1842, II, 4, p. 239). Ma femme étant dans son lit, malade par suite des fatigues que je lui ai données, je veux vous envoyer moi-même de mes nouvelles (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1850, p. 104). Françoise dépensait dans ces allées et venues une telle ardeur que maman voyant sa figure enflammée craignait que notre vieille servante ne tombât malade de surmenage (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 445).
Malade + inf. La moitié des dames qui ont assisté au bal du prince sont dans leur lit, malades d'avoir eu froid en sortant (FLAUB., Corresp., 1865, p. 168).
♦[Le compl. désigne la nature de la maladie] Malade de la grippe, d'une dysenterie. Je suis inquiet de Théo. Je trouve qu'il vieillit étrangement. Il doit être très malade, d'une maladie de coeur, sans doute. Encore un qui s'apprête à me quitter (FLAUB., Corresp., 1872, p. 356). Au cas où il tomberait malade de la peste et en mourrait (CAMUS, Peste, 1947, p. 1306).
♦[Le compl. désigne l'organe, la partie du corps atteinte] Malade du coeur, du foie, de la moelle, des reins. Elle est malade de la poitrine et (...) elle a presque toujours la fièvre (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p. 78). Madame, qui est malade du ventre et ne peut avoir d'enfants, ne veut plus entendre parler de la chose (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 41). Tout est revenu. Des années venaient de passer d'un seul coup. J'avais été bien malade de la tête (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 215).
Pop. Malade du pouce. Avare ou paresseux (d'apr. FRANCE 1907). Fam. Il est malade du cerveau! Il est fou!
En partic. Dont les fonctions psychiques sont perturbées; p. ext., qui n'agit pas raisonnablement, qui ne parle pas, ne juge pas avec bon sens. Ah! ça, est-ce que tu es malade? Des femmes, il te faut des femmes, maintenant, et avec une gueule comme la tienne! (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 1re part., V, p. 54). — C'est affreux ce que vous dites là, Monsieur Georges. Il continue encore, tandis que je me tordais les mains: — Pourquoi est-ce affreux?... Mais non, ce n'est pas affreux... C'est juste. Tu me crois malade... Tu crois qu'on est malade, quand on a de l'amour (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900p. 141).
Malade d'esprit. V. âme ex. 118.
♦Qui est perturbé, dégoûté, attristé, qui éprouve un malaise plus moral que physique. Ça me rend malade de voir ça. Je hais le mensonge. Le moindre mensonge me rend malade (COCTEAU, Parents, 1938, II, 1, p. 231).
Malade + compl. prép. indiquant la cause du malaise.
[Le compl. est un subst.] Malade d'anxiété, de chagrin, de colère, de dégoût, d'envie, de fureur, de haine, d'incertitude, de jalousie, de peur, de tristesse. Charles d'Este, malade d'impatience allait faire quelque folie, lorsque la nouvelle de Sadowa bourdonna, grandit, éclata enfin (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p.38). Pourquoi ai-je consenti, puisque je ne vous aimais point?... Je ne puis pas me souvenir, j'étais si triste, si malade du départ d'Honoré (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 527). Il a vu une fois à Paris un film soi-disant andalou exécuté à Hollywood. Il a été obligé de quitter la salle, il n'a pas pu dîner, il était malade de souffrance, de rage, physiquement malade; il ne pouvait plus parler (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 462).
[Le compl. est un inf. introd. par de ou plus rarement par à] L'homme, par la fenêtre ouverte, montre tout Au roi pâle et suant qui chancelle debout, Malade à regarder cela! «C'est la crapule, Sire. Ça bave aux murs, ça monte, ça pullule (...)» (RIMBAUD, Poés., 1871, p. 55). Il se remit à rôder, malade de ne point la voir (ZOLA, Rêve, 1888, p. 92). Avec toi j'ai rencontré l'amour. Je l'aimais assez pour le lui cacher (...). Je l'aime assez pour être malade d'avoir à lui tirer ce coup de revolver à bout portant (COCTEAU, Parents, 1938, II, 1, p. 234).
2. [En parlant d'une partie du corps, d'un organe] Qui est atteint d'une maladie, dont la fonction est perturbée; qui est le siège d'une douleur. Corps, organisme malade; bras, épaule,jambe malade; coeur, estomac, foie, gorge, poitrine, poumon malade; bronches, dents malades. Vent d'est. Elle a été moins bien aussi. D'abord, la tête malade; puis son ventre enfla un peu et elle eut des hoquets (MICHELET, Journal, 1858, p. 392). Il a besoin de moi pour ne pas penser qu'il va mourir. Il a les reins très malades (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 310). V. acoquiner ex. 13:
2. Paul Alexis (...) a toujours les yeux bien malades: il ne peut plus lire et est maintenant obligé de dicter ses articles.
GONCOURT, Journal, 1894, p. 599.
♦[P. méton.] Quant au mari, la vue de plus en plus malade, il avait dû cesser tout travail de peinture (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 471).
En partic. Qui n'a plus toute sa raison. Cerveau malade. Lord Rochester, la retenant par sa robe: Francis, ne me dis pas adieu! Lady Francis: Il me tutoie! (...) A-t-il la tête un peu malade? (HUGO, Cromwell, 1827, p. 215). Ton esprit est tellement malade que tu ne t'en aperçois pas, et que tu crois être dans ton naturel, chaque fois qu'il sort de ta bouche des paroles insensées (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 159). Vous déparlez, je vous dis; vous avez la tête malade. Il n'y a pas de serpents dans votre main (GIONO, Colline, 1929, p. 32).
♦[P. méton., en parlant d'une faculté, d'un sentiment, d'une manifestation de la pers.] Qui dénote le manque de raison; qui a quelque chose d'anormal, d'excessif. Cette émotion flatta, démesurément Frédéric, dont l'orgueil était malade (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 53). Elle m'aime, pensai-je. Que ce soit un caprice de cette imagination blasée et malade, c'est probable. Mais enfin elle m'aime (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 69). Elle se renversa sur sa chaise pour rire plus à son aise, mais d'un rire énervé, malade, un de ces rires qui tournent en attaques de nerfs (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Cri d'al., 1886, p. 1063):
3. Quelqu'un voyait M. Barrault, l'instituteur, le collègue de mon grand-père, sous l'aspect d'un vieux pauvre. Quelque part, dans une tête, rôdait cette pensée malade et criminelle.
SARTRE, Mots, 1964, p. 63.
[En parlant d'un attribut de la pers.] Qui est inquiet, troublé, tourmenté. Esprit malade. La conscience de Hulot était si malade, qu'il trouva je ne sais quoi de sinistre et de froid dans la figure de Mitouflet (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 301). Je vous envoie mon coeur gonflé de vous, avide De vous, mon coeur malade et triste à se briser. Je vous envoie ma peine, et ma vie insipide, Mon tourment, mon désir, mes soirs éternisés (GÉRALDY, Toi et Moi, 1913, p. 105):
4.... Héloïse s'efforçait d'éteindre aux eaux de la piété des feux brûlants encore; mais la religion, impuissante à guérir cette âme malade, ajoutait à ses tourments. La tristesse, les regrets amers, les remords, un insurmontable amour, dévoraient les journées de cette pâle recluse...
TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 91.
♦[P. méton.] Qui est le fait d'un esprit tourmenté. Jeunes gens qui dormez de ce sommeil malade, (...) qui vous penchez aux lucarnes des villes afin de déchiffrer les énigmes nocturnes et de surprendre une réponse à votre appel (...) ne renoncez pas à vous réunir par petits groupes et à vous exprimer par des organes modestes (COCTEAU, Foyer artistes, 1947, p. 60).
3. [En parlant de l'aspect, du comportement de la pers.] Qui dénote la maladie, la faiblesse. La câline noire et jaune, essayée chez les dames Colin, va parfaitement à sa charmante distinction, mais la jaunit beaucoup et lui donne le teint plus malade (MICHELET, Journal, 1858, p. 435). De loin en loin ils croisaient quelque visage étranger aux traits creusés, au regard morne, la démarche lente et malade (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 202).
B. — 1. [En parlant d'animés non hum.] Qui est atteint de maladie.
a) [En parlant d'animaux] Si un de tes boeufs est malade, tu paieras les frais! (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 299):
5. ... elle revint, portant la couvée malade dans une corbeille garnie de duvet, qu'elle glissa précieusement sous l'édredon. (...) D'instant en instant, elle allait regarder dans le nid fiévreux, enlever un nouveau poussin mort pour l'empêcher de faire mourir les autres.
ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 302.
b) [En parlant de plantes] Sur les hauteurs pierreuses croissent de maigres froments, gravement malades cette année, et dont le grain éclate en poudre noire (SAND, Prom. autour vill., 1860, p. 97). Il y avait un châtaignier malade d'une décortication, auquel on avait mis pour pansement une bande de zinc clouée (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 476).
[P. méton.] Le maître a ces deux arpents, trois aux Rosaies et deux encore sur la route de Villers. Terre ramassée, vigne répandue. Quand une pièce est malade l'autre est sauve (HAMP, Champagne, 1909, p. 115).
P. ext. Qui n'a pas sa pleine vigueur. [Le] jardin (...) n'était qu'un petit enclos d'arbres grillés et d'herbe malade (NIZAN, Conspir., 1938, p. 9).
2. [En parlant d'inanimés]
a) [En parlant du vin] Qui a subi une altération. Souvent les vins jeunes, au lieu de se clarifier, ont une tendance à prendre un aspect louche et à revêtir les caractères d'un vin malade (BRUNET, Matér. vinic., 1925, p. 424).
b) [En parlant de perles, de pierres précieuses] Qui est altéré et, p. ext., qui n'a pas toutes ses qualités. Une bande d'un vert pâle comme celui des turquoises malades (HUYSMANS, Soir. Médan, Sac au dos, 1880, p. 113):
6. ... sa soeur, guérisseuse ou plutôt éplucheuse de perles, au doigté et au toucher prestigieux, renommée dans tous les ateliers, et on lui envoyait des tas de perles malades ou défectueuses de Paris, de Londres et de New-York.
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 81.
c) P. ext. [En parlant d'un objet] Qui est en mauvais état, détérioré. Navire, voiture (bien) malade; livre malade. J'en étais quitte pour quelques contusions et deux ou trois écorchures. Le plus malade était mon paletot (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 215). Un Grec de la grande époque n'eût pas compris la splendeur des arcs-boutants de Notre-Dame et n'y eût vu sans doute qu'un assez pauvre expédient destiné à sauver un édifice malade (GREEN, Journal, 1938, p. 130). Se détachant en noir sur les façades lépreuses, et d'autant plus malades que le soleil du matin les éclairait en plein (...) j'aperçus le pauvre clocheton ajouré des Accoules (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 57).
C. P. métaph. ou au fig. Qui n'est pas dans son état normal; qui est affaibli.
1. [Pour qualifier une époque, une société] Qui présente des signes de trouble, de désorganisation, qui a perdu le sens de certaines valeurs. Monde malade. Nous avons eu des orages nouveaux, des coups de pistolets, des velléités d'émeute! Notre société est de plus en plus malade. Et je n'entrevois plus de médecin (SAINTE-BEUVE, Corresp., 1841, p. 154):
7. ... il [Dieu] met à notre décharge, dans ses balances équitables, les superstitions et les incrédulités des époques où nous vivons. Nous vivons dans un temps malade: il le voit. Notre intelligence est blessée: il nous pardonnera, si nous lui donnons tout entier ce qui peut nous rester de sain.
JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 105.
♦[Malade + compl. indiquant la cause de la désorganisation] Si la France n'eût été malade du scepticisme, jamais assurément, dans son état normal, on ne lui eût fait accepter à elle, fille de Descartes et de Voltaire, l'amer breuvage des sibylles du Nord (QUINET, All. et Ital., 1836, p. 96).
En partic.
[En parlant de certains principes, de certains organes soc., de manifestations soc., de pers. représentant un certain pouvoir, de nations] Qui a perdu sa puissance, son autorité. Gouvernement, pouvoir malade; la gauche malade. La République avait le dessus partout, et l'on commençait à voir que, lorsqu'un peuple se lève pour défendre la justice, les despotes et ceux qui les soutiennent sont bien malades (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 67). Toute la terreur bourgeoise apparut, car l'antique et sainte propriété était bien malade, si les fils des durs paysans d'autrefois en arrivaient à mettre en commun leurs lopins de terre (ZOLA, Travail, t. 1, 1901, p. 272). Ça commence à aller assez mal, là-bas aussi. L'esprit des sympathisants est moins bon, des domestiques retournent à la niche (...). Les grèves malades, ça se soigne avec des victoires (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 59).
♦[En parlant d'une entreprise, de la pers. qui la représente] Dont les affaires vont mal. Léonce: Dites donc, mon père, hier, à la Bourse, il courait de mauvais bruits sur votre banquier, M. Turneps... On le dit malade... Blandinet: Ah! le pauvre homme!... j'irai lui porter ma carte. Léonce: Non!... malade... dans ses affaires! (LABICHE, Pts oiseaux, 1862, I, 2, p. 187). On cause que la banque Corcenet est malade (L. DAUDET, Médée, 1935, p. 120).
2. [Pour qualifier une pers., une faculté de la pers., certaines valeurs individuelles]
a) Qui a perdu sa force. Ma première idée fut d'user de mes jambes tandis que j'en avais encore la libre disposition. Mais il faut croire que ma volonté était bien malade, car il me fut impossible de mettre un pied devant l'autre (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 230). Puisque mes chefs jugent mon projet opportun, exécutable avec les moyens dont ils disposent, pourquoi ne passe-t-on pas à la réalisation? - Et il racontait ses démarches inutiles, le retour au Soudan avec son illusion malade, brisée, vivace quand même (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 260). Ces soldats dans mon genre dont l'idéal patriotique était simplement compromis ou tout à fait malade (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 77).
b) Qui a quelque chose de dénaturé, de perverti. Par l'acte seul de son amour immense, le verbe unit à lui notre nature malade, déchue, proscrite (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p.199). La Civilisation, dit Gandhi, l'est seulement de nom (...). Le vrai ennemi de l'Inde, c'est elle, bien plus que les Anglais qui, individuellement, ne sont pas méchants, mais malades de leur civilisation (ROLLAND, Gandhi, 1923, p.45). Surtout il [le jeune homme] n'ose regarder en face une bête forcenée en lui; il ménage, il flatte en secret cette chair malade qui communique de sa frénésie aux passions intellectuelles de l'adolescent (MAURIAC, Trois récits, 1929, p.22).
[En parlant de manifestations de l'activité intellectuelle] C'est le langage de 1940 que Parain étudie, non la langue universelle. C'est le langage aux mots malades, où «Paix» signifie agression, où «Liberté» veut dire oppression (SARTRE, Sit. I, 1947, p. 194).
3. [Pour qualifier une couleur, la lumière et, p. méton., ce qui a une telle couleur, une telle lumière] Qui n'a pas tout son éclat, pâle, faible. Vingt heures de nuit, quatre heures de jour, et d'un jour malade! Comment peindre? (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 6, 1863, p. 115). Ô Soleil! (...) À présent, nous voyons Un disque safrané, malade, sans rayons, Qui meurt à l'horizon (LAFORGUE, Poés., 1887, p. 38). Les volets verts — d'un vert déteint — alternaient avec les petits pavillons d'un ocre malade, les murs labourés d'inscriptions (CARCO, Équipe, 1919, p. 29).
[Pour parler du mauvais temps, d'un temps humide] Le jour était malade. Les gouttes longues sifflaient en passant (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1891, p. 90). C'est un soir malade. Le vent s'est élevé du Rhône. Un orage doit boucher le défilé de Mondragon (GIONO, Colline, 1929, p. 28).
4. [Pour qualifier une chose] Qui est malsain. Ils avaient vu laver des rougets dans l'eau malade des petits canaux si mornes et si doux (BARRÈS, Enn. Lois, 1893, p. 127). Les ruelles malades et nauséabondes (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p.220). J'peux pas. J'suis d'colombins! Il montre la pelle et le balai à l'aide desquels il accomplit le long des murs, penché dans une atmosphère malade, sa tâche de boueux et de vidangeur (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 86).
II. Emploi subst. Personne atteinte d'une maladie, d'un traumatisme:
8. ... pour beaucoup de médecins, la médecine n'est qu'une industrie. Le but, c'est d'avoir le plus de malades possible. Pinel disait: «Une maladie étant donnée, trouver sa place dans un cadre nosologique»; ces médecins disent: «Une malade ou un malade étant donnés, en tirer le meilleur profit possible.»
CL. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 181.
Malade + adj. À l'hôpital les médecins faisaient passer l'arme à gauche aux malades trop détériorés, histoire de ne pas se donner l'embêtement de les guérir (ZOLA, Assommoir, 1877, p.483). Oh! je serai une malade très docile, docteur, soumise comme un petit chien. Je passerai partout où il faudra, surtout si ce n'est pas trop douloureux (ROMAINS, Knock, 1923, II, 5, p. 13). Les dyspeptiques, bien étudiés par Régis, sont des malades chagrins, anxieux, hypocondriaques, passionnés (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 220).
SYNT. Un grand malade; malade condamné, incurable, intransportable, perdu, mortellement atteint; malade abattu, affaibli, agité, amaigri, épuisé; malade contagieux, fiévreux; malade angoissé, capricieux, courageux, exigeant, patient.
Malade imaginaire. Personne dont la maladie n'existe que dans son imagination. Au fig. Les négociants de Gênes voulurent voir quelque préméditation dans l'attitude du jeune consul, à qui l'héritière eût peut-être échappé s'il n'eût pas joué ce rôle de malade imaginaire en amour (BALZAC, Honorine, 1843, p. 316).
Malade mental. Personne dont les facultés psychiques sont perturbées. On présente au sujet des photographies très étudiées, dont chacune porte le visage d'un malade mental caractéristique d'une des «pulsions» de base dégagées par Szondi (MOUNIER, Traité caract., 1946p. 21).
Absol. Malade mental et, p. ext., personne qui ne se conduit pas raisonnablement. Ceux qui avaient connu Nathalie à Limoges et à Barbazac la considéraient comme une femme un peu légère, soudain touchée par la grâce (...) ou simplement comme une malade hantée d'idées fixes (CHARDONNE, Dest. sent., III, 1936, p. 173). À Sainte-Anne, un malade criait de son lit: «Je suis prince! Qu'on mette le Grand-Duc aux arrêts» (SARTRE, Mots, 1964, p. 173).
Malade + verbe ou loc. verb.
♦[Malade est suj. du verbe] Le petit malade touchait alors à la fin de sa convalescence, et, quoique privé de promenades, il déployait la gaieté d'un enfant en train de renaître à la vie (BOURGET, Disciple, 1889, p. 200). Le malade se lamenta: des élancements dans la nuque, des étouffements, l'envie de rendre (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 155):
9. Un malade avait manqué trépasser d'une typhoïde que le médecin n'avait pas su reconnaître à temps. Il guérit néanmoins, puis d'aventure, s'alita de nouveau. Le médecin d'accourir (...) il entama une vigoureuse offensive contre la typhoïde. Malheureusement, ce coup-là, c'était l'appendicite, et le pauvre malade en creva.
J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 181.
SYNT. Le malade a des convulsions, des troubles digestifs, des frissons, une syncope, des nausées, la fièvre; le malade éprouve des douleurs, de la difficulté à respirer, un mal de tête; le malade est atteint de pneumonie, de tuberculose; le malade consulte (un médecin); le malade guérit, se remet; le malade délire, crache du sang, étouffe; le malade sombre dans le coma, dans le gâtisme; le malade agonise, périt, succombe.
[Malade est obj. du verbe] Après avoir tâté le malade dans tous les sens, le médecin déclara qu'il n'y avait rien de fracturé. La jambe seule était fortement contusionnée (THEURIET, Mar. Gérard, 1875, p. 188). Il examinait le malade: «Voulez-vous déboutonner votre chemise? (...) Comptez trente et un, trente-deux, trente-trois...» (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 196).
SYNT. Hospitaliser, isoler, opérer, panser, purger, saigner, soulager, ranimer, veiller, visiter un malade; guérir, sauver, soigner, traiter un malade; donner des soins à un malade; prendre soin du malade; condamner un malade; répondre d'un malade; mettre un malade en observation, à la diète; faire suivre un régime à un malade; faire la tournée des malades; administrer (les sacrements à) un malade.
Subst. + malade. Pâleur d'un malade; (être, se tenir, veiller au) chevet d'un malade; salle des malades (dans un hôpital); fantaisie(s) de malade. Malgré tous nos soins, l'état de la malade empirait: des symptômes aigus avaient succédé au marasme chronique. La fièvre redoublait, la tête était prise; les médecins appelaient cela une méningite (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.443). La tante Antoinette n'en finissait pas de mourir. Elle avait la méchanceté raffinée des très grands malades; elle occupait son interminable agonie de paralytique à ronger l'existence de sa fille Jeanne, qui la soignait et ne la quittait pas (NIZAN, Conspir., 1938, p.221). C'était là un caprice de malade, aisé à satisfaire (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p.136).
RELIG. Sacrement des malades. Synon. de extrême-onction. (Ds BOUYER 1963).
Malade de + subst. indiquant la nature, la cause de la maladie ou l'organe atteint. Les malades de l'estomac, du poumon, des reins. Il y a certains défauts qui préservent de quelques vices épidémiques: comme on voit, dans un temps de peste, les malades de fièvre quarte échapper à la contagion (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 29).
Au fig. Les malades d'amour, les trahis, les jaloux doivent sentir la même odeur (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 12).
Prononc. et Orth.: [malad]. Att. ds Ac. dep. 1694.Étymol. et Hist. 1. Fin Xe s. malabde «celui qui souffre d'une quelconque altération de la santé» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 463); 1155 malade (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 8070); 2. 1357 malade de «rendu malade par» ici fig. (GUILLAUME DE MACHAUT, Le Confort d'Am., 2140 ds Œuvres, éd. E. Hoepffner, III, 76: A cuers qui damours sont malades); 1471 malade de maladie (J. DE ROYE, Chron. scand., I, 760 ds IGLF); 3. 1549 «dont le fonctionnement est gravement compromis» ung proces bien malade (EST.); 4. 1552 «qui subit des perturbations» ma raison fut malade (RONSARD, Amours, LI, 5 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 4, p. 54); 1580 esprit malade (GARNIER, Antigone, 587 ds IGLF); 5. 1563 «(d'un animal ou d'une plante) dont l'organisme, les organes sont déficients» (B. PALISSY, Recepte, p. 42: les arbres ... sont malades en produisant). Du lat. d'époque impériale male habitus «qui est en mauvais état, malade» (MASURIUS SABINIUS, Fragm. ds AULU-GELLE, 4, 20, 11 ds TLL s.v. malus, 239, 31: equum male habitum), du lat. male, v. mal adv. et habitus part. passé de habere «être dans tel ou tel état»; le lat. class. aeger (post-class. aegrotus) a complètement disparu (cf. ital. malat(t)o, a. esp. malato). Fréq. abs. littér.: 10939. Fréq. rel. littér.: XIX s.: a) 13330, b) 18496; XXe s.: a) 16362, b) 15396. Bbg. FOERSTER (W). Étymol. rom. Malade. Z. rom. Philol. 1879, t. 3, pp.573-574. — QUEM. DDL t. 19. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p.92, 233, 314. — THOMAS (A.) Nouv. Essais 1904, p.22.

malade [malad] adj. et n.
ÉTYM. 1126, n.; malabde, 980; du lat. male habitus, proprt « qui se trouve en mauvais état ».
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I (1155). Adj.
1 Dont la santé est altérée; qui souffre de troubles organiques ou fonctionnels ( Maladie). || Être malade. || Il est bien malade, gravement, sérieusement malade. Atteint, mal; → Être en mauvais état, mal en point; fam. avoir du plomb dans l'aile; filer un mauvais coton. || Malade comme une bête, un chien; malade à crever, à mourir. || Tu as l'air malade. Incommodé, indisposé, souffrant. || Une personne très délicate, toujours malade. Chétif, maladif, malingre, valétudinaire. || Se sentir plus faible et plus malade que de coutume. Abattu, déprimé, dolent; fam. fichu (mal fichu), patraque (→ Faiblesse, cit. 3). — ☑ Loc. Tomber malade. || Ne buvez pas cette eau glacée, vous allez vous rendre malade. → Attraper du mal, prendre mal. ☑ Soldat qui se fait porter malade. (argot milit.) Pâle, raide.
1 J'ai été assez souvent malade; j'ai trouvé, sans leurs secours (des médecins), mes maladies aussi douces à supporter (…) qu'à nul autre (…) il ne me faut autres commodités, étant malade, que celles qu'il me faut étant sain.
Montaigne, Essais, II, XXXVII.
2 La santé de l'âme n'est pas plus assurée que celle du corps; et quoique l'on paraisse éloigné des passions, on n'est pas moins en danger de s'y laisser emporter que de tomber malade quand on se porte bien.
La Rochefoucauld, Maximes, 188.
3 Mais le pain (…) l'avait rendu malade, et pendant plusieurs semaines encore il lui fut impossible de toucher sans danger à un mets quelconque.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Mangeur d'opium », II.
4 À force de se croire malade, on le devient, on maigrit, on n'a plus la force de se lever (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, p. 61.
5 Le lendemain, elle se fit porter malade, se coucha et dîna dans sa chambre.
Cocteau, les Enfants terribles, p. 171.
6 Sans doute, ses traits tirés, la fièvre dont il frissonne chaque soir, montrent qu'il est malade (…)
R. Dorgelès, les Croix de bois, VI.
(1673). || Être malade du cœur, des reins; malade de la grippe, de la jaunisse (cit. 1).Spécialt, fam. || Malade du cerveau. Fatigué. || T'es pas un peu malade ? Fou; cinglé, dingue.
7 — (…) De quoi dit-il que vous êtes malade ? — Il dit que c'est du foie, et d'autres disent que c'est de la rate. — Ce sont tous des ignorants : c'est du poumon que vous êtes malade.
Molière, le Malade imaginaire, III, 10.
8 (…) ajoutez des nuances délicates, légèrement violacées qui révèlent un mal profond (…) Malade, profondément malade ! et à ne guérir jamais (…) Malade de cœur et de corps (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., III, VI.
(Mil. XIVe). Par exagér. || Être malade d'inquiétude, de jalousie… || Rire à en être malade.Fam. || J'en suis malade, cela me rend malade rien que d'y penser (→ En faire une maladie).
9 (…) la terre de la pluie, de la pluie éternelle, où l'homme est malade d'attendre la lumière, et où sa folie lui fait réclamer le soleil.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », I.
10 Quelle bombe, ma chère ! On leur passe de la bière sous le rideau, et des madeleines, on est malades de rigoler !
Colette, Mitsou, I.
Fig. || Société malade (→ Engourdir, cit. 17). || Un monde malade (→ Hérésie, cit. 7).
Hist. || L'homme malade : l'empire turc, au XIXe siècle.
11 Depuis son avènement il (le tsar Nicolas Ier) attendait l'heure d'ouvrir et de recueillir (…) la succession de celui qu'il allait appeler « l'homme malade ». Et voilà que les réformes d'Abdul-Medjid, l'énergie de Réchid pacha modifiant ses conditions d'existence, le malade se reprenait à la vie.
A. Malet, in Lavisse et Rambaud, Hist. générale du IVe s. à nos jours, t. XI, p. 199.
2 (1570). Animaux. || Oiseau malade (→ Aile, cit. 5). || Agneau malade (→ Avant-poste, cit. 1). || Vétérinaire qui soigne une bête malade.Les animaux malades de la peste, fable de La Fontaine (VII, 1).
12 « Mais, maman, Saha est malade ! Elle a mauvais poil, elle ne pèse rien… » Il berçait la chatte contre sa poitrine (…)
Colette, la Chatte, p. 73.
(Plantes). || Arbre, plante, graine (cit. 14) malade. || La vigne est malade cette année.
3 (1640). Fam. (Objets). Détérioré, en mauvais état, très usé. || De vieux bouquins à la reliure bien malade.
13 Le pourpoint déjà malade du poète (Gringoire) rendit le dernier soupir dans cette lutte.
Hugo, Notre-Dame de Paris, II, VI.
4 (1611). Déréglé dans ses fonctions ou altéré dans sa constitution. || Corps malade (→ Aller, cit. 111). || Gorge, poitrine malade (→ Brûler, cit. 25; faim, cit. 3). || Appliquer (cit. 3) une compresse sur un œil malade. || Intestins malades. Dérangé, fatigué. || Dent malade. Gâté.
(1549). Fig. || Guérir (cit. 13) un esprit malade. || Cœur bien malade, agité, troublé par quelque passion violente, et, spécialt, par l'amour (→ État, cit. 37). || L'âme malade du pécheur. || Orgueil malade (→ Genou, cit. 23).
14 Nos jugements sont encore malades, et suivent la dépravation de nos mœurs.
Montaigne, Essais, I, XXXVII.
15 La conscience malade, voilà le théâtre de la fatalité moderne.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », V.
5 (1549). Dont l'activité, le fonctionnement sont gravement compromis. || Entreprise, industrie malade, qui végète, qui périclite. || Le ministère est bien malade, il n'en a plus pour longtemps.
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II N. (V. 1130). Personne malade. (vx) Égrotant, grabataire. || Une malade. || Malade qui garde la chambre, le lit, qui reste au lit; malade alité. || Demander des nouvelles d'un malade (→ 2. Honoraire, cit. 5). || Malade qui va mieux, dont on espère la guérison (cit. 7). || Malade en piteux, triste état, dont l'état s'aggrave, empire, s'améliore. || État désespéré, fâcheux (cit. 3), satisfaisant, stationnaire d'un malade. || Malade qui traîne. || Le malade est bien bas, abandonné par les médecins, condamné, perdu. || Le malade est au plus mal, n'ira pas loin, ne passera pas la journée, est à la dernière extrémité ( Moribond), reçoit l'extrême-onction (cit. 2). || Un grand malade. aussi Infirme, invalide (→ Coudoyer, cit. 3). || Malade inopérable, intransportable.Malade qui tousse, expectore (cit. 1), qui geint (1. Geindre, cit. 3) sur son lit de douleur, de misère, qui connaît un moment de calme, de répit.Mauvaise mine, visage terreux, respiration saccadée (→ Intermittent, cit. 1), sommeil léthargique (cit. 1) d'un malade. || Malade exigeant (cit. 2), patient…Les malades du poumon.
(Dans le contexte des soins, de la médecine). || Assister, soigner les malades. Clinique, dispensaire, hôpital, infirmerie; médecine, soin (les, des soins), thérapeutique (→ Équiper, cit. 7; habit, cit. 19). || Mettre un malade en observation. || Guérisseur (cit. 3) qui traite un malade. || Guérir (cit. 2 et 3), sauver la vie d'un malade. || Opérer un malade. || Droguer, médicamenter, sustenter un malade. || Soulager, guérir un malade. || Mener un malade aux eaux (→ Languir, cit. 5). || Mettre un malade à la diète, au régime.Appeler qqn, être, veiller au chevet (cit. 5) d'un malade. || Prendre la garde (→ 1. Garde, cit. 17 et 20) auprès d'un malade. 3. Garde (cit. 1), garde-malade. || Transporter un malade sur un brancard, une civière, en ambulance. || Malade qui consulte un médecin, entre en clinique, en maison de santé, qui se présente à la consultation (cit. 5), qu'on évacue (cit. 7) à l'hôpital (cit. 2 et 3) Hospitaliser. || Isolement (cit. 7) des malades contagieux. || Désinfecter les maisons des malades en cas d'épidémie (cit. 4).
Un, les malades d'un médecin. Client, patient. || Médecin qui visite, suit ses malades.
16 (…) le traitement sera d'autant plus difficile, que la malade refuse avec obstination toute espèce de remèdes : c'est au point qu'il a fallu la tenir de force pour la saigner (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, CXLVII.
17 Les médecins qui ont exercé ne voient que la maladie; moi, je vois encore le malade (…)
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 1065.
18 (…) la femme n'est pas seulement une malade, mais une blessée.
Michelet, la Femme (→ Femme, cit. 6).
19 C'est l'heure où les douleurs des malades s'aigrissent ! La sombre Nuit les prend à la gorge (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Tableaux parisiens », XCV.
20 Je fis asseoir la malade en bas de l'escalier dans le vestibule, et je montai prévenir ma mère. Je lui dis que ma grand-mère rentrait un peu souffrante, ayant eu un étourdissement.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VII, p. 174.
21 (…) cette distance du chemin de fer est excellente pour la fidélité de la clientèle. Les malades ne vous jouent pas le tour d'aller consulter au chef-lieu.
J. Romains, Knock, I.
22 (…) la pathologie a jusqu'à présent (…) peu retenu ce caractère qu'a la maladie d'être vraiment pour le malade une autre allure de la vie. Certes la pathologie est en droit de suspecter et de rectifier l'opinion du malade qui croit savoir aussi, du fait qu'il se sent autre, en quoi et comment il est autre. Parce que le malade se trompe manifestement sur ce second point, il ne s'ensuit pas qu'il se trompe aussi sur le premier.
G. Canguilhem, Essai sur les problèmes concernant le normal et le pathologique, p. 49.
Malade imaginaire : personne qui se croit malade mais qui ne l'est pas.Le Malade imaginaire (1673), comédie de Molière.
23 Dès que l'on a un souci on perd le sommeil. Voilà donc notre malade imaginaire qui passe des nuits à écouter sa respiration, et ses journées à raconter ses nuits… Voilà un neurasthénique de plus.
Alain, Propos, 30 mai 1907, Sollicitude.
Malade mental : personne qui souffre d'une maladie mentale. Fou (cour.), psychopathe (didact.). || Interner (cit. 1) un malade mental.
Ellipt. || C'est un malade, un détraqué (→ Hérédité, cit. 16).
CONTR. Dispos, portant (bien portant). — Sain.
DÉR. Maladie, maladif, maladrerie.

Encyclopédie Universelle. 2012.