1. marche [ marʃ ] n. f.
• 1080; germ. °marka
♦ Anciennt Province frontière d'un État, et spécialt District militaire établi sur une frontière. Les marches de Lorraine.
marche 2. marche [ marʃ ] n. f.
• 1359; de marcher
I ♦ Endroit où se pose le pied.
1 ♦ (1514) Vén. Trace d'un animal. Marches du cerf, de la loutre.
2 ♦ (1528) Cour. Surface plane sur laquelle on pose le pied en franchissant d'un pas, dans le cas de marches pleines ou massives l'espace qui sépare deux plans horizontaux de hauteur différente; par ext. L'ensemble formé par cette surface et la contremarche. Dessus, largeur (⇒ giron) , hauteur (⇒ contremarche) d'une marche. Marches d'un escalier, d'un perron. ⇒ degré. Marche palière. Marche droite. Marche gironnée. Marche dansante, de largeur variable. Marches de bois, de marbre. Marches de fer d'un escalier mécanique. — Par anal. Marche d'un marchepied de train. Estrade à deux ou trois marches. — Descendre, monter, gravir les marches. Attention à la marche ! ⇒ 1. pas. Manquer une marche.
3 ♦ Techn. Pédale d'un métier à tisser, d'un tour, d'un orgue.
♢ Touche d'un clavier de vielle.
II ♦ (1508 ) Action de marcher.
1 ♦ Mode de locomotion naturel à l'homme et à certains animaux, constitué par une suite de pas. La marche, pratiquée pour le plaisir (⇒ promenade) ou par hygiène (⇒ footing) . Faire de la marche. « La marche est encore le meilleur des exercices » (A. Gide). Chaussures de marche. — Spécialt Marche athlétique. Épreuve de marche. Courir le Paris-Strasbourg à la marche.
♢ Façon de marcher; mouvement d'une personne, d'un animal qui marche. ⇒ 1. pas. Marche lente, rapide. ⇒ train. Accélérer, ralentir sa marche. Régler sa marche sur celle d'un enfant. — Spécialt, rare ⇒ allure, démarche. « Une marche lourde et balancée » (R. Rolland). — Loc. MARCHE À SUIVRE : série d'opérations, de démarches pour obtenir ce qu'on veut. Indiquez-moi la marche à suivre pour obtenir ces papiers. ⇒ méthode, 2. moyen, procédure, voie.
2 ♦ Action de se déplacer en marchant. ⇒ cheminement. Poursuivre sa marche, son chemin. — Spécialt Action de marcher, considérée sous le rapport de la distance, de la durée. ⇒ course, promenade, randonnée, 3. tour. Longues marches dans la campagne. « Elle en avait pour une demi-heure de marche » (Green). ⇒ trajet. C'est à une heure de marche.
3 ♦ Mouvement d'un certain nombre de personnes (d'animaux) qui marchent dans un ordre déterminé (⇒ défilé). Marche d'un cortège. Marche de protestation, du silence, silencieuse. ⇒ manifestation. Ordre de marche. — Loc. Conduire, ouvrir la marche : marcher le premier, en tête. Clore, fermer la marche : marcher le dernier.
♢ Milit. Marche d'une armée en campagne. Clairons qui sonnent la marche. Marche forcée, prolongée au-delà d'une étape normale. — En avant, marche ! commandement, signal de départ. — Progression de gens armés. Marche victorieuse. ⇒ avance. — Hist. La Marche sur Rome. La Longue Marche (des communistes chinois). Abstrait « L'Europe est une longue marche » (Libération, 1989). — Mus. Air, chanson de marche, dont le rythme très accusé peut régler le pas d'une troupe, d'un groupe de marcheurs.
♢ (1718) UNE MARCHE. Cette musique. Marche militaire. Marche funèbre.
4 ♦ (Choses) Déplacement continu dans une direction déterminée. Sens de la marche d'un train, d'un autobus. Être assis dans le sens de la marche. Auto qui fait marche arrière. — Fig. Faire marche arrière.
♢ Par ext. (1895) Marche arrière : celui des engrenages de la boîte de vitesses d'une automobile qui commande le déplacement en arrière.
5 ♦ Mus. Marche d'harmonie (ou harmonique) :répétition à intervalles égaux d'un petit groupe d'accords appelé modèle. ⇒ progression.
6 ♦ Mouvement d'un mobile, d'un appareil selon les lois naturelles, physiques ou mécaniques auxquelles il est soumis. Marche d'un astre. Régler la marche d'une horloge.
7 ♦ Fig. Cours. La marche du temps; du progrès. ⇒ évolution, progression. La marche actuelle des choses, des événements. ⇒ déroulement, train.
8 ♦ Fonctionnement. Assurer la marche d'une entreprise, la bonne marche d'un service. — En état de marche : capable de marcher, de fonctionner. Machine en parfait état de marche. Voiture en état de marche. ⇒ roulant.
9 ♦ Loc. adv. EN MARCHE : en train d'avancer. Se mettre en marche. ⇒ s'ébranler. Foule en marche. Fig. « L'esprit humain est toujours en marche » (Hugo). — Train en marche. Ne montez pas en marche. Un « véhicule dont elles descendent en marche » (Caillois). Prendre le train en marche.
♢ En fonctionnement. Mettre un moteur en marche, le faire partir. Machine qui se met en marche. ⇒ démarrer.
⊗ CONTR. Arrêt, halte.
● Marché édifice abritant des commerçants, en particulier d'alimentation.
marche
n. f.
rI./r
d1./d Mode de locomotion de l'homme et de certains animaux; enchaînement des pas.
d2./d Trajet que l'on parcourt en marchant (évalué en distance ou en temps). La mission est à deux heures de marche de ce village.
d3./d Mouvement d'un groupe de personnes qui marchent.
— Ouvrir, fermer la marche: marcher en tête, en queue d'un cortège.
|| Marche forcée, dans laquelle on fait parcourir par des troupes une étape plus longue que d'habitude.
d4./d Pièce de musique destinée à régler le pas d'une troupe, d'un cortège. La "Marche funèbre" de Chopin.
d5./d Mouvement d'un corps, d'un véhicule qui se déplace, d'un mécanisme qui fonctionne. Mettre un appareil, une voiture en marche.
— Loc. Faire marche arrière: reculer; fig. revenir sur une prise de position.
— Fig. Fait de suivre son cours ou de fonctionner. La marche du temps. La bonne marche d'une usine.
d6./d Marche à suivre: façon de procéder pour obtenir ce que l'on désire.
|| Par méton. Mode d'emploi.
rII./r élément plan et horizontal d'un escalier, sur lequel on pose le pied pour monter ou pour descendre.
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marche
n. f. Province frontière.
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marche
(Longue). V. Longue Marche.
I.
⇒MARCHE1, subst. fém.
[Souvent sous la forme marche(-)frontière]
A. — Province frontalière particulièrement exposée en temps de guerre. La Lorraine, il ne faut pas se lasser de le redire, est une marche frontière, et les marches sont par définition des terres de résistance et de conflit, donc d'antithèse (BARRÈS, Maîtres, 1923, p. 260).
— En partic., HIST. District militaire établi au voisinage d'un pays ennemi, et ayant à sa tête des margraves ou des marquis. Les Marches d'Ancône, de Lorraine, de Bretagne, de l'Est. Un de mes ancêtres a commandé les Marches comtoises, au quatorzième siècle. Notre titre de marquis date de là (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 257):
• ♦ Chargés autrefois de défendre une Marche française, leur titre de marquis était à la fois un devoir, un honneur, et non le simulacre d'une charge supposée; le fief d'Esgrignon avait toujours été leur bien.
BALZAC, Cabinet ant., 1839, p. 4.
Rem. Dans ce sens, prend gén. une majuscule.
B. — P. ext. Toute province, région située en bordure d'un pays étranger ou d'une province voisine. Il faut aussi se le représenter [le peuplement] comme sporadique, c'est-à-dire avec des lacunes, des intervalles habituellement vides. (...) les marches frontières du désert nous offrent une image fidèle de cet état (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 277).
— P. métaph. Seuil, entrée. L'année en était alors aux marches de septembre (L. DE VILMORIN, Belles am., 1954, p.181).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1100 «province frontière d'un État» (Roland, éd. J. Bédier, 190). Empr. au germ. marka «frontière», cf. l'a. h. all. marcha, all. Mark, got. marka, ags. mearc «id.». Cf. aussi le lat. médiév. marcha, marca «limite» (VIIIe s. ds NIERM.; Nov. gloss.), «frontière» (ibid.), «région frontière placée sous le commandement d'un marquis» (fin du VIIIe s. ds NIERM.). V. marquis.
II.
⇒MARCHE2, subst. fém.
I. — Action de marcher.
A. — [Appliqué à un animé]
1. Mode de progression naturel de l'homme qui s'exécute par une série de pas plus ou moins rapides mais plus lents que la course. La marche (...) vise un objet précis. Elle est un acte dirigé vers quelque chose que notre but est de joindre (VALÉRY, Variété V, 1944, p. 149):
• 1. Ici, [l'homme] ne sera-t-il pas toujours M. Jourdain, faisant de la prose sans le savoir, marchant sans connaître tout ce que sa marche soulève de hautes questions? Pourquoi la marche de l'homme a-t-elle eu le dessous, et pourquoi s'est-on préférablement occupé de la marche des astres?
BALZAC, Théor. démarche, 1833, p. 615.
— En partic. Mode de déplacement chez certains animaux. Marche sur quatre pieds. Lorsqu'un quadrupède veut marcher, après avoir légèrement fléchi les articulations de ses pieds de derrière, il les étend pour porter son corps en avant (CUVIER, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 489). Les crabes à la marche oblique et les homards aux tâtonnements d'aveugles l'épouvantent (RENARD, Journal, 1890, p. 64).
2. Action de marcher, d'une certaine manière ou sous certaines conditions.
a) Allure générale d'une personne qui se déplace. Marche lente, précipitée, sûre; accélérer, précipiter, ralentir sa marche. Dans sa marche rapide sa bottine craquait avec mille séductions, elle avait une allure un peu cavalière et virile (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 26). Sa marche assurée, sa taille souple, ses narines roses et ouvertes (...), dénotaient une de ces natures ardentes qui répandent autour d'elles un parfum de volupté (DUMAS fils, Dame Camélias, 1848, p. 89):
• 2. Après avoir chargé sur le dos son sac bourré de viande, de fromages et de bouteilles de vin (...) il partit, sa canne à la main. Il prit un pas de marche bien rythmé (celui des chasseurs, pensait-il), en sifflotant des airs gaillards qui rendaient plus légère son allure.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 289.
b) Manière particulière d'avancer. Synon. démarche. Marche hésitante, zigzagante. Il ne cessait pas sa marche de crabe (...) il avançait toujours (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 250).
c) Loc. adj. [Dans un compl. de temps] Distance évaluée par le temps mis à la parcourir à une vitesse normale. C'est un lépreux. Chassé de son village, à trois jours de marche, il ne connaît ici personne (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 725).
d) Progression dans un certain sens. Marche ascendante, descendante, marche en avant. Péniblement, tirant la jambe, s'aidant dans leur marche ascensionnelle du geignement plaintif des mitrons au labeur, Croquebol et La Guillaumette atteignirent tant bien que mal au sommet du calvaire (COURTELINE, Train 8h47, 1888, 2e part., v, p. 149).
— Au fig.:
• 3. ... les chefs ont des sentiments actifs, et la jalousie se transforme chez eux en une soif d'arriver, coûte que coûte, aux positions les plus enviées, en employant tous les moyens qui permettent d'écarter les gens qui gênent leur marche en avant.
SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 244.
e) Déplacement d'un groupe de personnes dans un certain ordre. Ordre de marche; ouvrir, fermer la marche; marche du cortège, du convoi. Passe donc en tête! C'est ridicule. Nous ne savons pas du tout où il faut aller; et c'est nous qui ouvrons la marche (ROMAINS, Copains, 1913, p. 265). V. aussi infra 4.
— Au fig. Ouvrir la marche. Être le pionnier dans un certain domaine, donner l'exemple. Ce sont les Anglais qui ont ouvert la marche [pour la couleur locale], et nous nous sommes évertués, à leur suite, à donner l'assaut aux chefs-d'oeuvre du génie humain (DELACROIX, Journal, 1853, p. 139).
3. Exercice sportif pris volontairement dans un but de détente physique ou compétitif. Marche, marche à pied (pléonasme usuel).
a) Exercice de plein air fait sur le mode de la promenade. Anna fit entendre à son professeur que l'exercice de la marche pourrait seul la rétablir (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 159):
• 4. La marche aère l'esprit, rend la vision plus nette, l'observation plus claire. C'est en flânant que l'on fait aussi les plus pittoresques rencontres, et je crois avec Térence que rien de ce qui est humain ne nous est étranger.
T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 38.
— Chaussures, souliers de marche. Chaussures montantes conçues spécialement pour la marche à pied. Les boutiques de chaussures arboraient (...) des enseignes improvisées, qui tiraient l'œil. Les plus timides annonçaient :souliers de chasse, ou: souliers de marche. Quelques audacieux affichaient:godillots (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 506).
— Région. (Canada). Prendre une marche (trad. littérale de l'angl.: to take a walk). Faire une promenade. Si j'allais vous reconduire? Je voulais justement «prendre une marche» (RINGUET, Le Poids du jour, Montréal, éd. Variétés, 1949, p.78).
b) Épreuve sportive dans laquelle les marcheurs s'engagent à parcourir une distance généralement longue à une allure accélérée (v. marcheur I A 2). Marche athlétique, sportive. Il propose d'occuper ces jeunes garçons à des exercices physiques qui les fatiguent, des entraînements militaires, du football, de la marche dans le vélodrome que le directeur (...) met volontiers à leur disposition (GIDE, Journal, 1914, p. 470).
4. Déplacement d'un groupe de personnes dans un ordre et un but déterminés.
a) ARMÉE. Mouvement des troupes. Ordre de marche, marche en avant; marche de l'armée, des alliés; marches et contremarches. Le colonel Rampon (...) ayant eu avis de la marche de l'ennemi, poussa une forte reconnaissance à sa rencontre (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 349):
• 5. ... parce qu'au dépôt, vous parlez si on se fait ch... des sous-off, qui nagent pour ne pas repartir et qui t'en font baver; des marches de jour, des marches de nuit, du service, de l'exercice.
DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 275.
— Brigade, unité de marche. Brigade ou unité regroupant des éléments d'infanterie (artillerie, transmission, génie) et chargée de participer à une opération ou à une campagne déterminée. Le Régiment de marche du Tchad. Constituer, en Afrique française libre, 2 brigades coloniales de marche comprenant chacune: 3 bataillons d'infanterie; 1 compagnie de découverte et de combat; 1 batterie d'artillerie; 1 compagnie de transport; 1 section de transmission; 1 section du génie; des éléments de services (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 654).
— Marche forcée. Marche imposée au delà de la distance prévue dans le but de gagner du terrain sur l'ennemi. Des troupes nombreuses (...) s'avançaient à marches forcées pour détruire les bandes insurrectionnelles (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p.212).
♦Au fig. Hélas rien ne peut changer l'esprit qui est en nous: notre vie est une marche forcée (L. DE VILMORIN, Fin Villavide, 1937, p. 68).
— Marche sur (v. marcher II A 2 a). La guerre devint inévitable dès la marche sur Fez (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1916, p.184).
— En marche! En avant, marche! [Commandement donné aux troupes pour les enjoindre à se mettre en route] «En avant! marche! division, tête, armée!» Exactement comme Bonaparte agonisant à Sainte-Hélène! (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 327). Il semble à chacun que c'est le pas de la fatalité qu'il emboîte, dès qu'on commande: «En avant... marche!» et que les sergents vous comptent: «Un!... Deux!...» (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 19).
— Au fig. (dans l'expr. )marches et contre-marches. Manoeuvres, démarches nombreuses pour parvenir à ses fins (v. contremarche).
b) Manifestation non violente destinée à attirer l'attention des autorités sur un problème, une revendication particulière. Marche de protestation; marche silencieuse; la Marche sur Rome. En 1960 et 1961, des «marches de la paix» entre Londres et le centre militaire d'Aldermaston sont souvent effectuées par quelques milliers de protestataires courageux (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 191).
B. — [Appliqué à un inanimé]
1. [Appliqué à une chose en mouvement] Action de se déplacer dans un sens déterminé. La marche d'un train, d'un bateau; aller, être en marche avant, en marche arrière. Je fis jeter à la mer tout ce qui pouvait retarder la marche du canot (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 213).
— Aller, être dans le sens de la marche, dans le sens contraire (à, de) la marche. La stratégie ferroviaire et nocturne! Quand, à la tombée de la nuit, vous changez de place et vous installez à côté de l'objet, expliquant négligemment que c'est «pour être dans le sens de la marche», à moins que ce ne soit «pour être dans le sens contraire à la marche», raison plus délicate à donner (MONTHERL., Pte Inf. Castille, 1929, p. 594).
— Marche avant, marche arrière (d'un véhicule). Position du levier d'engrenage des vitesses permettant de faire avancer ou reculer un véhicule. Quatre places (...) 22 kilomètres à l'heure, 7 vitesses et 2 marches arrière (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 441).
— Marche d'un train, d'un navire. Degré de vitesse d'un train, d'un navire. Navire de marche. Navire qui a une grande vitesse (Lar. Lang. fr.). Marche à vue (d'un train). Allure d'un train que le mécanicien doit pouvoir arrêter dans la portion de voie qu'il voit directement. (Ds Lar. encyclop., Lar. Lang. fr.).
— Faire marche (en) arrière. Au fig. Reculer, revenir sur sa décision. Le gouvernement (...) républicain fait ou laisse faire une marche en arrière, et se montre moins libéral que n'avait été l'empire (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 401).
2. Mouvement régulier d'un mécanisme et p. ext., son fonctionnement général.
a) La marche d'une horloge, d'un mécanisme. V. marcher II B 1 b. Moteur en état de marche.
b) P. anal. Progression régulière dans le temps ou l'espace. La marche des saisons. Par ce charme du souvenir qui embaume le passé de douceur, tandis que les côtés tristes s'effacent ou plaisent, par la magie que la marche du temps apporte à ce qui a été et qui n'est plus, elle regrettait tout de sa jeunesse (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 54):
• 6. À la ville comme à la campagne, la vie de l'homme est réglée par la marche du soleil, qui, saison à saison et jour à jour, marque les temps du labeur, du repos et des plaisirs.
FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 20.
c) Vieilli. Démarche intellectuelle procédant par l'analyse de phénomènes successifs. Dès qu'on adopte la marche du physicien, on doit, à son exemple, ne s'occuper que du rapport et de la succession des phénomènes (MAINE DE BIRAN, Influence habit., 1803, p. 11).
C. — En marche
1. Loc. adj.
a) En action, en route. Il songea, un moment, à descendre du train en marche, avant la station (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 626). La cadence des légions en marche (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 389):
• 7. Nos compagnons ces hautes trombes en voyage, clepsydres en marche sur la terre,
et les averses solennelles, d'une substance merveilleuse, tissées de poudres et d'insectes, qui poursuivaient nos peuples dans les sables comme l'impôt de capitation.
SAINT-JOHN-PERSE, Œuvre poétique, Anabase, t. 1, Paris, Gallimard, 1953, p. 179.
b) Au fig. Il ne faut pas d'acquittement! Joséphine: La justice est en marche! Tu l'as voulu! (GIRAUDOUX, Folle, 1944, II, p. 139). Prendre le train en marche.
— (Se) mettre en marche. (Se) mettre en mouvement, en état de fonctionner. Mise en marche. Mise en route, en service. Le train s'était remis en marche et continuait sa route au milieu des fleurs qui exhalaient leur haleine pénétrante des soirées tièdes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Idylle, 1884, p. 1287). Tenez, regardez, jeunes-gens, comment se fait la mise en marche. Simplicité parfaite: je dévisse le robinet, je tourne le commutateur, et, maintenant, j'empoigne le volant de départ (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 84).
2. Loc. interjective. En marche! Exhortation à prendre la route (v. aussi supra A 4 a). En marche! Il est temps de quitter les plaines; Déjà les coteaux ont le front vermeil (BOUILHET, Dern. chans., 1869, p. 169).
D. — Au fig. Déroulement d'un processus ou d'une entité dynamique. Synon. évolution, progression.
1. [Le compl. désigne une discipline]:
• 8. ... au lieu de considérer la médecine dans son présent et dans ce qu'elle a acquis, nous devons la voir dans son avenir, suivre sa marche progressive, discuter les méthodes et indiquer les voies nouvelles dans lesquelles s'engage la science.Cl.
BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 25.
— Marche en avant. Progrès. Le progrès c'est la marche en avant, toujours également belle dans ses multiples péripéties (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 154).
2. Fonctionnement d'une entreprise, d'un organisme, d'un ménage. Marche d'une affaire, d'un service. Un homme public qui risque de sacrifier la bonne marche de sa carrière (...) pour rendre une femme heureuse (...), cela est rare (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1007).
3. Progression d'un mal. Le médecin expérimentateur veut, non seulement connaître la marche des maladies et leurs divers stades ou périodes, mais il veut en comprendre le mécanisme (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 100).
4. LITT. Progression de l'intrigue dans une pièce. La marche de la pièce est suspendue par cet intermède (STAËL, Allemagne, t. 3, 1810, p. 112).
5. Marche à suivre. Conduite à tenir en des circonstances précises. P. méton. Notice explicative l'exprimant. Nous verrons la marche à suivre pour le travail du cuir gravé, incisé, repoussé, pyrogravé (CLOSSET, Trav. artist. cuir, 1930, p. 2). Ces papiers indiquent, entre autres choses, la marche à suivre dans le cas où l'on aurait une objection de conscience à formuler (GREEN, Journal, 1942, p. 207).
II. — MUSIQUE
A. — P. anal. (avec le mouvement régulier d'un groupe de marcheurs, voir I). Air de musique dont le rythme binaire est adapté à celui de la marche, en particulier, à la cadence des troupes. Il était debout derrière une vitre, sur laquelle il tapotait une marche militaire (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 426). Marche lorraine..., ma plus douce chanson (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 87).
— Battre la marche. [Il] commanda à ses tambours de battre la marche (CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, 1855, p. 211).
— En partic.
1. MUS. CLASS. Pièce de musique à caractère solennel ou religieux. On a toujours la manie de jouer, aux enterrements, cette marche de Chopin; mais elle est à peine funèbre (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1355). Le cortège des mariés, précédé des ménétriers, jouant des marches nuptiales, prend le chemin de la future maison du ménage (MENON, LECOTTÉ, Vill. de Fr., t. 2, 1954, p. 52).
2. MUS. LÉGÈRE. Air de danse sur lequel chaque couple exécute une série de pas rythmés. Un petit peu de musique, une danse, les toutes petites notes claires tremblotantes (une marche, puis une valse, puis une polka) (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 138).
B. — [Sans doute p. anal. avec les degrés d'un escalier, voir III] Marche d'harmonie (ou harmonique). Progression régulière d'un groupe d'accords reproduits à des intervalles égaux soit en montant (marche ascendante) soit en descendant (marche descendante). Songez aussi à nos «finals» des gloria et aux Cum Sancto Spiritu en fugues ou en marches d'harmonie, avec l'accent long et lourd (POTIRON, Mus. église, 1945, p. 30).
III. — Endroit où l'on pose le pied généralement pour monter ou pour descendre.
A. — Vx. Trace d'un animal. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — Surface plane faite de divers matériaux (pierre, béton, fer, bois), facilitant l'accès à un plan supérieur ou inférieur. Marche pleine. Ensemble formé par la surface plane (giron) et la hauteur de la marche (contremarche).
— En partic.
1. Gradin de pierre (ou de bois) permettant d'accéder plus facilement à une estrade, une surface plane surélevée. Les marches d'un trône, d'un autel. On accédait à l'estrade par une seule marche (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 11).
— [Qqf. synon. de marchepied] Sa dame considérait le trône, un fauteuil un peu plus haut que les autres, garni d'une housse et placé sur une large marche (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 356).
2. Degré d'un escalier de longueur variée, par lequel on accède à un étage supérieur ou inférieur. Descendre, gravir, monter les marches d'un escalier, d'un perron. Il a manqué une marche et a pu, juste à temps, saisir les barreaux de la rampe (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 122). J'escalade les marches quatre à quatre... J'arrive là-haut dans ma chambre (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 383):
• 9. Puis, ce fut de nouveau un escalier, mais dans le comble celui-là, un étage de marches en bois qui craquaient, sans rampe, branlantes et raides comme les planches mal dégrossies d'une échelle de meunier.
ZOLA, Œuvre, 1886, p. 11.
— CONSTR. Marche droite ou carrée, marche gironnée. Marche palière. Dernière marche d'un escalier se trouvant au niveau d'un palier. Voir ROBINOT, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 2, 1928, p. 47.
— P. métaph. Tu n'es qu'une marche de mon ascension vers Dieu (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 599).
C. — P. anal.
1. Pédale d'un métier à tisser. Quand l'ouvrier appuie sur la marche du métier il provoque un double mouvement (ARAUD, Ch. THOMAS, Fabric. drap, 1921, p. 35):
• 10. Là, se dressaient les boiseries compliquées d'un métier de tisserand. Elle s'assit (...) glissa ses deux pieds nus le long des marches, pédales grossières (...) posa la main à la poignée du battant et travailla.
FABRE, Oncle Célestin, 1881, p. 96.
2. Pédale d'un orgue. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1359-60 «partie de l'escalier où on pose le pied» (doc. ap. J. DELAVILLE LE ROULX, Registres des comptes municipaux de la ville de Tours, p. 161); 2. 1376 «traces d'un animal» (Modus et Ratio, 53, 20 ds T.-L.); 3. 1514 «pédale d'un métier à tisser» (Ordonnance, nov. ds LITTRÉ); 4. 1547 «touche du clavier (d'un orgue)» (J. MARTIN, trad. de VITRUVE, Architecture, f° B b 1 v°, B b 2 r°). B. 1. Ca 1508 «mode de locomotion naturel à l'homme et à certains animaux, constitué par une suite de pas; action de marcher» (d'apr. FEW t. 16, p. 531a); 1530 (PALSGR., p. 282b); 2. a) 1611 «déplacement d'une troupe» (COTGR.); b) av. 1630 battre la marche (A. D'AUBIGNÉ, Livre des missives et discours milit. ds Œuvres compl., éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 1, p.167); c) 1690 sonner la marche (FUR.); d) 1718 marche mus. (Ac.); 3. 1690 «mouvement d'un certain nombre de personnes qui marchent dans un ordre déterminé» (FUR.); 4. 1718 «mode de déplacement propre à chacune des pièces d'un jeu» (Ac.); 5. 1736 «déplacement (d'un astre)» (VOLTAIRE, Alzire, II, 2 ds LITTRÉ); 6. a) 1798 «déplacement (d'un bateau, d'un véhicule)» (Ac.); b) 1895 (STAPFER in La France automobile, n° 12, 92 ds QUEM. DDL t. 5: la machine n'avait pas de marche arrière); 7. 1782 «fonctionnement (d'un mécanisme)» (CONDORCET, Courtanvaux ds LITTRÉ). Déverbal de marcher1.
DÉR. Marchette, subst. fém. a) Vx. Petit tapis pour poser ses pieds. Marchette de salon, en queue de renard (LITTRÉ Add. 1872). b)Synon. de supra III B. (Dict. XIXe et XXe s.). — []. — 1res attest. a) 1532 «touche d'un clavier d'orgue» (RABELAIS, Pantagruel, prologue, éd. V.-L. Saulnier, p. 5), b) 1660 «petite marche qui fait baisser les lames du métier à tisser à bras» (OUDIN Fr.-Esp.), c) 1872 «petit tapis pour poser les pieds» (LITTRÉ Add.); de marche2, suff. -ette (v. -et).
STAT. — Marche1 et 2. Fréq. abs. littér.: 8520. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 10524, b) 13066; XXe s.: a) 13966, b) 11852.
BBG. — QUEM. DDL t. 4.
1. marche [maʀʃ] n. f.
ÉTYM. 1080, Chanson de Roland; du francique marka.
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♦ Anciennt. Province frontière d'un État, et, spécialt, district militaire établi sur une frontière pour repousser une éventuelle invasion (→ Couvrir, cit. 33). || « Les Marches de Lorraine » (Académie). || Chef d'une Marche. ⇒ Margrave, marquis (étym.).
0 (…) on allait à créer, de la Hollande à Naples, des républiques, filles de la Grande, qui, en réalité, constitueraient les marches de la France déjà si agrandie.
Louis Madelin, Talleyrand, I, VI.
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DÉR. (Du même rad.) V. Marquis.
HOM. 2. Marche, formes du v. marcher.
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2. marche [maʀʃ] n. f.
ÉTYM. V. 1354; déverbal de marcher.
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I Endroit où se pose le pied.
1 (1514). Vén. Trace d'un animal. || Marches de cerf, de loutre…
2 (1528, D. D. L.). Archit. et cour. Surface plane sur laquelle on pose le pied en franchissant d'un pas l'espace qui sépare deux plans horizontaux de hauteur différente, et, par ext. (dans le cas de marches pleines ou massives), Ensemble formé par cette surface et la contremarche (partie verticale). || Dessus (⇒ Foulée), largeur (⇒ Giron), hauteur (⇒ Contremarche) d'une marche. || Marches gironnées, à giron droit. || Marche palière. || Délarder une marche. — Marches d'un escalier (cit. 4), d'un perron (cit. 1). || Marches du chœur d'une église (cit. 16). ⇒ Degré. || Estrade à deux ou trois marches (→ Baldaquin, cit. 1). || Accéder au vestibule par une simple marche. || Marches de bois, de marbre, de pierre… || Marches de fer d'un escalier roulant. || Marches branlantes, déjetées (cit. 1), glissantes (cit. 1), polies, usées. || Descendre, gravir, monter (cit. 24) des marches, les marches. || Suivre qqn de marche en marche (→ Harceler, cit. 8). — Attention à la marche ! ⇒ Pas. || Manquer une marche. || Trébucher sur une marche (→ Gaz, cit. 6). — Par anal. (d'usage). || Marches d'une échelle de meunier (⇒ Échelon), d'un marchepied de train (⇒ Degré).
1 Dites-nous, marches gracieuses,
Les rois, les princes, les prélats,
Et les marquis à grand fracas,
Et les belles ambitieuses,
Dont vous avez compté les pas;
Celles-là surtout, j'imagine,
En vous touchant ne pesaient pas.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Sur trois marches de marbre rose ».
2 À ses pieds, une vingtaine de marches, hautes, étroites, frustes, presque à pic, sans rampe à droite ni à gauche, sorte de crête de pierre pareille à un pan de mur biseauté en escalier, entraient et s'enfonçaient dans une cave très creuse. Elles allaient jusqu'en bas.
Hugo, l'Homme qui rit, III, IV, VIII.
3 Arrivée au bas de l'escalier qui la menait à sa chambre, elle (…) commença à gravir les marches dont chacune criait sous sa large chaussure (…) Soufflant un peu, attentive à bien placer le pied sur la marche suivante, elle montait sans hâte.
J. Green, Léviathan, II, IV.
3.1 Voici que la trace s'arrête, brusquement, devant une porte toute semblable aux autres, mais dont le battant n'est pas complètement clos. La marche qui en forme le seuil est très étroite et peut être franchie d'un pas sans poser le pied dessus.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 117.
♦ ☑ Fig. Être né sur les marches du trône : être appelé à régner quelque jour, par droit de naissance.
b Par ext. Touche d'un clavier de vielle.
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II (1508). Action de marcher.
1 a Mode de locomotion naturel à l'homme et à certains animaux. ⇒ Ambulation. || La marche est constituée par une suite de pas. || Phases d'appui (cit. 3) pendant la marche et la course (cit. 1). || Qui concerne la marche. ⇒ Ambulatoire. || Stade de la marche, qui succède chez l'enfant au stade de la reptation. || Troubles de la marche : antépulsion, ataxie, boiterie, claudication, déhanchement. || Les appuis (cit. 1) dans la marche. — Divers types de marche : marche en avant, à reculons, en flexion, à quatre pattes… || Marche sur un plan ascendant, descendant. — La marche, pratiquée pour le plaisir (⇒ Déambulation, promenade), par hygiène ou comme sport (⇒ Footing). || Bienfaits et joies de la marche (→ Abandonner, cit. 33; branle, cit. 6). || Aimer la marche. || Chaussures de marche. ⇒ Brodequin. — Spécialt. Marche athlétique. || Épreuve de marche. || L'épreuve Paris-Strasbourg à la marche.
4 La marche se compose donc d'une succession de doubles appuis et d'appuis unilatéraux alternativement droits et gauches.
Paul Richer, Nouvelle anatomie artistique…, t. III, p. 115.
5 La souplesse, la force et l'adaptabilité des membres inférieurs dont les oscillations pendulaires déterminent la marche et la course, n'ont jamais été égalées par nos machines, qui utilisent seulement le principe de la roue.
Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, III, X.
6 — Je préfère rentrer à pied. — Ah ! vous avez raison. La marche est encore le meilleur des exercices.
Gide, Robert ou l'Intérêt général, III, 1.
b Façon de marcher. Mouvement d'une personne, d'un animal qui marche. ⇒ Pas. || Accélérer, précipiter (→ Fermer, cit. 3), ralentir sa marche. || Marche lente, rapide (⇒ Train). || Régler sa marche sur celle d'un enfant. || Marche irrégulière, soutenue. — Spécialt. ⇒ Allure, démarche. || Marche vive d'un jeune garçon (→ Envie, cit. 13). || Marche souple et silencieuse du montagnard en espadrilles (cit.). — Marche élastique des félins. || Marche pesante de l'éléphant.
7 (…) c'était une marche si extraordinaire que celle de cet homme, et il était si excessivement changé, que Mme de Vins crut absolument qu'il lui venait dire la mort de M. de Pompone (…)
Mme de Sévigné, 754, 22 nov. 1679.
8 Il (Haendel) allait, les jambes arquées, d'une marche lourde et balancée (…)
R. Rolland, Voyage musical…, III.
9 (…) les jeunes filles avancent, reculent en une marche régulière et souple, puis tournent lentement, leur buste mince un peu renversé sur le bras des danseurs.
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 375.
♦ Par anal. || Marche sur les mains.
c ☑ Fig. ⇒ Voie. Indiquez-moi la marche à suivre pour obtenir ces papiers. ⇒ Méthode, moyen, tactique.
10 Dis-le moi franchement, et en même temps donne-moi la marche à suivre pour les départs.
Sainte-Beuve, Correspondance, 67, 23 avr. 1829.
2 a Action de se déplacer en marchant. ⇒ Cheminement. || Poursuivre (→ Daigner, cit. 8), suspendre sa marche. — Faire marche vers la ville. ⇒ Route. — Spécialt. Action de marcher, considérée sous le rapport de la distance, de la durée. || Longues marches dans le désert (→ Erg, cit. 1). || Faire de longues marches pour combattre l'embonpoint (cit. 6), pour visiter une région… ⇒ Course, excursion, promenade, randonnée. || Une petite marche de vingt minutes. ⇒ Tour.
11 Mon père commençait alors une promenade, qui ne cessait qu'à l'heure de son coucher (…) nous nous taisions quand il se rapprochait de nous. Il nous disait, en passant : « De quoi parliez-vous ? » Saisis de terreur, nous ne répondions rien; il continuait sa marche.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, I, III, 3 (t. I, p. 110, éd. Levaillant).
12 Alors il reprit cette marche monotone et lugubre qui troublait dans ses rêves et réveillait en sursaut l'homme endormi au-dessous de lui. Cette marche le soulageait et l'enivrait en même temps.
Hugo, les Misérables, I, VII, III.
b Par ext. Trajet parcouru ou à parcourir à pied. || La rivière est à une bonne heure de marche d'ici.
13 Elle (…) demanda à un employé où était la ville. Il (…) lui répondit qu'elle en avait pour une demi-heure de marche…
J. Green, Adrienne Mesurat, II, IV.
3 Mouvement d'un certain nombre de personnes (ou d'animaux) qui marchent dans un ordre déterminé (⇒ Défilé). || Cérémonial qui règle la marche d'un cortège, d'une procession (→ Étiquette, cit. 8). || Marche processionnelle. || Marche de protestation, du silence, silencieuse. ⇒ Manifestation. — Ordre de marche d'une caravane (cit. 2). ☑ Conduire, ouvrir la marche : marcher le premier, en tête d'un défilé. ☑ Clore, fermer la marche : marcher le dernier en queue d'un défilé. Par ext. :
14 Le capitaine (…) descendit d'une Ford qui fermait la marche du cortège (…)
P. Mac Orlan, la Bandera, X.
♦ Milit. || Marche d'une armée en campagne, en manœuvres. || Marche en colonne, au pas cadencé, redoublé, au pas de route. || Arrière-garde, serre-file qui ferme la marche. || Couvrir, dérober sa marche. || Flancs-gardes qui protègent la marche d'une troupe. || Marche de flanc, de front. || Marche régressive (⇒ Retraite), victorieuse (⇒ Avance). || Rédiger un ordre de marche. || Commander la marche. || Clairons qui donnent le signal de la marche (→ Guetter, cit. 9), qui sonnent la marche. || La marche au canon. — Angle de marche. — Campements (cit. 1), étapes et marches. || Haltes (cit. 3) qui coupent les marches. || Marche forcée, prolongée au delà d'une étape normale. — Bataillon de marche.
15 La force de leurs exercices, les chemins admirables qu'ils avaient construits, les mettaient (les Romains) en état de faire des marches longues et rapides.
Montesquieu, Grandeur et décadence des Romains, II.
16 La retraite (…) c'était le fond de tous leurs récits : la Retraite, la terrible marche forcée, de Charleroi à Montmirail, sans haltes, sans soupe, sans but, les régiments mêlés (…)
R. Dorgelès, les Croix de bois, I.
17 On avançait sur des chemins défoncés, traversant des villages reconquis (…) Journées de marches sans repos, presque sans vivres, le plus souvent sans gite (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 346.
♦ ☑ En avant, marche !, commandement pour donner à une troupe le signal du départ.
18 Tout à coup je fus frappé de ces mots prononcés distinctement en français : « En avant ! Marche ! » Je tournai la tête, et j'aperçus une troupe de petits Arabes tout nus qui faisaient l'exercice avec des bâtons de palmier.
Chateaubriand, Itinéraire…, III, p. 276.
19 — À droite par quatre !… En avant !… marche ! Le régiment s'ébranla… Le départ avait été pesant, mais, déjà, la cadence se faisait plus nette, et les pieds talonnaient la route d'un rythme régulier.
R. Dorgelès, les Croix de bois, XI.
♦ Hist. || La Marche sur Rome. || La Longue Marche (des communistes chinois).
19.1 Pour les millions d'hommes agglomérés sur le rocher de Hong Kong, l'immensité qui s'étend derrière la barre noire de l'horizon n'est pas le pays des communes populaires, des hauts fourneaux individuels et des usines géantes, ni même de la bombe atomique, c'est le pays de la Longue Marche et de son chef (…)
Malraux, Antimémoires, p. 485.
♦ Mus. || Air de marche, dont le rythme très accusé (généralement à deux temps) peut régler le pas d'une troupe, d'un cortège, d'un groupe de marcheurs. || Chanson de marche.
♦ (1718). || Une marche. || Marche militaire (→ Cagibi, cit. 1). || Clairons (cit. 2) qui jouent une marche, la marche du régiment. || Les Marches militaires de Schubert. || La Marche lorraine. — Marche pompeuse et bruyante (→ Éclater, cit. 9). || Marche de circonstance (cit. 12). || Marche funèbre (cit. 7). || Marche triomphale. || Marche nuptiale, de Mendelssohn. || Marche turque, de Mozart. || Marche de Tannhäuser (→ Exprimer, cit. 37), de Wagner.
20 (…) et la danse commença, au son d'une sorte de marche belliqueuse jouée par un fifre et un tambourin.
Loti, Figures et Choses…, « Danse des épées ».
21 (…) la colonne s'ébranla aux sons d'une marche de chasseurs pour défiler d'un pas rapide devant le colonel satisfait.
P. Mac Orlan, la Bandera, VI.
22 La musique prit la tête de la colonne, et joua la Marche Lorraine. Son intention était certainement de ragaillardir tout le monde.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XVI, XII, p. 91.
4 (Choses). Déplacement continu dans une direction déterminée. || Sens de la marche d'un train, d'un autobus… || Auto qui fait marche arrière. || Commande, train de marche arrière (→ Inverseur). — ☑ Fig. Faire marche arrière : reculer (dans ses prétentions, ses intentions), renoncer.
♦ (1895, in D. D. L.). Par métonymie. || Marche arrière : celui des engrenages de la boîte de vitesses d'une automobile qui commande le déplacement en arrière. || Casser une dent de la marche arrière. ⇒ 1. Arrière (I., 2.).
♦ Spécialt. (Sous le rapport de la vitesse ou de la direction). || Marche d'un train. — Techn. || Marche à vue, marche de sécurité : conduite manuelle des trains, à faible vitesse, permettant en toutes circonstances l'arrêt immédiat (en cas d'anomalie de signalisation). — Vents qui contrarient la marche d'un voilier (→ Hauteur, cit. 17).
23 (La locomotive) était douce, obéissante, facile au démarrage, d'une marche régulière et continue… (Le mécanicien) ne la bousculait jamais non plus, lui gardait une marche régulière, évitant de se mettre en retard, ce qui nécessite ensuite des sauts de vitesse fâcheux.
Zola, la Bête humaine, V.
♦ Par métaphore. ⇒ Progression. || Arrêter la marche d'un fleuve débordé (cit. 21). ⇒ Avance. — Fig. || La marche ascendante (cit. 1) de l'Église vers la souveraineté. ⇒ Acheminement. || Mettre un frein (cit. 9) à la marche inquiétante (cit. 2) d'une politique, d'une doctrine. ⇒ Développement, progrès, propagation.
24 Chaque ville, quand elle pouvait répondre, avant la destruction des lignes, signalait la marche du cyclone, comme celle d'une invasion. « Ça vient de l'intérieur de la Cordillère. Ça balaie toute la route, vers la mer (…) »
Saint-Exupéry, Vol de nuit, XIII.
♦ Spécialt. || Marche d'une comédie, d'une tragédie…, le développement de l'action en vue du dénouement.
5 Mus. || Marche d'harmonie (ou harmonique) : répétition à intervalles égaux d'un petit groupe d'accords appelé modèle (⇒ Progression). || Marche ascendante, descendante. || Marche modulante, unitonique.
6 Spécialt. Mouvement d'un mobile, d'un appareil, selon les lois naturelles, physiques ou mécaniques auxquelles il est soumis. || Marche d'un astre (⇒ Ascendance, révolution). → Décoration, cit. 7. — Marche diurne d'un chronomètre. — Régler la marche d'une horloge (→ Heure, cit. 1).
7 Fig. ⇒ Cours. || La marche de la nature (→ Guider, cit. 10), du monde, des saisons (→ Halte, cit. 8), du temps (→ Carillonner, cit. 1); du progrès. || Marche d'une maladie (⇒ Procès, processus), d'une épidémie (→ Inversement, cit.). || La marche des sociétés humaines. ⇒ Évolution (→ Flexueux, cit. 3). || La marche actuelle des choses, des événements. ⇒ Courant, déroulement, train (→ Funeste, cit. 10).
25 Quand ce fut décidé irrévocablement, la marche des jours sembla se précipiter davantage, comme dans ces mauvais rêves où le temps n'a plus de durée.
Loti, Matelot, XV.
26 (…) le désir déraisonnable de revenir en arrière ou au contraire de presser la marche du temps (…)
Camus, la Peste, p. 85.
8 ⇒ Fonctionnement. || Levier, dispositif qui commande la marche d'un mécanisme. || Commande électrique de marche et d'arrêt. ⇒ Interrupteur. — Fig. || La marche d'une affaire (→ Liquide, cit. 7). || Assurer la marche d'une entreprise (⇒ Direction), la bonne marche d'un service. — En état de marche : capable de marcher, de fonctionner. || Moteur en état de marche. — ☑ Fig. Organisation, maison en état, en bon état de marche, où tout fonctionne bien.
27 Même si c'était matériellement possible, l'administration ne serait pas longue à trouver cela beaucoup trop romanesque pour la bonne marche du service.
J. Romains, le Dieu des corps, p. 202.
9 ☑ Loc. adv. En marche : en train d'avancer. || Se mettre en marche. ⇒ Ébranler (s'); → Emboîter, cit. 4; errance, cit. 1; 1. exode, cit. 5. || Se remettre en marche. || Foule en marche (→ Graviter, cit. 2; imploration, cit.).
28 On voit des Calabrais qui se mettent en marche pour aller cultiver les terres, avec un joueur de violon à leur tête (…)
Mme de Staël, Corinne, XI, II.
29 (…) des milliers d'ouvriers, comme un régiment en marche au pas de route, entraient dans la fabrique proche (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 72.
♦ Locomotive en marche (→ Graisser, cit. 3). || Avions, trains en marche (→ Ligne, cit. 22). || Ne montez pas en marche.
♦ En fonctionnement. || Mettre un moteur en marche. ⇒ Partir (faire). || Mise en marche d'un ascenseur (→ Borborygme, cit. 2). || Machine qui se met en marche. ⇒ Démarrer (→ Arrêter, cit. 8).
30 Il songea, un moment, à descendre du train en marche, avant la station; il ouvrit même la portière du wagon; mais il était trop tard : on arrivait.
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, p. 626.
31 Lentement le train se remit en marche, poursuivi par les soldats qui s'accrochaient aux wagons (…)
J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 360.
32 La vérité est en marche; rien ne peut plus l'arrêter.
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CONTR. Arrêt, halte.
DÉR. Marchette.
COMP. Contremarche.
HOM. 1. Marche; formes du v. marcher.
Encyclopédie Universelle. 2012.