mi- ♦ Élément, du lat. medius « qui est au milieu », qui peut se combiner librement pour former :
1 ♦ des noms composés, avec un nom. Des mi-bas. Spécialt Avec un nom désignant un espace de temps. La mi-janvier : le milieu de janvier. La mi-carême.
2 ♦ des loc. adv., précédé de la prép. à et suivi d'un nom. À mi-hauteur, à mi-parcours. « On a de l'eau jusqu'à mi-cuisses » (A. Gide). ⇒ mi-corps (à), mi-jambe (à). — À mi-temps (voir ce mot).
3 ♦ des adj., avec un p. p., un adj. ou un nom, où mi- signifie « à moitié, en partie ». Mi-long, mi-clos. Un ton mi-sérieux, mi-amusé. Mi-figue mi-raisin. « Une galerie, mi-salle de billard, mi-cabinet de travail » (Cocteau).
● mi- (homonymes) mi nom masculin invariable mie nom féminin mis forme conjuguée du verbe mettre mit forme conjuguée du verbe mettre mît forme conjuguée du verbe mettre m'y pronom personnel mye nom féminin ● mi- Préfixe (du latin medius) exprimant la moitié, le milieu, un état intermédiaire.
mi-
Préfixe, du lat. medius, "qui est au milieu", qui peut être joint à des adj. (mi-clos), ou à des subst. pour former:
d1./d Des noms composés. La mi-août, la mi-carême.
d2./d Des loc. adv. (il est alors précédé de à). à mi-corps, à mi-jambe, à mi-chemin.
d3./d Des loc. adj. Mi-figue mi-raisin.
⇒MI-, élém. formant
Élém. tiré du lat. medius «qui est au milieu», entrant dans la constr. de subst. (ou de loc. adv.) et de nombreux adj. ou loc. adj. désignant le milieu ou la moitié de la réalité exprimée par le 2e élém. sans que cette notion ait gén. une précision math. Le 2e élém., subst. ou adj. fr. (et plus rarement verbe ou adv.), en est séparé par un tiret. On rencontre néanmoins de rares exceptions: Il expliquait dans son charabia mi français, mi allemand qu'il s'appelait Krems (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.328). V. aussi infra II B rem.4.
I. —[Mi- a une valeur adj., les mots constr. sont des subst.]
A. —[Les mots constr. désignent une fraction de temps ou d'espace; ils sont le plus souvent utilisés dans des loc. adv., gén. précédés de la prép. à]
1. Dans le temps. La, à, à la mi- + subst. [Les mots constr. désignent une période dont la durée est de la moitié de celle qui est désignée par le 2e élém. ou un moment qui se situe au milieu de celle-ci; ils sont tous fém. à l'exception de mi-temps (v. mi-temps (à)2)] V. mi-carême, mi-temps1.
— [Le 2e élém. désigne]
a) [un moment de la journée]:
mi-journée subst., vieilli. On voyait les paysans (...) quitter le travail à mi-journée et redescendre vers Canteperdrix, pressés qu'ils étaient de se mettre en mesure pour la vente (ARÈNE, Tor Entrays, 1876, p.186).
mi-nuit subst., littér. Depuis la mi-nuit ils guettaient le jour (GIONO, Colline, 1929, p.71). M. Meissoux a tiré sa montre: on est sur la mi-nuit. Elle sommeille un peu. Elle sera peut-être sauvée si elle tient bon jusqu'au jour (POURRAT, Gaspard, 1931, p.287). Le village était déjà gai parce qu'on entrait dans l'été ce jour-là même à la mi-nuit (JOUVE, Scène capit., 1935, p.11).
b) [un mois] Il fixa le mariage à la mi-avril (ZOLA, Rêve, 1888, p.199). Ainsi, à l'aile gauche du front allié d'Occident, se trouvaient maintenant réunies, en cette mi-octobre 1914, l'armée belge, les troupes françaises, et la totalité des forces expéditionnaires britanniques (JOFFRE, Mém., t.1, 1931, p.465). Nous séjournions chez des amis dans la moiteur étouffante de la mi-juillet (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p.103). V. août ex. 4, février ex. de Pesquidoux.
c) [une saison, une période partic. de l'année] La mi-été. De la mi-automne à la mi-printemps, l'Armagnac devenait impraticable presque (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p.106). Compte tenu de la vaste offensive que les Russes entameraient bientôt, les alliés de l'Ouest se regroupaient, à la mi-automne, en vue d'en finir dans le courant de l'hiver (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p.131):
mi-saison. subst. V. demi-saison. Le pays de Bray est un vaste pays triste et vert, balayé à la mi-saison par les vents salins de la Manche qui remontent les vallées ouvertes derrière Dieppe et Le Tréport (NIZAN, Conspir., 1938, p.132).
d) [une année] La (...) période de la mi-1955 à la fin de 1957 (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p.134).
2. Dans l'espace. À mi- + subst. [Les loc. adv. constr. désignent un point ou un niveau qui se situe à la moitié de, au milieu de la réalité désignée par le 2e élém.] V. mi-distance (à).
a) [Dans le sens de la longueur] V. mi-chemin (à), mi-course (à) et aussi:
mi-parcours (à). subst. Il y a là presque à mi-parcours un paysage que j'aime, où la Loire se resserre entre de hautes collines boisées, couronnées de châteaux, un val vraiment royal (GRACQ, Beau tén., 1945, p.24).
mi-route (à). subst. Ils avaient déjeuné sous le pin, à mi-route (BOSCO, Mas Théot., 1945, p.177). [Avec compl. prép.] Ils continuèrent ensuite à descendre jusqu'à mi-route de Conflans (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Âne, 1883, p.375). Une halte de chemin de fer à mi-route entre l'hiver et l'été Entre la Castille et l'Andalousie (ARAGON, Rom. inach., 1956, p.129).
b) [Dans le sens de la largeur]:
mi-fleuve (à). subst. Sur l'autre rive, on distingue à peine (...) les chalands à mi-fleuve, parmi les mouettes stridentes (MORAND, Londres, 1933, p.91).
c) [Dans le sens de la hauteur] V. mi-côte (à), mi-hauteur (à) et aussi:
mi-flanc (à). subst. Il était arrivé de l'autre côté du col; ayant pris de nouveau sur sa droite, il s'est mis de nouveau à longer les arêtes à mi-flanc (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p.237). [Avec compl. prép.] À mi-flanc d'une montagne, d'un roc. Bangui (...) s'étage jusqu'à mi-flanc de la très haute colline qui se dresse devant le fleuve (GIDE, Voy. Congo, 1927, p.714).
— En partic.
♦[Le 2e élém. désigne un élément du paysage, du relief]:
mi-ciel (à). subst. Toutes ces neiges, toutes ces glaces coloriées (...) sont étrangement détachées de ce qui les porte et flottent à mi-ciel, devenues étrangères à leurs soubassements que l'ombre a déjà noircis (RAMUZ, Derborence, 1934, p.57).
mi-coteau (à). subst. On les voit de dos, les moissonneurs. Celui qui a commencé le premier est déjà à mi-coteau (R. BAZIN, Blé, 1907, p.240).
mi-gouffre (à). subst. Quelquefois la terre (...) a manqué sous les pieds [du sapin] et il a glissé à mi-gouffre (GAUTIER, Italia, 1852, p.20).
mi-montagne (à). subst. Le lendemain donc, à mi-montagne, (...) dans un chemin (...), solitaire, mystérieux, dominé par des bois et très encaissé entre de hautes parois moussues, j'arrêtai ma bande, avec un flair de chef Peau-Rouge (LOTI, Rom. enf., 1890, p.277).
mi-pente (à). subst. Trois rochers détachés du sommet, et arrêtés à mi-pente dans leur chute (LAMART., Voy. Orient, t.1, 1835, p.108). La poussée des arrivants les avait déjà rejetés à mi-pente entre les tribunes (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.339).
mi-versant (à). subst. En automne, quand l'alpe est de nouveau sous la neige, le troupeau fait, en redescendant vers le village, une seconde station au mayen [pâturage du mois de mai]. C'est donc le pâturage de la saison intermédiaire; le plus souvent il est situé à mi-versant entre le village et l'alpe (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p.251).
♦[Le 2e élém. désigne une partie d'un édifice, d'un navire]:
mi-degrés (à). subst. Un escalier de pierre, rampant et profond, (...) descendait à l'eau (...) inondé jusqu'à mi-degrés (BOREL, Champavert, 1833, p.111).
mi-étage (à). subst. Son petit appartement était situé à mi-étage, entre le deux et le trois; ce qui expliquait qu'il fût extrêmement bas de plafond (GIDE, Feuillets, 1925, p.814). Il était (...) entré, il avait gravi quelques marches. Mais, à mi-étage, il avait fait demi-tour (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.326). [Avec compl. prép.] Un boudoir (...) ouvre, au fond, sur un balcon à mi-étage de la salle des fêtes (HERMANT, M. de Courpière, 1907, II, 1, p.13).
mi-marches (à). subst. Et maintenant voilà, dit Mme Éterlin en redescendant et en s'arrêtant à mi-marches (DRUON, Gdes fam., t.1, 1948, p.65).
mi-mât (à). subst. Le pavillon fut amené à mi-mât. C'était un signal de détresse (VERNE, Tour monde, 1873, p.122).
mi-page (à). subst. Il feuilletait de plus en plus lentement, et il alla ainsi jusqu'à l'endroit où l'écriture s'arrêtait brusquement à mi-page (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p.145).
Rem. À mi- + subst. signifie parfois «à mi-distance de»: Il reprend une cigarette, et de nouveau de lents et rares pouf-pouf de fumée se traînent à mi-plafond (QUENEAU, Pierrot, 1942, p.56).
♦[Le 2e élém. désigne le corps ou une partie du corps, ou le vêtement qui le recouvre]:
mi-botte (à). subst. Un gros homme (...) dont le pantalon court flottait à mi-botte (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.61).
mi-bras (à). subst. Costard limé, rapiécé, frangé, les manches raccourcies à mi-bras (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.340).
mi-cuisse (à) . subst. Pantalon coupé, roulé à mi-cuisse. Un coupon d'étoffe, avec lequel ils s'enveloppent les épaules ou les hanches, et qui descend jusqu'à mi-cuisse (Voy. La Pérouse, t.4, 1797, p.9). Les cases de ce village, à l'époque des crues, sont inondées durant un mois et demi. On a de l'eau jusqu'à mi-cuisse (GIDE, Voy. Congo, 1927, p.709).
mi-joues (à). subst. Les yeux cernés jusqu'à mi-joues (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.329).
mi-mollet (à). subst. Claude prit un bain, redescendit de sa chambre, avec un costume de tweed, des bas, des guêtres blanches à mi-mollet (NIZAN, Conspir., 1938, p.143). P. ell. Jupe mi-mollet (L'Express, 3 févr. 1975).
mi-visage (à). subst. Dans son képi en décalitre il enfonçait à mi-visage (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 2e part., 9, p.200).
d) En partic.:
mi-bois (à). subst. Entaille à mi-bois. Entaille pratiquée sur la moitié de l'épaisseur d'une pièce de bois. L'assemblage du chapeau [d'un cadre de mine] aux montants se fait en gueule de loup (...) ou par entaille à mi-bois (BRESSON, Manuel prospect., 1923, p.301). Assembler, assemblage à mi-bois. (Réaliser l')assemblage de deux pièces de bois en pratiquant sur chacune d'elles une entaille à mi-bois. Une seconde pièce inclinée (...), assemblée à mi-bois avec la première (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p.385).
B. —[Les mots constr. désignent un produit ou un état intermédiaire] V. mi-bas, mi-voix (à) et aussi:
mi-mot (à). subst., loc. adv. V. demi-mot (à). Comprendre à mi-mot. Louys est muet tout à fait. Toi tu parles à mi-mot (...). Parle donc, sans craindre de m'énoncer toute parole pitoyable (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1892, p.166).
mi-sel, subst. masc. V. demi-sel A. Un superbe morceau de corn'd beef (boeuf à mi-sel) (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p.82). Arg. ,,Individu qui, bien que vivant avec une fille soumise, continue à travailler et ne fréquente pas les gens du «milieu». C'est un homme à moitié dessalé`` (LACASSAGNE, Arg. «milieu», 1928, p.136). V. demi-selB.
mi-sommeil (à). subst., loc. adv. V. demi-sommeil. Ce petit miaulement de marmot qui me réveilla fit que je pensais à mi-sommeil: «Cette fois, tu vas la trouver, la cachette.» Je m'imaginais encore à la Douloire à chercher Angèle (GIONO, Baumugnes, 1929, p.200).
Rem. Mi- fonctionne de la même façon dans la loc. inv. mi-partie.
II. —[Mi- a une valeur adv.]
A. — Mi- + adj. ou part. passé adj. [Les mots constr. sont des adj.; ils définissent un état intermédiaire entre deux réalités dont l'une est implicite. Mi- y a la même valeur que les loc. adv. à demi, à moitié] V. mi-clos, mi-lourd et aussi:
mi-ajusté, -ée. adj. Jupes plissées dépassant à peine le genou, avec les paletots mi-ajustés presque de même longueur (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p.815).
mi-baissé, -ée. adj. Magasins au rideau mi-baissé (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.318).
mi-circulaire. adj. V. demi-circulaire, semi-circulaire. Sur onze escabeaux, des prélats sont assis en rang mi-circulaire (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p.306).
mi-croisé, -ée. adj. Les rideaux étaient mal fermés sur la fenêtre ouverte avec les persiennes mi-croisées (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.473).
mi-fermé, -ée. adj. Derrière les persiennes mi-fermées, la maison se tait (COLETTE, Dialog. bêtes, 1905, p.119).
mi-foncé, -ée. adj. Cachemire bleu clair ou mi-foncé (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p.814).
mi-haut, -haute. adj. Bientôt Ghéridanisol dit à Boris, à voix mi-haute (...): — Mon vieux, tu n'as plus qu'un quart d'heure (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1242).
mi-humain, -aine. adj. Agrippine appartient à un autre monde, un monde sans Dieu, ou peuplé de dieux mi-humains, qu'on amadoue à peu de frais (MAURIAC, Vie Racine, 1928, p.195).
mi-joint, -jointe. adj. Paupières mi-jointes. Je voyais, entre les lèvres mi-jointes, briller une dent d'or (VERCORS, Silence mer, 1942, p.29).
mi-long, -longue. adj. Barbe mi-longue; cheveux mi-longs. Elle était mise à la diable: une robe à deux volants, verte à taches blanches (...) et des manches mi-longues de mousseline blanche (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.451).
mi-nu, -nue. adj. Elle allait, les bras mi-nus, le col découvert dans la chemise de toile écrue (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p.24). Toute la nuit, mi-nu, hagard, il se sentit brûler, consumer lentement jusqu'au plus intime de son être entre la Sainte-Face et Véronique (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p.83).
mi-sec, -sèche. adj. M. Souday, quand il voyage en Amérique, met de l'eau dans son whisky. Régime mi-sec (BREMOND, Poés. pure, 1926, p.42).
mi-tendre. adj. Le kaolin et la pâte mi-tendre (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p.42).
mi-vêtu, -ue. adj. Les jeunes filles, mi-vêtues, sont assises sous l'arbre vert (MONTHERL., Olymp., 1924, p.333).
— PHONÉTIQUE:
mi-fermé, -ée. adj. Voyelle mi-fermée. Voyelle réalisée avec la langue élevée vers le palais sans être aussi haute que pour une voyelle fermée (d'apr. Ling. 1972).
mi-occlusif, -ive. adj. Consonne mi-occlusive et, p. ell., mi-occlusive, subst. fém. Consonne occlusive seulement au début de sa réalisation (d'apr. Ling. 1972). Synon. affriquée.
mi-ouvert, -erte. adj. Voyelle mi-ouverte. Voyelle pour la réalisation de laquelle la langue est abaissée, sans l'être autant que pour la réalisation de [] (d'apr. Ling. 1972).
mi-sonore. adj. Ces locutions inouïes, où l'aspiration recule au delà des voyelles et la modulation du souffle se propage, au gré de telles labiales mi-sonores, en quête de pures finales vocaliques (SAINT-JOHN PERSE, Exil, 1942, p.277).
Rem. Mi- fonctionne de la même façon dans mi-parti, mi-partir, mi-partition.
B. —Mi-..., mi-... (ou, plus rare, mi-... et mi-...). [Les loc. constr. sont le plus souvent adj., elles définissent un état intermédiaire entre les deux réalités exprimées ou comportant à la fois les caractéristiques de l'une et de l'autre; mi-..., mi-... y a la même valeur que les loc. moitié..., moitié... et mi-partie..., mi-partie...]
1. Mi- + adj. ou part. passé adj., mi- + adj. ou part. passé adj. Sur les terrains qui portent aujourd'hui les élégants hôtels de la plaine Monceau, les vieux Parisiens ont vu (...) tout un quartier mi-urbain, mi-rural, où les travaux des champs se mêlaient aux industries de la ville (VOGÜÉ, Morts, 1899, p.23). Sous ces palmiers et sur cet espace amphibie, mi-aquatique, mi-terrien, aucune fleur, mais les pagnes bleus, rouges, jaunes des enfants fellahs flamboyaient (BARRÈS, Cahiers, t.6, 1907, p.183).
SYNT. Cérémonie mi-profane, mi-religieuse; cheveux mi-gris, mi-blancs; détails mi-vrais, mi-faux; entreprise mi-agricole, mi-industrielle; étude mi-sociale, mi-littéraire; grandeur mi-bourgeoise, mi-épique; nom mi-grec, mi-latin; quartier mi-indigène, mi-européen; France mi-cléricale, mi-laïque.
— En partic.
♦[Le déterminé désigne une pers. ou l'une de ses attitudes] Il dit cela de sa manière mi-pincée, mi-sucrée, avec l'amertume secrète du peu que son nom, si populaire en 48, pèse sur les masses (GONCOURT, Journal, 1870, p.659). —«Tu me crois capable de ça?» (...) — «Pourquoi non?» fit-il, mi-plaisant, mi-sérieux (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.225). Incapable pourtant de retenir le trop-plein d'une force — hélas! précaire — il s'en délivra par une colère mi-réelle, mi-feinte, mêlée de larmes (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p.958).
SYNT. (Être) mi-rieur, mi-bougon; mi-sérieux, mi-moqueur; mi-souriant, mi-agacé; mi-touché, mi-gêné; (avoir un) air mi-furieux, mi-flatté; mi-incrédule, mi-fâché; mi-sérieux, mi-ironique; (une) expression mi-amère, mi-attendrie; mi-tendre, mi-railleuse; (un) sourire mi-railleur, mi-indulgent; mi-triste, mi-amusé; (un) ton mi-gouailleur, mi-tendre; mi-plaisant, mi-attendri; mi-rageur, mi-plaintif; mi-sérieux, mi-badin; (avoir une) considération mi-intellectuelle, mi-sociale (pour qqn); (un) motif mi-artistique, mi-humanitaire (pour qqc.); (prononcer une) phrase mi-sentimentale, mi-gouailleuse.
♦[Le déterminé désigne une réalité de l'art ou de l'archit.] Maison mi-paysanne, mi-bourgeoise; mise en scène mi-réaliste, mi-féerique. La gloire de ce musée est une abondante collection de panneaux peints, mi-gothiques, mi-flamands (BARRÈS, Jard. Bérén., 1891, p.31). Un décor mi-antique, mi-moderne, mêlant les colonnes d'un temple grec à une projection, sur la toile de fond, de Notre-Dame de Paris (GIDE, Journal, 1932, p.1129). Nous nous arrêtons à Vicovaro pour y admirer un baptistère mi-gothique, mi-quattrocento (GREEN, Journal, 1935, p.24).
2. Mi- + subst., mi- + subst. (ou, plus rare, mi- + subst. et mi- + subst.). [Les loc. constr. ont une valeur adj.] V. mi-figue, mi-raisin (s.v. figue A). Pastille mi-sel, mi-sucre; poème mi-complainte, mi-satire.
— En partic.
♦[Le déterminé désigne un/des être(s) vivant(s)] Animal mi-homme, mi-cheval. Dans la salle, un public mi-ouvriers, mi-portiers retirés du cordon (GONCOURT, Journal, 1866, p.240). Une petite parisienne mi-cocotte et mi-bourgeoise, née dans une arrière-boutique, élevée sur le seuil du magasin à cueillir les passants d'un coup d'œil (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, M.Parent, 1886, p.605). L'incrédule intelligent tient nécessairement le prêtre pour une énigme, pour un monstre, mi-homme, mi-ange, dont il s'étonne, dont il sourit, dont il s'inquiète assez souvent (VALÉRY, Variété II, 1929, p.115). C'était une grande fille rousse, mi-créature, mi-mondaine, qui faisait de la figuration dans les studios et les bars des Champs-Élysées (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p.14).
♦[Le déterminé désigne un édifice ou ses alentours] L'espace ainsi clos est mi-cour, mi-jardin (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p.213). L'unique construction de planches, mi-étable et mi-grange (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p.193). Une existence toute faite par la terre et le temps, dans les maisons de pierre, mi-fermes, mi-châteaux (POURRAT, Gaspard, 1922, p.193). Le jardin des Delobelle, mi-potager, mi-plaisance, avait l'avantage d'un puits, et d'un très vieux figuier à l'écorce blanche, sur la basse bifurcation duquel d'habitude Pierre composait ses poèmes (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.135).
♦[Le déterminé désigne un vêtement ou un accessoire] Des ailes de fantaisie mi-plume et mi-jais et des broderies splendides sur tulle (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p.728). [Le cavalier] se balançait sur de très hautes jambes en pantalon charivari, mi-drap, mi-cuir (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.131). Ces tabliers de cuisine mi-laine, mi-chanvre, que rien n'usait, c'était du solide qui durerait un monde (POURRAT, Gaspard, 1925, p.61). J'ai voyagé en première, en grande tenue, manteau de fourrure, et un de ces chapeaux en hauteur, mi-turban, mi-pain de sucre, destiné à me faire passer inaperçue (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.322).
3. Rare. Mi- + verbe et mi- + verbe. Haynes tourna quelques minutes sur la passerelle puis disparut après avoir mi-dit et mi-grogné qu'il allait surveiller le lavage des ponts (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p.68).
4. Rare. Mi- + adv., mi- + adv. Joubert — et ceci mi-délibérément, mi-inconsciemment — reste toujours en deçà de l'absolue lucidité en matière de sentiment (DU BOS, Journal, 1924, p.157).
Rem. 1. Les 2 termes de la loc. peuvent ne pas appartenir à la même partie du discours. Une course, un pèlerinage, mi-chevauchant, mi-à pied (E. DE GUÉRIN, Journal, 1838, p.239). Salons mi-gothiques, mi-Louis XV (GREEN, Journal, 1934, p.182). V. supra II B 1 ex. de Green. 2. Mi- peut ne pas être répété devant le 2e terme de la loc. Il est très curieux, ce petit portrait, avec la barbe mi-poivre et sel du modèle (GONCOURT, Journal, 1875, p.1064). 3. Les 2 termes de la loc. peuvent être constr. l'un avec mi-, l'autre avec moitié. La jeune Corse, un peu trop petite sans doute, mais charmante, mi-paysanne et moitié dame, me traita comme un frère (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Hist. corse, 1881, p.47). 4. Lorsque mi-..., mi-... est constr. avec des loc. adv. précédées de à, l'élém. se comporte dans chacun des termes de la loc. comme un adv. indépendant; il n'est plus séparé par un tiret du 2e élém. Le vieux Bob savait imparfaitement le français et le prononçait mi à l'anglaise, mi à l'espagnole (G. LEROUX, Parfum, 1908, 64).
Rem. gén. Dans certaines constr., mi- entre en concurrence avec demi- et beaucoup plus rarement avec semi-. L'élém. hémi-, dont le sens est identique, a une portée beaucoup moins gén.; il semble réservé à la constr. de termes savants.
Prononc.:[mi]. Bbg. HASSELROT 20e s. 1972, p.101.
mi- [mi] Préf. (adj. et adv.).
❖
1 Suivi d'un nom et formant avec lui un nom composé. ⇒ Mi-bas. — Spécialt (avec un nom de mois). || La mi-août. || La mi-janvier. || La mi-février, etc. || Vers la mi-septembre, le milieu de (⇒ Mi-carême).
1 Dans la mi-août (c.-à-d. l'Assomption), c'est le nom fête sous-jacent qui rend raison de l'article féminin. Sur le modèle de cette expression, mais sans que le nom fête fût sous-jacent, on a formé la mi-janvier, la mi-février, et ainsi de suite avec les noms des divers mois; on a formé de même la mi-carême et, en termes de sports, la mi-temps.
M. Grevisse, le Bon Usage, §269, Remarque 3.
2 Loc. adv. || À mi- suivi d'un nom. || À mi-flanc (cit. 10). || À mi-marge (cit. 1). || À mi-hauteur, à mi-distance. ⇒ Mi-chemin, mi-côte. || À mi-montée, à mi-descente. || À mi-course. || Robe qui descend à mi-mollets, à mi-cuisse. ⇒ Mi-corps, mi-jambe. — Travail à mi-temps.
1.1 (…) les cases de ce village, à l'époque des crues, sont inondées durant un mois et demi. On a de l'eau jusqu'à mi-cuisse.
Gide, Voyage au Congo, in Souvenirs, Pl., p. 709.
1.2 (…) il reprend une cigarette, et de nouveau de lents et rares pouf-pouf de fumée se traînent à mi-plafond.
R. Queneau, Pierrot mon ami, p. 48.
♦ (1762). Vx. || Animal à mi-dents, dont les dents sont usées.
3 Avec un participe passé, pour former un adjectif dont le sens est « à moitié… en partie… ». ⇒ Mi-clos, mi-parti.
1.3 (…) ils (des paysans) arrêtaient un instant leur tâche, levaient la tête en gardant le buste mi-courbé vers le sol (…)
R. Frison-Roche, Premier de cordée, p. 10.
1.4 Paul Mouny, mi-dressé sur sa couchette, lança d'une voix forte : « Ferme ta porte, gamin (…) »
R. Frison-Roche, Premier de cordée, p. 130.
1.5 (…) une cigarette mi-éteinte accrochée à la bouche (…)
R. Frison-Roche, Premier de cordée, p. 106.
Cf. dans le même ouvrage la neige mi-fondue (p. 294), un balcon aérien mi-suspendu dans le vide (p. 182).
1.6 Joie de voir notre mère Ève, nue sous le pommier, une pomme mi-croquée à la main (…)
J. Cau, la Pitié de Dieu, p. 179.
♦ Spécialt. Répété devant deux ou plusieurs adjectifs successifs (ou deux noms employés avec valeur d'adjectif) pour indiquer que la personne ou la chose ainsi qualifiée participe des différentes qualités à la fois (→ Frère, cit. 29; hiéroglyphe, cit. 3; hybride, cit. 4; lardon, cit. 1).
♦ Un air mi-sérieux mi-plaisant. || Elle a dit cela mi-sérieuse mi-riante. ☑ Mi-figue, mi-raisin. || Étoffe mi-fil, mi-coton.
1.7 (…) Mme Verdurin, semblant toujours avoir l'air d'admettre entièrement les motifs mi-artistiques, mi-humanitaires, que M. de Charlus lui donnait de l'intérêt qu'il portait à Morel (un jeune violoniste) […]
Proust, Sodome et Gomorrhe, Pl., t. II, p. 1043.
2 Il me supplia, mi-riant, mi-pâlissant, de lui rendre un service bizarre.
R. Radiguet, le Diable au corps, p. 98.
3 On se souvient que l'hôtel contenait une galerie, mi-salle de billard, mi-cabinet de travail, mi-salle à manger. Cette galerie hétéroclite (…)
Cocteau, les Enfants terribles, p. 155.
3.1 (…) les autres gens, toujours mi-haineux, mi-bienveillants (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 281.
3.2 « Un joli saut à faire, hein ! » ajouta Zian, en désignant le vide d'un air mi-sérieux, mi-moqueur.
R. Frison-Roche, la Grande Crevasse, p. 92.
3.3 Nadine a demandé avec un sourire mi-railleur, mi-indulgent : « Tu es furieuse ? »
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 198.
3.4 (…) il donnait sur la vie privée d'Henri, de Dubreuilh, d'Anne, de Nadine, un tas de détails mi-vrais mi-faux, choisis de façon à les rendre aussi odieux que ridicules.
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 551.
3.5 (…) le reste du temps, il préférait son magasin d'étoffes multicolores, à l'ombre des arcades de ce quartier mi-indigène, mi-européen.
Camus, l'Exil et le Royaume, « La femme adultère », p. 16.
3.6 Les chansons, les fredons et les sifflotis succédant à l'harmonium me font l'âme mi-encanaillée, mi-encuraillée.
A. Sarrazin, la Cavale, p. 44.
REM. Parfois mi peut s'employer comme un adverbe indépendant, sans être rattaché par un trait d'union devant une locution adverbiale.
4 (…) une suite de rues tranquilles et incurvées, modestement bourgeoises, mi à l'ombre, mi au soleil (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. VIII, XX, p. 212.
4 Formant, sans trait d'union, certains composés anciens. ⇒ Midi, milieu, minuit, parmi.
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COMP. Nombreux composés de noms, d'adjectifs et de participes. Voir à l'ordre alphabétique.
Encyclopédie Universelle. 2012.