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multitude

multitude [ myltityd ] n. f.
XIIe; lat. multitudo
1Grande quantité (d'êtres, d'objets) considérée ou non comme constituant un ensemble. Une multitude de clients entra (ou entrèrent). armée, essaim, flot, légion, nuée; fam. flopée, tas. « Cette multitude prodigieuse de quadrupèdes, d'oiseaux, de poissons, d'insectes, de plantes, de minéraux » (Buffon).
2Grande quantité (d'êtres ou d'objets). abondance, nombre (grand, élevé), quantité. « La multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices » (Descartes). « La multitude des maisons se dressaient dans leur énormité minuscule » (France). Pour une multitude de raisons.
3Absolt Rassemblement d'un grand nombre de personnes. foule, troupe. La multitude accourait pour le voir. « fuir la multitude » (Molière).
Spécialt, Vieilli ou littér. LA MULTITUDE : le plus grand nombre, la grande majorité, le commun des hommes (opposé à l'individu; ou spécialt et péj. opposé à l'élite). ⇒ foule, 1. masse, peuple, populace, 1. tourbe. « Évitons d'avoir rien de commun avec la multitude » (La Bruyère). « la vile multitude qui a perdu toutes les Républiques » (Thiers).

multitude nom féminin (latin multitudo, -inis) Un très grand nombre d'êtres ou de choses : Il y a dans le monde une multitude de malheureux. Rassemblement en grand nombre d'êtres vivants, de personnes : La multitude des oiseaux qui peuplent ces îles. Littéraire. Le commun des hommes, la masse, la foule, la populace. ● multitude (citations) nom féminin (latin multitudo, -inis) Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 La multitude qui ne se réduit pas à l'unité est confusion ; l'unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie. Pensées, 871 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. Hérodote Halicarnasse vers 484-Thourioi vers 420 avant J.-C. Une multitude est sans doute plus facile à leurrer qu'un seul homme. Histoires, V, 97 (traduction Barguet) multitude (difficultés) nom féminin (latin multitudo, -inis) Accord 1. Avec la multitude des, le verbe se met normalement au singulier : la multitude des étoiles ne peut pas être reproduite sur un petit planisphère. 2. Avec une multitude de, le verbe se met au pluriel : une multitude d'étoiles brillent dans le ciel.multitude (synonymes) nom féminin (latin multitudo, -inis) Un très grand nombre d'êtres ou de choses
Synonymes :
- armée
- bande
- cargaison
- cohorte
- essaim
- flopée (familier)
- flot
- harde
- horde
- légion
- meute
- nuée
- tas
- troupeau

multitude
n. f.
d1./d Grand nombre. Une multitude de spectateurs.
d2./d Péjor. Le plus grand nombre, le commun des hommes. Syn. foule, masse.

⇒MULTITUDE, subst. fém.
A.— Multitude + compl. de nom. Très grand nombre (d'êtres ou de choses concrètes ou abstraites, de même espèce). Synon. armée, avalanche, essaim, floppée (fam.), flot, foule, infinité, légion, nuée, grande quantité, tas, troupeau. Une multitude d'êtres, d'hommes et de femmes; une multitude d'insectes; une multitude de livres, de nuages; la multitude des événements, des lois, des opinions. Je ravive une multitude de charmants souvenirs (M. DE GUÉRIN, Journal, 1834, p. 208). La multitude infinie des combinaisons auxquelles a donné lieu le jeu continuel des forces de la nature (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 87) :
1. ... je trompe surtout Marguerite avec Marguerite. Je trompe la Marguerite d'aujourd'hui avec la femme qu'elle était il y a huit jours, avec celle qu'elle était il y a dix ans, avec la Marguerite jeune fille que je ne possédais pas encore, je la trompe avec une multitude d'elle-même...
DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p. 99.
B.— Emploi abs.
1. Synon. de pluralité. La conciliation paradoxale de l'élément et du tout, de l'unité et de la multitude (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 295).
2. Vieilli, littér. Rassemblement d'un grand nombre de personnes. Synon. affluence, cohue, foule. Au cœur, au sein de la multitude; être perdu dans la multitude. Quand vous vous assemblez, bruyante multitude, Pour aller le traquer jusqu'en sa solitude (HUGO, Rayons et ombres, 1840, p. 1092). Une innombrable multitude avançant dans une lumière incertaine, une humanité humble et douloureuse à la fois cherchant sa route dans un grand pays obscur (GREEN, Journal, 1941, p. 162) :
2. ... des centaines de mille d'Égyptiens dont les costumes blancs ou bigarrés de couleurs vives papillotaient au soleil dans ce fourmillement perpétuel qui caractérise la multitude, même lorsqu'elle semble immobile...
GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 214.
Rare. [En parlant d'animaux] Chacun [des halictes], profondément isolé dans la multitude, bâtit sa demeure pour soi seul, sans s'occuper de son voisin. « C'est, dit M. J. Perez, (...) une cohue de travailleurs rappelant l'essaim d'une ruche uniquement par le nombre et l'ardeur » (MAETERL., Vie abeilles, 1901, p. 285).
3. Péj., littér. Ceux qui forment le plus grand nombre, la masse du peuple, le commun des hommes. Synon. foule, masse. La vile multitude; flagorner, flatter la multitude; suivre la multitude; s'élever au-dessus de la multitude. La multitude ne vaut rien. Sans chefs, la masse se désagrège et retourne vite à l'animalité (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 396). Le maître du discours musical, qui de la tribune semble haranguer les multitudes (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 96) :
3. Et le pauvre est toujours à la même place, à l'extrême pointe de la cime vertigineuse, en face du seigneur des abîmes qui lui répète inlassablement depuis vingt siècles, d'une voix d'ange, de sa voix sublime, de sa prodigieuse voix : « Tout cela est à vous, si vous prosternant, vous m'adorez...» Telle est peut-être l'explication surnaturelle de l'extraordinaire résignation des multitudes.
BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1104.
Prononc. et Orth. :[multityd]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. multitudine « abondance de quelque chose » (Psautier Oxford, 30, 23, ds T.-L.); 2. a) 1155 multitude « grand nombre de personnes » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 7692); en partic. ca 1175 multitude de (BENOÎT DE STE-MAURE, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 12576); b) 1662 péj. la multitude « le commun des hommes » (CORNEILLE, Sertorius, V, 6). Empr. au lat. class. multitudo « multitude, grand nombre » d'où « la foule, le vulgaire »; dans 1, l'accent porte sur l'antépénultième, dans 2, il y a eu réduction de la finale -udine en -ude, cf. virgine/virge, vierge, angele/ange, etc. Fréq. abs. littér. : 2 385. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 5 511, b) 2 595; XXe s. : a) 3 201, b) 2 122.
DÉR. Multitudinaire, adj. a) Multiple, qui forme une pluralité. Alors qu'aucun poème personnel de lyrisme ou de pensée ne songe à rassembler en lui l'unité multitudinaire de la cathédrale (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 41). b) [Correspond à supra B 3] Qui forme une multitude. Tant que je n'aurai pas vu ces deux choses, les pèlerinages multitudinaires me dégoûteront (BLOY, Journal, 1904, p. 232). Le communisme suscite et nourrit les réactions de défense de type fasciste ou raciste, et celles-ci suscitent et nourrissent à leur tour les réactions de défense communistes, de sorte que ces deux forces multitudinaires grandissent simultanément dressées l'une sur l'autre (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 294). — []. — 1re attest. 1904 (BLOY, loc. cit.); formé sur le rad. du lat. multitudo, v. multitude, suff. -aire, cf. l'angl. multitudinarious « nombreux, existant en grand nombre » dès 1810 (NED).
BBG. — DESSAUX (A.-M.). Déterm. nom. et paraphrases prép. Lang. fr. 1976, n° 30, pp. 44-62. — DUB. Pol. 1962, pp. 348-349. — QUEM. DDL t. 11. — VARDAR Soc. pol. 1973 [1970], p. 270.

multitude [myltityd] n. f.
ÉTYM. V. 1155; multitudine, v. 1120; lat. multitudo, même rad. que multum. → Multi-.
1 Grande quantité (d'êtres ou d'objets de même espèce) considérée ou non comme constituant un ensemble.
a (L'idée d'ensemble l'emportant sur celle de nombre). || « Tandis que des mortels (cit. 5) la multitude vile… » (Baudelaire). || Ils pensaient qu'il enrichirait (cit. 2) toute la multitude de ses parents. || La multitude française (→ Indomptable, cit. 8).
b (L'idée de nombre l'emportant sur celle d'ensemble). Quantité. || Une multitude d'écoliers, de visiteurs. Armée, essaim, flopée (fam.), flot, légion, nuée. || Une multitude de gredins. Tas, tourbe, troupeau (→ 1. Bien, cit. 45).Une multitude d'animaux (→ Caribou, cit. 1; gosier, cit. 9; histoire, cit. 37…).Une multitude de discours, d'opinions (→ Assimiler, cit. 4), d'erreurs, d'événements. Avalanche, averse (fam.), fourmillement, quantité (→ Arriver, cit. 64). || Une multitude de lances, de mâts, de piliers. Forêt. || Une multitude de nuages (→ Empourprer, cit. 1), de tombes (→ Empiéter, cit. 3).|| « Une multitude de sauterelles ont infesté ou a infesté ces campagnes » (Littré). Foule (rem. supra cit. 16).
1 (…) la déplorable situation de cette multitude d'hommes, de femmes, de filles que la faim dévore, et dont la vie est moins une vie qu'une mort lente et accablante.
Bourdaloue, Exhortation, Sur charité envers pauvres.
2 On dit que c'est principalement de la Suède, dont une partie se nomme encore Gothie, que se débordèrent ces multitudes de Goths qui inondèrent l'Europe (…)
Voltaire, Hist. Charles XII, I.
Il y a une multitude de… (→ Il y en a en abondance; il y en a beaucoup; cela foisonne).
2 Quantité (d'êtres ou d'objets) dont la grandeur est considérée comme l'aspect essentiel. Abondance, nombre (grand, élevé), quantité (→ Aspect, cit. 25; automate, cit. 2; fleuve, cit. 7). || La multitude des malheureux vous endurcit (cit. 4) à leurs misères. || « On consacrait beaucoup d'hosties (cit. 6) à cause de la prodigieuse multitude des communiants. » || La multitude des lois (cit. 5).
3 (…) ce n'est pas la longueur des années, mais la multitude des générations qui rendent les choses obscures; car la vérité ne s'altère que par le changement des hommes.
Pascal, Pensées, IX, 624.
4 Ne vaut-il pas mieux s'attendrir sans savoir pourquoi, que de chercher dans la vie des intérêts émoussés, refroidis par leur répétition et leur multitude ? Tout est usé aujourd'hui, même le malheur.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 232.
5 Et cependant j'avais vécu longtemps, oh ! très longtemps ! … La notion du temps ou plutôt la mesure du temps étant abolie, la nuit entière n'était mesurable pour moi que par la multitude de mes pensées.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Poème du hachisch », III.
6 À perte de vue, la multitude des maisons se dressaient dans leur énormité minuscule.
France, l'Île des pingouins, VIII, 2.
3 (V. 1265). Sans complément. Littér. Rassemblement d'un grand nombre de personnes. Affluence, cohue, concours, encombrement, foule, presse, rassemblement, troupe (→ Immense, cit. 9). || Fourmilière où vit et s'agite une multitude. || Rumeur d'une multitude en marche (→ Grondement, cit. 4). || Ruée en masse d'une multitude. Inondation.La multitude qui accourait pour le voir (→ Embarrasser, cit. 24). || Cette multitude immense entassée sur la rive (→ Encombrement, cit. 1). || Acclamations de la multitude. || Mendiant (cit. 2) qui sollicite la pitié de la multitude.Fuir la multitude.
7 Et ce qui doit surprendre, est qu'aux portes d'Élis
La douce passion de fuir la multitude
Rencontre une si belle et vaste solitude.
Molière, la Princesse d'Élide, II, 1.
8 Il n'est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude : jouir de la foule est un art; et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage.
Baudelaire, le Spleen de Paris, XII.
9 Une multitude vertigineuse emplit les routes, les sentiers, les ponts, les plaines, les collines, les vallées, les bois, encombrés par cette évasion de quarante mille hommes.
Hugo, les Misérables, II, I, XIII.
10 La multitude va, vient, s'agite et se mêle
Par flots bariolés entre les grands murs blancs,
Comme une mer mouvante et murmurant comme elle.
Leconte de Lisle, Poèmes tragiques, « Apothéose de Mouça-al-Kebir ».
(1662). Absolt. || La multitude : le plus grand nombre, la grande majorité, le commun des hommes (par oppos. à l'individu; ou spécialt et péj. par oppos. à l'élite). Foule (infra cit. 12.1), généralité (II.), masse (II., 3.), peuple, populace (péj.), tourbe (péj.), vulgaire (n. m.), vulgum pecus (→ Flatter, cit. 57; gouverner, cit. 28; 1. masse, cit. 27). || « Les chefs, la multitude » (→ 1. Ferme, cit. 15, La Fontaine). || L'homme de la multitude (→ Fontaine, cit. 6). || Surgi du sein de la multitude (→ 1. Manger, cit. 23). || Flagorner (cit. 3) la multitude. Démagogie. || Instinct grégaire qui pousse à suivre la multitude. || Tourner le dos à la multitude (→ 2. Bourse, cit. 8).Allus. hist. || « La vile multitude » (→ cit. Thiers, ci-dessous).Au plur. || L'informe bloc (cit. 4, Hugo) des sombres multitudes.
11 (…) je m'en remets assez aux décisions de la multitude, et je tiens aussi difficile de combattre un ouvrage que le public approuve, que d'en défendre un qu'il condamne.
Molière, les Fâcheux, Avertissement.
12 Évitons d'avoir rien de commun avec la multitude; affectons au contraire toutes les distinctions qui nous en séparent.
La Bruyère, les Caractères, IX, 23.
13 Le bonheur des grands et des riches dépend presque toujours d'eux-mêmes. Celui de la multitude dépend de ceux qui la gouvernent; dans cette classe d'hommes le bonheur consiste surtout à ne pas souffrir.
Chamfort, Maximes…, Sur la politique, II.
14 Ces hommes que nous avons exclus, sont-ce les pauvres ? Non… (Ce sont les) vagabonds (…) ces hommes qui méritent le titre, l'un des plus flétris de l'histoire, entendez-vous, le titre de multitude (…) Des amis de la vraie liberté, je dirai les vrais républicains, redoutent la multitude, la vile multitude qui a perdu toutes les Républiques (…)
Thiers, Disc. 24 mai 1850, in Malet et Isaac, Cl. de 1re, p. 637.
15 La foule est rétive à l'entraînement des paladins. Les lourdes masses, les multitudes, fragiles à cause de leur pesanteur même, craignent les aventures; et il y a de l'aventure dans l'idéal.
Hugo, les Misérables, V, I, XX.
CONTR. Pénurie. — Personne, rien.

Encyclopédie Universelle. 2012.