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mystifier

mystifier [ mistifje ] v. tr. <conjug. : 7>
• 1764; dér. plaisant du gr. mustês « initié »
1Tromper (qqn) en abusant de sa crédulité et pour s'amuser à ses dépens. abuser, berner, duper (cf. Faire marcher, mener en bateau). « J'avais été mystifié comme un collégien » (Louÿs). P. p. subst. Les mystificateurs et les mystifiés.
2Tromper par une mystification (2o). « pour éviter que le révolutionnaire ne soit mystifié par ses anciens maîtres » (Sartre).
⊗ CONTR. Démystifier.

mystifier verbe transitif Abuser de la crédulité de quelqu'un, se jouer de lui, le tromper : Ses promesses étaient hypocrites ; il nous a mystifiés.mystifier (difficultés) verbe transitif Orthographe Avec un y au début pour les deux mots, mais un h seulement pour mythifier (issu de mythe). Sens Ne pas confondre ces deux mots proches par la forme, mais dont les sens sont bien distincts. 1. Mystifier = abuser de la crédulité de qqn pour s'amuser à ses dépens. Les élèves de troisième année ont mystifié toute l'école avec un énorme canular. 2. Mythifier = donner un caractère de mythe à. Le système du vedettariat mythifie les chanteurs et les acteurs. → démystifiermystifier (synonymes) verbe transitif Abuser de la crédulité de quelqu'un, se jouer de lui...
Synonymes :
- abuser
- amuser
- berner
- bourrer le crâne (familier)
- duper
- endormir
- faire marcher (familier)
- feinter (familier)
- flouer (familier)
- leurrer
- pigeonner (familier)
- refaire (populaire)
- rouler (familier)
- se jouer de

mystifier
v. tr. Tromper (qqn) en abusant de sa crédulité pour s'amuser à ses dépens.

⇒MYSTIFIER, verbe trans.
A. — Tromper, berner (quelqu'un de naïf), généralement pour s'amuser à ses dépens. Synon. duper, faire marcher qqn (fam.). Ces plaisanteries par lesquelles à Paris on mystifie les niais (BALZAC, Béatrix, 1839-45, p.97). Croyez-vous qu'il m'ait mystifié et (...) conté une histoire de son cru? (BARRÈS, Jard. Oronte, 1922, p.10). V. farce2 ex. 3:
1. Quand Baudelaire arriva à Bruxelles, il commença par mystifier les Belges en propageant le bruit qu'il avait des moeurs spéciales et qu'il appartenait à la police.
THIBAUDET, Réfl. litt., 1936, p.144.
B. — Abuser (une personne ou une collectivité) en déformant ou en embellissant la réalité. Synon. abuser, leurrer, tromper. L'opinion a été mystifiée par quelques journalistes (DUB.). Le gouvernement a senti la nécessité de mystifier le bon peuple de France avec des mots nouveaux et de vieilles idées (BALZAC, Peau chagr., 1831, p.43). V. ahuri ex. 8:
2. C'est à croire (...) qu'un malicieux génie mystifie les amants, tant ils montrent d'obstination à oublier les leçons de l'expérience et d'application à ne rien apprendre. À peine délivrés de leur sotte, les voici qui courent en choisir une autre.
JANKÉL. Je-ne-sais-quoi, 1957, p.163.
REM. 1. Mystifiable, adj. [Correspond à mystifier A ou B] Qui peut être mystifié. Les châteaux en Espagne, le rêve où l'homme est mystifiable parce qu'il cherche à s'attraper lui-même (BALZAC, Employés, 1837, p.102). Golberg (...) ce lumineux loufoque qui paraît d'ailleurs ignorant comme une carpe, roublard et mystifiable ad nutum. Sa c...rie est vraiment phosphorescente (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1898, p.312). 2. Mystifiant, -ante, adj. [Correspond à mystifier B] Qui mystifie. Idéologie, propagande mystifiante (ROB.). V. mystagogue B ex. de Romains. 3. Mystifié, -ée, adj. et subst. [Correspond à mystifier A ou B] (Celui, celle) qui a été mystifié(e). Ma farce n'était pas convenable (...). Tous les témoins pleurent encore de rire à ce souvenir, bien que le mystifié en soit mort (MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Farce, 1883, p.1278). Ce gros mollasson qui s'obstine à vivre, qui vivra sous tous les régimes, humble, mystifié, coriace, qui vivra pour rien (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p.198).
Prononc. et Orth.:[mistifje], (il) mystifie [mistifi]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1760 part. passé (FAVART, Mém. et Corr., I, 50 ds R. Philol. fr. t.37, p.37); 1764 inf. (GRIMM., Corr. litt., 15 sept. pp.69-70, ibid., p.38). Dér. du gr. «initié aux mystères»; suff. -ifier. Fréq. abs. littér.:126. Bbg. BENN (J. V.). Hist. du mot mystifier. R. Philol. fr. 1925, t.37/38, pp.33-42. — GOHIN 1903, p.279. — QUEM. DDL t.13.

mystifier [mistifje] v. tr.
ÉTYM. 1764, Grimm (→ cit. 1); dér. plaisant du grec mustês « initié » (→ Myst), et de -fier, lat. facere.
1 Tromper (qqn) en abusant de sa crédulité et pour s'amuser à ses dépens. Abuser, duper, leurrer, tromper, et, fam., charrier; grimper (faire grimper à l'arbre, à l'échelle). || Les naïfs qu'on mystifie (→ Candide, cit. 2). || Mystifier quelqu'un en lui cachant, en simulant quelque chose, en lui racontant des histoires, des blagues, des gausses (cit.). Mentir. || Se faire mystifier.
1 Cette comédie (faire croire à Poinsinet que le roi de Prusse voulait lui confier l'éducation du prince…) dura plusieurs mois (…) sans que Poinsinet doutât un instant de la réalité de tous ces faits; ses amis appelaient cela mystifier un homme, et lui donnèrent le surnom de mystifié, terme qui n'est pas français (…) et qui (…) ne méritait pas d'être remarqué, si M. Déon ne l'avait employé (…)
Grimm, Correspondance, 15 sept. 1764, cité par Littré.
2 Désormais, je voyais clair dans cette petite âme de rouée. J'avais été mystifié comme un collégien et j'en restais confus encore plus qu'affligé.
Pierre Louÿs, la Femme et le Pantin, IX.
2 (Mil. XXe). Tromper par une mystification (au sens 2). || Partisans d'un régime totalitaire mystifiés par la propagande.
3 (…) pour éviter que le révolutionnaire ne soit mystifié par ses anciens maîtres, il convient de lui montrer que les valeurs établies sont de simples données (…) Et pour éviter qu'il ne se mystifie lui-même, il faut lui donner les moyens de comprendre que le but qu'il poursuit (…) est aussi une valeur (…)
Sartre, Situations III, p. 195.
——————
mystifié, ée p. p. adj.
|| Un naïf mystifié.Foules mystifiées.N. || Les mystificateurs et les mystifiés (→ Fumisterie, cit. 2).
CONTR. Détromper.
DÉR. Mystifiable, mystifiant, mystificateur, mystification.
COMP. Démystifier.

Encyclopédie Universelle. 2012.