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nuée

nuée [ nɥe ] n. f.
XIIe; de nue
1Littér. Gros nuage. nuage, nue. « La voyez-vous passer, la nuée au flanc noir ? » (Hugo).
2Par ext. Nuée ardente : amas de gaz, de vapeur d'eau, de cendres, expulsé lors d'une éruption volcanique de type péléen.
3Multitude formant un groupe compact (comparé à un nuage). « une nuée d'oiseaux qui tourbillonnent et voltigent sans but » (Gautier) .
Très grand nombre (de choses, de personnes). essaim, quantité . « des nuées innumérables de flagorneurs l'environnaient » (Péguy).

nuée nom féminin (de nue) Gros nuage épais : Une nuée d'orage. Multitude d'êtres ou d'objets groupés en masse et plus ou moins menaçants : Une nuée de moustiques. Une nuée d'ennemis.nuée (citations) nom féminin (de nue) William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Car toute nuée n'engendre pas la tempête. For every cloud engenders not a storm. Henry VI, V, 3, Clarencenuée (difficultés) nom féminin (de nue) Accord Une nuée de. Avec nuée, l'accord du verbe se fait au singulier : une nuée de criquets a dévasté les cultures. ● nuée (expressions) nom féminin (de nue) Nuée ardente, émission brutale de gaz à haute pression et température, transportant à grande vitesse (plus de 100 km/h) des fragments laviques de toutes dimensions. ● nuée (homonymes) nom féminin (de nue) nuer verbenuée (synonymes) nom féminin (de nue) Gros nuage épais
Synonymes :
- nébulosité
- nue (littéraire)
Multitude d'êtres ou d'objets groupés en masse et plus ou...
Synonymes :
- armée
- essaim
- flopée (populaire)
- horde
- kyrielle (familier)
- légion
- masse
- meute
- multitude
- tas
- volée

nuée
n. f.
d1./d Litt. Nuage épais et de grande taille. Nuées noires annonçant un orage.
d2./d Nuée ardente: projection de cendres accompagnées de gaz en combustion à très haute température, qui émane d'un volcan.
d3./d Multitude d'insectes, d'oiseaux, etc., évoquant un nuage. Une nuée de sauterelles.
|| Très grande quantité (d'éléments distincts). Une nuée d'assaillants.

⇒NUÉE, subst. fém.
A. — 1. Vieilli ou littér. Nuage de grande étendue, généralement épais et sombre, annonciateur de pluie ou d'orage. Synon. intensif de nuage, nue. Nuée grise, noire, obscure; nuée énorme, épaisse, grande, grosse, immense, longue; nuée pluvieuse, nuée d'orage; nuée d'encre; ciel chargé de nuées; crever la nuée. Il nous reste à peine le temps, avant que la nuée crève, de regagner notre demeure (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p.49). Là-dessus pesait un grand nuage, amassé sur tout le bout de Paris qu'il couvrait, une nuée lourde, d'un violet sombre (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p.3):
1. ... il leva les yeux... De tout l'horizon, sous la poussée d'un vent annonciateur de neige, se pressaient de lourdes légions de nuées sombres, masses fumeuses qui, lentement, sur le fond blanc des trouées, se désagrégeaient, se tordaient en de noirs remous. Et tout le ciel en était envahi...
CHÂTEAUBRIANT, Lourdines, 1911, p.242.
P. méton. Ce qui peut tomber des nuages, précipitation atmosphérique (pluie, neige, grêle). La neige emplit le noir sillon. La lumière est diminuée... Ferme ta porte à l'aquilon! Ferme ta vitre à la nuée! (HUGO, Contempl., t.2, 1856, p.70).
En partic. Petit nuage. Nuée bleue, laiteuse, rose; nuée légère, lumineuse. Il faisait un beau temps d'hiver, de petites nuées blanches couraient dans le grand ciel bleu (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p.89). Ciel sans une nuée (FROMENTIN, Voy. Égypte, 1869, p.78).
RELIG. Symbole de la présence de Dieu dans la Bible (p.ex. la colonne de nuée: Exode 13, 21; la nuée lumineuse [la Transfiguration]: Matth. 17 I-8, 24-30 et Actes I, 9 [l'Ascension]). Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles...! «Et alors on verra le Fils de l'homme venir sur une nuée avec une grande puissance et une grande majesté...» (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.93). Voir CHATEAUBR., Martyrs, t.3, 1810, p.202 et SAND, Lélia, 1833, p.8 et 1839, p.393.
2. P. anal. Vapeur (fumée, brouillard) plus ou moins dense, obscurcissant l'atmosphère à la manière d'un nuage. La masse noire de la gare se dressait, encapuchonnée dans des nuées de fumée stagnante (ESTAUNIÉ, Simple, 1891, p.25). Testevel, au sortir de sa tiède petite bauge où devaient flotter encore les nuées d'un tabac amical, allait, dans les bureaux d'une gazette, tenir son emploi de correcteur (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p.54).
En nuée. La fumée de l'échappement flotte en nuée bleue derrière la voiture (GENEVOIX, Rroû, 1931, p.221).
Nuée d'étoffe. Tissu chatoyant et vaporeux (v. nuage B 2 b). Les vastes et chatoyantes nuées d'étoffes dont elle s'enveloppe (BAUDEL., Curios. esthét., 1867, p.353).
Spécialement
ASTRON. Nuée(s) de Magellan. Synon. de nuage de Magellan (v. nuage B 1 b). Les nuées de Magellan, deux vastes nébuleuses, dont la plus étendue couvre un espace deux cents fois grand comme la surface apparente de la lune (VERNE, Enf. cap.Grant, t.1, 1868, p.237).
VOLCANOL. Nuée ardente. Ensemble des gaz, vapeurs d'eau, cendre et pierres s'échappant d'un volcan en éruption. La catastrophe de Saint-Pierre à la Martinique en 1902, détruite en un instant (...) par l'élévation de température intense provoquée par la nuée ardente de la montagne Pelée (...) ressemble étrangement à l'annihilation d'une ville par une explosion atomique (GOLDSCHMIDT, Avent.atom., 1962, p.57).
3. Au fig. et p.métaph. (dans des emplois très proches du sens de nue, v. ce mot B 2).
a) Gén. au plur. Idées obscures; domaine hypothétique des abstractions et des chimères. Jaurès était un esprit faux, rempli de nuées, incapable d'amendement et de perfectionnement (L. DAUDET, Temps Judas, 1920, p.218). Loin de s'élever sur les nuées fumeuses qui obscurcissent tant de cerveaux, ils [Villon, Baudelaire, Verlaine] ont pour base le sol où nous sommes nés (CARCO, Nostalgie Paris, 1941, p.144).
Se perdre en (dans les) nuées. Il ne se perdait pas dans les nuées, lui, il forgerait son destin et dominerait sur les hommes (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p.93).
b) Chose de peu d'importance, inconsistante comme les vapeurs d'un nuage. Propos de table et propos d'amour; les uns sont aussi insaisissables que les autres; les propos d'amour sont des nuées, les propos de table sont des fumées (HUGO, Misér., t.1, 1862, p.168).
B. —[À valeur de coll. dans le tour une nuée de +subst.plur.]
1. Une nuée de + nom de pers. ou d'animal. Multitude, foule compacte de. Synon. ribambelle, flopée (fam.). Une nuée de corbeaux, d'insectes, de moineaux, de moucherons, de moustiques, de sauterelles. Une nuée, une multitude, une avalanche, une plaie d'oiseaux blancs, et la solitude (BAUDEL., Curios. esthét., 1867, p.258). Une nuée d'enfants dépenaillés jouaient sur les trottoirs au milieu de paquets de débris (ROY, Bonheur occas., 1945, p.119):
2. ... nous avions toujours à nos trousses une nuée de polissons qui faisait la roue sur nos derrières, appelaient Bamban par son nom, le montraient du doigt, lui jetaient des peaux de châtaignes, et mille autres bonnes singeries.
A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p.73-74.
2. Une nuée de + inanimé. Grand nombre de, multitude de.
a) concr. Une nuée de balles gicle autour de moi, multipliant les arrêts subits (BARBUSSE, Feu, 1916, p.274).
b) abstr. Un soir, sur ce canapé, j'ai été assailli d'une nuée de pensées violentes (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p.216).
C.En/par nuée(s). En grand nombre. Des guêpes, et par nuées, se livraient hardiment au pillage, dépeçant à belles dents nos meilleures pêches (MICHELET, Insecte, 1857, p.7). Arrivant en nuée, de toutes parts, les projectiles criblaient cet alignement de morts! (BARBUSSE, Feu, 1916, p.240).
Prononc. et Orth.:[], [nye]. Homon. nuer. Att.ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1180-90 «gros nuage» (ALEXANDRE DE PARIS, Alexandre, branche II, 5046 in Elliot Monographs, n° 37, p.256); b) ) 1538 «traînée de vapeurs aux contours imprécis» (EST. d'apr. FEW t.7, p.219a); ) 1902 géol. nuée ardente (LACROIX, Lettre du 10 déc. ds C. r. de l'Ac. des sc., t.135, p.1305); 2. ) 1564 «multitude d'hommes ou de choses» (Indice et recueil universel de tous les mots principaux de la Bible d'apr. FEW, loc. cit.); ) 1688 [éd.] «grande quantité d'objets ou d'animaux se mouvant dans l'air» (SACI, Tobie, Judith et Esther, p.12: nuées de sauterelles). Dér. de nue; suff. -ée, v. -é. Fréq. abs. littér.:1323. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1345, b) 3159; XXes.: a) 2304, b) 1399.

nuée [nɥe] n. f.
ÉTYM. Fin XIIe; de nue.
1 Littér. Nuage de grandes dimensions (étendu ou épais). Nuage, nue (→ Déployer, cit. 9; 1. foudre, cit. 4; horizon, cit. 21; livide, cit. 6).REM. Ce qui distingue la nuée, selon Lafaye, « c'est son contenu, c'est qu'elle est grosse de pluie »; en fait, le mot est plus littéraire que nuage et ne s'emploie guère qu'au pluriel.
La lune courait (cit. 31) dans les nuées. || Les nuées s'enflammaient (cit. 14) dans le ciel. || Nuée sombre. || Nuée d'or et d'azur (cit. 2). || Nuée menaçante. || Nuées d'orage. || Porter une menace comme la nuée porte l'orage.
1 La voyez-vous passer, la nuée au flanc noir ?
Tantôt pâle, tantôt rouge et splendide à voir,
Morne comme un été stérile ?
Hugo, les Orientales, I, I.
2 Le poète est semblable au prince des nuées (l'albatros)
Qui hante la tempête et se rit de l'archer (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et idéal », II.
3 La verte montagne nous écrase de toute sa hauteur, et des nuées basses, lourdes, obscures, se tiennent au-dessus de nos têtes comme un couvercle oppressant qui achèverait de nous enfermer dans ce recoin inconnu où nous sommes (…)
Loti, Mme Chrysanthème, III.
Myth. || Zeus, Jupiter, rassembleur de nuées (→ Ganache, cit. 5).Bible. || « Le fils de l'Homme venant sur les nuées du ciel » (Évangile selon saint Matthieu, 24, 30, etc.).
4 Bientôt sur la nuée, un juge doit descendre.
Hugo, Odes et ballades, III, I.
Littér. || Les Nuées, comédie d'Aristophane, où Socrate siège au milieu des nuées, personnifiées par des femmes voilées (allusion satirique aux hautes et nébuleuses spéculations prêtées à Socrate par ses ennemis).
2 Nuage formé d'une vapeur (brouillard, fumée).
5 (…) le soleil levant avait lentement dissipé ces vapeurs blanches et légères qui (…) voltigent sur les prairies (…) une invisible main semblait enlever à ce paysage le dernier des voiles dont elle l'aurait enveloppé, nuées fines, semblables à ce linceul de gaze diaphane qui couvre les bijoux précieux (…)
Balzac, les Chouans, Pl., t. VII, p. 772.
6 (…) cette peur me retenait à l'autre extrémité du fumoir, caché dans la fumée des cigarettes et des cigares comme dans une olympienne nuée.
Gide, Si le grain ne meurt, I, X, p. 262.
Par anal. || Vastes et chatoyantes nuées d'étoffe (→ Harmonie, cit. 48).
Spécialt. || Nuées ardentes : amas de gaz, de vapeur d'eau, de cendres, expulsé lors d'une éruption volcanique.REM. Le syntagme est utilisé dans les traductions françaises de la Bible (Exode).
3 Multitude (de choses, d'animaux, de personnes) formant un groupe compact (comparé à un nuage). || Nuée de moucherons (→ Marmot, cit. 4), de sauterelles, de criquets (1. Criquet, cit. 1). || Nuée d'oiseaux qui obscurcit le ciel. || Nuées de poissons (→ Fourmiller, cit. 4). || Nuée de flèches. || Des nuées de piétons affluaient (cit. 4).
7 (…) une nuée d'oiseaux qui tourbillonnent et voltigent sans but (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, VI.
8 (…) regardant les sous-bois obscurcis, les nuées dansantes de moucherons que fendait l'auto.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 16.
Par ext. Très grand nombre (de choses, de personnes). Quantité (→ Espionnage, cit. 3; évanouir, cit. 3).
9 Pour ôter les jugements arbitraires, ils se sont soumis à mille jugements iniques et même extravagants : des nuées de gens de loi les dévorent, d'éternels procès les consument (…)
Rousseau, le Gouvernement de Pologne, X.
10 J'ai critiqué Jaurès en un temps où des nuées innumérables de flagorneurs l'environnaient.
Ch. Péguy, la République…, p. 40.
4 (1559). Fig. (du sens 1), vx. Menace (cit. 1), comparée à une nuée prête à crever.
(1893). Abstraction vague, incompréhensible; idée chimérique. || Assembleur (cit. 2) de nuées. || Se perdre dans les nuées. Nuage, nue (supra cit. 10).
HOM. Nué, 1. nuer.

Encyclopédie Universelle. 2012.