horizon [ ɔrizɔ̃ ] n. m.
1 ♦ Limite circulaire de la vue, pour un observateur qui en est le centre. La plaine s'étend jusqu'à l'horizon. Le soleil descend sur l'horizon, disparaît au-dessous de l'horizon. La ligne d'horizon : la ligne qui semble séparer le ciel de la terre (ou de la mer), à l'horizon. — Ligne d'horizon d'un dessin. — Astron. Grand cercle théorique divisant la sphère céleste en deux parties égales, l'une visible, l'autre invisible. Horizon astronomique. — Horizon apparent, visuel, déterminé par les rayons visuels de l'observateur tangents à la surface de la Terre. — Sur l'horizon : dans la partie visible du ciel. Point le plus élevé par rapport à l'horizon. ⇒ zénith. Points de l'horizon où le soleil se couche, se lève. ⇒ occident, orient . — Mar. Horizon artificiel : surface rigoureusement plane et horizontale (miroir, surface de mercure) remplaçant l'horizon visuel pour les observations astronomiques (au sextant, par ex.). — Aviat. Horizon artificiel : système gyroscopique matérialisant la direction d'un avion par rapport au plan horizontal.
2 ♦ (1671) Les parties de la surface terrestre et du ciel voisines de l'horizon visuel. « L'horizon calme, avec ses bois, ses maisons, ses coteaux » (Montherlant). Appos. Bleu horizon, couleur des uniformes français pendant et après la guerre de 1914-1918. — Interroger, scruter l'horizon. — À L'HORIZON : au loin, dans le lointain. — Du fond, du bout de l'horizon. « De gros nuages couraient d'un horizon à l'autre » (Camus).
♢ Espace visible au niveau de l'horizon. ⇒ distance, étendue. Un vaste horizon. Chaîne de montagnes qui borne, limite, ferme l'horizon. — De ce lieu, on embrasse un immense horizon. N'avoir pour horizon que les immeubles de son quartier. ⇒ paysage, vue. — Par métaph. Lieu, espace éloigné. Voyager vers de nouveaux horizons. Changer d'horizon : voir autre chose.
3 ♦ (déb. XIXe) Fig. Domaine qui s'ouvre à la pensée, à l'activité de qqn. ⇒ 1. champ (d'action), perspective. Ce livre m'a découvert, révélé, dévoilé des horizons insoupçonnés. Ouvrir des horizons nouveaux, illimités sur qqch. — L'horizon politique, économique : les perspectives politiques, économiques. — À l'horizon : au loin (dans le temps). À l'horizon (et un millésime) :dans la perspective de (l'année indiquée). À l'horizon 2000. — Faire un tour d'horizon : aborder, étudier successivement et succinctement toutes les questions.
4 ♦ Géol. Couche bien caractérisée (par des fossiles, par la décomposition du sol). Horizon siliceux.
● horizon nom masculin (latin horizon, -ontis, du grec horidzôn, -ontos) Ligne imaginaire circulaire dont l'observateur est le centre et où le ciel et la terre (ou la mer) semblent se confondre. Partie de la terre, de la mer ou du ciel qui borne cette ligne : Apercevoir une voile à l'horizon. Étendue de terre et de ciel qu'un observateur peut apercevoir autour de lui. Lieu où l'on vit et qui borne l'existence : Il faut changer d'horizon. Domaine qui s'ouvre à l'esprit et à l'activité de quelqu'un : Élargir son horizon. Perspectives d'avenir dans un domaine : L'horizon politique s'éclaircit. Astronomie Grand cercle de la sphère céleste, en un lieu donné, formé par l'intersection de cette sphère et du plan horizontal. Synonyme rare de plan horizontal. Géologie Lit ou niveau très fin et bien distinct dans une séquence lithologique. Pédologie Couche du sol plus ou moins épaisse et sensiblement parallèle à la surface. (L'ensemble des horizons d'un sol, ou profil du sol, résulte des transformations d'une même roche mère [horizon C] par simple altération [horizon B], incorporation de matière organique [litière végétale L et horizons humifères A0a1], appauvrissement [horizons éluviaux A2 et E] ou, au contraire, par accumulation d'argiles, d'hydroxydes et de complexes organominéraux [horizons illuviaux B]. Les horizons, caractérisés par leur aspect morphologique, leur nature physico-chimique et minéralogique, et leurs relations réciproques, servent de fondement à la classification et au diagnostic agronomique des sols.) Préhistoire Distribution de traits culturels identiques sur une vaste région, au cours d'une période limitée. ● horizon (difficultés) nom masculin (latin horizon, -ontis, du grec horidzôn, -ontos) Orthographe Bleu horizon. Invariable : des uniformes bleu horizon. Voir grammaire : adjectifs de couleur. Emploi L'emploi figuré de horizons (au pluriel) au sens de « champs d'action ou de réflexion, perspectives », longtemps critiqué, est aujourd'hui admis :cette découverte ouvre à la recherche des horizons nouveaux. ● horizon (expressions) nom masculin (latin horizon, -ontis, du grec horidzôn, -ontos) À l'horizon, dans un avenir proche ou dans un avenir défini par telle date : À l'horizon 2010. Faire un tour d'horizon, soumettre successivement à la discussion tous les aspects d'un sujet, d'une question. Ouvrir des horizons, créer de nouvelles perspectives, de nouvelles possibilités d'action ou de réflexion. Horizon artificiel, instrument de pilotage d'un avion qui matérialise une référence de verticale terrestre et permet au pilote d'apprécier la position de son avion en roulis et en tangage. Horizon des événements, limite à l'observation des phénomènes physiques au voisinage de puits de potentiel gravitationnels très intenses (trous noirs). Ligne d'horizon, ligne horizontale qui résulte de l'intersection du plan d'horizon et du plan figuratif. (Toutes les droites contenues dans un plan horizontal quelconque ont leur point de fuite sur la ligne d'horizon.) Plan d'horizon, plan horizontal qui passe par l'œil de l'observateur. Horizon économique, durée pour laquelle les producteurs, les consommateurs ou les épargnants établissent leurs prévisions et leurs plans. Horizon productif ou producteur, partie productive d'un gisement de pétrole ou de gaz naturel. ● horizon (synonymes) nom masculin (latin horizon, -ontis, du grec horidzôn, -ontos) Étendue de terre et de ciel qu'un observateur peut apercevoir...
Synonymes :
- panorama
- paysage
- site
- vue
Géologie. Lit ou niveau très fin et bien distinct dans une...
Synonymes :
- niveau
horizon
n. m.
d1./d Ligne circulaire constituant la limite du champ de vision d'un observateur et qui semble séparer le ciel et la terre.
|| ASTRO Plan perpendiculaire à la verticale et tangent à la surface de la Terre.
d2./d Parties du ciel et de la terre voisines de l'horizon. Bateaux à l'horizon.
d3./d étendue visible autour de soi. Horizon limité par un mur.
d4./d Fig. Domaine où s'exerce l'action, la pensée de qqn. Son horizon intellectuel est borné.
|| Faire un tour d'horizon: examiner sommairement une situation (politique, économique, etc.) dans son ensemble.
d5./d Perspectives d'avenir. L'horizon est sombre.
d6./d PEDOL Chacune des couches superposées, constitutives d'un sol. Tous les points d'un horizon ont sensiblement la même composition chimique et des propriétés physiques semblables.
⇒HORIZON, subst. masc.
A. — [Dans une perception et une représentation de l'espace, horizon désigne une ligne]
1. a) Ligne circulaire où la terre et le ciel semblent se rejoindre et qui limite le champ visuel d'une personne en un lieu ne présentant pas d'obstacle à la vue. La calèche sortit du bois. L'avenue de l'impératrice s'allongeait toute droite dans le crépuscule, avec les deux lignes vertes de ses barrières de bois peint, qui allaient se toucher à l'horizon (ZOLA, Curée, 1872, p. 329). Regarde (...) le cercle d'horizon proche, fondre et reculer peu à peu (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 67) :
• 1. Il n'y a point d'horizon. Cette ligne coupante entre le ciel et l'eau, jamais le marin ne la trouve, ni ne la trouvera. Cette ligne sinueuse des bois et des montagnes, et cette brume richement colorée, allez-y voir; c'est partout comme ici, troncs, feuilles, sentiers, rochers.
ALAIN, Propos, 1933, p. 1168.
♦ Ligne d'horizon. Ligne circulaire où le ciel et la terre semblent se rejoindre. Ce que l'enfant voit au réveil, de son lit : au lieu de la ligne d'horizon divisant la fenêtre en une moitié de terre et une moitié de ciel, une fenêtre toute remplie par la montagne (LARBAUD, Journal, 1934, p. 321).
DESSIN. Ligne (idéale ou correspondant à la ligne d'horizon au sens supra) résultant de la projection sur un support du plan horizontal passant à la hauteur des yeux du dessinateur et sur laquelle est situé le (ou les) point(s) de fuite des lignes horizontales, dans le dessin perspectif. L'on doit préluder aux opérations de perspective en établissant trois lignes. La première est (...) la ligne de terre, (...) la seconde est la ligne d'horizon, qui est toujours à la hauteur de l'œil, (...) la troisième est une ligne verticale qui coupe à angle droit les deux premières (Ch. BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p. 506).
— [Construit avec un compl. prép. de]. Ligne qui semble être la limite d'un élément de paysage et qui coïncide avec la ligne d'horizon. C'est Albertine que je retrouve, la même que celle qui s'arrêtait souvent, au milieu de ses amies, (...) dépassant l'horizon de la mer (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 846).
— En partic. [L'horizon sert de repère pour situer un objet céleste ou terrestre dans l'espace] Le soleil, la lune est haut, bas, descend sur l'horizon. Une grande muraille de nuée (...) montait lentement de l'horizon vers le zénith (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 350). Les voiles paraissent ou disparaissent sur l'horizon; un souffle du ciel les balaye (BARRÈS, Jard. Oronte, 1922, p. 131).
♦ À l'horizon. Synon. de au loin, dans le lointain. Qqc. apparaît, disparaît, point, se perd à l'horizon; apercevoir qqc. à l'horizon. Il n'y a rien de si redoutable en mer qu'un petit point noir à l'horizon (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 223).
P. ext. Synon. de en vue. Elle m'a glissé entre les doigts au moment du départ. Et pas un ancien copain à l'horizon, qu'est-ce que vous auriez voulu que je fasse? (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 983). Dans une halte sibérienne un écrivain fait les cent pas en attendant le train. Pas une masure à l'horizon, pas une âme en vie (SARTRE, Mots, 1964, p. 159).
♦ Sous, au-dessous de l'horizon. On voyoit les rayons obliques du soleil, déjà descendu sous l'horizon, se jouer dans les nuages du couchant (LAMENNAIS, Paroles croyant, 1834, p. 229). Trois heures après, tout ce qui était l'île Lincoln avait disparu au-dessous de l'horizon (VERNE, Île myst., 1874, p. 338).
♦ Aux, des quatre coins de l'horizon. Dans toutes les directions, de partout. L'illustre Tartarin jetait aux quatre coins de l'horizon, sur la mer, sur la ville, sur la plaine, sur la montagne, sa joyeuse malédiction tarasconnaise (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 130). Le cri de ralliement lui sortait de la gorge et faisait rappliquer des quatre coins de l'horizon les commères éperdues (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 186).
b) Au sing. ou au plur. Point, portion de l'horizon repéré par rapport à un observateur ou aux points cardinaux. D'un horizon à l'autre; les quatre horizons (vieilli). J'ai vu le soleil suspendu aux portes du couchant (...). La lune, à l'horizon opposé, montoit comme une lampe d'argent dans l'orient d'azur (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 287) :
• 2. ... le soleil se lève à l'horizon est, puis il monte peu à peu dans le ciel, il atteint sa plus grande hauteur au sud, enfin il s'abaisse vers l'horizon ouest où il se couche.
DANJON, Cosmogr., 1948, p. 39.
2. Limite du champ visuel d'une personne en un lieu et/ou limite du paysage terrestre, apportée par un élément de ce paysage. Avec ses hauts clochers, sa bastille obscurcie, Posée au bord du ciel comme une longue scie, La ville aux mille toits découpe l'horizon (HUGO, Feuilles automne, 1831, p. 787). Son cabinet lui parut étroit; un horizon trop proche aveuglait la fenêtre (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 98) :
• 3. À une distance qui paraissait à l'œil infinie, la vallée en s'élargissant venait percer le revers d'une ligne de falaises qui dessinait l'horizon, et par cette échancrure triangulaire on apercevait une anse marine ourlée d'écume, et bordée de grèves blanches et désertes.
GRACQ, Argol, 1938, p. 30.
♦ Ligne d'horizon. Ligne constituée par les éléments du paysage terrestre et qui se détache sur le ciel. Toute la chaîne des montagnes de Galilée (...) ondule gracieusement à l'horizon (...). C'est la plus belle ligne d'horizon qui ait encore frappé mes regards (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 380).
3. ASTRONOMIE
a) Vieilli. Cercle idéal dans un plan perpendiculaire à la verticale d'un lieu, divisant la sphère céleste en deux parties, l'une visible l'autre invisible. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) Horizon astronomique, p. ell., horizon. Cercle idéal dans le plan perpendiculaire à la verticale du lieu où se trouve l'observateur (et ses instruments d'observation), servant d'élément de référence du système des coordonnées horizontales pour le repérage des astres sur la sphère céleste. Hauteur d'un astre sur l'horizon. Pour étudier le mouvement des astres, il faut d'abord déterminer leur position par rapport à des repères fixés par l'observateur. C'est la seule possibilité qu'offrent nos instruments. Ils repèrent les directions par rapport à l'horizon ou à la verticale. Cela définit les coordonnées locales ou coordonnées horizontales (azimut et distance zénithale) (Encyclop. univ. t. 2 1968, p. 680b).
— P. méton. Horizon (artificiel). Dispositif comprenant une surface horizontale (bain de mercure ou miroir couplé avec un niveau d'eau) servant à déterminer l'horizon pour prendre la hauteur d'un astre. Horizon gyroscopique :
• 4. ... la terre s'allongeait en un vaste promontoire dans le Nord, et, s'interposant entre l'observateur et l'horizon vrai, elle rendait l'observation impossible. Dans ce cas, où l'horizon manque, on le remplace par un horizon artificiel. C'est ordinairement une cuvette plate, remplie de mercure, au-dessus de laquelle on opère. Le mercure présente ainsi et de lui-même un miroir parfaitement horizontal.
VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 50.
— Horizon apparent, visuel. Cercle idéal correspondant à l'intersection de la terre avec le cône engendré par les rayons visuels (d'un observateur) tangents à la sphère terrestre.
♦ Dépression de l'horizon. Angle du rayon visuel tangent à la sphère terrestre avec l'horizontale. Il ne restait plus qu'à calculer l'angle obtenu [qui séparait alpha de l'horizon], en ramenant l'observation au niveau de la mer, de manière à tenir compte de la dépression de l'horizon (VERNE, Île myst., 1874, p. 124).
B. — P. méton., au sing. ou au plur. [Horizon désigne une étendue céleste et/ou terrestre]
1. a) Partie du ciel et de la surface terrestre s'étendant à la limite du champ visuel d'un observateur en plein air et/ou voisine de l'horizon, généralement dans une direction donnée. Observer, scruter l'horizon; horizon confus, fuyant, lointain; les lointains horizons (littér.). Les lignes noires des montagnes d'Asie, les horizons bas et vaporeux du golfe de Nicomédie, les crêtes des montagnes de l'Olympe de Brousse (...) apparaissent derrière le sérail (LAMART., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 379). Salammbô s'avança jusqu'au bord de la terrasse. Ses yeux, un instant, parcoururent l'horizon, puis ils s'abaissèrent sur la ville endormie (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 49) :
• 5. Un capitaine, debout derrière ses hommes, inspecte l'horizon à la jumelle. Vers la gauche, un coteau : une prairie en pente, sur laquelle un bataillon bleu et rouge s'est déployé en éventail et couché, pareil à un jeu de cartes sur un tapis vert...
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 751.
♦ [Construit avec un compl. prép. de] Glenarvan le pria d'examiner le sombre horizon de la mer. Pendant quelques minutes, Paganel se livra consciencieusement à cette contemplation. « Eh bien! N'apercevez-vous rien? demanda Glenarvan... » (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 251).
— En partic. Partie du ciel et/ou élément du paysage apparaissant comme le fond sur lequel se détachent les éléments du premier plan. Qqc. se découpe sur l'horizon. Les navires, nombreux à ce carrefour d'océans, dessinaient sur l'horizon la géométrie de leurs voilures ou leur paraphe de fumée (HAMP, Champagne, 1909, p. 205).
♦ [Construit avec un compl. prép. de] Elle distinguait seulement, sur l'horizon lumineux de Paris, l'angle élargi de la gare, une vaste toiture, noire de la poussière du charbon (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 768). Et les banlieues adoptives, humus teigneux, haridelles paissant, bris de vaisselles, tessons, semelles, de profil sur l'horizon des remparts (LAFORGUE, Complaintes, 1885, p. 181).
♦ P. anal., PEINT. Nulle peinture ne mène avec plus de certitude [que la peinture hollandaise] du premier plan au dernier, du cadre aux horizons (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p. 172).
b) En partic.
) Partie du ciel et de l'espace voisine de l'horizon, généralement en tant que siège de phénomènes atmosphériques. Le temps était couvert et par grains; mais toutes les parties de l'horizon s'éclaircirent successivement, excepté vers le sud (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 171). Temps pénible. Le ciel est blafard, l'horizon bouché. Un vent assez fort soulève des nuages de sable (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 897).
SYNT. L'horizon blanchit, s'obscurcit, pâlit; l'horizon se dégage; horizon bleu, bleuâtre, gris; horizon brumeux, clair, couvert; horizon pur, voilé (poét.); horizons bleutés, dorés, mouillés, vermeils (poét.).
— Bleu(-)horizon. Bleu pâle analogue à la teinte bleuâtre du ciel à l'horizon. Il toucha la « tenue de guerre » (...) les vêtements bleu-horizon (VIALAR, Éperon arg., 1952, p. 125).
♦ P. ell. Bustier bains de soleil sans épaulettes, toile suisse (...). Coloris (...) sèvres, serin, horizon (Union économique privée, juin 1951).
♦ [Avec une valeur caractérisante] La Chambre dite bleu horizon, malgré sa majorité conservatrice et les efforts de trente royalistes, se laisse imposer les badernes politiciennes de l'Avant-Guerre, un Millerand, un Briand, un Poincaré (L. DAUDET, Police pol., 1934, p. 13).
Rem. Cette valeur s'explique par une allusion à la couleur des uniformes des militaires français pendant et après la guerre de 1914-1918.
) Partie d'un paysage voisine de l'horizon. Les horizons boisés s'étendent au loin paisibles, comme pris de sommeil (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 421).
♦ [Construit avec un compl. prép. de] Dans le lointain la vallée découvrait un horizon de collines bleuâtres (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 263).
2. [Gén. qualifié par un adj., ou un groupe adj., impliquant une dimension spatiale] Étendue terrestre d'une grande profondeur et/ou ne présentant pas d'obstacle à la vue, qui s'offre aux yeux d'une personne, généralement placée sur un lieu élevé. La limite est indiquée par une haute montagne (...); je voulus aller la gravir pour contempler les horizons que l'on y découvre (DU CAMP, Nil, 1854, p. 136). Voici le lac avec une toute petite mousse d'arbrisseaux, sur un petit espace de l'un de ses bords dans cet horizon plat, immense, où il n'y a pas un arbre (BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1914, p. 25) :
• 6. ... le propriétaire (...), souriant, ouvrit le vitrage pour montrer l'étendue de la perspective. Un horizon démesuré s'élargissait de tous les côtés, c'était Triel, Pisse-Fontaine, Chanteloup, toutes les hauteurs de l'Hautie, et la Seine, à perte de vue.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 310.
♦ [Construit avec un compl. prép. de] Il montrait du geste, par la fenêtre ouverte, un horizon de tuyaux, de toits et de perches à télégraphe (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 167).
♦ Au plur., poét. Espace imaginaire. Ces horizons sans bornes, qui s'étendent Plus haut que la pensée et plus loin que les yeux! (LAMART., Harm., 1830, p. 330).
— Rare. Portion de l'espace s'étendant sur une grande profondeur et qui est le lieu de phénomènes sonores perçus par une personne en un lieu découvert. On n'entendait plus rien (...). Plus rien jusqu'au fond de l'horizon, strictement plus rien. Le bombardement s'était arrêté (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 54).
SYNT. Un immense horizon se déroule, s'étend devant qqn; embrasser un vaste horizon; un, des horizon(s) sans bornes, sans fin, sans limites (littér.); s'étendre jusqu'au(x) bord(s), aux bornes, au bout, aux confins, aux extrémités de l'horizon.
3. Étendue de ce qu'on peut voir d'un lieu. Synon. vue, paysage. Qqc. barre, borne, limite l'horizon. Je n'aime pas un toit pour horizon (E. DE GUÉRIN, Journal, 1838, p. 168). L'Esterel (...) barre la vue, fermant l'horizon par le joli décor méridional de ses sommets pointus (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Prem. neige, 1883, p. 412) :
• 7. Les grues hydrauliques tendaient leurs longs bras sur les vapeurs norvégiens chargés de poteaux de sapins pour les mines. Elles élevaient des collines de rondins clôturant l'horizon du port.
HAMP, Champagne, 1909, p. 198.
— Vieilli. Champ de visibilité d'une personne en plein air. Synon. vue. Ils [les vents] étaient accompagnés d'une brume si épaisse, que notre horizon ne s'étendait guère qu'à une portée de fusil (Voy. La Pérouse, t. 3, 1797, p. 29). Le vaisseau la Reine de Saba revenait tous les huit jours, comme il l'avait promis; mais il jetait l'ancre hors de l'horizon des vigies (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 172).
— P. ext., gén. au plur.
a) Paysage. Le petit bras [d'une rivière] (...) zigzaguait à gauche, à droite, découvrant sans cesse des horizons nouveaux, de larges prairies d'un côté, et, de l'autre, une colline toute peuplée de chalets (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 324). J'ai gardé à jamais au fond de ma mémoire l'image des horizons qui ont entouré ces promenades [autour de Clermont] (BOURGET, Disciple, 1889, p. 70).
b) Paysage entourant un lieu, caractéristique de ce lieu; ce lieu. Voici bientôt trois mois et demi que je suis à la campagne, sous le toit paternel (...), au centre d'un horizon chéri (M. DE GUÉRIN, Journal, 1832, p. 143). On ne se lasse pas de ses crépuscules, de ses nuits de lune, de ses forêts habitées de rossignols, de ses ciels (...); ni la nostalgie des horizons lointains, ni la mélancolie du mal du pays, ni l'éternel vagabondage du pèlerin émerveillé ne tombent jamais, de la sphère de l'enchantement, dans la platitude de la redite littéraire (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 313).
♦ P. métaph. Enfant de soldat, éclos dans le demi-jour d'une arrière-salle de cantine, il avait grandi au soleil, à la bonne franquette, entre les taloches de la maman et les coups de soulier paternels, sans que jamais se développassent devant ses yeux d'autres horizons que les murs des casernes (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 1re part., V, p. 55).
— Vieilli. Horizon borné. Site où la vue est limitée de toute part. Ils voulaient une campagne qui fût bien la campagne, sans tenir précisément à un site pittoresque, mais un horizon borné les attristait (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 15).
C. — Au fig.
1. a) [Gén. au plur.] Cadre géographique, social, culturel limitant les aspirations d'un milieu socio-culturel, d'une personne dans ce milieu. Les horizons étroits d'un milieu social. En vain, pour agrandir ses horizons, pour oublier un peu le cercle et la place du marché, en vain s'entourait-il de baobabs et autres végétations africaines (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 14). Une des manières d'assumer le fait qu'elle [la jeune fille] est mal intégrée à la société, c'est d'en dépasser les horizons bornés (BEAUVOIR, Deux. sexe, t. 2, 1949, p. 123) :
• 8. ... personne n'avait changé d'esprit, que Christophe. L'immobilité de la petite ville, son étroitesse d'horizon, lui étaient pénibles. Ses hôtes passèrent une partie de la soirée à l'entretenir de commérages sur le compte de gens qu'il ne connaissait pas.
ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1201.
b) Cadre temporel de l'existence d'une personne, dans la dimension du futur. Synon. avenir, futur. L'orgueil a eu sa ration de renommée (...), on s'étonne qu'elles n'aient pas apporté des jouissances plus vives. Dès ce moment, l'horizon se vide, aucun espoir nouveau ne vous appelle là-bas, il ne reste qu'à mourir (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 197). Le mois d'août tout employé au déménagement (...). Mon horizon est tout obstrué par ce roman que j'ai promis à l'Amérique (...). Il me tarde de n'avoir plus devant moi que... moi-même (GIDE, Journal, 1928, p. 886).
c) Littér. [Construit avec un compl. prép. de désignant une faculté ou une représentation humaine] Ce qui, à la limite du champ de conscience, constitue le cadre ou l'objet d'une représentation, d'une visée humaine. Il [l'Astre noir] venait peu dans ce lieu funèbre [le cimetière], trop vital pour aimer sincèrement la mort, bien qu'elle fût l'horizon noir de la plupart de ses conceptions (L. DAUDET, Astre noir, 1893, p. 99). Tout ce que le choc et le frottement peuvent engendrer à l'ouïe appelle à moi de toutes parts ce désordre de sons et d'images, venus de l'horizon de ma mémoire et de mon attente (VALÉRY, Regards sur monde act., 1931, p. 148).
♦ À l'horizon de (qqc.). On découvre à l'horizon de ces tragédies admirables [les tragédies grecques] un mystère permanent et vénérable (MAETERL., Trésor humbles, 1896, p. 32). À l'horizon de sa détresse, une lumière avait surgi et, peu à peu, rejetant les liens, elle avait marché vers elle (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 551).
d) En partic., PHILOS. (phénoménol.), PSYCHOL. (de la forme). Synon. de fond. Regarder l'objet c'est s'enfoncer en lui, (...) les objets forment un système où l'un ne peut se montrer sans en cacher d'autres. Plus précisément, l'horizon intérieur d'un objet ne peut devenir objet sans que les objets environnants deviennent horizon et la vision est un acte à deux faces (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 82).
♦ Horizon temporel. Il [le présent] commande une sorte d'« horizon temporel », dont la richesse est comme l'ampleur du regard qu'il jette autour de lui. Cet horizon est très restreint chez les êtres primitifs et les arriérés; il ne dépasse pas vingt jours d'arrière en avant chez le débile mental (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 316).
2. [Gén. déterminé par un adj. ou un compl. déterminatif spécifiant un domaine de la pensée et/ou de l'action]
a) Domaine, champ dans lequel s'exerce la pensée ou l'action d'une époque, d'un groupe social ou d'un individu, en tant qu'il est limité historiquement et socio-culturellement. S'il [Etienne Pasquier] ne sortit pas des horizons de son temps, on peut observer à son honneur qu'il les embrassa tout entiers (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 3, 1851-62, p. 268). Avec la paix de Wilson, l'horizon européen s'élargira; les idées de solidarité humaine, de civilisation collective, tendront à se substituer à celles de nationalité (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 981) :
• 9. ... la télévision procure à des millions d'hommes et de femmes un prodigieux élargissement de leur horizon d'expérience. Elle leur permet de savoir, de connaître, de nommer une infinité de choses, d'événements et de situations qui sans elle leur seraient restés à jamais étrangers. Elle peut élargir l'horizon mental et faire participer des masses immenses à des événements et à des œuvres qui naguère restaient réservés au petit nombre.
CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 183.
♦ Dans un contexte métaphorique. Ils lisaient les grandes œuvres qui apparurent depuis la paix sur l'horizon littéraire et scientifique (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p. 32).
— Vieilli. Domaine embrassé par un système de pensée. Il est naturel que dans chaque pays domine un système particulier, et que tous ceux qui sont, pour ainsi dire dans l'horizon de ce système ne voient pas au-delà (COUSIN, Hist. gén. philos., 1861, p. 523).
SYNT. Étendre l'horizon, les horizons de qqn; l'horizon culturel, historique, intellectuel, moral, spirituel; les horizons de la pensée.
b) En partic.
) Horizon social, p. ell., horizon. Synon. de société, milieu socio-culturel. L'espace social commence de se polariser, on voit apparaître une région des exploités. À chaque poussée venue d'un point quelconque de l'horizon social, le regroupement se précise par delà les idéologies et les métiers différents (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 508). Je rêve d'un parti de Français « sans parti » venus de tous les horizons (MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 211).
) Situation, conjoncture (politique, sociale) considérée sous l'angle du futur. Synon. perspectives. Se profiler à l'horizon. L'horizon politique est terriblement embrouillé et chargé en ce moment; je ne crois pourtant pas (...) à un très prochain orage (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Henry Reeve], 1839, p. 46). [Les] événements (...) viennent obscurcir l'horizon de l'Europe bientôt plongée dans la guerre (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 102). L'ombre rouge qui se profile à l'horizon 1978 ne ferait-elle donc plus peur? (...) Les possédants petits et grands accueillent-ils donc tous dans l'enthousiasme d'une nuit du 4 août l'écrasement de l'échelle des revenus et l'impôt sur le capital? (Le Point, 5 sept. 1977, p. 34, col. 2).
) Dans le domaine économique. Sphère d'activité. Il [l'entrepreneur-pionnier] transcende les entrepreneurs à l'horizon limité qui subissent le marché et les prix au lieu de les faire (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 621). Le commerce élargit ses horizons et les produits de l'élevage deviennent l'objet d'échanges internationaux (WOLKOWITSCH, Élev., 1966, p. 161).
♦ En partic. Terme de la période, et la période ainsi définie, sur laquelle l'effet d'une décision économique doit se réaliser. L'année terminale du plan constitue l'horizon de ce plan, cet horizon peut être repoussé d'année en année, à mesure que le plan avance de façon à ce que soit assurée la continuité des objectifs au moment du passage d'un plan à un autre. Cette méthode est dite : méthode de l'horizon mobile (COTTA 1972).
c) Tour d'horizon (de qqc., sur qqc.). Exposé où sont recensés et présentés les différents aspects d'une situation ou d'un sujet. En 1922, André Rousseaux a fait un tour d'horizon et tracé un tableau des différentes tendances, des différents états de l'âme contemporaine, sous le titre Âmes et visages du XXe siècle (Arts et litt., 1936, p. 40-4). Ce bref tour d'horizon sur le hand-ball, sur son historique, son évolution, son influence éducative, ses règles, sa technique, sa tactique, nous fait entrevoir la vocation de ce sport (Jeux et sports, 1967, p. 1393) :
• 10. On ne saurait, pour achever ce rapide tour d'horizon, passer sous silence les problèmes monétaires qui se posent de nos jours d'une façon singulièrement aiguë lorsqu'il s'agit d'échanges internationaux.
M. BENOIST, PETTIER, Transp. mar., 1961, p. 22.
3. Gén. au plur. Nouvel, nouveaux horizon(s), p. ell., horizon(s). Domaine, champ non encore exploré, qui s'ouvre à la pensée, à l'action d'une époque, d'un groupe social ou d'un individu. De nouveaux horizons s'ouvrent pour, devant qqn. La paix dans Moscou accomplissait et terminait mes expéditions de guerre (...). Un nouvel horizon, de nouveaux travaux allaient se dérouler (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 1075). Des horizons inattendus grandissent devant la biologie (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 164) :
• 11. ... l'enseignement de la paléographie, comme les travaux qui lui furent consacrés dans tous les pays d'Europe, allaient bénéficier de l'impulsion qui leur avait été donnée par les Mauristes, avant de se tourner vers de nouveaux horizons.
L'Hist. et ses méth., 1961, p. 589.
— Ouvrir de(s) (nouveaux) horizons (à qqn). La critique doit être partiale, passionnée, politique, c'est-à-dire faite à un point de vue exclusif, mais au point de vue qui ouvre le plus d'horizons (BAUDEL., Salon, 1846, p. 101). L'évolution agit dans deux directions opposées puisqu'elle ouvre de nouveaux horizons en même temps qu'elle réduit des débouchés traditionnels (Forêt fr., 1955, p. 4).
♦ [Construit avec un compl. prép. sur] Fournir un point de vue nouveau sur (quelque chose). L'oncle fut profondément remué, parce qu'il compta qu'on allait lui ouvrir quelques horizons nouveaux sur sa propre personne (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 83). La théorie de la relativité a ouvert des horizons insoupçonnés sur la notion de temps (DECAUX, Mesure temps, 1959, p. 8).
— En partic. Perspective d'avenir pour une personne. Une vie sans horizon. Il déteste ce monde gris et veule, sans horizon (SARTRE, Sit. I, 1947, p. 243).
♦ [Construit avec un compl. prép. de] Dans le mariage, elle voyait la revanche de sa vie monotone et plate, elle voyait un avenir de courses enragées à travers les théâtres et les bals, tout un horizon de dîners et de visites (HUYSMANS, En mén., 1881, p. 70).
D. — GÉOL., PÉDOL. ,,Couche de sol, plus ou moins parallèle à la surface et se différenciant des autres couches sus — ou sous-jacentes par ses caractères et ses propriétés`` (GEORGE 1970) :
• 12. ... dans les sols dégradés l'humus se décompose très lentement, il devient un humus brut acide qui forme une épaisse couche superficielle que l'on appelle « l'horizon AO ». Sa décomposition produit des éléments solubles très acides qui, mélangés à l'eau, entraînent avec eux l'argile et le fer de la couche sous-jacente (...). Elle est absolument stérile, c'est l'horizon lessivé type.
COCHET, Bois, 1963, p. 48.
♦ Horizon producteur. ,,Couche de terrain constituant une partie ou la totalité d'un « réservoir » renfermant du pétrole en quantité suffisante pour une exploitation commerciale`` (Pétrol. 1964). Les horizons producteurs [en Galicie orientale] sont variées, le plus riche est la couche gréseuse (CHARTROU, Pétroles nat. et artif., 1931, p. 163).
REM. 1. Horizonner, verbe trans., rare. Borner (un paysage) à l'horizon. Je vois (...) la Loire, la blanche et longue Loire qui nous horizonne (E. DE GUÉRIN, Journal, 1839, p. 250). Il relâcha dans des ports fleuris, horizonnés de forêts de palmiers (A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 118). 2. Horizonnement, subst. masc., hapax. Il y avait [dans l'œuvre de Marchenoir] la fresque des concomitantes aventures de l'univers, peintes dans l'ombre ou dans la pénombre, mais à leur plan rigoureux, pour l'horizonnement de ce vaste drame (BLOY, Désesp., 1886, p. 127).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Vx horison ds FÉR. Crit. t. 2 1787. Étymol. et Hist. 1. 2e moitié XIIIe s. orizonte « ligne circulaire où la terre semble rejoindre le ciel » (Introd. d'Astron., BN 1353, fol. 11 v° ds GDF. Compl.); 1328 [ms] orison (G. DE DIGULLEVILLE, Fleur de lis, éd. A. Piaget, 1035, leçon du ms BN lat. 4120); 2. 1611 « étendue de ciel qu'un observateur peut voir de son champ de vision » (COTGR.; 1671 « id. » pour une étendue de paysage (terre, mer) (POMEY); 3. 1611 astron. (COTGR.); 1680 horizon rationnel (RICH.). Empr. au lat. horizon, -ontis, terme d'astron. et « borne de la vue », gr. de « limiter, être à la limite de ». Fréq. abs. littér. : 5 978. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 7 465, b) 11 510; XXe s. : a) 9 987, b) 6 879. Bbg. DARM. 1877, p. 118. - DUB. Pol. 1962, p. 317. - ELLENBERGER (F.). Orig. et hist. du terme horizon en géol. Doc. pour l'hist. du vocab. sc. 1980, n° 1, pp. 21-33.
horizon [ɔʀizɔ̃] n. m.
ÉTYM. Après 1250, orizonte; orizon, v. 1360; lat. horizon, mot grec, du v. horizein « borner », de horos « borne, limite ».
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1 Limite circulaire de la vue, pour un observateur qui en est le centre. || La terre (ou la mer) semble rejoindre le ciel à l'horizon. || L'horizon s'éloigne, recule, fuit lorsqu'on veut s'en approcher (→ Avancer, cit. 29; contrarier, cit. 6). || Prendre l'horizon pour les bornes (cit. 5) du monde. || Plaine, steppe qui s'étend jusqu'à l'horizon (→ À perte du vue). || Le soleil descend sur l'horizon (→ Couchant, cit. 2). || Disque du soleil tangent à l'horizon (→ 2. Coucher, cit. 2). || Le soleil disparaît au-dessous de l'horizon. || Nuages, vapeurs au ras, au-dessus de l'horizon (→ Aurore, cit. 15; écheveau, cit. 2).
1 Il en est de certaines idées comme de l'horizon qui existe bien certainement, puisqu'on le voit en face de soi de quelque côté que l'on se tourne, mais qui fuit obstinément devant vous et qui, soit que vous alliez au pas, soit que vous couriez au galop, se tient toujours à la même distance; car il ne peut se manifester qu'avec une condition d'éloignement déterminée; il se détruit à mesure que l'on avance, pour se former plus loin avec son azur fuyard et insaisissable, et c'est en vain qu'on essaie de l'arrêter par le bord de son manteau flottant.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, XV.
2 (…) la recherche du bonheur dans la satisfaction du désir moral était quelque chose d'aussi naïf que l'entreprise d'atteindre l'horizon en marchant devant soi.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 45.
♦ La ligne de l'horizon, la ligne d'horizon : la ligne qui semble séparer le ciel de la terre (ou de la mer), à l'horizon (→ 1. Feu, cit. 35; fuyant, cit. 9).
3 (…) vers Chartres, au nord, la ligne plate de l'horizon gardait sa netteté de trait d'encre coupant un lavis, entre l'uniformité terreuse du vaste ciel et le déroulement sans bornes de la Beauce.
Zola, la Terre, I, I.
4 Ils restèrent ainsi, confondus, comme le ciel et la mer certains jours où la ligne d'horizon n'est plus visible, dans une grande splendeur unie et étale.
Montherlant, Pitié pour les femmes, p. 102.
♦ (Dessin). Ligne d'horizon d'un dessin (⇒ Dessin, perspective). || Placer l'horizon trop haut, trop bas. || Point de fuite situé sur l'horizon. || L'horizon d'un tableau, d'un paysage.
♦ Spécialt. a Astron. Grand cercle théorique divisant la sphère céleste en deux parties égales, l'une visible, l'autre invisible. || Horizon astronomique, rationnel ou géocentrique : intersection de la sphère céleste et d'un plan perpendiculaire à la verticale d'un lieu et passant par le centre de la terre. || Horizon mathématique, théorique, déterminé par un plan tangent en un point à la surface de la sphère terrestre. — Horizon apparent, visuel, sensible (par oppos. à horizon vrai), déterminé par les rayons visuels de l'observateur tangents à la surface de la terre. || L'horizon visuel, qui limite une certaine étendue de la surface terrestre, est la base d'un cône dont le sommet est l'œil de l'observateur; il est situé au-dessous de l'horizon mathématique (dépression de l'horizon). || La distance de l'horizon visuel (rayon de visibilité) varie suivant l'altitude de l'observateur (3,5 km à 1 m; près de 113 km à 1 000 m). — Sur l'horizon : dans la partie visible du ciel. || Il doit y avoir une éclipse sur notre horizon (Académie). || Hauteur d'un astre sur l'horizon. || Mouvement ascendant, déclinant d'un astre sur l'horizon (⇒ Ascendance, déclin). || Astre qui passe par le point le plus élevé par rapport à l'horizon. ⇒ Culminer. || Le zénith et le nadir sont symétriques et opposés par rapport au plan de l'horizon. || Points de l'horizon où le soleil se lève, se couche. ⇒ Orient; occident. || Arc de l'horizon compris entre l'orient et le point où se lève un astre. ⇒ Ortive (amplitude ortive). || L'almicantarat, cercle de la sphère céleste parallèle à l'horizon.
b Mar. || Horizon artificiel : surface rigoureusement plane et horizontale (miroir, surface de mercure) remplaçant l'horizon visuel pour les observations astronomiques (au sextant, par ex.). — Techn. || Horizon artificiel : système gyroscopique matérialisant pour le pilote la direction de l'avion par rapport à son plan horizontal.
2 (1611, pour le ciel; 1671, pour le paysage). Les parties de la surface terrestre et du ciel voisines de l'horizon visuel, de la ligne d'horizon. || Couleur de l'horizon (→ Adopter, cit. 7). || L'horizon blêmit (cit. 4) à l'aube. || Horizon embrumé (cit. 4), fumeux (cit. 3), pâli (→ Encens, cit. 7). || Horizons vaporeux (cit. 18). || Le ciel clair de l'horizon (→ Champ, cit. 2). || L'aurore (cit. 6) dore l'horizon. || Lueur qui frange (cit. 4) l'horizon. — Poét. || Soleil penchant, mourant à l'horizon : soleil couchant (→ Cribler, cit. 7; enflammer, cit. 14; fumer, cit. 8).
5 (…) là, viennent se peindre sur la même toile les sites et les cieux les plus divers avec leur soleil brûlant ou leur horizon brumeux.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 136.
6 La vue n'est bornée que par les riches coteaux du Cher, horizon bleuâtre, chargé de parcs et de châteaux.
Balzac, la Grenadière, Pl., t. II, p. 186.
7 L'horizon semble un rêve éblouissant où nage
L'écaille de la mer, la plume du nuage,
Car l'océan est hydre et le nuage oiseau.
Hugo, les Contemplations, VI, « Éclaircie ».
8 (…) l'horizon calme, avec ses bois, ses maisons, ses coteaux, pareil à tous les horizons de la terre.
Montherlant, le Songe, I, III.
♦ Appos. || Bleu horizon : couleur des uniformes français pendant et après la guerre de 1914-1918 (→ Barrer, cit. 6). || Tenue bleu horizon.
♦ Voir, apercevoir qqch. à l'horizon. ⇒ Loin (au), lointain (dans le); → Flamboyer, cit. 1. || Interroger, scruter l'horizon (→ Attachement, cit. 20). || Se détacher sur l'horizon (→ Campanile, cit. 1; étincelant, cit. 1). || Bateau qui disparaît à l'horizon (→ Amoindrir, cit. 5). || Voiles à l'horizon (→ Balancer, cit. 25; épanouir, cit. 4; goéland, cit. 2). || Ce n'était plus qu'un point noir à l'horizon. — Arc (cit. 10) formé à l'horizon par les forêts de pins. || L'horizon du Nord, du Midi (ou du Sud). || D'un horizon à l'autre : d'un point de l'horizon au point opposé. || Les quatre coins (cit. 22), les quatre points de l'horizon : les points cardinaux. || De tous les points de l'horizon (→ Balayer, cit. 8; enfler, cit. 2). || Du fond, du bout de l'horizon (→ Furie, cit. 14).
8.1 Cet instrument terminé, l'ingénieur revint sur la grève; mais comme il fallait qu'il prît la hauteur du pôle au-dessus d'un horizon nettement dessiné, c'est-à-dire un horizon de mer, et que le cap Griffe lui cachait l'horizon du sud, il dut aller chercher une station plus convenable.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 173 (1874).
9 Pour te contempler, il faut que la vue tourne son télescope, par un mouvement continu, vers les quatre points de l'horizon (…)
Lautréamont, les Chants de Maldoror, I, p. 27.
10 De gros nuages couraient d'un horizon à l'autre (…)
Camus, la Peste, p. 255.
3 Espace visible au niveau de l'horizon. ⇒ Distance, étendue. || « Plus on s'élève, plus l'horizon s'agrandit » (Littré). || Un large horizon. || Chaîne (cit. 26) de montagnes qui borne, limite, ferme l'horizon. || Horizon borné (cit. 20), limité, sans grandeur. || Grands horizons (→ Étendue, cit. 10). || Pays plat, pays de steppes, aux horizons immenses, illimités. — De ce lieu, de cette montagne, on embrasse un immense horizon. ⇒ Paysage, vue. || Échappée sur l'horizon.
11 Fabrice courut aux fenêtres; la vue qu'on avait de ces fenêtres grillées était sublime : un seul petit coin de l'horizon était caché, vers le nord-ouest, par le toit en galerie du joli palais du gouverneur (…)
Stendhal, la Chartreuse de Parme, XVIII.
12 Je manquais d'air, et j'étouffais dans ma chambre étroite, sans horizon, sans gaieté, la vue barrée par cette haute barrière de murailles grises où couraient des fumées (…)
E. Fromentin, Dominique, IV.
13 (…) des percées avaient été faites au milieu des arbres de telle façon que d'ici on embrassait tel horizon, de là tel autre. Il y avait à chacun de ces points de vue un banc (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, X, p. 173.
14 Elle (la chambre) était au second, mansardée, mais vaste, fraîche, et tapissée d'un papier à fleurs; l'horizon y était borné, mais par les cimes de deux marronniers dont le feuillage plumeux était une caresse pour le regard.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 189.
♦ Par métaphore. || Voir toujours le même horizon, ne jamais changer d'horizon (→ Échapper, cit. 4). || L'horizon borné du citadin, de l'employé (cit. 3). || Érudit (cit. 8) n'ayant pour tout horizon que celui de sa bibliothèque. — Fig. Ce qui borne, limite (→ Âme, cit. 24, Lamartine). || Horizon qui cerne (cit. 1) toute vie.
4 (Déb. XIXe; cf. horizon rationnel, au XVIIe). Abstrait. Domaine qui s'ouvre à la pensée, à l'activité de qqn. ⇒ Champ (d'action), perspective. || Son esprit embrasse (cit. 20) de vastes horizons. || Ce livre m'a découvert, révélé, dévoilé des horizons insoupçonnés. || Ouvrir des horizons nouveaux, illimités. || Élargir (cit. 3) son horizon, l'horizon des foules. || Le « vaste horizon humanitaire » (→ Borner, cit. 19, Chateaubriand). || Un siècle sans horizon (→ Aveugler, cit. 15). — Absolt et poét. || Des chercheurs d'horizons (→ Gagneur, cit. 1).
15 Mais ton esprit plus vaste étend son horizon,
Et, du monde embrassant la scène,
Le flambeau de l'étude éclaire ta raison.
Lamartine, Premières méditations, « La retraite ».
16 (…) des événements ignorés, des bonheurs entrevus, des joies inexplorées, tout un horizon de vie qu'il n'avait jamais soupçonné et qui s'ouvrait brusquement devant lui en face de cet horizon de campagne illimitée.
Maupassant, Monsieur Parent, II.
17 Toutes ces observations faisaient honneur à leur sagacité orthodoxe, mais il en résultait pour leurs élèves un horizon singulièrement fermé.
Renan, Souvenirs d'enfance…, III, I.
18 (…) les curieuses phrases que ses yeux ont dévorées, et qui ouvrent à son esprit le champ illimité des horizons incertains et nouveaux.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, VI, p. 241.
19 L'amour qui change l'horizon de la femme à tous les niveaux et dans tous les milieux, au moment où elle l'éprouve, et ensuite par le souvenir.
Léon Daudet, la Femme et l'Amour, I, p. 21.
20 (…) chercher, au delà du modeste horizon familier, des perspectives plus poignantes.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVI, p. 268.
21 Les horizons s'ouvraient et se fermaient, les nuées accouraient, régnaient, s'évanouissaient.
G. Duhamel, Biographie de mes fantômes, VII.
♦ ☑ Loc. Ouvrir des horizons.
REM. L'expression était condamnée par Abel Hermant, sous prétexte que le sens étymologique de horizon est « ce qui borne »; mais on peut fort bien dire ouvrir une barrière, un enclos, et l'Académie a confirmé l'usage : cette découverte ouvre de nouveaux horizons à l'esprit humain (Académie, huitième éd.).
♦ L'horizon politique, économique : les perspectives politiques, économiques. || L'horizon international s'éclaircit, s'assombrit. ⇒ Avenir.
22 (…) à partir de onze heures, de fâcheux présages assombrissent de nouveau l'horizon. Le bruit se répandit d'abord que, si l'Allemagne avait accepté le projet de Sir Edward Grey, elle l'avait fait en termes fort réticents (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 104.
♦ (V. 1971). || À l'horizon (suivi d'un millésime) : dans la perspective de (l'année indiquée). || Se reporter, pour des prévisions, à l'horizon 2000.
♦ ☑ Loc. Tour d'horizon : examen général (d'une question). || Faire un tour d'horizon : aborder, étudier successivement et succinctement toutes les questions.
5 Géol., pédologie. Couche bien caractérisée (par des fossiles, par la composition du sol). → Bourbe, cit. || Éléments d'accumulation dans un horizon du sol (⇒ Illuviation). || Horizons humifères, éluviaux, illuviaux.
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DÉR. Horizonner, horizontal.
COMP. Transhorizon.
Encyclopédie Universelle. 2012.