obéissance [ ɔbeisɑ̃s ] n. f. ♦ Le fait d'obéir; action, état d'une personne qui obéit. ⇒ soumission, subordination. — REM. L'obéissance a un caractère plus formel que la soumission. Obéissance des enfants à leurs parents, des soldats à leurs chefs militaires; des religieux à leurs supérieurs (⇒ obédience, observance) . Devoir obéissance à un chef. Prêter, jurer obéissance à qqn. Refus d'obéissance. — Obéissance à la loi, aux règles. ⇒ discipline, observation. — « Il n'entendait donc point pousser l'esprit d'obéissance jusqu'à la soumission aveugle » (Duhamel). ⊗ CONTR. Commandement, désobéissance, indiscipline, insoumission, résistance.
● obéissance nom féminin Action ou habitude d'obéir, de faire ce qui est commandé : L'obéissance des enfants à leurs parents. Réclamer un peu d'obéissance. ● obéissance (citations) nom féminin Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance il assure l'ordre ; par la résistance il assure la liberté. Propos d'un Normand, tome IV Gallimard Charles Albert Cingria Genève 1883-Genève 1954 Voilà ce que c'est que les moutons. Ils obéissent aux chiens qui obéissent aux bergers qui obéissent aux astres. Bois sec, bois vert Gallimard Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Je ne veux point de rois qui sachent obéir. Nicomède, III, 2, Laodice André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Ce n'est pas par obéissance qu'on se fait tuer. Ni qu'on tue. Sauf les lâches. La Condition humaine Gallimard Jean-Paul Marat Boudry, canton de Neuchâtel, 1743-Paris 1793 Toujours une aveugle obéissance suppose une ignorance extrême […]. Plan de législation criminelle ● obéissance (expressions) nom féminin Refus d'obéissance, infraction spécifiquement militaire pouvant entraîner des peines de prison ou de réclusion. Vœu d'obéissance, dans l'Église catholique, troisième vœu de religion. ● obéissance (synonymes) nom féminin Action ou habitude d'obéir, de faire ce qui est commandé
Synonymes :
- docilité
- esprit de subordination
- servilité
Contraires :
- désobéissance
- indocilité
- rébellion
- résistance
- révolte
obéissance
n. f. Action, état de celui qui obéit; disposition à obéir. Obéissance à ses parents.
⇒OBÉISSANCE, subst. fém.
A. —[Correspond à obéir I]
1. [Valeur subjective] Obéissance (de qqn à/envers qqn, qqc.)
a) Action d'obéir
— à quelqu'un. Mais au moins reconnoîtra-t-on à l'église entière assemblée en concile, le pouvoir qu'on refuse au pape? Y aura-t-il une autorité à qui l'église gallicane doive obéissance? (LAMMENAIS, Religion, 1826, p.174). De même enfin que la femme et l'enfant doivent au père obéissance et respect, le citoyen doit obéissance et respect au magistrat de la cité (LACORD., Conf. N.-D., 1848, p.215). Une fringale d'obéissance et de complète soumission à la volonté capricieuse de son époux (AYMÉ, Nain, 1934, p.38).
— à quelque chose. Une scrupuleuse obéissance envers les supériorités intellectuelles et morales (COMTE, Philos. posit., t.4, 1839-42, p.495):
• 1. Même l'obéissance aveugle à la mode, même le fait banal de porter la toilette imposée par le grand couturier, sont des mécanismes de défense contre le sentiment d'insécurité.
CHOISY, Psychanal., 1950, p.125.
SYNT. Entière, parfaite, prompte obéissance; obéissance absolue, filiale, servile; forcer l'obéissance de, exhorter à l'obéissance; contraindre, réduire à l'obéissance; manquer d'obéissance; devoir, refus d'obéissance; obéissance passive (v. passif B 1).
b) P. méton., au plur. Marques de respect, de dévouement soumis. Quand donc ouvriront-ils les yeux, ces êtres aux obéissances moutonnières (LOTI, Vertige mond., 1917, p.218):
• 2. ... il voyait la logette de la Esmeralda, il la voyait souvent elle-même avec sa chèvre, quelquefois avec Quasimodo. Il remarquait les petits soins du vilain sourd, ses obéissances, ses façons délicates et soumises avec l'égyptienne.
HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.436.
— Vx. [Dans une formule de politesse] Synon. civilités. Je (...) vous prie de présenter mes sentiments les plus distingués à M. de Hanski, en agréant mes plus affectueux hommages et mes obéissances (BALZAC, Lettres Étr., t.1, 1834, p.100).
c) Disposition à obéir, habitude d'obéir. La douceur triste, l'obéissance infinie de la vraie religieuse (TAINE, Philos. art, t.2, 1865, p.21). L'esprit monastique, foudroyé d'obéissance (ALAIN, Propos, 1935, p.1286). La première vertu à enseigner aux filles, dit-il, est l'obéissance: car les femmes ont été faites pour obéir (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p.128). V. obéir ex. 2.
2. [Valeur objective] Vx. Obéissance (de qqn). Fait d'être obéi. Ah! si je n'avais pas, pour me maintenir dans votre obéissance, le souvenir de ces yeux pleins de mépris et de caresses (TOULET, Tendres mén., 1904, p.183).
— En partic. Synon. de obédience. Tous les peuples de l'obéissance française célébrèrent cette naissance par des fêtes (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.417). Dans les pays de l'obéissance du roi Charles la sainte inquisition poursuivait curieusement le mal hérétique (A. FRANCE, J. d'Arc, t.2, 1908, p.200).
B. —[Correspond à obéir II] Obéissance (de qqc. à qqn/qqc.). Action d'obéir.
1. [À propos d'inanimés concr.] Anton. de résistance. La navigation à la vapeur a cela d'admirable qu'elle discipline le navire. Elle diminue l'obéissance au vent et augmente l'obéissance à l'homme (HUGO, Travaill. mer, 1866, p.194). Vous trouvez cette pierre [le granit] trop dure, vous rêvez de la mollesse de la cire, et de l'obéissance de l'argile? (VALÉRY, Variété [I], 1924, p.70).
2. [À propos d'inanimés abstr.] Le fait est le serviteur de l'idée. S'il se présente incomplet, le devoir du poëte est de le compléter. De cette obéissance du réel à l'idéal résulte la vérité suprême (HUGO, Torquemada, 1882, p.161).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694: obeïssance; 1718: -béï-; dep. 1740: -béi-. Étymol. et Hist. 1. 1270 «juridiction» (Ord., I, 282 ds GDF.); 2. 1283 «domination, autorité» (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes de Beauvaisis, 1506, éd. Am. Salmon, 2, p.259); 3. 1316 «action de celui qui se soumet aux volontés d'autrui» (JEHAN MAILLART, Le Roman du Comte d'Anjou, 445, éd. M. Roques); 4. ca 1393 «soumission, disposition à obéir» (Ménagier de Paris, I, 102 ds T.-L.). Dér. de obéir; suff. -ance. Fréq. abs. littér.:1395. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2651, b) 1492; XXe s.: a) 1484, b) 1978.
obéissance [ɔbeisɑ̃s] n. f.
ÉTYM. Déb. XIVe; 1270, « juridiction »; du rad. du p. prés. de obéir.
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1 Fait d'obéir; action, état de celui qui obéit. ⇒ Soumission, subordination. — REM. L'obéissance a un caractère plus formel, plus superficiel que la soumission. — Obéissance des enfants à leurs parents, des soldats à leurs chefs militaires, des religieux à leurs supérieurs (⇒ Obédience, observance). || Obéissance à un chef hiérarchique. ⇒ Subordination. || Devoir obéissance, devoir l'obéissance à un chef, à la loi (→ Liberté, cit. 25). || L'obéissance qui lui est due. || Prêter, jurer obéissance à qqn. — (Sans compl. en à). || Le commandement de quelques-uns et l'obéissance de tous (→ Gouvernement, cit. 27). || Vœu d'obéissance. || Amener un enfant à l'obéissance. ⇒ Docilité. || Imposer l'obéissance pour maintenir l'ordre; réduire à l'obéissance. ⇒ 1. Pas (mettre au pas). || Maintenir dans l'obéissance, en obéissance et en servitude. ⇒ Assujettissement, dépendance, joug, sujétion (→ Écraser, cit. 11; menacer, cit. 5). || Église (cit. 11) soutenue par l'obéissance des fidèles. || Refus d'obéissance. || Obéissance passive (→ Libérateur, cit. 5), aveugle (cit. 18). || Une entière obéissance (→ Clôture, cit. 4). || Obéissance raisonnable (→ Harmonique, cit. 7), libre et enthousiaste (→ 1. Don, cit. 5). || Esprit d'obéissance. || Avoir le goût de l'obéissance (→ Discipliné, cit. 3). || Obéissance et discipline militaires.
1 (…) les jeunes gens doivent obéissance aux vieux (…)
Molière, Dom Juan, V, 2.
2 Tout pouvoir, en un mot, périt par l'indulgence,
Et la sévérité produit l'obéissance.
Voltaire, Alzire, I, 1.
3 La prééminence de l'état militaire et les distinctions de rang les ont accoutumés à la soumission la plus exacte dans les rapports de la vie sociale; ce n'est pas servilité, c'est régularité chez eux que l'obéissance; ils sont scrupuleux dans l'accomplissement des ordres qu'ils reçoivent, comme si tout ordre était un devoir.
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, II.
4 Je voyais même la tendre soumission de la femme finir où le mal commence à lui être ordonné, et la loi prendre sa défense; mais l'obéissance militaire passive et active en même temps, recevant l'ordre et l'exécutant, frappant, les yeux fermés, comme le destin antique ! Je suivais dans ses conséquences possibles cette Abnégation du soldat, sans retour, sans conditions, et conduisant quelquefois à des fonctions sinistres.
A. de Vigny, Servitude et Grandeur militaires, I, IV.
5 Les multitudes ont une tendance à accepter le maître. Leur masse dépose de l'apathie. Une foule se totalise aisément en obéissance.
Hugo, les Misérables, III, XIII, III.
6 Son instinct d'obéissance trouvait à se satisfaire dans une amitié où il n'avait qu'à acquiescer aux volontés de l'autre. Jamais Christophe ne lui donnait la peine de prendre une décision : il décidait de tout (…) faisant pour l'avenir de Otto, comme pour le sien, des plans qui ne souffraient point de discussion.
R. Rolland, Jean-Christophe, Le matin, II, p. 160.
7 J'ai le droit d'exiger l'obéissance parce que mes ordres sont raisonnables.
Saint-Exupéry, le Petit Prince, p. 40.
8 (…) Albert Martin s'emportait un peu, déclarait qu'il ferait connaître son opinion aux maîtres de l'heure, qu'il n'entendait donc point pousser l'esprit d'obéissance jusqu'à la soumission aveugle.
G. Duhamel, la Pesée des âmes, VIII.
9 La discipline faisant la force principale des armées, il importe que tout supérieur obtienne de ses subordonnés une obéissance entière et une soumission de tous les instants, que les ordres soient exécutés littéralement, sans hésitation ni murmure; l'autorité qui les donne en est responsable, et la réclamation n'est permise au subordonné que lorsqu'il a obéi.
Manuel de l'Infanterie, Discipline, p. 41.
♦ Fait d'obéir (à qqch.). || Obéissance à la loi, aux règles. ⇒ Observation (→ Attroupement, cit. 2).
2 (1270). Vx. || L'obéissance de… : l'obéissance due à… ⇒ Autorité, domination, obédience (3.). || Être sous l'obéissance (→ Demeurer, cit. 39), demeurer dans l'obéissance de qqn (→ 1. Insigne, cit. 2).
10 (…) l'empereur avait ordonné qu'on le reçut (Charles XII) dans toutes les terres de son obéissance (…)
Voltaire, Charles XII, VII.
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CONTR. Commandement. — Désobéissance, indiscipline, indocilité, insoumission, insubordination, rébellion, résistance, révolte. — Contravention, infraction, transgression, violation.
Encyclopédie Universelle. 2012.