église [ egliz ] n. f. I ♦ (Avec un É majuscule)
1 ♦ Assemblée réunissant les premiers chrétiens. L'Église primitive. « Il a assemblé autour de lui une société d'hommes qui le reconnaissait pour maître : voilà ce qu'il a appelé son Église » (Bossuet).
♢ L'Église chrétienne ou l'Église : assemblée de tous ceux qui ont la foi en Jésus-Christ. L'Église œcuménique. ⇒ chrétienté, communauté, communion. Les membres de l'Église. L'Église visible, invisible. Les Pères, les Docteurs de l'Église (⇒ patrologie) . — L'Église militante : l'ensemble des fidèles sur la terre. L'Église souffrante : les justes qui souffrent au purgatoire. L'Église triomphante : les bienheureux qui connaissent Dieu dans le ciel.
2 ♦ (1541) Ensemble de fidèles unis, au sein du christianisme, dans une communion particulière. ⇒ communion, confession, religion. L'Église catholique, apostolique et romaine. L'Église orthodoxe grecque, russe. Les Églises réformées ou protestantes.
3 ♦ Absolt L'Église catholique. ⇒ catholicité. Le pape, chef visible de l'Église. Les États de l'Église ou États pontificaux, restés jusqu'en 1870 sous la souveraineté du pape. Le siège de l'Église. ⇒ Saint-Siège. L'enseignement, les dogmes de l'Église. Loc. prov. Hors de l'Église, point de salut. Mourir muni des sacrements de l'Église. Retrancher qqn du sein de l'Église, l'excommunier. — Les prières, les offices, les fêtes de l'Église. L'Église et l'État. ⇒ concordat, séparation.
♢ L'autorité ecclésiale (dans un lieu donné). L'Église de Rome : le Vatican. L'Église de France. L'Église gallicane.
4 ♦ L'état ecclésiastique, l'ensemble des ecclésiastiques. ⇒ clergé. Appartenir à l'Église. Un homme d'Église. ⇒ ecclésiastique. Les gens d'Église. Dignitaires, prélats de l'Église.
5 ♦ Par anal. (avec un é minuscule) Ensemble de personnes professant une même doctrine, animées d'une même foi. ⇒ chapelle, clan, coterie. « le surréalisme avec son aspect ambigu de chapelle littéraire, de collège spirituel, d'église et de société secrète n'est qu'un des produits de l'après-guerre » (Sartre).
II ♦ (Avec un é minuscule) Édifice consacré au culte de la religion chrétienne (REM. Dans le lang. cour., on dit temple pour le culte protestant). ⇒ 1. basilique, cathédrale, chapelle. Église abbatiale, collégiale, conventuelle, paroissiale. La cure, le presbytère, le cimetière d'une église paroissiale. — L'architecture d'une église (baptistère, cloître; clocher, tour; flèche, coupole, dôme; façade, narthex, parvis, porche, portail, portique, tympan. — Chœur, sanctuaire; chapelle, nef, vaisseau; bas-côté, collatéral, transept (bras et croisée); abside, chevet, déambulatoire. — Claire-voie, galerie, tribune, triforium; ambon, jubé; caveau, crypte. — Arc, chapiteau, colonne, plein cintre, croisée d'ogive, pilier, voûte, travée, rosace, rose, vitrail).— Le plan d'une église : croix latine ( ), croix grecque (+). — Église fortifiée. Église byzantine, romane, gothique. Autel, chaire, confessionnaux, sacristie, bénitiers, troncs... d'une église. « Nous entrâmes dans l'église au moment où le prêtre donnait la bénédiction » (Chateaubriand). La cérémonie sera célébrée en l'église de la Sainte-Trinité. Aller à l'église, à la messe. « Toutes ces bigotes d'église » (Loti). — Se marier à l'église, religieusement.
● Église nom féminin (latin ecclesia, du grec ekklêsia, assemblée) Société religieuse fondée par Jésus-Christ. L'ensemble des fidèles de toute communion chrétienne : L'Église protestante. L'Église catholique romaine. Société de fidèles catholiques d'un même État, d'un même diocèse : L'Église de France. Société de tous les ecclésiastiques ou clercs d'une Église : La Révolution a vendu les biens de l'Église. Corps des évêques, chargé de l'enseignement de la doctrine et de l'administration spirituelle et temporelle des affaires ecclésiastiques : L'autorité de l'Église. Ensemble de personnes professant les mêmes doctrines ou visant le même but ; secte, clan (avec une minuscule) : L'esprit d'église de certaines écoles de pensée. ● Église (citations) nom féminin (latin ecclesia, du grec ekklêsia, assemblée) Arthur Adamov Kislovodsk 1908-Paris 1970 L'Église, voilà l'homme d'affaires des grandes affaires durables. Le Ping-pong Gallimard Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Ne pouvant pas supprimer l'amour, l'Église a voulu au moins le désinfecter, et elle a fait le mariage. Mon cœur mis à nu René Char L'Isle-sur-la-Sorgue, Vaucluse, 1907-Paris 1988 La perte du croyant, c'est de rencontrer son église. À une sérénité crispée Gallimard Bible Eh bien ! moi, je te dis : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'Hadès ne tiendront pas contre elle. » Évangile selon saint Matthieu, XVI, 18 ● Église (difficultés) nom féminin (latin ecclesia, du grec ekklêsia, assemblée) Orthographe Avec ou sans majuscule, selon le sens. 1. Une église (avec un é minuscule) = un édifice où les chrétiens célèbrent leur culte. Une église romane, gothique ; aller à l'église. Remarque Église désigne le plus souvent un édifice consacré au culte catholique romain ou à un culte chrétien de rite oriental. Pour désigner un édifice consacré au culte protestant, on dit plutôt temple : dans certains villages d'Alsace, il y a un temple, une église et une synagogue. Néanmoins, pour désigner les édifices cultuels protestants dans les pays où cette tradition religieuse domine, c'est église qui est employé : dans le sud des États-Unis, les églises des petites villes sont souvent en bois. 2. Église (avec un é majuscule) = communauté chrétienne. Église anglicane, orthodoxe, catholique ; « un homme d'Église n'est jamais seul »(J. Prévert). L'Église = l'Église catholique romaine. Le pape est le chef de l'Église ; les sacrements de l'Église. ● Église (expressions) nom féminin (latin ecclesia, du grec ekklêsia, assemblée) Église militante, société des fidèles sur la terre. Église souffrante, élus qui achèvent de se purifier dans le purgatoire. Église triomphante, société des élus qui sont dans le ciel. Gens, hommes d'Église, ecclésiastiques. Haute, basse, large Église, nom donné à diverses tendances de l'anglicanisme. Petite Église, nom donné aux communautés de catholiques, particulièrement nombreuses dans l'ouest de la France, qui refusèrent d'accepter le Concordat de 1801. Retrancher quelqu'un de l'Église, l'excommunier. ● Église (synonymes) nom féminin (latin ecclesia, du grec ekklêsia, assemblée) Ensemble de personnes professant les mêmes doctrines ou visant le...
Synonymes :
- chapelle
- clan
église
(états de l'). V. Vatican.
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église
n. f.
d1./d (Avec une majuscule.) Communion de personnes unies par une même foi chrÉtienne. L'église de Corinthe. L'église d'Occident, d'Orient. Les églises orthodoxes (grecque, russe). Les églises réformées ou protestantes.
|| Absol. L'église: l'église catholique, apostolique et romaine. Le pape est le chef visible de l'église.
|| Par ext. Fig. Groupe dont les membres défendent la même doctrine. Syn. chapelle, clan.
d2./d édifice consacré, chez les chrétiens catholiques et orthodoxes, au culte divin. église paroissiale. Aller à l'église.
d3./d (Avec une majuscule.) Clergé en général. Un homme d'église.
⇒ÉGLISE, subst. fém.
I.— [L'Église en tant que communauté de fidèles]
A.— [Avec une majuscule; au sing.] Communauté des chrétiens formant un corps social hiérarchiquement organisé, instituée par Jésus-Christ et ayant foi en lui. Histoire, liberté, tradition de l'Église; sacrements, premiers siècles de l'Église. Nul n'a plus fait que Tertullien pour défendre l'unité de la véritable Église, et pourtant il est sorti de l'Église (GILSON, Esprit philos, médiév., 1931, p. 130). Le conflit qui déchirera plus tard l'Église et la divisera en protestants et catholiques (VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 204) :
• 1. On voit donc, dès l'instant où il commence à remplir publiquement sa divine mission, Jésus-Christ annoncer qu'il fondera une Église, une véritable société, et bientôt après effectuer sa promesse en communiquant à ses apôtres, et principalement au premier d'entre eux, le pouvoir qu'il avoit reçu de son Père : ...
LAMENNAIS, De la Religion, 1826, p. 55.
• 2. Dans l'Église du Christ ce pouvoir est une participation à la royauté spirituelle du Christ. Pierre ne le possède que parce que le Christ le lui a transmis comme à son ministre ici-bas, avec les clefs du royaume des cieux. « Qu'est-ce que l'Église? disait Bossuet. L'Église c'est Jésus-Christ, mais Jésus-Christ répandu et communiqué. »
MARITAIN, Primauté du spirituel, 1927, p. 24.
— [Souvent accompagné d'un adj. ou d'un compl. prép. soulignant un aspect (historique, géographique, spirituel, etc.) de cette communauté] Église primitive; d'Occident, d'Orient. La législation napoléonienne et l'Église concordataire (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 135). On discutait comme les pères de l'Église grecque (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 437) :
• 3. Il faut, une bonne fois, vous habituer à mon langage et enfoncer en vous cette idée simple que je n'appartiens à rien ni à personne, sinon à Dieu et à son Église. J'entends l'Église invisible. La visible, j'en conviens, est devenue abominable...
BLOY, Journal, 1899, p. 373.
• 4. Ma fille, ma fille il y a beaucoup d'églises, dans l'Église. Mais il n'y en a qu'une. Il n'y a qu'une Église. Il y a plusieurs églises. Il y a la militante, où nous sommes. Il y a la souffrante, où nous éviterons d'être; s'il plaît à Dieu. Il y a la triomphante, où nous devons demander d'être. S'il plaît à Dieu. Mais il n'y a pas une Église infernale. Il n'y a pas une Église d'enfer.
PÉGUY, Le Mystère de la charité de Jeanne-d'Arc, 1910, p. 66.
— P. méton. Ensemble des chrétiens d'une région ou d'une ville. Frumentius, qui fonda l'Église d'Éthiopie (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 232). L'Église de Lyon, illustrée par le supplice de Pothin et de Blandine (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 19).
— Par personnification, B.-A. Sculpture des cathédrales gothiques représentant symboliquement l'Église ou Loi nouvelle. Anton. Synagogue. Les statues de l'Église et de la Synagogue se voyaient encore des deux côtés de la porte principale [de la cathédrale de Paris] à la fin du dernier siècle (VIOLLET 1875).
B.— En partic.
1. [Le plus souvent au sing.; absol. ou accompagné d'un adj. caractérisant ou d'un compl. prép. p. ex. de Rome] Ensemble des chrétiens catholiques. Église latine, romaine; le Pape est le chef visible de l'Église; notre mère la sainte Église (Ac. 1798-1932). L'Église n'a été si dure pour les hérétiques que parce qu'elle estimait qu'il n'est pas de pire ennemi qu'un enfant égaré (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 153). V. aussi catholique ex. 1 :
• 5. ... supposer qu'il y ait dans l'Église un pouvoir au-dessus du Pape, (...) c'est renverser, autant qu'il est possible à l'homme, la constitution divine de l'Église, et l'Église elle-même. Qu'est-ce en effet que l'Église? La société dépositaire de la vraie religion, c'est-à-dire de la vraie foi et du véritable culte. L'Église doit donc offrir les mêmes caractères que la vraie religion; elle doit être, comme elle, une, universelle, perpétuelle et sainte.
LAMENNAIS, De la Religion, 1826, p. 61.
• 6. Marie de Lados fait réciter à Raymond son Credo. Toujours aux mêmes endroits, il trébuche.
— Recommence!
— Je crois au Saint-Esprit, à la sainte Église catholique, à la communion des Saints, à la rémission des péchés, à la vie éternelle...
MAURIAC, Génitrix, 1923, p. 383.
a) [Dans des syntagmes mettant en valeur un aspect (doctrinal, institutionnel, liturgique, social, temporel, etc.) de la communauté catholique] Biens, canons, gouvernement, lois, magistère de l'Église; Église des pauvres; États de l'Église (vieilli). Gide ignore visiblement tout de la doctrine sociale de l'Église (MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 80). L'attitude et l'enseignement pratique de l'Église en face de la souffrance humaine (TEILHARD DE CH., Milieu divin, 1955, p. 90). V. commandement ex. 4 :
• 7. Car il est évident que, la garde des écritures ayant été confiée à l'Église, l'Église est seule capable d'interpréter les livres qu'elle seule conserve.
FRANCE, L'Orme du mail, 1897, p. 24.
b) Loc. vieillie. En face de l'Église ,,Avec toutes les cérémonies et toutes les solennités de l'Église. Se marier en face de l'Église`` (Ac. 1798-1932).
c) P. méton., au sing. ou au plur.
— Ensemble des catholiques d'une région, d'un diocèse, d'un rite. Selon l'usage de l'Église de Paris (Ac. 1798-1932) :
• 8. Encore une fois, Église de France, voilà le sort qui t'est réservé, si tu demeures ce que tu es, ce qu'on a fait de toi. Tu descendras au-dessous, mille fois au-dessous de l'Église grecque, aux jours de son ignominie, dans les derniers temps de l'Empire; ...
LAMENNAIS, L'Avenir, 1831, p. 220.
♦ HIST. Église constitutionnelle, gallicane.
— [Parfois avec une minuscule] Ensemble des ecclésiastiques et religieux catholiques; état ecclésiastique. La professe, (...) s'agenouilla devant le prince de l'église (SAND, Lélia, 1839, p. 453). Ma mère devint toute ruisselante de joie et d'orgueil à l'idée que son fils serait d'église (FRANCE, Rôtisserie, 1893, p. 34). V. aussi commendataire.
2. Au sing ou au plur. [Accompagné d'un adj. ou d'un compl. prép. indiquant la confession ou l'obédience particulière] Communauté de chrétiens non catholiques. Église anglicane, évangélique, orthodoxe, nationale, protestante, réformée. Rapprocher l'Église d'Angleterre des formes du catholicisme (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 152). Une petite communauté de marchands des Syrtes rattachés (...) aux Églises nestoriennes d'Orient (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 188) :
• 9. Pendant la Révolution française, il se forma, par suite du schisme peu important qu'y produisit le concordat, une congrégation de catholiques purs qui ne reconnurent pas les évêques institués par le pouvoir révolutionnaire et par les transactions du pape. Ce troupeau de fidèles forma ce que l'on nomme la petite Église, ...
BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, p. 216.
3. Au plur.
a) Confessions chrétiennes dans leur ensemble. Séparation des Églises et de l'État. Du 18 au 25 janvier la Semaine de l'unité chrétienne doit être un appel universel à l'union des Églises (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 9, col. 1, 2, 3) :
• 10. Et je me désolais et m'indignais tout à la fois de ce qu'en avaient fait les Églises, de cet enseignement divin, qu'au travers d'elles je ne reconnaissais plus que si peu.
GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 607.
b) [Parfois avec une minuscule] Confessions chrétiennes non catholiques. Conseil œcuménique des Églises. Toutes les églises ne sont rien sans l'Église c'est-à-dire sans l'Église universelle ou catholique (J. DE MAISTRE, Du Pape, 1819, p. 369). Quelle est aujourd'hui, à l'égard de ce dogme, [la résurrection de la chair] la position des diverses églises séparées? (MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 28).
Rem. Un certain nombre d'adj. (p. ex. évangélique, orthodoxe, confessante ou protestante) peuvent, en rigueur de termes, être considérés comme caractérisant l'Église de Rome, tandis qu'à l'inverse l'Église anglicane est parfois qualifiée de « catholique » (cf. Foi 1968). En fait, dans le lang. cour. le cont. lève gén. toute ambiguïté.
C.— Au fig., péj., au sing ou au plur. [Avec une minuscule, plus rarement une majuscule] Groupe, ensemble (souvent fermé) de personnes ayant les mêmes aspirations, les mêmes idées, la même doctrine. Synon. clan, coterie. La Sorbonne est une église. À la recherche d'une religion civile (BARRÈS, Cahiers, 1911, p. 25). Ces petites églises où les esprits s'échauffent, ces enceintes où le ton monte (VALÉRY, Variétés IV, 1938, p. 18). Van Gogh, établissant le dogme d'une Église dont Picasso est incontestablement le Pape (COCTEAU, Poés. crit. I, 1959, p. 9) :
• 11. ... tous les fidèles du groupe étaient devenus à tour de rôle amoureux de Mme de Burne, et, après la crise, demeuraient encore attendris et émus à des degrés différents. Ils avaient formé peu à peu une sorte de petite église. Elle en était la madone.
MAUPASSANT, Notre cœur, 1890, p. 309.
• 12. ... le surréalisme avec son aspect ambigu de chapelle littéraire, de collège spirituel, d'église et de société secrète n'est qu'un des produits de l'après-guerre.
SARTRE, Situation II, 1948, p. 226.
II.— P. méton. [L'église en tant qu'édifice; avec une minuscule] Édifice où les fidèles de la religion catholique ou orthodoxe se réunissent pour l'exercice du culte public. Nous allions à l'église paroissiale du village entendre la grand-messe et les vêpres (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 220). Vieilles églises à mince flèche de granit (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p. 84). Une petite église avec les oignons dorés de ses coupoles et les croix qui accrochaient le soleil (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 274) :
• 13. Tous les édifices publics du culte, toutes les églises publiques appartiennent à l'état et aux communes. Aujourd'hui, l'état est propriétaire des églises métropolitaines; les communes, des églises paroissiales.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 10, 1913-14, p. 43.
• 14. Je crois même que M. Barrès se rend compte parfois de sa position un peu délicate entre le point de vue chrétien du fidèle pour qui l'église est la maison de Dieu, et le point de vue humain de l'incroyant pour qui l'église n'a pas de valeur et d'intérêt qu'en tant qu'œuvre d'art.
THIBAUDET, Réflexions sur la litt., 1936, p. 47.
— [Suivi d'un adj. caractérisant le style architectural de l'édifice] Église byzantine, gothique. Les églises jésuites du XVIIIe siècle ont toutes l'air de maisons à éléphants (GONCOURT, Journal, 1855, p. 222). À Prague dans l'éclat de rire doré d'une de ces belles églises rococo (CLAUDEL, Messe là-bas, 1919, p. 491) :
• 15. ... une église baroque qui ne ménage aucune surprise à l'homme parce qu'elle est tout entière tournée vers Dieu; (...). Cela dit, combien je préfère aux plus belles églises baroques une petite église romane comme Saint-Julien-Le-Pauvre de Paris, ou Saint-Clément, à Rome!
GREEN, Journal, 1948, p. 143.
— Vulg., en interj. pour marquer l'admiration. (Nom de Dieu/Vingt dieux!) la belle église! (cf. ESNAULT, Notes compl. Poilu, 1956).
SYNT. Église abbatiale, cathédrale, collégiale, conventuelle, primatiale, simultanée; église ancienne, déserte, fermée, neuve, nue, pauvre, sombre, vaste, vide. Banc, chevet, chœur, cloche, clocher, horloge, marches, nef, orgues, parvis, perron, place, proche, portail, porte, seuil, statue, tableau, tour, vitrail, voûte de l'église/ d'église; cérémonies, chant(s), musique, ornements, suisse d'église/ de l'église; à la sortie de l'église; pilier, rat d'église; bâtir, consacrer, fonder, fréquenter, réconcilier, visiter une église; prier à l'église.
Rem. 1. Dans quelques syntagmes du type se marier à l'église, la distinction n'est pas toujours faite entre l'Église-communauté et l'église-édifice. On rencontre ds la docum., p. plaisant. pop. se marier derrière l'église. Vivre en concubinage. Si M. Grange, un de ces matins, prenait pour servante quelque fille trop délurée et se remariait derrière l'église? (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 179). 2. On rencontre ds la docum. les dér. rares a) Églisette, subst. fém. Petite église. Les moines revêtaient leur coule et l'on entrait, deux par deux, en rang, dans l'églisette (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 257). b) Églisier, adj. et subst. masc. ) [Correspond à Église I] (Personne) qui est hypocrite. Synon. bigot, cagot. Je le connais, cet églisier, (...) nous allons avoir avec lui l'ardélion des cultes (ID., ibid., p. 249). ) [Correspond à église II] (Personne) dont l'activité se rapporte à l'église. Il se spécialise dans l'orfèvrerie religieuse, d'où le qualificatif d'« églisier » qui lui est donné (GRANDJEAN, Orfèvr. du XIXe s., 1962, p. 82). Qui se rapporte à l'église (cf. RHEIMS 1969).
Prononc. et Orth. :[egli:z]. Enq. :/egliz/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. Ca 1050 « édifice consacré au culte de la religion chrétienne » (Saint-Alexis, éd. C. Storey, 257). II. 1. 1135 « assemblée de tous ceux qui ont la foi en J.-C. » (Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 155 : Et sainte eglise pense de bien servir); 1174-76 la sainte mere iglise (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2722); 2. 1546 « ensemble de fidèles unis, au sein du christianisme, dans une communion particulière » eclise romaine (RABELAIS, Tiers Livre, 22, éd. Marty-Laveaux, II, 109); 1690 eglise gallicane (FUR.); 3. 1549 « l'état ecclésiastique » gens d'eglise (EST.); 1552 synon. de clergé (RABELAIS, Quart Livre, ch. 53, éd. Marty-Laveaux, II, 457 : entretenir l'Ecclise); 4. 1862 fig. « ensemble de personnes professant la même doctrine » (GONCOURT, Journal, p. 1184). Du lat. vulg. (v. TLL s.v., 32, 63 sqq), lat. chrét. (empr. au gr. « assemblée de citoyens » employé dans le Nouveau Testament au sens de « assemblée de Chrétiens », v. LIDDELL-SCOTT II, 2) « communauté de fidèles; de tous les fidèles, lieu de réunion des fidèles » (v. aussi Théol. cath.). Fréq. abs. littér. : 15 253. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 25 499, b) 17 313; XXe s. : a) 27 233, b) 17 451. Bbg. AEBISCHER (P.). Basilica, eclesia, ecclesia... R. Ling. rom. 1963, t. 27, pp. 119-164. Les Termes qui désignent les différents édifices du culte. R. Ling. rom. 1965, t. 29, pp. 15-37. — Archit. 1972, p. 139. — FABRE-LUCE (A.). Les Mots qui bougent. Paris, 1970, p. 87. — MOHRMANN (Ch.). Les Dénominations de l'église en tant qu'édifice en grec et en latin. R. des Sc. relig. 1962, t. 36, pp. 155-174. — SCHROEDER (W.). Die bedingte Diphtongierung betonter Vokale im südfranzösischen Alpengebiet. Volkstum und Kultur der Romanen 1932, t. 5, p. 162. — STEFENELLI (A.). Der Synonymenreichtum der altfranzösischen Dichtersprache. Wien, 1967, passim. — WEHRLIN (É.). Le Nouv. lang. de l'Église. Vie Lang. 1972, p. 223.
église [egliz] n. f.
ÉTYM. V. 1050; du lat. eclesia ou ecclesia, grec ekklésia « assemblée ».
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I (Avec un É majuscule, sauf, quelquefois, aux sens 5 et 6).
1 Assemblée réunissant les premiers chrétiens. || L'Église d'Éphèse, d'Antioche. || L'Église primitive; la primitive Église (→ Altruisme, cit. 3; baptème, cit. 7). || L'Église des apôtres. || Les diacres, les archidiacres, les diaconesses de l'Église primitive.
1 C'est Jésus-Christ lui-même qui nous a appris à croire l'Église en ce sens. Car pour fonder cette Église, il est sorti du sein invisible de son Père, et s'est rendu visible aux hommes; il a assemblé autour de lui une société d'hommes qui le reconnaissait pour maître : voilà ce qu'il a appelé son Église. C'est à cette Église primitive que les fidèles qui ont cru depuis se sont agrégés, et c'est de là qu'est née l'Église que le Symbole appelle universelle. Jésus-Christ a employé le mot d'Église pour signifier cette société visible, lorsqu'il a dit lui-même qu'il fallait écouter l'Église : « Dites-le à l'Église »; et encore lorsqu'il a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes d'enfer n'auront point de force contre elle. »
Bossuet, Conférence avec M. Claude, I.
2 Un germe d'Église commençait dès lors à paraître. Cette idée féconde du pouvoir des hommes réunis (ecclesia) semble bien une idée de Jésus.
Renan, Vie de Jésus, Œ. compl., t. IV, p. 269.
2 (1135). || L'Église chrétienne ou l'Église : assemblée de tous ceux qui ont la foi en Jésus-Christ (→ Assemblée, cit. 7). || L'Église catholique (cit. 1), universelle, œcuménique. ⇒ Chrétienté, communauté (chrétienne), communion (des fidèles, des saints), corps (de l'Église); → Autel, cit. 22; corps, cit. 42. — Les membres de l'Église (→ Avouer, cit. 2). || L'Église visible, invisible. || L'Église du Christ. || Histoire de l'Église. || Les Pères, les Docteurs de l'Église (⇒ Patrologie). || L'Église chrétienne, ouvrage de Renan.
♦ L'Église militante : l'ensemble des fidèles sur la terre. || L'Église souffrante : les justes qui souffrent au purgatoire. || L'Église triomphante : les bienheureux qui connaissent Dieu dans le ciel. || L'éternité, la sainteté de l'Église.
3 Alors Jésus-Christ vient dire aux hommes qu'ils n'ont point d'autres ennemis qu'eux-mêmes, que ce sont leurs passions qui les séparent de Dieu, qu'il vient pour les détruire, et pour leur donner sa grâce, afin de faire d'eux tous une Église sainte, qu'il vient ramener dans cette Église les païens et les Juifs, qu'il vient détruire les idoles des uns et la superstition des autres.
Pascal, Pensées, XII, 783.
3 (1546). Ensemble de fidèles unis, au sein du christianisme, dans une communion particulière. ⇒ Communion, confession, croyance, culte, religion. || L'Église latine (→ ci-dessous, 4.). || L'Église orthodoxe grecque, russe. || L'Église d'Occident, d'Orient.
♦ Église grecque romanisante, latinisante. || Églises réformées ou protestantes; évangéliques; anglicane; presbytérienne; baptiste, méthodiste… || Les sectes d'une Église. || Église schismatique. ⇒ Schisme (→ Antiquité, cit. 2). || Histoire des variations des Églises protestantes, ouvrage de Bossuet.
4 Pour ce qui est de la vraie Église, elle est, dit-il, représentée par saint Pierre, lorsque Jésus-Christ ayant demandé à ses disciples : « Ne voulez-vous point aussi vous retirer ? cet apôtre lui répondit au nom de tous : Seigneur, à qui irions-nous ? Vous avez des paroles de vie éternelle » nous montrant par cette réponse, poursuit le saint martyr, que qui que ce soit qui quitte Jésus-Christ, « l'Église ne le quitte pas, et que ceux-là sont l'Église qui demeurent dans la maison de Dieu » de sorte que le caractère des novateurs est de la quitter, ainsi que le caractère des vrais fidèles est d'y demeurer toujours.
Bossuet, Première instruction pastorale sur les promesses de J.-C. à l'Église, XXVI.
♦ (Au plur.). Confessions chrétiennes. || Séparation des Églises et de l'État, en Belgique, en France (⇒ Laïcité). || Adversaire de l'intervention de l'Église dans les affaires publiques. ⇒ Anticlérical.
4 Spécialt. L'Église catholique romaine. ⇒ Catholicité. || Le Pape, chef visible de l'Église. || L'autorité de l'Église (→ Baisser, cit. 11). || Pouvoir temporel (→ Ascendant, adj., cit. 1), juridiction temporelle de l'Église. ⇒ For (ecclésiastique). || Les biens de l'Église. ⇒ Aumône, 3. (→ Assignation, cit.). || Les États de l'Église ou États pontificaux, restés jusqu'en 1870 sous la souveraineté du Pape. || Le siège de l'Église. ⇒ Siège (Saint-Siège). || Les privilèges de l'Église (→ Asile, cit. 13). — L'enseignement de l'Église. ⇒ 2. Canon (cit. 1); bulle, croyance, décret, doctrine, dogme; définition; encyclique; magistère. || La discipline, les commandements de l'Église. || Problème de l'évolution de l'Église. ⇒ Modernisme. || Croire ce que l'Église enseigne. || Le pouvoir spirituel, l'infaillibilité de l'Église (→ Associer, cit. 3). ☑ « Hors de l'Église, pas de salut ». — Notre mère, la sainte Église. || L'Église, la mère des fidèles (→ Allaiter, cit. 4). || La France, la fille aînée (cit. 1) de l'Église. — Les enfants de l'Église. || Se marier devant l'Église, en face de l'Église (vieilli) : se marier religieusement. || Mourir dans l'Église, en paix avec l'Église, muni des sacrements de l'Église.
♦ L'Église et l'État. || Luttes entre le pouvoir spirituel (Église) et le pouvoir temporel (État). || Église tendant à gouverner et absorber l'État. ⇒ aussi Théocratie. || Les rois de France s'efforcèrent de défendre leur autorité contre les empiétements de l'Église. || Union de l'Église et de l'État, avant 1789. || Accord réglant les rapports entre l'Église et l'État. ⇒ Concordat.
♦ La discipline de l'Église. || Les condamnations, les foudres de l'Église. ⇒ Anathème, censure, excommunication, index, interdit, monition, sentence, suspens. || Retrancher qqn de l'Église, du sein de l'Église, l'excommunier. || Publication qui reçoit l'approbation de l'Église (→ Imprimatur, nihil obstat). || Indulgences accordées par l'Église. || Entrer, rentrer (→ Abjurer, cit. 2) dans l'Église, dans le giron de l'Église (→ Bercail). || Adjurer qqn de se soumettre aux décisions de l'Église. || Luttes de la Réforme contre l'Église (⇒ Papisme).
♦ La prière, les prières, les cérémonies, les offices, les pompes, les chants de l'Église. ⇒ Office (divin); antiphonaire, bréviaire, cérémonial, heure, missel, rituel; culte, liturgie. || Les fêtes de l'Église. ⇒ Annonciation, Ascension, Assomption, Chandeleur, Circoncision, Épiphanie, Exaltation (de la Sainte Croix), Noël, Pâques, Pentecôte, rogation, Trinité, vendredi (Vendredi saint), Visitation. || Le calendrier des offices de l'Église. ⇒ Ordo. || Fête d'un saint, commémoration d'un saint, vigile d'une fête, célébrées dans l'Église. || Béatification, canonisation des saints, par l'Église. — Les sacrements de l'Église. ⇒ Sacrement (→ Appeler, cit. 13).
5 (…) il faut dire (…) que le renouvellement des sciences, des arts et des lettres, est dû à l'Église; que la plupart des grandes découvertes modernes (…) lui appartiennent; que l'agriculture, le commerce, les lois et le gouvernement lui ont des obligations immenses; que ses missions ont porté les sciences et les arts chez des peuples civilisés, et les lois chez des peuples sauvages; que sa chevalerie a puissamment contribué à sauver l'Europe d'une invasion de nouveaux Barbares; que le genre humain lui doit (…) une plus grande humanité chez les hommes (…)
Chateaubriand, le Génie du christianisme, IV, VI, XII.
6 Que l'Église veuille tout faire et tout être, c'est une loi de l'esprit humain.
Baudelaire, Journaux intimes, « Fusées », II.
7 (…) les titres de l'Église valent les titres de l'État. C'est pourquoi, s'il est juste qu'il soit indépendant et souverain chez lui, il est juste qu'elle soit chez elle indépendante et souveraine; si l'Église empiète quand elle prétend régler la constitution de l'État, l'État empiète quand il prétend régler la constitution de l'Église, et si, dans son domaine, il doit être respecté par elle, dans son domaine, elle doit être respectée par lui.
Taine, les Origines de la France contemporaine, III, t. I, p. 274.
8 Dans une Église fondée sur l'autorité divine, on est aussi hérétique pour nier un seul point que pour nier le tout. Une seule pierre arrachée de cet édifice, l'ensemble croule fatalement.
Renan, Souvenirs d'enfance…, V, III.
9 Je suis très assuré que l'Église doit tout surmonter à la fin des fins et que rien ne prévaudra contre elle (…) Mais Elle peut tomber, demain, dans le mépris absolu, dans l'ignominie la plus excessive. Elle peut être conspuée, fouettée, crucifiée, comme Celui dont elle se nomme l'Épouse.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 177.
♦ L'autorité ecclésiale (dans un lieu donné). || L'Église de Rome : le Vatican. || L'Église de France. || L'Église latino-américaine. || L'Église gallicane. || De l'Église gallicane dans ses rapports avec le Souverain Pontife, traité de Joseph de Maistre.
5 (1549). L'état ecclésiastique, l'ensemble des ecclésiastiques. ⇒ Clergé. — REM. Dans cet emploi, on écrit aussi église avec une minuscule. Le mot s'emploie surtout en parlant de l'Église catholique romaine. — Se faire, être d'Église, appartenir à l'Église. || Un homme d'Église. || Les gens d'Église. || L'Église, l'Épée, la Robe : les trois états, sous l'Ancien Régime (→ Amphibie, cit. 2). || Il fut destiné de bonne heure à l'Église. || Entrer dans l'Église. || Cérémonie qui introduit un homme dans l'Église. ⇒ Tonsure; ordre; consécration, ordination. || La hiérarchie, dans l'Église. ⇒ Clerc, ecclésiastique, prêtre. || Dignitaires, prélats de l'Église. ⇒ Archiprêtre, chanoine; cardinal, évêque… || Les conciles, les consistoires réunissent les princes de l'Église. || Cour d'Église : juridiction de l'Évêque.
10 Rien n'est plus sagement ordonné que ces cercles qui partant du dernier chantre de village, s'élèvent jusqu'au trône pontifical qu'ils supportent, et qui les couronne. L'Église ainsi, par ses différents degrés, touchait à nos divers besoins (…) Si jadis l'Église fut pauvre, depuis le dernier échelon jusqu'au premier, c'est que la chrétienté était indigente comme elle. Mais on ne saurait exiger que le clergé fût demeuré pauvre, quand l'opulence croissait autour de lui.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, IV, III, II.
11 D'autre part, dans un État qui peu à peu se dépeuplait, se dissolvait et fatalement devenait une proie, il (le clergé) avait formé une société vivante, guidée par une discipline et des lois, ralliée autour d'un but et d'une doctrine, soutenue par le dévouement des chefs et l'obéissance des fidèles, seule capable de subsister sous le flot de barbares que l'Empire en ruine laissait entrer par toutes ses brèches : voilà l'Église.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. I, I, p. 4.
12 Je me demande ce que vous avez dans les veines aujourd'hui, vous autres jeunes prêtres ! De mon temps, on formait des hommes d'Église… oui, des hommes d'Église, prenez le mot comme vous voudrez, des chefs de paroisse, des maîtres, quoi, des hommes de gouvernement.
Bernanos, Journal d'un curé de campagne, I, p. 17.
6 (1862). Fig. (avec un é minuscule). Ensemble de personnes professant une même doctrine, se ralliant aux mêmes principes (→ Adepte, cit. 2; communiste, cit. 3). ⇒ Chapelle, clan, congrégation (cit. 3), coterie, école… || Une petite église très fermée.
12.1 (…) le surréalisme avec son aspect ambigu de chapelle littéraire, de collège spirituel, d'église et de société secrète n'est qu'un des produits de l'après-guerre.
Sartre, Situations II, p. 226.
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II Une, des églises (avec un é minuscule). Édifice consacré au culte de la religion chrétienne. ⇒ Basilique, cathédrale, chapelle (cit. 2), lieu (saint), maison (de Dieu), oratoire, temple. || Bâtir (cit. 13), consacrer, bénir une église. || La consécration d'une église. ⇒ Dédicace. || Église cathédrale, épiscopale, métropolitaine. || Le chapitre d'une église cathédrale. || Église abbatiale (⇒ Abbaye), collégiale, conventuelle (⇒ Prieuré), paroissiale (⇒ Paroisse). || La cure, le presbytère, le cimetière d'une église paroissiale (→ Attenant, cit. 4; disséminer, cit. 1). || Les églises au moyen âge servaient de lieu d'asile (⇒ aussi Ambitus). || La succursale d'une église paroissiale. ⇒ Annexe. || Le desservant d'une église (→ Curé, cit. 3).
♦ Église dédiée à un martyr. ⇒ Martyrium. || Église désignée comme lieu de pèlerinage (⇒ Station). || Église placée sous le vocable de Notre-Dame, de saint Pierre. || Titres et privilèges d'une église (⇒ Cartulaire). || Profanation d'une église. || Réconcilier une église : bénir de nouveau une église qui a été profanée.
♦ L'architecture et le décor d'une église. ⇒ Baptistère, cloître; clocher (→ Beffroi, cit. 1), clocheton, pinacle, tour; flèche; coupole, dôme; façade, narthex, parvis, porche, portail, porte, portique, tympan; chœur, sanctuaire; chapelle; nef, vaisseau; bas-côté, collatéral, transept (bras et croisée); abside, absidiale, chevet, choréa, déambulatoire; étage, galerie, tribune, triforium; ambon, jubé; caveau, crypte; arc, arcade, chapiteau, cintre (plein cintre), colonne, ogive, pilier, voûte; travée; rosace, rose, vitrail. — Le plan d'une église : croix latine (✝), croix grecque (✚). — Église fortifiée. || Église byzantine (⇒ Iconostase), carolingienne, préromane, romane, gothique. || Église Renaissance, classique, jésuite, baroque, rococo, Empire, moderne. || L'horloge (→ Blutoir, cit. 1), les cloches, le carillon d'une église.
13 (…) madame de Villeparisis nous mena à Carqueville où était cette église couverte de lierre (…) Dans le bloc de verdure devant lequel on me laissa, il fallait pour reconnaître une église faire un effort qui me fit serrer de plus près l'idée d'église (…) cette idée d'église (…) j'étais obligé d'y faire perpétuellement appel pour ne pas oublier, ici, que le cintre de cette touffe de lierre était celui d'une verrière ogivale, là, que la saillie des feuilles était due au relief d'un chapiteau. Mais alors un peu de vent soufflait, faisait frémir le porche mobile que parcouraient des remous propagés et tremblants comme une clarté; les feuilles déferlaient les unes contre les autres; et frissonnante, la façade végétale entraînait avec elle les piliers onduleux, caressés et fuyants.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 142.
♦ Le trésor d'une église (⇒ Monstrance, reliquaire); les vases sacrés d'une église. ⇒ Calice, ciboire, custode, ostensoir, patène. || L'autel, le maître-autel d'une église. ⇒ Autel. || Signaux réglant les cérémonies dans une église. ⇒ Claquette, clochette, crécelle. || Instruction, prône, sermon prononcé de la chaire d'une église. ⇒ aussi Bannière (cit. 7), bénitier, candélabre, confessionnal, croix, dais, ex-voto, fonts (baptismaux), harmonium, lampe, luminaire, lustre, lutrin, orgue, porte-chape, prie-Dieu, stalle (stalle de miséricorde), tronc. || Ornements servant au clergé pour célébrer les offices dans une église. ⇒ Ornement. || Personnes attachées au service d'une église. ⇒ Bedeau, cérémoniaire, chaisier, enfant (de chœur), gardien, sacristain, sacristine, suisse. || Faire la quête dans une église. || Revenus servant à entretenir une église. ⇒ Œuvre. || Les bénéfices d'une église (→ 1. Bénéficier, cit.). || Administration des biens d'une église. ⇒ Fabrique; fabricien, marguillier. || Archives d'une église. ⇒ Marguillerie.
♦ D'église : propre à une église, aux églises. || Argenterie, linges d'église. || Chants d'église. ⇒ Cantique; chapelle (et maître de chapelle), maîtrise, psallette.
♦ Entrer dans une église (→ Apaisement, cit. 1). || Visiter une église (→ Bénédiction, cit. 7; dévot, cit. 3). || Les fidèles, le troupeau d'une église. || Faire le signe de la croix en entrant dans une église. || Prier dans une église. || Aller à l'église. || C'est un pilier d'église. || Il est toujours fourré à l'église. ⇒ Bigot (cit. 4). — Se marier à l'église, religieusement. — Par plais. ☑ Se marier derrière l'église : vivre en concubinage. || Publier les bans à l'église. || Se faire enterrer à l'église. || Les honneurs de l'église, réservés aux fondateurs et patrons d'une église. — Balayer l'église, en sortir le dernier.
14 Je ne remarque point qu'il hante les églises.
Molière, Tartuffe, II, 2.
15 Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
D'entrer dans une église et de t'y confesser ce matin (…)
Apollinaire, Alcools, « Zone ».
16 L'enfant de chœur n'est pas venu, je me croyais seul dans l'église. À cette heure, en cette saison, à peine le regard porte-t-il un peu plus loin que les marches du chœur, et le reste est dans l'ombre. J'ai entendu tout à coup, distinctement, le faible bruit d'un chapelet glissant le long d'un banc de chêne, sur les dalles.
Bernanos, Journal d'un curé de campagne, II, p. 146.
Encyclopédie Universelle. 2012.