oriental, ale, aux [ ɔrjɑ̃tal, o ] adj. et n.
• 1160; lat. orientalis
1 ♦ Qui est situé à l'est d'un lieu. La rive orientale du Rhin. Pyrénées orientales. L'Afrique orientale, de l'Est.
2 ♦ Originaire de l'Orient. Peuples orientaux. — Langues orientales : langues mortes ou vivantes de l'Orient (hébreu, chaldéen, arabe, chinois, etc.). Anciennt École des langues orientales (fam. Langues O [ lɑ̃gzo ]).— N. Les Orientaux et les Occidentaux.
3 ♦ Qui est propre à l'Orient méditerranéen, au Moyen-Orient. Musique orientale. Cuisine, pâtisserie orientale. Contes orientaux. « notre vieux faste oriental » (Loti). — Relig. chrét. Rite oriental. ⇒ orthodoxe.
⊗ CONTR. Occidental.
● oriental, orientale, orientaux adjectif et nom (bas latin orientalis) Qui est situé à l'est : La côte orientale de la Corse. Relatif à l'Orient : Peuples orientaux. Qui est propre à l'Orient, à sa culture, ses traditions : Musique orientale. Qui est digne de l'Orient, tel qu'il est imaginé dans la culture occidentale : Luxe oriental. ● oriental, orientale, orientaux (synonymes) adjectif et nom (bas latin orientalis) Relatif à l' Orient
Contraires :
oriental, ale, aux
adj. et n.
d1./d Qui est situé à l'est. L'Afrique orientale.
d2./d Originaire de l'Orient; propre aux pays, aux peuples de l'Orient. Langues orientales (hébreu, arabe, chinois, etc.).
|| Subst. Les Orientaux.
⇒ORIENTAL, -ALE, -AUX, adj. et subst.
Anton. occidental.
A. —Qui est à l'est d'un lieu, qui est situé du côté de l'orient. Façade orientale d'une maison; versant oriental d'une montagne; rive orientale d'un fleuve; côte, frontière orientale d'un pays. Délos était, par rapport à eux, à l'orient; car cette île est une des plus orientales des Cyclades (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.288).
— Absol. Pyrénées orientales; Allemagne orientale. Il était originaire de la Prusse orientale (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.253).
B. —Qui se rapporte à l'Orient.
1. Qui est propre à l'Orient, à ses régions, à ses peuples. V. aussi extrême-oriental.
a) [En parlant de choses] Pays orientaux, régions orientales; épices, étoffes, civilisations, religions orientales; cuisine orientale. L'usage oriental de n'aborder les grands qu'avec un présent à la main (MÉRIMÉE, Ét. litt. russe, t.2, 1870, p.45). Elle avait conservé, de ses voyages sans doute, l'habitude des onguents orientaux (MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p.975):
• 1. J'ai goûté l'ennui des mosquées quand un grand ciel oriental emplit la cour désoeuvrée de lumière et que dans les coins d'ombre un jeune homme pouilleux, de figure fermée, fait son oraison et sa gymnastique.
BARRÈS, Cahiers, t.6, 1907, p.165.
— HIST. Indes orientales. Inde et Indonésie (désignation donnée après la découverte des Indes occidentales ou Amérique). Le plus savant de ces docteurs (...) fut envoyé par terre aux Indes orientales, le berceau de tous les arts et de toutes les sciences (BERN. DE ST-P., Chaum. ind., 1791, p.67).
— LING. Langues orientales. Langues mortes ou vivantes de l'Orient (par exemple arabe, chaldéen, chinois, hébreu, persan, syriaque). École des langues orientales. Il a vingt-quatre ans, il est riche. Il est professeur de langues orientales à l'Institut (RENARD, Journal, 1892, p.123).
— MINÉR., JOAILL. (Pierre, gemme) de finesse et de qualité supérieures, d'une belle transparence, provenant le plus souvent d'Orient ou d'Extrême-Orient. Améthyste, cornaline orientale. Une mer dont la couleur passe En douceur le saphir oriental (MORÉAS, Pèlerin pass., 1891, p.125). V. jade A ex. de Lapparent, jaspe A ex. de Brillat-Savarin.
b) [En parlant de pers.] (Personne, peuple) originaire de l'Orient ou qui y habite. Le poète oriental compare l'aurore au regard des jeunes filles qui voient des perles (BARRÈS, Cahiers, t.8, 1910, p.194).
— Empl. subst. (avec une majuscule). Elle devenait fataliste comme un Oriental (MAUPASS., Une Vie, 1883, p.255):
• 2. ... un Occidental ne comprendra pas l'art de l'Orient, (...) un Oriental ne comprendra pas l'art de l'Occident s'ils se refusent à explorer les deux bords de l'abîme où fleurissent deux illusions d'une fécondité égale, celle qui définit le monde par ce qui se passe dans l'homme, celle qui définit l'homme par ce qui se passe dans le monde.
FAURE, Espr. formes, 1927, p.221.
— Empl. subst. plur. Les Orientaux. Les peuples de l'Orient ou de l'Asie, notamment Arabes, Turcs (avant 1931), Iraniens et Indiens. L'absorption en Dieu des Orientaux par l'ascétisme et la contemplation (P. LEROUX, Humanité, 1840, p.336).
2. Qui vient d'Orient; qui croît, qui vit en Orient. Plantes orientales. Sa taille était élancée comme le palmier oriental (SAND, Lélia, 1833, p.143). Une boîte de fines cigarettes orientales (GIDE, Journal, 1917, p.628).
C. —Qui caractérise l'Orient, dans la représentation que s'en font les Occidentaux, ou qui le rappelle. Despotisme, fatalisme, flegme, faste, luxe oriental; nonchalance, pompe, splendeur orientale. Mademoiselle Éveline Clarence (...) servit le thé nonchalamment avec cette expression d'ennui qui donnait un charme oriental à sa beauté (A. FRANCE, Île ping., 1908, p.344). Beau de cette beauté biblique, orientale, étrangère, des jeunes Israélites au sortir de l'adolescence (DUHAMEL, Cécile, 1938, p.232):
• 3. Un des rosiers (...) portait à hauteur de visage son fardeau de roses (...) dont l'odeur orientale régnait, le soir, jusqu'au perron.
COLETTE, Chatte, 1933, p.72.
— Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est caractéristique de l'Orient ou qui l'imite. C'était une construction singulière où il y avait de tout (...), de la cathédrale, de la mosquée (...), de l'oriental et de l'occidental (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p.307).
— Loc. adv. À l'orientale
♦À la manière des Orientaux. Recevoir, s'asseoir, s'accroupir à l'orientale:
• 4. —(...) Est-ce que vous avez bien envie de dormir? Puisque nous sommes en Orient, vous me permettrez de vous traiter à l'orientale. Nous ne pouvons nous séparer sans avoir pris le café et fumé un tchibouk.
DU CAMP, Mém. suic., 1853, p.5.
♦CUIS. ,,La préparation à l'orientale est caractérisée par la tomate, l'ail, et, s'il y a lieu, le safran`` (Ac. Gastr. 1962).
— HIST. LITTÉR.
♦Subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le style oriental, imité de l'Orient. Le romantisme, c'est (...) l'oriental, le nu à vif, l'étreint, l'embrassé (MUSSET, Lettres Dupuis Cotonet, 1836, p.671).
♦Subst. fém. Le genre poétique imité de l'oeuvre de Victor Hugo Les Orientales. Oui, monsieur, tel que vous me voyez, j'ai été une victime du sonnet, ce qui ne m'a pas empêché de donner dans la ballade, dans l'orientale, dans l'ïambe, dans la méditation, dans le poème en prose et autres délassements modernes (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.6).
— RELIG. Églises orientales, de rite oriental. Églises orthodoxes autocéphales ou Églises chrétiennes d'Orient, catholiques ou non, ayant des liens avec Rome mais aussi une certaine autonomie. Décret sur les Églises orientales, catholiques, promulgué le 21 mars 1964 par le IIe concile du Vatican (Foi t.1 1968):
• 5. Il s'applique toutefois à établir par voie de discussion et par témoignages précis que les Églises grecques et orientales sont d'accord avec la romaine sur la foi en la présence réelle dans l'eucharistie...
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.4, 1859, p.342.
REM. 1. Orientalement, adv., littér. a) D'une manière orientale, qui évoque l'Orient. Le soleil ne tiédissait plus qu'à peine les espaliers, mais le ciel était orientalement pur (GIDE, Porte étr., 1909, p.525). b) À la façon des Orientaux. Synon. à l'orientale. Dans son salon, une merveilleuse collection de pipes orientales, qu'il fumait orientalement, indolemment (GONCOURT, Journal, 1854, p.136). 2. Orientalités, subst. fém. plur., rare. Curiosités orientales, objets d'Orient. Je suis entré chez un marchand d'orientalités (...). Nous avons causé de Constantinople (FLAUB., Corresp., 1851, p.140). 3. Orientalerie, subst. fém., rare. Histoire orientale. Synon. turquerie. Nuit [de Dondey]: une aventure personnelle dramatisée et transposée en orientalerie (LARBAUD, Vice impuni, 1941, p.85). 4. Extrême-oriental, -ale, -aux, adj. En compos. V. ce mot.
Prononc. et Orth.:[], masc. plur. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 «qui est situé à l'est d'un lieu» (Enéas, éd. J. J. Salverda de Grave, 946); 2. a) ca 1245 «originaire de l'Orient» (S. Auban, 1407 ds T.-L.); XIIIe s. [ms.] subst. «habitant de l'Orient» (Itinéraires à Jérusalem, éd. H. Michelant et G. Raynaud, p.127, var. du ms. D); b) 1610-30 langues orientales (A. D'AUBIGNÉ, Lettre ds OEuvres, éd. H. Weber, p.836); 3. 1528 «(étoile, planète) qui se lève avant le Soleil» (O. FINÉ, Theorique des cielz, 40 r° d'apr. FEW t.7, p.414a); 4. a) 1797 «qui est propre à l'Orient, qui le caractérise» (CHATEAUBR., Essai Révol., t.2, p.10: flegme oriental); b) 1817 à l'orientale loc. adv. (STAËL, Consid. Révol. fr., t.2, p.26). Empr. au b. lat. orientalis «qui est situé à l'orient», dér. de oriens, v. orient. Fréq. abs. littér.:1712. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3274, b) 2556; XXe s.: a) 1759, b) 2059. Bbg. DARM. 1877, p.123 (s.v. orientalement). — QUEM. DDL t.7 (s.v. orientalité).
oriental, ale, aux [ɔʀjɑ̃tal, o] adj. et n.
ÉTYM. 1160, « situé vers l'est »; sens mod., XIIIe; lat. orientalis, de oriens. → Orient.
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♦ Qui a rapport à l'Orient.
1 Qui est situé à l'est (d'un lieu). || Indes orientales (vx) : les Indes (les Indes occidentales : l'Amérique). — Partie orientale d'un pays. || La côte orientale de l'Écosse. ⇒ Est. || Méditerranée orientale (→ Latinité, cit. 3). || Allemagne orientale. || Frontières orientales (→ Gîte, cit. 9; indéfini, cit. 8).
1 Sur le côté oriental de la montagne qui s'élève derrière le Port-Louis de l'île de France, on voit, dans un terrain jadis cultivé, les ruines de deux petites cabanes.
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 13.
REM. Dans ces emplois, oriental est concurrencé par : de l'Est.
2 Adj. et n. Originaire de l'Orient (2.). || Peuples orientaux. || Mage (→ Convenir, cit. 19), conteur (→ Jour, cit. 37), rêveur (→ Haschisch, cit. 5) oriental. || Société orientale (→ Littérature, cit. 24). — N. || Un Oriental, une Orientale. || Les Orientaux et les Occidentaux (→ Helléniser, cit. 1; incliner, cit. 27; interdire, cit. 9). — Drogues (→ Épice, cit. 5), plantes, pierres, perles orientales.
♦ Langues orientales : langues mortes ou vivantes de l'Orient (hébreu, chaldéen, arabe, chinois…). || École des langues orientales. || École des langues orientales vivantes puis Institut national des langues et civilisations orientales (fam. : langues o [lɑ̃gzo]).
REM. Cette désignation archaïque mêle des langues et des cultures dont le seul point commun est de ne pas avoir été enseignées couramment en France au XIXe siècle et d'appartenir à l'Europe orientale (langues slaves, hongrois…) et à l'Asie (langues sémitiques, chinois, japonais, coréen, etc.). On enseigne même aux « langues o » des langues amérindiennes (quechua), l'eskimo (inuktituk), des langues africaines.
2 Il se plongeait délicieusement dans cet abrutissement voluptueux si cher aux Orientaux, et qui est le plus grand bonheur qu'on puisse goûter sur terre, puisqu'il est l'oubli parfait de toute chose humaine.
Th. Gautier, Fortunio, XXIV, p. 156.
3 La femme orientale est une machine, et rien de plus; elle ne fait aucune différence entre un homme et un autre homme. Fumer, aller au bain, se peindre les paupières et boire du café, tel est le cercle d'occupations où tourne son existence.
Flaubert, Correspondance, 378, 27 mars 1853.
3 Qui est propre à l'Orient, caractérise l'Orient ou le rappelle. || Langueur (cit. 18), nonchalance (cit. 8) orientale. || Luxe, faste oriental (→ Candélabre, cit. 2; fanfare, cit. 5). || Style oriental (→ Écriture, cit. 13; figure, cit. 25). || Croyances (→ Mélange, cit. 11), traditions orientales (→ Messager, cit. 5). || Musique orientale (→ Guetter, cit. 13). || Imagerie (cit. 1), hyperbole (cit. 3) orientale. || Beauté orientale d'un visage (→ Empâter, cit. 3). — À la manière orientale (→ Khôl, cit. 1; mosquée, cit. 2.).
REM. Le mot a des connotations exotiques extrêmement vagues et ambiguës, dont les pôles actifs sont : les civilisations sémitiques (notamment arabe et islamique) et d'autre part la Chine et le Japon. Sa seule unité est l'opposition au concept non moins indécis d'« Occident ».
♦ ☑ Loc. adv. À l'orientale (→ Accoutrer, cit. 1; génuflexion, cit. 1).
4 (M. Santeuil) allait se retirer dans un petit cabinet meublé « à l'orientale » de mille choses qu'il avait rapportées d'Algérie, avec beaucoup de nattes sur la pierre, de cocos sculptés et de photographies représentant des mosquées ou des palmiers.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 292.
♦ Cuis. || À l'orientale, se dit d'une préparation culinaire avec des tomates et des condiments, et très fortement relevée par des piments. || Riz à l'orientale.
4 Littér. Qui a pour sujet l'Orient; qui est traité à la façon orientale. — N. f. pl. || Les Orientales, recueil de poésies de V. Hugo (1828).
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CONTR. Occidental.
DÉR. Orientaliser, orientalisme, orientaliste.
Encyclopédie Universelle. 2012.