périr [ perir ] v. intr. <conjug. : 2>
• 1050; lat. perire « aller à travers »
♦ Littér.
1 ♦ Mourir (avec une idée de mort violente ou prématurée). Périr sur l'échafaud. Périr à la guerre. ⇒ 1. tomber. « Chilpéric périt bientôt, assassiné » (Michelet). Faire périr : tuer. Périr noyé. — P. p. adj. Péri en mer. Subst. Prier pour les péris en mer.
♢ Par ext. (plus cour.) Périr d'ennui. S'ennuyer à périr.
2 ♦ (Choses) Disparaître. ⇒ s'anéantir, crouler, s'écrouler, finir. « Ta mémoire, ton nom, ta gloire vont périr » (Musset). Navire qui périt corps et biens, qui fait naufrage. « Depuis quarante ans, tous les gouvernements n'ont péri en France que par leur faute » (Chateaubriand). — Allus. hist. « Périssent les colonies plutôt qu'un principe » (Robespierre)(à propos de l'émancipation des esclaves).
● périr verbe intransitif (latin perire) Mourir, et en particulier avoir une fin violente : Périr dans un incendie. Être détruit : Ce navire a péri corps et biens. Littéraire. Être anéanti, disparaître : La liberté ne peut pas périr. ● périr (citations) verbe intransitif (latin perire) Bible Tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. Évangile selon saint Matthieu, XXVI, 52 Pierre Samuel Dupont de Nemours Paris 1739-Eleutherian Mills, près de Wilmington, Delaware, 1817 Il vaudrait mieux sacrifier les colonies qu'un principe. Discours à l'Assemblée constituante, 13 mai 1791 Commentaire Dans un discours prononcé devant l'Assemblée constituante le 13 mai 1791 au sujet du statut des Nègres dans les colonies françaises, Dupont de Nemours s'écria : « S'il fallait sacrifier l'intérêt à la justice, il vaudrait mieux sacrifier les colonies qu'un principe. » C'est par erreur que Alphonse de Prât de Lamartine, dans son Histoire des Girondins, attribue cette phrase à Barnave sous la forme : « Périssent les colonies plutôt qu'un principe ! » ● périr (difficultés) verbe intransitif (latin perire) Conjugaison Auxiliaire avoir (ils ont tous péri). Remarque Pendant longtemps, périr a pu se conjuguer avec l'auxiliaire être (« elle serait périe de misère et faute de secours », E. et J. de Goncourt ). Cet emploi n'existe plus aujourd'hui, sauf en droit. Il survit également comme régionalisme dans l'expression figée les péris en mer : un monument aux péris en mer). Registre Littéraire. Sens Périr, dans le cas d'une personne, implique une mort qui arrive avant le terme naturel (mort violente ou accidentelle en particulier) : ils ont tous péri dans la catastrophe ; il était désespéré, il s'est laissé périr (mais on ne dit pas il a péri de vieillesse). Emploi Recommandation Éviter périr quelqu'un et se faire périr. Dire, écrire : faire périr, tuer ; se suicider, se tuer. ● périr (expressions) verbe intransitif (latin perire) À périr (d'ennui), qui ennuie profondément : Ce voyage était à périr. S'ennuyer à périr, s'ennuyer beaucoup. ● périr (homonymes) verbe intransitif (latin perire) péri paierie nom féminin pairie nom féminin péris paierie nom féminin pairie nom féminin périt paierie nom féminin pairie nom féminin pérît paierie nom féminin pairie nom féminin ● périr (synonymes) verbe intransitif (latin perire) Mourir, et en particulier avoir une fin violente
Synonymes :
- tomber
Littéraire. Être anéanti, disparaître
Synonymes :
- disparaître
- finir
- s'éteindre
- s'évanouir
périr
v. intr. Litt.
d1./d Mourir.
d3./d (Choses) Tomber en ruine, disparaître. Sa gloire ne périra pas.
⇒PÉRIR, verbe intrans.
A.— Littéraire
1. Mourir (de mort violente, dans des circonstances dramatiques). Synon. succomber. On les tuait. Il en périt bien douze cents de la sorte, et ce massacre fut accompagné de beaucoup de désordre et de pillage (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 235). Les bêtes de somme périrent dans les précipices (FLAUB., Tentation, 1849, p. 276) :
• 1. L'opinion de Négrel était que pas un des malheureux ne survivait, les quinze avaient à coup sûr péri, noyés ou asphyxiés; seulement, dans ces catastrophes des mines, la règle est de toujours supposer vivants les hommes murés au fond...
ZOLA, Germinal, 1885, p. 1550.
— [Dans une formule d'imprécation] Périsse l'homme vil! Périssent les flatteurs, Des rois, du peuple infâmes corrupteurs! (CHÉNIER, Odes, 1794, p. 241).
♦ [P. allus. à la formule de Robespierre : Périssent les colonies plutôt qu'un principe] Périssent les États-Unis plutôt qu'un principe! (FLAUB., Corresp., 1859, p. 311).
SYNT. Périr par l'épée, par le feu, par/de la main de qqn; périr à la guerre, dans un accident; périr de faim, de froid, de misère.
2. En partic. [En parlant d'un navire; de son équipage et de sa cargaison] Disparaître. Périr en mer; périr corps et biens. Un matelot de Jersey, dont le vaisseau avoit péri sur Gracioza plusieurs années auparavant (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 385). Ce marin peu soucieux qui avait vu périr son équipage et sa cargaison (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 118).
3. P. exagér. La jolie Mme X... rougit à périr (BARRÈS, Cahiers, t. 4, 1905, p. 65). Quelle question pourrait jamais formuler l'inexprimable? D'ailleurs ce serait à faire périr de honte, l'humilité ne descend pas jusque-là (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 33).
♦ Périr d'ennui, s'ennuyer à périr. Pour m'empêcher de mourir de fatigue, il me fait périr d'ennui (JOUY, Hermite, t. 5, 1814, p. 285). Comme elle s'ennuyait à périr dans la classe, mademoiselle la laisse par pitié venir avec nous (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 249).
4. Vieilli, pop.
a) Empl. pronom. Mourir. Sa promise l'a quitté... ou on l'a enlevée... ou elle s'est périe... (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 527). Se suicider. Ils trouvèrent une lettre béante : Je ne peux plus durer; je vais me périr en forêt (LA VARENDE, Pays d'Ouche, 1934, p. 94).
b) P. arch., empl. avec l'auxil. être. On croyait qu'il était péri, mais voilà que l'on dit qu'il s'est réveillé à Brest (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1233).
B.— [Le suj. désigne un inanimé] Disparaître (complètement, définitivement).
1. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Vieilli. Les ruines de l'abbaye ont moins péri que celles-là [les ruines d'un manoir]; mais c'est bien plus déplorable (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1833, p. 88). Quand ce n'est pas par émiettement, c'est par éboulement que périssent les édifices de terre (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 153).
2. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Littér. La beauté, une idée, la jeunesse, la liberté périt; la monarchie, la république périt. Les vérités écrasantes périssent d'être reconnues (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 166) :
• 2. Voilà donc, s'écrie-t-elle, celui à qui j'ai tout sacrifié! Honneur, repos, vertu, tout a péri dans la fatale passion qui me dévore! Pour toi j'ai livré mon âme aux mauvais génies...
CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 409.
— Empl. factitif. L'ennui de la vie matrimoniale fait périr l'amour sûrement, quand l'amour a précédé le mariage (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 155).
REM. 1. Péri, -ie, part. passé ou adj., rare. Mort. Marin péri en mer. L'âme seule tient dans le corps péri (CLAUDEL, Annonce, 1948, III, 2, p. 189). 2. Périssement, subst. masc. Action, fait de périr. Moi [l'Histoire] la plus périssable des créatures et la plus pauvresse, et la princesse du périssement même (PÉGUY, Clio, 1914, p. 169).
Prononc. et Orth. :[], (il) périt []. Ac. 1694 et 1718 : pe-; dep. 1740 : pé-. Étymol. et Hist. 1. Verbe intrans. a) ca 1050 perir « mourir de mort violente ou prématurée » (Alexis, éd. Chr. Storey, 299); 1re moit. du XIIe s. « mourir de mort spirituelle » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, p. 265, 12); b) 1re moitié du XIIe s. « être anéanti (en parlant d'une chose quelconque) » (ibid., p. 251, 4); spéc. 1188 « être détruit (en parlant d'un bateau) » (Florimont, 436 ds T.-L.); 1530 « être anéanti, ruiné, perdu (en parlant d'un État, des affaires publiques, etc.) » (PALSGR., p. 656); 2. verbe trans. 1121-34 « faire périr » (Les plus anc. lap. fr. ds Romania t. 38, p. 509, 817); mil. du XIIe s. (Jeu Adam, 374 ds T.-L.); 3. verbe réfl. a) ca 1165 « se donner la mort » (Troie, 29585, ibid.); b) fin du 2e tiers du XIVe s. « être détruit, anéanti (en parlant de la chrétienté) » (JOINVILLE, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 61, var. ms. A); fin XIVe s. (en parlant de la justice, de la foi, etc.) (E. DESCHAMPS, Œuvres, VI, 179, 4 ds T.-L.); 4. part. passé a) ca 1170 péri « perdu, damné » (M. DE FRANCE, Lais, Guigemar, 67 ds éd. J. Rychner, p. 7); b) spéc. fin du XIVe s. « qui a fait naufrage (en parlant d'un bateau) » (E. DESCHAMPS, op. cit., V, 218, 4 ds T.-L.). Du lat. « s'en aller tout à fait, disparaître, être détruit, anéanti, perdre la vie » qui servait de passif à perdere (perdre). Fréq. abs. littér. : 2 549. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 6 801, b) 2 730; XXe s. : a) 2 664, b) 1 968.
périr [peʀiʀ] v. intr.
ÉTYM. 1050; lat. perire « s'en aller tout à fait ».
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♦ Littéraire.
1 Mourir (avec, généralement, l'idée d'une mort prématurée ou violente). ⇒ Finir, mourir. || Périr par l'épée (cit. 1), sur l'échafaud (→ État, cit. 32). || Périr à la guerre. ⇒ Tomber. || Périr noyé, asphyxié (→ Malheureux, cit. 14). || Périr de froid (→ Bouge, cit. 2), de faim, de misère. — Tout l'équipage du navire a péri dans la tempête (l'emploi de périr est normal dans ce contexte. → ci-dessous 2.). — Bétail qui périt dans une épizootie. — Arbres, plantes qui périssent au cours d'une trop longue sécheresse. — (Impers.). || Il y périt un grand nombre de soldats.
REM. Jusqu'au XVIIIe s., périr pouvait se conjuguer avec les auxiliaires être ou avoir; de nos jours, seul l'auxiliaire avoir est normal.
1 Chilpéric lui-même périt bientôt, assassiné, selon les uns, par un amant de Frédégonde, selon d'autres par les émissaires de Brunehaut (…)
Michelet, Hist. de France, II, I.
♦ (XVIIIe). Cour. || Périr d'ennui, de mélancolie (→ Anémique, cit. 2), de langueur (→ Crever, cit. 22). || Sans le mensonge (cit. 11), l'humanité périrait d'ennui. || S'ennuyer à périr.
♦ Relig. Mourir de la mort spirituelle (→ Pain, cit. 14).
2 Mar. Disparaître en mer, sombrer (navire). || Navire qui périt corps et biens, qui fait naufrage, qui s'engloutit avec toutes les personnes et toutes les marchandises qu'il transporte (→ ci-dessous, cit. 3, par métaphore).
1.1 En arrivant à Penmarch, Pierre et le matelot apprirent que leur voyage était inutile, que l'on ne mettrait pas le canot de sauvetage à la mer, parce que c'était impraticable, et que d'ailleurs toutes les embarcations étaient rentrées depuis deux jours que commençait la tempête; deux avaient péri et sans doute aucun nouveau bateau ne passerait sur ces côtes par un temps pareil.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 374.
3 (V. 1188). En parlant d'une chose inanimée. Disparaître. ⇒ Anéantir (s'), crouler, décadence (entrer en décadence), écrouler (s'), finir, ruine (tomber en ruine). → 1. Général (cit. 2). || Si l'Europe doit voir périr ou dépérir sa culture (cit. 18). || « Ta mémoire, ton nom, ta gloire vont périr » (→ Âme, cit. 31). || Des admirations et des affections qui ne périssent pas. ⇒ Impérissable (→ Détraquement, cit. 2).
2 Depuis quarante ans, tous les gouvernements n'ont péri en France que par leur faute.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 149.
3 Un monde, un monde tout entier, a péri, sombré, corps et biens (…) On a retrouvé un poème, on a retrouvé des ossements au fond des cavernes, mais point de noms, point de signes (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., Introd., I, IV.
♦ N. B. Il s'agit d'une métaphore du sens 2.
4 Et Carthage a péri dans sa sombre tunique
De mensonge, de dol, de nuit, de foi punique.
Hugo, la Légende des siècles, XX, I.
♦ Périr, employé (à la troisième personne du présent du subjonctif) dans une imprécation. || Ah ! périsse l'homme indigne qui marchande (cit. 5) un cœur ! — Allus. hist. || Périssent les colonies plutôt qu'un principe, formule par laquelle on a résumé les discours que Robespierre et Dupont de Nemours prononcèrent en 1791 au sujet de l'émancipation des esclaves noirs.
5 Périsse le Troyen auteur de nos alarmes !
Racine, Iphigénie, II, 2.
4 (1690). || Faire périr : tuer, détruire (→ Croix, cit. 1). || Faire périr les hérétiques (cit. 4) par l'épée, par le feu. ⇒ Brûler. || Il les fit tous périr jusqu'au dernier. ⇒ Exterminer. — Faire périr un arbre (→ Mutiler, cit. 4). || La sécheresse fait périr les plantes (→ Dessécher).
6 L'histoire du neuf thermidor n'est pas longue : quelques scélérats qui firent périr quelques scélérats.
J. de Maistre, Considérations sur la France, VIII.
7 (…) Clovis fit périr tous les petits rois des Francs par une suite de perfidies.
Michelet, Hist. de France, II, I.
——————
péri, ie p. p. adj. (qui pouvait, jusqu'au XVIIIe, s'employer sans auxiliaire).
a || « Ce nombre prodigieux (…) d'illustres citoyens péris sur un échafaud en place publique » (Voltaire, Dict. philosophique, « Supplices »).
♦ Mod. || Marins péris en mer. ⇒ Noyé. — N. m. || Les péris en mer. || Prier pour les péris en mer.
b Blason. ⇒ 2. Péri.
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COMP. et DÉR. Cf. Dépérir. — 2. Péri, périssable, périssoire.
Encyclopédie Universelle. 2012.