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plage

1. plage [ plaʒ ] n. f.
• 1290; var. plaie; lat. plaga
Littér. et vx Étendue de terre. « des plages sablonneuses, labourées par les pluies de l'hiver, brûlées par les feux de l'été » (Chateaubriand). Par ext. Plage de mer : étendue de mer. plage 2. plage [ plaʒ ] n. f.
• 1456; plaje 1298; it. piaggia « pente douce », du gr. plagios « oblique »; cf. plagiaire
1Vx Mar. Rivage en pente douce dont les navires peuvent difficilement approcher.
2(répandu déb. XIXe; on disait marine) Mod. Endroit plat et bas d'un rivage où les vagues déferlent, et qui est constitué de débris minéraux plus ou moins fins (limon, sable, galets). 1. grève. Les plages d'une côte plate. Plage de sable, de galets. Plage d'une station balnéaire. Aller à la plage et se baigner. Se faire bronzer sur la plage. Plage polluée. Plage publique. Plage d'un hôtel. Plage payante ( plagiste) . Sac de plage. Par ext. Lieu, ville où une plage est fréquentée par les baigneurs. Les casinos des plages à la mode.
Par ext. Rive sableuse d'un lac, d'une rivière, où l'on peut se baigner. Les plages de la Seine, de la Loire.
Appos. Désigne une ville, un quartier où se trouve une plage. Berck-Plage. « Balbec-le-Vieux, Balbec-en-Terre [...] n'était ni une plage ni un port [...] Cette mer [...] était à plus de cinq lieues de distance, à Balbec-Plage » (Proust). Par ext. Paris-Plage : Le Touquet.
3Mar. Pont uni horizontal à l'avant ou à l'arrière de certains navires de guerre. Par ext. Plateforme, derrière la tourelle d'un char d'assaut.
Plage arrière d'une automobile : endroit plat sous la vitre arrière. Poser son parapluie sur la plage arrière.
4Sc. Plage d'équilibre : surface représentant les positions d'équilibre dans les cas de frottement. — Opt. Plage lumineuse : surface éclairée de brillance égale.
5Techn. Chacun des espaces gravés d'un disque phonographique séparés par un intervalle.
6Laps de temps, durée limitée. Des plages musicales d'une heure, à la radio. Plage horaire. tranche.
Écart entre deux mesures ou possibilités. Plage des prix, des choix.

plage nom féminin (italien piaggia, coteau, pays ; du grec plagios, oblique) Rampe de sables, de graviers ou de galets développée au niveau du rivage (plage littorale) et jusqu'aux profondeurs où les houles sont capables de remaniement (plage sous-marine). Bord de mer considéré du point de vue des loisirs, des baignades ; cette station elle-même : Aller à la plage. Sac de plage. Partie de rivage en faible pente au bord d'une rivière ou d'un lac, où on peut se baigner. Surface, aire, zone : Une plage d'ombre. Espace de temps occupé par une activité dans un emploi du temps, par une émission dans un programme, etc. : Des plages musicales d'une demi-heure. Écart, intervalle, espace, latitude entre deux éléments, deux possibilités : Plage de prix. Ensemble de spires d'un sillon de disque, supportant un enregistrement. Pont uni, à l'avant ou à l'arrière de certains navires de guerre. ● plage (expressions) nom féminin (italien piaggia, coteau, pays ; du grec plagios, oblique) Plage arrière, planche horizontale située sous la lunette arrière d'une automobile. Plage soulevée, plage ancienne marquant la position d'une ligne de rivage abandonnée. ● plage (synonymes) nom féminin (italien piaggia, coteau, pays ; du grec plagios, oblique) Rampe de sables, de graviers ou de galets développée au...
Synonymes :
- grève
- rivage
Partie de rivage en faible pente au bord d'une rivière...
Synonymes :
- baignade
Plage arrière
Synonymes :
- planche à paquets

plage
n. f.
d1./d Partie basse d'une côte, couverte de sable ou de galets, où se brisent les vagues.
|| Par ext. Station balnéaire.
d2./d Par ext. Partie plate et sableuse de la rive d'un cours d'eau ou d'un lac, où l'on peut se baigner.
d3./d MAR Partie dégagée du pont, à l'avant ou à l'arrière d'un navire. Plage avant, arrière.
d4./d Plage d'un disque: ensemble de spires gravées sur une même face et correspondant à une partie ininterrompue d'enregistrement.
d5./d Plage arrière (d'une automobile): tablette horizontale entre la vitre et la banquette arrière.
d6./d Espace de temps (dans un planning, un programme, etc.).
d7./d Fig. Ensemble de valeurs comprises entre deux limites.

I.
⇒PLAGE1, subst. fém.
Vieilli, poét. Contrée. Il semble, pour voler vers ces plages nouvelles, Qu'un pouvoir inconnu vient me donner des ailes (DELILLE, Paradis perdu, t.1, 1804, p.145). Quand vos mânes viendront, portés sur les nuages, Visiter les enfants de ces lointaines plages (BAOUR-LORMIAN, Ossian, 1827, p.266). Mort! Que je ne te brave ni ne te craigne; que seulement je m'apprête à voir ces plages fortunées dont tu ouvres l'entrée! (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.181).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. plage2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1290 «étendue de terre» (Cartulaire de St Vandrille, t.1, p.1009 ds DU CANGE, s.v. platea2); 1377 «région, contrée» (N. ORESME, Le Livre du Ciel et du Monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, p.352). Empr. au lat. plaga «étendue, région». A été confondu avec plage2 à partir du XVIe s. (cf. AMYOT, Vies, Alex., 30 ds GDF. Compl., qui emploie plage de mer au sens de «région située au bord de la mer»). Bbg. AEBISCHER (P.). Précisions sur les orig. lointaines du fr. plage. Vox rom. 1936, t.1, pp.225-234.
II.
⇒PLAGE2, subst. fém.
A. —1. Partie plate mais inclinée du rivage de la mer, formée de sable, de graviers ou de galets, et qui est soumise à l'action des vagues et des marées. Plage de graviers, de sable; plage bordée de dunes. Les montagnes se prolongeant jusqu'au rivage, ils ne purent découvrir aucune plage, aucun endroit propre au débarquement (Voy. La Pérouse, t.1, 1797, p.132). Nous arrivâmes à la ville par la plage, à la faveur de la marée basse (M. DE GUÉRIN, Journal, 1833, p.164). Il est des lieux pourtant éloignés de la mer où le vent du soir, parfois, apporte une odeur d'algue. Il y parle de plages humides, toutes sonores du cri des mouettes, ou de grèves dorées dans des soirs sans limites (CAMUS, Malentendu, 1944, III, 2, p.170).
Haute plage. Partie supérieure d'une plage, à pente accusée, qui reste longtemps à découvert, à marée basse. Quelques-uns [des vaisseaux], glissant le long des hautes plages, Mêlaient leurs mâts tremblants aux arbres des rivages (LAMART., Harm., 1830, p.486). La haute plage a généralement une pente plus raide que celle de la partie moyenne de la plage (Lar. Lang. fr.).
GÉOMORPHOL. Plage soulevée. ,,Plage ancienne située hors d'atteinte des principales actions de la mer (marées et vagues) par suite d'une augmentation de son altitude (abaissement du niveau marin ou soulèvement du continent, ou les deux réunis)`` (GEORGE 1970). Une plage ancienne, qui marque la position d'un ancien rivage, peut être conservée sous forme d'une plage immergée ou sous forme d'une plage soulevée (Géomorphol. 1979).
2. En partic.
a) Cette partie du rivage maritime aménagée en lieu de baignade. Une saison adorable. Nous étions à Trouville, vous savez. Un monde sur la plage, à s'écraser (ZOLA, Page amour, 1878, p.959). La plage était de sable fin et toute piquetée de parasols rayés de blanc et de rouge (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p.12). Une petite pelle de fer qui nous servait à faire des châteaux de sable sur la plage, pendant les vacances (ANOUILH, Antig., 1946, p.172).
SYNT. Plage aménagée, payante, privée, surveillée; plage bien entretenue; plage polluée, sale; plage noire de monde; chaussures, robe, sac, tenue de plage; cabine, parasol, tente de plage; concours, jeux de plage; aller à la plage; descendre sur la plage; se faire bronzer, jouer, ramasser des coquillages sur la plage.
P. anal. Partie de la rive d'un lac ou d'un cours d'eau, plate et généralement sableuse, aménagée en lieu de baignade. Plages de la Loire, de la Garonne, du lac d'Annecy. Nous nous promenions le long de la plage; le lac était d'un vert si dur qu'on aurait pu marcher sur ses flots (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.531):
1. Les plages du Danube, celles des lacs au nord de Berlin, celles de Chicago elles-mêmes, ne sont rien à côté de ce Mardi-gras en costume de bains, où les masques et les bergamasques sont remplacés par des appareils à sous, par des marchands de sucre candi [à Coney Island]...
MORAND, New-York, 1930, p.72.
b) P. méton. Station balnéaire. Plage fréquentée, mondaine; plage familiale; plages bretonnes, de la Côte d'Azur. Elle connaissait Biarritz, elle y avait passé une saison, autrefois, quand cette plage n'était pas encore à la mode (ZOLA, E. Rougon, 1876, p.113). Élégant, beau joueur, faisant la mode, il parcourt les plages et les villes d'eaux: Biarritz, Aix-les-Bains, Luchon (G. LEROUX, Parfum, 1908, p.58). La plage qu'elle avait choisie, Morgat, n'était pas très loin de Brest (MAUROIS, Climats, 1928, p.104).
[En appos. à un nom de ville, de quartier; parfois avec une majuscule] Berck-Plage; Le Touquet-Paris-Plage. L'omnibus du Grand-Hôtel nous conduisit, Albertine et moi, à la station du petit tram, Balbec-plage (PROUST, Sodome, 1922, p.856). Cette nuit, à Hyères-Plage (GIDE, Journal, 1946, p.304).
B.P. anal.
1. Zone délimitée. Une seule lampe allumée créait dans un angle une plage claire (SAINT-EXUP., Vol nuit, 1931, p.101). Le nucléole, dépourvu de membrane, a un aspect plus ou moins spongieux; des plages compactes alternent irrégulièrement avec des zones transparentes (HUSSON, GRAF, Manuel biol. gén., 1965, p.48):
2. ... dans un certain nombre de lames [de cinabre], j'ai trouvé une plage dextrogyre et une plage lévogyre séparées par un espace à peu près neutre qui donne, soit des spirales un peu confuses, soit la croix noire si commune dans les améthystes.
DES CLOIZEAUX, Prop. opt. biréfringentes, 1857, p.79.
En partic. Zone géographique. Faire de la France en matière de prix une «plage de tranquillité en Europe» (Le Monde, 9 janv. 1970 ds GILB. 1980).
2. Spécialement
a) ACOUST. Chacun des espaces gravés de la face d'un disque correspondant à un enregistrement distinct. Toute action produisant un son, dont l'effet est enregistré sur une plage de disque ou un ruban de magnétophone, constitue un prélèvement (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p.203). Il y a sept plages sur chaque face de ce disque et chaque plage correspond à une chanson (Logos).
b) ART MILIT. Plate-forme située à l'arrière de la tourelle d'un char d'assaut. (Dict.XXes.).
c) ASTRON. Plage faculaire. Zone brillante du disque solaire. V. faculaire ex. de Schatzman, s.v. facule.
d) AUTOMOB. Plage arrière. Tablette horizontale occupant l'espace compris entre la lunette et le dossier des sièges arrière d'un véhicule. La boîte fait bien sur votre coiffeuse, dans votre salon ou sur la plage arrière de votre voiture (Paris-Match, public., 15 oct. 1966 ds GILB. 1971). Le guide doit se trouver sur ce que les constructeurs nomment la plage arrière, entre le dossier des sièges et la vitre, espace tendu de simili-cuir noir d'où jaillissent air chaud et musique (Fr. NOURRISSIER, Un Petit bourgeois, 1968 ds GILB. 1980). Placez votre manteau sur la plage arrière de la voiture (DAVAU-COHEN 1972).
e) BOT. Plage criblée. Région de la paroi transversale d'un tube criblé qui présente des perforations alors que le reste de la paroi n'est pas uniformément perforé (d'apr. GATIN 1924).
f) MARINE Partie dégagée du pont, à l'avant ou à l'arrière de certains bâtiments de guerre. La plage arrière d'un cuirassé. V. arrière1 ex. 11. P. ext. Partie dégagée du pont, à l'avant ou à l'arrière d'un paquebot. La plage avant d'un paquebot en route vers l'Extrême-Orient (CLAUDEL, Part. midi, 1949, I, p.1067).
g) OPT. Plage lumineuse. Surface éclairée de brillance égale. Toute variation de luminosité s'appelle contraste. Le contraste est dit simultané quand on voit en même temps, côte à côte, les deux plages lumineuses qui forment le contraste (Arts et litt., 1935, p.28-4). On constate que la plage lumineuse qui se forme sur cet écran est circulaire et correspond à la section d'un cône de sommet S et de base le trou T (PRAT, Opt., 1962, p.23).
h) PHYS. Plage d'équilibre. Surface définissant les positions d'équilibre d'un corps soumis à des forces de frottement. (Ds ROB., Pt ROB. 1980).
C.Au fig.
1. Période, laps de temps plus ou moins délimité(e). Plage de repos, de détente. Les décalages d'horaires qui viennent d'être amorcés dans les secteurs scolaires et administratifs sont insuffisants (...) on devrait les appliquer en les étalant sur une plage plus élargie non seulement à tous les fonctionnaires, mais à tous les employés de bureau ou de commerce (Le Figaro, 10 févr. 1959 ds GILB. 1980). H. meurt le premier, et F. idéalisant son souvenir, ne voit plus dans leur passé commun qu'une longue plage de bonheur (Le Monde, 9 déc. 1964 ds GILB. 1971). Des horaires flexibles, permettant à la femme de choisir son heure d'arrivée et son heure de départ du travail, à condition de fournir le temps requis, et d'être présente durant une plage fixe de temps au milieu de la journée (E. SULLEROT, Les Françaises au travail, 1973, p.155).
RADIO, TÉLÉV. Tranche horaire réservée à une émission particulière. De 6 h 15 à 19 h 15, quatre «plages» musicales de trois heures chacune. Ces plages seront confiées à un présentateur-animateur (Le Monde, 10 déc. 1958 ds GILB. 1971). Diffuser des plages musicales d'un quart d'heure (Le Monde, 6 mars 1970 ds GILB. 1980).
2. Écart entre deux valeurs. Synon. fourchette, gamme. Pour une grandeur telle que la longueur, la fréquence, la masse, la faim, l'honnêteté, le nombre des angles ou l'intelligence, l'ordre des propriétés (mesures ou plages de mesures) s'impose (JOLLEY, Trait. inform., 1968, p.83). La plage de fonctionnement (d'un appareil de chauffage) varie de 80o à 90o (La Vie du Rail, 20 avr. 1969 ds GILB. 1971). La régulation de l'excitation assure un effort de freinage constant dans la plage de 200 à 100 km/h (R. gén. des ch. de fer, sept. 1971, p.569, col. 1).
REM. Plagette, subst. fém., hapax. Petite plage. Grand plaisir toujours, de revoir la charmante plagette, d'une courbe si pure, derrière la pointe de Penfoul! (CHEVRILLON, Bret. hier, I, 1925, p.37).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. plage1. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1298 plaje «espace plat et découvert sur le rivage de la mer» (Marco Polo, éd. L. F. Benedetto, chap.183, p.198), attest. isolée; 1456 plage (ISAMBERT, Rec. gén. anc. lois fr., t.9, p.302); p.ext. 1910 «rive sableuse d'un lac, d'une rivière où l'on peut se baigner» (GIDE, Journal, août ds ROB.); 2. p.anal. a) 1857 «surface délimitée (d'un objet, d'un corps, etc.)» (DES CLOIZEAUX, loc. cit.); spéc. 1962 «portion de la face d'un disque correspondant à un enregistrement distinct» (ROB.); b) 1909 «pont à l'avant ou à l'arrière de certains bateaux de guerre» (FARRÈRE, La Bataille, p.127); c) 1959 «durée de temps plus ou moins délimitée» (Le Figaro, loc. cit.). Empr. à l'ital. piaggia, att. au sens 1 dep. le XIVes. (BOCCACE ds TOMM.-BELL.; aussi spiaggia, 1308-48, G. VILLANI d'apr. DEI), du gr. «versant (d'une montagne)», neutre plur. subst. de l'adj. «oblique» (v. FEW t.9, p.12, et W. von WARTBURG ds Z. rom. Philol. t.59, p.406).
STAT.Plage1 et 2. Fréq. abs. littér.:1501. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1579, b) 1746; XXes.: a) 2226, b) 2761.
DÉR. Plagiste, subst. masc. Celui qui exploite une plage payante; p.ext., employé d'une station balnéaire qui assure différents services sur une plage aménagée et qui, en particulier, s'occupe de la location et de la surveillance des équipements mis à la disposition des baigneurs. Le rôle et les astreintes des plagistes ont été mis particulièrement en évidence au cours de l'été de 1971, où une vague de protestations s'est élevée contre les privilèges, jugés excessifs, dont excipaient les plagistes, notamment sur la côte méditerranéenne; extension des zones réservées et payantes, refus du droit d'accès au bord de mer, etc. (GIRAUD-PAMART Nouv. 1974). Cependant, pour éviter les incidents entre plagistes et baigneurs, les stations balnéaires comportent, en général, des plages dites «publiques» dont l'usage n'entraîne aucun frais (GRUSS 1978). []. 1re attest. 1965 (La Croix, 14 juill. ds GILB. 1971); de plage2, suff. -iste.
BBG. —AEBISCHER (P.), cf. bbg. plage1. —HOPE 1971, p.47.

plage [plaʒ] n. f.
ÉTYM. 1290; var. plaie; lat. plaga « région, contrée » (mot poétique), p.-ê. par le lat. médiéval plagia.
———
I Vx ou poét. Étendue de terre.Par ext. || Plage de mer, étendue de mer.
Poét. (Encore au XIXe). Contrée. || Ces plages désertes, ces tristes contrées… (→ Agreste, cit. 3).
1 Nous franchîmes la première chaîne des montagnes qui bordent la rive orientale du Nil, et perdant de vue les humides campagnes, nous entrâmes dans une plaine aride (…) Figurez-vous, seigneurs, des plages sablonneuses, labourées par les pluies de l'hiver, brûlées par les feux de l'été (…) Nous marchâmes tout un jour dans cette plaine.
Chateaubriand, les Martyrs, t. II, p. 17.
———
II (1456; plaje, 1298; ital. plaggia « pente douce », du grec plagios « oblique »; → Plagiaire).
1 Vx. (Mar.). Rivage en pente douce dont les navires peuvent difficilement approcher.REM. L'Encyclopédie (1765) donne ce mot comme terme de « géographie moderne » (cf. aussi Buffon, Preuves de la théorie de la terre, XII).
2 (Répandu déb. XIXe). Mod. Endroit plat et bas d'un rivage où les vagues déferlent, et qui est constitué de débris minéraux plus ou moins fins (limon, sable, galets). Grève; marine (vx). → Côte, cit. 12. || Plages d'une côte plate. || Plage au pied d'une falaise. || Plage de sable (→ Adosser, cit. 2), de galets. || Dunes d'une plage. || Plage à marée (cit. 3) haute, basse. || « Comme le flot des mers ondulant vers les plages » (→ Bois, cit. 11). || Plage écumante (→ Bondir, cit. 12). || Algues, coquillages apportés par la mer sur la plage.Spécialt. Cet endroit, réservé à la baignade, aux loisirs. || Plage d'une station balnéaire. Bain (bains de mer). || Plage privée, publique. || Promenade le long de la plage. Bord (de mer). || Aller à la plage, passer le mois d'août à la plage (→ Envisager, cit. 18). || Jeux sur la plage. || S'exposer (cit. 30) au soleil, se bronzer sur la plage (→ Attraper, cit. 17; hâle, cit. 6). || Exploitant d'une plage. Plagiste.De plage. || Tente, parasol (cit. 4), sac, robe, ensemble, pantalon de plage. || « Sous les pavés la plage » (slogan de Mai 1968).
2 Sur la plage sonore où la mer de Sorrente
Déroule ses flots bleus au pied de l'oranger.
Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses, IV, XLV.
3 (…) on parvint au port de Trouville, et comme c'était le moment du bain, Pierre se rendit sur la plage. De loin, elle avait l'air d'un long jardin plein de fleurs éclatantes. Sur la grande dune de sable jaune, depuis la jetée jusqu'aux Roches Noires, les ombrelles de toutes les couleurs, les chapeaux de toutes les formes, les toilettes de toutes les nuances, par groupes devant les cabines, par lignes le long du flot ou dispersées çà et là, ressemblaient vraiment à des bouquets énormes dans une prairie démesurée.
Maupassant, Pierre et Jean, V.
4 (…) nous sommes allés à quelques kilomètres d'Alger, sur une plage resserrée entre des rochers et bordée de roseaux du côté de la terre. Le soleil de quatre heures n'était pas trop chaud, mais l'eau était tiède, avec de petites vagues longues et paresseuses.
Camus, l'Étranger, I, IV.
4.1 Géraldine quittait le monde des plages privées, des piscines, des aquariums, des clubs nautiques (…)
Jean Cayrol, Histoire de la mer, p. 37-38.
Rive sableuse d'un lac, d'une rivière, où l'on peut se baigner. || Les plages de la Seine, de la Loire, du lac de Garde…
5 La Garonne a réintégré son lit, mais le maquis reste inondé entre le fleuve et les cultures; je ne puis regagner la plage où je me baignais si voluptueusement l'an passé. J'en aperçois de loin l'arène scintillante.
Gide, Journal, août 1910.
Par appos. Ville, quartier où se trouve une plage; ville où une plage est fréquentée par des baigneurs. || Casino d'une plage à la mode (→ Interposer, cit. 9). || Berck-plage. || Albert-plage.
6 Balbec-le-vieux, Balbec-en-terre, où je me trouvais, n'était ni une plage ni un port (…) cette mer, que (…) j'avais imaginée venant mourir au pied du vitrail, était à plus de cinq lieues de distance, à Balbec-plage (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 74.
3 Plate-forme. a Mar. Pont uni horizontal à l'avant ou à l'arrière de certains navires (navires de guerre en particulier). → 1. Glacis, cit. 1; lame, cit. 10. — Techn. (Milit.). Plate-forme derrière la tourelle d'un char d'assaut.
b Cour. || Plage arrière d'une automobile : partie plane et horizontale située entre les sièges et la vitre arrière du véhicule. || Les cartes sont sur la plage arrière.
7 Le guide doit se trouver sur ce que les constructeurs nomment la plage arrière entre le dossier des sièges et la vitre, espace tendu de simili-cuir noir d'où jaillissent air chaud et musique.
F. Nourissier (1968), in P. Gilbert, Dict. des mots contemporains.
c Techn. || Plage d'entrée (d'un système de stockage).
4 Sc. || Plage d'équilibre : surface représentant les positions d'équilibre dans les cas de frottement.Opt. || Plage lumineuse : surface éclairée de brillance égale ( Photométrie).Biol. || Plage liquidienne (décelée à l'échographie).
5 Chacun des espaces gravés d'un disque phonographique, séparés par un intervalle correspondant à l'audition à un temps de silence.
6 Espace de temps. (1958). Spécialt. Laps de temps, durée limitée en radiodiffusion. || « Diffuser des plages musicales d'un quart d'heure » (le Monde, 6 mars 1970).Espace de temps (dans un horaire).
8 L'horaire variable (…) en dehors d'une période durant laquelle ils (les travailleurs) devront être tous présents au travail, appelée plage fixe, les travailleurs auront la possibilité de choisir quotidiennement leurs heures d'arrivée et de départ à l'intérieur de « plages mobiles » situées en début et fin de journée et parfois au milieu.
Marcel Pochard, l'Emploi et ses problèmes, p. 114.
(Qualifié). || Des plages de calme, d'inconfort, etc. (in P. Gilbert).REM. Cet emploi, fréquent dans la langue journalistique, n'a pas pénétré dans l'usage courant spontané.
7 (1963). Fig. Écart entre deux mesures, entre deux possibilités, etc. || Plage des prix, des choix. || Plage d'utilisation d'un moteur (entre les régimes extrêmes de bon fonctionnement).
DÉR. Plagiste.

Encyclopédie Universelle. 2012.