pluriel, ielle [ plyrjɛl ] n. m. et adj.
• 1440; de l'a. fr. plurier, de plurel (1190); lat. pluralis
1 ♦ Le pluriel : catégorie grammaticale (⇒ nombre ) comprenant les mots (noms, pronoms) qui désignent une collection d'objets, lorsqu'ils peuvent être envisagés un à un, et les mots qui s'accordent avec eux. — Catégorie comprenant tous les mots affectés de la marque morphologique du pluriel (déterminants, adjectifs, verbes). Mot au pluriel. Pluriel de majesté (ou, de modestie) :emploi de nous en place de je (ex. Le roi dit : nous voulons). La marque normale du pluriel en français est le s, sauf pour les mots en -s, -x et -z qui sont invariables. Pluriel des mots en -al (-aux généralement), en -au, -eau, -eu (-aux, -eaux, -eux), en -ail (-ails le plus souvent, -aux parfois).
3 ♦ Adj. (1966) Littér. Dont le contenu est formé d'éléments multiples non perçus immédiatement. Lecture plurielle. Texte pluriel.
♢ (1997; en France) La gauche plurielle, la majorité plurielle (formée d'éléments divers : parti socialiste, parti communiste, écologistes...).
⊗ CONTR. Singulier.
● pluriel nom masculin Cas de la catégorie grammaticale du nombre, caractérisé par des marques linguistiques qui correspondent ordinairement à l'expression d'une pluralité d'êtres et de choses. (En français, s et x sont les marques écrites du pluriel.) Forme que prend un mot dans la catégorie du pluriel : « Chevaux » est le pluriel de « cheval ». ● pluriel, plurielle adjectif (ancien français plurier, du latin pluralis) Qui marque ou qui est marqué par la pluralité. Dont le contenu est formé d'éléments multiples, sous-jacents à un sens unique non repérable immédiatement : Lecture plurielle d'un texte.
pluriel, elle
n. m. et adj.
d1./d n. m. Catégorie grammaticale caractérisée par des marques morphologiques déterminées, portant sur certains mots (noms et pronoms, verbes, adjectifs), en général lorsqu'ils correspondent à une pluralité nombrable. En français, les noms et les adjectifs prennent le plus souvent un "s" au pluriel.
— Pluriel de majesté, de modestie (nous employé pour je).
d2./d adj. Qui implique la pluralité. Sens pluriel d'un texte philosophique.
⇒PLURIEL, -ELLE, adj. et subst. masc.
GRAMMAIRE
I.—Adj. Qui indique la pluralité. Anton. singulier. Nombre pluriel; adjectif, substantif pluriel; masculin, féminin pluriel. Il eût fait redire mille fois à Omer debout, l'ablatif pluriel de soror, marmor, puer, indoles (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.179):
• 1. Je ne me servais guère de la voiture et ne conduisais jamais le cheval. Pourtant, je disais «le nôtre», parce que, depuis l'enfance, mère ne nous apprenait guère les pronoms et les adjectifs que dans cette forme plurielle.
DUHAMEL, Terre promise, 1934, p.1133.
— P. anal.
♦Qui peut être analysé à différents niveaux, de plusieurs points de vue. Lecture, écriture, musique plurielle. (Ds ROB. 1985).
♦Société plurielle. Société caractérisée par des individus aux idées politiques différentes. La difficulté d'imaginer la vie de tous les jours dans une société totalitaire pour quelqu'un qui vit dans une société encore plus ou moins «plurielle» m'a toujours frappé (Le Nouvel Observateur, 2 janv. 1982, p.65, col. 1).
II. —Subst. masc.
A. —Catégorie grammaticale traduisant par des marques linguistiques la pluralité des êtres ou des choses; nombre pluriel. Mettre un mot au pluriel; verbe à la première personne du pluriel. Joujoux, (avec un x au pluriel, comme bijou, caillou, chou, genou, hibou et pou) (COLETTE, Cl. école, 1900, p.92). Je reste un peu gêné par «jean-foutre», dont je ne sais comment marquer le pluriel; cherche en vain dans Littré ce fort beau vilain mot (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p.1195):
• 2. Les femmes les plus timides voulaient se retirer par discrétion et employant le pluriel (...) disaient: «Odette, nous allons vous laisser.»
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.601.
— P. méton. Forme que prend un mot dans cette catégorie. Pluriel irrégulier; le pluriel de «cheval» est «chevaux». Il n'y a qu'une patrie pour chaque homme, et ce nom n'a point de pluriel (BLONDEL, Action, 1893, p.265). Valéry est un nom de famille. C'est un pluriel de Valérius, qui vient, c'est chic, de valere «se bien porter» (ironie) (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1905, p.403).
B. —Emploi particulier à cette catégorie. —Vous trouvez que j'ai tort de fréquenter ces gens-là? —Non pas tous, peut-être; mais certains d'entre eux, assurément. Olivier prit pour singulier ce pluriel. Il crut qu'Édouard visait particulièrement Passavant (GIDE, Faux-monn., 1925, p.1172):
• 3. —Je vous assure que ce grenier (...) n'est pas à montrer, en temps ordinaire. Il peut nous arriver, comme aujourd'hui, chère Suzanne, d'y venir avec une personne que nous aimons beaucoup (...). —Vraiment? dit Suzanne. Et je suis cette personne que vous aimez beaucoup? Comme je suis flattée, monseigneur! —Bien! moquez-vous de moi! (...). J'avais pris pourtant la précaution de glisser là un pluriel artificieux. J'ai dit: «Une personne que nous aimons beaucoup.» Reconnaissez, Suzanne, que cela ne ressemble pas encore à une déclaration d'amour.
DUHAMEL, Suzanne, 1941, p.134.
— En partic.
1. Pluriel emphatique, poétique. Pluriel des substantifs qui se substitue au singulier, dans le style soutenu ou poétique (d'apr. MAR. Lex. 1951).
2. Pluriel de majesté ou augmentatif, pluriel de modestie. Première personne du pluriel substituée à la première personne du singulier pour donner un caractère officiel aux propos que l'on tient, ou pour éviter l'énoncé du moi. Pluriel augmentatif, dit aussi pluriel de majesté (...) par exemple dans un acte public:nous, grand-maître de l'Ordre (...) pluriel de modestie (...) par exemple dans les préfaces:nous avons voulu dans cet ouvrage (d'apr. MAR. Lex. 1951).
3. Pluriel de politesse. Deuxième personne du pluriel substituée à la deuxième personne du singulier (d'apr. PHÉL. Ling. 1976).
C. —Mot qui est au pluriel. Une drôle de langue parlée que celle de Céard. Il affectionne les abstractions et les pluriels. Il met dans la bouche de ses dialogueurs les confiances, les sécurités, etc., etc., des termes de bouquins philosophiques (GONCOURT, Journal, 1886, p.608). Quoique les vers entre eux ainsi soient reliés J'accepte qu'un pluriel rime à un singulier (JAMMES, Géorgiques, chant 1, 1911, p.29).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694; 1798-1878: ,,Quelques-uns écrivent Plurier, et la plupart prononcent Plurié» [-] (amuïssement de la consonne finale) considéré comme vieilli par LITTRÉ (mais: ,, beaucoup ont conservé cette prononciation``) et DG. Encore admis à côté de [-] ds PASSY 1914. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. 1460 gramm. «nombre pluriel» (G. CHASTELLAIN, Ver. mal prise, OEuvres, VI, 331, Kerv. ds GDF. Compl.); 2. 1674 «mot qui est au pluriel» (BOILEAU, Longin, Sublime, XIX ds LITTRÉ). B. Adj. 1607 «qui marque la pluralité» (HULSIUS, Brieve Instr. d'apr. FEW t.9, p.101a). Réfection d'apr. le lat. pluralis, adj. «composé de plusieurs», «pluriel» (gramm.); subst. «le pluriel», de l'a. fr. plurer, subst., gramm. «qui est au pluriel» (dep. ca 1245 HENRI DE ANDELI, La Bataille des VII Ars, 389, éd. A. Héron), plurier (dep. ca 1330 GUILLAUME DE DIGULLEVILLE, Pelerinage de vie humaine, 4202 ds T.-L.), altération d'apr. singuler, singulier de l'a. fr. plurel (1172-74, GUERNES DE PONT STE MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2260), empr. au lat. pluralis. Fréq. abs. littér.:124. Bbg. ESCHMANN (J.). Die Numerusmarkierung des Substantivs im gesprochenen Frz. Tübingen, 1976, 108 p.—GOOSSE (A.). L'Orth. encore. Lang. Terminol. 1981, n° 29, pp.1-2. —TANASE (E.). Les Moy. d'expr. de l'idée de pluriel ds les n., ds le fr. parlé. R. Lang. rom. 1955, t.72, pp.297-329.
pluriel, elle, els [plyʀjɛl] adj. et n. m.
ÉTYM. 1440, comme nom; adj. en 1607; réfect., d'après le lat. pluralis, de l'anc. franç. plurier (XVIe-XVIIe), plurier étant lui-même une altér. d'après singulier, de plurel (1190). Cf. Vaugelas, Rem. p. 468 (éd. Streicher); du lat. pluralis, dér. de plus, pluris. → Plus.
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♦ Grammaire.
1 Adj. « Qui sert à indiquer qu'il s'agit de plusieurs personnes ou de plusieurs choses » (Académie). ⇒ Pluralité. || Le nombre singulier et le nombre pluriel. || Substantif pluriel. || La première personne plurielle de l'indicatif présent de Avoir est Nous avons. || Masculin, féminin pluriel.
2 N. m. Gramm., cour. || Le pluriel… : catégorie grammaticale (⇒ Nombre, cit. 30) et marque formelle qui y correspond, comprenant les mots (noms, pronoms) qui désignent une collection d'objets, lorsqu'ils peuvent être envisagés un à un (à la différence des noms collectifs) et les mots qui s'accordent avec eux (adjectifs, articles, verbes) ou avec certains collectifs. — Par ext. Catégorie comprenant tous les mots affectés de la marque morphologique du pluriel : pluriel emphatique, poétique (les airs, les eaux…). || Pluriel de majesté, de modestie. ⇒ Nous (II., 1., a. et b.). || Emplois stylistiques du singulier pour le pluriel, du pluriel pour le singulier… → aussi les noms sans singulier (funérailles, mœurs…). — Certains noms et pronoms collectifs peuvent entraîner le pluriel (→ On, cit. 48 et infra; nombre, cit. 12).
1 Nous avons en français un singulier et un pluriel : mais la distinction de l'unité et de la pluralité, qui constitue pour nous le nombre, n'est pas le seul aspect de cette catégorie. Il y a des langues qui possédaient ou possèdent encore un duel (…) il y a dans la catégorie du nombre d'autres distinctions que nous n'exprimons pas (…) Ainsi celle de l'aspect collectif et de l'aspect singulatif (…) Toutes les discussions auxquelles se livrent certaines grammaires sur la façon d'orthographier « gelée de groseille » ou « gelée de groseilles » (…) se ramènent (…) à une confusion du pluriel et du collectif (…)
J. Vendryes, le Langage, p. 114.
2 (…) nous distinguerons un pluriel dit augmentatif (Cf. le ciel, les cieux; l'air, les airs), que l'on retrouve dans la langue littéraire de toutes les époques (…) dans la langue populaire : coûter des prix fous, dépenser des argents fous.
Puis un pluriel additionnel qui, au lieu de conserver à l'objet son identité à travers ses diverses manifestations, lui prête pour chacune d'elles une personnalité particulière : Les tapisseries étaient un peu mangées par les soleils et les années (Paul Vialar).
Un pluriel différentiel. Chateaubriand ayant écrit au début d'Atala : la vase les cimente, corrige : les vases (…)
Nous aurons enfin un pluriel d'obscurcissement cher aux poètes.
(…) Dans son étude sur Flaubert, Thibaudet l'a heureusement défini : « Ce pluriel est incorporé à la rêverie, qui multiplie et vaporise tout; il annule les lignes nettes que prendraient les objets individuels. »
M. Cressot, le Style et ses techniques, p. 69.
♦ Mot au pluriel. || Un excès de pluriels. — Par métaphore.
Hugo, l'Homme qui rit, II, II, XI.
REM. Formes du pluriel en français.
1. Noms (et adjectifs). La marque normale du pluriel est l's, qui ne se prononce pas. Les noms en s, x, z, sont invariables. Les noms en -al font -aux (sauf : avals, bals, cals, carnavals, chacals, festivals, narvals, nopals, pals, récitals, régals). Les noms en -au, -eau, -eu prennent un x (sauf : landaus, sarraus; bleus, émeus, pneus…). Les noms en -ail font -ails (sauf : aspiraux, baux, coraux, émaux, fermaux, soupiraux, travaux, ventaux, vitraux). Les noms en -ou, prennent un s (sauf : bijoux, cailloux, choux, genoux, hiboux, joujoux, poux). N. B. Les règles sont les mêmes pour les adjectifs, avec des exceptions (telles que : bleus, fatals, glacials, navals,…).
2. Noms propres. Ils ne prennent la marque du pluriel que lorsqu'il s'agit des familles royales, princières (les Bourbons), quand ils désignent des types (des Harpagons), des provinces portant le même nom (les Flandres), et parfois, des œuvres d'art (des Corot, des Corots).
3. Noms composés. Se reporter à chacun d'eux.
4. Noms étrangers. Ceux qui sont francisés suivent la règle (des pianos), les autres non. N. B. Il y a de nombreuses hésitations, des pluriels doubles (lieds, lieder…).
5. Noms à double pluriel. → Aïeul, ail, ciel, œil, travail…
3 Adj. (1966). Littér. ou didact. Dont le contenu est formé d'éléments multiples non perçus immédiatement. || Lecture plurielle. || Un texte pluriel. || Écriture, musique plurielle. (1997). En France. || La gauche plurielle, formée d'éléments divers appartenant à la gauche (parti socialiste, parti communiste, écologistes…). || Les différents partenaires de la gauche plurielle.
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CONTR. Singulier.
Encyclopédie Universelle. 2012.