prose [ proz ] n. f.
• 1265; lat. prosa, de prosa oratio « discours qui va en droite ligne »
I ♦
1 ♦ Forme du discours oral ou écrit, manière de s'exprimer qui n'est soumise à aucune des règles de la versification. « tout ce qui n'est point prose est vers; et tout ce qui n'est point vers est prose » (Molière). « Tout ce qu'il y a en français d'invention, de force, de passion, d'éloquence, de rêve, de verve [...] chez nous ne se trouve pas dans la poésie, mais dans la prose » (Claudel). Le langage parlé est de la prose. — Prose cadencée, mesurée, rythmée (ou rythmique); prose lyrique, poétique. « il y a une prose qui peut se rapprocher des vers » (Joubert). — Écrire en prose (⇒ prosateur) . « Il se tue à rimer; que n'écrit-il en prose ? » (Boileau). Comédie, tragédie en prose. Poème en prose.
♢ Loc. (d'apr. une scène du Bourgeois gentilhomme, de Molière) Faire de la prose sans le savoir : faire naturellement une chose dont on ignore le nom, sans en avoir l'intention. « M. Jourdain faisait de la prose pour demander ses pantoufles et Hitler pour déclarer la guerre à la Pologne » (Sartre).
2 ♦ Manière propre à un auteur, une école, une époque, un pays... dans cette forme du discours; l'ensemble des textes que caractérise cette manière. « Buffon et Jean-Jacques ont une prose noble, juste, vigoureuse, souple et brillante » (Sainte-Beuve). La prose française.
♢ Fam. (souvent iron.) Manière propre à une personne ou à certains milieux d'utiliser le langage écrit; texte, lettre où se reconnaît cette manière. « La belle prose administrative » (Courteline). Quelle prose ! Je reconnais sa prose. ⇒ style. J'ai lu votre prose, votre lettre. Plusieurs pages de sa prose.
II ♦ (1340) Relig. Hymne latine qui se chante aux messes solennelles, après le graduel. ⇒ séquence. Les cinq proses du Missel romain : Dies iræ, Lauda Sion, Veni Sancte Spiritus, Stabat mater, Victimæ pascali.
⊗ CONTR. Poésie, 2. vers.
● prose nom féminin (latin prosa) Forme ordinaire du discours écrit ou parlé, non assujettie aux règles du rythme et de la musicalité, propres à la poésie. Familier. Manière d'écrire propre à quelqu'un, à un milieu : La prose administrative. Familier. Paroles, écrit, lettre quelconques : J'ai lu votre prose, mais je ne suis pas convaincu. Chant liturgique strophique et versifié, souvent rimé et qui, à certaines messes, prend place après le graduel. (Par exemple Veni, Sancte Spiritus ; Lauda Sion ; Dies iræ.) ● prose (citations) nom féminin (latin prosa) Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Le style est la poésie dans la prose, je veux dire une manière d'exprimer que la pensée n'explique pas. Avec Balzac Gallimard Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 La Prose va sans Dieu. Préliminaires à l'esthétique Gallimard Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 Il se tue à rimer, que n'écrit-il en prose ? Satires Jean Cocteau Maisons-Laffitte 1889-Milly-la-Forêt 1963 Académie française, 1955 La prose n'est pas une danse. Elle marche. La Difficulté d'être Éditions du Rocher Jules Lemaitre Vennecy, Loiret, 1853-Tavers, Loiret, 1914 Académie française, 1895 Notre poésie a toujours trop ressemblé à de la belle prose. Ceux mêmes qui y ont mis le moins de raison en ont encore trop mis. Les Contemporains S.I.L. Jules Michelet Paris 1798-Hyères 1874 La France est le pays de la prose. Introduction à l'histoire universelle Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien. Le Bourgeois gentilhomme, II, 4, M. Jourdain Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Tout ce qui n'est point prose est vers ; et tout ce qui n'est point vers est prose. Le Bourgeois gentilhomme, II, 4, le maître de philosophie Elsa Triolet Moscou 1896-Saint-Arnoult-en-Yvelines 1970 Je continue à penser qu'une prose où chaque mot vaut son pesant d'or est illisible. Ouvertures Laffont Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Est prose l'écrit qui a un but exprimable par un autre écrit. Littérature Gallimard François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Un mérite de la poésie dont bien des gens ne se doutent pas, c'est qu'elle dit plus que la prose, et en moins de paroles que la prose. Mélanges de philosophie, Des poètes
prose
n. f.
d1./d Forme du discours écrit qui n'est pas soumise aux règles de la poésie formelle; tout discours oral spontané. écrire en prose.
|| Poème en prose, prose poétique: écrit d'inspiration lyrique, poétique, qui n'est pas soumis aux règles de la versification.
d2./d Manière d'écrire; littérature. Bonne, mauvaise prose.
d3./d LITURG CATHOL Hymne latine rimée, chantée à certains offices.
⇒PROSE, subst. fém.
A. —1. Forme du discours écrit ou oral, qui n'est soumise à aucune des règles de la versification; discours réalisé dans cette forme. Écrire, faire de la prose; écrire, exprimer, parler en prose; lire un morceau de prose. Notre affaire est de montrer comment la prose, par son mouvement propre, discipline à sa manière l'imagination. (...) l'oeuvre complète de prose est le roman (ALAIN, Beaux-arts, 1920, p.312). Il n'est pas rare, aujourd'hui encore, que des critiques reprochent à une oeuvre de prose de manquer de poésie (SARTRE, Sit. II, 1948, p.238):
• 1. ... un livre de vers a, plus qu'un livre de prose, la chance d'être remarqué. Des vers idiots, ça se voit tout de suite. La critique parle des bons vers, elle sait ce qu'ils valent, mais elle ne distingue pas une prose d'une autre, et, pour ne s'engager à rien, elle n'en parle pas.
RENARD, Journal, 1908, p.1168.
♦En prose
Qui corresp. à cette forme de discours, qui est écrit en prose. Chanson, comédie, conte, discours, drame, oeuvre, récit, roman, tragédie en prose. Une petite pièce en un acte et en prose, intitulée La Suite d'un bal masqué (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.365). Forts de trois Ballades, (...) de son théâtre et de ses trois premiers romans, (...) si drôles par places, surtout le théâtre en prose et Han, nous voudrions qu'il n'eût laissé que cela et eût disparu, contesté (VERLAINE, OEuvres compl., t.4, Mém. veuf, 1886, p.258). J'écrirai une oeuvre de joie qui adoptera dans un écrit en prose le cours que ma vie voudra tandis que sur le plan poétique ma recherche se resserrera autour de l'invention de vérités éternelles (J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p.196).
Qui écrit en prose. Écrivain en prose. Quelques-unes de ces pages qui ont prouvé qu'on était poète en prose (MUSSET ds Le Temps, 1831, p.98). V. poète B 1 b ex.
— [La prose en tant qu'elle est empreinte de poésie ou qui en présente certains caractères] Prose lyrique, narrative, rimée; poème en prose; rimer de la prose. V. poétique1 A 2 ex. de Baudelaire et de Sartre.
♦Prose cadencée, rythmée, rythmique. Prose dans laquelle les accents d'intensité reviennent à des places déterminées de la phrase. Il semble plus facile de sentir que de définir la nuance qui sépare tels vers libres de telle prose rythmique (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p.251). On croirait parfois écouter du Racine [chez Shakespeare]. La traduction est en prose rythmée. Pas de rimes: c'est toujours ça de moins (RENARD, Journal, 1906, p.1091). La prose cadencée, connue des Grecs et des Latins, est un art fort ancien (MORIER 1975):
• 2. La prose rythmée est un état semi-conscient, dans lequel une équivalence approchée entre les longueurs de l'expiration prédomine sur le jeu voulu des accents, qui intervient ou non de loin en loin. La période logique garde toute son autorité.
SOUZA, Rythme fr., 1912, p.32.
2. P. métaph. Ensemble des éléments concrets de la vie, les réalités communes, quotidiennes. Des arbustes taillés précédaient une conciergerie. Ils la franchirent et reprirent en sens inverse la grise prose de la route (MALÈGUE, Augustin, t.1, 1933, p.146).
B. —Manière de s'exprimer propre à un auteur, une école, une époque, un milieu; l'ensemble des textes que caractérise cette manière. La prose française; prose classique, contemporaine, littéraire, oratoire; bonne, mauvaise prose. Les vers passionnés de Zaïre et la prose brillante d'Héloïse (BONALD, Essai analyt., 1800, p.21). Pour le style, on convient généralement que la prose de Locke est une des meilleures proses de l'époque (COUSIN, Hist. philos. XVIIIes., t.1, 1829, p.87). La prose d'Anatole France est-elle d'un poète? Vraiment, je ne sais plus (BREMOND, Poés. pure, 1926, p.105).
— Souvent iron., fam. C'était pour lui l'heure vraiment douce de la journée, où se pouvaient gaver, délecter tout à l'aise, de belle prose administrative, ses instincts de rond-de-cuir, endurci (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 3e tabl., 1, p.91). «Le Ministre du Commerce à Monsieur le Ministre des Beaux-Arts.» «Vous avez bien voulu me prier d'intervenir auprès de mon collègue des Finances...» Effort vain: derrière la prose administrative urgente, le sourire venait de reparaître (ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p.205).
♦Production écrite de quelqu'un, marquée par sa personnalité. Il craignait plus que la mort les terribles dédains du silence, et frissonnait en songeant à toutes les chances que pouvait avoir sa première prose amoureuse d'être jetée au feu (BALZAC, Femme aband., 1832, p.267). Le Moniteur a envie d'avoir de ma prose: cela tombe mal au milieu de mes occupations (DELACROIX, Journal, 1853, p.17). Dites-nous-le, dans le sans-gêne de votre prose de tous les jours (E. DE GONCOURT, Faustin, 1882, p.103).
— [P. allus. au Bourgeois Gentilhomme de Molière] (Faire de) la prose (sans le savoir). Faire ou réussir quelque chose de manière inconsciente, sans en avoir eu l'intention. Qui sait même si je ne pourrai pas quelque jour fixer entre vous deux mes pénates errantes. J'ai fait ce vers sans m'en douter, comme la prose de M. Jourdain (COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1805, p.686). Mais combien peu savent ce qu'ils font quand ils digèrent! La plupart sont comme M. Jourdain, qui faisait de la prose sans le savoir; et c'est pour ceux-là que je trace une histoire populaire de la digestion (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p.187).
C. —LITURG. Hymne latin, versifié, souvent rimé, et qui, à certaines messes, prend place après le graduel. La prose du St Sacrement (Ac.). Le Dies Irae, le Stabat Mater sont des proses (Ac. 1935). Un prêtre dit la messe, et l'on chante une prose (HUGO, Légende, t.4, 1877, p.462). Les psaumes des douleurs et les proses des regrets (HUYSMANS, En route, t.2, 1895, p.246). Les proses et les séquences, dont les mélodies se présentent sous forme de vocalises pures, ou soutenues par un texte purement syllabique (MOCQUEREAU, Nombre mus. grégor., 1908, p.160).
— HIST. DE LA MUS. Psaume non canonique ou cantique chanté au VIes. par les fidèles en versets alternés (latin vulgaire et grec) avec des antiennes-refrains. Les proses, les tropes (...) les antiennes en vers battent en brèche l'ancienne théorie grégorienne (AUBRY, Trouvères, 1909, p.202).
REM. Proser, verbe, rare. a) Empl. intrans. Écrire en prose. Je travaille aussi à proser pour être payé (VERLAINE, Corresp., 1887, p.78). b) Empl. trans. Mettre en prose. Au part. passé. Qu'est-ce qui reste? son théâtre? Candide? C'est du La Fontaine prosé et du Rabelais (...). Sainte-Beuve, pour finir, s'écrie: «La France ne sera libre que quand Voltaire aura une statue sur la place Louis XV!» (GONCOURT, Journal, 1863, p.1254).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1265 «forme du discours qui n'est pas soumise aux règles de la versification» (BRUNET LATIN, Trésor, III, 10, éd. F. J. Carmody, p.327); spéc. 1464 faire le rimeur en prose «raconter des balivernes» (Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 1569); 2. 1476 [date de l'éd.] «texte en prose» (Premier vol. des croniques de France, éd. Pasquier-Bonhomme, Les fais du roy loys le barbe, chap.II); 3. 1831 désigne l'ensemble des éléments matériels de la vie p.oppos. à l'idéal, à la poésie (HUGO, Feuilles automne, préf., p.714). B. 1re moit. XIVes. «hymne latine qui se chante aux messes solennelles après le graduel» (Tombel de Chartrose, XXIV, 203 ds T.-L.). Empr. au lat. d'époque impériale prosa «prose» p.oppos. aux vers, subst. de l'adj. prosus, -a, -um, antérieurement prorsus, -a, -um «tourné en droite ligne»; le sens B est empr. au lat. eccl. (v. BLAISE Latin. Med. Aev.). Fréq. abs. littér.:1907. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 2242, b) 2318; XXes.: a) 3399, b) 2909. Bbg. CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p.390.
1. prose [pʀoz] n. f.
ÉTYM. 1265; lat. prosa, de prosa oratio « discours qui va en droite ligne, sans inversion ».
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1 Forme du discours oral ou écrit, manière de s'exprimer qui n'est soumise à aucune des règles de la versification.
1 (…) tout ce qui n'est point prose est vers; et tout ce qui n'est point vers est prose.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4.
♦ Prose et poésie (cit. 2 et 6). || Prose et vers libres. || Faire des vers plus volontiers que de la prose (→ Facilité, cit. 14). || « De la prose où les vers se sont mis » (cit. 75, Rivarol).
2 La prose et le vers ne sont que des matières dont se sert le poète, fondeur et ciseleur, pour faire les figures de ses idées. Le vers, c'est le marbre; la prose, c'est l'airain.
Hugo, Post-Scriptum de ma vie, L'esprit, Tas de pierres, III.
3 Tout ce qu'il y a en français d'invention, de force, de passion, d'éloquence, de rêve, de verve, de couleur, de musique spontanée de sentiment des grands ensembles, tout ce qui répond le mieux en un mot à l'idée que depuis Homère on se fait généralement de la poésie, chez nous ne se trouve pas dans la poésie, mais dans la prose. Les grands poètes français (…) s'appellent Rabelais, Pascal (…) Chateaubriand, Honoré de Balzac, Michelet.
Claudel, Positions et Propositions, Sur le vers français, p. 87-88.
♦ Le langage parlé est de la prose. || Il ne faut pas bannir l'hiatus (cit. 3) de la prose. || Style, vocabulaire de la prose. || Genres en prose (éloquence, histoire, lettres, philosophie, roman).
4 La prose est utilitaire par essence; je définirais volontiers le prosateur comme un homme qui se sert des mots. M. Jourdain faisait de la prose pour demander ses pantoufles et Hitler pour déclarer la guerre à la Pologne.
Sartre, Situations II, p. 70.
♦ Variétés de prose qui participent à certaines propriétés du vers : prose cadencée, mesurée, rythmée (ou rythmique); prose lyrique, poétique (cit. 3).
5 (…) vous n'allez entendre chanter que de la prose cadencée ou des manières de vers libres, tels que la passion et la nécessité peuvent faire trouver à deux personnes qui disent les choses d'eux-mêmes et parlent sur-le-champ.
Molière, le Malade imaginaire, II, 5.
6 Comme il y a des vers qui se rapprochent de la prose, il y a une prose qui peut se rapprocher des vers. Presque tout ce qui exprime un sentiment ou une opinion décidée, a quelque chose de métrique ou de mesuré.
Joseph Joubert, Pensées, XXII, CXXIV.
♦ En prose. || Écrire en prose (→ Épurer, cit. 10). || Écrivain en prose (⇒ Prosateur). || Comédie, fiction (cit. 9), ouvrage, tragédie en prose (→ Atterrer, cit. 4; gril, cit. 4; noble, cit. 10). || Avoir quelque talent en prose (→ 1. Garde, cit. 67). — Poème (cit. 3) en prose.
7 Il se tue à rimer : que n'écrit-il en prose ?
Boileau, Satires, IX.
♦ ☑ Loc. (1788). D'après une scène du Bourgeois gentilhomme, de Molière, → ci-dessus, cit. 1. Faire de la prose sans le savoir (comme Monsieur Jourdain) : avoir fait ou réussi qqch. sans en avoir eu la moindre intention, presque inconsciemment (→ ci-dessus, cit. 4, Sartre).
8 — Quoi ? quand je dis : « Nicole, apportez-moi mes pantoufles, et me donnez mon bonnet de nuit », c'est de la prose ? — Oui, Monsieur. — Par ma foi ! Il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien (…)
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4.
2 Par métonymie. Texte écrit en prose. || Apprendre (cit. 17) de la prose par cœur. || Réciter des phrases de prose (→ Lune, cit. 6). || Un volume de prose (→ Galerie, cit. 7). — Une prose poétique : un poème en prose. || Proses lyriques (titre de pièces de chant de Debussy).
3 (1580). Manière propre à un auteur, une école, une époque, un pays… dans cette forme du discours; l'ensemble des textes que caractérise cette manière. ⇒ Style. || « Buffon et Jean-Jacques ont une prose noble, juste, vigoureuse, souple et brillante… » (→ Déplacer, cit. 10, Sainte-Beuve). || La prose de Montaigne, de Rabelais, de Péguy, hérissée de citations (cit. 7). || La prose française (→ Gymnastique, cit. 16; nourrir, cit. 40). || La prose romantique.
9 La prose française se développe en marchant, et se déroule avec grâce et noblesse. Toujours sûre de la construction de ses phrases, elle entre avec plus de bonheur dans la discussion des choses abstraites, et sa sagesse donne de la confiance à la pensée.
Rivarol, Littérature, I.
10 Il (Rousseau) a été vraiment un grand musicien, et, en un temps où le vers ne savait plus chanter, il a orchestré sa prose avec éclat.
Gustave Lanson, l'Art de la prose, p. 201.
♦ (XIVe). Fam. (Avec une nuance d'ironie ou de plaisanterie le plus souvent). Manière propre à une personne ou à certains milieux d'utiliser le langage écrit; texte, lettre où se reconnaît cette manière. || « La belle prose administrative » (→ Gaver, cit. 4, Courteline). || Il y a de l'onction (cit. 3) dans sa prose. || Voilà un échantillon de sa prose. ⇒ Style. || J'ai lu votre prose, ce que vous avez écrit.
10.1 On peut lire notre prose, il n'y est question que de machines à coudre. Il faut avoir la grille pour y découvrir un autre sens !
G. Leroux, Rouletabille chez Krupp, p. 151.
4 (1832). Par métaphore, fig. (par oppos. à poésie). Les choses communes, vulgaires, quotidiennes, les réalités concrètes (⇒ aussi Prosaïque, prosaïsme).
11 Il l'aimait respectueusement; elle était la poésie de sa vie de garçon, où d'ailleurs la prose ne manquait pas.
France, Jocaste, Œ., t. II, p. 59.
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II (V. 1340). Liturgie. Hymne latine qui se chante aux messes solennelles, après le graduel. ⇒ Séquence. || Les proses sont en vers rimés et rythmés, mais ne sont pas soumises à la quantité prosodique. || Les cinq proses du Missel romain : Dies iræ, Lauda Sion, Veni Sancte Spiritus, Stabat Mater, Victimæ pascali.
♦ Fig. || Prose pour Des Esseintes, poème de Mallarmé.
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CONTR. Poésie, vers.
DÉR. Prosaïste. (Du même rad.) Prosaïque, prosateur.
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2. prose [pʀoz] n. m.
ÉTYM. 1260, prois; proys chez Villon; repris fin XIXe, notamment par Bruant; origine incertaine.
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♦ Fam. Derrière, fesses, postérieur (d'une personne).
1 Elle était en sécurité. Le mot que nous allons employer ne la choquait plus à force de se l'être mentalement répété, qu'un docker avait lâché à son passage : son « prose ». La responsabilité, la confiance en soi de Madame Lysiane, résidait dans son prose.
Jean Genet, Querelle de Brest, p. 290.
2 La dernière fois qu'il a chassé, c'est dans le prose d'un péquenot qu'il a tiré et le bonhomme n'a pas pu s'asseoir pendant deux mois.
San-Antonio, le Secret de Polichinelle, p. 19.
3 Mets-moi à plat ventre enfile toi ça quoi dans le prose (…)
Tony Duvert, Paysage de fantaisie, p. 83.
Encyclopédie Universelle. 2012.