quereller [ kərele ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Vieilli Attaquer (qqn) par des actes ou des paroles hostiles. Ils « savaient, aux querelles que leur faisait Minoret, quand il avait été querellé par sa femme » (Balzac).
♢ Adresser des reproches à (qqn). ⇒ gronder, houspiller. « Nous querellons les malheureux pour nous dispenser de les plaindre » (Vauvenargues).
2 ♦ Mod. Pronom. (Récipr.) Avoir une querelle, une dispute vive. ⇒ se disputer; fam. se chamailler, s'engueuler. Se quereller avec qqn. « Jamais ils ne se querellaient, étant tous deux calmes et placides » (Maupassant).
● quereller verbe transitif Littéraire. Adresser des reproches, des critiques à quelqu'un. ● quereller (synonymes) verbe transitif Littéraire. Adresser des reproches, des critiques à quelqu'un.
Synonymes :
- admonester (littéraire)
- disputer
- gourmander (littéraire)
- gronder
- morigéner
- tancer
quereller
v.
rI./r v. tr.
d1./d Attaquer verbalement (qqn).
d2./d Faire des reproches à (qqn).
rII./r v. Pron. Avoir une querelle, une dispute. Les deux frères se sont encore querellés. Syn. se disputer, (Fam.) se chamailler, (Afr. subsah.) palabrer.
⇒QUERELLER, verbe trans.
A. — Vieilli ou littér. Déclencher une dispute avec quelqu'un, lui adresser des reproches ou des paroles hostiles. Synon. pop. disputer; gronder, houspiller. Mme Debée alla quereller ma femme chez elle, et peu s'en fallut qu'elle ne la battît (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 79). Aujourd'hui, avec leurs allures garçonnières d'artistes, elles tenaient la bourse, rognaient sur les sous, querellaient les fournisseurs (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1388). Marguerite était plus blême que moi. Elle a pleuré, m'a demandé pardon. Je ne suis pas bien sûr de ne pas l'avoir querellée, assez vilainement même (DUHAMEL, Journal Salav., 1927, p. 70).
— Empl. intrans. [Avec un compl. prép.] Contre qui querelliez-vous si fort? (LEMERCIER, Pinto, 1800, III, 6, p. 86). C'est, pour ainsi dire, quereller avec le genre humain (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 38).
B. — Empl. pronom.
1. a) Empl. pronom. réciproque. Se prendre de querelle, se disputer. M. de Crac est mort, et ses héritiers ou du moins ceux qui se croient des droits à sa succession, se querellent, se battent, à tel point que pour les calmer on les fait descendre dans un puits d'où on les remonte un à un (L. SCHNEIDER, Maîtres opérette fr., 1924, p. 156):
• Maman (...) devint d'une extrême nervosité. Peu à peu, mon père perdit sa belle égalité d'humeur. Ils ne se querellaient pas vraiment, mais ils criaient très fort pour de petites choses, et souvent s'en prenaient à ma sœur et à moi.
BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 100.
b) [Avec un compl. prép.] Je me suis querellée avec Marcel, dit-elle, nous nous sommes mal quittés (MURGER, Scène vie boh., 1851, p. 247). Il avait toujours des armes à portée du bras. Souvent, la nuit, il parlait haut, comme s'il se fût querellé avec quelqu'un (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Main, 1883, p. 893). Les fillettes, énervées par la chaleur, se querellent pour occuper les coins libres (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 691).
— P. métaph. Il faut (...) prendre [le haschisch] à jeûn (...). Une infraction à cette règle (...) produirait (...) des vomissements, le dîner se querellant avec la drogue (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 334).
2. Empl. pronom. réfl. Se faire des reproches à soi-même. Je repasse tous les moments si rares où nous avons été ensemble, et je me querelle d'avoir dormi à Pétersbourg! (BALZAC, Lettres Étr., t. 2, 1844, p. 442). Je me rappelle encore le temps (...) où je me querellais (...) de ne pouvoir parvenir à cette dextérité dans l'exécution que les écoles habituent malheureusement les meilleurs esprits à regarder comme le dernier terme de l'art (DELACROIX, Journal, 1853, p. 119). Elle se querellait de ne pouvoir vivre sans aimer (ZOLA, Contes Ninon, 1864, p. 121).
Prononc. et Orth.:[], [--], (il) querelle [-]. V. querelle. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1174-76 « accuser, assigner en justice » (GUERNES DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2451; 2945); 2. 1176 « être en querelle, faire des reproches » (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. A. Micha, 6641); 3. XIIIe s. [ms.] « contester, disputer (quelque chose à quelqu'un) » (Chevalerie Vivien, éd. A. L. Terracher, 1800b, leçon des mss AB). B. Pronom. 1643 « se prendre de querelle » (CORNEILLE, Polyeucte, III, 2). Dér. de querelle; dés. -er. Fréq. abs. littér.:325. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 361, b) 634; XXe s.: a) 621, b) 356. Bbg. GOHIN 1903, p. 304.
quereller [kəʀele] v. tr.
ÉTYM. 1611; « intenter (un procès), réclamer »; XIIe; dér. de 1. querelle. REM. Sans être forcément littéraire, le mot, dans ses emplois modernes, est marqué; le pron. est plus courant, mais n'est pas neutre comme se disputer.
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1 (XVIe). Vx. Disputer, réclamer (qqch. à qqn). || « Quereller une succession, un héritage » (Académie, 1694).
2 (1611). Attaquer (qqn), déclencher une querelle contre (qqn) par des actes ou des paroles hostiles. ⇒ Chercher (chicane, noise, querelle); → Pendant, cit. 4. — REM. Il ne se dit plus que des querelles en paroles, des disputes :|| « Quereller… signifiait alors (au temps de Corneille) insulter, défier, et même se battre » (Voltaire, Commentaire sur Corneille, le Menteur, II, 4).
1 Aussi se mettait-elle constamment en colère avant lui, et les postillons savaient, aux querelles que leur faisait Minoret, quand il avait été querellé par sa femme, car la colère ricochait sur eux.
Balzac, Ursule Mirouët, Pl., t. III, p. 300.
♦ Intrans. Vx ou archaïque. || Quereller avec qqn (cf. Diderot, in Littré). || Quereller sur tel ou tel sujet (→ ci-dessous, Se quereller).
2 Nous étions de mauvaise humeur et querellions.
Verlaine, Jadis et Naguère, « Paysage ».
3 (…) la mine animée de gens qui viennent de manger ensemble et de quereller, verre en main, sur quelque problème de leur état.
G. Duhamel, l'Archange de l'aventure, VII.
3 (1636). Adresser des reproches à (qqn), sans qu'il y ait proprement de querelle. ⇒ Disputer, gronder, houspiller; pouilles (chanter pouilles). || « Nous querellons les malheureux (cit. 17) pour nous dispenser de les plaindre » (Vauvenargues). || « C'est moi qui me viens plaindre et c'est moi qu'on (cit. 15) querelle ? » (Molière). || Quereller qqn de… (cit. 20), à cause de… (→ Étiquette, cit. 4), pour… (qqch.).
4 (…) il sort en querellant son valet de ce qu'il ose le suivre (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, « De l'ostentation ».
♦ Intrans. || Si vous avez le plaisir de quereller (→ Côté, cit. 31).
4 Vx. S'en prendre à…, s'emporter contre… || « Querellez ciel et terre… » (Corneille, Horace, II, 4). || « Querellant les amants, l'amour et la fortune » (Racine, Bajazet, III, 2), les maudissant.
♦ Par ext. (Compl. n. de chose). Mettre en cause; attaquer, contester.
5 (…) nous ne querellons pas les motifs qui nous amènent un néophyte, pourvu qu'il nous reste et qu'il devienne un frère de notre Ordre.
Balzac, l'Initié, Pl., t. VII, p. 335.
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se quereller v. pron.
ÉTYM. (1642, Corneille).
1 (Récipr.). Avoir une querelle, une dispute vive. ⇒ Aguicher (s') (vx), battre (se), chamailler (se), désaccorder (se), vx, disputer (se). → Se prendre aux cheveux; et aussi 2. calme, cit. 2; dispute, cit. 4; étourdir, cit. 22; loisir, cit. 1. || « Les hommes le plus souvent se querellent pour des mots » (cit. 21, France). || Se quereller en paroles. ⇒ Discuter; engueuler (s'). || Se quereller et s'insulter, s'injurier. — Se quereller avec quelqu'un.
6 (…) nous avions le plus souvent dispute ensemble (…) Elle est morte : je la pleure. Si elle était en vie, nous nous querellerions.
Molière, l'Amour médecin, I, 1.
7 (…) comment peut-on se quereller quand on s'aime, et perdre à se tourmenter l'un l'autre des moments où l'on a si grand besoin de consolation ?
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, II, VII.
2 (Réfl.). Se faire des reproches à soi-même.
8 L'art de vivre consiste d'abord, il me semble, à ne se point quereller soi-même sur le parti qu'on a pris ni sur le métier qu'on fait. Non pas, mais le faire bien.
Alain, Propos, 12 déc. 1922, La fatalité.
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CONTR. Apaiser, flatter, réconcilier…
DÉR. Querelleur.
COMP. Entre-quereller (s').
Encyclopédie Universelle. 2012.