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querelle

querelle [ kərɛl ] n. f.
• 1155; lat. querela « plainte », et spécialt « plainte en justice »
1Vx Procès; plainte en justice.
(XIVe) Vieilli Parti, intérêts de qqn dans un litige. Mod. Loc. Embrasser (épouser, prendre) la querelle de qqn : soutenir qqn dans un différend, un conflit (avec un tiers).
2(1538) Différend passionné, opposition assez vive pour entraîner un échange d'actes ou de paroles hostiles; cet échange de violences. débat, démêlé, désaccord, dispute, dissension, friction. « Il valait mieux ne pas rendre publique cette petite querelle de famille » (Green), entre membres de la famille. « Il n'y a pas de pures querelles d'idées. Il n'y a que des querelles de personnes » (Duhamel). Querelle entre amis, entre époux ( scène) . Susciter, réveiller, apaiser, éviter une querelle. Avoir une querelle (avec qqn). se quereller (cf. Avoir maille à partir). Loc. Chercher querelle (à qqn), se comporter envers lui de manière agressive, le provoquer (cf. Chercher noise). — « Le moment n'est pas mal choisi pour vider cette vieille querelle » (Martin du Gard), pour y mettre fin par le combat ou la discussion. — Loc. vieilli (querelle d'Allemagne 1550; à cause des conflits continuels entre les princes allemands) Une querelle d'Allemand, faite sans raison valable.
Lutte d'idées, contestation intellectuelle. « Il se mêlait peu aux querelles théologiques du moment » (Hugo). La querelle des anciens et des modernes. Des querelles byzantines.
3Conflit plus ou moins violent pouvant dégénérer en guerre. « Que lui importent les huguenots, les papistes et leurs querelles sanglantes ? » (Gautier).
⊗ CONTR. Accord.

querelle nom féminin (latin querella) Opposition vive, échange de propos hostiles : J'ai voulu vainement rester à l'écart de leur querelle.querelle (citations) nom féminin (latin querella) François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Les querelles ne dureraient pas longtemps, si le tort n'était que d'un côté. Maximes Térence, en latin Publius Terentius Afer Carthage vers 185-159 avant J.-C. Querelles d'amants, renouvellement d'amour. Amantium irae amoris integratio. L'Andrienne, III, 3 Juan Ruiz, plus souvent nommé l'Archiprêtre de Hita probablement à Alcalá de Henares vers 1285-vers 1350 Souvent d'une étincelle naît un grand feu, et jeu d'enfants fait grande querelle. A veces […] de chica centella nasce grand llama de fuego ; e vienen grandes peleas a veces de chico juego. Libro de buen amor querelle (difficultés) nom féminin (latin querella) Prononciation [&ph95;əʀɛ&ph96;], en faisant entendre le premier e, comme dans bretelle. ● querelle (expressions) nom féminin (latin querella) Chercher querelle à quelqu'un, rechercher la dispute avec lui. Querelle d'Allemand, mauvaise querelle, querelle faite de mauvaise foi. Querelle de personne, différend portant non sur des idées, mais sur les personnes qui les soutiennent. ● querelle (synonymes) nom féminin (latin querella) Opposition vive, échange de propos hostiles
Synonymes :
- accrochage (familier)
- altercation
- chamaillerie
- controverse
- dispute
- heurt
- polémique
- prise de bec (familier)
- scène
Querelle de personne
Synonymes :
- conflit

querelle
n. f. Contestation, différend amenant un échange de mots violents. Chercher querelle à qqn, le provoquer. Syn. (Afr. subsah.) palabre.
|| Controverse, différend intellectuel. La querelle des Anciens et des Modernes.

⇒QUERELLE, subst. fém.
A. — Différend passionné, discussion où les adversaires s'opposent vivement. Synon. altercation, conflit, démêlé, dis-pute. Sujet, terrain de querelle; réveiller une vieille querelle. Une querelle s'élevait à la porte entre Mariette et un soldat qui devint si pressant, que la cuisinière entra au salon (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 251). Elle ne disait rien afin d'éviter les explications, les discussions et les querelles (MAUPASS., Une Vie, 1883, p. 106). Mme Archambaud sentait lui échapper l'avantage et il en allait d'ailleurs ainsi chaque fois que le ton de leurs querelles montait (AYMÉ, Uranus, 1948, p. 14).
Querelle d'amoureux, de famille, de ménage. Dispute entre amoureux, membres d'une famille, entre mari et femme. Je suis las de voir l'Europe se mêler de mes querelles de ménage; mon divorce avec Catherine d'Aragon m'a valu la guerre (DUMAS père, C. Howard, 1834, I, 1er tabl., 4, p. 221). Je déteste les querelles de famille, les scènes (DURANTY, Malh. H. Gérard, 1860, p. 160).
Loc. verb.
Avoir (une) querelle avec qqn. Il est assez simple que vous ayez ici des différends, des querelles; mais il faut une explication et non pas une bouderie: l'une amène des résultats, l'autre ne fait que compliquer les choses (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 482). Qui t'amène à cette heure? As-tu une querelle? Faut-il te servir de second? (MUSSET, A. del Sarto, 1834, I, 3, p. 72). Un Della Rebbia, officier au service de Naples, se trouvant dans un tripot, eut une querelle avec des militaires, qui, entre autres injures, l'appelèrent chevrier corse (MÉRIMÉE, Colomba, 1840, p. 43).
(Être) en querelle (vieilli). Toujours en querelle entr'eux, indifférens pour leurs enfans, vrais tyrans de leurs femmes (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 195). Nous étions constamment en querelle pour celui de nos désirs auquel nous donnerions la préférence (BALZAC, Goriot, 1835, p. 108). Un gentilhomme en querelle avec son voisin, et mécontent des dispositions de ses juges, demande au conseil d'évoquer l'affaire (TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 124).
Chercher querelle à qqn. Se comporter d'une manière agressive, provoquante envers quelqu'un. Synon. chercher noise à qqn. Sur un seul mot de son papa Vautrin, il cherchera querelle à ce drôle qui n'envoie pas seulement cent sous à sa pauvre sœur (BALZAC, Goriot, 1835, p. 131). Il a cherché querelle aux fermiers généraux du prince, qui étaient des fripons; le comte les a remplacés par d'autres fripons qui lui ont donné 800 000 francs (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 399).
Faire (une) querelle à qqn (vieilli). On me fit une querelle abominable, mon père se mit contre moi dans une des plus grandes colères dont j'aie souvenance (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 190). Mme Simons fit une querelle très-aigre à Dimitri, et comme elle se retournait en arrière, elle me montra une figure aussi anguleuse que la lame d'un couteau de Sheffield (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 51).
Chercher, faire une mauvaise querelle à qqn, chercher, faire une querelle d'Allemand à qqn. Engager avec quelqu'un une querelle sans raison valable. Les autorités (...) expulsèrent Fritz du territoire de cette ville libre, en lui faisant une querelle d'Allemand (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 62). Mais, monsieur, répliqua le vieillard Nicodème, nous ne nous en prenons ni aux Grâces ni aux Ris, encore moins aux images de Dieu et des saints, et vous nous cherchez une mauvaise querelle (A. FRANCE, Opin. J. Coignard, 1893, p. 237).
Se prendre de querelle contre qqn, avec qqn (vieilli). Engager une dispute avec quelqu'un. Le jour où elle se prit de querelle avec Gilbert au jardin du Luxembourg, tandis qu'elle se dirigeait en hâte vers sa maison, elle n'éprouvait plus pour lui que de l'animosité (ARLAND, Ordre, 1929, p. 216).
Vider une querelle. Mettre fin à un différend par la réconciliation ou par le combat. Vous avez pu croire que je permettrais qu'un autre que moi vidât la querelle que vous êtes venu me chercher (DUMAS père, P. Jones, 1838, 5, p. 198).
B. — P. ext. Controverse, lutte d'idées, débat dans lesquels les thèses s'opposent vivement. Synon. polémique. Querelles byzantines, économiques, idéologiques, linguistiques, littéraires, religieuses, scolaires, théologiques; querelles domestiques, intestines. Moins on met de son esprit dans une œuvre, plus on y tient d'ordinaire; et rien n'égale, on le sait, l'âpreté des querelles de grammairiens et d'éditeurs (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 450). Les brouhahas qui, en France, font parfois la une des journaux, à propos du Goncourt ou d'une querelle politico-universitaire, sont inconnus de l'autre côté de la Manche (Le Point, 16 août 1976, p. 60, col. 1):
On remet, ou on retire, selon le flux ou le reflux, un peu plus de grec ou un peu plus de latin dans les programmes. Mais quel grec et quel latin! La querelle dite des « humanités » n'est que le combat des simulacres de culture.
VALÉRY, Variété III, 1936, p. 277.
Querelles de boutiques, de clocher. Querelles locales. Ceux qui ne mordent pas à notre politique locale et à nos querelles de clocher (AMIEL, Journal, 1866, p. 449). Suis un peu déçu de le voir épouser si vite, avec tant de chaleur, ces querelles de boutiques, ces discussions de presse (MARTIN DU G., Notes Gide, 1951, p. 1395). Sans parler des vanités et des jalousies, des querelles de clocher, des passions politiques et religieuses (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 130).
[Querelles d'écoles de pensée] La grande querelle des nominalistes et des réalistes (RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p. 142). Une autre vieille querelle est celle des littéralistes et des allégoristes, un des aspects ou des épisodes de la lutte entre la science et la philosophie, d'une part, et la religion révélée, de l'autre (WEILL, Judaïsme, 1931, p. 71). La grande querelle des vitalistes et des mécanistes, dont la futilité nous étonne aujourd'hui (CARREL, L'Homme, 1935, p. 38).
HIST. LITTÉR. Querelle des Anciens et des Modernes. Querelle entre les partisans des auteurs anciens et des auteurs modernes, dans la deuxième moitié du XVIIe s. La querelle des Anciens et des Modernes introduit déjà dans l'idéologie européenne la notion parfaitement absurde d'un progrès artistique (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 240).
HIST. MUSICALE. Querelle des Bouffons. ,,Célèbre querelle musicale qui, entre 1752 et 1754, mit en présence en France les partisans des mus[iques] française et italienne à l'occasion d'une représentation de la Serva padrona, « La Servante maîtresse », de Pergolèse, par la troupe des Bouffons`` (Mus. 1976). Il semble (...) que les reproches [que l'on fit à la musique de Rameau] aient été bien injustes, des critiques favorables aux Italiens (dans la Querelle des Bouffons) et défavorables au grand musicien français (KOECHLIN, Harm., t. 2, 1930, p. 161).
P. ext. Querelle de mots. Dispute qui n'a pas trait à la réalité des choses, aux idées elles-mêmes, mais à leur expression. Mais, me dira-t-on, c'est une querelle de mots... Je vais vous dire quelle importance ont les mots. C'est que, quand on a perdu toute retenue dans les mots, on finit par perdre toute retenue dans les actes (THIERS, 1864 ds Doc. hist. contemp., p. 28). Si l'on veut absolument sauver la notion de monuments « épigraphiques », on ne peut le faire qu'en la réservant exclusivement à ce dernier ordre de monuments. Il ne s'agit point ici d'une vaine querelle de mots, il s'agit de la répartition critique d'un vaste matériel en vue de recherches déterminées (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 562).
C. — Vx, littér. Conflit qui oppose des partis, des groupes, des États. Si les mouvements actuels qui ont lieu en Europe peuvent s'appeler la querelle des rois, ils méritent bien aussi de porter le nom de la querelle des peuples (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 305). Les venimeuses et interminables querelles autour des frontières historiques et des frontières naturelles (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 124).
D. — 1. DR., vx. ,,Demande, plainte en justice`` (LEP. 1948).
2. Vieilli. Parti, cause, intérêts de l'un des adversaires dans un litige.
Embrasser, épouser la querelle de qqn. Prendre le parti de l'un des adversaires dans un différend, un démêlé. Que chacun, par écrit, embrassant ma querelle, S'engage avec serment à me rester fidèle (CONSTANT, Wallstein, 1809, I, 6, p. 9). Par une méchanceté de femme, elle aurait voulu voir ce dernier malheureux en ménage; et elle poussait le magistrat à faire épouser sa querelle par sa sœur (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 319). Que ceux-ci viennent à épouser les querelles de celles-là, c'est le démembrement certain (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 204).
P. métaph. Daniel: La France est une mère aussi. Marthe: Une mère qui veut qu'on s'égorge pour elle. Daniel: Nous lui devons nos bras pour venger sa querelle (COPPÉE, Idylle pendant siège, 1874, p. 77).
Prononc. et Orth.:[]. Tendance à amuïr les voy. inaccentuées dans certains entourages (v. G. STRAKA ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 n ° 1 1981, p. 190). Ainsi PASSY 1914, BARBEAU-RODHE 1930: [] ou [], de même pour quereller [] ou [-], querelleur [] ou [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1155 « plainte, accusation en justice » (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 9676); 2. 1174-87 « affaire, question » estre an la querele « être en cause, en question » (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 798); 3. ca 1220 « lutte, combat intérieur, moral » (GUI DE CAMBRAI, Barlaam et Josaphat, 4440 ds T.-L.); 4. ca 1260 « différend où des adversaires s'opposent » (PHILIPPE DE NOVARE, Quatre Ages de l'homme, éd. M. de Fréville, § 136); XVIe s. querelle d'Allemagne (doc. Arch. Gironde ds GDF. Compl.); 1611 querelle d'Aleman (COTGR.); 1712 chercher querelle (FÉNELON, Dialogue des morts. Dialogue entre Anciens, XIV, éd. Paris, 1716, p. 66); 5. fin XIVe s. [ms. de Besançon 865] — XVe s. « parti que l'on prend, cause » (FROISSART, Chron., I, § 237, leçon des mss A 1 à 33, éd. S. Luce, t. 3, p. 98 et 319: preeçoit sa querelle); 1671 épouser la querele (de quelqu'un) (POMEY). Empr. au lat. querel(l)a « plainte, lamentation; doléances, réclamations », spéc. « plainte en justice ». Fréq. abs. littér.:2 297. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 593, b) 3 389; XXe s.: a) 3 526, b) 2 765. Bbg. ZEVACO (D.). Querelle. R. Philol. fr. 1917/18, n. 30, pp. 36-40.

1. querelle [kəʀɛl] n. f.
ÉTYM. 1155, « procès »; « plainte », XIIIe; faire querelle « faire des reproches », XVIe; empr. lat. jurid. querella « plainte en justice », de queri « se plaindre ».
1 Vx. Procès; plainte en justice. Le parti, les intérêts de qqn dans un litige. || « Misérable (cit. 1) vengeur d'une juste querelle » (→ aussi Bras, cit. 35, Corneille).Loc. mod. Embrasser, épouser (cit. 14) la querelle de qqn.
1 Rome aujourd'hui m'a vu père de quatre enfants;
Trois en ce même jour sont morts pour sa querelle (…)
Corneille, Horace, V 3.
2 De puissants défenseurs prendront notre querelle.
Racine, Phèdre, V, 1.
2 (1538). Différend passionné, opposition assez vive pour entraîner un échange d'actes ou de paroles hostiles; cet échange de violences. Altercation, bisbille (fam.), brouille, chamaillerie, combat (fig., cit. 12), contestation, débat (par ext.), démêlé, désaccord, différend, discorde, dispute, dissension, guerre, 1. plaid (vx). || Querelle qui entraîne des coups ( Bataille; bagarre, batterie, rixe…), des cris, des éclats de voix ( Algarade, attrapage, charivari, grabuge, prise [de bec]). || Querelle verbale. Discussion, dispute. || Leur querelle a fini en un procès. || Querelles intestines (→ 1. Intestin, cit. 4). Division.Les querelles de rues (→ Canaille, cit. 5), de cabarets (→ Justice, cit. 23). || Querelle de famille, entre les membres d'une famille (→ Médiateur, cit. 1; poursuite, cit. 3). || Querelles de clan (→ Chicanier, cit. 2), de clocher. || Querelle entre amants (→ Fêlure, cit. 4), entre époux. || Querelle qui éclate (cit. 19), s'aggrave (→ Exciter, cit. 42), s'envenime (→ Hypocondrie, cit. 2). || Provoquer une querelle (→ Brandon de discorde).Allumer (→ Potentat, cit. 1), attiser (cit. 7), aviver (cit. 6), envenimer, exciter une querelle, les querelles (cf. Mettre le feu aux étoupes, aux poudres).Accorder (cit. 2), apaiser (cit. 9), calmer (→ Entorse, cit. 1), étouffer une querelle. || Éviter une querelle (→ Concession, cit. 5). || Les querelles furent oubliées (→ Fumée, cit. 14). || Réveiller de vieilles querelles (→ Occuper, cit. 14).Prendre parti (cit. 30) dans une querelle. || Rester à l'écart de la querelle. || Arbitrer une querelle.
3 Les querelles ne dureraient pas longtemps si le tort n'était que d'un côté.
La Rochefoucauld, Maximes, 496.
4 La maladie est un des paravents que les femmes mettent le plus souvent entre elles et l'orage d'une querelle.
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 292.
5 Ainsi, donc, il n'y a pas de pures querelles d'idées. Il n'y a que des querelles de personnes, il n'y a que des querelles de sentiments et de passions. Quand deux amants, deux parents, deux amis se fâchent, ils invoquent les idées, ils appellent à la rescousse les doctrines et les philosophies; mais le nœud du discord n'est pas souvent dans l'esprit; il est dans la chair et le sang.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, X.
Avoir une querelle (avec qqn). Quereller (se); maille (avoir maille à partir). → Outrager, cit. 1. — ☑ Loc. (Vx). Être en querelle (cf. La Fontaine, Fables, II, 15).(V. 1690). Chercher querelle, en se comportant d'une manière agressive, hargneuse… Littér. || Chercher une querelle, des querelles à qqn. Provoquer (→ Chercher des poux; et aussi espèce, cit. 6; piaillement, cit. 2). || La critique lui cherche querelle. Attaque, tracasserie. — ☑ Vieilli. Faire querelle à… (→ Billet, cit. 13; chicaneur, cit. 3). || Il lui a fait une mauvaise querelle. Esclandre. — ☑ Se faire une querelle personnelle de qqch., un sujet de querelle (→ Dur, cit. 23). Vx. || Il arriva querelle (→ 1. Entre, cit. 32; état, cit. 13). — ☑ Liquider, vider une querelle, soit en se réconciliant, en s'entendant (vieilli); soit par la violence, le combat, la lutte. Expliquer (s').
6 (…) nous avons eu querelle
Sur l'hymen d'Hippolyte, où je le vois rebelle,
Querelle ? Oui, querelle, et bien avant poussée.
Molière, l'Étourdi, I, 7.
7 (…) le moment n'est pas mal choisi pour vider cette vieille querelle, et relever enfin l'honneur national !
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 108.
Loc. (XVIIe; querelle d'Allemagne, 1550). Querelle d'Allemand : mauvaise querelle, faite sans sujet ou pour un sujet insignifiant (soit d'après la réputation des Allemands d'être des querelleurs après boire, soit d'après les conflits répétés entre les petits princes allemands).
8 (…) vous ne me faites cette querelle d'Allemand que pour vous donner tout entier à Mlle de la Vergne.
Mme de Sévigné, 21, 19 août 1652.
9 Christophe se disait que ce n'était pas la peine d'être venu d'Allemagne, pour trouver à Paris des querelles d'Allemands.
R. Rolland, Jean-Christophe, Foire sur la place, I, p. 685.
Par ext. Lutte d'idées, contestation intellectuelle. || Querelles théologiques (→ Gallican, cit. 2), linguistiques (→ Philosophie, cit. 9).Querelles byzantines (cit. 3). || La querelle des anciens et des modernes, au XVIIe siècle. || La frivole (cit. 5) querelle des romantiques et des classiques.Querelle de plume (→ Appel, cit. 18).
10 Les querelles de parti, les duels de cocarde peuvent se comprendre dans les crises politiques. Il peut sembler plaisant à un républicain de ferrailler avec un royaliste, uniquement parce qu'ils se rencontrent : les passions sont en jeu, et tout peut s'excuser.
A. de Musset, Contes, « Secret de Javotte », V.
Absolt. || La querelle : l'opposition avec d'autres, la lutte (d'idées, etc.). Bataille. || Goût pour la querelle, pour la contestation (→ Escarpé, cit. 4).
3 Littér. Conflit plus ou moins violent ( Guerre) qui oppose des partis, des groupes, des pays (→ Fédération, cit. 4; indemne, cit. 1). || Une gigantesque querelle collective (cit. 2). || La querelle de l'Angleterre avec ses colonies (cit. 6). || Les huguenots, les papistes et leurs sanglantes querelles (→ Éterniser, cit. 9). || La querelle de l'Empire et du Sacerdoce (→ Gibelin, cit. 2).
CONTR. Accord, paix, réconciliation.
DÉR. Quereller.
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2. querelle [kəʀɛl] n. f.
ÉTYM. 1776, quoerelle, in D. D. L.; orig. dial. incertaine; p.-ê. du préroman carra « pierre », → Carrière; var. graphique kuerelle (1805).
Minér. Grès houiller du bassin du Pas-de-Calais.
DÉR. Querelleux.

Encyclopédie Universelle. 2012.