rognon [ rɔɲɔ̃ ] n. m.
1 ♦ Vx ou région. (Canada) Rein (de l'être humain ou d'un animal). « Quand mon frère a eu mal aux rognons, voilà trois ans passés » (Hémon).
2 ♦ Mod. Rein d'un animal, destiné à la cuisine. Un rognon de bœuf, de mouton, de porc, de veau. Rognons au madère. « Ma femme de ménage nous servit [...] des rognons à la brochette » (Balzac).
♢ Par anal. Rognons blancs : testicules d'animaux de boucherie (bélier, etc.), destinés à la cuisine.
3 ♦ (1779) Géol. Petite masse minérale arrondie qui est enrobée dans une roche différente. Rognons de silex dans la craie. — Rocher qui dépasse de la surface d'un glacier ou d'un champ de neige.
● rognon nom masculin (latin populaire ronio, -onis, du latin classique ren, renis, rein) Rein des animaux de boucherie. Îlot rocheux isolé au milieu d'un glacier ou d'un champ de neige. Masse minérale irrégulièrement arrondie, contenue dans une roche de nature différente (rognons de silex dans la craie, par exemple). ● rognon (expressions) nom masculin (latin populaire ronio, -onis, du latin classique ren, renis, rein) Table (en) rognon, table dont le dessus a la forme d'un rein. ● rognon (homonymes) nom masculin (latin populaire ronio, -onis, du latin classique ren, renis, rein) rognons forme conjuguée du verbe rogner ● rognon (synonymes) nom masculin (latin populaire ronio, -onis, du latin classique ren, renis, rein) Table (en) rognon
Synonymes :
rognon
n. m.
d1./d Rein comestible de certains animaux. Rognon de veau, de porc.
d2./d MINER Concrétion rocheuse incluse dans une roche de nature différente. Rognons de silex.
⇒ROGNON, subst. masc.
A. — Fréq. au plur.
1. a) Vieilli ou région. (Canada). Rein de l'homme. Quand mon frère a eu mal aux rognons, voilà trois ans passés, il a vu dans une gazette une annonce pour ces pilules-là, qui disait qu'elles étaient bonnes (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 202). Louis: Vous souffrez des rognons? Ali: Un peu d'albuminurie. Les médecins sont toujours à me taquiner de ce côté (CLAUDEL, Pain dur, 1918, III, 4, p. 477).
b) Populaire
— Région lombaire. Synon. reins. Ces étages, ça finit par nous couper les rognons. Y a pas à se gourer (ARNOUX, Algorithme, 1948, p. 236).
— Loc. (Avoir, marcher, se tenir) la main sur le rognon. (Avoir, marcher, se tenir) la main sur les hanches. Ne nous abandonnons pas à des pleurnichements féminins, dit le bretteur. Montrons un mâle et stoïque courage et continuons à marcher dans la vie, le chapeau enfoncé jusqu'au sourcil et le poing sur le rognon (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 323).
c) Arg. Testicule. Angèle y avait balancé un coup de pompe dans les rognons et appelé le garçon d'étage à l'aide (LE BRETON 1960).
2. BOUCH., ART CULIN.
a) Rein comestible de certains animaux donnant lieu à des préparations culinaires appréciées. Rognons de bœuf, de mouton, de porc, de veau; rognons au madère; brochette de rognons. Rognons sautés au vin de Champagne figés dans leur sauce (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 312). Elle a mangé hier, à elle seule, la moitié du plat, je l'ai vue — le morceau du rognon, si gras, si luisant, à elle seule —, un péché, un vrai péché (BERNANOS, Joie, 1929, p. 534).
b) Au plur. Testicules de certains animaux, notamment d'animaux de boucherie utilisés en cuisine. Rognons blancs. De la même façon on peut préparer de pseudo-escargots que l'on garnit avec des rognons de coq (Gdes heures cuis. fr., P. Montagné, 1948, p. 188).
B. — P. anal. (de forme)
1. GÉOL. Masse minérale arrondie, enrobée dans une roche de nature différente. En Amérique, ce sont souvent des feuilles de fougères qui occupent le centre de rognons carbonatés (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 206). L'instrument chelléen était taillé dans un rognon de silex (J. DÉCHELETTE, Manuel archéol. préhist., celt. et gallo-romaine, t. 1, 1908, p. 63).
— GLACIOL. ,,Bosse rocheuse moutonnée émergeant de la glace entre deux courants de glace, soit dans un cirque, soit à la confluence de deux langues glaciaires`` (GEORGE 1984).
2. AMEUBL. Petite table dont le plateau a la forme d'un haricot ou d'un rein. Toutes lumières éteintes, nous voilà assis autour d'une petite table, ce qu'on appelle un rognon (GREEN, Journal, 1935, p. 46).
— En appos. Des guéridons ou tables rognons, portant des lampes ainsi que divers bibelots, près de la gavotte et du canapé (HERMANT, M. de Courpière, 1907, I, 1, p. 3).
REM. Rognonneux, -euse, adj., géol. Qui est en forme de rognon ou qui est composé de nodules, de rognons. L'argile à Ornati (...) avec la couche rognonneuse de sa base (...), où se rencontrent (...) de nombreux squelettes d'ichthyosaures et de plésiosaures (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 276). On croyait jadis que le jade était un remède souverain contre les affections rénales, d'où aussi le nom de la néphrite; à moins que son aspect fréquemment rognonneux n'ait évoqué cet organe (METTA, Pierres préc., 1960, p. 92).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694: rognon, roignon; dep. 1718: rognon. V. poignée. Étymol. et Hist. 1. a) fin XIIe s. roignon « rein de l'homme » (Raoul de Cambrai, éd. P. Meyer et A. Longnon, 4174); b) 1205-50 roignon « rein de certains animaux » (Renart, éd. M. Roques, 3978); 2. 1690 rognon « testicule de certains animaux (bélier, coq) » (FUR.); 3. 1779 géol. (H. B. DE SAUSSURE, Voyages dans les Alpes, t. 1, p. 78); 4. 1910 pêche (Lar. pour tous). Du lat. pop. , accusatif de , dér. de « rein ». Le -o- de la 1re syll. s'explique par assim. vocalique. En galloroman, en ital. et en cat. les formes en re et en ro coexistent (1174-78 reignon, ÉTIENNE DE FOUGÈRES, Manières, éd. A. Lodge, 1018; a. prov. renhon, ca 1210, Croisade contre les Albigeois ds LEVY; Guernesey rignon ds FEW t. 10, p. 255a; napolitain regnone; ital. rognone; a. cat. renyó; cat. ronyó), alors que l'esp. et le port. ne connaissant que la forme en re (esp. riñón, port. ). La lang. écrite a fini par imposer la forme rognon et le sens 1 b; l'empr. du lat. ren (rein) par les médecins a restreint l'empl. du mot aux reins des animaux et en a fait un terme de bouch. Fréq. abs. littér.:60. Bbg. BEHRENS (D.). Etymologisches. In: [Mél. Mussafica (A.)]. Halle, 1905, p. 87. — HORNING (A.). Zur Wortgeschichte. Z. rom. Philol. 1897, p. 459. — QUEM. DDL t. 27.
rognon [ʀɔɲɔ̃] n. m.
ÉTYM. 1380; renon, v. 1170; du lat. pop. renio, renionem, lat. class. renes; le -o- de la première syllabe s'explique par assimilation vocalique.
❖
1 (1613; roignon, fin XIIe). Vx ou régional. Rein (de l'homme ou des animaux).
1 Il est mort fraîchement (récemment) de la pierre un homme de ce métier, qui s'était servi d'extrême abstinence à combattre son mal; ses compagnons disent qu'au rebours ce jeûne l'avait asséché et lui avait cuit le sable dans les rognons.
Montaigne, Essais, III, XIII.
2 Quand mon frère a eu mal aux rognons, voilà trois ans passés, il a vu dans une gazette une annonce pour ces pilules-là ! (…)
Louis Hémon, Maria Chapdelaine, XIV, p. 202.
♦ Mod. Fam., par plais. || Il a reçu un bon coup sur les rognons.
2 Cour. Rein (d'un animal), destiné à la cuisine. || Un rognon de bœuf, de mouton, de porc, de veau. || Rognons sauce madère (→ Mets, cit. 3). || Rognon de veau servi avec la longe. ⇒ Rognonnade. — (1690). || Rognon de veau : ensemble de la longe (où se trouve le rognon).
3 Ma femme de ménage nous servit des huîtres, du vin blanc, une omelette, des rognons à la brochette, un reste de pâté de Chartres que ma vieille mère m'avait envoyé (…)
Balzac, l'Envers de l'Histoire contemporaine, Mme de La Chanterie, Pl., t. VII, p. 277.
3 (1690). a Rognons de coq : testicules de coq. || Les rognons de coq sont utilisés en cuisine pour composer des garnitures. — (1701). || Rognon de coq, nom donné à certaines variétés de haricots, de prunes, de raisins.
4 Par analogie.
b (1779). Géol. Petite masse minérale arrondie qui est enrobée dans une roche différente. || Silex en rognons dans la craie. || Des rognons de silex.
❖
DÉR. (Du même rad.) Rognonnade.
Encyclopédie Universelle. 2012.