sanglot [ sɑ̃glo ] n. m.
• XIIe; var. sanglout, senglout; lat. pop. °singluttus, altér., d'apr. gluttire « avaler », du lat. class. singultus « hoquet »
♦ Inspiration, respiration brusque et bruyante, presque toujours répétée, due à des contractions successives et saccadées du diaphragme, qui se produit généralement dans les crises de larmes (⇒ hoquet). « Des sanglots me secouèrent, des larmes ruisselèrent de mes yeux » (Proust). « Il sanglotait à grands sanglots qui lui secouaient les épaules au passage » (Genevoix). Éclater en sanglots. Les sanglots me nouent la gorge. — Avoir des sanglots dans la voix, une voix étranglée par des sanglots retenus.
♢ Poét. Expression spontanée, sincère de la douleur. ⇒ gémissement, plainte. « Et j'en sais d'immortels [des chants] qui sont de purs sanglots » (Musset).
♢ Par anal. Bruit comparé à un sanglot. « Les sanglots longs Des violons De l'automne » (Verlaine). « Le sinistre Océan jette son noir sanglot » (Hugo).
● sanglot nom masculin (latin populaire singluttus, altération du latin classique singultus, sanglot, d'après gluttire, avaler) Contraction spasmodique du diaphragme sous l'effet de la douleur ou de la peine, accompagnée de larmes, suivie de l'émission brusque et bruyante de l'air contenu dans la poitrine (souvent au pluriel) : Éclater en sanglots. Littéraire. Bruit qui évoque le sanglotement : Les longs sanglots du vent. ● sanglot (citations) nom masculin (latin populaire singluttus, altération du latin classique singultus, sanglot, d'après gluttire, avaler) Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 Car c'est enfin, Seigneur, le meilleur témoignage Que nous puissions donner de notre dignité, Que cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge Et vient mourir au bord de votre éternité ! Les Fleurs du Mal, les Phares Alfred de Musset Paris 1810-Paris 1857 Les plus désespérés sont les chants les plus beaux Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots. Poésies, la Nuit de mai Charles Perrault Paris 1628-Paris 1703 À l'ouïr sangloter et les nuits et les jours, On jugea que son deuil ne lui durerait guère. Peau-d'Âne Paul Verlaine Metz 1844-Paris 1896 Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon cœur D'une langueur Monotone. Poèmes saturniens, Chanson d'automne Messein
sanglot
n. m. Spasme respiratoire bruyant d'une personne qui pleure. être en sanglots.
⇒SANGLOT, subst. masc.
A. — 1. Gén. au plur. Contraction spasmodique du diaphragme, due à une douleur ou à un sentiment vif, qui provoque une respiration brusque et bruyante, souvent accompagnée de pleurs. Sanglots étouffés, convulsifs, désespérés, nerveux, précipités, profonds; sanglots de joie; fondre en sanglots; pleurer à gros sanglots; secoué de sanglots; grands, gros, longs sanglots; contenir, étouffer, retenir ses sanglots; éclater en sanglots. Et soudain elle pleura. Les larmes lui coulaient des yeux sans qu'elle arrêtât le flux de ses plaintes. Mais les mots avaient pris des intonations criardes et fausses, des notes mouillées, puis des sanglots l'interrompirent (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Soirée, 1883, p. 1274). Et cette musique de Debussy. Moi, si raidi et durci jusque-là, j'ai eu une crise de sanglots terrible (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 223).
2. Au sing. Spasme, frisson convulsif, hoquet. La femme pâle, Avec un long sanglot douloureux comme un râle, Frissonna tristement dans un horrible émoi (BANVILLE, Cariat., 1842, p. 95). Juliette, fermant les yeux, la gorge soulevée par un sanglot de honte et de plaisir, attendait la défaite (AYMÉ, Jument, 1933, p. 255).
— MÉD. Spasme du sanglot. ,,Apnée prolongée avec convulsions cloniques, contractures et perte de connaissance, consécutives au cri, chez l'enfant de moins de 4 ans`` (GARNIER-DEL. 1972).
B. — Au fig., littér. Expression d'une douleur vraie ou d'un sentiment profondément ressenti. Les mourants sont par l'eau tordus autour des arbres; Rien n'échappe, et la nuit monte. Profonds sanglots! (HUGO, Légende, t. 5, 1877, p. 1080). Grand silence des Andes prodigieux et solitaires, Ce n'est pas vous, non, qui remplissez ce cœur D'une harmonie indescriptible, où se mêlent Une joie féroce et des sanglots d'orgueil! (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 65).
C. — P. anal., littér. Bruit qui évoque un sanglot. Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon cœur D'une langueur Monotone (VERLAINE, Poèmes saturn., 1866, p. 72). La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs Rêvant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs Vaporeuses, tiraient de mourantes violes De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles (MALLARMÉ, Poés., 1898, p. 30). À gros sanglots la gouttière crevée se vidait sur le balcon (COLETTE, Duo, 1934, p. 191).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1170 « spasme de la poitrine » (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 6181); b) 1314 sangloit « hoquet » (HENRI DE MONDEVILLE, Chirurgie, 1717 ds GDF. Compl.); 2. p. anal. a) déb. XVIe s. singlot en parlant du soulèvement des vagues de la mer (D'AUTON, Chron., Richel. 5082, f ° 60 r ° ds GDF.); b) 1827 (BAOUR-LORMIAN, Ossian, p. XVII: sa harpe est humide de pleurs, chacun de ses sons est un sanglot). Du lat. pop. singluttus, altér. à partir de gluttire « avaler », de singultus « hoquet; en particulier hoquet des personnes qui pleurent, sanglot; râle ». Fréq. abs. littér.:2 085. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 097, b) 4 080; XXe s.: a) 4 276, b) 2 318.
sanglot [sɑ̃glo] n. m.
ÉTYM. V. 1175; var. sanglout, senglout, d'un lat. pop. singlutius, altér., d'après gluttire « avaler », du lat. class. singultus « hoquet », sens conservé en franç. jusqu'au XVIIIe.
❖
1 Inspiration, et, par ext., respiration brusque et bruyante, presque toujours répétée, due à des contractions successives et saccadées du diaphragme, qui se produit généralement dans les crises de larmes et peut persister après la cessation des pleurs. ⇒ Hoquet (cit. 7), soupir, spasme. || Pousser des sanglots || Éclater (cit. 15) en sanglots (→ Angoisse, cit. 3; excéder, cit. 10). ⇒ Hoqueter (cit. 2), pleurer (cit. 8). || Sanglot qui jaillit (→ Comprimer, cit. 1; désespéré, cit. 24), éclate (cit. 14). || Se délivrer (cit. 16) par un sanglot; se dégorger (cit. 4) en sanglots. || Les sanglots m'étouffent (→ Gradation, cit. 1), me nouent (cit. 6) la gorge. || Étouffer (cit. 25), contenir (→ Éclater, cit. 14), retenir ses sanglots. || Voix entrecoupée (cit. 6) par les sanglots (→ Inintelligible, cit. 3; miséricorde, cit. 2). — ☑ Loc. Avoir des sanglots dans la voix, une voix étranglée par des sanglots retenus.
1 (…) ma poitrine s'enfla, remplie d'une présence inconnue, divine, des sanglots me secouèrent, des larmes ruisselèrent de mes yeux.
Proust, Sodome et Gomorrhe, Pl., t. II, p. 755.
2 Il sanglotait à grands sanglots qui lui secouaient les épaules au passage, qui jaillissaient de lui longuement, et revenaient toujours, l'un, puis l'autre, réguliers et profonds, ébranlaient tout son corps comme les coups d'une cognée un arbre.
M. Genevoix, Raboliot, IV, II.
3 Il s'efforçait de parler le moins possible, la voix faussée, la pomme d'Adam secouée de sanglots silencieux.
Malraux, la Condition humaine, IV, 11 avr., Une heure.
2 Poét. Expression spontanée, sincère, de la douleur, du chagrin. ⇒ Gémissement, plainte. || « Et j'en sais d'immortels (chants, cit. 12) qui sont de purs sanglots » (Musset). || De vrais sanglots (→ Églantine, cit. 2, Musset). || Ces divins sanglots (→ Livre, cit. 11).
4 Un sanglot tout nu n'est pas beau; il offense. Un bon raisonnement offense aussi, comme Stendhal l'avait bien vu. Mais un raisonnement qui masque un sanglot, voilà notre affaire.
Sartre, Situations II, p. 82.
3 Bruit comparé à un sanglot. || « Les sanglots longs Des violons De l'automne » (→ Langueur, cit. 8, Verlaine). || Un sanglot d'eau (→ Cours, cit. 2, Colette).
5 (…) et dehors, blanc d'écume,
Au ciel, aux vents, aux rocs, à la nuit, à la brume,
Le sinistre Océan jette son noir sanglot.
Hugo, la Légende des siècles, LII, I.
❖
DÉR. V. Sangloter.
Encyclopédie Universelle. 2012.