scandaleux, euse [ skɑ̃dalø, øz ] adj.
• 1361; bas lat. scandalosus
1 ♦ Qui cause du scandale, provoque un grand retentissement dans le public, par son mauvais exemple. Vie, conduite scandaleuse. Procès, roman scandaleux. — (Personnes) « Dans l'autobus, au cinéma, dans le métro, elle était scandaleuse, elle disait toujours ce qu'il ne fallait pas dire, sa voix ronde lâchait des mots scandaleux » ( Sartre).
♢ Relatif aux scandales. Chronique scandaleuse.
2 ♦ (1596) Relig. Qui cause le scandale, incite au péché.
3 ♦ Choquant par son immoralité, son excès dans le cynisme. Prix scandaleux, trop élevé. Mauvais goût scandaleux. ⇒ épouvantable. C'est scandaleux ! ⇒ honteux, révoltant.
⊗ CONTR. Édifiant, moral.
● scandaleux, scandaleuse adjectif (bas latin scandalosus) Qui cause ou est capable de causer du scandale : Vie scandaleuse. Qui choque par son excès : Prix scandaleux. ● scandaleux, scandaleuse (synonymes) adjectif (bas latin scandalosus) Qui choque par son excès
Synonymes :
- choquant
- dégradant
- déshonorant
- honteux
- infâme
- révoltant
scandaleux, euse
adj.
d1./d Qui crée du scandale.
d2./d Très choquant. Une désinvolture scandaleuse.
⇒SCANDALEUX, -EUSE, adj.
A. — [Corresp. à scandale A]
1. Qui heurte la raison, qui peut être un obstacle à la foi religieuse.
a) [En parlant d'une pers.] Et maintenant le grand bon-dieu noir rongé par le soleil et la pluie, le scandaleux supplicié, Le voici entre ces murs caché des hommes avec nous (CLAUDEL, Otage, 1911, I, 1, p. 230).
b) [En parlant d'un inanimé] Ce que le christianisme oppose à la sagesse du monde, c'est donc l'impénétrable, le scandaleux mystère de Jésus (GILSON, Espr. philos. médiév., 1931, p. 23). La foi est un acte, une conversion de l'être, et par là elle est supérieure à la raison, pour qui elle est scandaleuse (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 55).
2. Qui consiste en un scandale. Confesse-toi demain matin. Dis-lui que tu es torturée par un amour scandaleux. Dis-lui que tu aimes un moine (SALACROU, Terre ronde, 1938, I, 4, p. 161).
B. — [Corresp. à scandale B]
1. Qui cause du scandale, qui provoque l'indignation, la réprobation.
a) [En parlant d'une pers.] Ce sont de tels archevêques pourtant (...) comme l'habile, mais impur et scandaleux de Harlay, qui ont amené contre Port-Royal les choses, de proche en proche, au degré de ruine qu'un prélat (...) se prêta à laisser consommer (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 203).
— En partic. Qui fait un scandale bruyant. À une des dernières courses à Madrid, j'ai été scandaleux. On m'a dit, mais j'ai peine à le croire, que j'ai applaudi avec fureur, non le matador, mais le taureau au moment où il enlevait, sur ses cornes, cheval et homme (MÉRIMÉE, Mosaïque, 1833, p. 509). Ils se bousculent, ils rient, ils crient, scandaleux et provocants comme des tapettes (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 203).
b) [En parlant d'un inanimé]
— [En parlant d'une conduite, d'une œuvre] Livre, pamphlet, propos, roman scandaleux; vie scandaleuse. Est-ce donc aujourd'hui la saint-Cupidon, et ne pourrais-je faire un pas sans me heurter à des amoureux? Cela est immoral et scandaleux. Que fait donc la police? (MURGER, Scène vie boh., 1851, p. 54).
— [En parlant d'un fait] Or M. Cavaignac lui-même, qui avait obtenu de la faiblesse de M. Brisson cette arrestation scandaleuse, était à quelques semaines de là obligé de reconnaître qu'en effet la pièce arguée de faux par le colonel Picquart était un faux (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 260).
c) [Dans une tournure impers.] C'est/il est scandaleux de + verbe à l'inf. Ma belle-mère entra, et me pria de faire cesser ces chants, parce qu'il était scandaleux d'entendre de la musique le dimanche (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 407). C'est indigne et c'est scandaleux. Tu prétends me faire te donner une somme considérable en échange d'un renseignement sans aucune valeur pratique (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 87).
2. Qui surprend par son originalité, sa nouveauté, son absence de conformisme. [Le quatuor en ut] part sur une dissonance scandaleuse, prolongée, aggravée, pareille à un nœud trop serré d'où les fils mélodiques se dégagent progressivement (GHÉON, Prom. Mozart, 1932, p. 209). Les nombres irrationnels, qu'ils [les Grecs] jugeaient exceptionnels, scandaleux, sacrilèges, nous attirent (ARNOUX, Algorithme, 1948, p. 54).
C. — [Corresp. à scandale C]
1. Relatif aux scandales, notamment aux scandales mondains. V. galant II C 3 ex. de Sainte-Beuve.
2. Qui constitue un scandale. Affaire scandaleuse; mensonges, procès scandaleux. Le journal Beaux-Arts a dénoncé dernièrement l'état de saleté scandaleux où se trouve Aigues-Mortes devenue une immense poubelle (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p. 169).
— En partic. [En parlant d'une somme d'argent, d'un prix] Exagéré, trop élevé. Bénéfices scandaleux. Certains commerçants, hommes d'affaires, intermédiaires, réalisent des gains scandaleux (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 180).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1365 « qui provoque l'indignation » (ORESME, Traité des monnoies, éd. L. Wolowski, p. 29); 2. 1596 « qui agace, irrite » (HULSIUS); 1671 « qui met en danger de chute par son mauvais exemple (d'une personne) » (POMEY). Empr. au lat. tardif scandalosus « abominable » VIe-VIIe s. ds GAFF., dér. de scandalum, v. scandale. Fréq. abs. littér.:513. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 717, b) 500; XXe s.: a) 784, b) 829.
DÉR. Scandaleusement, adv. a) D'une manière scandaleuse, éhontée. Être scandaleusement riche. Si vous avez une belle affaire de pétrole à vous (...) ce sera une affaire scandaleusement profitable (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 64). b) Fam. D'une manière excessive, bruyante. Elle n'a cessé de se plaindre scandaleusement et même de s'agiter avec fureur en proférant des cris et des injures (BLOY, Journal, 1904, p. 208). — []. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1res attest. av. 1473 « d'une manière honteuse, qui cause du scandale » (JEAN JUVENAL DES URSINS, Hist. de Charles VI ds Nouv. coll. des Mém. pour servir à l'Hist. de France, 1re série, t. 2, p. 345), 1511 (JEAN LEMAIRE DE BELGES, Différence des schismes, éd. J. Stecher, t. 3, p. 324: Et mourut scandaleusement); de scandaleux, suff. -ment2. — Fréq. abs. littér.:41.
scandaleux, euse [skɑ̃dalø, øz] adj.
ÉTYM. 1361; bas lat. scandalosus, de scandalum. → Scandale.
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1 Relig. Qui cause le scandale, est un sujet de scandale. || Nouveautés scandaleuses en matière de religion (→ Protestant, cit. 1). || Écrit scandaleux. — (Personnes). Rare. || Prêtre scandaleux (Bourdaloue, in Littré).
1 Nous, sachant combien il serait en effet dangereux de souffrir que la véritable piété fût blessée par une représentation si scandaleuse (de « Tartuffe ») …
2 (1361). Cour. Qui cause du scandale (B.). || Vie, conduite scandaleuse. || Scandaleuse histoire (→ Égorger, cit. 3). || Aventures, historiettes (cit. 2) scandaleuses (→ Entracte, cit. 4; jubilant, cit. 2). || Procès, romans scandaleux (→ Perversité, cit. 2). — (Personnes) :
2 Elle était scandaleuse. Dans l'autobus, au cinéma, dans le métro, elle était scandaleuse, elle disait toujours ce qu'il ne fallait pas dire, sa voix ronde lâchait des mots scandaleux.
Sartre, le Sursis, p. 161.
3 (1690). Relatif aux scandales (B., 2.). || Chronique (cit. 3), histoire scandaleuse (→ Honneur, cit. 111). — Qui constitue un scandale (B., 3.). ⇒ Déplorable, honteux, indigne. || Un scandaleux état de fait (→ Fatalité, cit. 8). || Légèreté (cit. 10) scandaleuse. — Fam. (Sens affaibli). || Prix scandaleux, trop élevé. || C'est scandaleux ! ⇒ Honteux. || Mauvais goût scandaleux. ⇒ Ahurissant (2.), épouvantable, révoltant.
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CONTR. Édifiant, moral.
DÉR. Scandaleusement.
Encyclopédie Universelle. 2012.