soufflet [ suflɛ ] n. m. I ♦
1 ♦ Instrument servant à souffler de l'air, formé de deux tablettes reliées par un assemblage souple qui se déplie en faisant entrer l'air et se replie en le chassant. « Il a fallu que j'attise le feu avec un soufflet » (Sartre). Soufflet de forge.
2 ♦ Partie pliante ou souple entre deux parties rigides (ressemblant à un soufflet), destinée à donner de l'ampleur, à assurer de la souplesse. Sac, poche, casquette à soufflets. — Soufflet de train, passage articulé entre deux voitures. « Il franchit le soufflet, pénétra dans le wagon voisin » (Bedel). — Soufflet d'appareil photographique : partie pliée en accordéon servant à éloigner l'objectif de la plaque, du film (anciens appareils et appareils professionnels).
II ♦ (1396; à cause du bruit produit par le coup) Vx ou littér. (sens pr.) Coup du plat ou du revers de la main appliqué sur la joue. ⇒ gifle. Le soufflet reçu par Don Diègue (dans « le Cid »). Une main « lui donna sur la joue un soufflet » (France).
♢ Mod., Fig. et littér. ⇒ affront, outrage. « C'était un démenti donné à toute ma vie, un soufflet appliqué à mes convictions » (Courteline). ⇒ camouflet.
● soufflet nom masculin (de souffler) Instrument formé d'une cavité en matériau souple qu'on dilate pour la remplir d'air par aspiration, pour ensuite la vider par compression, en produisant un jet d'air dirigé. Littéraire. Coup du plat ou du revers de la main sur la joue. Littéraire. Acte ressenti comme un affront, une mortification. Architecture Dans le gothique flamboyant, élément de remplage ayant la forme d'un cœur plus ou moins allongé selon un axe rectiligne. (Associé, ou non, avec des mouchettes.) Chemin de fer Couloir flexible de circulation, situé à l'extrémité des voitures et destiné à permettre le passage entre elles. Chaussure Languette en forme de triangle assurant l'étanchéité de la fermeture. Couture Morceau de tissu intercalé dans une couture ou entre une poche plaquée et le vêtement de façon à donner de l'ampleur. Maroquinerie Pièce latérale ou de fond d'un article de maroquinerie qui, en s'ouvrant ou en se fermant, permet d'agrandir ou de diminuer la capacité de l'objet. Photographie Partie extensible, en toile ou en peau, plissée en accordéon, formant la chambre noire de certains appareils photographiques. Accessoire de photomacrographie comportant une partie extensible se fixant entre l'objectif et le boîtier photographique. ● soufflet (citations) nom masculin (de souffler) Bible Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas tenir tête au méchant : au contraire, quelqu'un te donne-t-il un soufflet sur la joue droite, tends-lui encore l'autre. Évangile selon saint Matthieu, V, 39 ● soufflet (expressions) nom masculin (de souffler) Fenêtre à soufflet, fenêtre dont le châssis s'ouvre par rotation autour d'un axe horizontal situé en rive inférieure. ● soufflet (homonymes) nom masculin (de souffler) soufflaient forme conjuguée du verbe souffler soufflais forme conjuguée du verbe souffler soufflait forme conjuguée du verbe souffler soufflé nom masculin souffler verbe ● soufflet (synonymes) nom masculin (de souffler) Littéraire. Coup du plat ou du revers de la main sur...
Synonymes :
- claque
- gifle
Littéraire. Acte ressenti comme un affront, une mortification.
Synonymes :
- avanie
- brimade
- outrage
soufflet
n. m.
rI./r
d1./d Instrument destiné à souffler de l'air sur un foyer, constitué en général d'une poche de matière souple (cuir, notam.) fixée entre deux plaques rigides que l'on éloigne et que l'on rapproche alternativement pour expulser de l'air à travers un conduit.
d2./d Par anal. Ce qui se replie comme le cuir d'un soufflet. Une serviette à soufflets.
rII./r Vx ou litt. Gifle.
|| Fig. Affront.
⇒SOUFFLET, subst. masc.
A. — 1. a) Instrument utilisé pour souffler de l'air sur un point donné, composé d'une cavité souple, généralement en cuir, fixée entre deux tablettes qui se déplient en faisant entrer l'air et se replient en le chassant.
— [Pour activer la combustion] Âme, manche, tuyère d'un soufflet. En été, quand on travaillait à la forge, je tirais le soufflet jusque dix heures (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 28). Sa poitrine qu'on voyait se gonfler et s'abaisser comme un soufflet de forge (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p. 152).
♦ Soufflet à deux vents, à double vent, à deux âmes. ,,Soufflet dont une partie aspire l'air pendant que l'autre le chasse, de manière qu'il souffle sans interruption`` (JOSSIER 1881).
♦ Soufflet (de cheminée). Petit appareil à main, composé de deux parties plates, réunies par une feuille souple de cuir permettant de les éloigner ou de les rapprocher. Il a fallu que j'attise le feu avec un soufflet pendant qu'ils jetaient leurs papiers dedans (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 65). P. métaph. Nous y voilà, tout brûlants, tout excités, diables dans la braise. Il s'agit d'une vieille braise, sur quoi j'efforce le soufflet usé de la rancune (H. BAZIN, Mort pt cheval, 1949, p. 252).
— [Pour produire des sons] Soufflet (d'orgue). La parole (...) ne se forme point comme une note sous le doigt de l'organiste quand le pied presse le soufflet (CLAUDEL, Violaine, 1901, I, p. 573). [Dans l'harmonium] le son est obtenu au moyen de petites lames métalliques appelées anches libres et mises en vibration par des soufflets placés au bas de l'instrument et manœuvrés par les pieds de l'instrumentiste (ROUGNON 1935, p. 233).
— [Pour envoyer qqc. dans une direction donnée] AGRIC. ,,Instrument agricole destiné à projeter des insecticides, ou du soufre, sur des plantes cultivées afin de les protéger contre les insectes ou les maladies cryptogamiques`` (FÉN. 1970). Soufflet à poudre insecticide; soufflet à soufrer; soufflet de viticulteur. Un soufflet fumigatoire composé d'un fourneau (...) terminé par une sorte de pomme d'arrosoir (...) sert à lancer la fumée de tabac (DU BREUIL, Cult. arbres, 1876, p. 449). Les soufflets dont on fait usage pour soufrer la vigne peuvent être divisés en deux catégories: les soufflets simples et les soufflets à régulateurs (BRUNET, Matér. vitic., 1909, p. 232).
b) PATHOL., vieilli. (Bruit de) soufflet. Bruit cardiaque observé dans les néphrites chroniques, semblable au bruit d'aspiration d'un soufflet. Jamais je n'ai vécu avec un mari sans soufflet dans la gorge, un mari à thorax d'or pur. Sa vie est un combat à mort contre l'asphyxie (GIRAUDOUX, Sodome, 1943, I, 1, p. 36).
2. P. anal.
a) [De bruit] Arg. ,,Derrière`` (FRANCE 1907). Soufflet à punaises. ,,Fusil`` (ESN. Poilu 1919, p. 408). Synon. arg. pétard.
b) [De fonction]
— Vx ou arg. Poumons. Synon. arg. soupapes (v. soupape). [Au jeu de crosse] Il fallait avoir de bons soufflets dans la poitrine et des charnières en fer dans les genoux (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1374). L'autre [blessé] répondit d'une voix sourde, en frappant son poumon: — Dans l'soufflet (ESNAULT, Notes compl. Poilu [1919], 1957). Avoir les souflets béquetés aux mites, loc. ,,Être atteint de la tuberculose`` (RIV.-CAR. 1969).
— ICHTYOL. Bécasse (v. ce mot B). D'autres genres [de poissons] (...) des soufflets, au museau long et tubuleux (...) qui tuent les insectes en les frappant d'une simple goutte d'eau (VERNE, Vingt mille lieues, t. 2, 1870, p. 10).
c) [D'aspect, de forme, parfois de fonction]
) [À propos de choses qui se replient comme le cuir d'un soufflet]
— ARCHIT. ,,Élément du réseau des fenêtres de style flamboyant; il peut y paraître seul ou conjugué avec les mouchettes`` (NÉR. Hist. Art 1985).
— COUT. Morceau de tissu, généralement triangulaire, intercalé dans une couture ou entre une poche plaquée et le vêtement pour donner de l'ampleur. Les chasubles n'ont pas ces formes de tablier de sapeur et elles n'arborent point sur les épaules du prêtre ce renflement, cette sorte de soufflet pareil à une oreille couchée d'ânon, qu'à Paris les étoliers fabriquent (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 220). Cette ampleur [de la chemise de nuit] s'évase en godets, en soufflets, en plis à la cheville ou jusqu'au sol (Catal. Carrefour, 2 janv. 1952, p. 4, col. 6). COUT. À soufflet(s), loc. adj. Chemise, veste à soufflet(s). Poches à soufflets (...). Ce soufflet sert à donner de l'aisance pour mettre des objets (DREYFUS, Manuel apiéceur, av. 1953, p. 32).
— MAR. ,,Abord d'un grand navire, coupure transversale ménagée dans un pont supérieur, afin de lui laisser un peu de souplesse aux mouvements de tangage`` (MERRIEN 1958).
— MAROQ. ,,Pièce latérale ou de fond d'un portefeuille, d'une serviette, d'un sac, etc. dont le pli longitudinal, en s'ouvrant ou en se fermant, permet d'agrandir ou de diminuer la capacité de l'objet`` (RAMA Maroq. 1975). Sur un soufflet intérieur, en discrètes lettres d'or, la serviette portait cette indication:Defouqueblize (GIDE, Caves, 1914, p. 848). MAROQ. À soufflet(s), loc. adj. Serviette à un, deux, trois soufflet(s). Suivi du domestique qui pliait sous le poids d'une malle, d'une valise à soufflets, d'un sac de nuit (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 167). Un porte-monnaie d'ivoire à soufflets de satin blanc (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1329).
— MUSIQUE
♦ Soufflet d'accordéon. Partie extensible d'un accordéon. Parois solides et (...) membranes élastiques formant des chambres analogues à des soufflets d'accordéon (QUÉRET, Industr. gaz, 1923, p. 220).
♦ ,,Signe d'interprétation (...) formé du rapprochement des signes du « crescendo » et du « descrescendo »`` (Mus. 1976). D. Mazocchi invente plusieurs signes d'expression comme les soufflets (LALO, Esthét. mus. sc., 1908, p. 276). Un signe en forme de v placé verticalement [sur une note de musique] indique que le son doit être fortement appuyé; placé horizontalement, il signifie que le son attaqué avec force doit être ensuite diminué d'intensité. Ce dernier signe est appelé soufflet (...). Le soufflet étendu à une suite de notes ou à une phrase (...) prescrit, selon sa direction, une augmentation (...) de l'intensité < ou une diminution (...) > Ce signe correspond aux mots Crescendo et Decrescendo, ou Diminuendo (BRENET Mus. 1926, p. 300).
— PHOT. ,,Partie extensible en forme d'accordéon, étanche à la lumière, reliant le porte-objectif et le porte-film (ou le corps avant et le corps arrière) d'une chambre photographique`` (Microgr. 1980). L'appareil [photographique], de format réduit, n'a pas de soufflet déformable (PRINET, Phot., 1945, p. 33).
— TRANSPORTS
♦ CH. DE FER. Passage articulé entre deux voitures de chemin de fer. Marat se trouve pressé, avec une dizaine de voyageurs, entre un soufflet clos par un panneau métallique et une porte vitrée solidement verrouillée qui donne accès au couloir d'un wagon-lit (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 121). Le passage d'une voiture à une autre est assuré par une porte située en bout de chaque plateforme et qui donne accès au soufflet accouplé au soufflet de la voiture suivante (BAILLEUL, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 112). À soufflet(s), loc. adj. Ballotté, bousculé comme s'il était sur la plaque trépidante d'un passage à soufflets entre deux wagons (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 728).
♦ HIST. DES TRANSP. Capote de véhicule hippomobile qui se replie par un système de leviers articulés. Fermer, ouvrir le soufflet. [Les écrins] céderont à la pression de ton doigt comme le soufflet de ma calèche (NODIER, Trésor Fèves, 1833, p. 48). P. méton., vx. Ce véhicule. Les voitures: coucous, soufflets, landaus, berlines, carrosses, charrettes (...) roulent du matin au soir comme un torrent (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 335). Elle était seule, avec un laquais, dans un soufflet de satin mauve, tiré par trois petits poneys, tout harnachés d'argent (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 204).
) [À propos de choses qui font une poche d'air] RELIURE. Boursouflure ou pli produit par une bulle d'air sous le papier, la peau ou la toile encollé(e) de la couverture d'un livre relié. (Dict. XXe s.).
) [À propos de choses qui permettent le jeu de ressorts] Les sommiers à soufflets sont ceux dont la caisse est échancrée sur les côtés et garnie de ressorts (Lar. mén. 1926, p. 766).
B. — Vieilli ou littér.
1. a) Coup donné sur la joue avec le plat ou le revers de la main. Synon. baffe (pop.), calotte (fam.), claque1, gifle. Administrer, appliquer, donner un soufflet à qqn; recevoir un soufflet. Ce qui déshonore est funeste: un soufflet ne fait physiquement aucun mal, et cependant il vous tue (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 630). Elle le trouva qui tenait la fausse nièce sur ses genoux, le traita de paillard, lui donna des soufflets et l'obligea à lui demander pardon (FRANCE, Île ping., 1908, p. 394).
— Arg. Voler au soufflet. ,,Entrer brusquement dans un magasin où une dame solde des objets de luxe, la souffleter en jouant au mari indigné et disparaître avec son porte-monnaie`` (LARCH. 1880).
— Rare. Coup vif de la main sur quelque chose ou quelqu'un. Ils se bourrèrent les reins de gros soufflets, pour épousseter leur uniforme (D'ESPARBÈS, Lég. aigle, 1893, p. 11).
b) P. anal. Coup vif sur le visage (donné en partic. par un élément atmosphérique). Synon. gifle. Soufflet du vent. Les égratignures des broussailles et les soufflets des branches (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 4). Il reçut un soufflet mouillé dès qu'il mit les pieds dehors (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 178).
♦ Soufflet du temps. Ensemble des marques physiques dues aux années, outrages du temps. — Ai rencontré Camille, belle autrefois comme celle d'André Chénier, mais, hélas! frappée à la joue de ce rude soufflet du temps qui laisse sa marque où il est tombé (BARB. D'AUREV., Memor. 2, 1838, p. 312).
2. Au fig.
a) Loc. pop. Donner, foutre un soufflet à une bouteille. Boire d'un trait une bonne quantité (d'alcool). Synon. donner une claque à (v. claque1). Vidocq donnait ce qu'on appelle proprement un soufflet à un litre d'eau-de-vie ([L'HÉRITIER], Suppl. Mém. Vidocq, t. 1, 1830, p. XXXV).
b) Loc., vx. Donner un soufflet à. Faire quelque chose de contraire à. Donner un soufflet au bon droit, à la raison, au sens commun. Ils ont laborieusement cherché à donner un démenti à la Bible et un soufflet aux prophéties (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 325). — (...) il paraît que c'est fait, ils ont annulé mon mariage (...) — Non, non! on n'imagine pas une farce pareille! C'est le plus beau soufflet que je connaisse, donné à la justice et au simple bon sens (ZOLA, Rome, 1896, p. 350).
c) Dommage, préjudice, blessure d'amour propre infligée à quelqu'un. Synon. affront, avanie, humiliation, insulte, offense, outrage, vexation. V. souffletant rem. s.v. souffleter ex.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Dernier tiers du XIIIe s. [ms.] « instrument servant à souffler, à faire du vent, surtout pour activer le feu » (Oustillement B ds Biens d'un ménage, éd. V. Nyström, I B, 67: souflet); b) 1855 bruit de soufflet méd. (LITTRÉ-ROBIN); 2. a) 1500 « ce qui se replie comme un soufflet » (doc. ds GDF. Compl.); b) 1690 « sorte de voiture ou de chaise roulante sur deux roues dont le dessus et le dedans sont de cuirs ou de toiles cirées qui se lèvent et se plient comme un soufflet » (FUR.); c) ) 1833 cout. (M. VANDAEL, Man. théorique et pratique du tailleur, p. 232 [Roret] ds QUEM. DDL t. 16); ) 1857 « partie pliante ou souple entre deux parties rigides destinée à donner du volume, de l'ampleur » (NOSBAN, Manuel menuisier, t. 2, p. 594); d) 1895 soufflet de chambre noire (GUÉRIN Suppl.); e) 1927 ch. de fer « passage articulé entre deux voitures » (M. BEDEL, Jérôme, 60e latitude Nord, II ds ROB.). B. 1. 1396 « coup du plat ou du revers de la main appliqué sur la joue » (Manière de Langage ds R. crit. d'hist. et de litt., 5e année, 2e semestre, 1870, p. 397); 2. ca 1590 « affront, outrage » (MONTAIGNE, Essais, II, 21, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 677). Dér. de souffler; suff. -et. On note aussi, au sens B 1, le subst. soufflace (1396 ds GDF.), également dér. de souffler. Fréq. abs. littér.:504. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 568, b) 1 476; XXe s.: a) 862, b) 348. Bbg. QUEM. DDL t. 34.
soufflet [suflɛ] n. m.
ÉTYM. V. 1155; de souffler, par le passage sémantique de l'intrans. souffler à un verbe actif souffler « faire une joue gonflée (par un coup) ».
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1 Instrument servant à souffler (II., 5.) de l'air, formé de deux tablettes reliées par un assemblage souple qui se déplie en faisant entrer l'air et se replie en le chassant, selon qu'on les écarte ou qu'on les réunit. || Âme ou soupape, manches ou queues, tuyère d'un soufflet. || Soufflet à deux vents ou à vent continu, formé de deux parties dont l'une aspire pendant que l'autre souffle. || Soufflet domestique, de cheminée pour activer le feu (→ Foyer, cit. 3). || Soufflet de forge (cit. 4). || Soufflet d'une soufflerie d'orgue.
1 — Il a fallu que j'attise le feu avec un soufflet pendant qu'ils jetaient leurs papiers dedans. Je recevais toute la fumée dans la gueule.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 65.
➪ tableau Noms d'instruments.
♦ Clou à soufflet : clou de cuivre qui décore le manche d'un soufflet. — ☑ Loc. fig. (vx) Se soucier de qqch. comme d'un clou à soufflet : s'en moquer.
1.1 C'est un philosophe dans son espèce. Il ne pense qu'à lui; le reste de l'univers lui est comme d'un clou à soufflet.
Diderot, le Neveu de Rameau, Pl., p. 429.
♦ (1819, Laennec). Méd., vx. || Bruit de soufflet : bruit cardiaque rappelant celui de cet instrument. ⇒ Souffle.
2 (1700, soufflet de voiture « capote pliante »; « voiture à capote pliante », 1690). Par anal. de forme. Partie pliante ou souple entre deux parties rigides, destinée à donner du volume, de l'ampleur, à assurer une certaine souplesse… || Sac, malle, valise à soufflets latéraux. || Poches, casquette à soufflets. — Soufflet de train : passage articulé entre deux voitures. || Plaque (cit. 2) d'un passage à soufflets. || Soufflet d'appareil photographique : partie pliée en accordéon servant à éloigner l'objectif de la plaque, du film (dans les anciens appareils ou appareils professionnels).
2 Il bondit, hors du compartiment, bouscula le contrôleur, franchit le soufflet, pénétra dans le wagon voisin (…)
Maurice Bedel, Jérôme, 60° latitude Nord, II.
♦ (1833). Pièce, souvent triangulaire, qui élargit un vêtement (pour donner de l'aisance).
3 (1820). Techn. Boursouflure dans la reliure d'un livre.
4 (1964). Archit. Élément, de forme proche du quatre-feuilles, dans les fenêtres de style flamboyant.
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II (1459; soufflace, XIVe; à cause du bruit produit par le coup). Vieilli ou littér. Coup du plat ou du revers de la main appliqué sur la joue (cit. 4). ⇒ Calotte, claque, gifle (→ Giroflée à cinq feuilles). || Le soufflet reçu par Don Diègue.
3 — Viens me venger. — De quoi ? — D'un affront si cruel,
Qu'à l'honneur de tous deux il porte un coup mortel :
D'un soufflet.
Corneille, le Cid, I, 5.
4 Je suis le soufflet et la joue !
Je suis les membres et la roue,
Et la victime et le bourreau !
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et Idéal », LXXXIII.
5 (…) Madeleine s'amusa à me mettre un peu de rose aux pommettes (…) Sans doute (ma mère) crut-elle apercevoir sur ma joue l'empreinte fourchue de Satan; elle m'exorcisa d'un soufflet.
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée, p. 268.
♦ (1580). Mod., fig., littér. ⇒ Affront, outrage, mortification (fig.). → Couleuvre, cit. 5. || C'est un soufflet à mes convictions (→ Démenti, cit. 4). ⇒ Camouflet.
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DÉR. Souffleter, souffletier, soufflette.
Encyclopédie Universelle. 2012.