spécialité [ spesjalite ] n. f.
• déb. XIVe; especialité mil. XIIIe; bas lat. specialitas
1 ♦ Didact. Caractère de ce qui est spécial, propre à une espèce.
♢ Dr. Spécialité hypothécaire : principe selon lequel tout acte constitutif d'hypothèque conventionnelle doit indiquer « l'espèce » du bien hypothéqué. Spécialité administrative : principe en vertu duquel les autorités ont chacune leur espèce d'attribution et doivent s'y cantonner. Spécialité budgétaire : règle par laquelle les crédits votés pour un chapitre ne peuvent servir à un autre.
2 ♦ (1836) Ensemble de connaissances approfondies sur un objet d'étude limité. ⇒ branche. « un savant qui ne voit rien au delà de sa spécialité » (Proust). Langages, langues de spécialités (⇒ terminologie; 1. jargon) . — Spécialité médicale : branche de la médecine dans laquelle un médecin acquiert des connaissances approfondies par des études complémentaires (⇒ spécialiste, 1o) .
3 ♦ Activité, production déterminée à laquelle se consacre qqn. ⇒ domaine, partie. « Dans les sujets qui font sa spécialité [du peintre] » (Baudelaire). La spécialité d'un restaurateur, du chef : le mets de son invention, celui qu'il réussit parfaitement. Spécialités régionales.
♢ Spécialité pharmaceutique : médicament préparé industriellement par un laboratoire. Les spécialités et les préparations.
4 ♦ Fam. Comportement particulier et personnel. « Là était sa spécialité : [...] l'art délicat de vous passer la main dans le dos et le croc-en-jambe » (Courteline). Il s'est encore trompé d'heure, c'est sa spécialité.
● spécialité nom féminin (bas latin specialitas, du latin classique specialis, particulier) Ensemble de connaissances approfondies dans une branche déterminée : Sa spécialité, c'est la micro-informatique. Activité à laquelle on s'adonne d'une façon particulière et dans laquelle on réussit très bien : Chacun a sa spécialité, lui, c'est la cuisine. Produit, objet, en particulier mets, que quelqu'un réussit particulièrement bien : Il nous a fait goûter une de ses spécialités. Produit qu'on ne trouve que sous telle marque, dans telle maison. Produit réputé originaire d'une région : Le cassoulet est une spécialité toulousaine. Familier. Manie agaçante : Il a la spécialité de ne jamais arriver à l'heure. Droit Principe selon lequel une personne extradée ne peut être poursuivie pour une infraction autre que celle sur laquelle avait été fondée la demande d'extradition. Finances Principe selon lequel les dépenses, lors du vote de la loi de finances, sont présentées au Parlement de façon détaillée. Médecine Branche particulière de la médecine exercée par un médecin spécialiste. ● spécialité (expressions) nom féminin (bas latin specialitas, du latin classique specialis, particulier) Spécialité administrative, principe selon lequel les personnes publiques autres que l'État doivent limiter leur action à leur propre sphère d'attribution. Spécialité hypothécaire, principe en vertu duquel l'acte de constitution d'une hypothèque conventionnelle doit contenir la désignation précise de l'immeuble grevé et de la créance garantie. Spécialité pharmaceutique, médicament fabriqué industriellement et commercialisé par un laboratoire pharmaceutique. ● spécialité (synonymes) nom féminin (bas latin specialitas, du latin classique specialis, particulier) Activité à laquelle on s'adonne d'une façon particulière et dans...
Synonymes :
- branche
- domaine
- fief
- partie
spécialité
n. f.
d1./d Domaine d'activité, de connaissance dans lequel qqn est spécialisé.
|| Spécialité médicale: branche de la médecine dans laquelle un médecin possède des connaissances approfondies, acquises au cours d'études spéciales qu'il a accomplies après avoir soutenu sa thèse de doctorat (cardiologie, urologie, radiologie, réanimation, etc.).
|| Fam., iron. Il est arrivé avec une heure de retard, c'est sa spécialité.
d2./d Produit résultant d'une activité spécialisée.
|| CUIS Mets originaire d'un pays, d'une région ou que qqn a le secret d'accommoder. La fondue est une spécialité des régions alpestres. Les crêpes, c'est sa spécialité.
|| Spécialités pharmaceutiques: préparations pharmaceutiques industrielles.
d3./d DR Principe de la spécialité administrative, qui délimite les attributions de chaque autorité.
— Principe de la spécialité budgétaire, selon lequel les crédits votés pour tel chapitre ne doivent pas être employés pour un autre.
⇒SPÉCIALITÉ, subst. fém.
A. — Caractère de ce qui est particulier à une espèce, à un cas, à une situation bien déterminé(e). Si l'abstraction comparée à l'instinct est une puissance presque divine, elle est une faiblesse inouïe, comparée au don de spécialité qui peut seul expliquer Dieu (BALZAC, L. Lambert, 1832, p. 208).
— DROIT
♦ Spécialité hypothécaire. Principe en vertu duquel tout acte constitutif d'hypothèque doit indiquer la désignation précise du bien hypothéqué et de la créance consentie (d'apr. CAP. 1936).
♦ Spécialité administrative. ,,Principe de droit administratif en vertu duquel les diverses autorités ont chacune leur sphère d'attribution et doivent limiter leurs pouvoirs à cette sphère`` (CAP. 1936).
♦ Spécialité budgétaire. Règle du droit budgétaire par laquelle les crédits votés pour un chapitre ne doivent pas être employés pour un autre (d'apr. CAP. 1936).
♦ DR. ADMIN. Principe de spécialité. ,,Principe selon lequel chaque service possède ses propres attributions et doit s'y cantonner sous peine de voir ses actes attaqués par excès de pouvoir`` (BARR. 1974). DR. INTERNAT. Principe de spécialité. ,,Principe selon lequel un délinquant extradé ne peut être jugé pour une infraction autre que celle pour laquelle l'extradition avait été demandée`` (BARR. 1974).
B. — Ensemble de connaissances approfondies dans un domaine restreint ou dans un secteur d'activités bien déterminé. L'homme civilisé se trouve confiné dans les régions infiniment petites de la spécialité (BAUDEL., Nouv. Hist. extr., 1857, préf., p. 9):
• Le nombre et la communication de ses actes en font un objet symétrique, une sorte de système complet de lui-même, ou qui se rend tel incessamment. Il est fait pour désespérer l'homme moderne, qui est détourné, dès l'adolescence, dans une spécialité où l'on croit qu'il doit devenir supérieur parce qu'il y est enfermé...
VALÉRY, Variété [I], 1924, p. 254.
— P. méton. Branche, travail, métier qui exige des connaissances, une qualification bien précises. Choisir une spécialité. En attendant, Poupelin a pris une spécialité peu connue et qu'il fonde: Il est professeur d'enfants hydrocéphales (VALLÈS, Réfract., 1865, p. 81). J'ai essayé de ne pas me spécialiser même dans la spécialité d'écrire, et pourtant de préciser toujours plus ma pensée (VALÉRY, Lettres à qq.-uns, 1945, p. 103).
♦ LING. Langue, vocabulaire, lexique de spécialité. Langue, vocabulaire, lexique qui sont propres à une branche du savoir, à un domaine d'activité. Le vocabulaire des langues de spécialité constitue généralement la partie la plus spécifique des dites langues par rapport à la langue de l'usage courant. C'est la barrière contre laquelle on bute lorsqu'on aborde — dans notre propre langue — un domaine d'expérience qui nous est étranger (D. D. L. 1976, p. 512).
♦ MAR. Spécialité de la marine nationale. Métier dans lequel chaque homme d'équipage ou chaque officier marinier accomplira son temps ou sa carrière. Matelot sans spécialité. (Ds LE CLÈRE 1960).
♦ MÉD. ,,Branche de la médecine dans laquelle un médecin a fait des études poussées et pour laquelle il a acquis une compétence particulière qui lui est reconnue par la délivrance d'un certificat`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
C. — Activité à laquelle on se consacre particulièrement. On commence à causer de certaines lettres de change souscrites à un petit usurier dont la spécialité consiste à prêter aux lorettes (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 189). Le chanoine y excellait; c'était sa spécialité [la théologie] (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 52).
— Avoir la/pour spécialité de + inf. Avoir le rôle, l'emploi, la fonction particulière de. La Revue des Deux Mondes, qui a pour spécialité de faire des académiciens, pousse la bienveillance jusqu'à les nommer avant le vote de l'Académie (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Hommes d'auj. (André Theuriet), 1885-93, p. 477). Je croyais, répliqua le préfet, que saint Antoine avait la spécialité de retrouver les objets perdus (A. FRANCE, Orme, 1897, p. 202).
— P. anal., fam., plais. Comportement particulier et personnel qui peut tourner à la manie difficilement supportable. Un grand garçon blondasse (...) dont la spécialité en littérature était de se pendre aux pans d'habit de ses amis pour entrer partout, et de suivre les enterrements pour se faire des relations (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 57).
D. — P. méton. Ensemble de produits sélectionnés qui font l'objet d'une présentation et d'une vente particulières. La spécialité a donc presque disparu, dans le commerce des nouveautés. Cette transformation nous vient de l'Angleterre. On vend dans les mêmes galeries, des étoffes, des confections, du fil, des aiguilles, des jarretières et des parapluies (AVENEL, Calicots, 1866, p. 25). Il a fondé, rue de Rambuteau, une grande spécialité d'huiles et de produits du Midi (ZOLA, Page amour, 1878, p. 816).
— GASTR. Ce qui fait la renommée d'un professionnel; mets, produit, connu ou renommé d'une région. Spécialité du chef; spécialité maison; spécialités régionales. Le déjeuner était bon; la bière, fluide, légère, glacée; la salle accueillante. Antoine, gaiement, s'étonnait des spécialités locales: il avait constaté que, sur ce terrain-là, le mutisme de son frère cédait plus volontiers (MARTIN DU G., Thib., Sorell., 1928, p. 1215). La femme s'épanouit: c'était un rigolo. Et la gaieté donna une vie soudaine à son visage, jusque-là figé. — On boit, ou on monte? demanda-t-elle. — Les deux. Elle apporta du schiedam. « C'était une spécialité de la maison » (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 362).
— PHARM. ,,Tout médicament préparé à l'avance, présenté sous un conditionnement particulier et portant un nom propre (marque ou nom déposés)`` (MAN.-MAN. Méd. 1980). La plupart des objets qu'on voyait sur cette table, livres, paquets de cigarettes, boîtes d'allumettes, boîtes de spécialités pharmaceutiques, portaient, collés sur eux, de vieux timbres oblitérés (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 742). Le pharmacien antimilitariste qui avait sacrifié sa meilleure clientèle, celle qui achète les spécialités, à ses idées (ARNOUX, Paris, 1939, p. 66).
E. — Vx. Synon. de spécialiste. Servin devint donc pour la peinture féminine une spécialité, comme Herbault pour les chapeaux, Leroy pour les modes et Chevet pour les comestibles (BALZAC, Vendetta, 1830, p. 146). D'après les renseignements qui me furent donnés, la brigade russe travaillait avec zèle à son instruction. Toutefois, l'éducation des spécialités présentait quelques difficultés, les cadres russes ayant une invincible préférence pour le rang serré plutôt que pour les exercices de combat (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 302).
Prononc. et Orth.: [spesjalite]. Ac. 1694, 1718: spe-, dep. 1740: spé-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1250 esspecialité « caractère de ce qui est particulier, non général » (RICHARD DE FOURNIVAL, Bestiaire d'amour, éd. C. Segré, p. 36 et 37); ca 1268 en especialité id. « par le genre, la subdivision » (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, II, 46, 14); 2. a) dr. 1283 especialité « cas particulier » (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, 4, 12 ds T.-L.); 1379 espiciauté « renonciation particulière à un bien, à un droit » (Arch. P. 1391, cote 589 ds GDF., s.v. especialté); 1461 specialité « exécution des détails » (Ordonnances des rois de France de la troisième race, éd. De Pastoret, t. 15, p. 182); 1690 spécialité « caractère particulier, dans le droit hypothécaire » (FUR.); b) 1835 fin. « application exclusive d'un certain fonds à une espèce particulière de dépense » (Ac.); 3. a) 1823 « ensemble de connaissances approfondies sur un objet d'étude limité » (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, p. 284), 1826 (COMTE, Opuscules de Philos. soc., 5e opuscule, mars, Paris, Leroux, 1883, p. 264); 1832 « faculté de voir les choses du monde matériel aussi bien que celles du monde spirituel » (BALZAC, L. Lambert, pp. 207-208); b) méd. 1845 « branche de la médecine dans laquelle un médecin acquiert une compétence spéciale » (WEY, Rem. sur la lang. fr. au XIXe s., t. 1, pp. 256-257); 4. a) 1842 « produits spéciaux à telle industrie, tel commerce » (Ac. Compl.); b) 1843 cuis. (DE CUSTINE, La Russie en 1839, vol. 3, p. 76 ds QUEM. DDL t. 7); c) 1875 spécialité pharmaceutique (Journ. de méd. et de chir. pratiques, XLVI, pp. 80-81, ibid. t. 8). Empr., comme terme didact., au b. lat. specialitas « qualité distinctive ». Fréq. abs. littér.:482. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 398, b) 968; XXe s.: a) 855, b) 676. Bbg. QUEM. DDL t. 8.
spécialité [spesjalite] n. f.
ÉTYM. Déb. XIVe; especialité, mil. XIIIe; lat. scolast. specialitas, de specialis. → Spécial.
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1 Didact. Caractère de ce qui est spécial. (1461). Dr. || Spécialité hypothécaire : principe en vertu duquel tout acte constitutif d'hypothèque conventionnelle doit indiquer « l'espèce » du bien hypothéqué (nature, situation) et la somme pour laquelle l'hypothèque est consentie. — (XXe). Dr. admin. || Spécialité administrative : principe en vertu duquel les autorités ont chacune leur espèce d'attribution, et ne peuvent en sortir sans vice d'incompétence (qui ouvre le recours pour excès de pouvoir). — (1835). || Spécialité budgétaire : règle du droit budgétaire par laquelle les crédits votés pour un chapitre ne peuvent servir à un autre.
♦ Vx. Chose particulière, cas d'espèce (par oppos. à une généralité). || Le moindre détail des spécialités (→ Descendre, cit. 14).
2 (1836, Stendhal, Correspondance, Pl., t. III, p. 224). Ensemble de connaissances sur un objet d'étude limité (considéré comme partie d'un domaine plus vaste). ⇒ Discipline. || Spécialités nécessaires à l'édification d'une médecine complète (→ Discipline, cit. 6). || Élévation d'une spécialité à la dignité de science (→ Littérature, cit. 6). || Hommes éminents (cit. 3) des spécialités les plus différentes. ⇒ Branche, division (du savoir). || Raseur (cit. 1) comme un savant qui ne voit rien au-delà de sa spécialité. ⇒ Spécialiste. — Langue, vocabulaire, lexique de spécialité, propre à une branche particulière du savoir. ⇒ Scientifique, technique; professionnel.
♦ Travail, métier qui exige des connaissances précises dans un domaine restreint. || Spécialité qui demande une haute qualification, une grande expérience. || Choisir une spécialité. ⇒ Spécialisation, spécialiser (se). || Qui prétend avoir toutes les spécialités n'en a aucune (→ « Qui est propre à tout n'est propre à rien »). || Les spécialités de la marine nationale, ses métiers spécialisés.
♦ Spécialité médicale : branche de la médecine dans laquelle un médecin acquiert une compétence spéciale par des études complémentaires, reconnues par un certificat. ⇒ Spécialiste (1.).
3 Étude, activité, déterminée à laquelle se consacre qqn. || Spécialité exclusive, personnelle. || La spécialité de qqn. || Les sujets qui font sa spécialité (→ Étude, cit. 45). || Interrogez-le là-dessus, c'est sa spécialité. ⇒ Domaine, partie.
4 a (1842). Par métonymie. || La spécialité d'un restaurateur, plat dans lequel il excelle particulièrement. || Spécialité du Chef. || C'est la spécialité de l'endroit (→ Caramélé, cit.). || Spécialités régionales.
1 Tout est devenu aujourd'hui spécialité. Un cuisinier un peu habile prétend avoir la spécialité de tel ou tel plat (…) la plupart des marchands de vin aubergistes ont sur leur vitrine ces mots : Spécialité d'escargots.
P. Larousse, Dict. (1875), art. Spécialité.
b (1875). Pharm. Médicament qui est la spécialité d'un inventeur, d'un fabricant, est préparé industriellement, et est vendu sous un conditionnement qui en indique la formule. || Préparations et spécialités pharmaceutiques.
2 Nous en sommes arrivés à ne plus doser les substances, à prescrire des remèdes tout faits, à nous servir de ces surprenantes spécialités qui encombrent les quatrièmes pages des feuilles.
Huysmans, Là-bas, VII.
5 Fig. Fam. Comportement particulier et personnel. || Son fort, sa spécialité était de s'immiscer (cit. 2) dans ce qui ne le regardait pas.
3 Là était sa spécialité : le fraternel coup de main donné à un ami et qui est le coup de pied destiné à lui casser les tibias, l'art délicat de vous passer à la fois la main dans le dos et le croc-en-jambe.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, IVe tableau, II (1893).
6 Vx. Spécialiste. || Consulter une spécialité.
4 (Des) hommes auxquels on accorde une capacité convenue sur un point, soit la direction des arts, soit une mission importante. Cet admirable mot : c'est une spécialité, semble avoir été créé pour ces espèces d'acéphales politiques ou littéraires.
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 758.
Encyclopédie Universelle. 2012.