nature [ natyr ] n. f.
• 1119; lat. natura
I ♦
1 ♦ (Qualifié) La nature de... Ensemble des caractères, des propriétés qui définissent un être, une chose concrète ou abstraite, généralement considérés comme constituant un genre. ⇒ essence; entité. « on peut bien connaître l'existence d'une chose, sans connaître sa nature » (Pascal). La nature d'une substance, d'un bien, d'un sentiment. « Définir la nature et marquer les conditions d'existence de chaque art » (Taine). — Spécialt La nature humaine. « Il y a deux natures en nous » (Pascal). — Théol. L'union des deux natures (divine et humaine) en Jésus-Christ.
♢ Loc. DE... NATURE. De cette nature : de ce genre, de cette espèce. De toute nature : de toute sorte. Des difficultés de toute nature. ⇒ espèce, genre (cf. fam. De tout poil). Choses de même nature, de nature différente.
♢ DE NATURE À. ⇒ propre (à), susceptible (de). « Ces recherches sont de nature à bouleverser la science » (Duhamel).
2 ♦ Absolt Ensemble des caractères innés (physiques ou moraux) propres à une espèce, et spécialt à l'espèce humaine; le principe interne qui détermine ces caractères. « Analyser le cœur humain pour y démêler les vrais sentiments de la nature » (Rousseau). Combattre, étouffer la nature. — Spécialt, vieilli Les instincts de la chair. « la nature en elle ne s'était point encore apaisée » (Aragon).
3 ♦ (Dans des expr.) Ce qui est inné, spontané, par opposition à ce qui est acquis (par la coutume, la vie en société, la civilisation). L'homme dans l'état de nature. — Seconde nature : les caractères qui ont pris la force, l'importance de caractères innés. La coutume, l'habitude est une seconde nature.
4 ♦ La nature de qqn, une nature : ensemble des éléments innés d'un individu. ⇒ caractère, idiosyncrasie, naturel, tempérament. « Leurs natures disparates semblaient un instant s'accorder » (Martin du Gard). « Il cachait une nature aimante sous de froids dehors » (Goncourt). — Loc. Ce n'est pas dans sa nature : il, elle n'a pas l'habitude de (cf. Ça ne lui ressemble pas). — De nature, par nature : du fait de sa nature. ⇒ naturellement. « Manuel était discipliné par nature » (Malraux).
5 ♦ Par ext. Personne, du point de vue de sa nature. Une nature violente, insouciante : une personne d'un naturel violent, insouciant. « c'était une nature de paysan » (Barrès). — Loc. C'est une heureuse nature, il, elle est toujours satisfait(e). Une riche nature, qui a de nombreux talents, ressources. Petite nature : personne faible, physiquement ou moralement. Absolt Forte personnalité. « C'est une nature, elle a une personnalité » (Proust ).
II ♦
1 ♦ Principe actif, souvent personnifié, qui anime, organise l'ensemble des choses existantes selon un certain ordre. Les lois de la nature. « La nature agit toujours avec lenteur » (Montesquieu). « La nature ne procède que par bonds et désordres soudains » (Duhamel). — La nature, opposée à l'homme, dans ses créations, ses ouvrages. Ceux que la nature a favorisés. « le sort des femmes que la nature a disgraciées » (Diderot). « la nature bienfaisante, qui toujours travaille à rétablir ce que l'homme ne cesse de détruire » (Buffon). Laisser agir, laisser faire la nature.
2 ♦ Principe fondamental de tout jugement moral, ensemble de règles idéales dont les lois humaines ne sont qu'une imitation imparfaite. « Que le code des nations serait court, si on le conformait rigoureusement à celui de la nature ! » (Diderot). — Chose contre nature. « J'ose presque dire que l'état de réflexion est un état contre nature » (Rousseau). — Vieilli Crimes, vices contre nature : perversions sexuelles.
3 ♦ L'ensemble des choses qui présentent un ordre ou se produisent suivant des lois; l'ensemble de tout ce qui existe. ⇒ monde, univers. « rien ne se perd ni rien ne se crée dans la nature » (Cl. Bernard). Les secrets de la nature. La nature a horreur du vide. Place de l'homme dans la nature.
4 ♦ Ce qui, dans l'univers, se produit spontanément, sans intervention de l'homme; tout ce qui existe sans l'action de l'homme. « l'art est constamment au-dessous de la nature » (Musset). « Corrigeant partout la nature » (La Fontaine). Des formes géométriques qui n'existent pas dans la nature.
5 ♦ L'ensemble des choses perçues, visibles, en tant que milieu où vit l'homme. La nature sensible. ⇒ réalité. Sciences abstraites et sciences de la nature. Les forces de la nature. Fig. et fam. Cet homme est une force de la nature.
♢ Spécialt Le monde physique où vit l'homme. Nature luxuriante. Nature hostile, inhospitalière. Protection de la nature. ⇒ environnement; écologie. (Comme objet d'émotion esthétique). Aimer, admirer la nature. Le spectacle, le calme de la nature. « Mais la nature est là, qui t'invite et qui t'aime » (Lamartine). Partir quelques jours en pleine nature. — Par ext. et fam. Il a disparu, il s'est évanoui dans la nature : on ne sait où il se trouve, on n'a aucune nouvelle de lui. Être lâché dans la nature, dans un lieu inconnu. « On m'avait parachuté quelque part dans la nature » (Triolet). La voiture a dérapé, il s'est retrouvé dans la nature, loin de la route. ⇒ décor.
6 ♦ Modèle que l'art se propose de suivre ou de reproduire. Dessiner, peindre d'après nature. C'est plus beau, plus vrai que nature. « C'était un buste creux, et plus grand que nature » (La Fontaine). Par appos. Grandeur nature.
♢ ⇒ nature morte.
7 ♦ EN NATURE : en objets réels (dans un échange, une transaction), sans intermédiaire monétaire. Don en nature. « chacun fournit sa part en argent ou en nature » (Taine). Payer, paiement en nature; fig. et fam.en accordant ses faveurs en échange d'un service.
III ♦
1 ♦ Adj. inv. Préparé simplement. Bœuf nature. — Consommé sans assaisonnement, sans adjonction d'autre comestible (cf. Au naturel). Yaourt nature. Fraises nature et fraises à la crème. Café nature, noir.
♢ Fam. Naturel, vrai, exact. « Nana était si [...] nature dans ce personnage » (Zola). « Ça fera plus nature » (Dorgelès). Il est nature, spontané, franc.
2 ♦ Adv. (1914) Pop. et vx Naturellement. « Quoi, du riz ? — Nature, du riz » (Dorgelès).
● nature nom féminin (latin natura) Le monde physique, l'univers, l'ensemble des choses et des êtres, la réalité : Les merveilles de la nature. Ensemble de forces ou principe supérieur, considéré comme à l'origine des choses du monde, de son organisation : Rien ne se perd, rien ne se crée, c'est une loi de la nature. Ensemble des principes, des forces, en particulier de la vie, par opposition à l'action de l'homme : Elle faisait plus confiance à la nature qu'aux médecins. Ensemble de ce qui, dans le monde physique, n'apparaît pas comme (trop) transformé par l'homme (en particulier par opposition à la ville) : Partir en vacances en pleine nature. Ensemble des caractères, des propriétés qui font la spécificité des êtres vivants : Étudier la nature animale. Vie sexuelle, instinct, appétit sexuel : L'appel de la nature. Ensemble des caractères, des tendances, des traits constitutifs de la personnalité profonde de quelqu'un : Ce n'est pas dans sa nature de se livrer à de tels actes. Ensemble des caractères physiques de quelqu'un, en particulier du point de vue de sa santé, de sa résistance : Être de nature fragile. Ensemble des caractères, des propriétés qui définissent quelque chose : La nature du terrain. ● nature (citations) nom féminin (latin natura) Louise Ackermann 1813-1890 La Nature sourit, mais elle est insensible : Que lui font vos bonheurs ? Poésies philosophiques Caisson Jean Le Rond d'Alembert Paris 1717-Paris 1783 La nature de l'homme, dont l'étude est si nécessaire, est un mystère impénétrable à l'homme même, quand il n'est éclairé que par la raison seule. Discours préliminaire à l'« Encyclopédie » Gaston Bachelard Bar-sur-Aube 1884-Paris 1962 Nous comprenons la Nature en lui résistant. La Formation de l'esprit scientifique Vrin Commentaire Rappel de la formule de Francis Bacon : « On ne triomphe de la nature qu'en lui obéissant. » Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Le vrai littéraire ne saurait être le vrai de la nature. Le Cabinet des antiques, Préface Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer ! Le Chef-d'œuvre inconnu Honoré de Balzac Tours 1799-Paris 1850 Quand on observe la nature, on y découvre les plaisanteries d'une ironie supérieure : elle a, par exemple, placé les crapauds près des fleurs… Massimilla Doni Charles Baudelaire Paris 1821-Paris 1867 La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers. Les Fleurs du Mal, Correspondances Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 Que la nature donc soit votre étude unique. L'Art poétique Georges Louis Leclerc, comte de Buffon Montbard 1707-Paris 1788 Une mouche ne doit pas tenir, dans la tête d'un naturaliste, plus de place qu'elle n'en tient dans la nature. Histoire naturelle, Des animaux François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 Tous les hommes ont un secret attrait pour les ruines […] Les ruines jettent une grande moralité au milieu des scènes de la nature. Génie du christianisme Malcolm de Chazal Vacoas 1902-Port-Louis 1981 L'Art, c'est la nature accélérée et Dieu au ralenti. Sens plastique Gallimard Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 La nature n'est qu'une immense ruine. Journal Gallimard Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Dans la nature, toutes les espèces se dévorent : toutes les conditions se dévorent dans la société. Le Neveu de Rameau Raoul Dufy Le Havre 1877-Forcalquier 1953 La Nature devient la stylisation d'une vérité propre à son auteur. Carnet Éditions de la Galerie Carré François de Salignac de La Mothe-Fénelon château de Fénelon, Périgord, 1651-Cambrai 1715 [Dans l'éducation], il faut se contenter de suivre et d'aider la nature. De l'éducation des filles Charles Fourier Besançon 1772-Paris 1837 Tous ces caprices philosophiques appelés des devoirs n'ont aucun rapport avec la nature. Théorie de l'unité universelle Charles de Gaulle Lille 1890-Colombey-les-Deux-Églises 1970 On ne donne la valeur aux troupes comme la saveur aux fruits qu'en contrariant la nature. Vers l'armée de métier Plon Remy de Gourmont Bazoches-au-Houlme, Orne, 1858-Paris 1915 La femme la plus compliquée est plus près de la nature que l'homme le plus simple. Promenades littéraires Mercure de France Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 C'est une triste chose de penser que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas. Carnets, albums, journaux Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Que peu de temps suffit pour changer toutes choses ! Nature au front serein, comme vous oubliez ! Les Rayons et les Ombres, Tristesse d'Olympio Jean de La Ceppède Marseille 1550-Avignon 1622 Nature n'a rien fait qu'on doive mépriser. Théorèmes spirituels Pierre Choderlos de Laclos Amiens 1741-Tarente 1803 Ne vous souvient-il plus que l'amour est, comme la médecine, seulement l'art d'aider la nature. Les Liaisons dangereuses Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Nous avons changé de méthode, Jodelet n'est plus à la mode, Et maintenant il ne faut pas Quitter la nature d'un pas. Lettre à M. de Maucroix, 1661 Jean-Baptiste de Monet, chevalier de Lamarck Bazentin, Somme, 1744-Paris 1829 Dans tout ce que la nature opère, elle ne fait rien brusquement. Philosophie zoologique Jean-Baptiste de Monet, chevalier de Lamarck Bazentin, Somme, 1744-Paris 1829 J'espère prouver que la nature possède les moyens et les facultés qui lui sont nécessaires pour produire elle-même ce que nous admirons en elle. Philosophie zoologique Isidore Ducasse, dit le comte de Lautréamont Montevideo 1846-Paris 1870 Que chacun reste dans sa nature. Chants de Maldoror François Mauriac Bordeaux 1885-Paris 1970 Académie française, 1933 La nature nous est nécessaire comme le mensonge. Journal Grasset Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Nature est un doux guide, mais non pas plus doux que prudent et juste. Essais, III, 13 Napoléon Ier, empereur des Français Ajaccio 1769-Sainte-Hélène 1821 Un roi n'est pas dans la nature ; il n'est que dans la civilisation. Il n'en est point de nu ; il n'en saurait être que d'habillé. Cité par Las Cases dans le Mémorial de Sainte-Hélène Évariste Désiré de Forges, chevalier puis vicomte de Parny île Bourbon, aujourd'hui la Réunion, 1753-Paris 1814 Académie française, 1803 La voix du sentiment ne peut nous égarer, Et l'on n'est point coupable en suivant la nature. Élégies Blaise Pascal Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand, 1623-Paris 1662 Qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. Pensées, 72 Commentaire Chaque citation des Pensées porte en référence un numéro. Celui-ci est le numéro que porte dans l'édition Brunschvicg — laquelle demeure aujourd'hui la plus généralement répandue — le fragment d'où la citation est tirée. André Pieyre de Mandiargues Paris 1909-Paris 1991 La nature du monde change-t-elle, ou bien est-ce la véritable nature qui triomphe de l'apparence ? Dans les années sordides Gallimard Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 L'habitude est une seconde nature, elle nous empêche de connaître la première dont elle n'a ni les cruautés, ni les enchantements. À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe Gallimard François Rabelais La Devinière, près de Chinon, vers 1494-Paris 1553 Nature n'endure mutations soudaines sans grande violence. Gargantua, 23 Jean-Jacques Rousseau Genève 1712-Ermenonville, 1778 La nature a fait l'homme heureux et bon, mais […] la société le déprave et le rend misérable. Rousseau juge de Jean-Jacques Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade Paris 1740-Charenton 1814 Qui sait s'il ne faut pas dépasser beaucoup [la nature] pour entendre ce qu'elle veut nous dire. Aline et Valcour Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade Paris 1740-Charenton 1814 L'impossibilité d'outrager la nature est, selon moi, le plus grand supplice de l'homme. La Nouvelle Justine Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade Paris 1740-Charenton 1814 J'imiterai [la nature], mais en la détestant ; je la copierai, elle le veut, mais ce ne sera qu'en la maudissant. La Nouvelle Justine Donatien Alphonse François, comte de Sade, dit le marquis de Sade Paris 1740-Charenton 1814 Un de vos philosophes modernes se disait l'amant de la nature : eh bien, moi, mon ami, je m'en déclare le bourreau. La Nouvelle Justine Charles Augustin Sainte-Beuve Boulogne-sur-Mer 1804-Paris 1869 Il est un point élevé où l'art, la nature et la morale ne font qu'un et se confondent. Causeries du lundi Aurore Dupin, baronne Dudevant, dite George Sand Paris 1804-Nohant, Indre, 1876 L'art est une démonstration dont la nature est la preuve. François le Champi Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 La raison nous trompe plus souvent que la nature. Réflexions et Maximes Alfred, comte de Vigny Loches 1797-Paris 1863 Elle me dit : Je suis l'impassible théâtre Que ne peut remuer le pied de ses acteurs […] Je sens passer sur moi la comédie humaine Qui cherche en vain au ciel ses muets spectateurs. Les Destinées, la Maison du berger la nature Gottfried Wilhelm Leibniz Leipzig 1646-Hanovre 1716 La nature ne fait pas de sauts. Natura non facit saltus. Nouveaux Essais, IV, 16 Aristote Stagire 384-Chalcis 322 avant J.-C. La nature ne fait rien en vain. Politique, I, 1, 10 (traduction Thurot) Aristote Stagire 384-Chalcis 322 avant J.-C. La nature fait toujours, selon les conditions dont elle dispose et autant que possible, les choses les plus belles et les meilleures. Problèmes, XVI, 2 (traduction J. Barthélemy Saint-Hilaire) Platon Athènes vers 427-Athènes vers 348 ou 347 avant J.-C. La vertu n'est pas un don de nature. Ménon, 89a (traduction Croiset et Bodin) Sait Faik Abasiyanik Adapazarı 1906-Istanbul 1954 La nature […] apprend à l'homme à nager lorsqu'elle fait couler son bateau. Un point sur la carte Luís Vaz de Camões Lisbonne 1524 ?-Lisbonne 1580 Ce que la nature ne donna que pour être donné. O que deu para dar-se a natureza. Les Lusiades, IX, 76 Johann Wolfgang von Goethe Francfort-sur-le-Main 1749-Weimar 1832 La nature et l'art semblent se fuir et, avant qu'on y songe, ils se sont retrouvés. Natur und Kunst, sie scheinen sich zu fliehen, Und haben sich, eh man es denkt, gefunden. Nature et art Baltasar Gracián y Morales Belmonte 1601-Tarazona 1658 L'art est inutile où suffit la nature. No es menester arte donde basta la naturaleza. El héroe, primor 19 Aldous Huxley Godalming, Surrey, 1894-Los Angeles 1963 Ce que l'homme a uni, la nature est impuissante à le séparer. What man has joined, nature is powerless to put asunder. Brave New World, 2 Ivan Vladimirovitch Mitchourine Verchina, gouvernement de Riazan, 1855-Koslov, aujourd'hui Mitchourinsk, 1935 Nous ne pouvons attendre de bienfaits de la nature ; notre devoir est de les lui arracher. Résultats de soixante ans de travaux pour la création de nouvelles espèces de plantes à fruits Friedrich von Schiller Marbach 1759-Weimar 1805 Le génie et la nature ont conclu une alliance éternelle : ce que le premier promet, la seconde l'accomplit certainement. Mit dem Genius steht die Natur im ewigen Bunde : was der eine verspricht leistet die andere gewiß. Christophe Colomb Johann Joachim Winckelmann Stendal, Brandebourg, 1717-Trieste 1768 L'art fait qu'une copie offre souvent plus de charme que la nature elle-même. Die Kunst ist es, welche macht, daß oft eine Kopie mehr reizt, als die Natur selbst. Pensées sur l'imitation des Grecs dans la peinture et la sculpture ● nature (difficultés) nom féminin (latin natura) Orthographe Employé comme adjectif, le mot reste invariable : des yaourts nature, deux cafés nature. - Grandeur nature (= aux dimensions réelles) s'écrit sans trait d'union et reste invariable : des portraits grandeur nature. - Nature morte s'écrit sans trait d'union et prend la marque du pluriel : un peintre de natures mortes. - De toute nature s'écrit au singulier : des objets de toute nature. Emploi 1. L'emploi adjectif est courant pour qualifier des choses : des yaourts nature, du thé nature (= au naturel, sans addition). S'appliquant à des personnes, cet emploi est familier : elles sont très nature (= spontanées et naturelles). 2. Nature employé comme adverbe (forme abrégée de naturellement) est argotique : Ton père ne vendra jamais ? Nature (R. Vercel). ● nature (expressions) nom féminin (latin natura) Contre nature, qui est en opposition avec les lois de la nature et, en particulier, qui va à l'encontre de la morale. D'après nature, selon le modèle que l'artiste a sous les yeux. De cette nature, de cette sorte, de ce genre : Un cri de cette nature. De nature à, propre à : Ce discours n'est pas de nature à apaiser les esprits. Familier. Disparaître, s'évanouir dans la nature, de telle manière qu'on ne retrouve plus quelqu'un, quelque chose. Être dans l'état de nature, nu. Être dans la nature des choses, se produire par une nécessité interne, être normal. Par nature, de nature, de façon innée, par tempérament. Payer en nature, en produits, en services et non en argent ; et, familièrement, en accordant ses faveurs, en acceptant des relations sexuelles. Petite nature, personne aux moyens physiques limités ; personne de faible résistance psychologique, qui ne supporte pas les émotions fortes. Vieux. Vice contre nature, perversion sexuelle. Figure petite nature, sculpture de taille intermédiaire entre la figure grandeur nature et la demi-nature. Nature morte, représentation d'objets inanimés (fruits et fleurs, gibier, nourritures, instruments, objets usuels ou décoratifs). [Pratiquée depuis l'Antiquité, la peinture de natures mortes a triomphé au XVIIe s. dans les Pays-Bas (les Hollandais Claesz., Heda, Van Huysum [fleurs], etc., les Flamands Snijders, Fyt…), en Espagne (bodegones), en Italie, en France (Desportes, Monnoyer). Chardin domine le XVIIIe s.] État de nature, situation dans laquelle se serait trouvée la société humaine, comme telle, avant le moment où les hommes, tout en vivant ensemble, n'auraient créé aucune institution commune et, de ce fait, n'auraient subi aucune autorité politique. (L'état de nature est un lieu commun de la philosophie politique des XVIIe et XVIIIe s.) ● nature (synonymes) nom féminin (latin natura) Le monde physique, l'univers, l'ensemble des choses et des êtres...
Synonymes :
- cosmos
- création
- monde
- univers
Ensemble des caractères, des propriétés qui font la spécificité des...
Synonymes :
- essence
Ensemble des caractères, des tendances, des traits constitutifs de la...
Synonymes :
- caractère
- individualité
- personnalité
- tempérament
Ensemble des caractères physiques de quelqu'un, en particulier du point...
Synonymes :
- naturel
- santé
- trempe
● nature
adjectif invariable
Familier. Qui ne déguise pas ses sentiments ; franc, jusqu'à la naïveté : Il est nature, il n'y a pas d'arrière-pensée chez lui.
Qui se réfère aux dimensions réelles de quelqu'un, de quelque chose : Grandeur nature.
Se dit d'aliments, de plats, de boissons servis, vendus ou consommés tels, sans aucune addition : Boire un thé nature, sans lait ni citron.
Se dit des vins de base utilisés pour élaborer un vin mousseux.
● nature
adverbe
D'une manière exacte, conformément à la vérité concrète : Peindre nature.
● nature (difficultés)
adjectif invariable
Orthographe
Employé comme adjectif, le mot reste invariable : des yaourts nature, deux cafés nature. - Grandeur nature (= aux dimensions réelles) s'écrit sans trait d'union et reste invariable : des portraits grandeur nature. - Nature morte s'écrit sans trait d'union et prend la marque du pluriel : un peintre de natures mortes. - De toute nature s'écrit au singulier : des objets de toute nature.
Emploi
1. L'emploi adjectif est courant pour qualifier des choses : des yaourts nature, du thé nature (= au naturel, sans addition). S'appliquant à des personnes, cet emploi est familier : elles sont très nature (= spontanées et naturelles).
2. Nature employé comme adverbe (forme abrégée de naturellement) est argotique : Ton père ne vendra jamais ? Nature (R. Vercel).
● nature (synonymes)
adjectif invariable
Se dit des vins de base utilisés pour élaborer un...
Synonymes :
nature
n. f. (et adj. inv.)
rI./r
d1./d Ensemble des caractères, des propriétés d'un être ou d'une chose, qui définissent son appartenance à une catégorie, à un genre déterminés. Déterminer la nature d'un phénomène.
— De toute nature, de toute sorte.
|| Loc. De nature à (+ inf.): qui, par sa nature même, est susceptible de. Des propositions de nature à le satisfaire.
d2./d (Appliqué à l'homme.) La nature humaine et, sans comp., la nature: l'ensemble des caractères innés, fondamentaux (physiques et moraux), propres à l'être humain (par oppos. aux caractères acquis du fait de l'éducation, de la coutume, etc.).
— L'homme dans l'état de nature (par oppos. à l'état civil, social), avant toute organisation sociale, toute civilisation.
d3./d Spécial. Ce qui, en l'homme, relève de l'instinct. Refréner en nous la nature.
d4./d Conscience morale.
— Vices contre nature: perversions sexuelles.
d5./d Complexion, tempérament. Ils ont des natures, ce sont des natures très différentes.
— Par ext. Une nature violente, impulsive. Une heureuse nature.
|| Loc. De nature, par nature: de façon innée. Ils sont avares de nature.
rII./r (Concret)
d1./d Principe actif d'organisation du monde, qui préside à la production des phénomènes dans l'univers et anime les êtres vivants. Les lois de la nature.
— La nature, opposée à la culture.
— (Personnifiée, souvent avec une majuscule.) La Nature ne fait rien en vain.
d2./d Ensemble, organisé selon un certain ordre, de tout ce qui existe, choses et êtres; l'Univers et les phénomènes qui s'y produisent. La place de l'homme dans la nature.
|| Spécial. Monde physique et ses lois. Les sciences de la nature (par oppos. aux sciences humaines).
d3./d Monde sensible, Univers considéré indépendamment des transformations opérées par l'homme.
|| Spécial. Environnement, monde physique et biologique (éléments, faune, flore, etc.) dans le rapport affectif ou esthétique qu'entretient l'homme avec eux. Nature hostile, riante. Les beautés de la nature.
— La protection de la nature.
d4./d Loc. D'après nature: d'après un modèle réel. Peindre d'après nature.
— Plus grand que nature, que dans la réalité.
— (En appos.) Grandeur nature: de mêmes dimentions que l'original.
|| Nature morte: tableau représentant un groupe d'êtres ou d'objets inanimés. Le Boeuf écorché, nature morte de Rembrandt.
d5./d En nature: en prestations, en objets réels (sans intermédiaire monétaire). Rémunération en nature.
rIII/r adj. inv.
d1./d Préparé ou consommé tel quel, sans adjuvants. Boeuf nature: boeuf bouilli servi sans sauce.
d2./d Fam. (Personnes) Naturel, sans affectation. Il est très nature.
⇒NATURE, subst. fém.
I. —Ensemble de la réalité matérielle considérée comme indépendante de l'activité et de l'histoire humaines.
A. —1. Milieu terrestre particulier, défini par le relief, le sol, le climat, l'eau, la végétation. Une nature aride, désertique, désolée, luxuriante, tropicale, sauvage. Le ciel était pur et serein, l'air frais; la nature aussi donnait sa fête. Toute la population de Paris était sur pied (MAINE DE BIRAN, Journal, 1814, p.15). À Dettelbach réapparition des vignes. Quatre végétaux marquent la limite de quatre natures et de quatre climats: le bouleau, la vigne, l'olivier et le palmier, toujours en marchant vers le soleil (CHATEAUBR., Mém., t.4, 1848, p.295). C'était la continuation de la solitude avec le commencement de la liberté; un jardin fermé, mais une nature âcre, riche, voluptueuse et odorante; les mêmes songes que dans le couvent, mais de jeunes hommes entrevus; une grille, mais sur la rue (HUGO, Misér., t.2, 1862, p.83). C'était à la fois Asnières, Saardam et Puteaux, un de ces paysages parisiens des bords de la Seine, tels que les peint Hervier, sales et rayonnants, misérables et gais, populaires et vivants, où la nature passe çà et là, entre la bâtisse, le travail et l'industrie, comme un brin d'herbe entre les doigts d'un homme (GONCOURT, R. Mauperin, 1864, p.12):
• 1. Je pourrais aller au gré de ma fantaisie, m'arrêter à l'endroit où le soir viendrait me surprendre, avoir des nuits paisibles et connaître des réveils délicieux, en pleine nature, dans la lumière de l'aube.
T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p.15.
— [Comme source d'émotions ou de sensations, dans une conception romantique] Déjà les premières ombres de la nuit commençoient à envelopper le bosquet d'orangers, et donnoient à la nature cette teinte de mélancolie qui favorise si bien les méditations religieuses et les tendres rêveries (COTTIN, Mathilde, t.1, 1805, p.147). Au travers des murs de charmille on apercevait çà et là, par les trouées du feuillage, une belle lune éclairant un paysage étendu et tranquille. Cette nature ravissante était d'accord avec les nouveaux sentiments qui cherchaient à s'emparer du coeur de Madame de Chasteller (STENDHAL, L. Leuwen, t.1, 1836, p.311):
• 2. Et que sera-ce si ces objets qui se présentent à vos yeux sont ces vallons, ces forêts, ces monts sans nombre, ces glaces infinies, en un mot cette nature tantôt riante, tantôt sublime des grandes Alpes; si à chaque instant un spectacle attachant provoque cette admiration expansive, ce besoin de partager des émotions dont le flot ne peut tenir tout entier dans le coeur, et que leur religieuse pureté affranchit du joug d'une pudique réserve?
TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.383.
— [Comme milieu-refuge opposé à la ville ou à tout espace modelé par l'activité humaine, pris pour symboles de la société, de la civilisation] Le retour à la nature. Aussi, son premier soin fut-il de chercher un asile écarté aux environs des eaux. Il sentait instinctivement le besoin de se rapprocher de la nature, des émotions vraies et de cette vie végétative à laquelle nous nous laissons si complaisamment aller au milieu des champs (BALZAC, Peau chagr., 1831, p.277).
— Fam. Disparaître, être dans la nature. Disparaître, être dans un lieu inconnu. On m'avait parachuté quelque part dans la nature. Je suis tombé dans le noir, j'avais bien atterri, je n'avais rien de cassé (TRIOLET, Le Rendez-vous des étrangers, Paris, Laffont, 1973 [1956], p.32).
♦Se cacher, déserter, s'évader:
• 3. —Mauron, c'est le pitaine. Il est dans la nature. —Dans la nature? répéta-t-elle. —Il croit que c'est meilleur pour sa santé.
SARTRE, Mort ds âme, 1949, p.130.
2. Environnement terrestre, en tant qu'il sert de cadre de vie à l'espèce humaine, qu'il lui fournit des ressources. Les objets que la nature ne livre pas tout préparés pour satisfaire nos besoins, peuvent y être rendus propres par notre industrie (SAY, Écon. pol., 1832, p.59). [Les hautes cheminées éteintes témoignaient] des combats de l'industrie et de la concurrence, dans ces profondeurs de la terre. Dans cette violente et rapide conquête de la nature par l'homme, on va, on va à l'aveugle: les règlements sont méprisés, les eaux inondent les mines, les champs, la route même s'affaissent (MICHELET, Journal, 1839, p.300). Les forces et les processus que l'homme parvient maintenant à maîtriser commencent à égaler en grandeur et en intensité la nature elle-même, et la totalité de notre milieu ambiant est à présent soumise à l'influence humaine (Science, 1957, n° 125, p.143 ds MOSCOVICI, Essai sur l'hist. hum. de la nature, Paris, Flammarion, 1968, p.7):
• 4. Or, la nature dans son ensemble, sans doute parce qu'elle a paru inépuisable, n'a pas figuré pendant fort longtemps dans la comptabilité des entreprises ni dans celle des nations d'Europe ou d'Amérique; l'eau, l'air ou les paysages ont été considérés comme des dons gratuits de la nature, dont chacun pouvait disposer à sa guise...
P. AGUESSE, L'Écol., Paris, Seghers, 1975 [1971], p.180.
B. — 1. Ensemble de l'univers, en tant qu'il est le lieu, la source et le résultat de phénomènes matériels. Les lois de la nature. La physique, se délivrant peu à peu des explications vagues introduites par Descartes, comme elle s'était débarrassée des absurdités scolastiques, n'est plus que l'art d'interroger la nature par des expériences, pour chercher à en déduire ensuite, par le calcul, des faits plus généraux. La pesanteur de l'air est connue et mesurée; on découvre que la transmission de la lumière n'est pas instantanée, on en détermine la vitesse; on calcule les effets qui doivent en résulter pour la position apparente des corps célestes; le rayon solaire est décomposé en rayons plus simples, différemment réfrangibles et diversement colorés (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p.178). La loi suivant laquelle cette force [dans les atomes] varie en fonction de la distance n'est peut-être pas la loi de Newton, mais c'est une loi analogue; au lieu de l'exposant 2, nous avons probablement un exposant différent, et c'est de ce changement d'exposant que sort toute la diversité des phénomènes physiques, la variété des qualités et des sensations, tout le monde coloré et sonore qui nous entoure, toute la Nature en un mot (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p.191).
— [Comme agent extérieur opposé au vivant]:
• 5. De même dans l'ordre organique, une fois admis ce pouvoir mystérieux de la vie, aussi petit et aussi élémentaire que possible, il [Lamarck] le supposait se développant lui-même, se composant, se confectionnant peu à peu avec le temps; le besoin sourd, la seule habitude dans les milieux divers faisait naître à la longue les organes, contrairement au pouvoir constant de la nature qui les détruisait: car M.de Lamarck séparait la vie d'avec la nature. La nature, à ses yeux, c'était la pierre et la cendre, le granit de la tombe, la mort! La vie n'y intervenait que comme un accident étrange et singulièrement industrieux, une lutte prolongée, avec plus ou moins de succès et d'équilibre çà et là, mais toujours finalement vaincue; l'immobilité froide était régnante après comme devant.
SAINTE-BEUVE, Volupté, t.1, 1834, p.193.
2. [Très fréq., dans des formulations ayant une origine anthropomorphique ou finaliste] Étudiez-la, suivez-la, cette nature atroce: vous ne la verrez jamais créer que pour détruire, n'arriver à ses fins que par des meurtres, et ne s'engraisser, comme le Minotaure, que du malheur et de la destruction des hommes (SADE, La Nouvelle Justine, 1797 ds DESNÉ, Les Matérialistes fr. au 18e s., Paris, éd. Buchet-Chastel, 1965, p.164). Au reste, en demeurant toujours dans les bornes que les conditions nécessaires de l'existence prescrivoient, la Nature s'est abandonnée à toute sa fécondité dans ce que ces conditions ne limitoient pas; et sans sortir jamais du petit nombre des combinaisons possibles entre les modifications essentielles des organes importans, elle semble s'être jouée à l'infini dans toutes les parties accessoires (CUVIER, Anat. comp., t.1, 1805, p.58). À l'égard des corps qui jouissent de la vie, la nature a tout fait peu à peu et successivement: il n'est plus possible d'en douter (...). En composant et compliquant de plus en plus l'organisation animale, la nature a créé progressivement les différents organes spéciaux ainsi que les facultés dont les animaux jouissent (LAMARCK, Philos. zool., t.1, 1809, p.17):
• 6. On peut considérer le phénomène de l'explosion stellaire comme une nouvelle astuce de la nature pour avancer encore sur la voie de la complexité. Pour engendrer des noyaux lourds, il a fallu créer des lieux de grande chaleur: les creusets stellaires.
H. REEVES, Patience dans l'azur, Paris, éd. du Seuil, 1981, p.88.
♦Qqn est une force de la nature. V. force I B 3 e.
— [Comme puissance maternelle, comme principe cosmique de fécondité] Ces hauts monts que blanchit un éternel hiver, ce chaos, semblent les débris d'un monde, les Titans... on croit voir là dans ces enfantements monstrueux sans forme, sans ordre, la nature mère travaillée, agitée, déchirée, gémir dans les travaux d'un avortement (CHÉNIER, Amérique, 1794, p.85). Je n'avais pas cette ressource; la nature, ma mère chérie, depuis que j'étais seul, me semblait au contraire plus vaste et plus vide que jamais (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p.42).
C. — 1. BIOL. Force spécifique au vivant. Synon. force vitale. On peut donc assurer, avec vraisemblance, que la puberté de la fille naturelle ne se manifestera (au moins dans un climat semblable au nôtre) qu'après que le corps aura presque fini sa croissance, et l'on peut assurer avec certitude que, dans tous les climats, la nature, livrée à elle-même, n'accordera à une fille la faculté de devenir mère qu'après lui avoir donné la force d'en remplir les devoirs (LACLOS, Éduc. femmes, 1803, p.437):
• 7. On peut dire certainement qu'il y a dans les êtres vivants la force vitale qui donne à l'être son évolution, sa forme. Cette forme est indépendante de la matière; c'est le pouvoir législatif qui est au-dessus de la matière et qui la dispose; mais le pouvoir exécutif de cet arrangement est tout à fait matériel et physico-chimique (...). La nature intervient donc avec ses propriétés comme une force exécutive de toute idée.
Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p.243.
— HIST. DE LA MÉD. Nature curative, médicatrice. ,,Propriétés inhérentes aux tissus et aux humeurs, qui font qu'un organe lésé dans certaines limites revient peu à peu à son état naturel`` (LITTRÉ). D'ailleurs, la médecine antique ou d'observation, concluant forcément à l'expectation comme traitement, était passive et se résumait essentiellement dans le pronostic, se bornant à rechercher les bonnes influences, à éviter les mauvaises et à favoriser les bonnes dispositions de la nature curative ou médicatrice (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p.10).
— [Dans des expr. de la lang. cour. reflétant les conceptions anciennes de la méd., et notamment de la méd. hippocratique] Laisser faire la nature. Mon remède est de rien faire, de laisser faire dame Nature qui s'en tire seule, à moins de cas aigus. La santé est comme les enfants, on la gâte par trop de soins (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1839, p.262).
♦Au fig. Payer son tribut à la nature. Mourir. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. Conditionnements physiologiques de l'individu. Besoins de la nature. —L'amour! —Mais qu'est-ce donc que l'amour? —On l'a poétisé à l'usage des niais. —Un grossier besoin périodique, une loi criarde de la nature, de la nature éternelle qui reproduit et multiplie, un penchant brutal, un charnel croisement de sexe, un spasme! (BOREL, Champavert, 1833, p.192).
D. —ARTS PLAST., ESTHÉT.
1. a) Réalité sensible qui constitue l'objet ou le point de départ de l'oeuvre artistique. Synon. réel, visible. L'imitation de la nature. Il ne faut pas que les objets que l'on peint soient d'une vérité matérielle; il faut que les chairs ne soient pas les chairs de la nature; en un mot, il faut rendre les vérités par des illusions (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1807, p.21). Le premier [type de dessin] est négatif, incorrect à force de réalité, naturel, mais saugrenu; le second est un dessin naturaliste, mais idéalisé, dessin d'un génie qui sait choisir, arranger, corriger, deviner, gourmander la nature; enfin le troisième qui est le plus noble et le plus étrange, peut négliger la nature; il en représente une autre, analogue à l'esprit et au tempérament de l'auteur (BAUDEL., Salon, 1846, p.120). L'artiste, si réaliste soit-il, a planté son chevalet devant le «motif» et ce terme même, dans sa bouche, indique déjà que la Nature ne lui fournit qu'un prétexte et un départ (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p.72):
• 8. J'embrasse d'un regard l'humanité qui a vécu et qui, devant la nature, à toute heure, sous tous les climats, dans toutes les circonstances, s'est senti l'impérieux besoin de créer humainement, de reproduire par les arts les objets et les êtres (...). Chaque grand artiste est venu nous donner une traduction nouvelle et personnelle de la nature. La réalité est ici l'élément fixe, et les divers tempéraments sont les éléments créateurs qui ont donné aux oeuvres des caractères différents.
ZOLA, Les Paysagistes ds Mon Salon/Manet, Paris, Garnier-Flammarion, 1970 [1867], p.98.
— Loc. et expr.
♦D'après nature. À partir du réel, du modèle. Vers la rue du Renard, du côté de ces bons endroits où nous allions dessiner d'après nature (FLAUB., Corresp., 1845, p.41).
♦Sur (la) nature. À partir du réel, du modèle. Je vois un bel enfant qui n'est pas rose comme le Mars de M. Landi; qui n'est pas étiolé comme l'Adonis de M. Prudhon, dont le ton de couleur rappelle l'Amour du Caravage, et paraît avoir été étudié sur la nature (JOUY, Hermite, t.3, 1813, p.335). Nul abstracteur de quintessence, réfugié dans son atelier, matelassé de mépris pour les apparences, n'a atteint à l'invention plastique de Van Gogh, peignant exclusivement sur nature (LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p.136).
♦Aussi, moins, plus ... que nature. Aussi, moins, plus... que ne l'est le modèle, le sujet. Ces miroirs qui défigurent à tel point, qu'en s'y regardant on peut se croire ou plus petit ou plus grand que nature (BALZAC, Méd. camp., 1833, p.70).
P.iron. [Avec des adj. d'évaluation esthétique impliquant la modification du réel par l'artiste] Plus beau, plus vrai que nature. Mon Dieu! peut-on s'amuser à faire laid... plus laid que nature! (GONCOURT, R. Mauperin, 1864, p.205). L'égotisme littéraire consiste finalement à jouer le rôle de soi; à se faire un peu plus nature que nature (VALÉRY, Variété II, 1929, p.96).
♦Vieilli. (Tableau, statue) de demi-nature, de quart de nature, etc. (Tableau, statue) qui représente la réalité réduite à la moitié, au quart, etc. Mille cierges allumés sur le maître autel éclairent deux statues de cette Notre-Dame: l'une de demi-nature (...) l'autre, de dix-huit pouces environ (DUSAULX, Voy. Barège, t.2, 1796, p.43). Vers cent mille francs, le portrait serait un sixième de nature. —Vers deux cent mille francs, un quart de nature (TAINE, Notes Paris, 1867, p.170).
b) Vieilli. Réalité choisie en vertu de sa valeur significative ou à partir de conventions esthétiques. Synon. modèle, sujet. On craint de dégrader son burin, sa plume ou son pinceau, en descendant à la peinture des scènes populaires; et abusant du principe que les arts ne doivent se proposer que l'imitation d'une nature choisie, on s'expose à retomber dans l'afféterie et dans le maniéré (JOUYHermite, t.3, 1813 p. 26):
• 9. Cette pureté de trait que l'on vante tant dans les ouvrages de Raphaël et des Grecs, dépend absolument du beau genre des natures qu'ils choisissaient. Elle eût été impraticable pour eux-mêmes, s'ils n'avaient eu à exprimer que des natures communes. Ainsi, il ne faut pas confondre le trait pur avec le trait exact. Rubens est un très-grand dessinateur; mais la qualité des objets qu'il avait à peindre, leurs formes inégales et raboteuses, leurs gros contours, exigeaient qu'il donnât à son dessin une terminaison plutôt bossante, si je puis ainsi parler, que finie et arrêtée en ligne élégante et précise.
JOUBERT, Pensées, 1824, p.17.
♦Belle nature. [Idéal valorisant l'art antique élaboré dans la 1re moitié du 17e s. par les milieux romains en réaction contre la peinture de l'époque, et devenu un concept-clé de la critique esthétique en France aux 17e et 18e siècles (d'apr. B. TOCANNE, L'Idée de nature en France dans la seconde moitié du 17e s., Presses univ. de Lille, 1978, II, pp.752-755)] On pourrait comparer les proportions du corps des hommes de différentes nations, avec celles que suivent les dessinateurs, pour représenter la belle nature, en divisant la hauteur du corps en huit parties (Voy. La Pérouse, t.1, 1797, p.166).
♦Nature morte.
2. Représentation du réel par les moyens spécifiques de l'art. L'auteur, dans son oeuvre, doit être comme Dieu dans l'univers, présent partout, et visible nulle part. L'art étant une seconde nature, le créateur de cette nature-là doit agir par des procédés analogues. Que l'on sente dans tous les atomes, à tous les aspects, une impassibilité cachée et infinie (FLAUB., Corresp., 1852, p.62):
• 10. En dépit des insolentes théories modernes, défendant, ici le réalisme intégral, là l'abstraction pure (deux visages d'un Janus anti-pictural), l'artiste complet ne poursuit qu'un but: rendre ses symboles plastiques transparents, de façon qu'on perçoive, derrière leurs irisations, —inespérée, et comme silhouettée —la réalité. Cette «nature» transposée, le public ne consent à la reconnaître qu'après un siècle, ou deux.
LHOTE, Peint. d'abord, 1942, p.7.
3. Vieilli. Caractère de sincérité, de vérité. Sa naïveté [du conteur] pleine de sens, de force, et son ton de nature, supérieur aux règles de l'art, nous charmaient tellement, que nous resserrions notre cercle pour ne rien perdre de ses contes (DUSAULX, Voy. Barège, t.2, 1796, p.183). La littérature du dix-huitième siècle, à part quelques beaux génies qui la dominent, cette littérature, placée entre la littérature classique du dix-septième siècle et la littérature romantique du dix-neuvième, sans manquer de naturel, manque de nature (CHATEAUBR., Mém., t.1, 1848, p.477).
E. —1. HIST. DE LA PHILOS. Principe (caché, immatériel) de production et de génération. Dans les philosophies du Moyen Âge, comme dans celles de l'Antiquité, un être naturel est une substance active, dont l'essence cause les opérations et les détermine avec nécessité. La nature n'est que l'ensemble des natures; ses attributs restent donc la fécondité et la nécessité (GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p.162). Sans être des choses en soi ou des substances comme les éléments, ces agrégats [d'atomes], ces «formes» douent les corps auxquels elles adhèrent de véritables propriétés spécifiques: Épicure les nomme «natures» (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p.44).
2. Nature des choses. Ordre nécessaire ou gouverné par une finalité. Synon. nécessité, providence. Il est dans la nature des choses que la marche de la Raison soit lentement progressive (ROBESP., Discours, Guerre, t.8, 1792, p.81). Après cela, je ne puis croire que la nature des choses permette qu'un gouvernement aussi monstrueux subsiste (STAËL, Lettres div., 1794, p.613):
• 11. ... [une] condition servile qui résulte, selon le philosophe [Platon], d'une inégalité qui est dans la nature des choses.
A. BONNARD, De l'Iliade au Parthénon, Paris, Union gén. d'éd., 1968 [1954], p.171.
II. —Nature humaine ou absol. nature (p.oppos. à civilisation, culture)
A. —1. Ensemble des caractères qui définissent l'homme, considérés comme innés, comme indépendants à la fois des déterminations biologiques et des déterminations sociales, historiques, culturelles. Un roi est un homme ayant les facultés et les besoins de la nature humaine: un roi qui se voit ou qui pense à soi ne se voit pas roi mais homme qui cherche à se connaître (MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, p.75). Le thème de la nature humaine n'avait cessé de susciter l'interrogation, de Socrate à Montaigne et Pascal, mais c'était pour y découvrir l'inconnu, l'incertitude, la contradiction, l'erreur (...). Lorsqu'enfin, avec Jean-Jacques, la nature humaine émergea comme plénitude, vertu, vérité, bonté, ce fut aussitôt pour nous en reconnaître exilés et la déplorer comme un paradis irrémédiablement perdu. Et il fallut peu, par la suite, pour découvrir que ce paradis était aussi imaginaire que l'autre (E. MORIN, Le Paradigme perdu: la nature humaine, Paris, éd. du Seuil, 1973, p.20):
• 12. La civilisation, la vie est une chose apprise et inventée (...). Les hommes après quelques années de paix oublient trop cette vérité; ils arrivent à croire que la culture est chose innée, qu'elle est la même chose que la nature. La sauvagerie est toujours là à deux pas, et, dès qu'on lâche pied, elle recommence.
SAINTE-BEUVE, Cahiers, 1869, p.99.
2. Principe normatif découlant de l'essence humaine. Que toutes ces sectes hypocrites qui s'élèvent au milieu de vous cessent de vouloir étouffer, par leurs croassements impies, la voix sacrée de la Nature et les cris touchans de l'humanité (ROBESP., Discours, Guerre, t.8, 1792, p.147). Le goût du morbide, l'attirance vers les spectacles et les actes qui heurtent la saine nature (DRUON, Gdes fam., t.2, 1948, p.16):
• 13. [L'époque moderne] fut celle des massacres religieux, des guerres sacrées, de la dépopulation du Nouveau Monde. Elle y vit rétablir l'ancien esclavage, mais plus barbare, plus fécond en crimes contre la Nature...
CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p.134.
♦Contre-nature; cf. aussi infra IV B.
— Sensibilité morale, attachement fondé sur la parenté. Roger: C'est [à] regret que je vous afflige, mais je te l'ai déjà dit, je ne puis quitter mes camarades... Un serment solemnel m'attache à eux... Clémence: Eh quoi? Tu pourrois être insensible au cri de la nature?... Victor: Ah, Roger! rends-moi mon père, je le sens à mon coeur; il m'est impossible d'étouffer la voix qui me parle pour toi (GUILBERT DE PIXÉR., Victor, 1798, III, 10, p.50).
3. État de nature. État de l'homme antérieur à la constitution de la société. Ainsi il n'y eut rien de parfait en législation que la loi naturelle; en religion que la religion naturelle; en droit que le droit naturel; en société que la société naturelle; et même comme si la famille n'étoit pas une société ou que l'homme pût naître et vivre sans famille, on opposa l'état de pure nature à tout état de société. C'est là la grande erreur de J-J Rousseau, et même de l'Esprit des lois (BONALD, Législ. primit., t.1, 1802, p.172).
P.euphém. et p.plaisant. Être dans l'état de nature. Être nu. (Dict. XIXe et XXe s.). Synon. in naturalibus.
B. —Dispositions psycho-physiologiques dominantes qui déterminent la personnalité d'un individu. Synon. complexion, naturel, tempérament. Avoir, être d'une nature agressive, aimante, gaie, maladive, morbide, ouverte, passive, passionnée, renfermée, sanguine, sournoise, vicieuse. Il est des défauts de complexion, qui s'opposent au libre développement de l'âme: il est des natures sombres et grossières, où pénètre mal le rayon de Dieu (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p.130). Je ne savais pas qu'une nature exagérément primesautière n'excluait en lui ni la sincérité ni la droiture (BILLY, Introïbo, 1939, p.97).
♦Seconde nature. Trait de caractère acquis modifiant la personnalité originelle. La tristesse qui depuis un an est devenue ma seconde nature (HUGO, Lettres fiancée, 1821, p.43). J'y ai été soumis [à l'École des Chartes] à une certaine méthode de travail, à certaine discipline intellectuelle et morale, qui me sont devenues une seconde nature (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p.LI).
— [P.méton.] La personne elle-même. Quelqu'une de ces natures riches et embrasées, telles qu'en produit encore Naples ou la ville aux gondoles (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p.464). Sa marche assurée, sa taille souple, ses narines roses et ouvertes, ses grands yeux légèrement cerclés de bleu, dénotaient une de ces natures ardentes qui répandent autour d'elles un parfum de volupté (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p.89). Oh! cette Julia!... Quelle femme! hein?... Quelle nature! (PAILLERON, Âge ingrat, 1879, I, 6, p.26):
• 14. Je lis les conversations de Goethe par Eckermann, et je trouve que l'écrivain allemand divisait l'humanité en deux classes, les poupées jouant un rôle appris, et les natures [it. ds le texte], le petit groupe d'êtres tels que Dieu les a créés.
GONCOURT, Journal, 1892, p.286.
♦Petite nature. Personne faible, physiquement ou moralement. Visiblement, elle retrouvait en lui quelque chose de son propre goût du plaisir, mais le tempérament, hélas! est celui de sa mère. «Ta mère! Une si petite nature!» (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p.902).
— De nature, par nature, loc. adv. Synon. par tempérament. Je conteste fort peu: j'aime la liberté par instinct, par nature (COURIER, Pamphlets pol., Réponses aux anon., 1, 1822, p.148). Brave autant qu'Achille, la bravoure d'Hector est cependant d'une tout autre qualité. Non bravoure de nature, mais de raison. Courage conquis sur sa propre nature, discipline qu'il s'est imposée (A. BONNARD, De l'Iliade au Parthénon, Paris, Union gén. d'éd., 1968 [1954], p.68).
III. —[La nature d'une chose, d'un être]
A. —Ensemble des qualités, des propriétés qui définissent un être, un phénomène ou une chose concrète, qui lui confèrent son identité. Comment, en effet, connaître les causes qui procurent l'opulence aux nations, quand on n'a pas des idées claires sur la nature des richesses elles-mêmes? (SAY, Écon. pol., 1832, p.28). C'est la nature de la femme d'être volontiers regardée, palpée, curieusement observée, c'est-à-dire adorée (MICHELET, Journal, 1857, p.336).
— La nature + adj. + compl. en de. La nature divine de Jésus-Christ. Par sa nature spongieuse (...) [la couche d'humus] filtre et retient l'eau des pluies, en ralentit l'évaporation (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.12).
— Par nature, de nature (plus rare), loc. adv. En raison des propriétés de la chose, de l'être dont il est question. Le pouvoir n'étant qu'un homme semblable en tout aux autres hommes, sans aucun privilège, aucune supériorité de nature (LAMENNAIS ds L'Avenir, 1831, p.179). Toute définition est par nature partielle: elle est restrictive (J. BOUSQUET, Trad. du silence, 1936, p.101). L'unité de mesure de son style [de J. Renard], c'est la phrase. D'une phrase à l'autre il n'y a ni mouvement, ni passage. Il n'y a rien: le vide. Il est voué par nature au discontinu (SARTRE, Carnets de la drôle de guerre, nov. 1939-mars 1940, Paris, Gallimard, 1983, p.420).
♦[Avec art. poss.] Les biens sont immeubles, ou par leur nature, ou par leur destination, ou par l'objet auquel ils s'appliquent (Code civil, 1804, art. 517, p.95). Le pouvoir, étant répressif de sa nature, a besoin d'une grande concentration pour opposer une résistance égale au mouvement populaire (BALZAC, Méd. camp., 1833, p.157).
— Être de nature à, loc. verb. Être susceptible d'avoir pour effet de. Cette philosophie pouvait être vraie, mais elle était de nature à faire désirer la mort (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.499). Comprises et appliquées comme elles devaient l'être, ces mesures étaient de nature à arrêter net toute menace d'épidémie (CAMUS, Peste, 1947, p.1258).
— PHILOS., THÉOL. Essence. L'origine de la pensée a occupé tous les véritables philosophes. Y a-t-il deux natures dans l'homme? S'il n'y en a qu'une, est-ce l'âme ou la matière? (STAËL, Allemagne, t.4, 1810, p.15). Le Christ s'avance, sous les traits d'un griffon, dont le corps terrestre et les ailes aériennes rappellent l'union hypostatique des deux natures humaine et divine (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p.152).
— GRAMM. La nature des constituants de la phrase est différente de leur fonction (...). Un groupe du nom peut avoir des fonctions différentes; il peut être sujet (mon père) ou objet (sa lecture) dans la phrase:mon père achève sa lecture (J. DUBOIS, R. LAGANE, La Nouv. gramm. du fr., Paris, Larousse, 1973, p.19).
B. —Synon. de type, sorte. Les modifications que les mêmes natures de terrain ne manquent point de faire subir à l'homme (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t.2, 1808, p.162). Ces trois natures de dépenses formaient un total mensuel de soixante-six francs (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p.48). Les natures d'activité et les pouvoirs de négociation des entreprises (PERROUX, Écon. XXes., 1964, p.400):
• 15. Il y a donc plusieurs natures d'espérances, plusieurs sortes de charités, diverses essences de foi?
FLAUB., Tentation, 1849, p.345.
— [Fréq. dans un compl. introd. par de] Des obstacles de toutes natures; un tissu de même nature. On n'a distingué jusqu'à présent dans les organisations politiques, que trois pouvoirs. J'en démêle cinq, de natures diverses, dans une monarchie constitutionnelle (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p.19).
Rem. Le sentiment que ces expr. sont grammaticalisées entraîne parfois le sing.: Dans ces expéditions de toute nature, j'étais souvent à l'avant-garde (LATOUCHE, L'HÉRITIER, Lettres amans, 1821, p.30).
C. —En nature, loc. adv.
1. DR. [En parlant d'un bien meuble] Dans sa réalité physique (s'oppose à en valeur, en argent). Ils rendront la valeur estimative de ceux des meubles qu'ils ne pourraient représenter en nature (Code civil, 1804, art. 453, p.84). Mais M. de Capmas étant convenu avec vous que vous auriez deux lits de plume et ceux-ci étant les seuls existants dans notre mobilier, je vous les restituerai en nature ou en argent (LAMART., Corresp., 1831, p.133). Un négociant possède un magasin entier rempli d'indigo qui ne peut servir en nature, ni à nourrir, ni à vêtir, et qui n'en est pas moins une richesse (SAY, Écon. pol., 1832, p.257).
♦Payer en nature. Payer avec des produits ou avec du travail. Scapin battra la caisse devant la porte promettant un spectacle extraordinaire et mirifique aux badauds ébahis avec cette facilité de payer leur place en nature (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.161). P.plaisant. [En parlant d'une femme] Accorder ses faveurs en échange d'un service.
2. [En parlant de plantes, de produits] Vieilli. En l'état, sans transformation. Nous aborderons la droguerie en la révolutionnant, en vendant ses produits concentrés au lieu de les vendre en nature (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p.92). La matière glycogène serait-elle portée en nature dans tous les organes, seulement les uns la conserveraient, les autres la changeraient en sucre? (Cl. BERNARD, Notes, 1860, p.167).
3. Synon. de en réalité, en vrai (p.oppos. à sous une forme représentée). Au théâtre, tu entends parler du plaisir de bien faire: ici tu vas l'éprouver et le sentir; tu vas trouver en nature la misere, la générosité et la reconnoissance (SAINT-MARTIN, Homme désir, 1790, p.172):
• 16. C'est alors que je suis tombé pile sur ce livre (...) et que je l'ai ouvert sur le Martyre de Saint Maurice, qu'on voit ici mieux qu'en nature, ce tableau que j'avais longuement contemplé à l'Escorial.
ARAGON, Blanche ou l'oubli, Paris, Laffont, 1974 [1967], p.88.
— Synon. de en chair et en os. Comment d'ailleurs ne songerais-je pas à votre jolie mine, puisque je l'ai là, devant moi, clouée sur mon armoire aux pipes! Je voudrais bien la voir en nature (FLAUB., Corresp., 1867, p.336).
IV. —En emploi adj.
A. —1. Qui est conforme à la réalité. Le Christ, mitré, rouge, à barbe fourchue, byzantin par l'immobilité, d'un idéal profond, terrible plus que noble, est pourtant réel, nature, s'il en fut jamais (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p.261).
♦En emploi adv. Il paraît que les Martial de La Touche y sont [dans un livre] peints nature (BENOIT, Atlant., 1919, p.16).
♦Grandeur nature. V. grandeur I B 1.
— P.méton. Banal, trivial. Tu ne sens pas que (...) tous ces personnages-là sont légers comme des rhinocéros, qu'ils parlent pour ne rien dire et que c'est trop nature? (FLAUB., Corresp., 1858, p.295). Leverdet: Balbine amoureuse de ce gandin, que c'est nature! (DUMAS fils, Ami femmes, 1864, V, 3, p.189).
2. [En parlant d'une pers. ou d'un comportement] Spontané. Réjane est admirable par son dramatique, tout simple, tout nature (GONCOURT, Journal, 1888, p.866).
3. [En parlant d'aliments] Sans accompagnement, sans préparation particulière. Steak, yaourt nature. Le dîner (...) était composé d'un bouillon épaissi par des îles réunies de semoule, d'un boeuf nature, d'un gigot aux haricots (HUYSMANS, Oblat, t.1, 1903, p.58). Le mari, grand blessé de guerre, commandait un café nature, sa femme un café rhum (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p.41).
B. —Contre nature. Qui n'est pas naturel (dans les diverses accept. normatives de l'adj.). Des amours contre nature. Quand Rome eut des vertus, ce furent des vertus contre nature. Le premier Brutus égorge ses fils, et le second assassine son père (CHATEAUBR., Génie, t.2, 1803, p.578). Cette interpolation [du Richard III de Shakespeare] est tout à fait de mauvais goût et contre nature (DELÉCLUZE, Journal, 1828, p.492). Est-il possible que des hommes se tuent pour une cuisinière! C'est tout à fait contre nature (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p.146). V. aussi contre-nature.
V. —En emploi adv., rare, pop. Synon. de naturellement (v. ce mot). Seulement ça ne me dit pas où qu'turbine mon homme —Nature (F. CARCO, Jésus-la-Caille, Paris, Le Livre de poche, 1914, pp.56-57). Alors c'est sur lui que Sulphart passa sa rage: —nature, toi tu t'en fous, bouseux, t'as pas soif. C'est pas dans l'usage de boire quand on est aux champs (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p.233). —Je vous écoute, inspecteur: je vous serais seulement obligé de me dire ce que j'ai à voir dans l'affaire dont vous me parlez... —Oh, nature! Vous ferai pas griller. Simple. Savez-vous que la femme du professeur Beurdeley a été assassinée? (ARAGON, Beaux quart., 1936, p.435).
REM. Naturopathe, subst., naturopathie, subst. fém. V. -pathe, -pathie.
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1119 «force active qui a établi et maintient l'ordre de l'univers» (PHILIPPE DE THAON, Comput, éd. E. Mall, 389); 1580 les lois de nature (MONTAIGNE, Essais, I, 33, éd. P.Villey, I, 218); 1668 payer le tribut à la nature (LA FONTAINE, Fables, V, XII, Les Médecins, éd. A. Régnier, I, 402); 1673 laisser faire la nature (MOLIÈRE, Malade Imaginaire, III, 3); 2. 1426 «organisation particulière de chacun des êtres vivants, mouvement qui le porte vers les choses nécessaires à sa conservation» (ALAIN CHARTIER, Le Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, 16, 22); 3. 1535 contre nature; 4. 1580 «faculté innée qui rend l'homme capable de discerner le bien et le mal» (MONTAIGNE, op. cit., I, 16, 70); 5. 1584 «ensemble du monde, des êtres et des choses, univers en tant qu'ordonné et régi par les lois» (JACQUES DE ROMIEN, Palinodies ds Satires françaises du 16e s., II, 89); d'où 1690 «opérations, productions de la nature (par opposition à celles de la civilisation)» (FUR.); 1696 «le monde physique» (LA BRUYÈRE, Des Jugements, 110, éd. G. Servois, III, 123); 6. 1580 «la nature considérée comme modèle des arts» (B. PALISSY, Disc. admirables, p.194 ds IGLF); 1663 d'après nature (MOLIÈRE, Critique de l'École des Femmes, VI, éd. R. Bray, 2, p.329); 1671 plus grand, plus petit que nature (POMEY); 1763 la nature inanimée (BACHAUMONT, Mém., t.1, p.104); 7. 1734 en nature «en objets réels, dans un échange» (DUBOS, Hist. mon franc., 1, p.108). II. 1. a) 1re moitié du XIIe s. «ensemble des caractères, des propriétés qui définissent les objets» (Lapidaire de Marbode ds Anglo-Norman Lapidaries, éd. P.Studer et J. Evans, p.48, 496); b) ca 1165 «essences, attributs propres à un être» (Eneas, éd. Salverda de Grave, 436); spéc. XIIIe s. nature humaine (Isopet de Lyon, 1669 ds T.-L.); 1755 la nature animale (MIRABEAU, Ami Hommes, t.1, p.14); 1761 nature végétale (ROUSSEAU, Nouv. Héloïse, t.3, p.229); 2. ca 1170 «disposition, tendance que l'être apporte en naissant» par nature (CHRÉTIEN DE TROIES, Roman de Perceval, éd. Lecoy, 241); d'où a) ca 1480 «complexion, tempérament de chaque individu» (Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 43144); b) 1559 «la personne elle-même» (AMYOT, Agésilas, 11 ds LITTRÉ); 3. début du XIIIe s. «constitution du corps humain, principe de vie qui l'anime et le soutient» (Li Epistle S. Bernart a Mont Deu, éd. V. Honemann, p.244); 1690 forcer nature (FUR.); 4. 1607 «affections naturelles de l'homme qui ont pour objet des personnes auxquelles il est uni par les liens du sang» (E. PASQUIER, Recherches, V, 3 ds GDF. Compl.). III. 1560 théol. «état naturel de l'homme (par opposition à la grâce)» (Bible, éd. A. Rebul, p.15 v° d'apr. FEW t.7, p.46b); 1690 état de nature «état de l'homme non régénéré par le baptême» (FUR.); 1738 le pur état de nature (ARGENS, Lettres Juives, t.3, p.149); 1761 l'homme de la nature «homme tel que la nature le fait» (ROUSSEAU, op. cit., t.4, p.144). IV. Emploi adj. 1. 1808, 10 déc. «conforme à la nature» c'est nature (L'Ambigu, t.23, p.473 ds R. Philol. fr. t.20, p.75); 1836 (STENDHAL, L. Leuwen, t.2, p.364: ceci est moitié nature, moitié comédie); 2. 1860 «spontané» (MICHELET, Journal, p.524: La dernière fut très spontanée, toute naïve et toute nature); 3. 1865 «au naturel» un boeuf-nature (VALLÈS, Réfract., p.11). V. Emploi adv. 1914 (CARCO, loc. cit.). Empr. au lat. natura «le fait de la naissance, état naturel et constitutif des choses, tempérament, caractère, cours des choses». Fréq. abs. littér.: 29921. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a)62436, b) 37771; XXe s.: a) 29876, b) 35766. Bbg. EHRARD (J.). L'Idée de nature en France dans la première moitié du 18e s. Paris, 1963, passim. — GOHIN 1903, p.297, 338. — GRITTI (J.). La Notion de nature chez Bonald... Cah. Lexicol. 1969, n° 14, pp.26-32. — LENOBLE (R.). Hist. de l'idée de nature. Paris, 1969, pp.217-238. — MAUZI (R.). L'Idée du bonheur au XVIIIe s. Paris, 1965, pp.559-570. — MERLEAU-PONTY (M.). Résumés de cours. Collège de France 1952-1960. Paris, 1968, pp.91-137; 171-180. — TOCANNE (B.). L'Idée de nature en France dans la seconde moitié du XVIIe s. Lille, 1978, 1072 p.(Thèse. Paris IV. 1975. 2 vol.).
nature [natyʀ] n. f.
ÉTYM. 1119; lat. natura, de natus « né ».
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1 Le mot de nature est un de ces mots dont on se sert d'autant plus souvent que ceux qui les entendent ou qui les prononcent y attachent plus rarement une idée précise.
Condorcet, Tronchin.
2 Le mot nature a (…) deux acceptions très différentes : l'une suppose un sens actif et général; lorsqu'on nomme la nature purement et simplement, on en fait une espèce d'être idéal auquel on a coutume de rapporter, comme cause, tous les effets constants, tous les phénomènes de l'univers; l'autre acception ne présente qu'un sens passif et particulier, en sorte que lorsqu'on parle de la nature de l'homme, de celle des animaux (…) ce mot signifie (…) la quantité totale, la somme des qualités dont la nature, prise dans la première acception, a doué l'homme, les animaux (…)
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Disc. s. nat. ois.
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1 (Qualifié : la nature de…). Ensemble des caractères, des propriétés qui définissent un être, une chose concrète ou abstraite, généralement considérés comme constituant un genre. ⇒ Essence; entité, quiddité. || La nature opposée à l'accident, à l'existence. || Connaître, ignorer la nature d'une substance, ce qu'est cette substance (→ Hormone, cit. 2). || La nature des choses. || « De natura rerum » (« De la nature des choses »), poème philosophique de Lucrèce. || Choses de même nature (→ Galet, cit. 1), de nature différente. || Corps qui change de nature. || Changer, altérer la nature de… ⇒ Dénaturer, transmuer. || Nature ambiguë (cit. 5), bizarre de qqch. || Double nature. || Tenir de la nature de… ⇒ Participer. — La nature de la matière, de l'âme (cit. 5 et 18), de l'homme. || « Je connus de là que j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de penser » (Descartes; → Âme, cit. 41). || La nature de Dieu, nature divine (→ Appréhender, cit. 1). || Définir la nature de l'art (→ Esthétique, cit. 1). || Nature d'un sentiment (→ Leurrer, cit. 5). || La nature de l'amour-propre est de n'aimer (cit. 44) que soi. — Dr. || La nature des biens et leur valeur (→ Avis, cit. 24). — Il est dans la nature de… que (→ Agitation, cit. 12).
3 (…) on peut bien connaître l'existence d'une chose, sans connaître sa nature.
Pascal, Pensées, III, 233.
4 Il y a cette différence entre la nature du gouvernement et son principe, que sa nature est ce qui le fait être tel; et son principe, ce qui le fait agir. L'une est sa structure particulière, et l'autre les passions humaines qui le font mouvoir.
Montesquieu, l'Esprit des lois, III, I.
5 (…) un fait dont nous ne connaissons pas la nature, alors même que tout nous oblige à admettre son existence, demeure pour nous comme s'il n'était pas.
J. Paulhan, Entretien sur des faits divers, p. 35.
♦ Spécialt. || La nature de l'homme, la nature humaine. || Double nature de l'homme, selon les chrétiens (→ Concupiscence, cit. 3). || Nier le concept de nature humaine. ⇒ Essence (cit. 8), existence (cit. 8). — Par ext. || La nature humaine considérée comme immuable, diverse, perfectible. || La nature humaine : l'homme, le genre humain. || « Il veut du mal à toute la nature humaine » (Académie).
6 (…) comme l'homme n'est pas une nature purement intelligente, et qu'il est, ainsi qu'il a été dit, une nature intelligente unie à un corps (…)
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu…, IV, 1.
7 Voilà l'état où les hommes sont aujourd'hui. Il leur reste quelque instinct impuissant du bonheur de leur première nature, et ils sont plongés dans les misères de leur aveuglement et de leur concupiscence, qui est devenue leur seconde nature.
Pascal, Pensées, VII, 430.
8 La nature de l'homme se considère en deux manières : l'une selon sa fin, et alors il est grand et incomparable; l'autre selon la multitude, comme on juge de la nature du cheval et du chien, par la multitude (…)
Pascal, Pensées, VI, 415.
9 Que peut bien être la nature d'un homme, en dehors de ce qu'il est concrètement dans son existence présente ?
Sartre, Situations III, p. 208.
♦ Théol. || L'union des deux natures (divine et humaine) en Jésus-Christ.
♦ Philos. || Natures simples dans la philosophie cartésienne (âme, étendue, temps). — REM. Ce sens est vieilli. ⇒ Substance.
♦ ☑ De sa nature, par sa nature. ⇒ Essentiellement, originellement, soi (en soi). || Des droits qui sont de leur nature incessibles (cit.). || Dieu est par sa nature au-dessus de tout (→ 2. Être, cit. 18), incompréhensible (cit. 6) aux hommes.
10 La pensée est donc une chose admirable et incomparable par sa nature.
Pascal, Pensées, VI, 365.
♦ ☑ De nature à… : propre à, susceptible de… (en parlant des choses). || Recherches de nature à bouleverser la science (→ Intérêt, cit. 26). || Être de nature à exciter les suffrages (→ Applaudir, cit. 20).
11 (…) qu'y avait-il dans tout cela qui fût de nature à m'émouvoir si fort et à se graver dans ma mémoire comme une eau-forte (…) ?
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Dessous de cartes… »
12 Mais, ne craignez rien, ne craignez rien : ce que je peux vous dire de M. Mayer n'est pas de nature à modifier les sentiments que vous lui portez.
G. Duhamel, Salavin, V, I.
♦ De… nature… (qualifié). ⇒ Catégorie, classe, espèce, genre, manière, ordre, sorte (→ fam. Acabit, calibre, cuvée, etc.). || Des obstacles de toute nature (→ Linguistique, cit. 3). || Le mal, de quelque nature qu'il soit (→ Indignation, cit. 2). || Des besoins d'une autre nature. || Des réformes de cette nature sont difficiles. ⇒ Caractère (→ Exécution, cit. 7). || Des emplois de cette nature, comme ceux-ci, tels que ceux-ci (→ Dignité, cit. 1). || Il n'a eu de discussion d'aucune nature avec eux (→ Guerre, cit. 8). || Selon la nature du terrain…
13 Sous des déguisements de diverse nature.
Molière, Psyché, III, 1.
2 Absolt. Ensemble des caractères innés (physiques ou moraux) propres à une espèce, et, spécialt, à l'espèce humaine; le principe interne qui détermine ces caractères. || Besoin de nature (→ Infidélité, cit. 11). ⇒ Inclination, penchant. || Les sentiments de la nature et les passions factices (cit. 3). || La nature nous donne rarement le goût de ce qui nous est mauvais (cit. 11). || Les forces meurtrières de la nature (→ Bataille, cit. 17). || Dépravation, vices de la nature (→ Homme, cit. 66; misanthrope, cit. 2). || Combattre, étouffer (cit. 30) la nature. || Il faut être soi et ne point lutter (cit. 5) contre la nature. || Tout ce qui gêne (cit. 5) et contraint la nature. || Forcer la nature. || Céder à la nature. || Résister à l'amour est contre nature (→ Fermeté, cit. 5; fidélité, cit. 5). || Le célibat (cit. 3), état contraire à la nature. || Suivre la nature (→ ci-dessous II., 1.).
14 J'ai pris (…) bien simplement et cruement pour mon regard ce précepte ancien : que nous ne saurions faillir à suivre nature, que le souverain précepte c'est de se conformer à elle. Je n'ai pas corrigé, comme Socrate, par force de la raison mes complexions naturelles, et n'ai aucunement troublé par art mon inclination. Je me laisse aller, comme je suis venu, je ne combats rien (…)
Montaigne, Essais, III, XII.
15 (…) dès leur plus tendre jeunesse ils se livrent à tout ce que la nature leur suggère : rien n'est si rare que de trouver dans ce peuple quelque fille qui puisse se souvenir du temps auquel elle a cessé d'être vierge.
Buffon, Hist. nat. de l'homme, Variétés espèce humaine.
16 (…) on n'est fort qu'en contrariant la nature. L'arbre naturel n'a pas de beaux fruits (…)
Renan (→ Espalier, cit. 3).
17 Une telle violence à la nature ne va pas sans douleur.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », IV.
♦ Les liens naturels, par le sang; la parenté. || Les liens de la nature. ⇒ Sang (→ Infidélité, cit. 9). || Le cri de la nature. || L'amitié nous joignit (cit. 11) plus que la nature.
18 La nature pour lui n'est plus qu'une chimère :
Il méconnaît sa sœur, il méprise sa mère (…)
Racine, la Thébaïde, II, 3.
♦ Spécialt. a Les instincts de la chair (fig.). → ci-dessus, cit. 15, Buffon. || La nature est forte chez eux (→ Homme, cit. 78). — REM. Il s'agit le plus souvent des instincts considérés comme normaux (→ ci-dessous Crime contre nature, II., 2.).
19 Cela est plaisant, oui, ce mot de mariage; il n'y a rien de plus drôle pour les jeunes filles : ah ! nature, nature !
Molière, le Malade imaginaire, I, 5.
20 Elle se desséchait avant l'âge, et comme la nature en elle ne s'était point encore apaisée, il y avait perpétuellement à craindre quelque drame.
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XI.
♦ C'est la nature, se dit des activités sexuelles considérées comme une manifestation spontanée et normale de la vie.
21 Il ne songeait pas à lâcher une de ces gaillardises, dont les garçons de ferme s'égayaient avec les filles qui amenaient ainsi leurs vaches. Cette gamine semblait trouver ça tellement simple et nécessaire qu'il n'y avait vraiment pas de quoi rire, honnêtement. C'était la nature.
Zola, la Terre, I, I.
b Vx ou régional. Sexe, parties sexuelles. || « On y portait un phallus, qui est la semblance de la nature d'un homme » (Amyot, in Huguet).
3 Spécialt et absolt. Ce qui est inné, spontané, par oppos. à ce qui est acquis (par la coutume, la vie en société, la civilisation…). || L'homme dans l'état de nature. ⇒ État (cit. 100; → Égalité, cit. 5; éloigner, cit. 18). → ci-dessous II., 2. || L'État de pure nature (→ Barbare, cit. 10 et 13).
♦ ☑ Fig. et vieilli. Être dans l'état de nature, tout nu. || C'est la société qui a dépravé la nature (→ Homme, cit. 74). || L'étude ajoute (cit. 6) à la nature.
22 Les lois de la conscience, que nous disons naître de nature, naissent de la coutume; chacun ayant en vénération interne les opinions et mœurs approuvées et reçues autour de lui (…)
Montaigne, Essais, I, XXIII.
♦ ☑ Seconde nature : les caractères qui ont pris la force, l'importance de caractères innés. || La coutume, l'habitude (cit. 45 et 48) est une seconde nature.
23 (…) la coutume est une seconde nature, qui détruit la première. Mais qu'est-ce que nature ? pourquoi la coutume n'est-elle pas naturelle ? J'ai grand'peur que cette nature ne soit elle-même qu'une première coutume, comme la coutume est une seconde nature.
Pascal, Pensées, II, 93.
♦ Théol. || Se croire saint par nature et non par grâce (→ Enfler, cit. 31).
4 La nature de qqn; une nature : l'ensemble des éléments innés (dans le physique, et plus couramment dans le caractère) d'un individu. ⇒ Naturel; génie (II., A., 1.); idiosyncrasie (cit. 2); tempérament. || Nature physique. ⇒ Complexion, constitution. || Être de nature délicate, vigoureuse. || Nature morale. ⇒ Caractère, naturel, personnalité. || Avoir une nature chagrine (→ Moderne, cit. 2), excessive (cit. 10), patiente. || Sa nature artistique (→ Artiste, cit. 11). || Leurs natures disparates s'accordaient (cit. 32). — (Opposé à caractères acquis). || Sa vraie nature, sa nature foncière (→ 1. Masque, cit. 18). || Cacher une nature aimante sous des dehors froids (→ Jalousie, cit. 4). || L'éducation impose à l'enfant comme une seconde nature (→ Amas, cit. 13).
24 On y saisit (chez Marmontel) à l'origine une nature prompte, facile, assez riche et très malléable, une nature très naturelle, si je puis dire, ouverte, franche, assez fière sans orgueil, sans fiel et sans aucun mauvais levain.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 15 sept. 1851.
25 Bernard devait éprouver ce matin-là que, pour une nature généreuse autant que la sienne, il n'y a pas de plus grande joie que de réjouir un autre être.
Gide, les Faux-monnayeurs, III, XIII.
♦ ☑ Loc. Ce n'est pas dans sa nature. — ☑ De nature, par nature, spontanément, d'une manière innée, naturelle. || Peuple badaud (cit. 1) de nature. || De nature ou par état (→ Laïc, cit. 3). || Indolent de sa nature (→ Inquisition, cit. 2). || Démocrate par nature, aristocrate (cit. 4) par mœurs. || Enclin par nature à… (→ Attendre, cit. 81). || Attentif (cit. 20), indiscret (→ Autrui, cit. 27) par nature.
26 Il y a deux hommes très distincts dans Frédéric II : un Allemand par la nature, et un Français par l'éducation.
Mme de Staël, De l'Allemagne, I, XVI.
27 Pour accueillir et embrasser son fils, elle sourit de joie et de tendresse; mais, silencieux par nature, renfermés tous deux, ils ne se disaient guère que ce qu'il était utile de se dire.
Loti, Ramuntcho, I, I.
♦ Par ext. || Une nature (accompagné d'un adjectif, d'un complément) : une personne de telle ou telle nature. || Une nature violente (→ 4. Casse, cit. 1). || Une nature insouciante (→ Léger, cit. 34), orgueilleuse (→ Mission, cit. 7), imaginative (cit. 1). || Une de ces natures à la fois énergiques et délicates (cit. 24). || C'était une nature de paysan (→ Aiguiser, cit. 10). || Les natures absolues (cit. 7), simples (→ Expression, cit. 3). — Forte, riche nature; natures supérieures (→ Braver, cit. 10; humilier, cit. 25). ☑ C'est une heureuse nature (il est toujours satisfait), une bonne nature (il est d'humeur égale, douce).
28 Il dort ! cette riche nature a succombé à tant de secousses : il n'y a que nous autres qui sachions nous prêter à la douleur, il lui manque notre insouciance.
Balzac, les Ressources de Quinola, III, 19.
29 (…) cette nature chaste, saine, ferme, droite, dure, candide, le charmait.
Hugo, les Misérables, III, IV, I.
30 Et si la plus humble sensation réclame déjà pour se produire un peu de bon vouloir et de foi, combien n'en faut-il pas pour atteindre la zone des jouissances violentes, quand on est une nature modérée.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVI, p. 268.
♦ Absolt. || C'est une nature, une forte personnalité (→ Falloir, cit. 31).
———
II
1 Principe actif, souvent personnifié, qui anime, organise l'ensemble des choses existantes selon un certain ordre. || La nature, principe universel (→ Individu, cit. 5), puissance qui anime tout (→ Immense, cit. 2). || Les lois (cit. 56) de la nature. || L'égalité n'est pas une loi de la nature (→ Dépendance, cit. 7.1). || La nature ne fait rien en vain. || Les caprices, les jeux de la nature. || La nature crée des formes (→ Création, cit. 13). || La nature produit plus de mâles que de femelles (cit. 1). → aussi ci-dessous le sens 5.
♦ La nature personnifiée (→ Artificieux, cit. 1; assortir, cit. 12; inconvénient, cit. 2). || La mère nature (→ Fatiguer, cit. 15; 1. Faucheur, cit. 2). || Marâtre nature ! (→ Durer, cit. 6, Ronsard). || La fantasque nature (→ Jeannette, cit. 2).
♦ La nature est indifférente, impitoyable, injuste (cit. 1)… || Accuser (cit. 12) la nature, se plaindre de la nature (→ Insensé, cit. 5). || Vigueur (→ Force, cit. 68), exubérance (cit. 1) de la nature. || L'homme n'a pas reçu le mal (3. Mal, cit. 43) de la nature.
REM. En ce sens (comme aux sens II., 3. et 6.) on utilise souvent la majuscule, la Nature.
31 Nature a maternellement observé cela, que les actions qu'elle nous a enjointes pour notre besoin nous fussent aussi voluptueuses, et nous y convie non seulement par la raison, mais aussi par l'appétit : c'est injustice de corrompre ses règles.
Montaigne, Essais, III, XIII.
32 La nature agit toujours avec lenteur, et pour ainsi dire avec épargne.
Montesquieu, Lettres persanes, CXV.
33 Observez la nature, et suivez la route qu'elle vous trace. Elle exerce continuellement les enfants; elle endurcit leur tempérament par des épreuves de toute espèce; elle leur apprend de bonne heure ce que c'est que peine et douleur.
Rousseau, Émile, I.
34 La nature est le système des lois établies par le Créateur pour l'existence des choses et pour la succession des êtres. La nature n'est point une chose, car cette chose serait tout; la nature n'est point un être, car cet être serait Dieu; mais on peut la considérer comme une puissance vive, immense, qui embrasse tout, qui anime tout (…) Cette puissance est, de la Puissance divine, la partie qui se manifeste (…) la nature est elle-même un ouvrage perpétuellement vivant, un ouvrier sans cesse actif (…) le temps, l'espace et la matière sont ses moyens, l'univers son objet, le mouvement et la vie son but.
Buffon, Hist. nat. des animaux, Vue de la nature, I.
34.1 Non, Thérèse, non, il n'est point de Dieu, la Nature se suffit à elle-même, elle n'a nullement besoin d'un auteur, cet auteur supposé n'est qu'une décomposition de ses propres forces, n'est que ce que nous appelons dans l'école une pétition de principes.
Sade, Justine…, t. II, p. 56.
35 Qui donc a dit que la nature ne fait pas de saut ? C'est Leibnitz, peut-être. En voilà une belle sottise ! La nature ne procède que par bonds et désordres soudains.
G. Duhamel, le Voyage de Patrice Périot, V.
35.1 C'est un état de modestie qui pousse l'homme civilisé à vivre parallèlement à la nature (ce qui lui évite d'ailleurs de rencontrer cette personne impitoyable).
J. Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 256.
36 (…) la Nature (…) cette grande Nature vague, qui gaspille le pollen et produit brusquement l'envol de mille papillons et dont on ne sait jamais si elle est l'enchaînement aveugle des causes et des effets ou le développement timide, sans cesse retardé, dérangé, traversé, d'une Idée.
Sartre, Situations III, p. 311.
♦ Spécialt. Hist. de la philos. (Dans le stoïcisme). || Vivre conformément à la nature, suivre la nature : principe de morale impliquant soumission à la finalité qui règne dans l'univers. — REM. On peut rapprocher cet emploi du sens II., 2.
♦ (Dans la philosophie de Spinoza). || Nature naturante : le monde considéré comme substance active, infinie, identifiée à Dieu (par oppos. à nature naturée, considérée comme diversité finie de modes). — REM. Ces deux expressions sont d'origine scolastique, et calquées du latin (natura naturans, natura naturata).
♦ ☑ Loc. Payer le tribut à la nature : mourir.
37 Tous deux s'étant trouvés différents pour la cure,
Leur malade paya le tribut à Nature (…)
La Fontaine, Fables, V, 12.
♦ Origine, cause première des caractères innés (→ ci-dessus I., 3.) chez l'homme. || Race bien dotée, bien douée par la nature (→ Aiguiser, cit. 12). || La nature l'avait affligé (cit. 7) d'une disgrâce. || Ceux que la nature a favorisés (cit. 2). || Les talents que lui donna la nature (→ Abuser, cit. 4).
38 Cela me fait imaginer que le sort des femmes que la nature a disgraciées ne doit pas être heureux dans Taïti.
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, III.
♦ La nature, opposée à l'homme (dans ses créations, ses ouvrages). → ci-dessous 4. et 7. || Dons de la nature et acquisitions de l'art (cit. 28). || Rivière tracée par la nature (→ Irrigation, cit. 1).
39 La nature est opiniâtre et lente dans ses opérations. S'agit-il d'éloigner, de rapprocher, d'unir, de diviser, d'amollir, de condenser, de durcir, de liquéfier, de dissoudre, d'assimiler, elle s'avance à son but par les degrés les plus insensibles. L'art, au contraire, se hâte, se fatigue et se relâche. La nature emploie des siècles à préparer grossièrement les métaux; l'art se propose de les perfectionner en un jour. La nature emploie des siècles à former les pierres précieuses, l'art prétend les contrefaire en un moment.
Diderot, Interprétation de la nature, XXXVII.
♦ Spécialt. (Relativement à l'état physique ou moral de l'homme). || La nature bienfaisante (cit. 3) rétablit ce que l'homme a détruit. || Réparer par son art (cit. 30) ce qu'a détruit la nature. || Laisser agir (cit. 31), laisser faire la nature. || Médecin qui fait crédit (cit. 5) à la nature, qui aide la nature.
40 — La nature, d'elle-même, quand nous la laissons faire, se tire doucement du désordre où elle est tombée (…) — Mais il faut demeurer d'accord (…) qu'on peut aider cette nature par de certaines choses (…) — Lorsqu'un médecin vous parle d'aider, de secourir, de soulager la nature (…) il vous dit justement le roman de la médecine.
Molière, le Malade imaginaire, III, 3.
2 « Principe fondamental de tout jugement normatif… (s'exprimant par) des règles idéales parfaites… dont les morales ou les législations humaines sont une imitation imparfaite » (Lalande).
REM. Ce sens s'est particulièrement développé au XVIIIe s., et confond plusieurs idées : celles d'instinct inné (I., 2.), d'ordre extérieur à l'action humaine (I., 3. et 4.) et de valeur morale.
♦ Se modeler sur l'état de nature, revenir à l'état de nature.
♦ Lois de nature. ⇒ 1. Loi (II., 1.). || Les guerres (cit. 36) font frémir la nature et choquent la raison. || Les bornes que la nature a mises aux richesses (→ Argent, cit. 37).
41 Ô nature, souveraine de tous les êtres, et vous ses filles adorables, vertu, raison, vérité, soyez à jamais nos seules divinités.
42 (…) il est manifestement contre la loi de nature (…) qu'un enfant commande à un vieillard, qu'un imbécile conduise un homme sage, et qu'une poignée de gens regorge de superfluités, tandis que la multitude affamée manque du nécessaire.
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, II.
43 Que le code des nations serait court, si on le conformait rigoureusement à celui de la nature ! combien d'erreurs et de vices épargnés à l'homme !
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, IV.
♦ ☑ || Chose contre nature, « contre la loi de nature » (Rousseau). || « J'ose presque dire que l'état de réflexion est un état contre nature » (→ Animal, cit. 7, Rousseau).
REM. Dans les locutions crimes, vices contre nature, appliquées aux pratiques sexuelles condamnées (sodomie, etc.), nature désigne tout autant le principe moral que l'instinct supposé inné (I., 2.), considéré comme seul moral.
44 Je dirai bien que le crime contre nature ne fera jamais dans une société de grands progrès, si le peuple ne s'y trouve porté d'ailleurs par quelque coutume, comme chez les Grecs, où les jeunes gens faisaient tous leurs exercices nus (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, XII, VI.
45 (…) veuillez à votre tour reconnaître que les goûts homosexuels ne vous paraissent plus aussi contraires à la Nature que vous les prétendiez ce matin.
Gide, Corydon, IIe dialogue, VII.
3 « L'ensemble des choses qui présentent un ordre, qui réalisent des types ou se produisent suivant des lois » (Lalande). Par ext. L'ensemble de tout ce qui existe sans l'action de l'homme. ⇒ Monde, univers. || Système de la nature (systema naturæ), ouvrage de Linné. || De l'interprétation de la nature, ouvrage de Diderot. || L'ordre de la nature (→ Jour, cit. 30; miracle, cit. 3). || Les lois de la nature (que l'on peut observer, constater dans la nature). → Automatisme, cit. 6; miracle, cit. 5. || La nature est éternelle (→ Immobile, cit. 21). || Rien ne se perd, rien ne se crée dans la nature (→ Matière, cit. 3). || « Tout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature » (→ Atome, cit. 9). || Les corps de la nature s'attirent (cit. 4) réciproquement (→ Attraction, cit. 1). || Les phénomènes de la nature (→ Expérimentateur, cit. 2). || Les métamorphoses de la nature (→ Métamorphoser, cit. 2). || Les secrets de la nature (→ Magie, cit. 5). || Place de l'homme dans la nature (→ Égard, cit. 7; homme, cit. 7 et 51). — Les Harmonies (cit. 40) de la nature (Bernardin de St-Pierre). || Illusion d'une morale de la nature, au XVIIIe siècle (→ 1. Loi III., cit. 58 et ci-dessus 2.).
46 Aux petits des oiseaux, il donne leur pâture,
Et sa bonté s'étend sur toute la nature.
Racine, Athalie, II, 7.
47 Je travaille maintenant à examiner la vérité de la première (opinion); savoir, que la nature abhorre le vide (…) pour vous ouvrir franchement ma pensée, j'ai peine à croire que la nature, qui n'est point animée, ni sensible, soit susceptible d'horreur, puisque les passions présupposent une âme capable de les ressentir (…)
Pascal, Lettre à M. Périer, 15 nov. 1647.
48 Quand on vient à comparer la multitude infinie des phénomènes de la nature avec les bornes de notre entendement et la faiblesse de nos organes, peut-on jamais attendre autre chose de la lenteur de nos travaux, de leurs longues et fréquentes interruptions et de la rareté des génies créateurs, que quelques pièces rompues et séparées de la grande chaîne qui lie toutes choses ?
Diderot, Interprétation de la nature, VI.
49 Qui es-tu nature ?… — Je suis le grand tout. Je n'en sais pas davantage (…) je suis eau, terre, feu, atmosphère, métal, minéral, pierre, végétal, animal. Je sens bien qu'il y a dans moi une intelligence (…) je sens cette puissance invisible (…) je ne la puis connaître (…) on m'a donné un nom qui ne me convient pas; on m'appelle nature, et je suis tout art (…) si tu considères seulement la formation d'un insecte, d'un épi de blé, de l'or et du cuivre, tout te paraîtra merveilles de l'art.
Voltaire, Dict. philosophique, Nature.
50 Votre nature (…) n'est qu'un mot inventé pour signifier l'universalité des choses.
Voltaire, Dialogues, XXIX, 2o.
51 Je ne médite, je ne rêve jamais plus délicieusement que quand je m'oublie moi-même. Je sens des extases, des ravissements inexprimables à me fondre, pour ainsi dire, dans le système des êtres, à m'identifier avec la nature entière.
Rousseau, Rêveries…, VIIe promenade.
52 Tôt ou tard le sentiment écrasant de la permanence de la nature vous emplit le cœur, vous remue profondément, et vous finissez par y être inquiets de Dieu.
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 658.
53 La nature est un drame avec des personnages;
J'y vivais, j'écoutais, comme des témoignages,
L'oiseau, le lys, l'eau vive et la nuit qui tombait.
Hugo, les Contemplations, V, III, IV.
♦ Allus. littér. || « La Nature est un temple… » (→ Forêt, cit. 7, Baudelaire). || Œuvre qui présente une image de la nature, du monde (→ 2. Manuel, cit. 2). || Peindre la nature (→ Création, cit. 12). || L'art (cit. 73, 75 et 76) et la nature. || Imitation (cit. 11) de la nature. || Égaler la nature par son art (cit. 29).
♦ Spécialt. ⇒ Création. || L'auteur de la nature (→ Atome, cit. 7).
4 Ce qui, dans l'univers, se produit spontanément, sans intervention du calcul, de la réflexion, de la volonté, considérés comme l'apanage de l'Homme; tout ce qui existe sans l'action de l'homme. || La nature et la science, et l'art (cit. 2, 26, 31 et 74). || La nature est une œuvre d'art et l'homme n'est qu'un arrangeur (cit. 1) de mauvais goût. || Le beau (cit. 4) dans la nature et dans les arts. || Corriger (cit. 3, Voltaire) la nature. || Formes (cit. 1) géométriques, qui n'existent pas dans la Nature. || Objets existant dans la nature (→ Hiéroglyphe, cit. 2).
54 L'art, c'est la création propre à l'homme. L'art est le produit nécessaire et fatal d'une intelligence limitée, comme la nature est le produit nécessaire et fatal d'une intelligence infinie.
Hugo, Post-Scriptum de ma vie, I.
55 Ils étaient à peu près sûrs de ne pas changer d'avenir, s'il n'y avait pas de catastrophes, de guerre, de révolution. Ils vivaient heureusement dans un pays qui ne connaît guère les tremblements de terre, les cyclones, les raz de marée, les grandes épidémies : du côté de la nature au moins, ils se sentaient tranquilles.
P. Nizan, le Cheval de Troie, I, II.
56 Nous avons changé de méthode :
Jodelet n'est plus à la mode,
Et maintenant il ne faut pas
Quitter la nature d'un pas.
La Fontaine, Lettre à M. de Maucroix, Relation fête donnée à Vaux.
57 Ce style figuré, dont on fait vanité,
Sort du bon caractère et de la vérité :
Ce n'est que jeu de mots, qu'affectation pure,
Et ce n'est point ainsi que parle la nature.
Molière, le Misanthrope, I, 2.
♦ La nature dans l'homme : l'instinct, l'intuition (opposé à la raison, au calcul).
58 La raison nous trompe plus souvent que la nature.
Vauvenargues, Maximes et réflexions, 123.
5 L'ensemble des choses perçues, et, spécialt, des choses visibles considéré par opposition aux idées, aux sentiments, en tant que milieu où vit l'homme. — REM. Ce sens exclut non seulement les œuvres humaines comme le précédent, mais encore, de manière générale, l'homme lui-même.
♦ La nature sensible. ⇒ Réalité (→ Idée, cit. 10). || Sciences abstraites et sciences de la nature (sciences physiques, sciences naturelles proprement dites…). || L'homme et la nature, dans la nature (→ Milieu, cit. 29; modifier, cit. 1). || Au milieu d'une nature hostile, inhospitalière (→ Cruauté, cit. 13). || Nature vierge, indomptée. || Transformer la nature (→ Matière, cit. 20). || L'homme a dompté la nature. || L'homme détruit, épuise (cit. 3) la nature.
59 (…) au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent (…) nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature.
Descartes, Disc. de la méthode, VIe partie.
60 (…) nature (…) désigne l'univers, le monde matériel (…) la beauté de la nature, la richesse de la nature : c'est-à-dire les objets du ciel et de la terre offerts à nos regards (…)
61 La nature physique a sans nul doute quelque action sur l'histoire des peuples, mais les croyances de l'homme en ont une bien plus puissante.
Fustel de Coulanges, la Cité antique, III, XIV.
♦ Les forces de la nature. ⇒ Élément. — ☑ Fig. et fam. Cet homme est une force (cit. 73) de la nature.
♦ Nature brute, nature inculte, et, par ext., nature cultivée (incluant le travail de l'homme).
62 (…) il (l'homme) dit : la nature brute est hideuse et mourante; c'est moi, moi seul qui peux la rendre agréable et vivante : desséchons ces marais (…) mettons le feu (…) à ces vieilles forêts déjà à demi consommées (…) une nature nouvelle va sortir de nos mains.
Qu'elle est belle, cette nature cultivée (…) mille (…) monuments de puissance et de gloire démontrent assez que l'homme, maître du domaine de la terre, en a changé, renouvelé la surface entière, et que de tout temps il partage l'empire avec la nature.
Buffon, Hist. nat. des animaux, Vue de la nature, I.
6 Spécialt. Le monde physique, hors l'homme et ses œuvres, en tant que milieu psychique, cause d'émotions, de sentiments.
♦ REM. Dans ce sens, nature désigne surtout la surface terrestre en tant qu'elle présente un spectacle (→ Paysage) et qu'elle ne porte pas de traces de l'activité humaine dans ses aspects urbains. → Campagne. || Aimer, admirer la nature. || Être amoureux (cit. 12) de la nature (→ Ascendance, cit. 2). || Le sentiment de la nature au XVIIIe siècle, dans le romantisme. || La mythologie (cit. 2) et le sentiment de la nature. || Le spectacle de la nature (→ Banquet, cit. 2). || Le silence (→ 1. Calme, cit. 6), le calme de la nature. || Les merveilles, les beautés de la nature… || Communion avec la nature (→ Assimiler, cit. 19). — Vivre en pleine nature (→ Idyllique, cit. 1). || Seul dans la nature… (→ Borner, cit. 20, Lamartine). || Un coin de nature charmant.
63 (…) la nature n'est que pour ceux qui habitent la campagne (…)
La Bruyère les Caractères, XII, 110.
64 (…) il est intéressant pour des contemplatifs solitaires qui aiment à s'enivrer à loisir des charmes de la nature, à se recueillir dans un silence que ne trouble aucun autre bruit que le cri des aigles, le ramage entrecoupé de quelques oiseaux, et le roulement des torrents qui tombent de la montagne.
Rousseau, Rêveries…, Ve promenade.
65 Cet amour du monde, des arts et de la spirituelle causerie, n'empêchait pas madame Sophie Gay d'avoir le goût de la nature. Elle aimait les grands bois, les champs, les eaux, les jardins, les exercices champêtres, la culture des fleurs, la pêche à la ligne; si les soirées se passaient dans l'atmosphère étincelante des salons, les matinées se rafraîchissaient à l'ombre et à la solitude des bois.
Th. Gautier, Portraits contemporains, Sophie Gay.
66 Hume bien l'air des bois cette semaine, et regarde les feuilles pour elles-mêmes; pour comprendre la nature, il faut être calme comme elle.
Flaubert, Correspondance, 341, 4 sept. 1852.
67 Notez bien cette hirondelle; c'est la première et qui annonce un nouveau printemps de la langue; on ne commence à la voir paraître que chez Rousseau. C'est de lui que date, chez nous, au XVIIIe siècle, le sentiment de la nature.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 4 nov. 1850.
68 Nature au cœur profond sur qui les cieux reposent,
Nul n'aura comme moi si chaudement aimé
La lumière des jours et la douceur des choses,
L'eau luisante et la terre où la vie a germé.
Anna de Noailles, le Cœur innombrable, « Offrande à la nature ».
♦ « Gardez (cit. 56), belle nature… ». || Mais la nature est là (cit. 27, Lamartine)… || L'impassible (cit. 6) nature a déjà tout repris… || « Nature au front serein… » (→ Métamorphose, cit. 9). — REM. Les citations romantiques personnifient la nature visible et confondent ce sens de Nature avec le sens II, 1.
69 Ne me laisse jamais seul avec la Nature,
Car je la connais trop pour n'en pas avoir peur
Elle me dit : « Je suis l'impassible théâtre
Que ne peut remuer le pied de ses acteurs (…) »
Vivez, froide Nature, et revivez sans cesse (…)
Vivez, et dédaignez, si vous êtes déesse,
L'Homme, humble passager, qui dut vous être un Roi (…)
A. de Vigny, Poèmes philosophiques, « La Maison du Berger », III.
♦ (En parlant d'un type particulier de paysage). || Une nature austère, sévère, impressionnante, écrasante (cit. 3). || Nature douce, aimable…
♦ Spécialt. (En parlant de la vie, et surtout des végétaux, considérés comme un témoignage de la puissance d'expansion de la nature). || Le réveil de la nature au printemps (→ Annoncer, cit. 6). || Jours d'automne (cit. 5), où la nature expire. || Le deuil (cit. 3) de la nature. || Nature morte et stérile (→ Gui, cit. 3). || La nature s'éveille (cit. 23), renaît (→ Engourdir, cit. 7). — Nature luxuriante (→ Ébouriffer, cit. 3).
♦ Par ext. et fam. ☑ Il a dérapé et il est parti dans la nature : il a quitté la route accidentellement (→ Entrer dans le décor). — Il s'est perdu, il a disparu dans la nature : il se trouve dans un endroit indéterminé, on n'a aucune nouvelle de lui. — Envoyer, expédier qqn dans la nature (→ Envoyer promener, envoyer paître…).
7 Ce monde physique (→ ci-dessus, 6) en tant que modèle, impulsion créatrice pour l'art, qui se propose de s'en inspirer, d'en donner un signe, une image par l'« imitation » (⇒ Mimesis). || Théories esthétiques de l'imitation de la nature, de la « belle nature », aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles.
69.1 Peignons la nature, mais la belle nature : l'art ne doit pas s'occuper de l'imitation des monstres.
Chateaubriand, Atala, Préface.
69.2 J'en tiens pour le paradoxe de Wilde en art : la nature imite l'art; et la règle de l'artiste doit être, non pas s'en tenir aux propositions de la nature, mais de ne lui proposer rien qu'elle ne puisse, qu'elle ne doive imiter.
Gide, Journal des Faux-monnayeurs, p. 35.
REM. Nature a ici un aspect normatif et correspond à une manifestation de « l'ordre des choses » (→ ci-dessus, 1. et 2. au sens de « principe créateur », 3. et 4. au sens d'« ensemble organisé, fruit d'une spontanéité transcendante », par oppos. à l'artifice des œuvres humaines).
♦ Figurine (cit. 2), automate capable d'imiter, d'égaler la nature.
♦ ☑ Loc. D'après nature. || Dessiner, peindre d'après nature (cf. Sur le motif). — Fig. (littér.). || Portrait d'après (cit. 66) nature. — ☑ … que nature. || Buste (cit. 6), portrait plus grand, plus petit que nature. || Ce portrait est remarquable de vie, il est plus vrai, plus vivant que nature.
70 J'ai peint (…) d'après nature (…)
La Bruyère Disc. à l'Académie, Préface, 15 juin 1693.
70.1 Je ne sais pas si je suis un comédien, un filou, un idiot ou un garçon très scrupuleux. Je sais qu'il faut que j'essaie de copier un nez d'après nature.
♦ Par appos. || Grandeur nature (→ Figure, cit. 7), demi-nature. || Portrait grandeur nature (→ Fusain, cit. 2; grandeur, cit. 37).
71 Si vous prenez des natures énormes, que votre scène soit presque immobile; si vous prenez des natures petites, que votre scène soit tumultueuse et troublée (…)
b Mod. || Nature morte (XVIIIe; d'abord nature inanimée) : objets ou êtres inanimés faisant le sujet essentiel d'un tableau. — Genre de peinture qui s'attache à représenter divers objets ou êtres inanimés (notamment destinés à l'usage humain, tels que vaisselle, aliments, fleurs, instruments, livres…) naturellement groupés ou disposés à dessein. || Peintre qui excelle dans la nature morte; peintre de nature(s) morte(s). ⇒ Naturemortiste.
♦ (Mil. XIXe). Tableau dans ce genre de peinture. || Natures mortes de Chardin, de Cézanne. || « La Raie », célèbre nature morte de Chardin. || Nature morte au pichet, aux oranges…, se dit pour désigner un tableau de nature morte d'après l'objet principal autour duquel la composition est ordonnée.
72 Ces tableaux ont une grande tournure commune aux anciens tableaux de chasse ou de nature morte que faisaient les grands peintres (…)
Baudelaire, Curiosités esthétiques, I, V.
73 (…) vous y trouverez des peintres de conversations, de paysages, d'animaux, de marines, de tableaux officiels, de nature morte, de fleurs (…)
E. Fromentin, Maîtres d'autrefois, p. 138.
74 (…) il lui suffit (à Chardin) d'un lièvre, d'un panier de fruits, d'un gobelet d'étain, qu'entourent de rares et pauvres objets, pour réussir des constructions où la grandeur de Poussin remplace le faste de Snyders. Haussant la nature morte au rang de peinture monumentale (…)
B. Dorival, la Peinture française, p. 124.
9 ☑ En nature : en objets réels, dans un échange, une transaction, sans intermédiaire monétaire (opposé à en espèces). || Don en nature. || Paiement, restitution en nature (→ 3. Mercuriale, cit. 1). || En argent ou en nature (→ Mess, cit. 1). || Rente payable en nature (→ Métayage, cit. 1). || Capital en nature (en terres, immeubles…).
75 (…) nous qui devons parfois payer nos dépenses et en argent et en nature (…)
G. Duhamel, Refuges de la lecture, I, p. 49.
♦ Rare. Sous sa forme originelle, sans avoir subi de transformation.
76 Si l'introduction des céréales est défendue en nature, les braves gens qui font les lois n'ont pas songé à prohiber les fabrications dont les blés sont le principe.
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 1054.
———
III Adj. et adv.
1 Adj. invar. Fam. Qui est naturel, sans apprêt.
♦ Cuis. Préparé simplement (bœuf nature); consommé sans accompagnement, sans assaisonnement (→ Au naturel). || Fraises nature et fraises à la crème. || Je préfère les huîtres nature. — (En parlant des liquides). Pur. || Café nature, noir.
♦ Par extension :
77 Dans ce mien voyage de cure,
En dépit de Joanne et Chaix,
Je n'ai rien vu d'Aix-les-Bains qu'Aix
Pur, nature, sans fioriture.
Verlaine, Dédicaces, XXIII.
♦ Fam. Naturel, vrai, exact (cit. 14), en parlant d'un acteur dans son rôle, etc. || C'est nature !, exclamation admirative, à la mode au XIXe siècle.
78 (…) qu'il s'agisse de peinture, de vers, de prose, de l'Orient, de l'Espagne, de la Grèce, du peuple, du roi, du XVe siècle (…) nous avons l'honneur de vous prévenir que vous paraîtriez arriver du Monomotapa, si vous ne disiez pas : C'est nature ! Oh ! c'est nature !… est l'expression d'une statue absorbée qui, assise, les bras pendants, écrasés par la sensation, la bouche entr'ouverte, les yeux agrandis, admire (…)
Balzac, Des mots à la mode, Œ. diverses, t. II, p. 36 (→ Galbe, cit. 4).
79 Nana était si blanche et si grasse, si nature dans ce personnage fort des hanches et de la gueule, que tout de suite elle gagna la salle entière.
Zola, Nana, I.
80 Il ne faut pas qu'on sente que le cinéma est là… — Alors je garde ma cigarette. Ça fera plus « nature »… — Bravo ! Tu deviens vedette.
R. Dorgelès, la Drôle de guerre, XVI.
♦ Il est nature, sans détours, spontané, franc…
2 Adv. Pop. ⇒ Naturellement.
81 — (…) ton fricot serait meilleur si t'ajoutais un peu de riz (…) — Quoi, du riz ?… — Nature, du riz, approuve perfidement Fouillard.
R. Dorgelès, les Croix de bois, IV.
❖
DÉR. Naturel, naturisme, naturiste.
COMP. Dénaturer. Naturopathe. — Surnature.
Encyclopédie Universelle. 2012.