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subordonner

subordonner [ sybɔrdɔne ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1496, rare av. XVIIIe; lat. médiév. subordinare, francisé d'apr. ordonner
1Placer (une personne, un groupe) sous l'autorité de qqn, dans un ensemble hiérarchisé. soumettre. L'interne est subordonné au chef de service dans un hôpital. Pronom. « Aimer, c'est avoir pour but le bonheur d'un autre, se subordonner à lui » (Taine).
2Donner à (une chose) une place inférieure ou une importance secondaire. « Matière et couleur sont ici subordonnées [...] à des préoccupations de forme » (Fromentin). soumettre. « Voué sans réserve à son idée, il y a subordonné toute chose » (Renan).
3Rare Faire dépendre (une chose) de l'accomplissement d'une condition. attacher.

subordonner verbe transitif (latin médiéval subordinare) Mettre quelqu'un dans une situation de dépendance hiérarchique par rapport à quelqu'un d'autre : L'organisation militaire subordonne le lieutenant au capitaine. Considérer quelque chose comme moins important que quelque chose d'autre : Subordonner le dessin et la forme à la couleur. Faire dépendre quelque chose de la réalisation de quelque chose d'autre : Subordonner un achat à l'obtention d'un crédit.subordonner (synonymes) verbe transitif (latin médiéval subordinare) Mettre quelqu'un dans une situation de dépendance hiérarchique par rapport...
Synonymes :
- soumettre

subordonner
v. tr.
d1./d Mettre (une personne) dans une situation hiérarchiquement inférieure à une autre. (S'emploie surtout au passif.)
d2./d Considérer (une chose) comme secondaire par rapport à une autre. Il subordonne tout à des questions d'intérêt.
|| Faire dépendre (une chose d'une autre). Il subordonne son départ à la réussite de cette négociation.

⇒SUBORDONNER, verbe trans.
A. — 1. Subordonner qqn à qqn. Placer une personne ou un groupe de personnes dans un état de dépendance par rapport à quelqu'un (ou à un groupe de personnes) dans un ensemble hiérarchisé. C'était le quatrième ministre [le général Roques] de la Guerre auquel j'étais subordonné depuis le début de la guerre (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 386). Le rôle assigné à la femme se borne à la vie domestique, au soin des enfants, à la préparation des repas. Elle doit se subordonner à l'homme (DOEBLIN, Pages imm. Confucius, 1947, p. 40).
Empl. pronom. réciproque. Jésus fit remarquer que, si lui, le maître, avait été au milieu de ses disciples comme leur serviteur, à plus forte raison devaient-ils se subordonner les uns aux autres (RENAN, Vie Jésus, 1863, p. 402).
Empl. pronom. réfl. Il ne raisonnait ni bien ni mal, il était incapable de raisonnement; mais il avait la raison de se subordonner à sa sœur (BALZAC, Pierrette, 1740, p. 21).
2. Subordonner qqn. Mettre quelqu'un en situation inférieure. Les gnostiques chrétiens refusent ou subordonnent le Dieu de l'ancien testament, qu'ils conçoivent essentiellement comme créateur (...). Le Dieu suprême est le rédempteur, non le créateur (Philos., Relig., 1957, p. 34-8).
3. Subordonner qqn à qqc. Mettre quelqu'un en situation de dépendance par rapport à une chose. Empl. pronom. [Les êtres humains] vivent sur la terre: c'est en se subordonnant eux-mêmes aux faits naturels qu'ils assurent à leur corps l'entretien indispensable et à leurs facultés le développement et l'épanouissement (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 2).
B. — Subordonner qqc. à qqc. Accorder à quelque chose un rôle inférieur ou une importance secondaire par rapport à une autre. Les communautés primitives n'ont jamais ignoré les individualités, mais elles les ont subordonnées au statut social (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 256). Le style de Verdi diffère nettement de celui de ses devanciers, et s'il y a encore du Bellini dans Oberto, on y sent déjà le musicien résolu à subordonner plus étroitement la mélodie à l'expression des sentiments (DUMESNIL, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 162).
Empl. pronom. réfl. En accordant à la science de la langue sa vraie place dans l'ensemble de l'étude du langage, nous avons du même coup situé la linguistique tout entière. Tous les autres éléments du langage, qui constituent la parole, viennent d'eux-mêmes se subordonner à cette première science (SAUSS. 1916).
Empl. pronom. réciproque. Au lieu d'entrer ou de rester en concurrence, deux entreprises semblables retrouvent l'équilibre en se partageant leur tâche commune; au lieu de se subordonner l'une à l'autre, elles se coordonnent (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 253).
C. — Assortir d'une condition la réalisation, l'exécution de quelque chose; faire dépendre quelque chose de quelque chose d'autre. Subordonner qqc. à une approbation, une autorisation, à une décision; à l'octroi de qqc. La réalisation de la gémination est subordonnée à l'existence de certaines conditions qui doivent être préalablement remplies: - affectation à l'école d'un ménage d'instituteurs; - reprise en charge, aux récréations, des garçons par l'instituteur, des filles par l'institutrice (Encyclop. éduc., 1960, p. 100). L'épanouissement de ce renouvellement de l'esprit administratif est subordonné à l'action de chaque homme placé à la tête d'une unité administrative (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 252).
D. — LINGUISTIQUE
1. Établir un rapport de dépendance syntaxique entre une proposition introduite par une conjonction de subordination, un pronom relatif ou un mot interrogatif, et une proposition principale dans une phrase complexe. On peut penser, par exemple, que le terme de conjonction est surtout approprié aux faits de coordination et qu'un terme meilleur pourrait s'appliquer aux éléments linguistiques censés subordonner (MOIGNET, Ét. de Psycho-systématique fr., Paris, Klincksieck, 1974, p. 244).
2. [Dans la théorie d'A. Martinet] Ajouter selon un type d'expansion un élément qui n'est pas identique à un élément préexistant dans le même cadre. On peut subordonner à peu près n'importe laquelle des unités linguistiques de première articulation (MOUNIN 1974).
Prononc. et Orth.:[], (il) subordonne []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin XVe s. se subordonner « se mettre dans un état de dépendance » (GEORGES CHASTELLAIN, L'Entrée du roy Loys en nouveau règne, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 7, p. 7); 1797 part. passé subst. subordonné « celui qui est soumis à un supérieur » (Voy. La Pérouse, t. 2, p. 249); 2. gramm. a) av. 1780 part. passé adj., et subst. fém. proposition subordonnée, subordonnée (CONDILL., Art d'écr., I, 7 [éd. 1798] ds LITTRÉ); 1872 subordonner (LITTRÉ); b) 1863 part. prés. adj. subordonnant (LITTRÉ, s.v. conjonction); 1933 part. prés. subst. (MAR. Lex.). Empr. d'apr. ordonner au lat. médiév. subordinare « id. » ca 1343 ds LATHAM (d'où le m. fr. subordiner 1596, JEAN DE BASMAISON, Cout. d'Auvergne, 37 ds DELB. Notes mss, cf. également l'adv. subordinement 1567, J. PAPON, Rec. d'arretz not., 260b ds Fonds BARBIER — 1788; FÉR. Crit.), déjà en b. lat. eccl. « accorder une ordination inférieure à » 502 ds BLAISE Lat. chrét., dér. du class. ordinare, v. ordonner avec préf. sub- marquant la position inférieure. Fréq. abs. littér.:313. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 199, b) 611; XXe s.: a) 402, b) 591. Bbg. GOHIN 1903, p. 322.

subordonner [sybɔʀdɔne] v. tr.
ÉTYM. 1496; subordiner, 1596 (→ Subordination); rare av. XVIIIe; emprunt, francisé d'après ordonner, au lat. médiéval subordinare, de sub, et lat. class. ordinare. → Ordonner.
1 Subordonner (qqn) à (qqn) : placer (une personne, un groupe) sous l'autorité de (qqn), dans un ensemble hiérarchisé. Soumettre. || L'interne qui est subordonné à un chef de service dans un hôpital (→ aussi Mon, cit. 11).
2 Subordonner (qqch.) à (qqch.) : donner à (une chose) une place inférieure ou une importance secondaire par rapport à (une autre); réduire (une chose) à n'être qu'un moyen pour obtenir (un résultat). → Nationaliste, cit. 3. || Subordonner en peinture la matière (cit. 11) et la couleur à des préoccupations de forme. Soumettre (infra cit. 3); ordre (supra cit. 6).
1 Voué sans réserve à son idée, il y a subordonné toute chose à un tel degré que l'univers n'exista plus pour lui.
Renan, la Vie de Jésus, XXVIII, Œ. compl., t. IV, p. 371.
3 Faire dépendre (une chose) en fait ou en droit de l'accomplissement d'une condition. || La victoire finale est subordonnée au succès de l'opération en cours. Attacher (supra cit. 41).
4 Gramm. Mettre en état de subordination (une proposition). || Infra subordonné.
——————
se subordonner v. pron.
|| « Tu t'es subordonné, quand tu es fait pour ordonner » (cit. 11, Balzac; et → Peuple, cit. 18).Se subordonner à… (→ Aimer, cit. 38; concevoir, cit. 10; dialecte, cit. 1). || Un caractère essentiel (cit. 10), auquel les autres se subordonnent.
——————
subordonné, ée p. p. adj. et n.
1 (1690). a (Personnes; choses). Qui est dans un état de dépendance; qui est soumis à une autorité. Dépendant, inférieur, sujet. || Le pouvoir intermédiaire subordonné le plus naturel est celui de la noblesse (→ Monarchie, cit. 1, Montesquieu).
2 Toutes choses sont liées et subordonnées dans ce monde; nous le savons; mais faire chaque chose pour elle-même est le seul moyen de motiver sa valeur.
Gide, Journal, 1893, Feuillets.
b N. (1829). Personne placée sous l'autorité d'une autre (quand on la considère du point de vue de sa dépendance hiérarchique). Adjoint, employé, inférieur (supra cit. 9), sous-ordre, subalterne. || Obéissance (cit. 9), indiscipline (cit. 2) des subordonnés. || Droits et devoirs d'un chef vis-à-vis de ses subordonnés (→ 1. Patron, cit. 11). || Couvrir (supra cit. 31) ses subordonnés.
3 (…) il ne savait que faire de ce supérieur-là, lui qui n'ignorait pas que le subordonné est tenu de se courber toujours, qu'il ne doit ni désobéir, ni blâmer, ni discuter, et que, vis-à-vis d'un supérieur qui l'étonne trop, l'inférieur n'a d'autre ressource que sa démission.
Hugo, les Misérables, V, IV.
3.1 Mais le plus grave était qu'il prétendît introduire dans son service des réformes d'une portée considérable et bien faites pour troubler la quiétude de son subordonné.
M. Aymé, le Passe-muraille, p. 9.
2 Adj. et n. f. (1770). || Proposition subordonnée, qui est dans une relation de dépendance syntaxique (marquée explicitement par la présence d'un mot subordonnant ou par le mode) par rapport à une autre (dite proposition principale, I., 2.), et qui ne pourrait former sans cette principale une phrase complète du point de vue grammatical et formel (on dit aussi parfois proposition dépendante, opposé à proposition indépendante). Subordination (3.). || Proposition subordonnée à une principale négative (→ Quand, cit. 14).Absolt. || Proposition subordonnée (→ Coordonner, cit. 4; devoir, cit. 30).N. f. || Subordonnée (→ 1. Garde, cit. 51; parce que, cit. 12; rejet, cit. 4). || La subordonnée de (une autre proposition, une principale). || La principale et sa subordonnée.Une subordonnée. || L'incise n'est pas une subordonnée. || Classement des subordonnées selon la place qu'elles occupent par rapport à la principale (antécédentes ou antérieures, coïncidentes ou incidentes, conséquentes ou postérieures), selon le mot qui les introduit (interrogatives indirectes, relatives), selon leur fonction (sujet; attribut; complément d'objet — complétives —, de circonstance — circonstancielles), selon le mode du verbe qu'elles contiennent (subordonnées à un mode personnel; infinitives; participiales)… Proposition (I., 3.). || Subordonnées coordonnées, juxtaposées.
4 La phrase de Renard est ronde et pleine, avec le minimum d'organisation intérieure (…) Point de ces subordonnées qui sont comme des épines dorsales ou des artères ou parfois des ganglions nerveux; tout ce qui n'est pas la proposition principale lui paraît suspect : ce sont des bavardages, des restrictions inutiles, des adjonctions oiseuses, des repentirs.
Sartre, Situations I, p. 296.
CONTR. (Du p. p. adj.) Dominant, supérieur. — Autonome, indépendant. — Désobéissant. — (Du p. p. substantivé) Chef, directeur, supérieur (n. m.).
DÉR. Subordonnant. — (Du p. p.) Subordonnément.
COMP. (Du p. p.) Insubordonné.

Encyclopédie Universelle. 2012.