proposition [ prɔpozisjɔ̃ ] n. f.
• v. 1120 propositiun « action de faire connaître ses intentions »; lat. propositio
1 ♦ L'action, le fait d'offrir, de suggérer qqch. à qqn; ce qui est proposé. ⇒ offre. Proposition de paix. Faire des propositions avantageuses. Proposition malhonnête. J'ai une proposition à vous faire. Accepter, repousser une proposition. « Sa proposition avait été rejetée avec une violence qu'elle considérait comme regrettable » (Camus). Proposition s'opposant à une autre. ⇒ contre-proposition. Elle a accepté sa proposition de venir. Spécialt Faire des propositions à une femme, lui proposer des relations sexuelles.
♢ Proposition votée au cours d'un congrès, dans une assemblée. ⇒ motion. — Dr. Proposition de loi : texte qu'un ou plusieurs parlementaires déposent sur le bureau de leur Assemblée pour qu'il soit adopté comme loi après un vote du Parlement. Repousser une proposition de loi.
♢ SUR (LA) PROPOSITION DE. ⇒ conseil, initiative. « L'assemblée déclara ensuite, sur la proposition de Mirabeau, que ses membres étaient inviolables » (Michelet) . Être nommé à un poste sur la proposition de ses supérieurs.
2 ♦ Log. Jugement de réalité ou de valeur, considéré comme le contenu d'une phrase. ⇒ précepte. Argument qui vient appuyer une proposition.
♢ Énoncé qui exprime une relation entre deux ou plusieurs termes. Sujet, copule, attribut d'une proposition. Proposition catégorique, complexe. Propositions contradictoires, contraires. Proposition évidente, claire et intelligible par elle-même (⇒ axiome) , posée comme principe (⇒ postulat, principe) . Démontrer une proposition.
♢ Math. Énoncé déclaratif dont on peut dire qu'il est vrai ou faux (⇒ propositionnel).
3 ♦ (XVIIe) Unité psychologique et syntaxique (réduite parfois à un seul mot) qui constitue à elle seule une phrase simple ou qui entre comme élément dans la formation d'une phrase complexe. Sujet, verbe, attribut, complément d'une proposition. Découpage d'un énoncé en propositions : analyse logique. Proposition principale, subordonnée, indépendante. Propositions coordonnées, juxtaposées. Proposition affirmative, négative, interrogative, exclamative, impérative. Proposition relative, conjonctive. Propositions complétives, circonstancielles, finales, causales, comparatives, concessives, etc. « l'immense armée des Propositions, les Principales, les Subordonnées, les capricieuses Complétives, les Circonstancielles et les autres (s'il en est...) » (Valéry).
● proposition nom féminin (latin propositio) Action de proposer quelque chose ; ce que l'on propose : Faire une proposition avantageuse. Unité syntaxique élémentaire construite autour d'un verbe, et dont la réunion par coordination ou subordination constitue la phrase effectivement réalisée. (On distingue les propositions indépendantes, qui se confondent avec la phrase, les propositions principales et les propositions subordonnées [relatives, complétives, circonstancielles]. Le découpage d'un énoncé en propositions est appelé « analyse logique ».) En logique, assertion fondamentale jugée trop élémentaire pour être qualifiée de théorème. (Sa caractéristique essentielle est d'être susceptible de recevoir une valeur de vérité.) ● proposition (expressions) nom féminin (latin propositio) Calcul des propositions, partie fondamentale de la logique, qui consiste à opérer des calculs sur des propositions à l'aide de règles d'inférence ne faisant pas intervenir de quantificateur. Faire des propositions à quelqu'un, lui proposer une aventure amoureuse. Proposition de loi, texte de loi émanant d'un parlementaire en vue de le soumettre au vote du Parlement. Sur proposition de, selon l'appui, l'idée, la suggestion de. ● proposition (synonymes) nom féminin (latin propositio) Action de proposer quelque chose ; ce que l'on propose
Synonymes :
- offre
proposition
n. f.
d1./d Action de proposer un projet, une offre; chose proposée. Proposition de mariage. C'est une proposition honnête. Syn. offre.
— Proposition de loi: texte d'une nouvelle loi soumis à l'approbation du pouvoir législatif.
d2./d énonciation d'un jugement, affirmation. Soutenir une proposition.
— MATH énonciation d'une égalité, d'un théorème, etc.; ses termes.
|| LOG Contenu d'une phrase.
— Prédicat. Calcul des propositions.
|| GRAM Mot ou groupe de mots, généralement ordonnés autour d'un verbe, constituant une unité syntaxique, et correspondant soit à une phrase simple (proposition indépendante), soit à un élément de phrase complexe (proposition principale ou proposition subordonnée).
⇒PROPOSITION, subst. fém.
I. —[Corresp. à proposer I]
A. —Vx. [Corresp. à proposer I A] Fait de mettre devant les yeux (en vue d'offrir).
— RELIG. Pain de proposition. ,,Dans la Bible, (...) les douze pains qu'on mettait chaque semaine sur la table dans le sanctuaire`` (LITTRÉ). Les pains de proposition, adoptés par les Hébreux pour leurs sanctuaires (...) représentaient, comme idée première, la nourriture du dieu (RENAN, Hist. peuple Isr., t.2, 1889, p.153). Vin de proposition. V. eulogie B 1.
B. —[Corresp. à proposer I B] Fait de proposer quelque chose (à quelqu'un); ce qui est proposé. Faire une proposition.
1. Fait de soumettre quelque chose à la réflexion; ce qui est soumis à la réflexion. Les propositions de Descartes dans ce domaine. Cette nouvelle proposition revient à dire que l'équilibre est stable dans les positions où le centre de gravité du système est le plus bas (POISSON, Mécan., t.2, 1811, p.299).
— RELIG. ,,Sermon d'essai ou d'épreuve dont le jeune théologien non consacré est tenu de prononcer un certain nombre devant une commission de pasteurs et de professeurs, et qu'il est admis à répéter dans une église`` (PIERREH. 1926). V. proposant III A.
2. Fait de soumettre quelque chose à la réflexion, à l'évaluation, à l'approbation; ce qui est soumis à l'approbation. Émettre, présenter, soumettre une proposition; discuter, examiner une proposition; la proposition est agréée, acceptée, approuvée, accueillie favorablement, refusée, repoussée, rejetée; la proposition échoue; les propositions américaines, britanniques, soviétiques; propositions ministérielles, parlementaires, patronales, syndicales; propositions budgétaires, financières; proposition intéressante, raisonnable, inacceptable, inadmissible, déconcertante, exaspérante, saugrenue; proposition concernant..., relative à...; une proposition en ce sens a été faite.
a) [Sans compl. ou avec compl. «subjectif»] En cas de partage dans un scrutin secret, la proposition mise aux voix n'est pas adoptée (BACQUIAS, Cons. gén. et cons. arrondiss., 1934, p.84):
• 1. Le fait que les propositions les moins importantes de la délégation soviétique ont été acceptées —propositions qui, dans une certaine mesure, améliorent la déclaration —ne lui donne pas cependant un caractère acceptable...
Déclar. univ. dr. homme, 1949, p.13.
— Proposition d'une assemblée, d'un conseil, d'un congrès (transmise à une autorité). Synon. de motion.
b) [Avec un compl. «objectif»] Proposition d'achat. En avril 1943, une proposition d'échange émanant d'un Directeur de l'Institut allemand concerne (...): un tableau de Boucher (Musées Fr., 1950, p.15). Un memorandum contenant des propositions d'accord fait actuellement l'objet d'un échange de vues (Pt manuel Conseil Europe, 1951, p.56). Il accepte la proposition de suspension temporaire faite par l'ONU (BEAUFRE, Dissuasion et strat., 1964, p.76).
— Proposition de loi. ,,Texte de loi en préparation dont l'initiative émane d'un parlementaire`` (Jur. 1981). Déposer, mettre aux voix, voter, adopter une proposition de loi. La proposition des lois appartient au Roi, à la Chambre des Pairs et à la Chambre des Députés (Charte constit., 1830 ds Doc. hist. contemp., p.162):
• 2. Le texte de loi émanant du président du Conseil s'appelle «projet de loi». Le texte de loi émanant d'un parlementaire s'appelle «proposition de loi».
LUBRANO-LAVADERA, Législ. et admin. milit., 1954, p.11.
— Proposition de résolution.
c) [Avec un compl. inf.] Ta proposition d'aller faire visite à cette dame n'avait pas le sens commun (FLAUB., Corresp., 1853, p.215). La proposition de constituer «les États-Unis d'Europe» (GINESTET, Ass. parlem. eur., 1959, p.12).
3. Fait de soumettre (une offre) à l'acceptation; cette offre elle-même. Proposition d'alliance, d'armistice, de paix; proposition de divorce; accepter, décliner la proposition; proposition grossière, honteuse, humiliante, insultante. Ce petit paysan a sans doute en poche des propositions de quelqu'un (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.71). L'honorable proposition qui me fut faite d'un cours à professer sur Port-Royal à l'Académie de Lausanne (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.1, 1840, p.1).
— Vx. Offre d'achat faite à voix haute par un commerçant. Mouret pratiquait la proposition, les articles offerts à voix haute, la cliente raccrochée et dévalisée (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p.620).
— Table de proposition. Table de démonstration. Synon. présentoir. Une petite table de proposition, couverte de quelques bibelots défraîchis (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p.789).
— Proposition d'assurance. ,,Offre par questionnaire détaillé adressé par l'assureur à la personne qui, en vue de contracter une assurance, lui en a fait la demande ou a été sollicitée par lui`` (BARR. 1967).
— Proposition de mariage. Offre de mariage. Propositions de mariage. Une jeune personne, jolie, spirituelle et bien née, riche de deux mille écus de rentes, propose sa main et son coeur à un homme au-dessus de soixante ans, riche, sans enfans (JOUY, Hermite, t.2, 1812, p.84).
— Au plur. [En parlant d'un homme] Faire des propositions. Proposer des relations sexuelles à un partenaire. Faire des propositions galantes, impertinentes. La nuit, me dit-elle (...) n'a pas été bonne. Il a discouru, il a chanté (...) et il m'a fait des propositions. Je n'en suis pas offensée (A. FRANCE, Rôtisserie, 1893, p.348):
• 3. ... comme mes parents me reprochaient ma paresse et de n'avoir pas encore pris la peine d'écrire un mot à M. de Charlus, je leur avais violemment reproché de vouloir me faire accepter des propositions déshonnêtes. Mais seuls la colère, le désir de trouver la phrase qui pouvait leur être le plus désagréable m'avaient dicté cette réponse mensongère. En réalité, je n'avais rien imaginé de sensuel, ni même de sentimental, sous les offres du baron.
PROUST, Sodome, 1922, p.639.
C. —Fait de proposer quelqu'un à un poste, pour un grade, pour une distinction. Une proposition flatteuse; une proposition d'avancement; sur proposition de; sur la proposition de. M. le Président de la République a bien voulu, sur ma proposition, vous conférer le grade d'officier de la Légion d'honneur (GONCOURT, Journal, 1895, p.752). Les propositions pour ces décorations sont soumises au ministre de l'Instruction publique (BARADAT, Organ. préfect., 1907, p.135). Faire l'objet d'une proposition favorable de la part du conseil de classe (Encyclop. éduc., 1960, p.113).
II. —Tout assemblage de signes (éventuellement réduit à un signe unique) conforme à la grammaire d'un langage donné et formant un sens.
A. —Formulation d'un jugement.
1. [Sert à désigner un jugement, un énoncé donné pour vrai, qui figure dans le texte lui-même ou dans un autre texte] Il fallait soutenir que l'injuste est juste, que l'inégal est égal, toutes propositions contradictoires (PROUDHON, Propriété, 1840, p.307). La proposition incontestablement vraie:Il n'est pas d'effet sans causes (P. CURIE, Sym. phénom. phys., 1894, p.140). La proposition «César était chauve» utilise le concept véritablement universel, bien défini par la science médicale, de «calvitie» (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p.150).
— Domaine des math. La multitude des nombres premiers est infinie. Cette proposition se prouve encore d'une manière directe et fort élégante, en faisant voir que... (LEGENDRE, Théorie nombres, t.1, 1830, p.14). La fameuse proposition:La somme des angles intérieurs d'un polygone convexe est égale à autant de fois deux droits que ce polygone a de côtés, moins deux (Gds cour. pensée math., 1948, p.373). La proposition que tout nombre pair est la somme de deux nombres premiers (Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.15).
— Domaine de l'écon., du dr. Une seule proposition la résume: la souveraineté de l'Assemblée (VEDEL, Dr. constit., 1949, p.581). La théorie est ramenée à une seule proposition très simple: le niveau général des prix varie dans le même sens que la quantité de monnaie (Univ. écon. et soc., 1960, p.30-4).
— Domaine de la psychol., de la sociol., de la mor., etc. La proposition que le principal caractère de la démence précoce (...) consiste en ce que la fixation de la libido aux objets fait défaut dans cette affection (FREUD, Introd. psychanal., trad. par S. Jankélévitch, 1959 [1922], p.444). La proposition fondamentale de la canonique épicurienne, selon laquelle l'être ne peut ni provenir du néant ni retourner à lui (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p.43). Le fait littéraire n'est pas un simple fait de connaissance. —Cette proposition résulte (...) de la précédente (Traité sociol., 1968, p.304).
— P. ext.
♦Thèse ou hypothèse formulée de manière concise:
• 4. Si l'on considère sérieusement tout ce que je viens d'exposer, on sentira que j'étois fondé en raisons, lorsque (...) j'ai établi la proposition suivante: «Ce ne sont pas les organes, c'est-à-dire, la nature et la forme des parties du corps d'un animal, qui ont donné lieu à ses habitudes et à ses facultés particulières; mais ce sont, au contraire, ses habitudes, sa manière de vivre, et les circonstances dans lesquelles se sont rencontrés les individus dont il provient, qui ont, avec le temps, constitué la forme de son corps, le nombre et l'état de ses organes, enfin, les facultés dont il jouit.»
LAMARCK, Philos. zool., t.1, 1809, p.237.
♦THÉOL. Article résumant une doctrine. Les cinq propositions. ,,Nom par lequel on désigne des passages que l'on prétendit trouver dans le livre de Jansénius intitulé Augustinus et dans lesquels le pape reconnut certaines hérésies`` (LITTRÉ). Proposition malsonnante. ,,Proposition qui paraît contraire à la bonne doctrine`` (Ac. 1878). Proposition condamnée. ,,Expression d'une pensée qui a fait l'objet d'un jugement ecclésiastique de blâme ou de réprobation appelé note ou censure théologique`` (Foi t.1 1968).
2. LOG. TRADITIONNELLE. ,,Une proposition est l'énoncé d'un jugement. Le jugement est un phénomène intellectuel, la proposition est le phénomène linguistique qui l'exprime`` (GOBLOT 1920). Proposition apodictique, analytique, synthétique, positive, négative; proposition erronée, évidente, douteuse, insoutenable; énoncer, admettre une proposition; enchaînement de propositions. Ces propositions, je suis grand, vous êtes aimable, il danse bien, etc., sont évidemment des énoncés de jugement (DESTUTT DE TR., Idéol. 2, 1803, p.48). Une proposition négative traduit un jugement porté sur un jugement (BERGSON, Évol. créatr., 1907, p.288). Ce n'est même pas pour nous une proposition fausse. C'est un ensemble de mots inutiles (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p.19).
— Proposition universelle. Proposition dont le sujet est pris dans toute son extension (p.oppos. à proposition particulière). (Ds VAX Log. 1982).
3. MATH. ,,En mathématique, proposition signifie également, théorème, et problème. Démontrer, résoudre une proposition`` (Ac. 1798). En pratique, le mot théorème est réservé aux résultats d'une grande importance, de démonstration parfois difficile ou fort longue. Les propositions rassemblent des résultats faciles, ou n'ayant qu'un intérêt technique (CHAMB. 1981).
B. —LINGUISTIQUE
1. LING. DU XIXe S.
a) En analyse logique, énonciation d'un jugement (supra A 2). Un verbe n'est autre chose qu'un adjectif uni à l'adjectif étant, qu'un adjectif renfermant l'idée d'existence, et par cela même pouvant avoir des modes et des tems. Les verbes sont donc aussi les seuls attributs complets, c'est-à-dire, les seuls mots qui représentent complettement une idée, comme existante dans une autre. Voilà pourquoi il n'y a pas de proposition sans verbe (DESTUTT DE TR.,Idéol. 2, 1803, p.69):
• 5. Il arrive très souvent que le verbe et l'attribut sont réunis en un seul et même mot; comme dans cette proposition: il vient, que le Grammairien décompose ainsi, il est venant; il en est le sujet, est, le verbe, et venant, l'attribut.
GIR. t.1 1834, p.487.
b) GRAMM. SCOL. ,,Unité syntaxique construite autour d'un verbe, et qui peut être soit une phrase simple (proposition indépendante), soit un élément de phrase complexe (proposition principale, subordonnée)`` (D. D. L. 1976). Proposition coordonnée, exclamative, juxtaposée, négative; proposition elliptique, nominale. Les propositions sont classées d'ordinaire en trois grands types:indépendantes, principales, subordonnées; ces dernières à leur tour sont divisées, d'après le mot qui les introduit, en subordonnées conjonctives, c'est-à-dire introduites par une conjonction, et en subordonnées relatives, c'est-à-dire introduites par un pronom relatif (Lang. 1973).
— Proposition incise.
— Proposition infinitive.
— Proposition participiale.
— Proposition interrogative. Proposition qui sert à interroger. Dans beaucoup de parlers africains une proposition interrogative se distingue à peine de la même proposition sous forme énonciative (Arts et litt., 1935, p.50-6).
2. LING. MOD. ,,Noyau de la phrase de base. Si on définit ainsi la phrase par Mod + P où Mod est un constituant indiquant la modalité (Interrogatif, Déclaratif, Impératif, etc.), P sera le noyau ou la proposition`` (Ling. 1972).
Rem. Ce sens corresp., en logique, au sens C 2 (synon. de lexis).
C. —LOG. MOD.
1. Assemblage de signes, doué de sens, conforme à la grammaire d'un langage donné et admettant la valeur «vrai» ou la valeur «faux»:
• 6. Certains considèrent chaque phrase assertive comme un nom qui aurait pour sens la proposition correspondante, et pour «référent» la valeur de vérité. En d'autres termes, toute phrase assertive connote une signification et dénote une valeur de vérité. Ou encore, si l'on préfère, toute phrase assertive a une intension ou compréhension: la proposition, et une extension: le vrai et le faux.
VAX Log. 1982.
— En partic. Logique, calcul des propositions. Partie de la logique qui traite des propositions et calcule leur vérité à partir de certaines d'entre elles choisies comme vraies (appelées axiomes) et moyennant des règles de déduction. Dans le calcul classique, les propositions n'admettent que la valeur «vrai» ou la valeur «faux» (principe du tiers exclu); mais on a développé aussi des logiques polyvalentes (logique intuitionniste). Le calcul des propositions établi par G. Boole dès 1847 (...) est à la base de la logique mathématique contemporaine (Gds cour. pensée math., 1948, p.60).
Rem. La logique des propositions considère la proposition en bloc et s'oppose à la logique des prédicats qui l'analyse.
2. ,,Énoncé porteur de sens, considéré en lui-même, indépendamment des attitudes d'acceptation ou de refus de ceux qui le profèrent`` (VAX Log. 1982). Synon. lexis (v. ce mot A).
Rem. La proposition assumée par celui qui l'énonce (ou par le système qui l'admet) est alors appelée assertion. Contrairement au sens 1, ce sens 2 permet d'inclure les propositions conditionnelles, interrogatives, optatives ou injonctives des grammairiens.
3. Plus rare. ,,Entité abstraite constituant le sens dont une phrase donnée est le nom; il en résulte qu'une même proposition est désignée par deux phrases de langues différentes comme «La neige est blanche» et «The snow is white»`` (AUR.-WEIL 1981).
Rem. Corresp. en ce sens à la notion de jugement de la logique traditionnelle.
D. —RHÉT. Seconde partie de la disposition. C'est l'exposé clair, net et précis du sujet. La Proposition se place après l'Exorde; quand on a éveillé et captivé l'attention de l'auditeur, il faut lui faire comprendre le sujet dont on veut l'occuper (BACH.-DEZ. 1882).
— P. anal., MUS. ,,Première phrase d'une fugue, contenant le sujet et tous les contre-sujets`` (LITTRÉ). Le sujet [d'une fugue] peut aussi être appelé Proposition, Antécédent, et Guide; et les parties qui lui succèdent peuvent être nommées réponses, ou conséquents (CHERUBINI, Cours contrepoint et fugue, 1835, p.107).
♦P. ext. Première phrase de chaque variation. Vastes et généreuses constructions [les trente-trois variations de Beethoven, les Études symphoniques de Schumann] (...) dans lesquelles le thème (...) paraît n'en être plus qu'une sorte d'élément-prétexte que chaque variation tend à éliminer au profit d'une proposition plus riche et plus neuve (CORTOT, Mus. fr. piano, 1930, p.106).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1re moitié XIIes. «résolution, dessein» (Psautier d'Oxford, 77, 2 ds T.-L.); 2. a) ca 1265 «ce que l'on propose, soumet au consentement; texte proposé à une assemblée délibérante» (BRUNET LATIN, Trésor, III, LXXXVII, 3, éd. F. J. Carmody, p.408, 14); b) 1747 faire quelque proposition (à quelqu'un) «faire des propositions déshonnêtes» (C. CRÉBILLON, Angola, II, 26 ds BRUNOT t.6, p.1096, note 8); 3. a) ca 1265 log. «énonciation d'un jugement de réalité ou de valeur» (BRUNET LATIN, op. cit., II, XXXIX, 6, p.206, 32); 1370-72 (ORESME, Ethiques, Prol., éd. A. D. Menut, p.100: ceste proposicion est vraye: homo est animal); b) fin XIIIe-déb. XIVes. id. «prémisse d'un syllogisme» (Gloss. Bibl. royale Bruxelles 9543 ds T.-L.); c) théol. «article résumant une doctrine [cf. thèse]» [lat. ecclés. propositio 1560 (Jugement de condamnation par la Sorbonne de 14 propositions du théologien M. Baius); 1567, 1er oct. (Bulle Ex omnibus afflictionibus condamnant 79 propositions du même théologien ds Hexaples ou les six colonnes sur la constitution Unigenitus, Amsterdam, 1721, t.2, p.891); 1587 (Propositiones quas Lessius anno 1587, die maii Facultati theol. Lovaniensi [Louvain] obtulit ds Théol. cath. t.8, 1, col. 453); —à propos du Jansénisme: 1641, 6 mars Bulle In eminenti condamnant globalement les propositions de l'Augustinus et celles des Jésuites ds DUPLESSIS-D'ARGENTRE, Collectio judiciorum, t.3b, p.244 —informations fournies par R. Taveneaux, professeur émérite à l'Université de Nancy II] 1645 (BARCOS, Traité [...] pour servir de réponse aux accusations [...] qu'on a formées contre cette proposition du livre ,,De la fréquente communion`` [...] que S. Pierre et S. Paul sont deux chefs de l'Église qui n'en font qu'un ds Théol. cath. t.8, 1, col. 473); 1649 (PIERRE DE ST JOSEPH, Les sentiments de St Augustin [...] touchant les propositions que la faculté de théologie a fait examiner ..., ibid., col. 494; cf.1657 [les] cinq propositions [de Jansenius] (PASCAL, Provinciales, XVIII ds OEuvres, éd. J. Chevalier, p.884); d) ca 1658 math. «énoncé d'une vérité à démontrer, d'une question à résoudre» (ID., De l'esprit géométrique, 2, ibid., p.597: prouver toutes les propositions un peu obscures); e) 1660 rhét. «exposition du sujet» (d'un poème dramatique) (CORNEILLE, Discours de l'utilité et des parties du poëme dramatique ds Théâtre, éd. P. Lièvre et R. Caillois, Paris, 1961, t.1, p.28: La protase où se doit faire la proposition et l'ouverture du sujet); f) 1690 gramm. (FUR.). B. Ca 1170 terme biblique pains de propositiun (Rois, III, VII, 4, éd. E. R. Curtius, p.128). Empr. au lat. propositio, dans la lang. class. «action de mettre sous les yeux, de présenter» (spéc. dans la lang. chrét. panes propositionis «douze pains placés devant le tabernacle du Temple et renouvelés chaque semaine» Exode, XXV, 30), «majeure d'un syllogisme», «exposé d'un sujet, thème», «phrase, proposition» (Quintilien); à basse époque «dessein, but, intention», «conseil, suggestion faits à quelqu'un» (533, Digestes de Justinien), «énoncé d'uncas de controverse» (ibid.). Fréq. abs. littér.:2983. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 6976, b) 3334; XXes.: a) 2565, b)3403.
DÉR. Propositionnel, -elle, adj. a) Log. mod. Qui concerne la proposition. Logique propositionnelle, calcul propositionnel. Synon. de logique, calcul des propositions (supra II C 1). Boole (...) réduit la logique à un calcul propositionnel (Hist. gén. sc., t.3, vol. 1, 1961, p.22). Fonction (ou, plus rarement, forme) propositionnelle. ,,Fonction logique qui devient une proposition toutes les fois qu'on y substitue à toutes les variables des valeurs déterminées (L. Couturat); ex. «x est capitale de la France» est une fonction propositionnelle, car c'est une proposition pour toutes les valeurs attribuées à x (vraie pour Paris, fausse pour toutes les autres valeurs)`` (MORF. Philos. 1980). Variable propositionnelle. Sa logique [de Frege] formalisée (...) comporte non seulement des «variables» au sens utilisé en mathématiques, mais aussi des «variables propositionnelles» représentant des relations indéterminées, et susceptibles de quantification (BOURBAKI, Hist. math., 1960, p.20). b) Psychol. Opération propositionnelle. Chez Piaget, ,,opérations de la pensée qui résident dans la combinaison d'hypothèses du seul point de vue de leur vérité ou de leur fausseté, indépendamment de leur réalité`` (Lar. encyclop. Suppl. 1968). — []. — 1re attest. 1928 log. fonction propositionnelle (LAL. Suppl. 1968, p.1049); de proposition, suff. -el.
BBG. —BONNARD (H.). La Proposition. Fr. mod. 1959, t.27, pp.161-172. —LE GOFFIC (P.). L'Assertion ds la Grammaire et la Logique de Port-Royal. Colloque du Centre de Rech. Ling. et Sémiol. de Lyon. 1977. 20-22 mai. Lyon, 1978, pp.235-244; Qu'appelle-t-on simple et complexe. Fr. Monde. 1977, n° 129, p.40; pp.49-53. —QUEM. DDL t.15. —ROULET (E.). Synt. de la proposition nucléaire en fr. parlé. Bruxelles, 1969, 187p. —SECHEHAYE (A.). Essai sur la struct. log. de la phrase. Paris, 1926, 237p. —STATI (S.). Phrase, proposition et énoncé. Folia ling. 1979, t.13, n° 1/2, pp.23-32. —ZUBER (R.). À propos du statut sém. de la proposition. Ét. Ling. appl. 1975, n° 19, pp.43-51.
proposition [pʀɔpozisjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1120, propositiun « action de faire connaître ses intentions »; lat. propositio.
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1 L'action, le fait de proposer (I., 2., 3., et 4.), d'offrir, de suggérer quelque chose à quelqu'un; ce qui est proposé. ⇒ Offre. || Faire à qqn la proposition de…, une proposition. || Propositions de paix. ⇒ Ouverture (supra cit. 8), parole. || Dernières propositions avant les hostilités. ⇒ Ultimatum. || Faire des propositions (→ Émissaire, cit. 1), des propositions avantageuses (→ Manège, cit. 6). || Accepter une proposition inespérée (→ Douter, cit. 9). || Accepter une proposition faite par défi (→ Prendre au mot). || Refuser d'écouter, repousser une proposition (→ Désespérer, cit. 15). — La proposition de…, suivi de l'inf. (→ Passer, cit. 30).
1 (…) elle lui avait proposé avec courtoisie de faire appeler un médecin, mais sa proposition avait été rejetée avec une violence qu'elle considérait comme regrettable.
Camus, la Peste, p. 250.
♦ (Mil. XVIIIe). Spécialt. Le fait de proposer des relations sexuelles à un partenaire. || Faire une proposition lascive (cit. 7), des propositions déshonnêtes, faire des propositions à une femme.
2 Le déraisonnable Ixion, séduit par la beauté pourtant sévère de Junon, fut assez vain pour lui faire des propositions.
Émile Henriot, Mythologie légère, p. 174.
♦ Proposition votée au cours d'un congrès, dans une assemblée. ⇒ Motion. — Dr., cour. || Proposition de loi : texte qu'un ou plusieurs parlementaires déposent sur le bureau de leur Assemblée pour qu'il soit transformé en loi après un vote du Parlement. ⇒ Loi. || Apporter un amendement à une proposition de loi. || Repousser une proposition de loi.
♦ Sur la proposition de…, suivi d'un nom de personne. ⇒ Conseil, initiative (→ Esclavage, cit. 4; inviolable, cit. 6).
♦ Action de proposer (I., 7.) qqn comme candidat à une fonction, etc. || Être nommé à un poste sur la proposition de ses supérieurs hiérarchiques. ⇒ Choix (au choix).
2 (V. 1265). Didact. Expression d'un jugement de réalité ou de valeur, formule qui résume une opinion. ⇒ Aphorisme, assertion, maxime, précepte. || La proposition de Diderot : « on a de l'expression avant d'avoir de l'exécution et du dessin » (→ Expressionnisme, cit. 1). || Les propositions physiocratiques s'opposent aux thèses mercantilistes. ⇒ Affirmation, allégation, assertion, thèse (→ Industrialisme, cit.). || Proposition contraire aux idées reçues. ⇒ Paradoxe. || Argument qui vient appuyer une proposition. || Positions et Propositions, œuvre de Claudel.
3 (…) autrefois les socialistes répétaient qu'on ne supprime, vraiment, que ce que l'on remplace; et même cette proposition était au cœur de tout le socialisme; elle en faisait la force et le retranchement (…)
Ch. Péguy, la République…, p. 119.
♦ Relig. || Propositions frappées d'anathème (cit. 2), condamnables (→ Extraire, cit. 6), suspectes, malsonnantes, téméraires, hérétiques, sentant l'hérésie (→ Mufti, cit.). — Les cinq propositions, qui résumaient l'essentiel de la doctrine de Jansénius (→ Janséniste, cit. 2, Pascal).
♦ Log. Énoncé qui exprime une relation entre deux ou plusieurs termes; ce qui est asserté par un tel énoncé. || « La proposition peut aussi être définie comme l'énoncé d'un jugement, au moins virtuel » (Lalande). ⇒ Jugement. || Vérité, fausseté d'une proposition (⇒ Apophantique). || Affirmer, nier une proposition. ⇒ Affirmation, négation. || Énonciation traditionnelle de la proposition dans la logique aristotélicienne : sujet, copule, attribut (forme attributive). || Proposition attributive. || Termes (arguments — les noms — et prédicats) d'une proposition. || Proposition catégorique, complexe, conclusive (⇒ Conclusion), converse, convertible (⇒ Conversion), directe (dont les termes ne sont pas inversés), hypothétique (⇒ Hypothèse), modale, particulière (qui concerne seulement quelques individus d'une seule classe), universelle, etc. ⇒ Logique. || Proposition alternative ⇒ 1. Alternative. || Propositions contradictoires, contraires. || Équipollence (cit.) de deux propositions. || Proposition évidente de soi, claire et intelligible par elle-même (⇒ Axiome, cit. 1 et 3), posée comme principe (⇒ Postulat, principe). || Proposition qui dérive immédiatement d'une autre. ⇒ Corollaire (→ aussi Immédiat, cit. 3). || Implication entre deux propositions. ⇒ Antériorité. || Assumer une proposition. ⇒ Assomption (3.). || Démontrer (cit. 3) une proposition. ⇒ Démonstration. || Composition des propositions dans un raisonnement. || Propositions d'un syllogisme : majeure et mineure (⇒ Prémisse), conclusion (→ aussi Apprécier, cit. 6). || Calcul des propositions.
♦ Math. Le fait de poser une égalité, un théorème, etc.; l'énoncé. || Les propositions d'Euclide (→ aussi Base, cit. 9).
3 (1677). Gramm., cour. Unité psychologique et syntaxique (réduite parfois à un seul mot) qui constitue à elle seule une phrase simple ou qui entre comme élément dans la formation d'une phrase complexe. ⇒ Phrase (supra cit. 7). || Sujet, verbe, attribut, complément d'une proposition. || Ordre des mots dans la proposition. ⇒ Syntaxe. || Décomposition d'une phrase en propositions. ⇒ Analyse (logique). || Proposition principale (→ Assemblage, cit. 24; certitude, cit. 4), subordonnée ou dépendante, indépendante (cit. 15). || Proposition incidente ou incise (cit. 2) ou intercalée. || Propositions réunies par des conjonctions (cit. 7). || Propositions coordonnées (cit. 4), corrélatives, juxtaposées. || Proposition elliptique, nominale, verbale, infinitive, participiale. || Proposition affirmative (cit. 4.1), négative, interrogative, exclamative, impérative, optative, énonciative. || Proposition relative. || Proposition introduite par une conjonction ou conjonctive (→ aussi Plus, cit. 97). || Fonction d'une proposition subordonnée par rapport au verbe de la principale : une proposition peut être sujet, complément (complémentaire ou complétive), attribut. || Propositions compléments d'objet (→ Désir, cit. 10). || Propositions compléments de circonstance (circonstancielles) : propositions de but (finales), de cause (causales), de comparaison (comparatives), de concession (concessives), de condition (conditionnelles, hypothétiques), de conséquence (consécutives), de temps (temporelles), etc. || Proposition complétive.
4 (…) et il n'est pas jusqu'à la sèche et maigre Grammaire, jusqu'à la perfide et fantasque Syntaxe qui ne paraissent tout à coup, impérieuses, mais séduisantes par leurs pièges mêmes, escortées de toutes les Parties du Discours, bien défendues par les féroces Participes, suivies dans l'ordre des préséances par l'immense armée des Propositions, les Principales, les Subordonnées, les capricieuses Complétives, les Circonstancielles, et les autres, (s'il en est…).
Valéry, Variété, Disc. prononcé à la Maison d'éducation de la Légion d'honneur de Saint-Denis, in Œ., Pl., t. I, p. 1421.
5 Faut-il voir dans la proposition, comme le font à peu près tous nos grammairiens et nos dictionnaires, « l'expression ou l'énonciation d'un jugement » ? (Dict. de Littré, et Dict. gén.)… Avec bien plus d'exactitude (…) Alan H. Gardiner la définit ainsi : « Un mot ou groupe de mots révélant un dessein intelligible de communication, suivi d'une pause » (The Theory of Speech and Language, p. 98). Voilà, en effet, ce qui, rationnellement, constitue la proposition (…)
G. et R. Le Bidois, Syntaxe du franç. moderne, §1109.
6 Il faut donc reconnaître que le niveau catégorématique1 comporte seulement une forme spécifique d'énoncé linguistique, la proposition; celle-ci ne constitue pas une classe d'unités distinctives. C'est pourquoi la proposition ne peut entrer comme partie dans une totalité de rang plus élevé. Une proposition peut seulement précéder ou suivre une autre proposition, dans un rapport de consécution. Un groupe de propositions ne constitue pas une unité d'un ordre supérieur à la proposition. Il n'y a pas de niveau linguistique au-delà du niveau catégorématique.
É. Benveniste, Problèmes de linguistique générale, t. I, p. 129. (→ aussi Prédicat, cit. 1; phrase, cit. 8.1.).
1. Qui concerne la prédication (grec katêgorêma).
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II (V. 1170). Relig. judaïque. || Pains de proposition, déposés par les prêtres sur la table du sanctuaire, pour chacune des douze tribus d'Israël.
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COMP. et DÉR. Contre-proposition. — Propositionnel.
Encyclopédie Universelle. 2012.