supplier [ syplije ] v. tr. <conjug. : 7>
• 1360; réfect. étym. de souploier (XIIe), souplier (XIIIe); du lat. supplicare « se plier (sur les genoux) », avec infl. de ploier (ployer)
♦ Prier (qqn) en demandant qqch. comme une grâce, avec une insistance humble et soumise. ⇒ adjurer, conjurer, implorer; supplication. Supplier qqn à genoux (cf. Tomber, se jeter aux genoux, aux pieds de qqn). « souffrez qu'ici je me jette à vos pieds pour vous supplier d'une chose » (Molière ). « Je la suppliais de m'aimer quand même » (Radiguet). Faites-le, je vous en supplie. — Supplier que (et subj.). « Elle a même supplié qu'on ne lui écrivît pas » (F. Mauriac).
♢ Par exagér. Prier instamment. Je vous supplie de vous taire. ⇒ prier.
● supplier verbe transitif (latin supplicare) Prier très instamment et avec humilité quelqu'un de faire quelque chose : Je vous supplie de me croire. Demander avec insistance : Je vous supplie de vous taire. ● supplier (synonymes) verbe transitif (latin supplicare) Prier très instamment et avec humilité quelqu'un de faire quelque chose
Synonymes :
- prier
Demander avec insistance
Synonymes :
- conjurer
- implorer
supplier
v. tr. Prier (qqn) avec instance et soumission.
⇒SUPPLIER, verbe trans.
A. — Prier quelqu'un instamment, avec humilité en demandant une grâce. Synon. adjurer, conjurer1, implorer. Supplier qqn du regard; supplier qqn à (deux) genoux, à mains jointes. Le vieux prêtre (...) s'agenouillait (...), suppliant le Très-Haut pour cette morte (...), implorant le pardon de la faute suprême qu'elle avait commise (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 287). Mon Dieu, je Vous supplie pour mon fils Rodrigue! Je n'ai pas d'autre enfant, ô mon Dieu (CLAUDEL, Soulier, 1944, 1re part., 1re journée, 1, p. 944).
— Empl. abs. Quand il t'a eu montré son revolver, l'officier, tu t'es jeté à genoux, tu as supplié hein?... Tu criais... je ne sais pas moi: « Pardon! Ne me tuez pas! » Hein, tu te rappelles? (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 176). V. conjurer B 2 ex. de Gobineau.
— [L'obj. de la supplication est exprimé]
♦ Supplier qqn de + inf. Je tombai à ses genoux, je joignis les mains, je le suppliai par Jésus-Christ de m'épargner: il demeura sourd à mes prières (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 82). V. adjurer ex. 1, 4.
SYNT. Supplier qqn d'accepter, d'accorder, de consentir à, de croire, de dire, de donner, d'écouter, d'envoyer, d'épargner, de (laisser) faire, de pardonner, de permettre qqc.; supplier qqn de rester (avec qqn), de venir.
♦ Plus rare. Supplier qqn que + complét. au subj. [Les] soldats, en pays ennemis, qui, malades ou blessés, supplient qu'on les achève, plutôt que de languir abandonnés (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 973).
♦ [Avec un propos au discours dir.] Des femmes (...) se jetaient en larmes aux genoux des soldats (...), leur embrassaient les mains, gémissaient, suppliaient:— Mon fils, ma fille, par pitié, laissez-moi mon enfant (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 224).
B. — P. exagér. Demander instamment. Vainement, elle le supplia de ses grands yeux tendres, elle lui tendit ses bras divins: il eut l'extraordinaire force de s'en aller (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 265).
— Empl. abs., vieilli. [J'ai fait un dessin] qui représente Homère attardé au bord de la mer et demandant l'hospitalité à la femme d'un pêcheur. Le poète a envoyé son conducteur pour supplier avec le rameau d'usage (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 165).
— [L'obj. de la supplication est exprimé]
♦ Supplier qqn de + inf. Mlle Verdure avait été chercher un châle dont on me supplia de couvrir mes épaules, parce que j'étais encore en sueur et que je risquais de prendre mal (GIDE, Isabelle, 1911, p. 641).
♦ Plus rare. Supplier qqn que + complét. au subj. Thomas, fatigué (...), suppliait les gens qu'on le laissât tranquille (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 228).
♦ [Avec un propos au discours dir., en incise] La concierge levait (...) les bras, comme pour demander grâce:— Ah! monsieur Sulphart, suppliait-elle, ne me racontez plus de ces histoires de tranchées, on en a les oreilles rebattues (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 311).
REM. 1. Supplicateur, -trice, adj. [Corresp. à supra B] Qui supplie. Un (...) regard, inconsciemment supplicateur, qui tâchait de la forcer à faire attention à moi, à me connaître! (PROUST, Swann, 1913, p. 141). 2. Supplicatoire, adj. Qui concerne les supplications. Pourvu que ce soit assuré de ton bon droit Que tu te tiennes ainsi à notre foyer, embrassant cette statue, Suivant le rite supplicatoire, tel qu'Ixion l'a fixé (CLAUDEL, Euménides, 1920, II, p. 963).
Prononc. et Orth.:[syplije], (il) supplie [-pli]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 sosploier (qqn) « prier (quelqu'un) avec une très grande insistance » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 4390: Blandir et losangier estuet Et sosploier, qui mes ne puet); 1349 supplier a (Dieu) que (GUILLAUME DE MACHAUT, Le Lay de Plour, 2 ds Œuvres, éd. E. Hoepffner, t. 1, p. 291, 207); 2. 1377 supplier a (qqn) que « demander avec insistance à (quelqu'un) que » (ID., Les Balades notees, XXXII ds Poésies lyriques, éd. V. Chichmaref, t. 2, p. 557); id. supplier (qqn) que (ID., ibid., XLV, p. 564); 1417 supplier a (qqn) de (NICOLAS DE BAYE, Journal, éd. A. Tuetey, t. 2, p. 276); déb. XVIe s. supplier (qqn) de (R.DE COLLERYE, Complaincte de l'infortuné ds Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 166). Du lat. supplicare « se prosterner; prier; implorer »; la graphie sup- est due à une réfection d'apr. le lat. Voir FEW t. 12, p. 448 et 449b. Fréq. abs. littér.:2 781. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 642, b) 4 039; XXe s.: a) 5 038, b) 3 521. Bbg. JESSEN (H.). Pragmatische Aspekte lexicalischer Semantik. Tübingen, 1979, p. 45, 54, 71, 106, 144. — LANDIN (E.). Ét. sur les constr. de certains verbes exprimant la prière, la hâte et la nécessité en fr. Thèse, Uppsala, 1938, pp. 65-76. — LUDI (G.). Die Alternanz zwischen Dativ und Akkusativ bei prier, supplier, requérir im 15. und 16. Jahrhundert. Vox rom. 1978, t. 37, pp. 160-192.
supplier [syplije] v. tr.
ÉTYM. 1360; réfection étym. de souploier (XIIe), souplier (XIIIe); dér. du lat. supplicare, proprt « se plier (sur les genoux) », de sub-, et plicare « plier » plus ou moins mêlé à un comp. de ploier (ployer); souploier signifiait à la fois « supplier », « plier, courber » et « suppléer ».
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1 Prier (qqn), en demandant qqch. comme une grâce, avec une insistance humble et soumise. ⇒ Adjurer, conjurer, implorer; supplication (→ Embrasser les genoux, se jeter aux genoux de, tomber, se traîner aux pieds de…). || Supplier qqn, le supplier à genoux. || Supplier qqn de (suivi de l'infinitif). → Exorciser, cit. 5; impatience, cit. 4; remplaçant, cit. 2. || Supplier Dieu (→ Dispensateur, cit.3). ⇒ Crier (vers Dieu). || Je vous en supplie ! (→ Main, cit. 104). — Supplier (qqn) que (suivi du subjonctif). → Effroyable, cit. 4; humble, cit. 29. || Il suppliait qu'on l'épargne.
1 (…) souffrez qu'ici je me jette à vos pieds pour vous supplier d'une chose.
Molière, le Malade imaginaire, III, 14.
2 Je vous supplie, ô Dieu ! de regarder mon âme,
Et de considérer
Qu'humble comme un enfant et doux comme une femme
Je viens vous adorer !
Hugo, les Contemplations, IV, XV.
3 Tout autour, des hommes, des femmes, des enfants, un peuple entier prosterné, vautré sur les dalles et les mains jointes au-dessus des têtes, suppliaient le Saint dont les ossements étaient là de les délivrer du fléau.
Léon Bloy, la Femme pauvre, I, XXII.
4 Elle a même supplié qu'on ne lui écrivît pas (…)
F. Mauriac, l'Enfant chargé de chaînes, XXVI.
5 Je la suppliais de m'aimer quand même.
R. Radiguet, le Diable au corps, p. 185.
♦ Absolt. || Crie, pleure, supplie (→ Fouiller, cit. 31). || Des mains qui supplient (→ Élancement, cit. 3). — En incise. || Viens ici, supplie-t-il (→ Poison, cit. 12).
2 Par exagér. Demander avec instance (à un supérieur). ⇒ Supplique. || Je supplie Votre Majesté (cit. 13) de daigner… — À un égal ou un inférieur; langage de la politesse (vieilli). || Je vous supplie instamment de… (→ Gloire, cit. 51), je vous supplie de vous taire. ⇒ Prier.
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DÉR. Suppliant.
Encyclopédie Universelle. 2012.