surmonter [ syrmɔ̃te ] v. tr. <conjug. : 1> I ♦ Concret
1 ♦ Vx Terrasser, mettre (son adversaire) à terre.
2 ♦ Mod. Être placé, situé au-dessus de. Une porte de bois « qu'une croix de fer surmonte » (Suarès). La cheminée est surmontée d'une glace.
II ♦ Abstrait
1 ♦ Vx Surpasser. « le scandale de ce procès surmonta [...] l'intérêt prodigieux des dernières élections » (Balzac). ⇒ éclipser.
♢ Dominer (qqn ou qqch.) par une influence irrésistible. « Une espèce d'infini qui m'étonne et qui me surmonte » (Fénelon). ⇒ dépasser.
2 ♦ Mod. Aller au-delà de, laisser derrière soi (ce qui gênait, constituait un obstacle) par un effort victorieux. ⇒ franchir, triompher (de), vaincre (cf. Venir à bout). « quelles difficultés avez-vous eues à vaincre ? quels obstacles à surmonter ? » (Laclos).
♢ Vaincre, par un effort volontaire (une difficulté psychologique). ⇒ dominer, dompter, maîtriser. Surmonter sa peur, sa timidité (cf. Prendre son courage à deux mains). Le recensement « des anxiétés, de tous les doutes; ça ne les détruit pas, mais les situe et permet de les surmonter un peu » (H. Thomas). « J'ai surmonté ma répugnance et suis allé voir maître Mouche » (France)(cf. Passer outre).
3 ♦ SE SURMONTER v. pron. Vaincre, dépasser par la volonté ses penchants. ⇒ se dominer. « il a trop à faire de lutter contre soi-même, de se surmonter » (Bernanos) . — (Pass.) Pouvoir être surmonté. « Il n'est pas de destin qui ne se surmonte par le mépris » (Camus).
● surmonter verbe transitif Être placé au-dessus de quelque chose d'autre : Une grande rosace surmonte l'entrée de la cathédrale. Vaincre ce qui constitue un obstacle à l'action : Surmonter sa fatigue, sa peur. ● surmonter (synonymes) verbe transitif Être placé au-dessus de quelque chose d'autre
Synonymes :
- coiffer
Vaincre ce qui constitue un obstacle à l'action
Synonymes :
- contrôler
- dominer
- dompter
- maîtriser
- triompher de
- vaincre
surmonter
v. tr.
d1./d être placé au-dessus de. Une statue surmonte la colonne.
d2./d (Abstrait) Venir à bout de, triompher de (ce qui fait obstacle). Surmonter une difficulté.
|| Dominer, maîtriser (une sensation, un sentiment, une émotion qui empêche d'agir). Surmonter sa douleur, son dégoût.
⇒SURMONTER, verbe
A. — Empl. trans.
1. a) Franchir un obstacle matériel en l'escaladant, en passant par dessus. Nous approchons maintenant du grand surplomb; nous espérons qu'il est creux et que nous pourrons le surmonter par l'intérieur (La Montagne, mars 1935, n° 267, p. 90 ds QUEM. DDL t. 27).
b) Au fig.
— Vaincre ce qui fait obstacle à la volonté d'agir, à la réalisation d'un objectif. Synon. triompher de, venir à bout de. Surmonter les difficultés, la fatigue, un handicap, une maladie. « Allons! » dit le martyr. Et surmontant les douleurs du corps par la force de l'âme, il franchit le seuil du cachot (CHATEAUBR., Martyrs, t. 3, 1810, p. 228). Pour atteindre le prodigieux essor qu'elle connaît de nos jours, la chirurgie a dû, peu à peu, surmonter les quatre obstacles auxquels elle se heurtait: la douleur, l'hémorragie, l'infection, le choc opératoire (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 780).
— Vaincre une réaction impulsive, un sentiment qui met en cause la maîtrise de soi. Synon. dominer, dompter. Surmonter son aversion, son chagrin, sa crainte, sa peur, sa répugnance. Elle sortit, le cœur déchiré, impuissante à surmonter son accablement (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 199):
• J'ai lutté contre tout ce qui t'entourait et m'était hostile. J'ai surmonté l'affreux dégoût que me donnait ta maison et ceux qui l'habitent. Tout cela pour te voir et vivre de ta présence. La Présence, la présence! chose divine et bienfaisante.
VIGNY, Journal poète, 1838, p. 1101.
♦ Empl. pronom. réfl. Rester maître de soi, dominer une réaction impulsive. Synon. se dominer, se maîtriser. Je suis passé non seulement à l'indifférence, mais même au dégoût pour tout ce qui fait, dit-on, le charme de ce séjour. Mais il faut se surmonter et aller là où la fortune donne rendez-vous à ses prétendants (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1834, p. 126). À présent, il a trop à faire de lutter contre soi-même, de se surmonter. En se surmontant, il fait mieux que persuader ou séduire; il conquiert (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 137).
— Vieilli. Se montrer supérieur, l'emporter sur. Synon. dominer, surpasser, vaincre. Il a surmonté tous ses concurrents (Ac. 1935). Le scandale de ce procès surmonta cependant quelques jours l'intérêt prodigieux des dernières élections (BALZAC, Splend. et mis., 1846, p. 357).
2. a) Vieilli. [Le suj. désigne une pers.] Être plus haut que. Synon. dominer. Adario, surmontant de la tête ces deux femmes, et les serrant contre sa poitrine (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 405).
b) [Le suj. désigne une chose] Être fixé au sommet d'une chose, être situé au-dessus de quelque chose. Elle était habillée de rose, coiffée d'un chapeau de paille à larges bords surmonté d'une plume à la mousquetaire (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 509). Un agriculteur du Nevada demanda qu'on lui reconnaisse la propriété des nuages qui surmontent ses champs, donc le droit de provoquer la condensation de leurs eaux (MEYNIER, Paysages agraires, 1958, p. 100).
— BLAS. Pièce surmontée. ,,Pièce accompagnée en chef d'une autre qui ne la touche pas`` (Ac. 1935). Au chevron d'or surmonté d'une étoile (Ac. 1935).
c) Rare, empl. pronom. à sens passif (usuel être surmonté de). Avoir à son sommet. L'entablement [de l'église Saint-Laurent à Rome] se surmonte d'une large cimaise dans laquelle de nombreuses têtes de lion, perforées et espacées également, jetaient dehors les eaux du toit (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 125). La toilette anglaise est une table dont le dessus, garni d'un rebord, est en marbre, et se surmonte d'une étagère (Lar. mén. 1926, p. 1168).
B. — Empl. intrans., JEUX DE CARTES. Monter sur la carte d'un joueur qui a lui-même monté. (Dict. XXe s.).
REM. Surmontable, adj. Qui peut être surmonté. Anton. insurmontable. Difficulté, obstacle surmontable. Toute langueur qui ne vient que d'un climat, je la sais pour moi aisément surmontable dès que (...) mon esprit travaille (DU BOS, Journal, 1926, p. 82).
Prononc. et Orth.:[], (il) surmonte [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1121-34 surmunter « vaincre, dominer (par exemple un adversaire) » (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1337); b) 1er quart XIIIe s. soi sormonter (RECLUS DE MOLLIENS , Charité, éd. Van Hamel, 231, 7); 2. a) 1121-34 « se placer au-dessus de » (au fig.) (PHILIPPE DE THAON, op. cit., 2682); b) 1671 hérald. surmonté (POMEY); 3. a) ca 1145 sormonter (qqn de qqc.) « surpasser (quelqu'un en quelque chose) » (WACE, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 1203); b) 1316-28 sormonter qqn en qqc. (Ovide moralisé, IV, 1543, éd. C. de Boer, t. 2, p. 45). Dér. de monter; préf. sur-. Fréq. abs. littér.:1 902. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 869, b) 2 523; XXe s.: a) 2 055, b) 3 049.
surmonter [syʀmɔ̃te] v. tr.
ÉTYM. Fin XIVe; surmunter « vaincre, surpasser », et intr. « être supérieur », 1119; de sur-, et monter.
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2 Vx. Monter au-dessus de…, en parlant de liquides.
3 (V. 1690). Vx. Franchir en passant par-dessus. || Les lamas « surmontent des rochers escarpés » (Buffon).
0.1 Nous fîmes plus de la moitié du chemin à pied, à cause des torrents effroyables qu'il fallut surmonter.
J.-F. Regnard, Voyage en Laponie, p. 84-85.
4 Mod. (Avec infl. de II., 4.). Sports. Franchir, escalader, passer par-dessus (un obstacle, en montagne). || « Passage en artificielle pour surmonter les toits blancs à gauche » (La Montagne, juin 1970, in Petiot).
B (V. 1695). Être placé, situé au-dessus de… ⇒ Coiffer (par anal.), dominer, surplomber (→ Entrée, cit. 17; loge, cit. 14; magnolia, cit. 1; meubler, cit. 6; 1. porte, cit. 2; rampe, cit. 2). || Dais (cit. 2) surmontant un fauteuil, dôme surmontant un édifice. || Écu surmonté d'une couronne. ⇒ Timbré. — Leurs têtes étaient surmontées d'une toque (→ Phrygien, cit.).
1 (…) et sa tête fabuleuse surmontait le front de l'homme, comme un de ces casques horribles par lesquels les anciens guerriers espéraient ajouter à la terreur de l'ennemi.
Baudelaire, le Spleen de Paris, VI.
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II (Abstrait).
2 Vx. Surpasser, se montrer supérieur à… (→ Blondeur, cit. 1).
2 (…) le scandale de ce procès surmonta cependant quelques jours l'intérêt prodigieux des dernières élections faites sous Charles X !
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes, Pl., t. V, p. 918.
3 Vx. Dominer (qqn ou qqch.) par une influence irrésistible. || « Une espèce d'infini qui m'étonne et qui me surmonte » (Fénelon, Traité de l'existence de Dieu, I, 21). — Vx. Accabler.
3 De vos regards divins l'ineffable douceur
Força la résistance où s'obstinait mon cœur;
Elle surmonta tout, jeûnes, prières, larmes.
Molière, Tartuffe, III, 3.
4 (…) de quelle façon je me serais laissé surmonter et suffoquer par mes affaires, si je n'avais pris (…) cette résolution !
Mme de Sévigné, 941, 15 nov. 1684.
4 (V. 1119). Mod. Aller au-delà de…, laisser derrière soi (ce qui gênait, constituait un obstacle) en venant à bout (des difficultés). ⇒ Franchir; forcer, triompher (de), vaincre, venir (à bout). || Surmonter les difficultés (→ Adroit, cit. 4), les épreuves (cit. 24), les obstacles (cit. 4). — Surmonter une maladie (→ Influenza, cit. 2).
5 (…) je ne sais si l'envie de vous voir cet hiver à Paris ne m'aurait pas fait surmonter des impossibilités (…)
Mme de Sévigné, 1202, 2 août 1689.
6 (…) mais quelles difficultés avez-vous eues à vaincre ? quels obstacles à surmonter ?
Laclos, les Liaisons dangereuses, LXXXI.
♦ Vaincre, par un effort volontaire (une difficulté psychologique). ⇒ Dominer, dompter. || Surmonter sa peur (⇒ Crâner), sa timidité, ses répugnances (→ Rapprochement, cit. 2), ses scrupules (⇒ Endormir, étouffer). || Surmonter son chagrin (→ Consoler, cit. 4). — Par ext. || Le courage surmonte la peur. ⇒ Emporter (l'emporter sur).
7 Je ne succombai pourtant point à la tentation; je puis même dire que je la surmontai en garçon d'honneur (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, I.
8 (…) Je te croyais fier, et tu l'es : mais tu sais surmonter ta fierté pour faire ton devoir, et tu y as d'autant plus de mérite.
G. Sand, la Petite Fadette, XX.
9 J'ai surmonté ma répugnance et suis allé voir maître Mouche.
France, le Crime de S. Bonnard, VI, Œ., t. II, p. 469.
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III V. intr. (1933). Jeux. Jouer une carte supérieure à une autre, qui était déjà supérieure à une précédente, monter sur un joueur qui a déjà monté. || Tu dois surmonter (sur le 15, sur Max), si tu peux.
9.1 Je mime l'hésitation, murmure « Merde » trois fois de suite et surmonte. Boydt roule des yeux blancs, toussote, sifflote quatre mesures de Lucie de Lammermoor, trois de Paillasse et surmonte.
Joseph Joffo, Baby-Foot, p. 209.
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se surmonter v. pron.
ÉTYM. (Fin XIIe, soi sormonter).
♦ Vaincre, dépasser par la volonté ses penchants (→ Commander, cit. 38). ⇒ Dominer (se), maîtriser (se).
10 (…) À présent, il a trop à faire de lutter contre soi-même, de se surmonter. En se surmontant, il fait mieux que persuader ou séduire; il conquiert; il entre dans les âmes comme par la brèche.
Bernanos, Sous le soleil de Satan, I, II.
11 Il n'est pas de destin qui ne se surmonte par le mépris.
Camus, le Mythe de Sisyphe, p. 166.
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surmonté, ée p. p. adj.
2 Mod. (Choses). || Difficulté surmontée.
3 Blason. || Pièce surmontée de, abaissée et ayant en chef (tel meuble).
➪ tableau Termes de blason.
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DÉR. Surmontable, surmontoir.
COMP. Insurmontable.
Encyclopédie Universelle. 2012.