tarte [ tart ] n. f. et adj.
• XIIIe; tarta dial. 1163; p.-ê. var. de tourte, par infl. du lat. médiév. tartarum (→ tartre)
I ♦ N. f.
1 ♦ Pâtisserie formée d'un fond de pâte entouré d'un rebord et garni (de confiture, de fruits, de crème). Pâte à tarte. Moule à tarte. Une part de tarte. Tarte individuelle. ⇒ tartelette. Tarte aux fruits. Tarte au citron. Tarte aux pommes. Tarte Tatin. ⇒ tatin. — Tarte à la crème.
♢ Fig. Allus. littér. (Molière) Tarte à la crème : formule vide et prétentieuse par laquelle on prétend avoir réponse à tout. « Les intellectuels, c'est la tarte à la crème de ces messieurs » (Proust).
♢ Loc. fam. (1950) C'est pas de la tarte : ce n'est pas facile (cf. Il faut le faire, c'est pas du gâteau). « Pour fabriquer une bombe “A” Mes enfants croyez-moi C'est vraiment de la tarte » (B. Vian).
2 ♦ Cette même pâtisserie avec une garniture salée, servie en entrée. ⇒ tourte. Tarte aux poireaux. ⇒ flamiche.
3 ♦ (1895) Fam. Coup, gifle. « il aurait pu lui foutre une tarte qui lui aurait fait sauter deux ou trois dents, à la mouflette » (Queneau).
II ♦ Adj. (v. 1900 arg.) (accordé ou inv.) Fam. (Personnes) Laid; sot et ridicule, peu dégourdi. ⇒ 2. cloche, cruche, tocard. « Il les trouvait toujours soit trop dindes, soit trop tartes » ( Queneau). « Les gens sont tartes de s'acharner à conserver des objets » (San-Antonio). « Ce qu'ils sont tarte, tout de même, ces provinciaux ! » (Aragon). — (Choses) Il est un peu tarte, son blouson ! ⇒ mochard, tartignolle. Ça fait tarte ! ⇒ moche.
● tarte nom féminin (variante de tourte, peut-être sous l'influence du latin médiéval tartarum, crème de tartre) Préparation faite d'une abaisse de pâte garnie d'un appareil salé ou sucré et cuite dans un moule. Populaire. Coup de poing, gifle. ● tarte (citations) nom féminin (variante de tourte, peut-être sous l'influence du latin médiéval tartarum, crème de tartre) Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière Paris 1622-Paris 1673 Ah ! ma foi, oui, tarte à la crème ! Voilà ce que j'avais remarqué tantôt ; tarte à la crème ! Que je vous suis obligé, Madame, de m'avoir fait souvenir de tarte à la crème ! […] Tarte à la crème, morbleu ! tarte à la crème ! La Critique de l'École des femmes, 6, le marquis ● tarte (expressions) nom féminin (variante de tourte, peut-être sous l'influence du latin médiéval tartarum, crème de tartre) Populaire. C'est pas de la tarte, c'est particulièrement difficile ou pénible. Familier. Tarte à la crème, moyen ou réponse stéréotypés, sans originalité, qui se présentent tout de suite à l'esprit. ● tarte (synonymes) nom féminin (variante de tourte, peut-être sous l'influence du latin médiéval tartarum, crème de tartre) Populaire. Coup de poing, gifle.
Synonymes :
- beigne (populaire)
- calotte (familier)
- claque
- gifle
- soufflet (littéraire)
- taloche (familier)
- tape
● tarte
adjectif
Familier. Qui est insignifiant, stupide : Un film tarte.
tarte
n. f. et adj.
rI./r n. f.
d1./d Pâtisserie faite d'un fond de pâte garni de fruits, de confiture, de compote ou de crème. Tarte aux pommes. Part ou (Québec) pointe de tarte. Syn. (Suisse) gâteau.
|| Fig. Tarte à la crème: argument, thème, exemple qui revient à tout propos et qui a perdu tout intérêt, toute signification (par allus. à une scène de la Critique de l'école des femmes, de Molière).
|| Loc. Fam. C'est pas de la tarte: c'est difficile.
d2./d Fam. Gifle.
rII./r adj. Fam. Niais et ridicule. Elle est tarte dans cette robe!
I.
⇒TARTE1, subst. fém.
A. — ART CULIN.
1. Pâtisserie plate, généralement ronde, faite d'un fond de pâte avec rebord rempli de divers ingrédients (fruits, confiture, crème, frangipane, etc.) que l'on cuit au four (sauf certains fruits rouges que l'on met crus sur la pâte cuite) et que l'on consomme généralement refroidie. Tarte au citron, à la crème, aux abricots, aux fraises, aux pommes, aux prunes; moule, pelle à tarte; part de tarte. La table se couvrait de quiches, de tourtes à la viande, de tartes de mirabelles (BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 90). Mes amies préféraient les sandwiches et s'étonnaient de me voir manger seulement un gâteau au chocolat gothiquement historié de sucre ou une tarte à l'abricot (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 904).
♦ Tarte Tatin et, p. ell., Tatin, tatin, subst. fém. (v. rem. infra). Tarte renversée mise à la mode par les demoiselles Tatin de Lamotte-Beuvron au début de ce siècle, que l'on prépare avec du beurre, du sucre, des pommes recouvertes d'une mince couche de pâte brisée et que l'on sert chaude. Dans le même temps, la tarte Tatin connaissait un destin international (Le Monde, 28 mai 1983, p. 21, col. 4).
♦ Tarte au sucre (région.). (Nord de la France, Belgique, Canada). Tarte dont la garniture est faite essentiellement de sucre. Le climat rigoureux [du Québec] et les durs travaux commandaient une nourriture simple et abondante. D'où les tourtières (...), tartes au sucre, etc. (C.-M. BOUCHARD, J. THIBEAULT, Le Québec, 1986, p. 155). (Lorraine, Nord de la France) Gâteau rond à base de pâte levée badigeonnée de jaune d'œuf, parsemée de noisettes de beurre et largement saupoudrée de sucre.
2. [Toujours suivi d'un compl. déterminatif (précisant la nature de l'ingrédient principal mis sur la pâte) ou éventuellement d'un adj.] Mets salé ayant la même forme et la même base de préparation que la pâtisserie (supra A 1), que l'on remplit d'ingrédients tels que légumes, fromage, lard et que l'on consomme chaud. Tarte à l'oignon, aux champignons, aux poireaux. Madame Gaudron parlait d'aller manger de la tarte aux oignons, chaussée Clignancourt (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 440). Tarte flambée.
3. Loc. Tarte à la crème
a) CIN., SPECTACLES. Dans les films burlesques des débuts du cinéma, gag consistant en une bataille à coups de tartes à la crème; p. ext., gros comique, farce. Richard Lester a retrouvé le ton des comédies à la Laurel et Hardy et celui des tartes à la crème d'antan (Télérama, 9 juill. 1986, p. 25, col. 3). Empl. adj. Le comique tarte à la crème semble s'être évaporé, volatilisé (Le Monde aujourd'hui, 3-4 mars 1985, p.VI, col. 1).
b) [Parfois avec trait d'union] Formule banale, répétée à tout propos; lieu commun. Je t'attendais, « l'honneur de l'armée », tarte à la crème de Ramollot en impuissance de raison (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 179). Une des tartes à la crême de la critique pendant la dernière moitié du XIXe siècle était l'opposition irréductible de la poésie et de la science (BREMOND, Poés. pure, 1926, p. 146). Parfois au masc. L'Inconscient est devenu le tarte-à-la-crème des physiologistes en mal de psychologie (L. DAUDET, Hérédo, 1916, p. 101). En empl. adj. inv. Une formule tarte à la crème (H. BAZIN, Lève-toi, 1952, p. 127). Ce n'est pas parce que ces thèmes sont tarte-à-la-crème qu'ils perdent toute vérité (Le Nouvel Observateur, 30 août 1976, p. 57, col. 3).
B. — Pop. puis fam.
1. Coup, gifle. Foutre une tarte. On croisait parfois des voyous. Ils apostrophaient ma mère. Si je me retournais je prenais une tarte (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 53).
2. Loc. C'est de la tarte; ce n'est pas/c'est pas de la tarte (plus cour.). C'est facile; ce n'est pas facile. Pour un casseur comme lui, c'était de la tarte, cette serrure (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 117). Diriger le syndicat des acteurs à Hollywood, c'est pas de la tarte (Le Monde, 13 juin 1986, p. 32).
REM. Tatin, subst. fém. [Corresp. à supra A 1] Les enfants, revenus, hument le parfum caramélisé de la tarte rituelle: la tatin! (Le Monde, 18 juill. 1987, p. 13, col. 4).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1220 « pâtisserie » (GAUTIER DE COINCI, Mir., éd. V.-F. Koenig, II Mir 25, 472); 2. 1876 tarte à la crème « formule vide » (Lar. 19e); 3. a) 1901 « coup » (ROSSIGNOL, Dict. arg.); b) 1950 de la tarte se dit d'une chose facile, agréable (d'apr. ESN.); 1953 (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, p. 134). Orig. incertaine, prob. var. de tourte (cf. lat. médiév. torta, tarta, turta, tourta att. dep. fin IXe s. au sens de « pain rond » et « tarte », v. NIERM.). Le sens 2 prob. p. réf. à tarte à la crème ! empl. comme un refrain par MOLIÈRE (Critique de l'École des Femmes, 1663, VI); au sens 3a cf. 1642 tarte en pommes « coup, meurtrissure » (OUDIN Fr.-Ital., s.v. tartossola).
STAT. — Tarte1 et 2. Fréq. abs. littér.:160.
BBG. — BLOCHW.-RUNK. 1971, p. 460. — LEBEL (P.). Notes étymol. Fr. mod. 1946, t. 14, pp. 123-124. — QUEM. DDL t. 17.
II.
⇒TARTE2, adj.
A. — Pop., fam. Sot, ridicule; laid. Moi aussi j'allais disparaître... J'avais des pressentiments tartes (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 247). Un très beau poème de guerre, pas tarte, comme je l'aurais cru, mais d'une belle inspiration moderne (CENDRARS, Main coupée, 1946, p. 292). À la forme inv., rare. V. provincial II B 1 ex. de Aragon.
— Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le jour suivant, je l'ai vue quand même la collection (...). Jamais j'avais vu si moche et tant d'horreurs à la fois (...). J'allais du tarte à l'atroce (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 193).
B. — Argot
1. Vieilli. Faux. Mornifle tarte (VIDOCQ, Voleurs, t. 2, 1836, p. 309).
2. Mauvais. C'qu'il est tarte ce pive! (LACASSAGNE, Arg. « milieu », 1928, p. 195).
REM. Tartouze, tartouse, adj., arg., pop. Laid, moche. Plutôt tartouze comme piaule!... Un plancher pourri (LE BRETON, Razzia, 1954, p. 67). C'est rien tartouse, ton truc! (ROB. 1985).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1. 1821 « faux » (ANSIAUME d'apr. ESN.: Bogue de tartre: « de faux or »); 2. 1836 « mauvaise chose, mauvais » (VIDOCQ, Voleurs, t. 2, p. 308 et p. 166); 3. 1927 « sot, niais » (DUSSORT, Preuves exist., dép. par Esnault, 1938, p. 30). Prob. de tarte1; l'hyp. d'Esnault selon laquelle le mot serait une var. fr. de l'italianisme tarde « mauvais, lourd » (att. en 1899), arg. ital. tardo « lourd » ne semble pas suffisamment étayée.
DÉR. Tartignolle, adj., arg., pop. Laid, minable, ridicule. Depuis quinze ans, dans la Zone, qu'ils me regardent et qu'ils me voient me défendre, les plus résidus tartignolles, ils ont pris toutes les libertés (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 18). Tout c'qu'ell' fabrique est tartignolle (MARCUS, Quinze fables, 1947, p. 8). — []. — 1res attest. 1925 « faux et mauvais » (d'apr. ESN.), 1927 « moche, tarte » (DUSSORT, op. cit., p. 102); de tarte2 à l'aide d'un suff. arg. -(i)gnol(le) (cf. branquignol(le)) qu'on peut rapprocher de gnolle.
tarte [taʀt] n. f. et adj.
ÉTYM. XIIIe; tarta, 1163, dans un texte de Picardie; tartre en anc. franç.; orig. incert., var. possible de tourte; on a évoqué l'infl. de tartre; cf. wallon tate, du westphalien târte, à rattacher au rad. de l'all. zart « délicat, fin, doux » (pour la filiation de sens; cf. all. Delikatesse; franç. bonbon, douceur); P. Guiraud souligne que tarte désigne la garniture de crème, comparable à un dépôt. → Tartine.
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I N. f.
A Pâtisserie (cit. 3) plate, le plus souvent ronde, formée de pâte et de fruits ou de crème, etc. ⇒ Flan. || La pâte, la croûte et la garniture d'une tarte. || Tarte à pâte brisée, feuilletée. || Tarte aux fruits (→ Four, cit. 12). || Tarte aux pommes, aux cerises, aux poires, aux quetsches; tartes aux fraises, aux framboises, aux groseilles, aux myrtilles… (où les fruits sont ajoutés après cuisson de la croûte). || Tarte au citron, garnie d'une préparation au citron. — Tartes à l'anglaise, recouvertes d'une abaisse de pâte (comme la tatin). || Tarte à l'alsacienne, garnie de fruits et de crème anglaise ou de crème pâtissière. || Tartes à la confiture, à la marmelade. || Tarte de Linz (Linzertorte), de pâte brisée à la cannelle, garnie de confiture de framboises et recouverte de croisillons. || Tarte milanaise, parfumée à l'anisette et à l'abricot. || Tarte tatin. ⇒ Tatin. — Tarte à la crème (→ Dérober, cit. 31). || Tarte au fromage (cit. 9) blanc. — Tarte ronde, carrée. || Grande, petite (⇒ Tartelette) tarte.
♦ Allus. littér. || Tarte à la crème (→ Corbillon, cit. 2, Molière, l'École des femmes).
1 — Ah ! ma foi, oui, tarte à la crème ! voilà ce que j'avais remarqué tantôt; tarte à la crème ! Que je vous suis obligé, Madame, de m'avoir fait souvenir de tarte à la crème ! Y a-t-il assez de pommes en Normandie pour tarte à la crème ?
Molière, Critique de l'École des femmes (1663), 6.
♦ ☑ Fig. Tarte à la crème : formule vide, argument rebattu par lequel on prétend avoir réponse à tout.
1.1 Il est vraiment trop facile — faisons ici notre autocritique ! — d'avoir la bouche pleine du « Commonwealth français » comme de notre tarte à la crème.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 290.
1.2 On lui sert de la tarte aux cerises et, sans perdre une bouchée, elle nous rembourse d'une tarte à la crème : nul ne communique.
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 201.
♦ ☑ Loc. fig. (1950). Fam. C'est de la tarte : c'est facile (cf. C'est du tout cuit, du gâteau). — ☑ Plus cour. Ce n'est pas de la tarte : ce n'est pas facile (cf. Il faut le faire, c'est pas du gâteau, du nougat…). || « Ça semblait pas de la tarte, ce nouvel épisode » (A. Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 136).
1.3 Pour fabriquer une bombe « A »
Mes enfants croyez-moi
C'est vraiment de la tarte.
B. Vian, la Java des bombes atomiques, in Textes et chansons, p. 49.
2 Elle le pinça de nouveau sévèrement (…) Bien sûr qu'il aurait pu lui foutre une tarte qui lui aurait fait sauter deux ou trois dents (…) mais qu'auraient dit ses admirateurs ?
R. Queneau, Zazie dans le métro, IX.
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II Argot, puis fam. Adj.
1 (1836; tartre, 1821). Vx. Faux.
3 Il les trouvait toujours soit trop dindes, soit trop tartes.
R. Queneau, Zazie dans le métro, p. 11.
4 Les gens sont tartes de s'acharner à conserver des objets. Chaque dix ans, au plus, (et au moins) faudrait détruire ou bazarder ce qu'on a.
San-Antonio, J'ai essayé : on peut !, p. 47.
♦ Invariable :
5 Elle (…) soupira : « Ce qu'ils sont tarte, tout de même, ces provinciaux ! »
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 225.
♦ (Choses). Assez laid et ridicule; démodé. || Ce film est plutôt tarte, est drôlement tarte. || Ce que c'est tarte ! ⇒ fam. Mochard, tartignolle, tartouse.
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DÉR. Tartelette, tartine. — (Du II.) Tartignolle, tartouse.
COMP. Entarter. V. Tartempion.
Encyclopédie Universelle. 2012.