Akademik

tendrement

tendrement [ tɑ̃drəmɑ̃ ] adv.
• 1155; de tendre
Avec tendresse. Aimer, embrasser tendrement.

tendrement adverbe D'une façon tendre. ● tendrement (citations) adverbe Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 Les héros chez Quinault parlent bien autrement, Et jusqu'à Je vous hais, tout s'y dit tendrement. Satires

tendrement
adv. Avec tendresse.

⇒TENDREMENT, adv.
D'une manière tendre.
A. — 1. [Corresp. à tendre2 A 1; à propos d'une matière, d'un aliment] D'une manière qui manque de fermeté, qui résiste peu à la pression ou au découpage. Synon. douillettement, moelleusement, mollement, souplement; anton. durement, fermement, rigidement. Il y a, autour du caillot, comme une tremblante brume invisible, mais rouge (...) c'est tiède, c'est doux, c'est tendrement gélatineux (GENEVOIX, Boîte à pêche, 1926, p. 138). [Sabliers] qui servent aux cuisinières, immémoriablement, à mesurer les délais de cuisson des œufs (...) selon qu'elles veulent du tendrement mollet (...) ou du plus consistant, du dur (ARNOUX, Visite Mathus., 1961, p. 16).
2. a) [Corresp. à tendre2 A 2 a; à propos d'une chose colorée] Avec des nuances claires, pâles. Synon. clairement, pâlement, suavement; anton. ardemment, crûment, vivement. Adorables visions de paysages, des pelouses si tendrement vertes, une mer si froidement bleue, un ciel si finement gris (BOURGET, Ét. angl., 1888, p. 38). Broderies antiques où le bleu de Chartres se fondait tendrement avec des rouges et des ors éteints (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 431).
PEINT., SCULPT., vx. Peindre tendrement, être peint tendrement, sculpter tendrement, etc. Peindre, sculpter, etc., avec une touche légère, fondue, sans dureté. Dans le chœur, ces quatre figures si tendrement sculptées par Coustou, c'est le cénotaphe du grand dauphin (HUGO, Fr. et Belg., 1885, p. 224). Les figures [de Renoir] participent de plus en plus tendrement au milieu qu'elles semblent colorer de leurs vibrations (Cl. ROGER-MARX, Renoir, 1937, p. 30).
b) [Corresp. à tendre2 A 2 b; à propos d'une lumière] Avec un éclat qui ne blesse pas la vue. Ce qu'une vision laisse après elle de clarté intérieure, de doucement et de délicieusement rayonnant (...) ce verger si tendrement éblouissant (...) le laissa dans l'âme de Philomène (GONCOURT, Sœur Philom., 1861, p. 30). Après elle [la traversée d'une forêt] (...) les champs découverts étincellent plus tendrement, plus doucement, dans la lueur levée derrière ce crépuscule des branches (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 73).
c) [Corresp. à tendre2 A 2 c; à propos d'une odeur, d'un son] Avec une douceur qui flatte l'odorat, l'ouïe. Mes pieds dans un sable descendent ensemble avec lui. Les très jeunes coquilles craquent par mille, tendrement (VALÉRY, Tel quel II, 1943, p. 25). V. aéride ex.
3. [Corresp. à tendre2 A 3 b; à propos d'un végétal, de la nature] Avec la fraîcheur neuve de la vie à ses débuts. Synon. fraîchement, nouvellement. Une effroyable averse (...) avait (...) purgé le ciel de tout nuage. Chaque feuillage en était attendri (...). Quand (...) j'ai revu le soleil (...), tout m'a paru si tendrement beau, si neuf, que j'en aurais pleuré de joie (GIDE, Journal, 1906, p. 216). Cette sève qui monte et pleure au mois de mai, (...) ces milliers de bourgeons qui pointent tendrement à l'aisselle des dures branches (PÉGUY, Myst. Sts Innoc., 1912, p. 21).
B. — Au fig. [À propos d'une pers., de sa nature]
1. Rare, vx. [Corresp. à tendre2 B 1] Avec sensibilité. Cet aspect sévère (...), introduit (...) à Port-Royal, y dominera assez (...) pour qu'en avançant dans le siècle les chrétiens plus affectueux, plus indulgents, tendrement mystiques (...), se détournent de ce coin religieux (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 1, 1840, p. 224).
2. a) [Corresp. à tendre2 B 2 a] Avec affection, amitié, altruisme. Synon. affectueusement, amicalement, bonnement, charitablement, chèrement, cordialement, fraternellement, généreusement, gentiment; anton. cruellement, haineusement, hostilement, inamicalement (rem. s.v. inamical), sèchement. Un homme devenu maniaque (...) repoussoit avec rudesse (...) un enfant qu'il chérissoit tendrement en tout autre temps (PINEL, Alién. ment., 1801, p. 19). Il avait pour moi (...) toute l'amitié dont il était susceptible; quant à moi, je lui étais tendrement attaché (...). J'étais (...) presque toujours seul à le défendre (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 601). V. aimablement ex. 10.
b) [Corresp. à tendre2 B 2 b] Avec un amour empreint d'une grande délicatesse de sentiments. Synon. sentimentalement. Couple tendrement uni. Je l'aimais tendrement; dès que je repensais à elle, c'était avec une commotion intérieure, à la fois douce et douloureuse; (...) l'amour (...), avec son suprême charme triste, laissé ensuite comme un parfum à tout ce qu'il a touché (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 298). M. de Coantré se mit à l'aimer tendrement. Après dix ans de sensualité pure, il découvrait (...) l'ordre de la sensualité mêlée de tendresse. (...) cet autre ordre lui est ce que le paradis est aux limbes (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 832).
c) P. méton. [Relatif à supra 2 a et 2 b; corresp. à tendre2 B 2 c] D'une manière qui exprime l'affection, l'amitié, la générosité, l'amour sentimental.
— [À propos d'un aspect du comportement] Baiser, caresser, considérer, presser tendrement; s'appuyer tendrement contre/sur (qqn); serrer tendrement la main de qqn; serrer tendrement qqn dans ses bras. L'un des enfants (...) vint se réfugier (...) dans la robe de sa mère... Celle-ci le prit dans ses bras, le berça avec des paroles gentilles, le câlina, l'embrassa tendrement (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 322). Elle le regardait tendrement de ses yeux violet sombre, pleins de promesses et d'éclat. Il s'éveilla sous la violente douceur de ces regards (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 436). V. aimable ex. 31, amour ex. 169.
— [À propos d'un moyen d'expr. verbale] J'ai besoin de consolation. Vous me parlez si doucement, si tendrement, si pieusement, qu'il y a charme et bien à vous entendre, et suspension de peines (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1839, p. 277). Desmahis la supplia tendrement, et fut si pressant avec tant de douceur, qu'elle n'eut pas le courage de le laisser à la porte (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 315).
♦ [Dans une formule épistolaire] Mille baisers à Marie, mille amitiés à François. Je vous embrasse bien tendrement (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1834, p. 185). À vous, mon bon, et à toute la smalah. Tendrement vôtre (FLAUB., Corresp., 1874, p. 215).
— [À propos d'une œuvre artist. ou de son aut.] La plupart des héros de M. Coppée (...) n'ont pas même de beaux haillons (...): mais il nous dévoile, doucement et comme tendrement, la tristesse ou la beauté cachées sous la médiocrité (...). Rien de plus humain que cette poésie (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 103). Rarement l'émotion et l'expression de Beethoven ont été d'une grâce aussi fluide, souple, discrète, tendrement féminine. L'esprit semble jouer avec ses réminiscences, il les savoure amoureusement (ROLLAND, Beethoven, t. 1, 1937, p. 118).
d) P. anal. [Corresp. à tendre2 B 2 d] D'une manière qui évoque les sentiments, comportements amicaux ou amoureux entre humains.
— [À propos de rapports entre une pers. et un animal ou d'animaux entre eux] La petite chèvre (...) s'était tendrement frottée à ses genoux, couvrant le poète de caresses (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 524). Quand le chat passe, (...) il lui dit, doucement: « Ga gou, ga gou, » doucement, tendrement, avec (...) tendresse (GIONO, Colline, 1929, p. 131).
— [À propos de rapports entre une pers. et une chose] Didace (...) qui avait le respect du pain, (...) prit doucement près de lui la miche rebondie (...), tendrement il se découpa un quignon (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 11). J'enfermai dans une armoire (...) un costume d'avant-guerre, (...) bien conservé. Je me réjouis de prolonger sa fraîcheur. Tendrement, j'épargnais à mon vêtement l'usure des jours, sans considérer que ma personne y restait exposée (CHARDONNE, Femmes, 1961, p. 47). [Avec une nuance iron.] Chaises tendrement rabotées par des derrières peu soucieux de voyages (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 199).
— [À propos de rapports entre choses] Les étamines d'or se pressaient tendrement autour du pistil vert (THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 132). Plus tendrement qu'en mai (...), le ciel sourit à la terre avec un ineffable amour (CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p. 53).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 avec pleurer, soupirer « amèrement, avec angoisse » (Alexis, éd. C. Storey, 242); 2. ca 1170 « avec tendresse » (Livre des Rois, éd. E. R. Curtius, p. 7); 3. 1665 « avec une expression tendre » (BOILEAU, Sat., III ds LITTRÉ). Dér. de tendre2; suff. -ment2. Fréq. abs. littér.:1 267. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 958, b) 2 945; XXe s.: a) 1 639, b) 1 152.

tendrement [tɑ̃dʀəmɑ̃] adv.
ÉTYM. V. 1170; « amèrement », v. 1050; de 2. tendre.
1 Avec tendresse. 2. Tendre (4.). || Aimer (→ Laid, cit. 10), embrasser tendrement. Chèrement (cit. 2); → Cordialement, cit. 1. || Ménage (cit. 12) tendrement uni.Avec une expression tendre. || « Et jusqu'à je vous hais (Haïr, cit. 7), tout s'y dit tendrement ». || Phrase prononcée (cit. 2) tendrement.
2 Vx. Avec sensibilité ( 2. Tendre, 3.). || « Je sens si vivement et si tendrement tout ce qui vous touche » (→ Entrer, cit. 48).
3 Rare. Avec tendreté. 2. Tendre (1.). || Un pain… croquant (cit. 1) tendrement sous la dent.

Encyclopédie Universelle. 2012.