résistance [ rezistɑ̃s ] n. f.
• resistence 1270; de résister
I ♦ Phénomène physique consistant dans l'opposition à une action ou à un mouvement.
1 ♦ Fait de résister, d'opposer une force (à une autre), de ne pas subir les effets (d'une action). Résistance d'un corps au choc, d'une pierre à l'érosion, d'un textile à l'usure.
2 ♦ Force qui s'oppose à une autre, tend à l'annuler. Un soufflet « est difficile à ouvrir; et si on essaye de le faire, on y sent de la résistance » (Pascal). La résistance de l'air, qui freine le déplacement d'un corps. « L'épaule contre la fente des volets, il essayait de vaincre cette dernière résistance » ( Green). ⇒ frein, obstacle.
3 ♦ Sc. Capacité de résister, d'annuler ou de diminuer l'effet d'une force subie. Résistance faible, nulle; grande résistance. Résistance mécanique. Résistance à la compression, à la torsion, au choc (⇒ résilience; cf. aussi Charge de rupture) .
♢ Par ext. Résistance des matériaux : partie de la mécanique qui étudie le comportement des matériaux soumis à des forces, à des contraintes.
♢ Biol. La résistance vitale : capacité pour un organisme de se maintenir en vie. Résistance physiologique : capacité de résister à la maladie en dehors de tout processus d'immunisation. Résistance globulaire : résistance des globules rouges aux substances qui produisent l'hémolyse. Résistance d'un organisme aux antibiotiques. Résistance à un insecticide.
4 ♦ Électr. Résistance électrique : rapport entre la différence de potentiel aux bornes d'un conducteur et l'intensité qui le traverse. L'ohm, unité de résistance. Inverse de la résistance. ⇒ conductance. Résistance équivalente : partie réelle de l'impédance complexe d'un circuit. — Élément passif d'un circuit électrique. La résistance est un circuit dissipatif.
♢ Cour. Une résistance : un conducteur conçu pour dégager une puissance thermique déterminée. Les résistances d'un fer à repasser. Résistance variable (⇒ potentiomètre, rhéostat) .
5 ♦ Qualité de ce qui résiste, caractère résistant. Giacometti « n'aime pas la résistance de la pierre qui ralentirait ses mouvements » (Sartre). ⇒ force, solidité. Résistance d'une plante, son aptitude à supporter les intempéries. ⇒ rusticité.
♢ Qualité physique d'une personne qui supporte aisément la fatigue, les privations et qui peut soutenir un effort intense. En voyage, il « offrait une résistance étonnante à la fatigue » (Gautier). ⇒ endurance. Manquer de résistance, n'avoir aucune résistance. — Sport Le fait de fournir un effort très intense pendant un temps déterminé. Travailler en résistance pour améliorer ses capacités en endurance.
♢ Plat de résistance (dont on ne vient pas à bout facilement) :plat principal d'un repas.
II ♦ (Action humaine)
1 ♦ Action par laquelle on essaie de rendre sans effet (une action dirigée contre soi). La résistance à l'oppression est un des droits de l'homme. « Quand l'autorité devient arbitraire et oppressive [...] la résistance est le devoir et ne peut s'appeler révolte » (Mirabeau). Résistance passive : refus d'obéir. « Les instructions du syndicat sont formelles : résistance passive; éviter soigneusement tout conflit » (A. Gide). ⇒ non-violence. Résistance active : action de s'opposer activement. ⇒ désobéissance, insurrection, rébellion, sédition. « D'ailleurs, il n'était pas un homme de résistance. Il n'aimait lutter contre personne » (Maupassant). Opposer une résistance farouche, opiniâtre à qqn. Il « fut emmené sans résistance par les soldats » (Mérimée).
♢ Absolt Ce qui s'oppose à la volonté de qqn. ⇒ obstacle, opposition. « L'art commence à la résistance : à la résistance vaincue » (A. Gide). Cela ne se fera pas sans résistance. ⇒ difficulté, réaction, refus. Vaincre une résistance, venir à bout d'une résistance. « Elle se heurta à une résistance générale et formelle » (Martin du Gard). « Le projet le mieux conçu se heurte à des résistances qui le font souvent échouer » (Sartre).
♢ Psychan. Ce qui s'oppose, dans le comportement d'un sujet analysé, à la libre association des idées et au progrès de la cure. Les résistances du malade sont des défenses inconscientes. Levée des résistances.
2 ♦ (1400) Action de s'opposer à une attaque par les moyens de la guerre. Résistance armée d'une place assiégée. ⇒ 1. défense. « Un peuple dont la résistance aux armées hitlériennes fut exemplaire » (Malraux).
3 ♦ Opposition des Français à l'action de l'occupant allemand et du gouvernement de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale. Faire de la résistance. « Une organisation qui nous permettrait [...] de susciter sur le territoire la résistance dans tous les domaines » (de Gaulle). Conseil national de la Résistance (C. N. R., 1943). Médaille de la Résistance. — Par ext. L'organisation par laquelle la résistance française agissait. Entrer dans la Résistance (cf. Prendre le maquis). Les combattants de la Résistance. ⇒ résistant.
♢ Opposition des habitants d'un pays à l'action d'un occupant. La résistance palestinienne, afghane.
4 ♦ Action de résister moralement. « Le secret d'un homme [...] c'est la limite même de sa liberté, c'est son pouvoir de résistance aux supplices et à la mort » (Sartre).
♢ Absolt Qualité d'une personne qui supporte sans faiblir les souffrances, les soucis, l'adversité. ⇒ fermeté, force (morale), ténacité. Les limites de la résistance. « il y en avait qui n'avaient pas de résistance et qui se mettaient à pleurer » ( Nizan).
⊗ CONTR. Faiblesse, fragilité. Assentiment. Soumission. Abdication. Attaque.
● résistance nom féminin Action de résister physiquement à quelqu'un, à un groupe, de s'opposer à leur attaque par la force ou par les armes : Se laisser arrêter sans résistance. Action de résister à une autorité, de s'opposer à ce qu'on n'approuve pas : Résistance à l'arbitraire. Se heurter à la résistance de ses proches. Capacité de quelqu'un à résister aux épreuves physiques ou morales, d'un être vivant à résister à des conditions de vie extrêmes : Avoir une bonne résistance à la fatigue. Propriété d'un matériau de résister aux effets d'un agent extérieur : Matière textile utilisée pour sa résistance. Force qui s'oppose au mouvement dans un fluide : La résistance de l'air. Électricité Quotient de la tension U aux bornes d'une résistance idéale par le courant I qui la parcourt. (R = u°I, ce qui constitue l'expression de la loi d'Ohm.) Dispositif caractérisé essentiellement par sa résistance électrique. Géologie Aptitude d'une roche à conserver les éléments qui la composent. (La résistance est liée aux constituants de la roche, à leur cohérence, à la granulométrie ; elle dépend aussi de la nature des agents de l'érosion en rapport avec le relief et, surtout, le climat.) Psychanalyse Manifestation du refus du sujet de reconnaître un matériel inconscient. ● résistance (citations) nom féminin Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Ce que j'appelle République, c'est plutôt une énergique résistance à l'esprit monarchique, d'ailleurs nécessaire partout. Avec Balzac Gallimard Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Nous n'aurons jamais trop de ces fiers esprits qui jugent, critiquent et résistent. Ils sont le sel de la cité. Propos d'un Normand, tome I Gallimard Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance il assure l'ordre ; par la résistance il assure la liberté. Propos d'un Normand, tome IV Gallimard André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Dans la Résistance, la France reconnaissait ce qu'elle aurait voulu être, plus que ce qu'elle avait été. Antimémoires Gallimard John Stuart Mill Pentonville, Londres, 1806-Avignon 1873 Il devrait y avoir en toute constitution un centre de résistance contre le pouvoir prédominant, et, par conséquent, dans une constitution démocratique, un moyen de résistance contre la démocratie. There should be, in every polity, a centre of resistance to the predominent power in the constitution — and in a democratic constitution, therefore, a nucleus of resistance to the democracy. Le Gouvernement représentatif, XIII ● résistance (expressions) nom féminin Plat de résistance, le plat principal d'un repas. Résistance idéale, bipôle élémentaire idéal dans lequel la tension instantanée est proportionnelle au courant instantané. Résistance pure ou résistance morte, bipôle passif dans lequel toute l'énergie électrique mise en jeu est convertie en chaleur par effet Joule. Résistance interne d'un tube ou d'un transistor, rapport d'une faible variation de la tension appliquée à la sortie (ou à l'entrée) à la variation de l'intensité du courant qui en résulte dans le même circuit, les autres paramètres demeurant constants. Mouvements de résistance ou la Résistance, groupements spontanés de résistants pendant la Seconde Guerre mondiale. Parti de la Résistance, au début de la monarchie de Juillet, parti des orléanistes conservateurs, avec Guizot et Casimir Perier, opposé au parti du Mouvement. Résistance des matériaux, partie de la mécanique appliquée ayant pour objet l'évaluation des contraintes et des déformations subies par une structure sous l'action de forces extérieures données. Centre de résistance, ensemble d'organisations défensives, occupé par un effectif de l'ordre de grandeur d'un bataillon ou d'un régiment. (Il est parfois articulé en points d'appui.) Coefficient de résistance, coefficient sans dimension défini par la formule où Rx est la résistance, V la vitesse du corps, S une surface de référence de celui-ci, et ρ la densité du fluide. (Dans les limites permises aux avions, la résistance de l'air est exprimée par : R = KSV2, S étant le maître-couple, V la vitesse et K un coefficient dépendant de la forme de l'appareil et de l'angle d'incidence de sa voilure.) Résistance de frottement, résistance engendrée par la viscosité d'un fluide. Résistance d'onde, résistance liée à la propagation des ébranlements provoqués par le mouvement du corps dans le fluide (ondes de surface pour un navire, ondes de choc pour un projectile ou un avion supersonique). ● résistance (synonymes) nom féminin Action de résister physiquement à quelqu'un, à un groupe, de...
Synonymes :
- combativité
- défense
- réaction
Contraires :
- docilité
- fuite
- obéissance
Action de résister à une autorité, de s'opposer à ce...
Synonymes :
- désobéissance
- rébellion
- sédition
Contraires :
- coopération
- passivité
Capacité de quelqu'un à résister aux épreuves physiques ou morales...
Synonymes :
Contraires :
- déficience
Propriété d'un matériau de résister aux effets d'un agent extérieur
Synonymes :
- solidité
Contraires :
- délicatesse
- fragilité
Électricité. Dispositif caractérisé essentiellement par sa résistance électrique.
Synonymes :
- résistor
Résistance
action clandestine menée en France et en Europe par divers réseaux et organisations pour lutter contre l'occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale.
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Résistance
n. f.
d1./d Action ou propriété d'un corps qui résiste à une action. Résistance d'un métal à la déformation. Résistance d'un tiroir qu'on veut ouvrir.
|| PHYS Force qui s'oppose à un mouvement. Résistance de frottement. Résistance de l'air.
d2./d ELECTR Grandeur (exprimée en ohms) qui traduit la plus ou moins grande aptitude d'un corps à s'opposer au passage d'un courant électrique.
|| Conducteur qui résiste au passage du courant, utilisé notam. pour produire de la chaleur. (V. résistor.)
d3./d TECH Résistance des matériaux: discipline technologique qui a pour objet l'étude des dimensions optimales des éléments de construction pour que ceux-ci résistent aux diverses contraintes sans déformation permanente (c.-à-d. sans dépasser le domaine des déformations élastiques), aux efforts auxquels ils seront soumis (traction, compression, flexion, cisaillement).
d4./d Plat de résistance: plat principal d'un repas.
d5./d Aptitude à supporter la fatigue, les privations, etc.
d6./d Action de résister à une attaque. Opposer une résistance farouche à l'ennemi.
d7./d Fait de ne pas céder à la volonté de qqn. Résistance à un ordre.
⇒RÉSISTANCE, subst. fém.
I. — [À propos de qqc.] Tout phénomène physique qui s'oppose à une action ou à une force.
A. — Action de résister; capacité variable de résister, d'annuler ou de diminuer l'effet d'une force, d'une action subie. Résistance faible, moyenne, nulle; grande résistance. Ces arcs-boutans dont la résistance et la force, qui sembloient devoir être éternelles, ont en partie succombé sous le poids irrésistible des siècles (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 1, 1801, p. 214).
♦ MÉCAN. APPL. Résistance des matériaux. ,,Étude des propriétés mécaniques des matériaux et des conditions dans lesquelles ils résistent et se déforment lors de leur emploi`` (Constr. métall. 1975). Résistance des solides; classe, coefficient de résistance.
♦ Résistance à qqc. Résistance au choc, à la compression, au déchirement, à l'éclatement, à l'écrasement, au feu, à la flexion, au roulement, au tirage, à la torsion, à la traction, à l'usure. L'ardoise résiste assez bien à l'action mécanique des agents atmosphériques; sa résistance à la rupture augmente rapidement avec son épaisseur (BOURDE, Trav. publ., 1928, p. 89).
♦ Résistance du bois. ,,Force avec laquelle le bois s'oppose à la pénétration, à la séparation ou à la déformation de ses parties`` (Forest. 1946). En mécanique, — Léonard [de Vinci] connaissait (...) la résistance respective des poutres (STENDHAL, Hist. peint. Ital., t. 1, 1817, p. 250).
— (À) haute résistance. Capable de bien résister. On a pu produire des aciers à haute résistance, présentant des caractéristiques de rupture plus favorables que les aciers ordinaires (MARIE, DILLY, Transp. mar., 1932, pp. 457-458). Une grille [de rasoir] d'une extrême minceur — 38 microns — gage d'efficacité. Une grille en acier haute résistance, gage de longévité (Le Point, 27 févr. 1978, p. 32).
— De résistance. Dont on ne vient pas à bout facilement. Plat de résistance. V. plat2 A 2 a. Pièce de résistance. V. pièce I A 1 a. [Dans un cont. métaph.] Barrès a du talent, mais il lui a manqué la tranche de résistance, le bon morceau dont il se serait nourri pour son œuvre (RENARD, Journal, 1892, p. 128).
— BIOL., MÉD. Résistance du bacille de Koch, des germes, des microbes, des virus aux antibiotiques; résistance d'un organisme à l'infection; test de résistance. Ils obtiennent leur fameux vaccin, le BCG (...) mettant l'organisme qui a reçu le vaccin en état de résistance vis-à-vis d'une contamination par un bacille virulent (Ce que la Fr. a apporté à la méd., 1946 [1943], p. 114).
♦ Résistance capillaire. ,,Propriété des capillaires de résister à une pression donnée sans éclater`` (Méd. Flamm. 1975). Résistance globulaire. ,,Résistance des globules rouges aux substances hémolysantes`` (GARNIER-DEL. 1972). Résistance vasculaire. ,,Force qui s'oppose à l'écoulement du flux sanguin dans les vaisseaux`` (GARNIER-DEL. 1972).
♦ Résistance vitale. Propriété des organismes à se maintenir en vie, à réagir aux facteurs de destruction. La paresse des organismes à changer leurs habitudes et leur structure pour s'adapter péniblement aux circonstances nouvelles, ce qui conduirait à la thèse de la « résistance vitale » (RUYER, Esq. philos. struct., 1930, p. 305). P. anal. Résistance au froid, à la faim; avoir une grande résistance.
♦ Résistance aux médicaments. ,,Aptitude acquise par un microorganisme ou des parasites à survivre et éventuellement à se reproduire en présence d'un médicament qui normalement les détruit ou les empêche de se multiplier`` (GUNN-MURCIA Secours 1984).
— ÉLECTR. Opposition au passage du courant. Résistance bobinée, enrobée, immergée, interne, linéaire, liquide, photo-électrique, potentiométrique; résistance pure. (Ds SIZ. 1968). La résistance d'un conducteur homogène de section constante est proportionnelle à sa longueur et inversement proportionnelle à sa section, quelle que soit la forme de cette dernière (Sc. 1962).
♦ Résistance chauffante. ,,Conducteur connecté directement à une source de courant et utilisé pour transformer l'énergie électrique en chaleur, par effet Joule`` (SIZ. 1968). Résistance chauffante d'un fer électrique, d'un four, d'un radiateur. Un petit réchaud à plaque de cuisson dont la résistance chauffante est montée sur mine avec isolement ou mica (Lar. mén. 1926, p. 470).
♦ Résistance de terre. ,,En un point d'une installation de mise à la terre, quotient par le courant de terre de la composante de la tension en phase avec ce courant`` (SIZ. 1968).
♦ Unité de résistance (électrique, ohmique). L'ohm est l'unité pratique de résistance (H. FONTAINE, Électrolyse, 1885, p. 7). Ces exemples mécaniques suffiront pour faire comprendre ce que devient la décharge de la bouteille de Leyde quand la résistance ohmique est très grande (H. POINCARÉ, Théorie Maxwell, 1899, p. 23).
B. — Force qui s'oppose au mouvement, en particulier au mouvement d'un corps dans un fluide. Résistance de l'atmosphère, de l'eau, de forme, induite. Coulomb (...) fixa plusieurs lois, dont la principale qui porte son nom: la résistance au roulement est inversement proportionnelle au rayon du cylindre et proportionnelle à la pression (PÉRISSE, Automob., 1907, p. 7).
♦ Résistance de l'air. ,,Frottement qui dépend du carré de la vitesse relative mobile/air, de la surface de la section droite S et d'un coefficient K de forme du mobile`` (Sc. 1962). L'oiseau qui descend ainsi peut retarder subitement sa chûte en étendant ses ailes, à cause de la résistance de l'air qui augmente comme le carré de la vîtesse (CUVIER, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 511).
♦ Résistance à la marche, à l'avancement. Résistance qu'un bateau offre à la marche par l'avant (d'apr. SOÉ-DUP. 1906). Résistance de frottement. ,,Résistance qui dépend de la grandeur de la surface mouillée du bateau`` (d'apr. SOÉ-DUP. 1906).
II. — [À propos de l'animé]
A. — [Sur le plan physique] Qualité de ce qui résiste, caractère résistant (v. ce mot B).
1. [Résistance d'une personne] Énergie, bon état physique qui permet de supporter sans dommage grave des atteintes et des agressions diverses. Synon. endurance. Résistance nerveuse, physique; résistance à l'altitude, à l'effort, aux maladies, aux privations, aux soucis; avoir de la résistance; être à bout, manquer de résistance. La fièvre décimait ces gens débiles, sans résistance contre un climat auquel ils n'étaient guère habitués (THARAUD, An prochain, 1924, p. 147). Les hommes modernes ont besoin d'équilibre nerveux, d'intelligence, de résistance à la fatigue et d'énergie morale, plus que de puissance musculaire (CARREL, L'Homme, 1935, p. 278).
♦ Tenir jusqu'aux extrêmes limites de la résistance. Tout le poids des journées antérieures vous tombait sur les reins, pendant que l'on contemplait ces dérisoires écorchures du sol, où le prochain ordre du jour vous inviterait à tenir « jusqu'aux extrêmes limites de la résistance » (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 150).
2. [Résistance d'un arbre, d'une graine, d'une plante, etc.] ,,Qualité d'une espèce végétale ou d'une variété résistant à un ravageur ou à une maladie grâce à certains caractères morphologiques, génétiques, etc.`` (Agric. 1977). Résistance au vent. ,,Capacité d'une plante à rester exposée aux vents forts sans subir de dégâts`` (Forest. 1946).
B. — [Sur le plan physique et moral] Action de résister à une agression, une contrainte, une oppression physique ou/et morale.
1. Défense, riposte par la force à un adversaire, à un ennemi qui a déclenché les hostilités. Résistance afghane, islamique, palestinienne; résistance absolue, acharnée, énergique, victorieuse; admirable, faible, héroïque, inflexible, invincible, suprême, ultime, vigoureuse, vive résistance; toute résistance est inutile. C'est la belle résistance du général Teste à Namur, où dans une ville ouverte, avec une poignée de braves, il arrête court l'élan des Prussiens (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 742). La résistance du Fort de Vaux sert un dessein plus vaste que la défense d'un coin de sol. Elle se relie à une victoire, elle fait partie d'une victoire, si la victoire se mesure à l'échec du projet et de la volonté adverses (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 4).
— (Foyer, îlot, point) de résistance. Lieu de combat. Certes on s'explique le sang versé dans les combats de rues, même les scènes terribles du temple, les musulmans ayant transformé cet édifice en un suprême réduit de résistance (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 45). Au fig. Ici comme ailleurs, la tentation était forte, pour des chrétiens, de suivre la ligne de moindre résistance et de chercher dans le platonisme les principes d'une solution (GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p. 44).
— Faire résistance. Réagir, se débattre. Il n'avait ni la possibilité ni même l'intention de faire résistance, il se trouva en un instant assis au fond de la voiture, entre deux gendarmes (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 88).
2. Refus d'accepter, de subir les contraintes, violences et/ou vexations, jugées insupportables, qui sont exercées par une autorité contre une personne, les libertés individuelles ou collectives; l'action qui en découle. Résistance à l'abus, à l'arbitraire, à l'injustice, au mensonge, à la tyrannie; groupe, mouvement, organisation de résistance. Il a rencontré ce matin au Conseil des Ministres une résistance inattendue, qui l'a contraint à poser la question de sa démission (Affaire Dreyfus, 1899, p. 45). Nobles, bourgeois, clergé même, tous approuvèrent la résistance de Philippe Le Bel au Pape. Le roi de France « ne reconnaissait point de supérieur sur la terre » (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 81).
— En partic. [Corresp. à résister II C] Qqn résiste à qqn. Refus de céder à des sollicitations amoureuses. Vaincre une molle résistance. À mon désir fou de la posséder, avant notre départ, à notre retour, elle opposait une résistance incompréhensible, un doux, mais entêté repoussement de mes baisers, de mes caresses (GONCOURT, Journal, 1889, p. 1012).
— Résistance active, violente. ,,Résistance par la force à l'acte prétendu injuste ou illégal`` (CAP. 1936). La résistance violente est elle-même non-coopération. Elle est immorale à cause de sa violence. Elle devient morale quand elle est non violente. La non-coopération avec le mal est un devoir sacré. Elle est essentiellement spirituelle à cause de son caractère non violent (S. LASSIER, Gandhi et la non-violence, Paris, 1970, p. 170). Résistance agressive. ,,Soulèvement pour forcer les gouvernants à retirer l'acte prétendu injuste ou illégal ou même pour se débarrasser de ces gouvernants`` (CAP. 1936). Synon. insurrection. Résistance armée. Résistance qui se fait avec les armes. Je changeai rapidement de logis. La maison inhabitée où je me réfugiai autorisait, à toute extrémité, une résistance armée efficace. Je pouvais suivre de la fenêtre, derrière les rideaux jaunis, les allées et venues nerveuses des occupants (R. CHAR, Œuvres compl., Feuillets d'Hypnos, Paris, Gallimard, 1985 [1946], p. 205). Résistance passive, non-violente. Résistance qui refuse d'utiliser la force pour tenter d'arrêter l'escalade de la violence. Cette résistance passive devait, si elle se prolongeait, contraindre le roi d'Austrasie à diviser ses forces (THIERRY, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 39). La deuxième voie serait une résistance non violente (menée) par ceux qui auraient été exercés aux méthodes non violentes. Ils s'offriraient sans armes aux canons des agresseurs (S. LASSIER, Gandhi et la non-violence, Paris, 1970, p. 164).
— Résistance à l'impôt. Refus de payer tout ou partie de l'impôt. Lorsque, après Louis XIV, les « cours souveraines » sortiront de leur sommeil, leur résistance aux impôts sera acharnée (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 262). Résistance à l'oppression. ,,Droit individuel reconnu (...) aux gouvernés de résister aux actes et agissements illégaux ou injustes des gouvernants et de leurs agents`` (CAP. 1936).
— Absolument
♦ La résistance. Combat mené contre un envahisseur, un occupant indésirable. Jeune commandant de vingt-neuf ans, déjà blessé quatorze fois au combat. Une véritable star, un exemple pour la résistance et son parti (Le Figaro-Magazine, 5 déc. 1987, p. 16, col. 1).
♦ HIST. (XIXe s.). Parti de la Résistance. Au début de la monarchie de Juillet, parti des orléanistes conservateurs. (Dict. XIXe et XXe s.).
♦ [Gén. avec une majuscule] Au cours de la Seconde Guerre mondiale, action clandestine menée en France et en Europe contre les armées allemandes d'occupation; le mouvement qui en découle. Résistance du maquis, du Vercors; entrer dans la Résistance; passer à la Résistance. Ils pensaient très fréquemment aux tortures que la Gestapo infligeait aux Français de la Résistance qui tombaient entre leurs mains (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 257). Si cette bataille de France est sombre nous pouvons dire, cependant, que jamais la résistance française n'a tant fait ni tant subi (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 514).
Faire de la Résistance. Participer à cette action. J'ai fait de la Résistance (...) Mes tâches dans la Résistance n'avaient d'ailleurs aucun intérêt en elles-mêmes. Mais je voulais accélérer l'issue, je ne voulais pas rester les bras croisés en attendant qu'on me délivre (JANKÉL. ds L'Arc, 1979, n ° 75, p. 12).
Conseil National de la Résistance (C.N.R.). Je leur donnai pour instruction de hâter la formation, autour de Jean Moulin, du Conseil national de la résistance qui comprendrait les représentants de tous les mouvements, syndicats et partis (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 37). Compagnon, médaille de la Résistance. Merci, dit-il, c'est très important. Ce sera transmis à Londres par radio, dès ce soir. Vous êtes notre meilleur informateur. Vous aurez bien mérité votre Médaille de la Résistance (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 22). Le maire Yves Millon, entouré de son conseil, des compagnons de la Résistance et des notabilités, me pria de rouvrir le livre d'or de la capitale bretonne (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 298).
C. — Volonté ferme de ne pas se soumettre à quelqu'un, de ne pas céder à ses volontés, son emprise, son influence. Résistance morale; briser, vaincre la résistance de qqn. Le cardinal Consalvi, souple et ferme, d'une résistance douce et polie, était l'ancienne politique romaine vivante (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 92). Je ne suis pas éloigné de croire qu'en jouissant d'une plus grande liberté, il cessera d'avoir cet esprit de résistance et d'indiscipline que nous lui avons connu autrefois (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 738).
D. — Force morale qui consiste à ne pas céder à ses penchants, à faire contrepoids aux difficultés, aux épreuves de la vie. Résistance à la calomnie, aux critiques, au découragement, au désespoir, à l'infortune. Juxtapose à la fatalité la résistance à la fatalité. Tu connaîtras d'étranges hauteurs (R. CHAR, Œuvres compl., Le Poème pulvérisé, 1985 [1947], p. 258):
• Tel est ce mouvement forcé du devoir, cette marche vers l'amont, cette résistance à la pesanteur des inclinations, cette lévitation opposée à la gravitation sensible et au tropisme de l'instinct.
JANKÉL., Traité des Vertus, Paris, Bordas, t. 1, 1968, p. 141.
♦ Être à bout de résistance. N'en plus pouvoir, être sur le point de céder. Qu'il se fasse vite, ce mariage, et qu'on en arrête la date sans perdre une minute, car je suis à bout de patience et de résistance (AYMÉ, Cléramb., 1950, I, 4, p. 33).
— PSYCHANAL. Toutes les forces d'opposition du sujet aux efforts faits pour mettre à jour les complexes ou sentiments refoulés. Lever, faire lever des/les résistances. Pour le caractérologue, les résistances sont à la fois des difficultés à surmonter et des indices à utiliser, car elles ont des origines caractérielles (G. BERGER, Traité prat. d'analyse du caractère, 1961, p. 213).
♦ Levée des résistances. C'est en même temps que méthode de levée des résistances que la psychanalyse prend sa dimension spécifique et se distingue d'une simple « herméneutique » (CHAZAUD 1973, p. 130).
♦ Résistance à la guérison. La résistance à la guérison se manifeste en psychothérapie ou en psychanalyse: alors que des premiers résultats positifs avaient été constatés, le sujet ne fait plus aucun progrès ou même paraît régresser vers les premiers stades de la maladie (MUCCH. Sc. soc. 1969).
— [Par antinomie de sens; p. réf. à une logique morale qui veut que l'on résiste pour un plus-être, pour un mieux] Résistance à la grâce. ,,Opposition, refus d'en accueillir la lumière, d'en suivre l'inclination`` (MARCEL 1938). Résistance à la justice, à la vérité; résistance contre l'esprit, contre l'Esprit-Saint. Un homme (...) a reçu, bien malgré lui, l'appel de Dieu, un appel irrécusable. Après une longue résistance qui l'a mené jusqu'au bout du monde, il s'est décidé à y répondre (CLAUDEL, Part. midi, 1906, p. 983).
♦ [Par antinomie de termes] Non-résistance.
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718:resistance; dep. 1740: ré-. Étymol. et Hist. A. 1. Fin XIIIe s. resistence « qualité par laquelle un corps résiste à l'action d'un autre corps » (MAHIEU LE VILAIN, Metheores d'Aristote, éd. R. Edgren, p. 38, lignes 30 et 31); 2. ca 1375 phys. resistence, resistance « force qui s'oppose, ou annule l'effet d'une autre force » (ORESME, Livre du Ciel et du Monde, éd. A. D. Menut, I, chap. 12, p. 110, ligne 18); d'où 1883 résistance électrique « rapport de la puissance perdue dans un circuit sous forme de chaleur ou de rayonnement au carré de l'intensité du courant instantané de conduction » (JACQUEZ, Dict. d'électr. et de magnét. , p. 172); 1883 électr. « conducteur conçu pour dégager une puissance thermique déterminée » (ID., ibid., p. 171); 3. 1370-72 « qualité de ce qui résiste, caractère résistant » (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, VII, 12, f ° 144c, p. 387); 1798 (Ac.: Dans un repas, Pièce de résistance, Pièce considérable, où il y a beaucoup à manger). B. 1. 1404 resistence « action de se défendre par les armes, de s'opposer par la force à une personne ou un groupe qui emploie la force ou la contrainte physique » (CHRISTINE DE PISAN, Livre de Charles V, éd. S. Solente, t. 1, p. 130); 2. 1527 resistance « action de résister moralement à ce que l'on subit » (MARGUERITE DE NAVARRE, Nouvelles lettres, éd. F. Génin, n ° 46, p. 86); 3. 1530 resistence « action de résister à une autorité établie » (PALSGR., p. 628b); 4. 1549 « action de résister aux sollicitations amoureuses de quelqu'un » (MARGUERITE DE NAVARRE, Heptaméron, éd. M. François, 2e journée, 15e nouvelle, p. 121); 5. 1842 (Ac. Compl.: Parti de la résistance - polit. -, se dit Des hommes d'État qui craignent de s'engager dans des voies nouvelles, et qui opposent une force d'inertie aux tentatives de réforme); 6. 1940 en France lors de la 2e guerre mondiale (DE GAULLE, Discours, 18 juin ds Discours et Messages, p. 4: la flamme de la résistance française); 1940 (Résistance [titre]: B. officiel du Comité National de Salut Public, n ° 1, 15 déc.); 7. 1907 psychanal. (E. CLARAPÈDE, Quelques mots sur la définition de l'hystérie, in Arch. de psychol., t. 7, p. 185 ds QUEM. DDL t. 29). Empr. au b. lat. eccl. resistentia « résistance » fin IVe s.-déb. Ve s. ds BLAISE Lat. chrét., dér. du verbe resistere, v. résister. Fréq. abs. littér.:3 910. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 4 420, b) 3 453; XXe s.: a) 3 555, b) 8 870.
DÉR. Résistanciel, -elle, adj., psychanal. Qui se rapporte aux résistances se manifestant au cours de la cure psychanalytique. Il n'y a pas à se préoccuper de synthèse, celle-ci ne présentant pas de difficulté, s'effectuant spontanément une fois l'analyse achevée, c'est-à-dire les obstacles résistanciels à la libre association levés (J. MYNARD, Freud et la thérapeutique ds La Nef, 1967, n ° 31, p. 62, col. 2). — []. — 1re attest. 1967 id.; de résistance, suff. -iel, v. -al.
BBG. — GOHIN 1903, p. 356. — QUEM. DDL t. 11 (s.v. résistance à l'oppression), 21 (s.v. résistance de frottement), 22 (s.v. pièce de résistance), 29, 30. — SEREN-ROSSO (M.-L.). Petit gloss. des essais de papiers... Banque Mots. 1979, n ° 17, pp. 39-44.
résistance [ʀezistɑ̃s] n. f.
ÉTYM. 1270, resistence; dér. de résister.
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I Phénomène physique s'opposant à une action ou à un mouvement.
1 Résistance à… Action de résister, d'opposer une force à une autre, de ne pas subir les effets d'une action. || Résistance d'un corps au choc, d'une pierre à l'érosion. || Résistance de l'amiante au feu; d'un textile à l'usure.
2 Force qui s'oppose à une autre et qu'elle tend à annuler. ⇒ Effort. || La résistance de l'air, qui freine le déplacement d'un corps. || Le frottement (cit. 8) est une force antagoniste, une résistance passive. || Résistance de frottement (1932, in D. D. L.). — La chair céda (cit. 24) avec une résistance élastique (⇒ Rénitence). || Il essayait de vaincre cette dernière résistance (→ Épaule, cit. 20). ⇒ Obstacle, frein.
1 Un soufflet, dont toutes les ouvertures sont bien bouchées, est difficile à ouvrir; et si on essaye de le faire, on y sent de la résistance, comme si ses ailes étaient collées.
Pascal, Traité de la pesanteur de la masse de l'air, II.
2 Lorsqu'une racine arrêtait le soc (…) les bœufs, irrités par cette brusque résistance, bondissaient, creusaient la terre de leurs larges pieds fourchus (…)
G. Sand, la Mare au diable, II.
♦ Opposer une résistance à qqch. (→ Immatérialisme, cit.). || La résistance qu'oppose un mobile à ce qui modifie son mouvement. ⇒ Inertie (force d').
3 (V. 1370). Sc. a Capacité variable de résister, d'annuler ou de diminuer l'effet d'une force, d'une action subie. || Résistance faible, nulle; grande résistance. — Phys. || Résistance mécanique, due à l'action des forces de frottement et exprimée en ohms (mécaniques). || Résistance à l'abrasion, à la compression, à l'éclatement, à la pression, à la torsion, à la traction, à la flexion… ⇒ aussi Rupture (charges de). || Résistance d'un papier au clivage, au déchirement; à la perforation, au pliage, à la rupture par traction. || Essai de résistance (⇒ Fatigue). || Dans l'ordre de résistance aux déformations (→ Corps, cit. 2). — Résistance des matériaux. — Par ext. Partie de la mécanique appliquée qui étudie le comportement des matériaux soumis à des forces, à des contraintes. — Le desséchement (cit. 1) du bois fait beaucoup à la résistance. || Résistance des roches (→ Épigénie, cit.), des fibres animales, végétales. ⇒ Force. — Résistance acoustique, définie (pour un écoulement acoustique continu) par le quotient de la différence de pression entre les deux surfaces du matériau absorbant le son, par le volume du courant traversant ce matériau. — Résistance d'un fluide, représentant l'opposition des gaz ou des liquides au passage de corps à travers eux (⇒ Viscosité).
b Biol. || La résistance vitale : la capacité pour un organisme de se maintenir en vie (→ Mutation, cit. 2). || Résistance physiologique : capacité de résister à la maladie en dehors de tout processus d'immunisation. || Résistance globulaire, des globules rouges aux substances hémolysantes. || Variations de réceptivité (cit. 3) ou de résistance aux germes. — Résistance capillaire : propriété des vaisseaux capillaires qui leur permet de résister à la pression sanguine. — Résistance d'un organisme, d'un tissu à… || Résistance d'un micro-organisme à un agent thérapeutique, aux antibiotiques. || Résistance d'une souche (dite résistante). || Résistance d'une population d'insectes à un insecticide.
c (1890, P. Larousse, Deuxième Suppl.). Électr. || Résistance électrique : rapport de la puissance perdue dans un circuit sous forme de chaleur ou de rayonnement (par l'effet de restrictions au mouvement des électrons libres produisant la conduction), au carré de l'intensité du courant instantané de conduction. || Unité de résistance. ⇒ Ohm. — Couplage par résistance. || Boîte de résistance. — Résistance de fuite, de perte. — Résistance différentielle, intrinsèque, résiduelle, apparente (⇒ Impédance), spécifique (⇒ Résistivité)… || Résistance équivalente au bruit; bruit de résistance. || Résistance dans les circuits alternatifs (effet d'inductance, de capacitance). || Résistance anti-parasite… || Résistance de rayonnement (d'une antenne). || Résistance des électrodes.
♦ (1890, in Année sc. et industr., 1891, p. 16). Par ext. Cour. || Une résistance : un conducteur conçu pour dégager une puissance thermique déterminée (cordon chauffant, boudin…). || Résistance variable. ⇒ Rhéostat. || Résistance en constantan. || Boîte de résistances. || Les résistances d'un fer à repasser. || La résistance a sauté. || Changer une résistance.
3 — Vous avez de la compétence en matière de poêles électriques ?
— Assez pour m'apercevoir que le mal venait d'une résistance qui était à peu près mangée.
J. Romains, le Besoin de voir clair, Carnet personnel d'Antonelli, XII.
♦ Magnétisme. || La réluctance, analogie mathématique de la résistance (électrique) dans un circuit magnétique (mais dépourvue de signification physique réelle).
4 a (Choses). Qualité de ce qui résiste, caractère résistant (2. et 3.) de qqch. || La résistance de la pierre (→ Plâtre, cit. 4), de l'acier, du crin (→ Pêcher, cit. 5). ⇒ Force, solidité. || Résistance d'une plante, son aptitude à supporter les intempéries. ⇒ Rusticité.
4 (…) il faut que la matière dont le vaisseau est fait, ait assez de résistance en toutes ses parties pour soutenir tous ces efforts : si sa résistance est moindre en quelqu'une, elle crève (…)
Pascal, Traité de l'équilibre des liqueurs, II.
b (Personnes). Qualité physique dépendant de la constitution, de l'entraînement, par laquelle on supporte aisément la fatigue, les privations et qui permet de soutenir un effort intense et prolongé. || Avoir de la résistance. ⇒ Endurance, force (→ Avoir l'âme chevillée au corps; tenir le coup). || Baisse de la résistance chez les vieillards (→ 1. Mort, cit. 22). || Manquer de résistance, n'avoir aucune résistance. — Résistance à la fatigue, aux excès, au manque de sommeil.
5 En voyage, il était d'une sobriété admirable, savait se passer de tout, et offrait une résistance étonnante à la fatigue, bien qu'il fût d'une nature délicate en apparence et habitué à la vie la plus confortable.
Th. Gautier, Voyage en Russie, XXI.
6 Or, un jour, l'intombable Rabastens était jeté sur les deux épaules par un meunier de la Bresse, un homme d'une résistance, aux yeux de tous, inférieure à celle d'Alcide.
Ed et J. de Goncourt, les Frères Zemganno, XIX.
c (1798) || … de résistance. || Plat, pièce de résistance : plat principal d'un repas (proprt : dont on ne vient pas à bout aisément, très substantiel).
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II (Action humaine).
1 (Fin XIVe). a Résistance (à…). Action par laquelle on essaie de rendre sans effet (une action dirigée contre soi). || La résistance à l'oppression est un des droits (3. Droit, cit. 7) de l'homme (→ Arbitraire, cit. 7). (1793). Polit. || Droit de résistance à l'oppression : droit reconnu à l'individu de résister aux actes illégaux du pouvoir politique, dans certaines doctrines. || Modes de résistance aux actes d'oppression (cit. 3). — Résistance passive, par laquelle on refuse de faire qqch., sans exercer aucune violence, sans agir autrement. ⇒ Non-exécution, refus. || Politique de résistance passive. ⇒ Non-violence. || Résistance active : action de s'opposer activement par une action contraire. ⇒ Désobéissance, insurrection, lutte, mutinerie, regimbement, rébellion, sédition… || Résistance aux autorités, aux volontés des généraux (→ Levée de boucliers), aux lois. || Tout citoyen doit obéir (cit. 7) à l'instant : il se rend coupable par la résistance. || Opposer, offrir une résistance à qqn, qqch. (→ Tenir bon). ⇒ Défensif. || Il ne fit pas de résistance (→ Fugace, cit. 4; mouton, cit. 12). || Céder sans résistance (→ Abdiquer, cit. 3). || Toute résistance est inutile ! (→ Rébellion, cit. 4). || Résistance obstinée (cit. 3), opiniâtre, farouche.
7 Javert jouissait. Les mailles de son filet étaient solidement attachées. Il était sûr du succès; il n'avait plus maintenant qu'à fermer la main. Accompagné comme il l'était, l'idée même de la résistance était impossible, si énergique, si vigoureux, et si désespéré que fût Jean Valjean.
Hugo, les Misérables, II, V, X.
8 D'ailleurs, il n'était pas un homme de résistance. Il n'aimait lutter contre personne et encore moins contre lui-même; il se résigna donc, et par un penchant instinctif, par un amour inné du repos, de la vie douce et tranquille (…)
Maupassant, Pierre et Jean, VIII.
9 (…) Rondino brisa la crosse de son fusil, et fut emmené sans résistance par les soldats, qui le traitèrent avec beaucoup d'égards.
Mérimée, Hist. de Rondino.
10 — Les instructions du syndicat sont formelles : résistance passive; éviter soigneusement tout conflit.
Gide, Robert, IV, 4.
♦ (1842). Hist. || Parti de la Résistance : sous la monarchie de Juillet, Parti des orléanistes conservateurs.
b (Une, des résistances). Psychan. Ce qui s'oppose, dans le comportement d'un sujet analysé, à la libre association des idées et au progrès de la cure. || Les résistances du malade sont des défenses inconscientes. || Levée, lever des résistances. (⇒ Levée, lever). ⇒ Résistanciel.
11 Freud développa alors sa théorie de la résistance et crut que les symptômes ne disparaissaient que si toutes les expériences traumatisantes étaient rappelées.
Jean Delay, Introd. à la médecine psychosomatique, Notes, 64.
c Absolt. (Souvent avec le partitif : de la résistance). Ce qui s'oppose à notre volonté. ⇒ Obstacle, opposition. || Cela ne se fera pas sans résistance, il y aura de la résistance. ⇒ Accroc, difficulté, réaction, refus. || Je peux aller où je veux, je ne rencontre pas de résistance (→ Barreau, cit. 5). || Trouver de la résistance dans les choses et dans les volontés (→ Mutin, cit. 1). || Des tempéraments ennemis de toute résistance (→ Cabrer, cit. 8). — (Une, des résistances). || Vaincre une résistance, venir à bout d'une résistance. || La Révolution désagrégeait (cit. 2) les résistances. || Culbuter (→ Obstacle, cit. 5), mater les résistances (→ Bonhomie, cit. 3).
12 L'art commence à la résistance; à la résistance vaincue. Aucun chef-d'œuvre humain, qui ne soit laborieusement obtenu.
Gide, Poétique.
13 Nicole eût désiré ramener le corps en France (…) Elle se heurta à une résistance générale et formelle; on lui exposa le prix exorbitant de ces sortes de transports, les formalités sans nombre auxquelles il eût fallu se soumettre (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 241.
14 (…) le projet le mieux conçu se heurte à des résistances qui le font souvent échouer.
Sartre, Situations III, p. 211.
2 (V. 1400). Action de s'opposer à une attaque par les moyens de la guerre. || Résistance armée d'une place assiégée, d'un territoire envahi par l'ennemi. ⇒ Défense. || Résistance d'une citadelle (cit. 1). || Masséna attaqué offrait la même résistance (→ Infrangible, cit. 2). || Se heurter (cit. 27) à une résistance. || La résistance des Hollandais aux armées allemandes (→ Reconstruction, cit.). || Ils succombèrent après une résistance héroïque. || Noyau de résistance. || Résistance des civils, des francs-tireurs dans une guerre de libération.
15 Leur résistance fut vaine :
Il fallut céder au sort.
La Fontaine, Fables, IV, 6.
16 (…) généralement leur courage (des Ibères) a été celui de la résistance, comme le courage des Gaulois celui de l'attaque.
Michelet, Hist. de France, I, I.
3 (V. 1942). Opposition armée à une situation d'occupation, d'envahissement (en dehors des cas de belligérance, de guerre déclarée). || La résistance yougoslave (aux nazis). || La résistance palestinienne, afghane.
♦ Spécialt (pendant la Seconde Guerre mondiale). Opposition des Français à l'action de l'occupant allemand et du gouvernement de Vichy. || « La flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre » (→ Lutte, cit. 10, De Gaulle). || La résistance française a fini par triompher (→ Non, cit. 20). || Comité National de la Résistance (C. N. R., 1943). || Médaille de la Résistance : décoration pour faits de résistance.
17 Nous n'imaginions donc rien moins qu'une organisation qui nous permettrait à la fois d'éclairer les opérations alliées grâce à nos renseignements sur l'ennemi, de susciter sur le territoire la résistance dans tous les domaines, d'y équiper des forces qui, le moment venu, participeraient sur les arrières allemands à la bataille pour la libération, enfin, de préparer le regroupement national qui, après la victoire, remettrait le pays en marche.
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre, t. I, p. 128.
♦ Par ext. (Toujours avec une majuscule). L'organisation par laquelle la résistance française agissait. || Entrer dans la Résistance (→ Prendre le maquis). || Les combattants de la Résistance. ⇒ Résistant (→ L'armée des ombres).
18 (…) la Résistance fut une démocratie véritable : pour le soldat comme pour le chef, même danger, même responsabilité, même absolue liberté dans la discipline.
Sartre, Situations III, p. 14.
4 Action de résister moralement (aux maux que l'on subit).
19 (…) le secret d'un homme, ce n'est pas son complexe d'Œdipe ou d'infériorité, c'est la limite même de sa liberté, c'est son pouvoir de résistance aux supplices et à la mort.
Sartre, Situations III, p. 13.
♦ (XVIe). Absolt. Qualité d'une personne qui supporte sans faiblir les souffrances, les soucis, l'adversité. || Épreuves surmontées par une grande résistance. ⇒ Fermeté, force (morale), ténacité.
20 Chaque fois qu'un manifestant était assommé, un agent l'emmenait au commissariat en lui tordant les poignets et il y en avait qui n'avaient pas de résistance et qui se mettaient à pleurer.
P. Nizan, le Cheval de Troie, II, X.
5 (XVIe). Action de résister à qqn en se refusant à ses entreprises amoureuses (se dit surtout des femmes). || Triompher de la résistance d'une belle personne (→ Conquérant, cit. 2). || Le ragoût (cit. 1) d'une demi-résistance ajoute au plaisir. || Une molle résistance. — Au plur. || Vaincre, forcer les résistances (→ Arme, cit. 34; dévolu, cit. 3). ⇒ Hésitation.
21 L'amour est le règne des femmes. Ce sont elles qui nécessairement y donnent la loi; parce que, selon l'ordre de la nature, la résistance leur appartient, et que les hommes ne peuvent vaincre cette résistance qu'aux dépens de leur liberté.
Rousseau, Lettre à d'Alembert.
22 (…) je ne conçois pas trop ces belles résistances mathématiquement graduées qui abandonnent une main aujourd'hui, demain l'autre, puis le pied, puis la jambe et le genou jusqu'à la jarretière exclusivement (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, XV.
♦ (XVIe). Action de s'opposer à ses passions, à ce que la raison réprouve. || « Puisqu'après tant d'efforts ma résistance est vaine » (→ Entraîner, cit. 14, Racine).
23 C'est une arête étroite, sur laquelle mon esprit se promène. Cette ligne de démarcation entre l'être et le non-être, je m'applique à la tracer partout. La limite de résistance… tiens, par exemple, à ce que mon père appellerait : la tentation. L'on tient encore; la corde est tendue jusqu'à se rompre, sur laquelle le démon tire… Un tout petit peu plus, la corde claque : on est damné.
Gide, les Faux-monnayeurs, III, VII.
6 (1870). Comportement d'un cheval qui n'obéit pas au cavalier.
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CONTR. Faiblesse, fléchissement, fragilité; conductance. — Acceptation, acquiescement, assentiment, composition, consentement, coopération, obéissance, passivité, réceptivité, soumission. — Abandon, abdication, capitulation, fuite; attaque. — Collaboration.
DÉR. Résistanciel. — V. Résistibilité.
Encyclopédie Universelle. 2012.