tombant, ante [ tɔ̃bɑ̃, ɑ̃t ] adj.
• 1556; de tomber
1 ♦ Rare Qui tombe (I, B, 2o). « Lumières mobiles, tombantes, tournantes » (Morand). Cour. À la nuit tombante : au crépuscule.
2 ♦ Qui s'étend de haut en bas, pend. Draperies tombantes. Chien aux oreilles tombantes. ⇒ 1. pendant. — Qui s'affaisse au-delà de la normale. Épaules tombantes. Seins tombants.
● tombant nom masculin Qualité d'un tissu qui forme naturellement un drapé esthétique. ● tombant, tombante adjectif (de tomber 1) Dont la forme affecte un mouvement vers le bas : Moustaches tombantes. Se dit des parties du corps qui s'affaissent : Poitrine tombante. ● tombant, tombante (expressions) adjectif (de tomber 1) À la nuit tombante, à la fin du jour, au commencement de la nuit. Cheveux tombants, cheveux longs qu'on laisse pendre sans les attacher.
tombant, ante
adj.
d1./d à la nuit tombante: à l'heure où la nuit tombe.
d2./d Qui s'abaisse, tend vers le bas. épaules tombantes.
⇒TOMBANT, -ANTE, part. prés., adj. et subst. masc.
I. — Part. prés. de tomber.
II. — Adjectif
A. — Qui tombe, qui passe d'un niveau supérieur à un niveau inférieur. Miettes de pain tombantes.
1. [En parlant des éléments]
a) [En parlant de l'eau] Eaux jaillissantes et tombantes (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 197). Utilisation hydro-électrique de l'énergie des eaux courantes et tombantes (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 35).
b) [En parlant de précipitations atmosphériques] Qui s'abat. Rosée tombante. Le bruissement régulier des palmes, si semblable aux gouttes de la pluie tombante, versait une illusion de fraîcheur (, Aphrodite, 1896, p. 240).
2. [En parlant de la lumière] Le soleil, au ras des toits, mettait des rayons roses, des nappes tombantes qui touchaient déjà les pavés (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 893).
3. [En parlant des feuilles, des cheveux, de ce qui mûrit et meurt] Qui se détache. La femme (...), sans remèdes (...), meurt, les cheveux et les dents tombants, rongée (GONCOURT, Journal, 1858, p. 505). Elle contemplait d'un air mélancolique le léger tournoiement des premières feuilles tombantes qui descendaient mollement vers le ruisseau (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 148).
4. [En parlant de bâtiments] Qui s'écroule, qui s'affaisse. Arche tombante. On m'a conduit au nouveau palais, déjà tombant (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 145). Sérianne en ruines, lamentable, et sale, et abandonné, avec ses pavés disjoints, le sable encore marqué des rigoles d'hiver, ses murs tombants, ses tuiles cassées (...), ses toits crevés (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 169).
5. Au fig. ou p. métaph. Je trace mes prédictions sur mes heures tombantes; feuilles séchées et légères que le souffle de l'éternité aura bientôt emportées (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 785). Ce sont des sentiments [chez Ducis] (...) de grandes paroles (...) elles abondent de plus en plus avec les années, comme les flocons de neige dont parle Homère et auxquels il compare les paroles tombantes de Nestor (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 4, 1863, p. 382).
B. — Qui tend à aller vers le bas en restant attaché à quelque chose.
1. Qui s'affaisse. Bas tombants; bottes, chaussettes tombantes. La rose alanguie, aux feuilles floches et tombantes (GONCOURT, Journal, 1887, p. 679).
— En partic. [En parlant du corps] Trait tombant; sourire un peu tombant; commissures, joues tombantes; tombantes mamelles. La malchance qui met des rides tombantes aux coins de la bouche (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p. 436). Elle est belle, si l'on accepte les seins tombants (GIDE, Voy. Congo, 1927, p. 759).
2. [En parlant des épaules] Qui se voûte. Sa robe de foulard écru collait à ses épaules un peu tombantes (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 160). Des épaules tombantes qui penchaient comme sous un poids (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 236).
3. Qui pend naturellement ou qu'on laisse pendre.
a) [En parlant de cheveux] Longs cheveux tombants; boucles à demi tombantes. Elle avait (...) ses grands cheveux tombants comme elle les portait toujours (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 49).
b) [En parlant de tissus] Rideaux tombants; jupes, manches tombantes; robes larges tombantes; grandes redingotes tombantes. Le col (...) avec, posé au dessous, un nœud coquet à coques longues et tombantes (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 846). Le mohair, c'était un genre alpaga, en plus tombant (COLETTE, Fin Chéri, Paris, Grasset, 1928 [1926], p. 183).
c) [En parlant d'une partie du corps, du fait de la fatigue, la lassitude, la maladie] Il arrive, traînant ses semelles, tête basse, bras tombants, s'affale sur une chaise (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 173). Sa paralysie se traduit par l'inertie des paupières qui deviennent tombantes (GARCIN, Guide vétér., 1944, p. 131).
— [Naturellement] Les regards de Maria se promenaient (...) sur les yeux humides où se lisait la simplicité (...) des animaux, sur les oreilles tombantes au poil lisse (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 122). Gros yeux globuleux, aux paupières tombantes (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 72).
— En partic. [En parlant de moustaches apprêtées d'une certaine façon] Moustaches tombantes à la gauloise. Les moustaches tombantes, presque grises, qui semblaient prolonger la ligne tombante de la bouche, donnaient au profil une expression de fine brutalité (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 236). Sa belle moustache blonde tombante, bien apprêtée (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 194).
4. [En parlant de végétaux] Qui se penche vers le sol. Palmes tombantes des massifs. Une chape de froid vous tombait sur les épaules. Parmi ce peuple de sapins aux branches tombantes, des présences se devinaient (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 207).
5. [En parlant de l'écriture] Penché (vers la droite). Lignes [d'écriture] précipitées et tombantes (A. FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 310).
6. Qui, de par sa fabrication, est orienté vers le sol. Leurs extrémités [des wagons plats] sont munies de bouts souvent tombants (BAILLEUL, Matér. roulant ch. de fer, 1951, p. 98).
C. — [En parlant de la lumière] Qui décline. Jour, soir tombant; heure de nuit tombante. À l'heure où le soleil tombant Ensanglante le ciel de blessures vermeilles (BAUDEL., Fl. du Mal, 1859, p. 158). Au jour baissant du soir du monde, à la lueur tombante de son dernier soleil (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 237).
— Expr. À la nuit tombante. À cette époque il n'y avait point de becs de gaz dans les rues de Paris. À la nuit tombante on y allumait des réverbères (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 549).
D. — Spécialement
1. ASTROL. Maison tombante. Dernière maison de chaque cadran, c'est-à-dire la troisième, la sixième, la neuvième ou la douzième. (Dict. XIXe s.).
2. ASTRON., vieilli. Étoile tombante. Synon. de étoile filante. Qui t'a donc si fortement contristée? lui demandai-je (...) Ta mémoire te rappelleroit-elle quelque mauvais rêve? Aurois-tu apperçu des étoiles tombantes lorsque tu saluois la pleine lune? (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 1, 1802 p. 104).
4. DANSE. Cabriole tombante. Cabriole dans laquelle, ,,après avoir battu, la jambe qui marquait la position (...) redescend de suite, passe devant l'autre jambe et se place en quatrième croisée à terre, les deux genoux pliés`` (MEUNIER, Danse class., 1931, p. 172). Sissonne tombante. Sissonne dans laquelle, après avoir fait ,, une sissonne simple ou battue au premier temps, et sans s'arrêter, la jambe qui marquait la position en l'air retombe aussitôt en cinquième ou en quatrième à terre`` (MEUNIER, Danse class., 1931, p. 273).
5. INDUSTR. Ficelle tombante. ,,Dispositif d'accrochage des pieds de tabac sur une ficelle verticale fixée à la partie supérieure du séchoir`` (Tabac 1982).
6. VERSIF. Ballade tombante. ,,Dizaine d'hexasyllabes disposés en aab/aab/baab`` (MORIER 1961).
III. — Subst. masc.
A. — Rare. [À propos de l'eau] Coulée. Le voilà qui s'approcha de la fontaine, essayant d'atteindre le gobelet et de le tenir sous le tombant d'eau claire (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p. 70). [À propos de la lumière] Tombant du jour. Déclin. Dès le soir venu, je savais qu'ils retrouvaient leur petite ferme (...) et qu'ils se dépêcheraient, au tombant du jour, de faire sur leur propre terre un ou deux sillons pour eux-mêmes, pleins d'un grand contentement (GIONO, Poids du ciel, 1938, p. 290).
B. — 1. [À propos d'un tissu] Mouvement de ce qui tombe; qualité d'un tissu qui forme de beaux plis quand on le laisse pendre. Les très beaux lainages (...) « Camino » Jersey pure laine, très beau tombant pour robes drapées ou plissées (Le Figaro, 22 nov. 1951, p. 5, col. 7 et 8).
2. Gén. au plur. Restes, résidus, débris industriels (métal, bois, etc.). Aluminium. Tombants de planches (Combat, 19-20 janv. 1952, p. 5, col. 6). Au fig., pop. Ramasser le tombant. ,,Ne pas gagner grand chose`` (CARABELLI, [Lang. pop.], s.d.).
3. Vieilli, au fém. [Dans la loc. pop.] À la tombante. ,,À l'instant même, sans délai ni réflexion`` (Nouv. Lar. ill.). Ça va mal, les affaires vont se gâter, les coups et les pleurs sont à la tombante (RIGAUD, Dict. jargon paris., 1878, p. 237).
C. — Spécialement
1. FOREST. Tombant de scie. ,,Qualifie les bois dont on mesure et indique les dimensions juste après qu'ils viennent d'être sciés`` (MÉTRO 1975).
2. HÉRALD. ,,Qualifie le chef dont la bordure inférieure est penchée. Qualifie le fer ou la flèche en pal lorsque sa pointe est tournée vers la pointe de l'écu`` (THIÉBAUD Blason 1982).
3. MAR. ,,Paroi rocheuse limitant un plateau sous-marin et descendant verticalement jusqu'au fond`` (GRUSS 1952). Tombant récifal. ,,Pente corallienne (...) surplombante, située à des profondeurs variables sur le front d'un récif`` (GDEL).
Rem. GDEL précise qu'il s'agit du vocab. des plongeurs en scaphandre autonome.
Prononc. et Orth.:[], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. A. Part. prés. adj. 1. a) 1555 « qui tombe » (B. ANEAU, Trésor de Evonime, p. 182 ds GDF. Compl.: gouttes tombantes); 1556 (R. LE BLANC, De la Subtilité, éd. 1566, 460 r° ds DELB. Notes mss: les estoilles tombantes); b) 1579 « qui s'écroule » (GARNIER, Troade, éd. R. Lebègue, 824: des Palais tombans); 2. a) 1642 « qui baisse en intensité » (CORNEILLE, Pompée, III, 1: d'une voix tombante); b) 1644 fig. « qui va à sa ruine » (ID., Rodogune, II, 3: trône tombant); 3. a) 1753 « qui pend, qui tend vers le bas » (BUFFON, Hist. nat., Quadrupèdes, t. 1, p. 457: ventre spacieux et tombant [du bœuf]); 1862 paupières tombantes (HUGO, Misér., t. 2, p. 316); 1868 épaules tombantes (ZOLA, M. Férat, p. 161); b) 1835 cheveux tombants (VIGNY, loc. cit.); 1859 moustaches tombantes (GONCOURT, Journal, p. 603); 4. 1808 bot. calice tombant (BAUDRILLART, Nouv. manuel forest., t. 1, p. 56); 1812 tiges tombantes (MOZIN-BIBER); 5. 1741 au jour tombant (DUCLOS, Les Confessions du Comte de ds Romanciers du XVIIIe s., éd. R. Étiemble, t. 2, p. 210); 1778 la nuit tombante (LE FÈVRE, Œuvres complètes, t. 1, p. 285 ds Fonds BARBIER); 1781 à la nuit tombante (RAMOND DE CARBONNIÈRES, Lettres, t. 1 p. 198). B. Part. prés. subst. 1. 1895 « filet d'eau qui tombe » (A. DAUDET, loc. cit.); 2. 1925 cout. « mouvement de ce qui tombe » (Ève, 1er nov., p. 8 ds QUEM. DDL t. 16: la grâce subtile des tombants); 3. 1952 mar. (GRUSS). Part. prés. adj. et subst. de tomber. Fréq. abs. littér.:1 739. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 272, b) 3 842; XXe s.: a) 3 081, b) 1 544.
tombant, ante [tɔ̃bɑ̃, ɑ̃t] adj.
ÉTYM. 1556, au sens I, B, 2 de tomber; ne correspond que rarement au sens I, A du verbe, sauf au fig.; de tomber.
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A Adj.
1 Vx ou rare. Qui tombe (I., B., 2.); qui est entraîné vers le sol. || La pluie tombante (→ Bruissement, cit. 3).
1 J'aime ses tourbillons (de Descartes). — Moi, ses mondes tombants.
Molière, les Femmes savantes, III, 2.
2 (1642). Qui tombe (I., A., 3.), diminue, perd de sa force. || Brise tombante. || Une voix tombante.
♦ Spécialt (en parlant du crépuscule, → Chute, tombée). || La nuit tombante : le crépuscule (→ Réverbère, cit. 1). — Littér. || L'heure tombante (Goncourt).
3 (1770). Plus courant. Qui tombe (I., B., 6.). a Qui, n'étant pas retenu dans toutes ses parties, s'abaisse, va vers le bas (tout en étant suspendu par une partie). || Draperies tombantes. → Nudité, cit. 6. — (D'une partie du corps). Qui s'affaisse au delà de la normale. || Des paupières tombantes. || Seins tombants. || Des joues un peu tombantes. || Chairs molles et tombantes. ⇒ Avalé, pendant; → Corroder, cit. 1. — Nez tombant, long et dirigé vers le bas.
b Qui pousse de manière à retomber. — Cheveux tombants. ⇒ Long. || Moustaches tombantes à la gauloise (cit. 2). — Bot. || Tiges, plantes tombantes, qui retombent vers le sol.
c Qui s'incline vers le bas. || Des épaules tombantes (→ Écru, cit. 1); cf. aussi le syn. fam. : en bouteille de Saint-Galmier.
4 (Déb. XIXe, Chateaubriand). Rare. Qui tombe (I., A., 2.) en ruine. || Un palais « déjà tombant » (Chateaubriand).
B N. m.
1 (1895). Littér. Filet d'eau qui coule.
3 (1925). Cout. Mouvement de ce qui tombe (I., B., 6.). || Un beau tombant. || Le tombant d'une robe. ⇒ Tombée, I., 3.
2 Mme Jérôme pousse le voilage au crochet de la devanture, fait pivoter le présentoir de l'étalage sur ses gonds, détache précautionneusement le tablier, maintenu droit avec des épingles sur un appui de planchettes en forme de croix pour faire valoir les manches ballon, et garni à l'intérieur de papier de soie pour lui donner du tombant.
Catherine Paysan, l'Empire du taureau, p. 27-28.
♦ N. f. Coiffure tombante.
Encyclopédie Universelle. 2012.