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tort

tort [ tɔr ] n. m.
• 980; lat. pop. tortum, neutre subst. de tortus « tordu, de travers », de torquere « tordre »
A(En loc., sans article)
1 ♦ AVOIR TORT : ne pas avoir le droit, la raison de son côté (opposé à avoir raison) . « Prouver que j'ai raison serait accorder que je puis avoir tort » (Beaumarchais). se tromper (cf. Être dans l'erreur). « D'ordinaire, on ne crie que quand on a tort » (A. Gide). Il n'a pas tort; pas tout à fait tort. PROV. Les absents ont toujours tort. — AVOIR TORT DE (et inf.) On aurait tort de dire, de croire que... « Mais elle avait tort de tant fumer, elle s'intoxiquait ! » (F. Mauriac).
(1783) DONNER TORT À : décider, déclarer que (qqn) a tort. ⇒ accuser, désapprouver. On ne peut que lui donner tort. « je serais bien embarrassé de donner tort ou raison à quelqu'un » (Sand). (Sujet chose) Les faits vous ont donné tort, ont montré que vous aviez tort.
2Loc. adv. (1080) À TORT :pour de mauvaises, de fausses raisons; d'une manière erronée, en se trompant. ⇒ faussement, indûment, injustement. Soupçonner, condamner, accuser à tort. « ceux qu'elle regarde [...] à tort, je le sais, comme ses meurtriers » (Mérimée). C'est à tort qu'on a prétendu cela (opposé à avec raison, à bon droit) .
♢ À TORT OU À RAISON : sans motifs ou avec de justes motifs. « Je passe à tort ou à raison pour un esprit fort » (Bernanos).
♢ À TORT ET À TRAVERS : sans raison ni justesse. ⇒ inconsidérément (cf. À la légère, sans discernement). Dépenser, parler à tort et à travers. « ces petits garçons, bavards comme on l'est au comble de la fatigue, avaient parlé à tort et à travers » (Aragon) .
3(1671) DANS SON TORT : dans la situation d'une personne qui a tort relativement à la loi, à une autre (opposé à dans son droit) . « Le personnage racinien parle constamment pour mettre l'adversaire dans son tort » (Péguy). Le cycliste qui brûle un feu rouge est, se met dans son tort. Se sentir dans son tort. coupable.
(XXe) EN TORT . Vous êtes en tort et passible d'amende.
B(XIe)
1Un, des torts; le tort de... : action, attitude blâmable (envers qqn). Avoir des torts envers qqn. Il n'a aucun tort : il est sans reproche. Chercher des torts à qqn. Avouer, reconnaître ses torts. faute. Tous les torts sont de son côté. Divorce prononcé aux torts du mari, aux torts exclusifs, réciproques. Torts partagés. Action, attitude qui constitue une erreur, une faute que l'on blâme. « Il avait le tort de dire un peu trop qu'il était simple et sincère » (R. Rolland). défaut. Son seul tort a été de lui faire confiance. « Notre tort est de présenter les choses telles qu'elles sont » (Proust). Vous faites comme ceci ! C'est un tort.
2(fin XIIe) Dommage causé indûment. 3. mal, outrage, préjudice. Demander réparation d'un tort (cf. Demander justice, raison). Réparer ses torts, le tort qu'on a causé. Redresseur de torts.
Vieilli FAIRE TORT À... : léser, nuire. « Si j'ai fait tort à quelqu'un [...] je suis prêt à lui faire justice » (Beaumarchais). (Sujet chose) Il sentait que « tôt ou tard, cette aventure lui ferait tort » (Laclos). Mod. FAIRE DU TORT À... Il nous a fait du tort. « sans que cela lui fasse du tort » (Hugo). Cela ne fait de tort à personne ( nuire) .
⊗ CONTR. 3. Droit, raison. Bienfait. ⊗ HOM. Taure, tore, torr, tors.

tort nom masculin (latin populaire tortum, du latin classique tortus, qui est tordu) Responsabilité d'un acte blâmable, critiquable, d'un acte, d'un comportement qui entraîne une situation fâcheuse, nuisible : Dans cette affaire, il n'a aucun tort. Préjudice matériel ou moral dont quelqu'un est responsable à l'égard d'autrui : Je ne vous ai jamais fait le moindre tort.tort (citations) nom masculin (latin populaire tortum, du latin classique tortus, qui est tordu) Pierre Augustin Caron de Beaumarchais Paris 1732-Paris 1799 Prouver que j'ai raison serait accorder que je puis avoir tort. Le Mariage de Figaro, I, 1 André Isaac, dit Pierre Dac Châlons-sur-Marne 1893-Paris 1975 Si tous ceux qui croient avoir raison n'avaient pas tort, la vérité ne serait pas loin. L'Os à moelle Julliard Philippe Néricault, dit Destouches Tours 1680-Villiers-en-Bière 1754 Académie française, 1723 Les absents ont toujours tort. L'Obstacle imprévu, I, 6, Nérine Jean Giraudoux Bellac 1882-Paris 1944 Je suis toujours furieux contre moi quand les autres ont tort. Ondine, I, 4, le chevalier Grasset Jean de La Fontaine Château-Thierry 1621-Paris 1695 Bergers, bergers, le loup n'a tort Que quand il n'est pas le plus fort ! Fables, le Loup et les Bergers François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Les querelles ne dureraient pas longtemps, si le tort n'était que d'un côté. Maximes Ponce Denis Écouchard Lebrun Paris 1729-Paris 1807 Académie française, 1803 C'est avoir déjà tort que d'avoir trop raison. À M. de Brancas Charles Joseph, prince de Ligne Bruxelles 1735-Vienne 1814 Malheur aux gens qui n'ont jamais tort ; ils n'ont jamais raison. Mes écarts André Malraux Paris 1901-Créteil 1976 Le difficile n'est pas d'être avec ses amis quand ils ont raison, mais quand ils ont tort. L'Espoir Gallimard Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 Un homme qui enseigne peut devenir aisément opiniâtre, parce qu'il fait le métier d'un homme qui n'a jamais tort. Essai sur les causes qui peuvent affecter les esprits et les caractères Henri Petit 1900-1978 On ne peut pas être heureux à tort ; on ne peut pas avoir tort d'être heureux. Les Justes Solitudes Grasset Paul-Jean Toulet Pau 1867-Guéthary 1920 Quand on a raison, il faut raisonner comme un homme ; et comme une femme, quand on a tort. Les Trois Impostures Émile-Paul Boris Vian Ville-d'Avray 1920-Paris 1959 Les prophètes ont toujours tort d'avoir raison. L'Herbe rouge Toutaintort (difficultés) nom masculin (latin populaire tortum, du latin classique tortus, qui est tordu) Emploi Attention, on dit à tort et à travers, avec et, mais à tort ou à raison, avec ou. ● tort (expressions) nom masculin (latin populaire tortum, du latin classique tortus, qui est tordu) À tort, pour de mauvaises raisons, injustement ou faussement. À tort et à travers, sans réflexion, mal, n'importe comment. À tort ou à raison, que ce soit justifié ou non. Avoir tort, ne pas avoir pour soi le droit, la raison, la vérité, faire une erreur en agissant de telle façon. Dans son tort, en tort, dans la situation de quelqu'un qui a commis une infraction, une faute, une erreur. Donner tort à quelqu'un, déclarer qu'il se trompe, qu'il a mal agi, le désapprouver ; prouver, confirmer que quelqu'un n'avait pas raison : Les derniers événements lui ont donné tort.tort (homonymes) nom masculin (latin populaire tortum, du latin classique tortus, qui est tordu) taure nom féminin tord forme conjuguée du verbe tordre tords forme conjuguée du verbe tordre tore nom masculin torr nom masculin tors adjectif tors nom masculintort (synonymes) nom masculin (latin populaire tortum, du latin classique tortus, qui est tordu) Responsabilité d'un acte blâmable, critiquable, d'un acte, d'un comportement qui...
Synonymes :
- défaut
Contraires :
Préjudice matériel ou moral dont quelqu'un est responsable à l'égard...
Synonymes :
- mal
Contraires :

tort
n. m.
d1./d Action, comportement, pensée contraire à la justice ou à la raison. Reconnaître ses torts.
|| DR Prononcer un jugement aux torts d'une partie. Ant. au profit de.
|| Loc. Avoir tort: n'avoir pas pour soi le droit, la vérité (par oppos. à avoir raison). Prov. Les absents ont toujours tort: on rejette les fautes sur ceux qui ne sont pas là. Avoir tort de... (+ inf.) Vous avez tort de vous plaindre.
Donner tort à qqn, condamner ses idées, sa conduite.
être, se mettre en tort, dans son tort: être, se rendre coupable d'une action blâmable.
d2./d Loc. adv. à tort: sans raison, injustement. à tort ou à raison: avec ou sans raison valable. à tort et à travers: sans discernement.
d3./d Préjudice causé à qqn. Cela lui a fait du tort. Un redresseur de torts.

⇒TORT, subst. masc.
A. — 1. État, fait d'une personne qui se trouve dans une situation ou une position contraire à la vérité, à la raison, au droit ou à l'équité; acte contraire au droit ou à la raison et responsabilité ainsi encourue. Avoir tous les torts, les premiers torts, les torts de son côté. Tout le tort est du côté de la nature ou de la fortune, et toute la gloire du côté des mœurs [dans La Princesse de Clèves] (MARMONTEL, Essai sur rom., 1799, p. 310).
2. Loc. verb.
a) Avoir tort. Ne pas avoir le droit, la raison de son côté; être dans l'erreur. Les révolutionnaires ont tort; car, s'ils voient le mal, ils n'ont pas plus que les autres l'idée organisatrice. Or il est absurde de détruire, quand on n'a rien à mettre en place (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 374). De toute évidence, il en devait être un qui avait raison, et l'autre tort (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 562).
— [Le suj. de la loc. désigne une chose] Le mécanisme spontané des passions, démontrant (...) que la morale a tort en tout et partout où elle s'oppose à la nature (FOURIER, Nouv. monde industr., 1830, p. 79).
Expr. proverbiales
Les absents ont toujours tort. V. absent I B. P. allus. Il a toujours suffi qu'un être adoré vive à nos côtés, pour qu'il nous devienne moins cher. Ce sont les présents qui ont tort (MAURIAC, Genitrix, 1923, p. 377).
Les morts ont toujours tort, le mort a toujours tort. V. mort2 III A 1 b.
Qui doit a tort. V. devoir1 I A 1 a .
b) Avoir tort de + inf. Se tromper, faire une erreur en agissant de telle façon, ne pas avoir de raisons valables pour faire telle chose. Anton. avoir raison de. Avoir tort de dire, de faire, de vouloir qqc.; ne pas avoir tout à fait tort de. Voyez, messieurs, comme on a tort de gâter ses enfants; ce petit gamin fait la caricature de son père (BECQUE, Corbeaux, 1882, I, 12, p. 97):
Comme celui-là qui vient avec ses pauvres mots montrer à l'autre qu'il a tort d'être triste, et où voyez-vous que l'autre est changé? Ou qu'il a tort d'être jaloux ou tort d'aimer? Et où voyez-vous que l'autre guérit de l'amour?
SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 580.
c) Donner tort à qqn. Déclarer que quelqu'un est dans l'erreur, qu'il n'est pas dans son bon droit, qu'on le désapprouve. Anton. donner raison. Je me retirais. La mère me retint, et faisant le bon soldat, elle donna tort à sa fille (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 152). Nous obéirons tous deux au même sentiment (...). J'aurai donc mauvaise grâce à te donner tort, chère tête, et je me donne raison (A. FRANCE, Thaïs, 1890, p. 239).
Se donner tort. Plus tard, je me fusse senti coupable; un orphelin conscient se donne tort; offusqués par sa vue, ses parents se sont retirés dans leurs appartements du ciel (SARTRE, Mots, 1964, p. 11).
— [Le suj. de la loc. désigne une chose] Aller à l'encontre de, démentir. Sous l'influence d'un préjugé métaphysique, on avance que le principe de la conservation de la force s'appliquera à la totalité des phénomènes tant que les faits psychologiques ne lui auront pas donné tort [à cette proposition] (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 124).
d) Être dans son tort, en tort. Être dans une situation où l'on n'a pas le droit pour soi; être fautif. Si en effet je vous avais dit qu'il ne fallait pas m'écrire sans que je vous eusse indiqué mon adresse, je suis au plus haut degré dans mon tort (TOCQUEVILLE, Corresp. [avec Gobineau], 1859, p. 298). Comme j'estime qu'ils [les chefs de province] sont dans leur tort, j'entrepris de faire partager cette conviction au capitaine Gillmann (MILLE, Barnavaux, 1908, p. 175). Vous êtes en tort et passible d'une amende (ROB. 1985).
e) Mettre qqn dans son tort. Agir de telle façon que quelqu'un paraisse être responsable d'un acte répréhensible ou critiquable. J'aurais voulu, méchamment, le mettre dans son tort, et qu'un mot inconsidéré ou insultant de sa part servît de justification à la déloyauté que je méditais (VIGNY, Serv. et grand. milit., 1835, p. 186).
Se mettre dans son tort. Commettre une infraction, une faute, une erreur. Moments très purs, très riches de résolutions strictes et serrées, de la décision de ne jamais se mettre dans son tort (DU BOS, Journal, 1927, p. 209).
3. Loc. adv.
a) À tort. Sans raison valable ou pour des raisons fallacieuses; de façon erronée. Synon. faussement, indûment, injustement; anton. à/avec raison, justement, à bon droit (v. droit3 I C 2), à juste titre. Accuser, soupçonner qqn à tort; croire à tort à qqc. Je ne sépare point dans mes réflexions les exils d'avec les arrestations et les emprisonnements arbitraires. Car c'est à tort que l'on considère l'exil comme une peine plus douce (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p. 152). Bien à tort, on assimile parfois l'Égypte à une longue oasis (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 51).
b) À tort et à droit, à tort ou à droit (vx). Sans examiner si la chose est juste ou injuste. Il veut ce qu'il veut, à tort et à droit ; à tort ou à droit, il se prétend lésé (Ac. 1798-1878).
c) À tort ou à raison (vx). À juste titre ou injustement, avec ou sans raison valable. Un homme fut traité dans la rue, d'espion de la police, à tort ou à raison, par un autre qui avait à se plaindre de lui, ou qui lui en voulait (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1585). Il ne s'agit plus d'animaux ou d'insectes auxquels nous attribuons une volonté intelligente et particulière grâce à laquelle ils survivent. À tort ou à raison nous ne leur en accordons aucune [à nos fleurs] (MAETERL., Vie abeilles, 1901, p. 205).
d) À tort et à travers. De façon inconsidérée, sans discernement. Synon. à la légère, inconsidérément, n'importe comment (v. importer1). Parler, dépenser à tort et à travers. Avec quel sublime aveuglement distribuent-elles [des institutrices] la pâture uniforme, à tort et à travers! (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 202). Il n'y a aucune preuve que le vieux ait donné Rosa, dit Henri. Cesse donc de juger les gens à tort et à travers (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 256).
B. — 1. Souvent au plur. Action, comportement blâmable. Synon. erreur(s), faute(s). Tort grave, considérable, involontaire, irréparable; avoir des torts envers, vis-à-vis de qqn; avoir tous les torts, les premiers torts; avoir les torts de son côté; avouer, reconnaître, expier, réparer ses torts; n'avoir aucun tort. Des torts, parbleu! il en comptait dans son existence, comme tout un chacun, beaucoup de torts envers beaucoup de gens (...) mais en somme des torts très réparables (VERLAINE, Œuvres posth., t. 1 Histoires comme ça, 1896, p. 347). Cette pauvre femme (...) a pu avoir certains torts à votre égard... elle est un peu vive (FLERS, CAILLAVET, M. Brotonneau, 1923, II, 5, p. 16).
DR. Aux torts de qqn. En cas de divorce, les mêmes avantages [qu'en cas de veuvage] seront alloués à la femme non remariée quand le divorce aura été prononcé aux torts exclusifs du mari (J.O., Loi sur retraites ouvr. et pays., 1910, p. 2999). En matière de divorce ou de séparation de corps, le jugement est prononcé aux torts réciproques lorsque les conjoints sont l'un et l'autre reconnus coupables (CIDA 1973).
2. Manière d'agir, attitude considérée comme une erreur, une faute que l'on blâme. Synon. faute, défaut, travers. Causer des torts à qqn; prévenir, réparer ses torts. La recette a été mauvaise c'est de ma faute tous les torts sont de mon côté j'aurais dû vous écouter (PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 82). À mon avis le seul tort de Perron et de Luc c'est de s'être entêtés à travailler avec des moyens financiers trop limités (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 209).
♦ [À propos d'une chose] Ô qui dira les torts de la Rime? Quel enfant sourd ou quel nègre fou Nous a forgé ce bijou d'un sou Qui sonne creux et faux sous la lime? (VERLAINE, Œuvres poét. compl., Jadis, 1962 [1884], p. 327).
Avoir le tort de + inf. Ayant quitté sa boutique l'avant-veille, après l'avoir fermée, elle avait eu le tort d'y laisser des valeurs, cachées dans un mur (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 607). Combattre la paresse de son intestin. M. de Saint-Papoul a peut-être eu le tort de concentrer de bonne heure son attention sur cette infirmité banale (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 43).
[À propos d'une chose] Défaut, inconvénient. Pour vos échéances, elles ont le tort d'être trimestrielles, dans un climat où le client est annuel (ROMAINS, Knock, 1923, I, p. 4).
C'est un tort. C'est une erreur, une faute. Tristesse de ma pauvre tête et de mon pénible et infructueux travail. C'est un tort. Il ne faut pas vouloir tout emporter d'un assaut, et agir comme si je pouvais tout (DUPANLOUP, Journal, 1853, p. 168).
C'est un tort de + inf. Puis de Manon et de Marguerite ma pensée se reportait sur celles que je connaissais et que je voyais s'acheminer en chantant vers une mort presque toujours invariable. Pauvres créatures! Si c'est un tort de les aimer, c'est bien le moins qu'on les plaigne (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p. 23).
Se donner des torts (vx). Commettre des actions blâmables. Mais en même temps, il faut me plier à des sacrifices pour éviter des scènes dans lesquelles je me donne toujours des torts de parole (CONSTANT, Journaux, 1803, p. 48).
3. Préjudice matériel ou moral causé à quelqu'un. Synon. dommage, lésion, mal3, outrage. Demander réparation d'un tort; réparer le tort qu'on a causé; causer des torts à qqn. On doit réparation d'un tort. M. Cavaignac serait désolé d'avoir porté dommage à un de ses officiers dont la réputation dans le monde n'est plus à faire (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 91).
Redresser les torts. V. redresser I B 4. Redresseur de torts. V. redresseur I A 2 b.
Loc. verb.
Faire tort à (qqn/qqc.) (vieilli ou littér.). Nuire à (quelqu'un, quelque chose). Il ne faut pas faire tort à son prochain. Les gens que vous fréquentez vous font tort, font tort à votre réputation (Ac. 1835, 1878). Ce Christel m'a fait tort, il m'a causé des pertes, il m'a empêché de gagner dans telle circonstance (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 139).
[Le suj. de la loc. désigne une chose] Les livres de morale profitent à l'amitié, mais font tort aux amis. Il est si commode de trouver dans sa bibliothèque un ami sensible, éclairé, discret, toujours disposé à nous parler, et d'humeur toujours égale, que cela fait négliger les amis du dehors (BERN. DE ST.-P., Harm. nat., 1814, p. 309).
Faire tort à qqn de qqc. (vieilli). Priver injustement quelqu'un de quelque chose, faire perdre quelque chose à quelqu'un. Laurency: Il n'y a guère d'affection entre cette femme et moi... Il n'y a qu'un lourd devoir, une cruelle habitude. Clotilde: Alors, elle ne me fera pas tort de ma part de tendresse? (LENORMAND, Simoun, 1921, 4e tabl., p. 42).
Faire du tort à (qqn, qqc.). Nuire, porter préjudice à quelqu'un, à quelque chose. L'intrusion d'un certain moralisme et l'attribution intempestive aux indices caractérologiques de coefficients péjoratifs ou mélioratifs feraient le plus grand tort à leur étude positive (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 60).
Se faire du tort; se faire tort (vieilli). Je lui parlai des vingt mille francs, et je lui demandai si elle croyait pouvoir les accepter, sans se faire tort (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 29). La science et la foi sont hétérogènes: elles ne peuvent mutuellement ni se prêter secours ni se faire tort (LACROIX, Marxisme, existent., personn., 1949, p. 96).
Porter tort à (qqn, qqc.). Porter préjudice à (quelqu'un, quelque chose). Le cinéma porte tort au théâtre dans la mesure où il confisque à son profit les meilleurs interprètes (MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 258). V. porter1 1re Section II C 2 a ex. de Vialar.
Expr. fam. Cela/ça ne fait de/du tort à personne.Cela ne porte pas à conséquence, ne peut avoir de conséquences fâcheuses. On se doit des honnêtetés entre camarades, quand on n'est pas des sauvages, et un petit verre par-ci par-là, ça ne fait de tort à personne (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 27).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. taure, tore, tors et formes de tordre. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. En loc. 1. Fin Xe s. a tort « pour des raisons contraires au droit » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 290: El mort a tort, ren non forsfist; mais nos a dreit per colpas granz esmes oidi en cest ahanz); 1100 ne a droit ne a tort (Roland, éd. J. Bédier, 2293); 1121-34 seit a tort u a droit (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, éd. E. Walberg, 1640); 2. ca 1165 parler en tort e en travers (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. E. Constans, 19710); ca 1200 venir de tors et de travers (Escoufle, 6227 ds T.-L.); 1re moit. XIIIe s. [ms.] de tort et de travers (Première Continuation de Perceval, 4288, éd. W. Roach, t. 2, p. 128); 1316 a tort et a travers (GEFFROY DE PARIS, La Chronique Métrique, éd. A. Diverrès, 2763); 3. 2e moit. XIIIe s. [ms.] tors ou raison (Première Continuation de Perceval, 1544, t. 1, p. 42: mais or ne me soit pas noïe De vostre voie l'achoison, que que ce soit, tors ou raison); 1770 à tort ou à raison (P.-H. D'HOLBACH, Système de la nature, p. 235). B. 1. a) 1100 « attitude d'une personne qui a causé une faute au détriment du droit » (Roland, 1015: Paien unt tort e chrestien unt dreit); b) id. « action, attitude qui constitue une erreur, une faute que l'on blâme » (ibid., 833: Tort fait kil me demandet); ) 1re moit. XIIIe s. (se mettre) an son tort (Première Continuation de Perceval, 14138, t. 2, p. 425); ) 1580 avoir grand tort de + inf. (MONTAIGNE, Essais, I, 26, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 160); ) 1601 donner le tort à qqn (A. DE MONTCHRESTIEN, La Reine d'Écosse, éd. J. D. Crivelli, p. 88); 1643 donner le tort à qqn de qqc. (F. TRISTAN L'HERMITE, Le Page disgracié, p. 186); 1783 donner tort à (L. MERCIER, Tableau de Paris, t. 5, p. 166: je hais ceux dont le zèle extrême donne tort au bon droit); 2. a) 1174-76 faire tort « nuire » (GUERNES DE PONT-SAINTE-MAXENCE, Vie St Thomas, éd. E. Walberg, 668); b) fin XIIe s.-déb. XIIIe s. « dommage causé indûment à quelqu'un, préjudice » (GACE BRULÉ, Chansons, X, 31, éd. H. Petersen Dyggue, p. 224); 1610 faire du tort à (H. D'URFÉ, L'Astrée, t. 2, p. 80); 1634 avec un nom de chose comme suj. (N. DE PEIRESC, Lettres, t. 3, p. 66). Du lat. pop. tortum (Edit de Charles le Chauve ds FEW t. 13, 2, p. 98b), neutre subst. de tortus, part. passé de torquere « tordre », propr. « ce qui est tordu », d'où « action contraire au droit ». Fréq. abs. littér.:6 451. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 9 911, b) 10 137; XXe s.: a) 8 064, b) 8 695.

tort [tɔʀ] n. m.
ÉTYM. V. 980; du lat. pop. tortum, neutre pris subst. de tortus, p. p. de torquere « tordre », proprt « ce qui est tordu », par oppos. à ce qui est droit.
A En loc., sans article.
1 Avoir tort : ne pas avoir le droit, la raison de son côté (opposé à avoir raison). || Avoir tort le premier jour et raison le second (→ Apporteur, cit.). || « Prouver que j'ai raison (cit. 44) serait accorder que je puis avoir tort » (Beaumarchais). || « On a toujours raison, le Destin (cit. 4) toujours tort ». || S'ils pensent cela, ils ont tort. Tromper (se). || On ne crie (cit. 7) que quand on a tort. || Celui qui a tort se fâche (cit. 9). || Il n'avait pas tort (→ 1. Être, cit. 81); pas tout à fait tort (→ Confesser, cit. 12).Prov. Les absents (cit. 8) ont toujours tort.Par ext. (Choses). || L'expérience a tort (→ Argumentateur, cit. 2). || L'une a tort, l'autre a droit (→ Insurrection, cit. 3).
1 (…) la subtile adresse de ma carogne de femme pour se donner toujours raison, et me faire avoir tort.
Molière, George Dandin, II, 8.
2 J'ai tort, madame, j'ai très tort; mais je n'ai pas pourtant si grand tort que vous le pensez (…)
Voltaire, Correspondance, 3912, 10 août 1772.
Par plais. Il a tort, et le tort tue.
(1580). || Avoir tort de… (suivi de l'inf.). || On a tort de dire, de croire que… (→ Automatique, cit. 1; faiblesse, cit. 41; nuit, cit. 1); on a bien tort de… (→ Approfondir, cit. 14), avoir grand tort de… (→ Mélodie, cit. 5). || Il n'a pas tort de… (→ Dénouer, cit. 7; fortune, cit. 4). || J'aurais tort de me désespérer (cit. 14). || Elle avait tort de tant fumer : elle n'aurait pas dû tant fumer (→ Intoxiquer, cit. 1).
(1788; donner le tort, 1669). Donner tort à… : décider, déclarer que qqn a tort. Accuser, désapprouver. || Donner (cit. 55) tort à qqn (→ 1. Roman, cit. 10). || Je serais bien embarrassé (cit. 28) de donner tort ou raison à qqn.(1876; sujet n. de chose). || Les faits vous ont donné tort, ont montré que vous aviez tort.
2 Loc. adv. (1080). À tort : pour de mauvaises, de fausses raisons, d'une manière erronée, en se trompant. Faussement, indûment, injustement. || Soupçonner (→ Personne, cit. 36), accuser, condamner qqn à tort (→ Pardonner, cit. 18). || Il croit à tort les connaître (→ Guêpier, cit. 5). || C'est à tort que l'on a prétendu cela (opposé à avec raison, à bon droit, à juste titre). → Homme, cit. 36.
À tort ou à droit (vx) : sans droit ou avec le droit de le faire (→ Attribuer, cit. 18; maturité, cit. 6).
À tort ou à raison : sans motifs ou avec de justes motifs (→ Cabale, cit. 3; diplomatiquement, cit. 2; étranger, cit. 26; servir, cit. 6). || Je passe (cit. 81) à tort ou à raison pour un esprit fort. || Se plaindre à tort ou à raison du marasme (1. Marasme, cit. 3) des affaires.
3 Elle aurait prononcé le nom de ceux qu'elle regarde (…) à tort, je le sais, comme ses meurtriers. Eh bien ! non, pas un mot.
Mérimée, Colomba, VII.
(1634, Peiresc, in D. D. L.). À tort et à travers : sans raison ni justesse. Inconsidérément (cf. À la légère, sans discernement). || Dépenser à tort et à travers. || Parler à tort et à travers : parler des choses, des gens, sans jugement et hors de propos (→ Lumière, cit. 32). || Un bavard qui parle à tort et à travers, qui dit n'importe quoi.
4 Ne manquez pas, à tort et à travers, dans toute occasion, de vous déchaîner contre les philosophes; criez que Voltaire est l'Antéchrist, sachez par cœur l'ouvrage de votre petit abbé, et colportez-le, s'il le faut (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 609.
5 (…) ces petits garçons, bavards comme on l'est au comble de la fatigue, avaient parlé à tort et à travers aux premiers officiers rencontrés (…)
Aragon, la Semaine sainte, IX.
3 (1671). Dans son tort… : dans la situation d'une personne qui a tort (relativement à la loi, à un autre qui est dans son droit). || N'être jamais dans son tort (→ Ankylose, cit. 2). || Le piéton qui traverse hors des passages réservés est, se met dans son tort. || Ils se sentent dans leur tort d'avoir été effrayés. Coupable (→ Aggraver, cit. 5). || Mettre qqn dans son tort.Dans le même sens. (XXe). || En tort. || Vous êtes en tort et passible d'amende.
6 Pourquoi Françoise ne se sauvait-elle pas ? Les malins hochaient la tête : elle n'était point majeure, il lui fallait attendre dix-huit mois; et se sauver, se mettre dans son tort, sans pouvoir emporter son bien (…)
Zola, la Terre, IV, II.
7 (…) le propre du personnage racinien est que le personnage racinien parle constamment pour mettre l'adversaire dans son tort, ne se propose que de mettre l'adversaire dans son tort, ce qui est le commencement même, le principe de la cruauté.
Ch. Péguy, Victor-Marie, comte Hugo, p. 157.
B (XIIe).
1 (Un, des torts; le tort de…). Action, attitude blâmable (envers qqn). || Avoir des torts envers qqn; (vx) avec qqn. || Il n'a aucun tort : il est sans reproche. || Savoir à qui est le premier tort (→ Agression, cit. 1). || Le pire des torts (→ 1. Dire, cit. 37). || Ce que vous nommez (cit. 4) mes torts. || Chercher des torts à qqn. || Grossir (cit. 12) des torts. || Reprocher, remontrer ses torts à qqn (→ Offensant, cit. 2). || Avouer, reconnaître, confesser ses torts (→ Exécuter, cit. 25). Faute (cf. Faire amende honorable). || Convenir (cit. 12) de son tort. || Torts pardonnés (→ Envoler, cit. 8). || Les querelles (cit. 3) ne dureraient pas longtemps si le tort n'était que d'un côté. || Les torts sont partagés (cit. 22). || Divorce prononcé aux torts du mari, aux torts réciproques.
8 La conduite de son mari à l'Opéra mettait le comble à tous ses torts, et lui semblait exiger une séparation immédiate.
Mérimée, la Double Méprise, VI.
Action, attitude qui constitue une erreur, une faute que l'on blâme. || Avoir le tort de… (et inf.). || Il avait le tort de dire un peu trop qu'il était simple (cit. 1) et sincère. Défaut, démérite. || Ils ont eu le tort immense de laisser croire que… (→ Ruser, cit. 3). || Notre tort est de présenter (cit. 12) les choses telles qu'elles sont (→ aussi Croire, cit. 33). || C'est un tort de… (→ 1. Loi, cit. 38). || Vous faites comme ceci ? C'est un tort. Par ext. || « Ô qui dira les torts de la Rime ? » (cit. 6, Verlaine).
9 J'ai cru, et c'est là mon seul tort, j'ai cru que vous respecteriez une femme honnête (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, XXVI.
10 Personne ne me payait. J'ai consulté à l'œil, surtout par curiosité. C'est un tort.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 224.
11 À l'élection présidentielle qu'il avait eu le tort de confier au suffrage universel, le vote national enregistrait la défaite du tribun (…)
Émile Henriot, les Romantiques, p. 106.
2 Dommage causé indûment (à qqn). Lésion, 3. mal, outrage, préjudice. || Demander réparation d'un tort (cf. Demander justice, raison).Réparer, redresser les torts.Redresseur (cit. 1 et 2) de torts, des torts (→ Paladin, cit. 3).
(V. 1190). Vieilli. Faire tort à… Léser, nuire (→ Frustrer, cit. 6). || Je n'ai pas fait tort d'une obole (cit. 2) à mes héritiers.(Sujet n. de chose). || Des natures à qui tout fait tort (→ Guignon, cit. 5). || Il sentait que cette aventure lui ferait tort (→ Empêtrer, cit. 8). Déprécier, déshonorer. || Le hâle (cit. 1) avait fait tort à son visage. || Cela fait tort à son honneur (cf. Faire brèche, porter atteinte; faire injure à). — ☑ (1694). Mod. Faire du tort à… (plus usité dans le langage courant). || Il nous a fait du tort; je ne veux pas lui faire de tort. || Je sais le tort que je me fais en racontant ceci (→ Pénitence, cit. 11). Nuire (se).(1657). Par ext. || Cette compromission lui a fait beaucoup de tort. || Défauts qui font plus de tort que de grands vices (→ Délai, cit. 3).
12 (…) vous ne songez pas à réparer le tort qu'on vient de faire à la médecine ?
Molière, l'Amour médecin, III, 2.
13 Si j'ai fait tort à quelqu'un, qu'il se présente et m'accuse hautement, je suis prêt à lui faire justice.
Beaumarchais, Mémoires sur l'affaire Goëzman, p. 121.
13.1 Il touche le corps couché et tout tordu, et le grand souffle qui bout de colère et de peur. « Jules ! Donc, Jules ! Ne te fais pas tort. Pense, dis-moi… Je suis là (…) »
J. Giono, le Grand Troupeau, I, Pl., t. I, p. 570.
14 (…) je ne dis pas qu'un lord soit nécessairement ignorant, poltron, laid, bête et vieux; je dis seulement qu'il peut être tout cela sans que cela lui fasse du tort.
Hugo, l'Homme qui rit, II, II, XI.
15 — Elle a raison, qu'est-ce que ça nous fiche ? reprit Jean de son air bonhomme, touché de la voir si bouleversée. Ça les regarde, ça ne fait du tort à personne.
Zola, la Terre, II, IV.
CONTR. Droit, raison. — Bienfait.
HOM. Taure, tore, tors; formes du v. tordre.

Encyclopédie Universelle. 2012.