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trivial

trivial, iale, iaux [ trivjal, jo ] adj.
• 1545 « commun, sans distinction »; lat. trivialis « commun, banal », proprt « de carrefour », de trivium « carrefour de trois voies »
1Vieilli ou littér. Qui est devenu ordinaire, plat et commun. « une sorte de bien-être inférieur, d'agrément trivial qui m'irritent » (Morand). « Un univers intérieur trop riche m'empêche de m'intéresser à ces détails triviaux » (Sarraute). « ces objets triviaux du genre poêle à frire ou édredon » (Cl. Simon). Hist. littér. Le style trivial (opposé à noble, sublime) .
2 Cour. Qui est caractéristique des éléments les plus bas, les plus décriés de la société; qui est contraire aux bons usages, aux bienséances. 1. bas, choquant, sale, vulgaire. Des manières, des plaisanteries triviales. « libertés de désinvolture ou de langage [...] jamais triviales, jamais communes, jamais peuple » (Loti). Spécialt (dans le langage) Qui désigne, ouvertement et d'une manière populaire, des réalités que le bon ton passe sous silence. grossier, obscène, poissard. Langage trivial.
3(mil. XXe; d'apr. le sens 1 et de l'angl. trivial « quelconque, insignifiant ») Didact. Banal, évident. Solution triviale.
⊗ CONTR. Exceptionnel, rare. Distingué, noble, sublime. Correct.

trivial, triviale, triviaux adjectif (latin trivialis, vulgaire, de trivium, carrefour) Qui est d'une crudité choquante, malséante ; grossier, vulgaire : Plaisanteries triviales. Littéraire. Qui est banal, commun, qui relève du simple bon sens, de la réalité la plus évidente : Une solution tout à fait triviale.trivial, triviale, triviaux (synonymes) adjectif (latin trivialis, vulgaire, de trivium, carrefour) Qui est d'une crudité choquante, malséante ; grossier, vulgaire
Synonymes :
- obscène
- ordurier
- vulgaire
Littéraire. Qui est banal, commun, qui relève du simple bon sens...
Synonymes :
- rebattu
- usé

trivial, ale, aux
adj.
d1./d (Abstrait) Vieilli ou litt. D'une simplicité et d'une évidence qui ne satisfont que les esprits peu instruits. Notion triviale.
d2./d Cour. Grossier, malséant, extrêmement vulgaire. Plaisanteries triviales.

⇒TRIVIAL, -ALE, -AUX, adj.
I. A. — Courant
1. [En parlant d'une idée, d'une réflexion, d'un jugement] Qui par sa fréquence est devenu banal, ordinaire, n'a plus aucune originalité. Comparaison, idée triviale. Un éclat de rire grossier, un haussement d'épaules, accompagné de quelque maxime triviale sur la folie des femmes, avaient constamment accueilli les confidences de ce genre de chagrins (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 36). S'il existe un phénomène évident, trivial, toujours semblable, et d'une nature à laquelle il soit impossible de se tromper, c'est l'amour maternel (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 146).
En partic. [En parlant du lang., d'un discours] Je crois qu'il n'est pas déplacé, même en jouant un rôle de paysan dans un salon, de faire sentir qu'on est un homme du monde et qu'on sait parler avec facilité. Certes, je n'affecterai pas des locutions triviales, j'ai l'affectation en horreur. Ainsi, n'espérez rien de moi qui sente l'affectation (LECLERCQ, Prov. dram., Répét. prov., 1835, 5, p. 384). Ce à quoi je me heurte, c'est à des situations communes et un dialogue trivial. Bien écrire le médiocre et faire qu'il garde en même temps son aspect, sa coupe, ses mots même, cela est vraiment diabolique (FLAUB., Corresp., 1853, p. 338).
Vérité triviale. Vérité reconnue par tout le monde. [L'auteur] eût avancé quelques-unes de ces vérités découvertes par nos sages (...) savoir, que l'homme n'est qu'une brute (...) et que Dieu n'est rien; mais il a pensé que ces vérités incontestables étaient déjà bien triviales (HUGO, Han d'Isl., 1823, p. 10).
P. ext.
♦ Qui concerne les faits de la vie la plus courante, la plus quotidienne. Synon. commun, ordinaire. Sa pensée rétrograda jusqu'au souvenir d'un incident trivial: il se rappela que le domestique avait négligé de mettre, tandis qu'il le regardait préparer ses malles, une brosse à dents parmi les ustensiles de son nécessaire de toilette (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 172). Chère amie, je suis au désespoir de vous importuner en vous rappelant une chose aussi triviale: ne commencez-vous pas à vous apercevoir que l'heure tourne? (BUTOR, Passage Milan, 1954, p. 200).
Littér. ou vieilli. [En parlant d'un lieu, d'un paysage] Commun, sans intérêt particulier. En sortant de la manœuvre, nous faisions ensemble de longues promenades rêveuses dans les vallées vertes, ombragées et monotones de la triviale Picardie (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 135).
2. Péjoratif
a) Qui manque de distinction, d'élégance. Le naturel d'aujourd'hui (...) me paraît trivial à l'excès. L'horreur du mauvais goût me pousse peut-être dans l'afféterie? (FEUILLET, Scènes et prov., 1851, p. 19). Il était là, il tenait Jessica dans ses bras, il avait du rouge à lèvres sur le menton. C'était trivial (SARTRE, Mains sales, 1948, 7e tabl., p. 244).
En partic. [En parlant du lang. de qqn] Eh bien! fit Rébecca avec cynisme, c'est fort gentil à vous d'être venu; et puisque vous êtes là, asseyez-vous, mon petit. Ce ton trivial confondait un peu Roland (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 365).
Empl. subst.
♦ Ce qui est vulgaire, commun. Toutes les lettres qu'il [Malherbe] a écrites sont d'un négligé et d'un trivial qui passent les bornes de la licence épistolaire (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p. 163).
♦ Personne dont les manières, la conduite, l'expression sont vulgaires. Ce prétendu homme de matière [Rembrandt], ce trivial, ce laid, c'était un pur spiritualiste, disons-le d'un seul mot: un idéologue (FROMENTIN, Maîtres autrefois, 1876, p. 386).
b) Qui est grossier, vulgaire; qui concerne les éléments qu'une société condamne comme étant contraires aux bonnes mœurs, au bon usage, à la bienséance. Quand l'Anglais s'humanise et se dépouille de sa raideur britannique qui est pour lui comme un certificat de distinction, il devient alors plus que bourgeois, trivial et vulgaire (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 128). Il s'appliquait si bien à paraître trivial qu'à la fin, personne sauf lui ne pouvait penser qu'il ne l'était pas (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 177).
LEXICOGR. Marque stylistique appliquée à des mots de niveaux de langue familière ou populaire, que la norme socio-culturelle condamne comme ayant des connotations indécentes, grossières ou obscènes (d'apr. Ling. 1972).
B. — MATHÉMATIQUES
1. [En parlant d'un élément] ,,Qui satisfait manifestement à une définition ou aux conditions d'un problème, mais n'a, en général, qu'un intérêt intrinsèque mineur`` (Math. 1967-69).
2. Dont la connaissance n'apporte rien, dont la démonstration est très facile. Anton. élégant. En dehors du cas trivial des fonctions d'une variable réelle, le problème de l'extension à tout l'espace d'une fonction continue numérique définie dans un ensemble fermé, avait été traité pour la première fois (...) par H. Lebesgue (BOURBAKI, Hist. math., 1960, p. 176). L'aspect très élémentaire de ces représentations fait illusion; si certaines d'entre elles sont effectivement triviales et sont employées depuis des siècles (...) le concept même de graphe n'a rien d'évident (WARUSFEL, Math. mod., 1969, p. 181).
II. — MYTH. ROMAINE. Dieux triviaux. Dieux qui présidaient aux carrefours. (Dict. XIXe et XXe s.).
P. ext., littér. [En parlant d'une statue, d'un monument] Qui s'élève à un carrefour. Calvaire trivial. Elle brûle, au nom d'Anthime, deux cierges, aux côtés de la Madone triviale, à l'angle nord de la maison (GIDE, Caves, 1914, p. 697).
REM. 1. Trivialisation, subst. fém. Action de rendre banal. Si vous préférez, l'hétéronomie du travail, sa banalisation et sa trivialisation sont la rançon de la socialisation et des gigantesques gains de productivité qu'elle permet (Le Monde dimanche, 12 oct. 1980, p. XVI, col. 4). 2. Trivialiser, verbe trans., rare. Rendre trivial. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth.:[], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. Adj. 1. 1545 « commun, sans distinction, simple, pas très élevé » (J. BOUCHET, Épitres familières, II, CCXXI ds GDF. Compl.); 2. 1549 « banal, sans originalité, courant » (RABELAIS, Sciomachie ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 412); cf. aussi 1552 musique triviale et commune (ID., Quart Livre, éd. R. Marichal, LXII, 112, p. 252); 1564 « commun, usé, rebattu » (ID., Cinquième Livre, XIX ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 73); 3. a) 1623 « qui traite de choses communes; vulgaire » (Caquets de l'accouchée, Vers de l'autheur, éd. E. Fournier, p. 5); cf. GIRARD, La Justesse de la lang. fr., ou les différentes significations des mots qui passent pour Synonimes, Paris, 1718, p. 205: Le mot de Trivial renferme une idée de mépris que n'a pas le mot de Commun. Ce qui est Trivial a quelque chose de bas: Et ce qui est Commun n'a rien d'extraordinaire. Les gens d'esprit ne goûtent point de pensées Triviales, et n'admirent point de pensées Communes; b) 1828 « choquant par sa vulgarité » calembourg obscène ou trivial (SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., p. 122). B. Subst. 1788 (FÉR. Crit. t. 3). II. Adj. 1571 « à la croisée de trois voies » carrefour [...] trivial (LA PORTE, Les Epithètes, p. 48a); 1846 dieux triviaux (BESCH. t. 2). III. Adj. 1960 math. (BOURBAKI, loc. cit.). I empr. au lat. d'époque impériale trivialis, -e « de la croisée de chemin, de place publique, grossier, vulgaire », dér. de trivium « carrefour (de trois voies) », avec recours au sens premier pour III (sens du lat. trivius, -a, -um) et infl. de l'empl. de trivialis en lat. scolast. pour qualifier les arts mineurs du trivium (v. DU CANGE, s.v. trivium et BLAISE Latin. Med. Aev.). En angl. le lat. trivialis a donné également un adj. trivial au sens de « commun, banal, familier », puis, plus partic., « négligeable, peu important », d'où son empl. en math. pour qualifier des données sans importance ni intérêt (1915 ds NED Suppl.2), p. ex. si elles sont égales à zéro ou présentent des caractéristiques de relation ou d'identité qui les rendent non conséquentes. Fréq. abs. littér.:196.
DÉR. Trivialement, adv. a) D'une manière banale, ordinaire, sans originalité. Si je n'avais point souffert en même temps des continuels rappels de mon appétit je me serais cru parvenu à l'un de ces moments de surnaturelle révélation esthétique. Les beautés que je découvrais, incessantes, m'eussent avec un peu de confiance et de confort ravi à ma condition trivialement humaine (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 243). b) D'une manière choquante par rapport à ce qui est la bienséance, par son manque de retenue (dans la conduite, les actions, les propos). Synon. grossièrement, vulgairement. Parler trivialement. Ce n'est pas seulement la langue de la Grande Adèle qui choque le public petit-bourgeois; la langue de Mlle de Varandeuil produit peut-être un effet pire chez les gens qui ne sortent pas d'une famille noble, qui n'ont pas entendu la langue trivialement colorée des vieilles femmes de race du temps (GONCOURT, Journal, 1888, p. 892). []. Att. ds Ac. dep. 1718. 1re attest. 1596 « d'une manière commune » (HULSIUS); de trivial, suff. -(e)ment2.
BBG. — QUEM. DDL t. 25 (s.v. trivialiser). — SCHALK (F.). Über das Wort trivialis. Rom. Forsch. 1972, t. 84, pp. 571-574.

trivial, ale, aux [tʀivjal, o] adj.
ÉTYM. 1690; 1550, lat. trivialis « commun, banal », proprt « de carrefour » (trivium « trois voies »).
———
I
1 (Fin XVIIe). Vx. Qui est connu de tous. Banal (II.), commun (I., 4.), rebattu. || « Un endroit… que tous les écoliers savent par cœur… un passage si trivial » (Bossuet, Défense de la tradition (…), contre Richard Simon, IV).
2 (1672). Vieilli ou littér. (en parlant d'opinions, d'idées, de paroles). Qui, par un emploi répété et répandu, est devenu ordinaire, plat, et quelque peu vulgaire. Bas, commun (I., 5.). || Un assemblage de sentiments communs (cit. 21) et d'expressions triviales…|| « Tout cela est d'une vérité triviale » (Voltaire, in Littré), reconnue évidente. || Idées (cit. 56) devenues triviales. || Une sagesse un peu triviale (→ Épais, cit. 19). || Une foule amoureuse de voluptés triviales (→ Symphonique, cit. 1).
1 (…) maxime usée et triviale que tout le monde sait (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 149.
2 Décidément, il règne sur cette possession en commun une sorte de bien-être inférieur, d'agrément trivial qui m'irritent.
Paul Morand, l'Europe galante, p. 125.
Vx ou littér. (en parlant d'objets concrets). Ordinaire, sans intérêt particulier. || « Surface monotone (cit. 4), assemblage trivial et muet de petites plaines (…), de petits ravins (…) ».
3 Antagoras a un visage trivial et populaire (…)
La Bruyère, les Caractères, XI, 125.
4 (…) Grecs, Chinois, et les pitoyables familles italiennes que l'on peut voir sur les photographies, mal vêtus, sales et serrant contre eux quelques-uns de ces objets triviaux du genre poêle à frire ou édredon sauvé du désastre (…)
Claude Simon, le Vent, XVI.
4.1 Est-ce que je dois les remarquer seulement, préoccupé que je suis par mes recherches, par mes travaux… Un univers intérieur trop riche m'empêche de m'intéresser à ces détails triviaux (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 85.
Spécialt. Qui ne présente aucun caractère remarquable, dans le rang social. || Prénom trivial, sinon tout à fait plébéien (→ Inélégant, cit. 2).N. m. Vieilli. || Le trivial : ce qui est trivial, commun, sans élégance ni distinction.
5 (Le grotesque) s'infiltre partout, car de même que les plus vulgaires ont mainte fois leur accès de sublime, les plus élevés payent fréquemment tribut au trivial et au ridicule.
Hugo, Cromwell, Préface.
Le style trivial, familier ou populaire (sans idée de grossièreté choquante), par oppos. à noble, sublime.
3 (1876). Cour., péj. Qui est caractéristique des éléments les plus bas, les plus décriés de la société; qui est contraire aux bons usages, aux bienséances. Bas, choquant, sale, vulgaire. || Des manières, des plaisanteries triviales, ignobles.
6 (…) c'est un privilège des gens de mer que les plus étonnantes libertés de désinvolture ou de langage puissent, chez quelques-uns, n'être jamais triviales, jamais communes, jamais peuple.
Loti, Matelot, XX.
Spécialt (dans le langage). Qui désigne, ouvertement et d'une manière populaire, des réalités que le bon ton passe sous silence. Grossier, obscène, poissard. || Langage trivial. || Mot trivial. || Expressions triviales.
4 (Mil. XXe; angl. trivial « quelconque, insignifiant »). Anglic. Math., sc. Banal, évident. || Hypothèse, solution triviale.Les sous-ensembles triviaux d'un ensemble : ceux qui sont évidemment discernables. || Solution triviale d'un système d'équations : celle où toutes les inconnues prennent la valeur zéro.
7 (…) pour une définition donnée des concepts « théorie » et « objet de la théorie », il existe une définition de la langue telle qu'elle puisse être considérée comme un objet pour une théorie quelconque. C'est la position qui sera adoptée ici : elle n'a, il faut le dire, rien de trivial (…)
Jean-Claude Milner, De la syntaxe à l'interprétation, p. 9.
———
II (1845, Bescherelle; repris lat. trivialis). Didact. || Dieux triviaux : dieux qui présidaient aux carrefours, chez les Romains.
Par ext., qualifiant une représentation (statue, etc.), un monument sans rapport avec l'antiquité romaine. Littér. ou didact. Dressé à un carrefour. || Calvaires triviaux des routes bretonnes.
8 Elle brûle, au nom d'Anthime, deux cierges aux côtés de la Madone triviale, à l'angle nord de la maison.
Gide, les Caves du Vatican, in Romans, Pl., p. 697.
CONTR. Exceptionnel, rare. — Distingué, noble, sublime. — Correct.
DÉR. Trivialement, trivialiser, trivialité.

Encyclopédie Universelle. 2012.