vulgaire [ vylgɛr ] adj. et n. m.
• 1452; vulgal 1270; lat. vulgaris, de vulgus « le commun des hommes »
I ♦ Adj.
1 ♦ Vx Très répandu; admis, mis en usage par le commun des hommes (sans aucune valeur péj.).⇒ banal, 1. courant. « C'était un mal vulgaire et bien connu des hommes » (Musset). « Faire, selon une expression vulgaire, la pluie et le beau temps » (Balzac).
♢ (1312) Ling. Se dit de la forme de langue connue de tous (opposé à littéraire). Latin vulgaire, le latin populaire, modifié, parlé dans les pays romans (distinct des formes écrites : bas latin, latin médiéval). Langues vulgaires, se dit des principales langues romanes (opposé à latin, langue savante). « Les écrivains osent utiliser [...] les langues vulgaires, la provençale et la française, au lieu du latin » (Aragon). — Sc. (opposé à scientifique, technique) Nom vulgaire d'une plante, d'un animal. ⇒ usuel.
2 ♦ Didact. ou littér. Qui ne se distingue en rien; ordinaire. « Lecteur vulgaire, pardonnez-moi mes paradoxes » (Rousseau). « depuis le coton vulgaire jusqu'à la plus fine batiste » (Maupassant). Sc. nat. Se dit de l'espèce, de la variété la plus commune. — Dr. Substitution vulgaire : la substitution proprement dite, opposée au fidéicommis. — (Avant le nom) Quelconque; qui n'est que cela (avec une légère valeur péj.). « Un passant, un vulgaire passant de la rue, qui me ressemble » (Duhamel). — C'est un vulgaire menteur. « De vulgaires études d'atelier, auxquelles le maître n'attachait aucune importance » (Baudelaire).
3 ♦ (1552) Cour. Péj. Qui est ordinaire, sans intérêt particulier, sans élévation morale. ⇒ 1. bas, commun, grossier, trivial. Les réalités vulgaires. ⇒ terre à terre. Votre pensée « vous paraissait épaisse et vulgaire » (A. Gide). Des goûts vulgaires. — Des personnes, des êtres vulgaires, de condition médiocre et de pensers ordinaires. Un esprit vulgaire.
♢ Qui, par manque de distinction ou de délicatesse, est considéré comme propre aux couches les plus basses de la société. ⇒ grossier, populacier. Il a beau être riche, ses manières, ses expressions sont affreusement vulgaires. « Quelque chose de lourd, de vulgaire à la fois et de cossu » (Romains). — Spécialt Qui exprime les tabous sociaux. Avoir un langage vulgaire. ⇒ trivial. Mot, expression vulgaire (cf. Gros mot).
II ♦ N. m.
1 ♦ Vieilli Le commun des hommes, la foule. « La gloire d'un homme ordinaire [...] est [...] une secrète flatterie au vulgaire » (France). — Péj. Populace.
2 ♦ Littér. Ce qui est vulgaire. « Le vulgaire, dans la nature, se mêle souvent au sublime » (Mme de Staël). — Tomber dans le vulgaire.
3 ♦ Langue véhiculaire, courante (opposé à langue savante). Le vulgaire roman qui a précédé le français. « Le vulgaire illustre » (d'après Dante) :la langue courante rendue propre à la littérature.
⊗ CONTR. Distingué, 2. fin. 2. Original, remarquable. — Aristocratie, élite.
● vulgaire adjectif (latin vulgaris) Qui est sans aucune élévation, qui est ordinaire, prosaïque, bas, commun : Des préoccupations vulgaires. Qui manque d'éducation, de délicatesse, qui fait preuve de grossièreté : Un homme vulgaire. Des goûts vulgaires. Qui est quelconque, ne dépasse pas le niveau moyen : Un vulgaire fonctionnaire sans avenir. Qui appartient à la langue courante, non scientifique : Le nom vulgaire d'une plante. Se dit de la forme d'une langue qui est employée par l'ensemble de la population (par opposition à une autre forme, écrite ou littéraire). ● vulgaire (expressions) adjectif (latin vulgaris) Latin vulgaire, latin parlé dans l'ensemble des pays qui constituaient l'Empire romain et qui a donné naissance aux différentes langues romanes. ● vulgaire (synonymes) adjectif (latin vulgaris) Qui est sans aucune élévation, qui est ordinaire, prosaïque, bas...
Synonymes :
- commun
- courant
- prosaïque
- terre à terre
Contraires :
- élevé
- noble
- sublime
Qui manque d'éducation, de délicatesse, qui fait preuve de grossièreté
Synonymes :
- canaille
- grossier
Contraires :
- délicat
- distingué
- précieux
- raffiné
- sélect
- sophistiqué
Qui est quelconque, ne dépasse pas le niveau moyen
Synonymes :
- banal
- modeste
- simple
Contraires :
- brillant
- éminent
Qui appartient à la langue courante, non scientifique
Synonymes :
- commun
Se dit de la forme d'une langue qui est employée...
Contraires :
- châtié
- choisi
- élégant
● vulgaire
nom masculin
Comportement, choses vulgaires : Tomber dans le vulgaire.
La langue vulgaire.
vulgaire
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d LING Langue vulgaire, employée par le plus grand nombre (par oppos. à langue littéraire).
d2./d (Avant le nom.) Se dit de qqn, de qqch pour l'opposer à qqn, qqch d'un genre, d'un type considéré comme supérieur. Un vulgaire chat de gouttière.
d3./d Péjor. Qui manque par trop de distinction, d'élégance. Un homme, un langage vulgaire, grossier.
rII./r n. m. Le vulgaire.
d1./d Le commun des hommes, la masse.
d2./d Ce qui est vulgaire (sens I, 3).
⇒VULGAIRE, adj. et subst. masc.
I. — Adjectif
A. — [Sans valeur péj.]
1. [En parlant d'une chose]
a) Vieilli ou littér. Qui est admis, pratiqué par la grande majorité des personnes composant une collectivité, appartenant à une culture; qui est répandu. Synon. banal, commun, courant, ordinaire, trivial. Croyance, interrogation, moralité, observation, opinion, pensée, préjugé, préoccupation, satisfaction, vérité vulgaire. Il faut revenir de bonne foi aux idées vulgaires de sagesse et d'honneur; une femme a tout à perdre en les oubliant (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 400). La conversation s'engagea de la façon la plus vulgaire: le temps, le Ministère, la maladie de de Marsay (BALZAC, Secrets Cadignan, 1839, p. 338).
♦ Vx. Ère vulgaire.
b) [Postposé; en parlant d'une lang.]
— Langue vulgaire. V. langue II A 1. Latin vulgaire. Latin parlé à basse époque dans l'ensemble des pays de l'Empire romain et dont sont issues les langues romanes. C'est (...) un autre état du latin [que celui du latin classique], mal connu, qu'on dénomme le latin vulgaire, et auquel on rattache la formation de l'ensemble des langues romanes (M. COHEN, Hist. d'une lang.: le fr., 1973 [1947], p. 50).
— Qui est spécifique, qui est réservé à l'usage oral. À côté de la langue littérale, qui devient le partage exclusif des écoles, l'arabe vulgaire d'un système plus simple et moins riche en formes grammaticales (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 207).
— [P. oppos. à scientifique, technique] Qui appartient à la langue courante, usuelle. On appelle carré en langue vulgaire toute figure renfermée entre quatre côtés. Que des hommes qui ne sont pas géomètres discutent sur cette idée ou ce terme vague, ils se contrediront (MAINE DE BIRAN, Journal, 1819, p. 231).
2. [En parlant de tout ou partie d'une pers., d'une chose]
a) Qui est identique, semblable aux autres individus, aux autres objets de son espèce. Synon. anodin, banal, ordinaire. Homme, humain, lecteur vulgaire; chose, objet vulgaire. Le violon et le flageolet avaient tous deux des figures vulgaires, la figure si connue de l'aveugle, pleine de contention, attentive et grave (BALZAC, Facino Cane, 1836, p. 375). Cette boutique (...) n'avait qu'une porte qui laissait entrevoir dans l'ombre un comptoir, des balances, quelques marchandises vulgaires étalées sur le carreau (HUGO, Choses vues, 1885, p. 48).
— SC. NAT. Qui présente les caractères communs de l'espèce sans autre trait distinctif. Synon. commun. Faisan, poule vulgaire. (Dict. XXe s.).
— DR. Substitution vulgaire.
— [P. oppos. à savant, technique] Cette plante littéralement sème sous elle. Elle répond au nom vulgaire de Bon-Henri. Savamment c'est une chénopodiacée (GIDE, Journal, Feuillets, 1925, p. 808).
b) [Antéposé; avec parfois une connotation péj. en fonction du subst. qui suit] Qui ne dépasse pas la moyenne. Synon. quelconque, banal. Vulgaire arriviste, bourgeois, fonctionnaire, idiot, mouchard, racaille; vulgaire accident, aventure, manie. Vous me direz, monsieur Bonaparte (...) que (...) n'ayant plus d'autre choix, plutôt que d'être un des vulgaires escrocs du code, vous avez mieux aimé être un des grands assassins de l'histoire! (HUGO, Nap. le Pt, 1852, p. 118). Quelle pouvait bien être cette fleur unique, d'un rouge éclatant (...)? (...) ce n'était qu'un très vulgaire coquelicot semblable à tous les coquelicots de France. Isolé dans cette prairie, il paraissait merveilleux (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1196).
B. — Péjoratif
1. [En parlant d'une chose concr. ou abstr.] Qui est ordinaire, courant, conventionnel; qui perd tout intérêt du fait de sa fréquence, de sa répétition. Synon. commun. La doucereuse honnêteté, (...) les semblants de vertu, (...) les façons hypocrites d'une femme mariée qui ne laisse jamais voir que les besoins vulgaires d'un ménage, et qui se refuse en apparence aux folies (...). C'est l'ignoble livre de dépense et non la joyeuse fantaisie qui dévore des fortunes (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 140).
2. [En parlant d'une pers., de son attitude, de son comportement]
a) Qui n'a aucune élévation morale, qui est ordinaire, prosaïque. Artiste, esprit, idée, imagination, personnage vulgaire. L'amour n'est-il pas comme la mer qui, vue superficiellement ou à la hâte, est accusée de monotonie par les âmes vulgaires (BALZAC, Vendetta, 1830, p. 208). Le héros se montre grand dans toutes les circonstances de sa vie: voilà ce qui le distingue de l'homme vulgaire (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 28).
b) Qui manque d'éducation, de distinction; qui se conduit de façon grossière, qui ne se conforme pas aux règles du savoir-vivre. Je suis persuadé que plus d'un Anglais, pair et millionnaire, n'ose pas croiser les jambes quand il est seul devant son feu, de peur d'être vulgaire (STENDHAL, Rome, Naples et Flor., t. 1, 1817, p. 160). Le désir me choquait obscurément chez Antoine. Il ne le portait pas bien. C'était comme une déchirure dans sa délicatesse, cette délicatesse à laquelle me faisaient croire ses dents, son regard. Il me paraissait soudain vulgaire, plus vulgaire que s'il avait été vulgaire (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 332).
♦ Vulgaire dans + subst. Homme vulgaire dans ses manières. Je me disais: « Il doit être brutal... un peu vulgaire dans ses caresses... il ne doit pas porter de caleçons... et son corps musclé doit sentir le velours à dix-neuf sous! » (GUITRY, Veilleur, 1911, II, p. 10).
♦ Troupeau vulgaire. [Trad. de vulgum pecus] Un jeune conseiller de Préfecture (...) pratiquant, l'été, le tennis (...) non loin des joueurs de boule démocratiques (...) sans contact toutefois avec ce troupeau vulgaire, sans que le regard même des manieurs de raquettes parût leur accorder (...) un volume (ARNOUX, Solde, 1958, p. 13).
c) [P. méton.]
— Qui dénote la grossièreté, le manque de distinction. Accent, intonation, rire, ton, voix vulgaire; air, allure, aspect, beauté, bouche, conduite, corps, figure, gaieté, laideur, physionomie vulgaire; goûts, manières vulgaires. Il m'avait dit (...) qu'il lui avait trouvé mauvais genre. Qu'avait-il voulu dire par mauvais genre? J'avais compris genre vulgaire, parce que, pour le contredire d'avance, j'avais déclaré qu'elle avait de la distinction (PROUST, Prisonn., 1922, p. 84). M. Ouine continuait de rire à petits coups, la tête légèrement inclinée sur la droite, un œil ouvert, l'autre fermé, ce qui donnait à son visage une expression assez vulgaire (BERNANOS, M. Ouine, 1943, p. 1560).
Rem. Vulgaire peut être associé a) tantôt à la pauvreté: On a beau dire, la pauvreté rend vulgaire. Maud était vulgaire; il haïssait la franc-maçonnerie qui l'unissait aux cochers, aux porteurs, aux guides, aux garçons de café (SARTRE, Sursis, 1945, p. 45); b) tantôt à la richesse quand celle-ci s'expose sans discrétion: J'ai connu ces famille où l'on tenait les gens riches pour un peu vulgaires (...) où le mot argent et les choses qui le représentent étaient tus comme la luxure (CHARDONNE, Attach., 1943, p. 87).
— [En parlant de productions orales, du lang.]
♦ Qui choque la bienséance par son caractère grossier dans l'expression ou dans le contenu. Expression, langue, mot, parole, sens, terme vulgaire. C'est à mon sens le point culminant de son physique [de Victor Hugo], dans le sens un peu vulgaire que je suis bien forcé, pour être très français, d'employer ici (VERLAINE, Œuvres posth., t. 2, Souv. et prom., 1896, p. 150). « (...) on se figure un peu, ajouta-t-il d'une voix nasillarde, ralentie et traînante, il y a toujours des gens (...) qui vous donnent une idée (...). » On remarquera qu'après une interpolation du langage vulgaire, celui de M. de Charlus était brusquement redevenu (...) précieux et hautain (PROUST, Sodome, 1922, p. 1009).
Plaisanterie vulgaire. Plaisanterie grossière, sans finesse ou choquante par son contenu obscène. La gloire du ménage est précisément dans ce calme, dans cette profonde connaissance mutuelle, dans cet échange de biens et de maux que les plaisanteries vulgaires lui reprochent (BALZAC, Mém. jeunes mariées, 1842, p. 368).
♦ Qui caractérise le discours de personnes frustes; qui n'est pas conforme à l'usage normatif. Je veux que vous gardiez de moi un bon souvenir, et vous prouver que Moi, dont on dit tant de mal, je suis quelquefois bon diable, pour me servir d'une de vos locutions vulgaires (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 143).
3. a) [En parlant d'une chose concr.] Qui manque de finesse, de délicatesse; qui est de qualité médiocre. Il n'y a que de vulgaires chaises, grossières, moins bien même que celle qui est à la préfecture (GYP, Souv. pte fille, 1927, p. 38). Tous (...) ne s'abreuvant que de bibine vulgaire (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 245).
b) Qui est jugé de mauvais goût ou comme manquant de distinction. Modeste montrait à la main de son père une cravache dont le bout était un semis de turquoises, une invention alors à la mode, et devenue depuis assez vulgaire (BALZAC, Modeste Mignon, 1844, p. 250). Notre oreille, encore mal exercée, n'aimait que les rythmes vulgaires, faciles à retenir, les airs de café-concert et la musique de bastringue (LARBAUD, Enfantines, 1918, p. 183).
II. — Subst. masc.
A. — 1. Vx ou littér. Le commun des hommes, ceux qui n'ont aucune particularité, aucune spécialité; ceux que rien ne distingue. À nous seuls vulgaires il est permis de parler de nous, parce que personne n'en parlerait (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 660). Dans un bois l'amateur d'oiseaux distingue aussitôt ces gazouillis particuliers à chaque oiseau, que le vulgaire confond (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 908).
2. Péj. La partie la moins distinguée, la plus commune d'une société. Synon. populace. Les liaisons d'idées qui font les trois quarts du charme des beaux-arts (...) ont le bonheur d'être donnés dans une langue que l'ignoble vulgaire ne souilla jamais de ses plates objections (STENDHAL, Hist. peint. Ital., t. 1, 1817, p. 49). Le vulgaire débarrassa le plancher, mais les fanatiques demeurèrent (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 14).
— Le vulgaire de/des + subst. La partie la plus commune d'un groupe, d'un ensemble. Le vulgaire des philosophes de tous les temps a dit que la beauté et l'harmonie de l'œuvre attestait l'ouvrier. Rien de plus faux (VIGNY, Journal poète, 1861, p. 1360).
B. — Subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est ordinaire, commun, trivial. Le vulgaire et le trivial même doit avoir un accent (HUGO, Préf. Cromwell, 1827, p. 30). La beauté de Mlle Jamois est une beauté cachée. Rien d'extérieur n'en surcharge l'éclat secret. C'est ce qui lui permet de sauter la rampe, d'émouvoir la salle et d'échapper au vulgaire (COCTEAU, Foyer artistes, 1947, p. 147).
REM. Vulgarien, subst. masc., hapax. Que vous observiez certaines formes religieuses, je n'y vois pas d'inconvénients, d'autant plus que cela nous distingue de ces vulgariens bruyants, dont la vulgarité justement consiste à s'abstenir de la chose convenable (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 269).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) 1325-36 empl. subst. vulgar « langue du pays, connue de tous » (Chronique de Morée, éd. J. Longnon, p. 239: si deviserent la teneur en vulgar [ms. endulgar], pour ce que cescun l'entendist); 1512 langaige vulgaire « commun à tous » (J. LEMAIRE DE BELGES, Illustrations, éd. J. Stecher, t. 2, p. 424); ) 1524 vulgaire latin (GRINGORE, Le Blazon des Hérétiques, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 1, p. 332); 1763 grec vulgaire (L. DE BACHAUMONT, Mémoires secrets depuis 1762, p. 271); 1787 arabe vulgaire (VOLNEY, Voyage en Syrie et en Égypte, p. 175); ) 1549 les (langues) vulgaires « langues modernes par opposition aux langues anciennes latin et grec » (DU BELLAY, La Deffence de la Langue Francoyse, éd. H. Chamard, p. 37); b) 1637 « courant, usuel (opposé à scientifique) » (N. DE PEIRESC, Lettres, t. 4, p. 283: j'ay aultresfois creu que nostre nom vulgaire de gavot venoit de gap ou de vapincum); 2. a) ) 1452 « qui appartient aux classes que rien ne distingue » (J. MILLET, Epistre ds Fonds BARBIER: a toutes gens vulgaires, populaires et de commun estat); ) 1611 « ordinaire, qui ne se distingue en rien des autres » (J. BERTAUT, Les Œuvres poét., p. 123: [...] une plume vulgaire, un vulgaire écrivain puisse representer une beauté si rare); b) 1560 « commun (en parlant d'une plante) » (RONSARD, Poèmes, éd. P. Laumonier, t. 10, p. 287: Je n'ay pas seulement des vulgaires prunelles Qui croissent es buyssons, mais des prunes plus belles); c) 1580 en parlant de substances (B. PALISSY, Discours admirables, p. 257 ds IGLF: le souphre vulgaire n'est pas tel comme lors qu'il a généré des métaux); d) 1783 sc. nat. « qui possède les caractères communs de l'espèce, sans aucun trait particulier » (BUFFON, Hist. nat., Oiseaux, t. 2, p. 304: poules vulgaires); 3. a) dernier quart XVe s. « en usage parmi le peuple, commun » (J. MOLINET, Oraison A Sainct Adrien ds Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t. 2, p. 506: wulgaires mos); spéc. 1681 ère vulgaire (BOSSUET, Discours sur l'hist. universelle, p. 59); b) 1580 il est vulgaire de + inf. (MONTAIGNE, Essais, II, 17, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 647); 4. 1573 avec nuance péj. (JODELLE, Les Discours de Jules César, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 235: De grands desseins, grands soins, grands discours, qui ne sont Propres à ceux, ausquels les rangs vulgaires font Vulgaires les esprits); 5. 1810 « qui choque par son manque de distinction » (STAËL, Allemagne, t. 5, p. 51: je craignois d'écouter des paroles vulgaires, telles qu'on en chante ailleurs dans les rues). B. Subst. 1. a) 1530 « le commun des hommes » (Songecreux, 47 v° ds IGLF: le vulgaire des gens ruraulx); b) 1601 « la partie la plus grossière de la population » (P. CHARRON, De la Sagesse, Trois Livres, p. 221: Le peuple, nous entendons icy le vulgaire, la tourbe et lie populaire); 1610 (P. DE DEIMIER, L'Académie de l'Art Poétique, p. 325: quelques uns du vulgaire de Paris); 2. 1810 « ce qui est ordinaire, commun » (STAËL, op. cit., t. 2, p. 249: le vulgaire dans la nature se mêle souvent au sublime); 1836 être du dernier vulgaire (STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, p. 308). Empr. au lat. vulgaris « qui concerne la foule »; « général, ordinaire, commun, banal », dér. de vulgus « le commun des hommes, la foule ». On rencontre en a. et m. fr. la forme vulgal, due à une forme lat. vulgalis issue de vulgaris par changement de suff. Fréq. abs. littér.:2 829. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 5 312, b) 3 635, XXe s.: a) 4 106, b) 3 080.
DÉR. Vulgarisme, subst. masc., ling. Expression propre aux personnes peu instruites et qui est rejetée par le bon usage. (Dict. XIXe et XXe s.). — []. — 1res attest. a) ) 1801 « façon de parler basse » (MERCIER Néol.), ) 1819 « qualité, défaut de ce qui est vulgaire » (BOISTE), b) 1953 « mouvement littéraire de la Grèce moderne » (A. MIRAMBEL, La Litt. gr. mod., Paris, P.U.F., p. 35, 45); a dér. sav. de vulgaire, suff. -isme, avec peut-être infl. de l'angl. vulgarism (XVIIIe s. ds NED), b de vulgariste (1912, Lar. mens., p. 344), dér. sav. de vulgaire, suff. -iste.
vulgaire [vylgɛʀ] adj. et n.
ÉTYM. 1452; cf. anc. provençal vulgar (1350), anc. franç. vulgal (1270); du lat. vulgaris « habituel, répandu dans le peuple ».
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I Adj.
1 a Vieilli. Qui est répandu; admis, éprouvé, mis en usage par le commun des hommes (sans aucune valeur péj.). ⇒ Banal, commun, courant, rebattu, trivial. || « C'était un mal vulgaire et bien connu des hommes » (→ Douleur, cit. 15). || Satisfactions vulgaires (→ Sensible, cit. 2). || Observation (→ Génération, cit. 16), expression (→ Pluie, cit. 8), proverbe vulgaire (→ Nouveau, cit. 4). || La moralité vulgaire, obligée, courante (→ Bon, cit. 54). || Idées (→ Poncif, cit. 3), opinions vulgaires. || Selon un préjugé vulgaire. — Spécialt. || L'ère (cit. 4) vulgaire.
1 S'il est un sentiment vulgaire, usé, à la portée de toutes les femmes, certes, c'est la pudeur.
Baudelaire, l'Art romantique, XX, IV.
1.1 Les avait-on surpris ? L'éveil était-il donné ? La plus vulgaire prudence leur commandait de s'éloigner, — ce qu'ils firent en même temps que Phileas Fogg et Sir Francis Cromarty.
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 100.
♦ Spécialt, sc. nat. Qui présente les caractères de l'espèce, sans autre trait particulier.
b (1312). Se dit de la forme de langue connue de tous, dans un groupe social (opposé à littéraire). ⇒ Vernaculaire. || Latin (cit. 11) vulgaire : le latin parlé dans les pays romans (→ Bas latin). || Arabe vulgaire, parlé, dialectal (opposé à littéral). || Français vulgaire, courant, parlé (→ Mandarin, cit. 6). — Spécialt. || Langues vulgaires, se dit des principales langues romanes (⇒ 1. Roman, supra cit. 1 et 4), par oppos. à latin, langue savante.
1.2 C'est de ce temps que les écrivains osent utiliser les deux langues du Nord et du Midi, les langues vulgaires, la provençale et la française, au lieu du latin : à ce point enfin détachées du latin, ces « vulgaires » dictent selon leur génie propre des œuvres qui n'ont plus rien, même à les imiter, des œuvres qui firent Rome si grande.
Aragon, les Yeux d'Elsa, « Leçon de Ribérac ».
♦ N. f. Langue « vulgaire », effectivement parlée dans l'usage quotidien.
1.3 Faut-il faire prédominer la vulgaire javanaise (…) la langue de Madœra, ou le Sœndanais (…) ou adopter le malais comme parler d'union ?
Aragon, Blanche…, II, IV, p. 242.
1.4 L'impérialisme administratif de Paris se double d'une centralisation économique qui annihile et stérilise le dynamisme culturel et linguistique de la France entière. Ne survit plus dans la province qu'un patois abâtardi qui continue à alimenter les vulgaires des centres urbains et par leur intermédiaire l'argot et la langue populaire commune.
Pierre Guiraud, Patois et Dialectes français, p. 28.
c (Opposé à scientifique, technique). || S'exprimer en termes vulgaires. || Appellation, nom vulgaire d'une plante, d'un animal, courant, usuel; non scientifique.
REM. Ces emplois, comme ceux du sens 2, sont devenus rares à cause de la fréquence du sens 3, péjoratif.
2 (1664). Didact., littér. Qui ne se distingue en rien; ordinaire. || « Lecteur vulgaire, pardonnez-moi mes paradoxes » (cit. 1, Rousseau). || Les hommes vulgaires (→ Mesure, cit. 5), les vulgaires humains (→ 3. Droit, cit. 14). || « Qu'écrivain du commun et poète vulgaire » (→ Maçon, cit. 3).
2 C'étaient des employés, des souteneurs, des filles, des filles de tous draps, depuis le coton vulgaire jusqu'à la plus fine batiste (…)
Maupassant, l'Inutile Beauté, « Le masque ».
♦ Dr. || Substitution (cit. 1) vulgaire. — Sc. nat. Commun. || La belladone vulgaire (→ Anthologie, cit., Chateaubriand). || La poule vulgaire et la poule sultane (cit. 2).
♦ (En épithète, avant le nom). Quelconque; qui n'est que cela (avec une valeur péj.). || Un passant, un vulgaire passant (→ Ressembler, cit. 1). — Un vulgaire esbroufeur (cit.), mystificateur (cit. 1). — De vulgaires études d'atelier (→ Réhabilitation, cit. 2).
3 (…) tout cela n'a-t-il été que la vulgaire et idiote aventure d'un vulgaire idiot, comme ils le dirent tous, capable tout juste d'écrire (…)
Claude Simon, le Vent, VII.
3 (1552). Péj. a Qui est ordinaire, sans intérêt particulier, sans élévation morale. ⇒ Bas, commun, grossier, ordinaire (péj.), prosaïque, trivial. || Les réalités vulgaires, terre à terre (→ Céleste, cit. 13). || Intérêts (cit. 20) vulgaires. || Part (1. Part, cit. 9) vulgaire et part idéale de la vie. ⇒ Matériel. — Pensée épaisse, vulgaire (→ Amenuisement, cit. 2). || Expression (cit. 11) vulgaire et triviale. || Des goûts vulgaires. ⇒ Béotien, philistin. || Plaisanterie vulgaire : grosse plaisanterie. || Des personnes, des êtres vulgaires (→ Amusement, cit. 8; liberté, cit. 38), de condition médiocre et basse (⇒ Vil) et de goûts, de pensers ordinaires, par oppos. à d'élite (cit. 6). ⇒ Bourgeois (II.), commun. || Esprit vulgaire.
4 Ah oui, si tu crois que ça fait comme il faut de rappeler à tout bout de champ que tu as une mère ! (…) À t'entendre, on croirait extraordinaire d'avoir une mère. C'est tout à fait commun. C'est très répandu. C'est même vulgaire.
Aragon, les Cloches de Bâle, I, I.
5 (…) vulgaire, ce mot si juste et si affreux, il pourrait le redire et l'appliquer du haut en bas de la société. Doré ou non, l'homme, autant que la femme, est vulgaire. Par l'héroïsme seul, l'humain, le trop humain, échappe à la vulgarité, au troupeau.
Gide, Attendu que…, p. 178.
b Qui, par son manque de distinction, est considéré comme de peu de valeur ou comme choquant; propre aux couches de la société que l'idéologie dominante prétend exclure de son système des valeurs (cette acception est variable selon la position sociale et culturelle du locuteur). || Manières, propos vulgaires. ⇒ Grossier, populacier. || Vulgaire, populacière jovialité (cit. 2).
♦ REM. Vulgaire prétend s'appliquer à des goûts, à des attitudes, et non aux situations sociales; de fait vulgaire est souvent associé à l'idée de richesse, rarement à celle de « peuple »; les prolétaires ne sont guère dits « vulgaires ». || Des gens riches et vulgaires, un peu vulgaires (→ Nouveaux riches). — Réaction vulgaire. — Quelque chose de lourd, de vulgaire et de cossu (→ Édifice, cit. 7). || Luxe vulgaire et prétentieux (⇒ Tapageur). || C'est d'un toc (cit. 2) vulgaire…
c (Dans le domaine de l'expression, du langage). Qui choque le « bon goût », les bienséances. ⇒ Grossier, trivial; → Ordurier, cit. || Mot, emploi vulgaire. || Une langue vulgaire, pleine de gros mots, d'obscénités.
♦ Qui témoigne d'inculture, est considéré comme incorrect, s'oppose à la forme prescriptive. ⇒ Vulgarisme.
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II N. m.
1 Vx ou littér. Le commun des hommes, ceux qui ne se distinguent pas. ⇒ Foule, multitude (→ Offenser, cit. 7; profondeur, cit. 10). || Un homme au-dessus du vulgaire (→ Douter, cit. 3). || « Que j'ai toujours haï (cit. 22) les pensers du vulgaire ! »
♦ Péj. Populace. — Vieilli. La partie la plus commune. || « Le vulgaire des hommes… (Gautier, la Chaîne d'or, p. 199), des philosophes » (Brunschvicg, Descartes, p. 5).
6 Le vulgaire est un vieux Narcisse qui s'adore lui-même et qui applaudit le vulgaire.
Hugo, les Misérables, I, I, XII.
7 (…) ce fut la fin de la première séance. Le vulgaire débarrassa le plancher, mais les fanatiques demeurèrent.
R. Queneau, Pierrot mon ami, I.
2 Plus cour. Ce qui est vulgaire (au sens I, 1 ou 3). || Le vulgaire et le sublime de la nature (→ Majestueux, cit. 6). || Le vulgaire et le trivial (→ Optique, cit. 4).
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CONTR. Curieux, extraordinaire, original, remarquable; auguste, majestueux, sublime… — Littéraire, littéral, savant, scientifique. — Aristocratique, courtois, délicat, distingué, éduqué, élégant, fin, relevé. — Aristocratie, élite.
DÉR. Vulgairement.
Encyclopédie Universelle. 2012.