voici [ vwasi ] prép.
• 1485; vois ci fin XIIe; a supplanté la forme veci (vez ci,XIIe); de vois, impér. de voir (ou « thème verbal » issu de l'indic.) et ci REM. Voici, classé parmi les prép., a, en fait, une valeur de verbe. Voici est beaucoup moins courant que voilà.
1 ♦ Présente une chose ou une personne relativement proche. Voici mon fils. « Et Pilate leur dit : Voici l'homme » ( BIBLE ). ⇒ ecce homo. Le voici, les voici. « Voici des fruits, des fleurs » (Verlaine). En voici. « Enfants, voici des bœufs qui passent » (Hugo) . Les voici qui arrivent, ce sont eux.
♢ (Avec l'inf.) Voici venir : voici... qui vient. « Voici venir une jeune reine » (Chateaubriand). — Me (te, le...) voici à (et inf.),marque une action en train de se faire. « Me voici à trembler comme une pensionnaire » (Bourget).
♢ Vieilli (introduit par que) « Les frusques que voici » (Duhamel). Monsieur que voici, qui est ici.
2 ♦ (Avec une valeur temporelle) Désigne ce qui arrive, approche, commence à se produire. « Tu réclamais le soir; il descend; le voici » (Baudelaire). Voici la pluie. — « Voici la Noël qui arrive » (Bosco). « Voici venir les temps » (Baudelaire).
3 ♦ Désignant les choses dont il va être question dans le discours (opposé à voilà). Voici nos informations. En voici un exemple particulièrement parlant. « Voici, mon cher ami, ce que je vous dédie » (Musset). « Cette question, la voici » (Balzac). — Ellipt Voici... « Voici. Je m'appelle Jean Valjean » (Hugo).
4 ♦ Présentant un objet caractérisé. ⇒ voilà. Vous voici tranquille : vous êtes tranquille, maintenant. « Les voici disposés à croire » (A. Gide). « Les voici dans les bras l'un de l'autre » (Maurois). « Le voici qui rature [...] des pages imaginaires » (Maurois). « Hélas, me voici tout en larmes » (Verlaine).
5 ♦ (Suivi d'une complétive, souvent avec inversion du sujet) Voici que tombe la nuit. « Voici qu'il commence à comprendre que » (A. Gide). Voici comment il faut faire. C'est faux, et voici pourquoi.
6 ♦ Littér. Il y a (un certain temps). ⇒ voilà. « Voici tantôt mille ans que [...] » (La Fontaine). Voici cinq ans.
● voici adverbe (de vois, impératif de voir, et ci) Suivi d'un nom ou précédé d'un pronom, montre quelqu'un ou quelque chose de présent ou proche, un événement actuel, ce qui va être fait ou dit : Nous voici arrivés. Voici mes intentions. Par opposition à voilà, désigne quelqu'un ou quelque chose plus proches que d'autres par rapport à la personne qui parle : Voici Pierre et là-bas voilà Paul. Annonce ce que l'on va faire ou dire, par opposition à ce qui vient de se faire ou de se dire : Voilà ce que j'ai fait, voici ce que je vais faire. Présente une action comme prochaine, donne une explication, etc. : Voici pourquoi je partirai. ● voici (citations) adverbe (de vois, impératif de voir, et ci) Bible Et Pilate leur dit : « Voici l'homme. » Évangile selon saint Jean, XIX, 5 Commentaire Sous sa forme latine, Ecce homo, ce mot est à l'origine d'un titre de Friedrich Nietzsche. Ponce Pilate Ier s. après J.-C. Voici l'homme. Ecce homo. Commentaire Paroles de Pilate aux Juifs lorsqu'il leur montra Jésus ayant à la main un roseau pour sceptre et une couronne d'épines sur la tête. ● voici (difficultés) adverbe (de vois, impératif de voir, et ci) Emploi et registre Le principe qui régit le choix entre voici et voilà est le même que pour ici et là, celui-ci et celui-là, ceci et cela. 1. Voici. Dans l'expression soignée, voici s'applique soit à une personne ou à une chose relativement proche de la personne qui parle, soit à ce qui va être dit ou fait : voici ma fille ; « Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous »(Verlaine) ; voici ce que je vous propose. 2. Voilà s'applique soit à une personne ou à une chose éloignée de la personne qui parle, soit à ce qui a été dit ou fait : voilà les bateaux qui rentrent au port ; voilà ce que j'ai compris. - Dans l'expression orale courante, voilà est souvent employé pour voici : nous y voilà ; voilà la pluie ; en voilà une idée ! 3. Voici et voilà dans la même phrase. Cet emploi marque souvent une opposition : voici ma place, voilà la vôtre. 4. Voici venir. Cette expression marque la proximité dans le futur : voici venir l'hiver (= nous voilà bientôt en hiver, l'hiver approche). Elle appartient au registre soutenu. Construction 1. Voici que, voilà que entraîne souvent (mais non nécessairement) l'inversion du sujet : voici qu'arrivent les premiers coureurs ; voilà que se présentent les troupes qui marchent en tête du défilé. 2. Voici, voilà une semaine que je ne l'ai vu / que je ne l'ai pas vu. L'omission de pas est admise aux temps composés : voici trois mois que je ne l'ai vu ; au présent, on emploie la négation complète : voilà une semaine que je ne le vois pas. 3. Voilà ce que c'est que de / que (+ infinitif) : les deux tournures sont admises ; la première est la plus fréquente : voilà ce que c'est que de trop boire ; voilà ce que c'est que partir tout seul. 4. Ne voilà-t-il pas que. Forme d'insistance (souligne le propos ou marque une distance de celui qui parle par rapport à ce qu'il dit) : ne voilà-t-il pas qu'il s'avise de nous narrer par le menu toute l'aventure. Registre soutenu. Remarque Voilà-t-il pas que, sans ne explétif, est parfois employé à l'écrit pour rendre la spontanéité de l'expression orale, mais ne se rencontre guère en réalité dans l'usage courant. 5. Revoici, revoilà. → revoici ● voici (expressions) adverbe (de vois, impératif de voir, et ci) Voici tel temps que, il y a exactement tel laps de temps. Me voici, j'arrive, je suis là. Voici venir quelqu'un, quelque chose, attire l'attention sur la venue, la survenue imminente.
voici
Prép.
d1./d (Indiquant la proximité dans l'espace ou dans le temps.) Voici, à nos pieds, la rivière. Me voici. Voici l'aube.
|| Litt. Voici venir... (pour indiquer que qqn, qqch approche). Voici venir la saison sèche.
|| (Précédé du Pron. relat. que, avec la valeur d'un démonstratif.) La belle que voici.
d2./d (Pour annoncer, pour appeler l'attention sur ce qui va suivre.) Voici ce que vous allez faire.
d3./d (Marquant un état actuel, une action qui a lieu au moment où l'on parle.) Nous voici libres.
|| Nous y voici: nous arrivons au terme de notre déplacement ou à la question qui nous intéresse.
d4./d (Suivi de la conj. que, pour souligner le caractère brusque, inopiné de ce qui arrive.) Voici qu'il s'interrompt et se tourne vers moi.
d5./d (Devant un complément de temps, pour marquer l'écoulement d'une durée.) Voici bientôt un an qu'il est parti. (Remarque: voici tend auj. à être remplacé par voilà dans la plupart de ses emplois.)
⇒VOICI, verbe et prép.
I. — Verbe. [Verbe défectif réduit à la forme unipersonnelle du prés. de l'ind. de l'aspect inaccompli]
Rem. ,,Voici [et voilà forment] (...) une sorte de verbe sans variation morphologique verbale, impersonnel, unimodal (indicatif) et unitemporel (présent), qui désigne ce qui est positivement dans le moment même de la parole. À ce titre, il constitue l'élément temporel du prédicat et est donc bien un verbe — de l'espèce particulière des verbes qui refusent l'incidence à un support nominal. Cependant,il peut être déchu en discours de cette fonction de prédicat quand il s'agit de faire entrer dans un énoncé une référence temporelle. Il fonctionne alors comme une sorte de préposition`` (G. MOIGNET ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 7 n° 1 1969, p. 201).
A. — [Présente une pers. ou une chose qui sont à proximité du locuteur]
1. [Suivi d'un subst. ou d'un pron. autre qu'un pron. pers. ou qu'un pron. nég.] Voici des fruits, des feuilles et des branches Et puis voici mon cœur, qui ne bat que pour vous. Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux (VERLAINE, Œuvres poét. compl., Romances sans par., Paris, Gallimard, 1962 [1874], p. 205). Voici l'épouse du colonel Héricourt, mort à Wagram pour sa patrie! (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 143).
♦ [P. allus. à la phrase par laquelle Ponce Pilate livre Jésus aux Juifs: Voici l'homme [Ecce homo]] [Dieu] livre ses meilleurs amis, il les donne pour rien, aux bons, aux mauvais, à tout le monde, ainsi qu'Il a été donné par Pilate: « Tenez, prenez, voici l'homme! » (BERNANOS, Joie, 1929, p. 672).
— [Le subst. ou le pron. sont annoncés par un pron. pers. atone antéposé] Les voici, les voici... c'est superbe à voir, un cortège magnifique... les chefs des corporations avec leurs bannières, et puis de la musique (SCRIBE, Bertrand, 1833, II, 12, p. 168).
— [Voici désigne et montre]
♦ [Enchâssé dans une prop. derrière un subst. pour désigner qqn ou qqc.] Je ne pouvais revenir, vous le savez, sans le notaire que voici (BOREL, Champavert, 1833, p. 133). Cet homme que voici se nomme... (BORNIER, Fille Rol., 1875, IV, 1, p. 93).
♦ [Servant à désigner qqn ou qqc. en le montrant] Voici votre manteau, ma tante (PAILLERON, Monde où l'on s'ennuie, 1869, I, 15, p. 67). Rabagas: (...) Eh bien, mais comment n'ai-je pas déjà ma clef? Bricoli: On la réclamera à M. de Sottoboïo! — Mais si la mienne, en attendant! Rabagas, la prenant: Donnez toujours! Bricoli: Voici, Excellence (SARDOU, Rabagas, 1872, IV, 1, p. 162).
— [En tournure exclam.] Me voici donc dans le centre de l'intrigue et de l'hypocrisie! (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 232). Ohé! voici, voilà! les mots lui montaient du cœur aux lèvres que c'était un plaisir (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 117).
♦ Que voici. Cher Maurice, que voici bien une de vos plaisanteries pompeuses! (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 65).
♦ [Précédé de en et suivi d'un attribut] En voici une nouvelle ! En voici de bien bonnes! (fam.). En voici bien d'une autre! s'écria Gonzo, le lendemain, après le dîner (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 469).
2. [Suivi d'un inf.; servant à présenter une pers. ou une chose concr.] Voici flotter aux vents l'étendard de soie, moitié vert, moitié jaune, broché des armoiries de la ville (BERTRAND, Gaspard, 1841, p. 51). Marchons. Voici grouiller déjà les gens des halles (CROS, Coffret santal, 1873, p. 113).
♦ Voici venir. Voici venir un renard, qui s'insinue au dedans; voici qu'une portion en est arrachée par un dragon, qui sort de la terre entr'ouverte (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 152).
B. — [Désigne un fait qui est sur le point d'avoir lieu ou qui aura lieu dans un fut. proche] Voici le mois de mai, il fait beau (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 323). Voici midi qui sonne, je n'ai pas le temps de te répondre (ERCKM.-CHATR., Ami Fritz, 1864, p. 70).
♦ Voici venir. Voici venir les veillées de famille si délicieuses quand tout au dehors est neige, verglas et brouillards, et que les jacinthes fleurissent sur la cheminée à la tiède atmosphère du salon. Voici venir la Saint-Martin et ses brandons, Noël et ses bougies, le jour de l'an et ses joujoux, les Rois et leur fève, le Carnaval et sa marotte (BERTRAND, Gaspard, 1841, p. 189). Voici venir les temps où vibrant sur sa tige Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir; Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir; Valse mélancolique et langoureux vertige! (BAUDEL., Fl. du Mal, 1857, p. 77).
C. — [P. oppos. à voilà;annonce ce qui va suivre dans le cont.] Voici les faits, l'histoire, les paroles, le récit. Voici les paroles textuelles de Liebknecht (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 79).
1. [Introd. une prop. indépendante après une pause ou deux points] Voici: En hiver, toutes les nuits de samedi, le grand théâtre d'Alger donne son bal masqué, ni plus ni moins que l'Opéra (A. DAUDET, Tartarin de T., 1872, p. 85). Voici. On a chacun trois dés, on les agite ainsi (BORNIER, Fille Rol., 1875, I, 1, p. 9). Le cavas des Falkland m'apporte, à l'instant, le billet que voici: « Cher monsieur, Ceci est une ambassade » (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 227).
2. [Introd. une prop. interr. indir.] Voici comment. Un matin, je fus appelé chez le Père Abbé, et voici comme il me parla, en présence de Dom Granger qui opinait silencieusement (BENOIT, Atlant., 1919, p. 75). Pourtant, je n'accepterai pas votre aimable invitation, du moins pas maintenant. Voici pourquoi: mon cactus rose va probablement fleurir (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 5).
3. Voici que. [Introd. une prop. complét. qui annonce qu'un phénomène vient de se produire ou commence à se produire] Voici qu'on vient, dit le rôdeur, faisant le mouvement d'un homme qui s'en va (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 433). Cette amitié qui est toute mon existence, voici que je vais te la montrer (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 257).
4. [Introd. un subst. ou un pron., eux-mêmes caractérisés]
♦ [par un adj. attribut] Mon cher ami, À présent que me voici de nouveau ardemment vivant, je puis t'écrire (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 78). C'en est fait, c'en est fait de moi, Giovanni! Me voici seul, tout seul au monde! (MILOSZ, Amour. init., 1910, p. 200).
♦ [par un compl. circ.] Qu'on mette un guidon sur une selle de vélo, et nous voici en transes (SCHAEFFER, Rech. mus. concr., 1952, p. 179).
♦ [par une prop. sub. rel.] La voici qui s'avance, son livre de prières à la main (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, II, 3, p. 136). Le voici qui se détourne en marchant (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 142).
II. — Prép. [Suivi d'une indication de durée]
A. — [Indique l'intervalle de temps qui s'est écoulé depuis le moment où un événement a eu lieu jusqu'au moment présent] Il m'eût fallu, voici deux ans, ne rentrer qu'à trois heures du matin, après avoir rôdé depuis dix heures sur les boulevards (GIDE, Journal, 1902, p. 111).
B. — Voici... que. [Indique qu'une situation existe depuis un point du passé jusqu'au moment présent] Il y a... que. Voici quatorze heures qu'il est couché, je n'ose pas y aller (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 543). Avez-vous songé que voici des siècles, des milliers de siècles, que notre pauvre humanité accomplit sa destinée sur la terre? (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1259).
Prononc. et Orth.:[vwasi]. Ac. 1694, 1718: voicy ; dep. 1740: -ci. Étymol. et Hist. 1. a) 1360-70 vechi désigne une personne ou une chose relativement proche (Baudouin de Sebourc, XIII, 183, éd. L. N. Bocca, t. 1, p. 362); b) 1369 vezcy que se dit par rapport à une action qui a lieu dans le moment même (Miracles N.D. par personnages, XXXI, 713, éd. G. Paris et U. Robert, t. 5, p. 180); c) 1485 voici + inf. s'emploie pour attirer l'attention sur une action qui est en train de se dérouler (Mistére du Viel Testament, 26784, éd. J. de Rothschild, t. 3, p. 412); d) 1564 avec valeur temporelle, désigne ce qui approche (RONSARD, Nouvelles Poésies, 165, éd. P. Laumonier, t. 12, p. 102: voicy (il m'en souvient) le moys et la journee [...] Où premier je te vy peigner tes beaux cheveux); e) 1728 en voici bien d'une autre se dit en parlant d'une chose inattendue (LESAGE, Achmet et Almanzine, p. 482); 2. 1361 vezci s'emploie pour introduire des faits que l'on va développer (GUILLAUME DE MACHAUT, La Fonteinne Amoureuse, 851, éd. E. Hoepffner, t. 3, p. 173: vezci pour quoy: Li Dieu sont trop soutil); 3. 1485 vecy présente un nom ou un pronom caractérisé par un adj. ou un compl. (Mistére du Viel Testament, 46198, t. 6, p. 84: me vecy en vostre service); 1580 (MONTAIGNE, Essais, I, 48, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 287: me voicy devenu Grammairien, moy qui...); 1671 iron. nous voici bien (LA FONTAINE, Fables, IX, 18, éd. H. Regnier, t. 2, p. 450); 1676 m'y voici donc arrivée (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 442); 1725 fig. nous y voici (MARIVAUX, L'Île des esclaves, p. 540); 4. 1627 introd. par que, s'emploie pour désigner qqn (Ch. SOREL, Le Berger extravagant, p. 166); 5. 1771 « il y a exactement (tel laps de temps) » (DIDEROT, Corresp., t. 11, p. 17). Comp. de la 2e pers. de l'ind. du verbe voir et de la particule ci qui a servi à former ceci. L'a. fr. laissait aux deux termes leur indépendance (1100, Roland, éd. J. Bédier, 308: veiz me ci « tu me vois ici »); il se peut que la fréq. de la forme interr. ait entraîné, par la suite, la jonction des deux termes. Fréq. abs. littér.:15 620. Fréq. rel. littér. :XIXe s.: a) 19 270, b) 24 204; XXe s.: a) 31 728, b) 17 932. Bbg. ANQUETIL-MOIGNET (N.). À propos du « verbe voici-voilà ». Mél. Moignet (G.). Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1980, t. 18, pp. 23-30. — GARDES-TAMINE (J.). Introd. à la synt. Inform. gramm. 1986, n° 29, pp. 34-35. — MOIGNET (G.). Le Verbe voici-voilà. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1969, t. 7, n° 1, pp. 189-209; Syst. de la lang. fr. Paris, 1981, pp. 279-285. — SCHIFKO (P.). Aspekte einer strukturalen Lexikologie. Bern, 1977, 387 p. — (K). Analyse syntaxique de la phrase type voilà mon père. Philol. prag. 1974, t. 17, pp. 187-192.
voici [vwasi] prép.
ÉTYM. 1485; vois ci, fin XIIe; a supplanté la forme veci (vez ci, XIIe); de vois, impératif de voir (ou « thème verbal » issu de l'indicatif), et ci. REM. Hors les cas d'opposition, voilà est plus courant que voici.
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1 Désigne, annonce une chose ou une personne relativement proche. || Voici mon fils (→ Présomptif, cit.). || Voici l'homme (cit. 118). ⇒ Ecce homo. — Le voici, les voici (→ Approche, cit. 1; 1. dire, cit. 10; parti, cit. 18). || Me voici. || Nous voici. — Allus. hist. || La Fayette, nous voici ! — Voici une porte (1. Porte, cit. 21), voici mon (cit. 3) bol… || « Voici des fruits, des fleurs (…) » (cit. 6). || En voici. || Voici de quoi (cit. 17; et supra) écrire, manger. — « Enfants, voici des bœufs qui passent » (→ Rouge, cit. 1). || Le voici qui arrive, qui vient. — REM. Le voici qu'il vient, tour condamné par Vaugelas, est franchement archaïque. || « Le voici qu'il ne peut plus se contenir (…) dans l'étendue » (Valéry, Eupalinos).
♦ (Avec l'inf.). || Voici venir : voici (qqn) qui vient. || Voici venir une jeune reine (→ Sylphide, cit. 2). — REM. Le tour était vieilli au XVIIIe s.; Voltaire le critique; il est redevenu vivant au XIXe s. — Avec à…, il marque que l'action est en train de se faire. || « Me voici à trembler comme une pensionnaire » (Bourget, Mensonges, p. 239, in Sandfeld).
1 Et les voici vibrer aux cuivres du couchant.
Verlaine, Sagesse, I, VII.
2 Voici venir, sur un long plat ovale, un monticule brun et doré.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, VI, p. 44.
2 (Avec une valeur temporelle). Désigne ce qui arrive, approche, commence à se produire. || « Tu réclamais le soir; il descend; le voici » (→ Envelopper, cit. 8). || Voici la pluie (cit. 10), le soleil. — Voici la Noël (cit. 5) qui arrive. || Voici venir Noël. || « Voici venir les temps… » (→ Encensoir, cit. 2, Baudelaire).
3 Désigne les choses dont il va être question dans le discours (opposé à voilà). → Fourrer, cit. 30. || Voici ce qu'il répondit… (→ Lardon, cit. 2; spleen, cit. 1). || Voici, mon cher ami, ce que je vous dédie (→ Main, cit. 112). || Voici le fait, voici ce que j'ai à vous dire… || Voici où il voulait en venir. || Cette question, la voici (→ Poser, cit. 18). || Voulez-vous des contes : en voici (→ Muraille, cit. 5). — Ellipt. || Voici… (→ Thèse, cit. 3). || « Voici. Je m'appelle Jean Valjean » (Hugo, les Misérables, I, II, III).
4 Présentant un nom, un pronom caractérisé par un adj. ou un compl. avec la même valeur que voilà (3.). || Vous voici tranquille : vous êtes tranquille, maintenant. || Me voici arrivé (cit. 42). || Les voici disposés à croire… (→ Nuance, cit. 8). || Nous voici bien. → Jeun (à), cit. 2. — Nous voici dans la salle (→ 1. Masque, cit. 27). || Les voici dans les bras l'un de l'autre (→ Réconcilier, cit. 7). — Fig. || Nous y voici. ⇒ Voilà. || Le voici qui rature (cit. 1) des pages imaginaires. || « (…) Hélas, me voici tout en larmes » (Verlaine, Sagesse, II, IV, VIII).
3 — (…) Le voici donc enfin abattu, l'édifice de votre amour-propre ? La voici terrassée, cette Sygne que Dieu n'a pas faite ! Le voici arraché jusqu'aux racines, Ce tenace amour de vous-même !
Claudel, l'Otage, II, 2.
5 (Suivi d'une complétive, souvent avec inversion du sujet). || Voici que… ⇒ 1. Que, cit. 6. || Voici qu'il commence à comprendre que… (→ 1. Pas, cit. 1). — Voici comme (→ Bouche, cit. 14), comment (→ Pain, cit. 15) il faut faire.
4 Et voici que le monde est un objet utile
Objet voluptueux indestructible et roi.
Éluard, Poésies, « Tout est sauvé ».
♦ (Avec inversion du sujet). || Voici que tombe la nuit.
6 (XVIIe). Introduit par que (2. Que, I., 1.), s'emploie pour désigner qqch., qqn. || Les frusques (cit. 3) que voici. || Monsieur que voici (cf. Ici présent).
5 (…) et de ce couteau que voici je me tuerai sur la place.
Molière, George Dandin, III, 6.
7 (1629). Littér. Il y a (un certain temps). ⇒ Voilà. || Voici tantôt mille ans (cit. 2) que… || Voici cinq ans (→ Desservant, cit. 2; et aussi repentir, cit. 5). || Voici des siècles que… (→ Destinée, cit. 15) je ne t'ai vu. || Voici bien un an que je n'ai quitté Paris (⇒ Ne).
6 Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir.
Rimbaud, Poésies, « Ophélie », I.
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COMP. Revoici.
Encyclopédie Universelle. 2012.