1. sape [ sap ] n. f.
• sappe v. 1460; bas lat. sappa
♦ Région. Hoyau ou faux. — Techn. Outil du génie civil, pioche à large fer.
sape 2. sape [ sap ] n. f.
• sappe 1559; de saper
1 ♦ Tranchée d'approche pour atteindre un obstacle ennemi, préparer un siège. Faire une sape. — Fosse creusée au pied d'un mur, sous un bâtiment pour le faire écrouler. ⇒ 2. mine.
2 ♦ Action de saper. Travaux de sape.
sape 3. sape [ sap ] n. f.
• 1926; de se saper
♦ Arg. LES SAPES : les vêtements. ⇒ fringues . — Collect. La sape : les vêtements; l'habillement.
● sape nom féminin (de saper) Tranchée creusée sous un mur, un ouvrage, etc., pour le renverser. Dans la guerre de siège, communication enterrée (sape volante ou pleine)ou souterraine (sape russe) ; terme générique tendant à englober tous les travaux de fortification en campagne. ● sape (expressions) nom féminin (de saper) Travail de sape, menées plus ou moins secrètes visant à détruire quelqu'un, quelque chose. ● sape (synonymes) nom féminin (de saper) Tranchée creusée sous un mur, un ouvrage, etc., pour le...
Synonymes :
- boyau
- tranchée
● sape
nom féminin
(de se saper)
Populaire. Vêtement, habit : S'acheter des sapes neuves.
sape
n. f.
d1./d Fam. Les sapes: les vêtements.
— La sape: les vêtements pris dans leur ensemble.
d2./d (Afr. subsah.) Fam. Art de s'habiller à la dernière mode.
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sape
n. f.
d1./d Tranchée creusée pour se rapprocher d'un ennemi.
|| Boyau, galerie creusée sous une construction, une fortification, pour la faire écrouler.
d2./d Action de saper. Faire un travail de sape.
I.
⇒SAPE1, subst. fém.
A. — AGRIC., région. (Flandres, Nord de la France). Petite faux à manche court et coudé, utilisée pour la récolte des céréales et des fourrages. Calonne, en assemblant les Notables et en se flattant de tirer d'eux l'abolition des privilèges, la proscription des abus et la règle dans les finances de l'État, procédait comme s'il ne s'était agi, en vérité, que de passer le rouleau sur un gazon; il y fallait la sape et la charrue (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 8, 1864, p. 350). Les ouvriers saisonniers venant du Nord (...) qui se répandent en France pour les moissons, fauchent au moyen de la sape, (...) petite faux à manche court, qu'ils tiennent de la main droite tandis qu'un crochet (...) tenu de la main gauche, ramasse la coupe pour en former une javelle sur le sol (MENON, LECOTTÉ, Vill. Fr., 2, 1954, p. 9).
B. — TECHNOL. Houe dont le manche est perpendiculaire à la lame. Sape de mineur (ROB.). D'où vient cette profonde exultation comme le prisonnier qui dans le mur entend la sape au travail qui le désagrège (CLAUDEL, Soulier, 1929, 3e journée, 13, p. 840).
Prononc. et Orth.:[sap]. Homon. et homogr. sape2 et 3. Étymol. et Hist. 1. Ca 1460 sappe « sorte de hoyau » (Arch. Nord B 3537, n ° 125776 ds IGLF M. A.); 1474 (Arch. JJ 195, pièce 1298 ds GDF., s.v. sepe); 2. 1835 « petite faux à moissonner » (Maison rustique 19e t. 1, p. 296); 3. 1904 « pelle ronde ou pointue à lame perpendiculaire » (Nouv. Lar. ill.). Issu, comme l'ital. zappa « hoyau » (dont le z init. serait dû à des expr. telles que con zappa), du lat. médiév. sappa « id. » (att. dep. le VIIIe s. Gloses de Cassel), prob. d'orig. onomat., sapp- représentant le bruit de l'outil pénétrant dans la terre. G. ROHLFS (ds Z. rom. Philol. t. 45, pp. 662-668; v. aussi REW3 n ° 9599), rapprochant des dénom. ital. de l'outil des formes dial. ital. et balkaniques désignant le bouc ou la chèvre, émet l'hyp. qu'à l'orig. se trouverait un mot illyrien à z init. désignant le bouc d'où serait issu le nom de l'outil p. anal. de forme entre les deux cornes de l'animal et les deux lames de l'outil, mais cette hyp. manque de fondements hist. Voir FEW t. 11, p. 210b et 211b.
II.
⇒SAPE2, subst. fém.
A. — 1. ,,Tranchée ou petit tunnel fait en sous-œuvre ou en fouille, pour faire tomber une construction ou une masse de terre`` (BARB.-CAD. 1963 et 1971). La forteresse était construite sur une roche crayeuse, particulièrement tendre, où les mineurs de Balak creusèrent des sapes si profondes qu'une des tours s'écroula (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 124).
2. P. anal., GÉNIE MILIT. Galerie souterraine exécutée dans une guerre de siège ou une guerre de tranchées pour s'approcher à couvert d'une position ennemie. Sur les vingt-cinq kilomètres de largeur qui forment le front de l'armée, il faut compter mille kilomètres de lignes creuses: tranchées, boyaux, sapes (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 32).
♦ Tête de sape. Partie antérieure d'une sape, point où se poursuit le travail d'excavation. (Dict. XIXe et XXe s.).
— P. ext. Tout travail de terrassement. Dans la première guerre mondiale, on a donné aussi le nom de sape à des abris souterrains (QUILLET 1965).
— P. méton., arg. milit. L'arme du génie. Dans trois mois (...) les anciens porteront tous (...) l'uniforme de sous-lieutenant d'artillerie ou de sape (CLARIS, Éc. polytechn., 1895, p. 297). Ce général est issu de la sape (QUILLET 1965).
3. P. ext. Galerie souterraine. Le métier d'égoutier était autrefois presque aussi périlleux, et presque aussi répugnant au peuple, que le métier d'équarrisseur (...). Il fallait une haute paye pour décider un maçon à disparaître dans cette sape fétide (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 528). J'étais comme le mineur qui sort pour un moment de ses sapes et qui s'aperçoit qu'on est tout de même au mois d'avril (CLAUDEL, Otage, 1911, I, 1, p. 224).
4. Au fig. Manœuvres obscures tendant à détruire sournoisement quelque chose. Que pouvait notre sainte masure de Port-Royal, de toutes parts croulante et en ruines, contre ces sapes calculées et savantes? (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 534). Un Parodi, un Teitgen, un Bidault, il n'y a pas si longtemps, menaient encore leur lutte nocturne, et la sape qu'ils creusaient, ils pouvaient croire à chaque instant qu'elle allait déboucher, non dans le salon d'un ministère, mais dans une cellule ou une chambre de torture (MAURIAC, Bâillon dén., 1945, p. 469).
B. — 1. Action de saper, de détruire un édifice en l'attaquant à la base. La brèche, pratiquée soit par la sape soit par la mine (MÉRIMÉE, Ét. arts Moy. Âge, 1870, p. 220). Les niches qui entourent ces statues sont posées latéralement et du même côté, par rapport aux becs saillants ou aux éperons qui renforcent ces tours contre la sape (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 242).
2. P. anal., GÉNIE MILIT. Action de pratiquer des sapes. Nos troupes entreprenaient alors, sur leur front d'attaque, des travaux de sape et mine, en vue de réduire les points essentiels de la défense ennemie (FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. 259).
3. P. anal. Action de creuser. Cet affouillement était un des plus compliqués parmi ces dédales, travail de l'eau, sape de la mer infatigable (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 278). Tu as entendu l'araignée bricolant dans sa toile, et dans le sol du camp la sape de la taupe (GIRAUDOUX, Judith, 1931, III, 7, p. 244).
4. Au fig. Action d'essayer de détruire quelque chose de façon insidieuse et radicale. Nous avions, les uns et les autres, le pressentiment d'un sourd travail de mine, accompli dans le sol national: finances, industrie et commerce. Il s'agissait (...) de préciser en quoi consistait exactement cette sape (L. DAUDET, Vers le roi, 1920, p. 240). Cet empirisme anglais (...) dont le travail de sape ruinait la raison elle-même (Philos., Relig., 1957, p. 34-5).
Prononc. et Orth.:[sap]. Att. ds Ac. dep. 1835. Homon. et homogr. sape1 et 3. Étymol. et Hist. 1. 1559 sappe « tranchée creusée dans un mur pour l'abattre » (G. DU BELLAY ds Mém. de M. du Bellay, L. VIII, éd. 1569, 248 v °); 1563 sape (B. PALISSY, Recepte veritable ds Œuvres, éd. A. France, p. 152); 2. 1631-43 « tranchée servant à s'approcher à couvert de l'ennemi » (Mal DE BASSOMPIERRE, Journal de ma vie, mém., éd. de Chantérac, t. 2, p. 296); 3. 1751 au fig. (Abbé PRÉVOST, Lettres angl. ou Hist. de miss Clarisse Harlove, p. 62: Quelles que puissent être mes vues, sa pénétration [de Clarisse] m'obligent à travailler à la sape [it. ds le texte]); 4. ca 1875 arg. désigne l'arme du Génie (d'apr. ESN.); 1894 (LÉVY-PINET, p. 277). Déverbal de saper2.
III.
⇒SAPE3, subst.
Argot
A. — Au masc. ,,Vêtement d'homme (complet ou vêtement habillé)`` (CELLARD-REY 1980). Voilà, fit-elle [une veuve], j'ai pris son plus beau sape. Le bleu pétrole. Même pas trois semaines qu'il l'avait. Quatre vingts sacs (A. BASTIANI, Le Pain des Jules, 1960, p. 85, ds CELLARD-REY 1980).
B. — Au fém. plur., plus cour. Habits, vêtements. Mon costard commençait à se friper vilainement, et toutes mes sapes de rechange (...) se trouvaient à ma crèche [dont je m'étais enfui] (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 180).
Prononc. et Orth.:[sap]. Homon. et homogr. sape1 et 2. Étymol. et Hist. 1926 de belles sapes (voyoux d'apr. ESN.); 1927 sapes (DUSSORT, Preuves exist., dép. par Esnault, 1938, p. 108). Déverbal de saper3.
STAT. — Sape1, 2 et 3. Fréq. abs. littér.:95.
1. sape [sap] n. f.
ÉTYM. XVe; bas lat. sappa.
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♦ Régional. Outil agricole, hoyau ou faux. — Outil du génie civil, pioche à large fer. || Sape de mineur.
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DÉR. 2. Saper.
HOM. 2. Sape, 3. sape, 4. sape, formes des v. 1. saper, 2. saper, 3. saper.
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2. sape [sap] n. f.
ÉTYM. 1560; de 1. saper.
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1 Tranchée d'approche pour atteindre un obstacle ennemi, préparer un siège. || Faire, pousser une sape (→ 2. Mine, cit. 7). || Tête de sape, son extrémité antérieure où creusent les sapeurs. || Sape à ciel ouvert. — Fosse creusée au pied d'un mur, sous un bâtiment, pour le faire écrouler. ⇒ Mine.
1 Une nouvelle torche rouge flamboie dans le barbelé, des éclats passent en sifflant. Trois… quatre… cinq obus, dont le fracas assourdit. Le dos courbé, nous nous engouffrons dans la sape. Ouf ! On respire.
R. Dorgelès, la Drôle de guerre, XVI.
♦ Par métaphore, fig. || Pousser une sape difficile (→ Relève, cit.).
2 La sape que celui-ci (Rousseau) pratique au pied des murailles semble plus bornée, mais n'en est que plus efficace, et la machine de destruction qu'il emploie est aussi une idée neuve de la nature humaine.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. II, II, p. 29.
2 Par ext. Tranchée (quelle qu'elle soit); abri creusé dans le sol.
3 J'ai pris des grenades (…) je les ai balancées dans une de leurs sapes (…) Ils devaient bien être vingt dans une grande sape comme ça (…)
Roger Vercel, Capitaine Conan, I, p. 32.
3 Action de saper, ensemble des travaux nécessaires pour faire une sape (2.). || Travaux de sape. — Fig., rare. Destruction par la base, menée souterraine pour miner. || La sape des institutions. ⇒ 1. Sapement.
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HOM. 1. Sape, 3. sape, 4. sape, formes des v. 1. saper, 2. saper, 3. saper.
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3. sape [sap] n. f.
ÉTYM. 1928; de 2. saper; ou abrév. de 2. sapement.
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♦ Condamnation. ⇒ 2. Sapement.
0 Il m'a en tout en échange embarqué que deux fois !… et pour deux sapes d'entôlement où que j'étais parfaitement indemne (…)
Céline, Guignol's band, p. 75.
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4. sape [sap] n.
ÉTYM. 1926; déverbal de 3. saper.
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1 N. m. Costume, complet (d'homme). || « J'ai pris son plus beau sape. Le bleu pétrole » (A. Bastiani, in Cellard et Rey).
2 N. f. (Au pluriel; plus cour.). Vêtements. ⇒ Fringues. || Des sapes neuves.
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HOM. 1. Sape, 2. sape, 3. sape, formes des v. 1. saper, 2. saper, 3. saper.
Encyclopédie Universelle. 2012.