taxer [ takse ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1464; tausser « évaluer » XIIIe; lat. taxare, du gr. taxis, de tassein « ranger, fixer »
I ♦
1 ♦ Fixer à une somme déterminée, en parlant de l'État, d'un tribunal. Taxer la valeur, le prix d'une chose à tant. Prix taxés. Taxer les dépens.
2 ♦ Soumettre à une imposition, une taxe (2o).
3 ♦ Frapper (un service, une transaction, et par ext. ce qui en fait l'objet) d'une taxe (3o); percevoir une taxe sur. ⇒ imposer. Taxer les objets de luxe, les boissons. « On taxe tout, hormis l'air » (Bainville).
4 ♦ Fam. Extorquer de force, voler. ⇒ piquer. « C'est ma montre. Je l'ai taxée sur la plage à une baigneuse » (Y. Queffélec). Il m'a taxé (de) cent balles.
II ♦ Fig. (1538; lat. taxare « frapper; blâmer », de tangere « toucher ») TAXER QQN DE... : accuser de. Taxer qqn de négligence, de vanité.
♢ Par ext. Qualifier (qqn, qqch.) de. ⇒ appeler, qualifier. « Ces révoltes contre la froide raison que les esprits médiocres taxent de folie » (Renan). « L'adolescence taxe volontiers l'âge mûr de frivolité » (Tournier).
● taxer verbe transitif (latin taxare) Soumettre quelque chose à un impôt, à une taxe, à une taxation. Accuser, qualifier quelqu'un de quelque chose : Taxer un employé de malhonnêteté. Évaluer les dépens dans un procès. Populaire. Soutirer quelque chose à quelqu'un ou le lui extorquer par l'intimidation ou la violence : Il l'a taxé de cent balles. ● taxer (difficultés) verbe transitif (latin taxare) Construction Taxer de (= accuser de) se construit toujours avec un nom (mais jamais avec un adjectif, à la différence de traiter) : taxer qqn de sottise (mais : traiter qqn de sot). ● taxer (homonymes) verbe transitif (latin taxare) ● taxer (synonymes) verbe transitif (latin taxare) Soumettre quelque chose à un impôt, à une taxe, à une...
Synonymes :
- imposer
Accuser, qualifier quelqu'un de quelque chose
Synonymes :
- dénommer
- traiter de
taxer
v. tr.
rI./r
d1./d Fixer en tant qu'autorité compétente le prix de. Taxer les dépens d'un procès.
d2./d Faire payer un impôt, une taxe sur. Taxer les boissons alcoolisées.
rII./r Fig.
d1./d Taxer qqn de, l'accuser de. On me taxe d'outrecuidance.
d2./d Désigner péjorativement sous le nom (de). Sa bonté, que certains taxent de faiblesse.
⇒TAXER, verbe trans.
A. — Fixer le prix (des denrées).
1. [Le compl. désigne des denrées] Taxer le fourrage, le pain, les vivres. Il faut taxer la farine et guillotiner quiconque spécule sur la nourriture du peuple (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 20). Les bouchers ont décidé ce mouvement pour protester contre les prix taxés sans rapport avec les prix de vente du bétail sur pied dont ils sont approvisionnés (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 8, col. 1).
2. DR. Taxer les dépens d'un procès. Taxer les vacations à tant (BESCH. 1845-46).
B. — 1. Imposer, soumettre à une taxe. On l'a taxé bien haut; taxer d'office; taxer les objets de luxe, les signes extérieurs de richesse, les grandes fortunes, les importations. Cet abus de cette horrible chose, la boisson et dans la boisson cet abus lui-même (...) que les gouvernements devraient sinon supprimer (...) du moins terriblement taxer et imposer: l'absinthe! (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 110). [Les] Conseils directoriaux (...) ne se résignèrent pas aisément à taxer légèrement le tabac (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 580).
2. Arg. de la prostitution. Taxer qqn. Obliger une prostituée à réaliser un gain minimum. Une prostituée sur quatre a été violée dès l'enfance, le plus souvent par son père (...). Sept femmes sur dix sont « maquées » et « taxées », annonce Benoîte Groult dans sa préface à « La Dérobade » (Le Nouvel Observateur, 17 mai 1976, p. 64, col. 3).
C. — Au fig.
1. a) Taxer qqn de qqc.
— Accuser quelqu'un de. Taxer d'avarice, d'imprudence, de malhonnêteté, de méchanceté, de négligence, de vanité. Personne ici ne songe au fait qu'une nouvelle condamnation de Dreyfus, pour trahison commise en faveur de l'Allemagne, taxerait de mensonge le gouvernement allemand, qui a déclaré solennellement devant le monde que l'Allemagne n'avait eu affaire ni directement ni indirectement avec Dreyfus (Affaire Dreyfus, 1900, p. 254).
— Qualifier, traiter quelqu'un de. Je n'avais pas l'honneur de connaître M. Taine, ajouta M. de Charlus (avec cette irritante habitude du « Monsieur » inutile qu'ont les gens du monde, comme s'ils croyaient, en taxant de monsieur un grand écrivain, lui décerner un honneur, peut-être garder les distances, et bien faire savoir qu'ils ne le connaissent pas) (PROUST, Sodome, 1922, p. 1052). Bien que mes idées religieuses me fassent taxer de vieux réactionnaire, vous avez pu comprendre combien chez moi le Français cède le pas sur tout autre personnage (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 145).
Rem. Taxer pour traiter est considéré comme une impropriété. DUPRÉ 1972 note cependant: ,,Cette faute est assez répandue``.
b) Taxer qqn de + inf. (vieilli). Blâmer quelqu'un de. Taxer d'être avare. Il revint dans sa bonne ville Et très bientôt (...) Se vit promu (...) Président, s'il vous plaît, du Tribunal civil De la ville, et taxé par les uns d'être vil, Par les autres d'être un malin (VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 335).
— Empl. abs. ,,Je ne taxe personne`` (BESCH. 1845-46). ,,Je ne fais tomber sur personne le soupçon, le reproche, l'accusation dont il s'agit`` (BESCH. 1845-46).
2. Taxer qqc. de qqc. Qualifier quelque chose de. Taxer une affirmation de mensonge. N'est-ce pas le plus grand malheur qui puisse affliger un parti, que d'être représenté par des vieillards, quand déjà ses idées sont taxées de vieillesse? (BALZAC, Cabinet ant., 1839, p. 19). En France, 30 millions d'hectares, sur 45 millions qui constituent « le domaine de la chasse », restent livrés « à la chasse banale, que l'on doit taxer de véritable plaie » (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 195).
3. Taxer qqc. à qqn (pop., néol.). Voler, emprunter. Synon. fam. piquer. ,,Il m'a taxé mon pépin (il m'a emprunté mon parapluie sans vraiment me le demander)`` (MERLE Fr. branché 1986).
D. — Empl. pronom.
1. réfléchi
a) Fixer une somme qu'on s'engage à donner pour un certain objet. Tous ses amis se taxèrent pour lui venir en aide; toutes les villes se taxèrent à l'envi pour subvenir aux besoins de l'État (Ac. 1935). Chauvel (...) souriait dans sa barbe. — Ah! La mauvaise race! criait maître Jean. Mais lui, disait:— Que voulez-vous? Ces gens-là s'aiment, ils n'ont pas assez mauvais cœur pour se taxer, ni se faire du mal (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 108).
b) Se juger, s'accuser soi-même. Il s'est taxé de trop d'indulgence (LITTRÉ).
2. réciproque. S'accuser réciproquement. Se taxer de tous les vices. Ils se sont taxés tous les deux de poltronnerie (BESCH. 1845-46). Ils se taxaient mutuellement d'hypocrisie (Lar. 19e).
3. passif
a) Être imposé. Tout se taxe actuellement, même l'air que nous respirons (Nouv. Lar. ill.).
b) Se taxer de. Être qualifié de. Son intelligence, étroite, mesquine, spécialisée, ne s'élevait jamais jusqu'à cette vision supérieure de la vie, après laquelle un effort désintéressé ne se taxe plus de naïveté (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 13). On est parvenu à bannir de l'esprit tout ce qui se peut taxer à tort ou à raison de superstition, de chimère (BRETON, Manif. Surréal., 1er Manif., 1924, p. 23).
Prononc. et Orth.:[takse], (il) taxe [taks]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1247 tauxer « régler les frais de justice, les amendes » (doc. ds RUNK., p. 99); XIIIe s. tausser « évaluer, estimer à sa valeur » (Poire, 53 ds T.-L.); ca 1260 tausier « id. » (Ménestrel Reims, 435, ibid.); 1283 tausser « id. » (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, 26, 986, 1100, 1513); b) 1271-72 taxer « id. » (doc. de La Rochelle ds Z. fr. Spr. Lit. t. 84, p. 345); 1464 taxer « fixer la taxe à payer par quelqu'un » (doc. ds BARTZSCH, p. 99); 1679 « régler officiellement le prix d'une denrée » (RICH.); 1690 taxer (qqc.) « mettre un impôt (sur quelque chose) » (FUR.); 2. 1538 « blâmer, accuser » (EST.). Empr. au lat. taxare « toucher souvent et fortement; blâmer, reprendre, estimer, évaluer », lui-même empr. au gr. « ranger, fixer » (pour l'hist. de taxare, v. en partic. ERN.-MEILLET). La forme taxer a évincé tausser (v. taxation). Fréq. abs. littér.:246. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 566, b) 395; XXe s.: a) 204, b) 223.
DÉR. 1. Taxable, adj. Qui peut être taxé, soumis à une taxe. Synon. imposable. Denrées, marchandises taxables. Dans l'entreprise moderne, l'amortissement n'est plus pratiquement autre chose qu'un bénéfice non taxable réservé à de nouveaux investissements (Univers écon. et soc., 1960, p. 22-8). — []. — 1res attest. 1482 (Lettres de Louis XI ds BARTZSCH, p. 116), 1788 (FÉR. Crit.); de taxer, suff. -able. 2. Taxateur, -trice, subst. a) Dr. Personne qui taxe, qui fixe la taxe. La réglementation du commerce des grains tomba en désuétude (...) Roland ne cessait de la condamner (...), alors que les taxateurs venaient de déchaîner encore une fois des troubles violents (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 287). Empl. adj., dr. Juge taxateur. Juge qui taxe les dépens. (Dict. XIXe et XXe s.). b) Subst. masc., télécomm. ,,Appareil qui permet d'enregistrer et de calculer le coût des communications téléphoniques`` (Termes nouv. Sc. Techn. 1983). — [], fém. [-]. Att. ds Ac. dep. 1762. — 1res attest. a) 1703 « juge qui taxe les dépens » (Arrêt du Parlement de Provence du 28 juin ds Trév. 1752), b) 1768 « individu chargé de fixer la taxe » (Éphém. Citoy., I, 182 ds BRUNOT t. 6, p. 247), c) 1798 « employé des postes qui taxe les envois » (Ac.); de taxer, suff. -(at)eur2; cf. anciennement 1464 taxeur (J. LAGADEUC, Catholicon ds GDF.); taxador est att. en a. gasc. dès 1378 (LEVY Prov.). 3. Taxatif, -ive, adj., dr. Que l'on peut taxer. Synon. imposable, taxable. Les dépens sont toujours taxatifs (BESCH. 1845-46, s.v. taxer). Des revenus taxatifs (QUILLET 1965). — [taksatif], fém. [-i:v]. — 1res attest. 1585 « relatif à la taxe? » (J. PAPON, Premier Notaire, 685 ds HUG.), 1845 « qui peut être taxé » (BESCH.); de taxer, suff. -(at)if; cf. 1585 taxativement « relativement à la taxe? » (J. PAPON, op. cit., 199 ds HUG.); 1692 taxativement « d'une manière qui taxe, qui détermine » (BOISLISLE, Corresp. contrôl. génér., p. 283 ds LITTRÉ Suppl. 1877).
BBG. — QUEM. DDL t. 11. — VERREAULT (Cl.). Les Adj. en -able en franco-québécois. In: Trav. de ling. québécoise. 3. Québec, 1979, annexe 2 122; p. 218 (s.v. taxable).
taxer [takse] v. tr.
ÉTYM. V. 1282; tausser, tauxer, 1247, et jusqu'au XVIe. → Taux; lat. taxare, du grec taxis, de tassein « ranger, fixer », mais les formes anc. viendraient de talitiare (tausser), ce qui rattache le mot à tailler (Guiraud).
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1 a Fixer à une somme déterminée, en parlant de l'État, d'un tribunal. ⇒ Taxe. || Taxer les dépens. || Taxer la valeur, le prix d'une chose à tant. || Taxer les dépenses. — Vx. || Taxer l'impôt, en fixer le montant.
b Fixer, régler le prix de… Vieilli. || « Un libraire qui taxe un livre à dix francs » (→ Revendeur, cit. 1, Balzac).
2 (1471). Soumettre à une imposition, à une taxe (2.). || Taxer qqn (→ Prélever, cit. 3). || Taxer d'office.
3 (1690). Frapper (un service, une transaction, et, par ext., ce qui en fait l'objet) d'une taxe (3.); percevoir une taxe sur… ⇒ Imposer. || Taxer les objets de luxe, les boissons. || Taxer les portes cochères (cit. 1). || « On taxe tout, hormis l'air… » (→ Impôt, cit. 12).
4 Fam. (surtout oral). Prendre (qqch. à qqn), notamment sous la menace. ⇒ Voler. || Il s'est fait taxer son blouson par une bande. || Taxer une cigarette à qqn.
1 Cette montre, lui dit Karim en examinant son poignet. Elle est à sa place ? C'est ma montre. Je l'ai taxée sur la plage à une baigneuse.
Yann Queffélec, Disparue dans la nuit, p. 36.
♦ (Compl. n. de personne). || Taxer qqn de qqch. || Je peux te taxer d'une cigarette ?
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II Fig. (du lat. taxare « frapper; blâmer », fréquentatif de tangere « toucher », plus ou moins confondu en latin avec taxare, de taxis).
2 (Déb. XVIIe, « accuser »). || Taxer qqn de… ⇒ Accuser, charger. || Taxer qqn de méchanceté, de négligence, de vanité (→ 1. Louer, cit. 2; et aussi gongorisme, cit. 1). — V. pron. || Se taxer de… — Vieilli. || « Ne pouvant taxer (mon cœur) de s'attiédir pour toi » (Rousseau, la Nouvelle Héloïse, t. II, p. 15). On dit encore, avec le verbe être : on le taxe d'être avare (Académie).
2 (…) le monde injuste et léger accuse un père qui se tait, qui dévore en secret ses peines ! On le taxe de dureté pour les sentiments qu'il refuse au fruit d'un coupable adultère !
Beaumarchais, la Mère coupable, II, 2.
♦ (1830). Par ext. Qualifier (une personne, une chose) de… ⇒ Traiter (de). || Taxer qqn de monsieur (→ Honneur, cit. 86). || Taxer une chose de fable (→ Attelage, cit. 5). || « Toute musique qui voulait dire quelque chose était taxée d'impure » (cit. 2). → aussi Fidélité, cit. 4; folie, cit. 18.
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taxé, ée p. p. adj.
♦ || Prix taxés. || Objets de luxe taxés, lourdement taxés.
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DÉR. Taxable, taxateur, taxatif.
COMP. Détaxer, surtaxer.
Encyclopédie Universelle. 2012.