tailler [ taje ] v. <conjug. : 1> I ♦ V. tr.
1 ♦ (1080) Vx Trancher, couper net. Fig. Tailler des croupières à qqn.
♢ Frapper avec une arme tranchante. — Par ext. Mod. Tailler une armée en pièces. — Vx Frapper de taille (opposé à pointer). — Tailler la route.
2 ♦ Couper, travailler (une matière, un objet) avec un instrument tranchant, de manière à lui donner une forme déterminée. Tailler qqch. en pointe, en biseau. Tailler une pièce de bois. ⇒ chantourner, équarrir. Tailler la pierre. ⇒ épanneler. Tailler un diamant en brillant, en table. ⇒ polir. Tailler un crayon, le tailler en pointe pour dégager la mine (⇒ taille-crayon) . Vieilli Se tailler les moustaches, les ongles. ⇒ couper.
3 ♦ (1283) Tailler un arbre, un arbuste, en couper certains bourgeons, rameaux ou branches pour le débarrasser d'un excès de feuillage, lui donner une forme régulière, améliorer la production des fruits. ⇒ élaguer, émonder, ravaler. Tailler la vigne au sécateur. Tailler un if en cône (⇒ topiaire) . Tailler une haie (⇒ taille-haie) .
4 ♦ (XIIe) Confectionner, obtenir (une chose) en taillant (3o), en découpant une matière et en en retranchant ce qui est inutile. « C'était un grand Vaisseau taillé dans l'or massif » (Nelligan). Tailler des torchons dans un drap usagé. — Tailler un vêtement : découper les morceaux que l'on coud ensuite pour faire le vêtement. ⇒ couper. Des corsages « taillés d'après les plus récentes fantaisies de la saison » (Loti). — Par métaph. « On a taillé sur ce patron plusieurs millions d'êtres absolument semblables » (Taine).
♢ Fam. Tailler un costard (un costume), une veste à qqn, dire du mal de lui en son absence (cf. Habiller qqn pour l'hiver). Tailler une bavette.
♢ Se tailler qqch. « C'est avec son couteau qu'il se taillait des bâtons de voyage » (France). — Se tailler la part du lion. Se tailler un empire colonial. — Fig. Obtenir. Se tailler un franc succès.
II ♦ V. intr.
1 ♦ (XIIe) Faire des incisions, des entailles. Spécialt(dans la chair) Les chirurgiens « taillaient à même la chair » (Duhamel). — Loc. Tailler dans la chair, dans le vif.
2 ♦ (D'un vêtement) Modèle, marque qui taille petit, grand, qui est petit, grand pour la taille annoncée.
III ♦ SE TAILLER v. pron. (1945) Pop. Partir, s'enfuir. ⇒ se casser, se tirer (cf. Tailler la route). « En auto, en moto, ils se sont tous taillés » (Sartre). Taillons-nous !
● tailler verbe transitif (latin populaire taliare, du latin classique talea, bouture) Donner une forme déterminée à quelque chose en enlevant certaines parties avec un instrument tranchant : Tailler un diamant. Tailler sa barbe en pointe. Tailler des sculptures. Couper dans un tissu les pièces nécessaires à la confection d'un vêtement : Tailler une jupe dans un beau velours. Pratiquer la taille d'un arbre, d'un arbrisseau, d'un cep de vigne. Réaliser la denture d'un élément d'engrenage ou d'un outil (fraise, alésoir, etc.). ● tailler (citations) verbe transitif (latin populaire taliare, du latin classique talea, bouture) Catherine de Médicis, reine de France Florence 1519-Blois 1589 C'est bien taillé, mon fils ; maintenant il faut recoudre. Commentaire Catherine de Médicis aurait adressé ces paroles à son fils Henri III après l'exécution du duc de Guise, le 23 décembre 1588. ● tailler (expressions) verbe transitif (latin populaire taliare, du latin classique talea, bouture) Machine à tailler, synonyme de tailleuse. Familier. Tailler une veste, un costard à quelqu'un, le critiquer violemment. ● tailler (homonymes) verbe transitif (latin populaire taliare, du latin classique talea, bouture) ● tailler (synonymes) verbe transitif (latin populaire taliare, du latin classique talea, bouture) Pratiquer la taille d'un arbre, d'un arbrisseau, d'un cep de...
Synonymes :
- ébrancher
- élaguer
- émonder
- étêter
Machine à tailler
Synonymes :
● tailler
verbe intransitif
Faire une coupure, une incision dans quelque chose : Tailler dans les chairs avec un scalpel.
● tailler (homonymes)
verbe intransitif
tailler
v.
rI./r v. tr.
d1./d Vx Couper, trancher.
|| Loc. fig. Mod. Tailler en pièces: anéantir.
d2./d Couper, retrancher les parties superflues de (une chose) pour lui donner une certaine forme, pour la rendre propre à un usage. Tailler une pierre. Tailler en biseau.
d3./d Prélever à l'aide d'un instrument tranchant (une partie d'un tout) selon la forme, les dimensions voulues. Le boucher taillait d'épaisses tranches dans le filet.
|| Cour. Tailler un vêtement, couper dans l'étoffe les morceaux qui le formeront.
rIII/r v. Pron. (En loc.) Prendre, obtenir pour soi.
— Fig. Il s'est taillé un vif succès. Se tailler la part du lion.
⇒TAILLER, verb. trans.
I. — Couper, trancher.
A. — [Le compl. désigne un inanimé concr.] Tailler des tartines, des mouillettes de pain; tailler le foin. Le lieutenant tailla dans le gigot de l'intendance une tranche épaisse et la coupa en larges morceaux (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 40). Il taillait ce chêne en lanières avec prestesse, y engageant le fer, et le manœuvrant d'un mouvement continu de son poignet cerclé de cuir (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 32).
♦ Vieilli. Tailler (le pain de) la soupe.
♦ APIC. Tailler les ruches. ,,Prélever une partie du miel dans les ruches à l'aide de couteaux recourbés`` (FÉN. 1970).
— Empl. pronom. réfl. indir. Tout en causant, elle se taillait de larges tranches de pain (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 93).
— Empl. intrans. Honoré taillait dans la miche de pain rassis (AYMÉ, Jument, 1933, p. 43). Les outils de métal coupent ou taillent mieux que les couteaux ou les herminettes de pierre (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 18).
1. Locutions
b) Vieilli. Tailler les morceaux (à qqn). ,,Lui couper le pain, la viande en morceaux, de manière à ce qu'il n'ait plus qu'à manger`` (DG). Au fig. Tailler les morceaux (à qqn). ,,Limiter ce qu'il doit manger ou dépenser; lui prescrire ce qu'il doit faire`` (Ac. 1878). On nous a taillé nos morceaux bien courts (Ac. 1878).
c) Tailler des croupières (à qqn). V. croupière.
d) Empl. pronom. réfl. indir., au fig. Se tailler la part du lion. S'attribuer la plus grosse part d'un partage, au détriment des autres. Un jour même, il avait forcé Lydie à voler sa mère, il s'était fait apporter par elle deux douzaines de sucres d'orge (...). Le pis était qu'il se taillait la part du lion. Bébert, également, devait lui remettre le butin (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1365).
2. P. anal., MAR. [Le suj. désigne un navire] Tailler la lame et, en empl. intrans., tailler de l'avant, tailler de la route. Fendre l'eau à grande vitesse. J'étais fort désireux de voir un grand voilier tailler de la route dans une forte houle (A. GERBAULT, O.Z.Y.U. Dernier journal ds GRUSS 1978).
— P. anal., pop. [Le suj. désigne une pers.] Tailler la route. Prendre la route, partir pour aller au loin. Ceux qui avaient tâté d'une liberté même provisoire, même tôt interrompue, en conservaient la nostalgie. Ceux-là ne rêvaient plus que de « tailler la route » (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 220).
♦ Empl. abs.[Souvent à la forme impér.] Taille! Va-t-en! Sauve-toi! Allez, taille... dit Tounsi, maintenant y en a marre (R. CUREL, Brancula, 1969, pp. 136-137 ds CELLARD-REY 1980).
♦ Empl. pronom. Quitter un lieu rapidement, s'enfuir. Synon. pop. décamper, se barrer, se casser, se tirer. Se tailler à toute vitesse. Je me suis taillé par la fenêtre de la cuisine (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 61).
B. — [Le compl. désigne une pers.]
1. Vx. [Dans un cont. guerrier] Trancher, frapper avec une arme coupante, massacrer. Ces bruits furieux débouchèrent sur la place comme un ouragan: France! France! Taillez les manants! (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 519).
♦ Loc. Tailler en pièces (l'ennemi, une troupe). Déchiqueter, massacrer. Le duc René II tailla en pièces l'armée du terrible duc de Bourgogne (BARRÈS, Cahiers, t. 3, 1902, p. 41).
— Empl. intrans. Frapper de taille (p. oppos. à pointer). Les soldats entourés d'agression taillaient dans le tumulte (HAMP, Champagne, 1909, p. 167). Le dragon taillait, pointait, sa latte volait partout (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 274).
2. CHIRURGIE
a) Vx. Pratiquer l'opération de la taille. Il fut attaqué de la pierre; il fallut le tailler, et l'opération faite en apparence avec succès lui laissa cependant pour le reste de sa vie une très-grande incommodité (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t. 1, 1829, p. 7).
b) Empl. intrans. Couper, inciser. Le matin, il va voir à l'Hôtel-Dieu tailler et amputer (FLAUB., Corresp., 1846, p. 415). Les chirurgiens regardaient les plaies et ils taillaient à même la chair pour retrancher tout ce qui était douteux (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 153).
— Loc. Tailler dans le vif. Tailler dans la chair vivante; au fig., s'attaquer à l'essentiel à l'aide de moyens énergiques et rapides. Il arrivera encore, que des crises violentes forceront les dictatures, qu'elles soient populaires ou monarchiques, à tailler dans le vif et à exiger de la part des classes riches des sacrifices considérables (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 168).
3. Empl. pronom. réfl. [Le suj. désigne un cheval] ,,Se faire des entailles ouvertes au membre voisin, par l'un des pieds`` (ST-RIQUIER-DELP. 1975).
II. — Couper, enlever certaines parties (d'un objet, d'une matière) avec un instrument tranchant, afin de lui donner une forme déterminée.
A. — 1. [Le compl. désigne un objet] Tailler un crayon, un pieu; tailler qqc. en angle, en biseau, en dents de scie, en pointe. Scapin taillait de son couteau une baguette qu'il dépouillait d'écorce et qui devait servir de broche (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 159). Lors de la coupe [des cannes à sucre], on a eu soin de tailler en sifflet l'extrémité de la tige, facilitant ainsi l'introduction dans les cylindres de broyage (ROUBERTY, Sucr., 1922, p. 77).
— Vx. Tailler sa plume. Couper le tube d'une plume d'oie en forme de bec afin de pouvoir l'utiliser pour l'écriture. Julien avait taillé une vingtaine de plumes (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 373).
— Vieilli. Synon. de couper. Tailler sa moustache, sa barbe (en carré, en collier); tailler ses cheveux (court, en brosse); tailler ses ongles (à ras, en pointe). Ses favoris poivre et sel qu'il avait soigneusement taillés en triangles (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 63). Le coiffeur venait de tailler ses cheveux comme un buisson autour d'une plaque funéraire (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 162).
♦ Empl. pronom. réfl. indir. Les musulmans assemblés devant leurs mosquées, se lavaient les mains, les pieds, se taillaient les ongles, se peignaient la barbe (VOLNEY, Ruines, 1797, p. 81).
♦ Constr. factitive. Il négligeait de se faire tailler les cheveux (A. FRANCE, Vie littér., 1892, p. 252). Tristan, qui vient de se faire tailler la barbe, a les oreilles pleines de poils coupés (RENARD, Journal, 1902, p. 766).
— Tailler la pierre, les pierres. Donner à la pierre, aux pierres après sciage une forme qui les rendra utilisables, par la suite, dans la construction. [Ce peuple] coupait et taillait parfaitement les pierres; elles étaient placées et jointes suivant toutes les règles de l'art (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 91):
• ... quand il s'agit de donner des calepins propres à permettre de tailler la pierre loin du chantier, il faut simplifier les coupes (...), éviter (...) les évidements (...). Les Grecs taillaient leurs pierres à la carrière, épannelées très-près et n'exigeant plus qu'un ragrément.
VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 107.
2. Tailler qqc. dans une matière. Découper, confectionner. Une courroie de transmission de machine valait une petite fortune parce qu'on y taillait des semelles (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 197). Fabienne, qui est tout juste bonne à tailler des torchons dans les vieux draps (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p. 990).
a) En partic.
— Façonner, sculpter. Toutes les races, mêmes les plus primitives, possèdent la faculté d'orner des pots, de tailler des figurines dans le bois (FAURE, Hist. art, 1912, p. 227). Un artiste ébauche une maquette avant de tailler dans le marbre la statue (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 181).
♦ Loc. Tailler qqn en marbre. Lui faire sa statue, son buste. Je crois que le cher favori est jaloux des statues qui ornent les tombeaux de Quélus et de Maugiron? Eh bien (...) nous le ferons tailler en marbre à son tour (DUMAS père, Henri III, 1829, I, 7, p. 140).
— Tailler une route, un chemin. Ouvrir une voie à travers la roche, etc. Il fallut tailler un chemin dans le roc vif, en employant le fer et le feu (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 12). N'as-tu point entendu de cette route que les paysans taillaient tout au travers de la forêt? (CLAUDEL, Annonce, 1948, III, 2, p. 196).
♦ Empl. pronom. [Le suj. désigne une masse d'eau] Se créer un passage (par phénomène d'érosion). Se tailler une voie. Il a été facile aux eaux de se tailler de larges passages à travers les sables et les argiles (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 103).
b) [Le suj. désigne un écrivain, un rédacteur de revue] Effectuer des coupures, supprimer des passages dans un article, un ouvrage, pour le réduire à l'essentiel ou pour le censurer. Deslauriers touchait à son vieux rêve: une rédaction en chef, c'est-à-dire au bonheur inexprimable de diriger les autres, de tailler en plein dans leurs articles, d'en commander, d'en refuser (FLAUB., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 227). Mon livre presque achevé, j'ai été pris d'une sorte de folie de coupures. Vingt-trois pages ont sauté d'un coup (...). Et le lendemain, je me suis remis à tailler dans ce gros roman dont chaque phrase m'a donné tant de mal (GREEN, Journal, 1931, p. 75).
B. — [Le compl. désigne une matière] Façonner, sculpter. Tailler la pierre. Comme cet homme [Michel-Ange] taillait le marbre! (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 232). Mais le nègre, ne taillant que le bois et l'ivoire, peut-il œuvrer pareillement une matière dure telle que la pierre? (Arts et litt., 1935, p. 22-1).
— Tailler une pierre précieuse (diamant, rubis, etc.). Une fort belle parure prendrait place à côté de la précédente: composée de saphirs taillés en tablettes et entourés de brillants (MALLARMÉ, Dern. mode, 1874, p. 713). On le taille [le spinelle] en table, en brillant ou en cabochon avec le même bon résultat (METTA, Pierres préc., 1960, p. 84).
♦ Empl. pronom. à sens passif. Au milieu de ces tanières s'élève un haut bâtiment de bonne mine, à larges fenêtres, où j'entends ronfler le bruit d'une machine à vapeur. C'est l'établissement où se taillent les diamants (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 122). Quand elle n'est pas présentée en cabochon, l'émeraude se taille très simplement en table et en terrasse, en carré ou rectangle aux coins abattus (METTA, Pierres préc., 1960, p. 81).
C. — Spécialement
1. ALPIN. Tailler des marches, des escaliers. Creuser et façonner des marches, des escaliers dans la glace à l'aide d'un piolet ou d'une hachette. [Tartarin] ne prit pas au sérieux les difficultés de la route, si l'on peut appeler route la terrible arête de glace sur laquelle ils avançaient (...) tellement glissante que le piolet de Christian devait y tailler des marches (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 189).
2. ARBORIC. Couper une partie des rameaux ou des branches d'un végétal (arbuste, arbre fruitier ou d'ornement) afin d'améliorer sa végétation, sa fructification ou son aspect. Synon. ébrancher, élaguer, émonder. Tailler un rosier, un hortensia, un lilas, un cerisier, un buis, un if; tailler une haie; tailler les vieux sarments de la vigne; tailler un conifère en cône, en boule, en pyramide; tailler des arbres en voûte; tailler court, long. Les habitants taillent partout le tilleul en arcade [dans le Loiret] (MICHELET, Journal, 1835, p. 216). Au printemps, on taille les arbres fruitiers et la vigne (DEBATISSE, Révol. silenc., 1963, p. 23).
— Absol. Il faut avoir soin, lorsqu'on taille, de placer le crochet [du sécateur] au-dessus du bois à tailler (BRUNET, Matér. vitic., 1909, p. 132).
3. COUT. Découper dans une étoffe les différentes parties d'un vêtement dans le but de les assembler et de les coudre. Synon. couper. Tailler un manteau; tailler un habit sur mesure; porter un vêtement bien, mal taillé. Elle revit soudain sa mère occupée à lui tailler la robe, un soir d'hiver, l'étoffe étalée sur la table de la salle (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 166). Cette merveilleuse étoffe indienne, qu'en as-tu fait? (...) On pourrait tailler une blouse extraordinaire là dedans! (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 504).
— Absol. [Maman], si vive, réfléchissait longuement avant de tailler à même l'étoffe (DUHAMEL, Notaire Havre, 1933, p. 61). Si elles [les nobles dames] ne tissent pas (la besogne passe pour inférieure), elles taillent, elles cousent, elles ornent (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 140).
♦ Tailler en plein drap, en pleine étoffe.
Empl. pronom. réfl. indir. On se taillait des vêtements dans les couvertures (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 334). Elle se taillerait une robe de matin (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 156).
— P. métaph. V. étoffe C 1 ex. de Thibaudet.
— Loc. fig.
♦ Tailler de la besogne (à qqn). Prévoir, procurer du travail à quelqu'un. Tout le livre retomba sur elle; quand il [son père] lui avait taillé sa besogne (...) il partait se promener (GONCOURT, G. Lacerteux, 1864, p. 21). Empl. adj. Je crois que Sa Grâce a pour le moment de la besogne toute taillée qui l'empêchera d'entrer dans vos vues politiques (DUMAS père, C. Howard, 1834, I, tabl. 1, 2, p. 211).
♦ Être taillé sur le même patron. Ressembler à quelqu'un. Dieu merci! tous les gentilshommes n'étaient pas taillés sur le même patron que Gaspard (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 31). Séverac, Pascal, Carvajan sont taillés sur ce patron. C'est l'idéal du héros bourgeois, c'est-à-dire l'ancien héros romantique pourvu de diplômes (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 345).
♦ Après avoir taillé, il faut coudre. Il faut aller jusqu'au bout de ce que l'on a entrepris. (Dict. XIXe et XXe s.).
4. MÉCAN. Tailler des engrenages. Réaliser à l'aide d'une machine la denture d'une roue d'engrenage, d'un outil. Ceux qui construisent beaucoup d'engrenages ont intérêt à les tailler avec des machines spéciales (GORGEU, Machines-outils, 1928, p. 25).
D. — Au fig.
1. Vieilli. Tailler et rogner. Disposer de tout selon sa propre fantaisie. Notre digne patron (...) est sur nos épaules, taillant, rognant à tort et à travers, nous imposant ses lubies, ses aberrations, ses caprices (SAND, Corresp., t. 1, 1831, p. 167).
2. Empl. pronom.
a) Se tailler un empire, un royaume, un marché, une fortune, une place. Se créer, se procurer quelque chose au prix d'efforts obstinés. En dix ans, il s'était taillé une jolie fortune (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 151). Un serment, qu'était-ce, pourvu qu'à ce prix, comme vassal théorique du basileus, il pût se tailler quelque vaste principauté en Asie (...)? (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 21).
b) Se tailler un succès. Se faire brillamment remarquer, obtenir du succès grâce à des qualités d'endurance et d'obstination. Il était étonnamment endurant, ce petit bonhomme pâle et têtu, habitué au dur travail de la mine. Il se tailla un succès, gagna de l'argent, fut admiré des femmes (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 169).
III. — Vieilli. Partager, répartir.
A. — MONNAIE. ,,Diviser un marc d'or ou d'argent en une certaine quantité de pièces de monnaie, suivant ce qui est ordonné par les règlements`` (Ac. 1835, 1878).
B. — HIST. Tailler l'impôt. ,,Le répartir`` (DG). P. méton. Tailler le peuple. Le soumettre à la taille (v. ce mot II B). Tailler (à corvée et) à merci (v. ce mot I B). La noblesse et le clergé taillaient à corvée et à merci les serfs de la province (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 203). Jean de Meung se montre sévère à ces seigneurs qui (...) taillent à merci la pauvre gent (FARAL, Vie temps st Louis, 1942, p. 248).
C. — JEUX(cartes). Diviser un jeu de cartes en parties égales. [Comme le croupier] ne peut tenir tout ce paquet de jeux à la main, il le taille ensuite avec de petits cartons en parties à peu près égales, prenant successivement, ensuite, dans le cours du jeu, les paquets partiels séparés par ces petits cartons (Les Joueuses, 1868 ds RIGAUD, Dict. arg. mod., 1881, p. 358).
— [Le suj. désigne le joueur nommé banquier] Tailler une banque. ,,Distribuer les cartes et jouer seul contre tous les autres joueurs`` (Ac. 1935). Les deux joueurs s'assirent face à face, et l'Espagnol disposa devant lui, de l'or et des billets, pour vingt mille francs environ. (...) la plupart des assistants se pressaient autour de la table, curieux de voir l'Espagnol tailler une banque (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 292). Empl. abs. Lenoir qui taillait au Passage-Club regarda avec reproche le croupier. Par deux fois, celui-ci avait oublié de ratisser les cartes, il avait fallu lui faire signe (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 438).
♦ Tailler un baccarat, un lansquenet, un pharaon, etc. ,,Tenir la main et distribuer les cartes, jusqu'à ce que la main passe`` (DG). Après son dîner, votre seigneur et maître A son club est allé tailler le baccarat (MURGER, Nuits hiver, 1861, p. 121). On faisait le whist et on taillait un lansquenet dans un autre salon (KOCK, Ficheclaque, 1867, p. 94). Dans le grand salon jaune (...), Jeanne Vaubernier (...) avait taillé le pharaon de la main gauche (ARÈNE, J. des Figues, 1870, p. 48). Empl. intrans. Le directeur des théâtres à Naples était un (...) garçon de café qui, à force de jouer, et surtout de tailler au pharaon, et de donner à jouer, s'est fait une fortune de plusieurs millions (STENDHAL, Rossini, t. 1, 1823, p. 197).
Prononc. et Orth.:[], [ta-], (il) taille [], [taj]. Lar. Lang. fr. [taje]. MARTINET-WALTER 1973 [--, -ta-] (8, 9). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) ) 2e moit. du Xe s. talier « couper en plusieurs morceaux » (S. Léger, éd. J. Linskill, 157); ca 1100 absol. « trancher » (Roland, éd. J. Bédier, 1339: Durendal, ki ben trenchet et taillet); ) fin XIIIe s. [ms.] « battre, défaire des hommes, des adversaires » (Continuations de Perceval [ms. Montpellier, Bibl. de l'Ec. de Méd., H 249], éd. W. Roach, t. 2, 18075); 1579 tailler (qqn) en pièces (LARIVEY, Laquais, II, 2 ds Anc. théâtre fr., éd. Viollet le Duc, t. 5, p. 39); b) ) ca 1165 absol. « faire une incision, une entaille dans les chairs » (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, 14609 ds T.-L.); ) 1562 arboric. (DU PINET, Hist. du Monde de C. Pline Second, Lyon, C. Senneton, t. 1, p. 474: tailler les arbres); c) 1928 intrans. « s'en aller, partir » (LACASSAGNE, Arg. « milieu », p. 192); 1945 pronom. « id. » (SARTRE, Sursis, p. 178); d) 1946 tailler la route (AMBRIÈRE, Gdes vac., p. 220); 2. a) ca 1140 « couper, travailler une matière, un objet avec un instrument tranchant de manière à lui donner une forme déterminée » (Voyage de Charlemagne, 381 ds T.-L.); b) 1283 tailler les vignes (PHILIPPE DE BEAUMANOIR, Coutumes de Beauvaisis, éd. Am. Salmon,1558); 3. a) ) ca 1160 absol. « couper dans une étoffe ce qu'il faut pour confectionner un vêtement » (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave2, 7086); ) 1165-70 chauces ... bien tailliees (CHRÉTIEN DE TROYES , Erec et Enide, éd. M. Roques, 100); b) 1881 se tailler un succès (ZOLA, Doc. littér., Moral. ds litt., p. 289); 4. 1200 « soumettre à la taille » (JEAN BODEL, Jeu de S. Nicolas, A. Henry, 844); 5. 1690 intrans. terme de jeu (FUR.). D'un lat. tardif taliare (VIe s., v. FEW t. 13/1, p. 53a), prob. dér. du lat. class. talea « bouture, scion »; cf. les dér. intertaliare « tailler les arbres » (IVe s., ibid., t. 13/1, p. 54b, note 57) et taliatura « taille des arbres » (FEW, loc. cit.). Fréq. abs. littér.:708. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 722, b) 1 278; XXe s.: a) 1 074, b) 1 063.
DÉR. 1. Taillage, subst. masc. a) Carr. Ensemble des opérations de façonnage de la pierre à partir du bloc brut. (Dict. XIXe et XXe s.). b) Céram. Ensemble des opérations qui ont pour but de préparer les terres dans la fabrication des briques, en les brisant ou en les découpant en tous sens soit à la pelle, soit à la machine (tailleuse) (d'apr. CHABAT 1881). c) Mécan. Opération d'usinage ayant pour but d'enlever de la matière à l'aide d'un outil coupant. Pratiquement, pour que l'outil [d'une machine à tailler les engrenages coniques] ne s'use pas pendant le taillage d'une dent, il faut qu'il ait peu de matière à enlever (GORGEU, Machines-outils, 1928, p. 129). — [], [ta-]. — 1res attest. a) ca 1170 « action de percevoir la taille » (Rois, éd. E. R. Curtius, p. 206), b) ) 1255 « action de tailler, coupe » (doc. Arch. Tournai ds GDF.: tallage), ) 1881 céram. (CHABAT), ) 1902 alpin. (R. alpine, n° 11, nov., p. 371 ds QUEM. DDL t. 27); de tailler, suff. -age. 2. Taillerie, subst. fém. a) Joaill. Atelier où s'effectue la taille des pierres précieuses ou pierres fines. La célèbre taillerie Assher et Co à Amsterdam le divisa [le Cullinan, le plus gros diamant trouvé jusqu'à présent] en neuf gros brillants et quatre-vingt-quinze petits (METTA, Pierres préc., 1960, p. 67). P. méton. Art de tailler les pierres précieuses ou pierres fines. (Dict. XIXe et XXe s.). b) Carr. Usine où l'on débite et façonne la pierre à partir du bloc brut. Dans la masse de pierre, cependant, se trouvent parfois des cassures naturelles. Les pierres extraites dans ces conditions n'ont pas les dimensions requises pour les grands morceaux. Elles sont alors distribuées par les grues dans une taillerie annexe où des tronçonneuses à chaîne les découpent en morceaux spéciaux (LAMBERTIE, Industr. pierre et marbre, 1962, p. 73). — [], [taj-]. — 1res attest. a) ) 1293 « métier de tailleur d'habits » (Ordonnance ds ÉTIENNE BOILEAU, Métiers, éd. G.-B. Depping, 414), ) 1304 « boutique de tailleur » (doc. ds GDF.), b) 1867 taillerie de diamants (Moniteur universel, 26 mai, p. 631, 1re col. ds LITTRÉ); de tailler, suff. -erie. 3. Tailleuse, subst. fém. a) Arboric. Tailleuse de haie. ,,Appareil portable, à main, fonctionnant dans toutes les positions et destiné à tailler les haies dont les tiges ou les branches mesurent jusqu'à 4 cm d'épaisseur`` (Lar. agric. 1981). b) Céram. Machine munie d'un plateau garni de lames ou de couteaux d'acier, auquel on imprime un mouvement de rotation permettant de briser et de découper les terres dans la fabrication des briques (d'apr. CHABAT 1881). c) Mécan. Machine-outil utilisée pour tailler les engrenages. (Dict. XXe s.). — [], [ta-]. LITTRÉ, Lar. Lang. fr. [ta-]. — 1re attest. 1881 techn. (CHABAT, s.v. taillage); fém. de tailleur.
BBG. — Archit. 1972, p. 45. — QUEM. DDL t. 27 (et s.v. taillage). — Sculpt. 1978, p. 579.
tailler [tɑje; taje] v. tr.
ÉTYM. Xe, talier; du lat. pop. taliare, du lat. class. talea « bouture, scion ».
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1 a (1080). Vx. Trancher, couper net. — ☑ Loc. fig., mod. Tailler des croupières (cit. 1 et 2) à qqn.
♦ Frapper avec une arme tranchante. ⇒ Écharper. || Taillez les manants ! (→ Rescousse, cit. 2). — Absolt. || La cavalerie prussienne s'élance, sabre (cit. 2), taille, hache, tue, extermine. — Vx (par oppos. à pointer). Frapper de taille (I., 5.).
♦ ☑ Loc. Tailler en pièces. || Tailler une armée en pièces, la battre, la défaire complètement. ⇒ Pièce (infra cit. 3).
b Vx. Couper en morceaux; inciser. ⇒ aussi Découper, écharpiller (fam.), taillader. || « On écorche, on taille, on démembre (cit. 1) Messire loup » (La Fontaine). ⇒ Déchiqueter, dépecer. — Mod., absolt (au propre ou au fig. → Incision, cit. 2). || Les chirurgiens taillaient à même la chair (→ Retrancher, cit. 1). — ☑ Loc. Tailler dans la chair vive (→ Amputer, cit. 5). — « Agir sur la structure de Paris, pour y tailler et recoudre comme un chirurgien bienfaisant » (→ Extension, cit. 8, Romains).
c (1562). Spécialt, vx (chir.). || Tailler qqn, lui faire subir l'opération de la taille (I., 3.). → Héroïque, cit. 12.
d Mar. Vx. || Tailler la lame; tailler de l'avant ou tailler : fendre l'eau rapidement.
1 Matelots, taillons de l'avant;
Notre navire est bon de voile (…)
Saint-Amant, les Caprices, « Passage de Gibraltar ».
♦ ☑ Loc. Tailler la route : avancer, faire beaucoup de chemin sans s'arrêter (vieilli); (mod., fam.) partir.
e V. intr. ou pron. Fam. (du sens d). || Se tailler : partir, se sauver, disparaître. ⇒ Casser (se), tirer (se). || Taille-toi. || Il s'est taillé sans rien dire. || Il s'est taillé au bistrot, en ville, à Londres.
2 Tous ! dit le Blondinet. En auto, en moto, ils se sont tous taillés et ils nous ont laissés dans la merde.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 209.
2.1 (…) taillez-vous maintenant je rigole pas (…)
Tony Duvert, Paysage de fantaisie, p. 105.
2 (Déb. XIIe). Couper, travailler (une matière, un objet) avec un instrument tranchant, de manière à lui donner une forme déterminée (généralement une forme régulière ou géométrique, avec des arêtes vives). ⇒ Couper; retailler. || Tailler des marches dans la glace. || Morceau d'une feuille de métal qu'on enlève quand on la taille. ⇒ Retaille. || Tailler en forme de… || Tailler qqch. en pointe (⇒ Appointer), en biseau (⇒ Biseauter, ébiseler), en dents de scie (⇒ Denteler), en croissant (⇒ Échancrer), à jour (⇒ Évider). || Tailler une pièce de bois. ⇒ Chantourner, charpenter, débillarder, équarrir. || Tailler la pierre. ⇒ Bretteler, chanfreiner, épanneler, retondre, rustiquer; et aussi pierre (supra cit. 12). — Pron. || Cette pierre se taille facilement. — « Elle taille une roche Et fait une statue ». ⇒ Sculpter (→ Ébaucher, fig., cit. 2, Hugo). — Tailler un diamant, une pierre précieuse (⇒ Lapidaire; taille, taillerie). || Tailler un diamant en brillant, à facettes. ⇒ Brillanter, facetter. — Tailler un crayon (cit. 2). ⇒ Affûter, taille-crayon. — Vx. || Tailler sa plume (cit. 8; et aussi cit. 7, fig.). — Tailler un linge en carré pour en faire un pansement (→ Gaze, cit. 3). — Vieilli. || Se faire tailler les cheveux. ⇒ Couper, rafraîchir. || Se tailler la moustache, les ongles. — (Au p. p.). Mod. || Cheveux taillés en brosse (cit. 3), ras (→ Gros, cit. 5). || Moustache taillée court (→ Gouape, cit. 1). || Ongles (cit. 5) taillés ras.
3 (…) l'ouvrier taillait tranquillement son zinc à coups de cisaille, penché sur l'établi (…)
Zola, l'Assommoir, IV, t. I, p. 141.
4 Voyons, vous écrivez : « Fortement taillé en pleine pâte ». Eh bien ! on taille le bois; mais la pâte, on la pétrit.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, V, XI.
♦ Absolt. || Tailler à même l'étoffe (→ 2. Patron, cit. 2). — ☑ Fig. Tailler en pleine étoffe : agir en toute liberté, avec la plus grande hardiesse. ☑ Tailler en plein drap (infra cit. 2). — ☑ Fig. Après avoir taillé, il faut coudre (supra cit. 5).
♦ ☑ Absolt, fig. (Vx). Tailler et rogner (infra cit. 4).
♦ (1283). || Tailler un arbre, un arbuste : couper certains bourgeons, rameaux ou branches pour le débarrasser d'un excès de feuillage, lui donner une forme régulière, améliorer la production des fruits. ⇒ Arbre; taille (supra cit. 3); et aussi conduire (3.), ébourgeonner, ébrancher, écimer, éclaircir (A., 4.), élaguer, émonder (2.), ergoter, étêter, étronçonner, ravaler, recéper. || Tailler la vigne (→ Invisible, cit. 5; sarment, cit.). || Tailler une vigne à deux, à trois yeux (⇒ Œil). || Tailler un arbre en boule, en cône, en fuseau. || Citronnier taillé en quenouille (cit. 4). || Tailler une haie. ⇒ Dresser, ébarber. — Absolt. || Tailler à la serpe, à la serpette, au sécateur. || Tailler court, long. || Tailler à mort, en laissant très peu de branches. — Tailler les melons, les tomates.
5 (…) ce que je reprocherais au Cours de la Fidélité, c'est la manière barbare dont l'autorité fait tailler et tondre jusqu'au vif ces vigoureux platanes.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, II.
3 Façonner, confectionner, aménager, obtenir, préparer (une chose) en en découpant une matière et en en retranchant ce qui est inutile. || Tailler qqch. dans (une matière dure), en… || Tailler des colonnes (→ Architecte, cit. 1). — ☑ Loc. Vx. Tailler qqn en marbre, faire sa statue, son buste. — Au p. p. || Corniche (cit. 6) taillée dans le roc. || Sentier taillé à même la montagne (→ Grimper, cit. 11). — Se tailler un bâton avec son couteau (cit. 2). — Techn. || Tailler des engrenages (⇒ Taillage). — Tailler des mouillettes (cit. 2), des tartines dans le pain (→ Gré, cit. 10). — ☑ Vx. Tailler la soupe (I., 1.). — Tailler des torchons dans un drap usagé (→ aussi 2. Neuf, cit. 4). — Tailler une robe, un vêtement, un habit : découper les morceaux que l'on coud ensuite pour faire le vêtement. ⇒ Couper, 2. patronner; tailleur, tailleuse. — Fig. || On a taillé sur ce patron (2. Patron, cit. 4) plusieurs millions d'êtres semblables.
6 Jean l'avait rejointe, et, le cœur ému, lui offrait la main pour descendre l'étroit escalier taillé dans la roche.
Maupassant, Pierre et Jean, VI.
6.1 Corsages (…) taillés d'après les plus récentes fantaisies de la saison.
Loti, Ramuntcho, I, XIV.
7 Ibsen n'atteint la rive que pour abattre le premier tronc venu, s'y tailler un canot et mettre à la voile. Là-dessus, il pousse vers la mer libre.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », III.
♦ Par ext. || Se tailler un empire colonial (→ Propager, cit. 1). — ☑ Loc. fig. Se tailler un franc succès. ⇒ Obtenir. ☑ Se tailler la part du lion.
♦ ☑ Loc. fam. Tailler une bavette. — ☑ Vx. Tailler de l'ouvrage, de la besogne : couper les morceaux d'étoffe, de sorte qu'il n'y ait plus ensuite qu'à les coudre. — ☑ Fig., vx. Tailler de la besogne à qqn, lui donner beaucoup à faire, lui susciter des difficultés. — C'est de la besogne toute taillée (→ Toute mâchée). — ☑ Vx. Tailler les morceaux à qqn, lui couper sa nourriture, sa viande; fig., lui préparer (→ Mâcher) la besogne.
4 (1690). Dans certains jeux de cartes. Vx. || Tailler un lansquenet, un pharaon : tenir la main et jouer seul contre tous les autres joueurs. — Intrans. || Tailler au pharaon. ⇒ aussi Taille (I., 9.); tailleur (II., B.).
8 (…) il n'est point fâché que ses courtisans le sachent au labeur, tandis qu'eux-mêmes sont à tailler un lansquenet ou à exécuter une comédie.
Louis Bertrand, Louis XIV, III, II.
——————
se tailler v. pron.
♦ Fam. Voir ci-dessus 1., e.
——————
taillé, ée p. p. et adj.
ÉTYM. (Déb. XIIe, au sens 2).
REM. Pour les emplois du participe taillé en, par… → ci-dessus à l'article.
1 (1636). Blason. Se dit d'un écu qui est divisé en deux parties égales par une diagonale allant de l'angle sénestre du chef à l'angle dextre de la pointe.
➪ tableau Termes de blason.
2 (Par ext. du sens 3, de l'actif). Accompagné d'un adverbe ou d'un complément qui indique une particularité de forme ou de conformation. || Clocher taillé à six pans (1. Pan, cit. 8). || Le Saint-Gothard est taillé à pic du côté de l'Italie (→ Gorge, cit. 30). || Figure un peu sèche, taillée à vives arêtes (→ Sécheresse, cit. 4), à coups de serpe (⇒ Serpe). || Une gorge taillée comme celle de la Vénus de Médicis (→ 1. Ferme, cit. 1). || Être taillé en hercule, en athlète. ☑ Un homme taillé en force, fortement charpenté et musclé. ⇒ 1. Fort (supra cit. 1), membré. || Être bien taillé : être bien fait de sa personne (→ Bien découplé, bien proportionné).
9 À voir cette grande vieille fille, taillée comme un tambour-major et qu'on imaginerait facilement défilant devant la statue de Jeanne d'Arc (…)
M. Aymé, le Confort intellectuel, VII.
3 (V. 1180). || Taillé (accompagné d'un complément introduit par à — vx — ou par pour et exprimant l'aptitude pour une chose). || Chien taillé pour la course (→ Levretté, cit.). — (Suivi d'un inf.). ⇒ Capable (de).
10 Sont-ce des visions que je me mets en tête,
Quand je me crois taillée à pouvoir mériter
La gloire de quelque conquête ?
Molière, Psyché, I, 1.
4 ☑ Cote (cit. 3) mal taillée.
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COMP. Détailler, entailler, entretailler, retailler, taille-buissons, taille-crayon, taille-haie, taille-légumes, taille-mer, taille-ongles, taille-racines.
DÉR. Taillage, taillandier (du p. prés.), taillant, taille, tailleur.
Encyclopédie Universelle. 2012.