MUSETTE
MUSETTE
Instrument de musique à vent, à anches, de la famille des cornemuses (dans les campagnes françaises, on appelle aussi musette une sorte de hautbois avec ou sans clés). On rencontre déjà la musette au XIIIe siècle. Le bourdon assure la basse du grand et du petit chalumeau; la faible tessiture de l’instrument lui permet alors d’émettre une douzaine de notes seulement. C’est, cependant, au XVIIe siècle que fut créée la musette pour laquelle de nombreux compositeurs français écrivirent pendant deux siècles. Il s’agit d’une cornemuse perfectionnée: un soufflet remplace le «porte-vent»; il est actionné par le bras gauche; les bourdons anciens, encombrants parce que volumineux, sont réduits et enroulés à la manière du cervelas. Esprit Philippe Chédeville (1696-1762) écrivit beaucoup pour elle, de même que Michel Corrette, Jean-Baptiste Anet, Jacques Aubert et Boismortier.
La musette est aussi un jeu d’orgue, de la famille des anches courtes et régales. C’est encore le nom donné à une composition musicale, écrite dans le style joué par l’instrument, donc de caractère pastoral, avec pédale (imitant le bourdon); elle est de rythme ternaire (comme la danse de société, en vogue au XVIIIe siècle, qui porte aussi le nom de musette) et prit place dans la suite instrumentale (Couperin, Rameau, Bach, Haendel). Enfin, on donna le nom de bal musette en France, vers 1910, aux bals populaires, où l’accordéon tenait le rôle principal; l’orchestre musette, pour la même raison, comprend toujours cet instrument, auquel s’ajoutent ordinairement un saxophone et une percussion légère.
1. musette [ myzɛt ] n. f. et m. I ♦
1 ♦ N. f. Anciennt Cornemuse alimentée par un soufflet. ⇒ loure. Le sac, le soufflet, les chalumeaux d'une musette. « Jouez, hautbois, résonnez, musettes » (cantique de Noël).
2 ♦ Par appos. n. m. BAL-MUSETTE : vxbal champêtre où l'on danse au son de la cornemuse, de la musette; mod. bal populaire où l'on danse, généralement au son de l'accordéon, certaines danses (java, valse, fox-trot) dans un style particulier. Des bals-musettes. Orchestre musette. Valse musette.
♢ N. m. Le musette : le genre de musique que jouent les orchestres musettes. — Fam. Un musette : un bal-musette. « ils allèrent dans un musette boire un dernier verre » (Queneau).
II ♦ N. f. (1812) Sac de toile, qui se porte souvent en bandoulière. « Quand vous cherchez dans vos musettes Votre gamelle ou votre quart » (Aragon). — Loc. fig. et fam. Qui n'est pas dans une musette : doté de qualités certaines; remarquable, digne d'intérêt. « ils vouaient à nos grands chefs une de ces admirations qui n'était pas dans une musette » (Céline). — Sac en toile que l'on suspend à la tête du cheval pour lui servir de mangeoire portative. Une musette de picotin.
musette 2. musette [ myzɛt ] n. f.
• 1529; même rad. que musaraigne
♦ Région. Musaraigne commune.
● musette nom féminin (ancien français muse, de muser, jouer de la musette) Instrument à air, muni de tuyaux à anches et d'un réservoir en forme de sac, alimenté par un soufflet. Petit hautbois populaire. Pièce de caractère naïf et pastoral écrite sur une pédale en bourdon, de manière à évoquer l'instrument du même nom. Gavotte pastorale à deux ou trois temps, exécutée sur un air de musette, très en vogue aux XVIIe et XVIIIe s. ● musette (citations) nom féminin (ancien français muse, de muser, jouer de la musette) Jean François Delharpe ou Delaharpe, dit de La Harpe Paris 1739-Paris 1803 Académie française, 1776 Ô ma tendre musette, Musette des amours. Romance. Musique attribuée à Monsigny ● musette (expressions) nom féminin (ancien français muse, de muser, jouer de la musette) Bal musette, bal populaire où l'on danse au son de l'accordéon. Orchestre musette, orchestre comportant un accordéon. Style musette, manière de jouer de certains accordéonistes. ● musette nom masculin Genre de musique particulier aux orchestres des bals musettes. ● musette nom féminin (de musette) Sac de toile porté en bandoulière. Sac en toile qu'on suspend à la tête du cheval pour lui servir de mangeoire portative. ● musette nom féminin (ancien français muset, musaraigne) Musaraigne commune. ● musette (synonymes) nom féminin (de musette) Sac de toile porté en bandoulière.
Synonymes :
- gibecière
- sacoche
musette
(Auguste Robinet, dit) (1862 - 1930) écrivain français d'Algérie, créateur en 1895 d'un personnage, Cagayous, qui s'exprime en pataouète.
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musette
n. f.
d1./d Bal musette: bal populaire.
d2./d Sac en toile que l'on peut porter en bandoulière.
I.
⇒MUSETTE1, subst. fém.
I. — Vx, fam. Synon. de amusette. Avec Louis-Philippe s'en est allé quelque chose qui ne reviendra pas. Il faut maintenant d'autres musettes (FLAUB., Corresp., 1850, p.257).
II. — Domaine de la mus.
A. — 1. Ancien instrument à vent analogue à la cornemuse et comportant un sac en peau de mouton ou de chèvre, une anche, un ou plusieurs tuyaux, et un soufflet que le joueur tient sous le bras gauche. Synon. région. cabrette. Chalumeaux, sac, soufflet d'une musette; air, bourdon, chant de musette; gémissement, ronflement de musette; joueur de musette; musette d'un ménétrier; jouer de la musette; danser au son de la musette; sonner la musette (vx). Jouez, hautbois, résonnez, musettes (cantique de Noël). On entend un aveugle qui passe dans la rue en chantant la bourrée sur la musette (A. FRANCE, Com. femme muette, 1912, I, 2). Les hautbois nasillaient en sourdine, (...) les musettes rendaient une mélodie aigrelette (ARNOUX, Juif Errant, 1931, p.181):
• 1. Cette forte vibration de la musette, quoique rauque et nasillarde, ce grincement aigu et ce staccato nerveux de la vielle sont faits l'un pour l'autre et se corrigent mutuellement.
SAND, Meunier d'Angib., 1845, p.259.
♦P. méton. Air fait pour la musette ou dont le caractère s'accorde à la musette. Jouer, chanter, composer, danser une musette (Ac.).
2. Petit hautbois champêtre au son aigu et criard. Synon. chalumeau, flûte pastorale. Musette des pâtres; musette pastorale. Un berger passa en jouant une marche sur sa musette (A. FRANCE, Île ping., 1908, p.10).
♦Pop. Couper la musette à qqn (v. couper I A 1 e). Synon. couper la chique à qqn (v. chique1), couper le sifflet à qqn.
3. P. méton. Danse pastorale en vogue au XVIIIe siècle, assez lente, à rythme binaire ou ternaire, de caractère naïf et doux; pièce instrumentale de caractère pastoral dérivée de cette danse, comportant une basse persistante, faisant partie ou non d'une suite instrumentale. Bourrée, gavotte, musette; musettes pour clavecin de Couperin, de Rameau. La Musette, dont la basse forme une pédale simple ou double, mais constante, à la façon de l'instrument dont elle tire son nom (LAVIGNAC, Mus. et musiciens, 1895, p.416). V. menuet C ex. de Samuel.
4. Jeu d'anche d'un orgue imitant le son de la musette (au sens II A 1). À la série des J[eux] à anche battante [de l'orgue] appartiennent les J[eux] de basson, bombarde, clairon, cromorne, hautbois, musette, trombone, trompette, dont les timbres imitent plus ou moins (...) celui des instruments d'orchestre dont ils portent les noms (BRENET, Dict. prat. et hist. mus., 1926, p.216).
— P. anal. Jeu d'harmonium. Musette. — Demi-jeu [de l'harmonium] de 16 pieds (...) rappelant le cor anglais d'orchestre (CELLIER, Orgue mod., 1913, p.118).
B. — En appos.
1. Accordéon musette et, p. ell., musette subst. masc. Accordéon qui a un timbre spécial caractéristique, qui a été spécialement désaccordé pour rappeler le son de la musette. (Dict. XXe s.).
2. Bal(-)musette et, p. ell., musette subst. masc. (v. bal A). Synon. bastringue, guinguette. Fréquenter les musettes. Ils allèrent dans un musette boire un dernier verre (QUENEAU, Pierrot, 1942, p.133).
3. Orchestre(-)musette. Orchestre de bal musette qui comprend notamment un accordéon. Le numéro des 4 Médinger, petit orchestre-musette, est plein de gaîté et de fantaisie (L'Œuvre, 13 mars 1941).
4. Valse(-)musette. Valse de bal musette composée et dansée dans un style particulier; air, musique d'accordéon qui l'accompagne. La musique change pour faire place à une valse-musette assez vulgaire (SARTRE, Jeux sont faits,1947, p.131).
5. Le style musette et, p. ell., fam., le musette.
a) Le genre de musique que jouent les orchestres musettes; la manière de jouer de l'accordéon qui leur est propre. (Dict. XXe s.).
b) Le style propre à certaines danses (java, valse, fox-trot) des bals musettes. Radio-Luxembourg (...) 12h30, Swing contre musette (Le Monde, 19 janv. 1952, p.8, col.5).
III. — P. anal. (de forme avec le sac de la musette, supra II A 1).
A. — Sac de toile souvent porté en bandoulière, servant à divers usages, notamment au transport des provisions. Musette de toile; musette de fantassin, de soldat, d'ouvrier, d'écolier; fouiller, mettre son repas dans sa musette; boucler sa musette. [Les soldats] s'accrochaient aux wagons, des grappes de musettes et de bidons pendues autour d'eux (CHARDONNE, Dest. sent. III, 1936, p.22):
• 2. Il entre le premier dans la hutte et d'un coup de reins se débarrasse de sa musette qui fait par terre un bruit mou. Elle est pleine de lapins à peine raidis encore, au poil gluant d'eau et de sang.
BERNANOS, Mouchette, 1937, p.1274.
—Loc. fig. pop. Qui n'est pas dans une musette. Important, remarquable en son genre. Loc. synon. fam. Qui n'est pas piqué(e) des vers. Un frère soldat (...) rapporte des manoeuvres une colique qui n'est pas dans une musette (RENARD, Nos frères farouches., 1910, p.75). Un petit pinard qui n'est pas dans une musette (CAR. Argot 1977).
— Arg. (des coureurs cyclistes). C'est dans la musette. C'est gagné d'avance, c'est une victoire certaine. Synon. fam. c'est dans la poche. V. Gloss. du sport cycliste ds Vie Lang. 1966 n°173, p.452.
B. — Sac de toile qu'on attache au museau des chevaux, des bêtes de somme et qu'on remplit d'avoine pour les nourrir lorsqu'ils ne sont pas à l'écurie. Bob s'arrêta en plein bois, débrida son cheval et lui passa au cou une musette pleine d'avoine (MALOT, Sans fam., 1878, p.410).
REM. Muse de blé, subst. fém., vx, synon. (supra II A 2). Il avait lui-même un joli talent sur la muse de blé, une petite flûte de ce temps-là (HUGO, Homme qui rit, t.2, 1869, p.75).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694 (sens de danse); att. ds Ac. 1935 (sens de sac). Étymol. et Hist. A. 1. a) Av. 1259 «sorte de cornemuse rustique» (JEAN ERART ds BARTSCH, III, 24, 21); 1re moitié XIVe s. [ms.] (Chansonnier de Montpellier H 196 ds Motets fr. des XII et XIIIe s., éd. G. Raynaud, t.1, p.100, LXXIV, 17); b) 1765 «air fait pour cet instrument» (Encyclop.: sorte d'air convenable à l'instrument de ce nom, dont la mesure est à deux ou trois temps); 2. 1893 employé comme adj. bal musette (QUENEAU, loc. cit.). B. 1812 p.anal. milit. «espèce de havresac» (MOZIN-BIBER). Dér., à l'aide du suff. -ette, de l'a. fr. muse «sorte de cornemuse rustique» (ca 1170, CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 1999), déverbal du verbe a. fr. muser «jouer de la musette» (ca 1120 fig. [en parlant d'un flatteur] Trad. des Formulae honestae vitae de Martin de Braga, 699 ds T.-L.; ca 1223 au propre, GAUTIER DE COINCI, v. cornemuser), lui-même dér. de mus (museau), parce que celui qui joue de la musette doit fortement gonfler les joues. Fréq. abs. littér.:291. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 254, b) 182; XXe s.: a) 466, b) 642. Bbg. BRÜCKER (F.). Die Blasinstrumente in der altfranzösischen Literatur. Giessen, 1926, p.52. — LEPPERT (R. D.). Arcadia at Versailles: noble amateur musicians and their musettes and hurdy-gurdies at the French court. Amsterdam, 1978, p.66 — QUEM. DDL t.10.
II.
⇒MUSETTE2, subst. fém.
ZOOL. Synon. vulg. de musaraigne. Musette des sables, des champs. Il trouve une Clémence balbutiante, qui lui parle d'une «musette» presque morte (GENEVOIX ds Lar. Lang. fr.).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1529 (HERVÉ, Trad. Cité de Dieu, II, 80, éd. 1529 ds GDF.). Fém. de l'a. fr. muset «musaraigne» (ca 1180, MARIE DE FRANCE, Fables, éd. K. Warnke, LXXIII, 2, var. ms. F [XIIIe-XIVe s.]; CI, 3, [id.]), prob. formé sur le lat. mus araneus (musaraigne) par substitution du suff. -et à araneus.
1. musette [myzɛt]
ÉTYM. 1285; de l'anc. franç. muse, même sens, du verbe muser « jouer de la muse » (→ Cornemuse); le rapport avec la famille de 1. muser, museau est probable.
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1 Anciennt. Instrument de musique à vent, cornemuse alimentée par un soufflet. ⇒ Loure (→ Accord, cit. 19; baller, cit. 2). || Le sac, l'outre; le soufflet, les tuyaux (⇒ Chalumeau) d'une musette. || Chant, bourdon d'une musette. || « Jouez, hautbois, résonnez, musettes ! » (vers d'un cantique de Noël). || La musette des bergers.
1 Je gage une musette, au lieu de ton vaisseau (…)
(…) Son ventre est peau de cerf, ses anches sont de coudre,
Son bourdon est de buis, son pipeau de prunier.
Ronsard, Églogues, V.
♦ Par ext. Air, danse du XVIIIe siècle, « dont la mesure est à deux ou trois temps, le caractère naïf et doux, le mouvement un peu lent » (Rousseau, Dictionnaire de musique). || Jouer, danser une musette.
2 Musette pastorale : instrument de musique champêtre à tube droit, à anche double. ⇒ Hautbois, bombarde.
3 (1893). Par appos. || Bal musette (d'abord « bal champêtre où l'on danse au son de la cornemuse, de la musette ») : bal populaire où l'on danse, généralement au son de l'accordéon, certaines danses (javas, valses, fox-trot, etc.) dans un style particulier. || Des bals musettes. — Accordéon musette, orchestre musette. || Valse musette.
2 La joie des bals-musettes écume dans les corridors des bouges et vient refluer jusque sur la chaussée.
G. Duhamel, Salavin, III, I.
♦ N. m. a Le musette : le genre de musique que jouent les orchestres musettes. || Acheter des disques de musette.
b Fam. || Un musette : un bal musette.
2.1 Des airs d'accordéon s'échappent ici d'une salle humide et basse où le patron, juché sur une petite estrade, donne à danser (…) Lorsque j'ai fait représenter Mon homme, après la guerre, on ne connaissait pas beaucoup la rue de Lappe, mais quelques jours après la répétition générale, cette rue se trouva lancée. Elle ne comptait encore que de petits « musette » assez crasseux (…)
Francis Carco, Nostalgie de Paris, p. 29-30.
3 (…) ils allèrent dans un musette boire un dernier verre.
R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 111.
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II
1 (1812). Petit sac de toile, qui se porte souvent en bandoulière. || Musette de fantassin, d'ouvrier (→ Chanteau, cit.; déguiser, cit. 16; 1. lancer, cit. 6). || Musette à pansements. || Musette de pansage des cavaliers.
4 Quand vous cherchez dans vos musettes
Votre gamelle ou votre quart (…)
Aragon, le Crève-cœur, p. 40.
5 (…) le matin, des types le dépassaient en sifflant, une musette sur le dos, courbés sur le guidon de leurs vélos.
Sartre, le Sursis, p. 14.
♦ (1871). Vieilli. Cartable d'écolier.
♦ ☑ Loc. fam. (1899, in D. D. L.). Qui n'est pas dans une musette : très grand, exceptionnel en son genre, qui dépasse la mesure habituelle.
6 (…) ils vouaient à nos grands chefs une de ces admirations qui n'était pas dans une musette (…)
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 77.
2 (1825; avec influence probable de museau). Mangeoire portative en toile, qu'on suspend au cou d'une bête de somme. || La musette d'un âne, d'un cheval. || Regarnir la musette de picotin.
7 Les ânons donnaient des coups de nez dans leur musette pour faire remonter le maigre picotin.
G. Duhamel, Salavin, VI, IX.
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2. musette [myzɛt] n. f.
ÉTYM. Déb. XVIe; fém. de muset; du même rad. que musaraigne.
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♦ Régional. Musaraigne commune.
Encyclopédie Universelle. 2012.