Akademik

RATE
RATE

La rate est un organe lymphoïde richement vascularisé pesant 150 grammes environ chez l’adulte. Elle est située dans la partie supérieure gauche de l’abdomen recouverte par le gril costal. Les fonctions de la rate sont multiples en liaison avec une structure histologique complexe. De très nombreuses maladies peuvent toucher la rate, se manifestant en général par une splénomégalie, c’est-à-dire une «grosse rate». Les maladies primitives de la rate sont par contre très rares. Passée la petite enfance durant laquelle la splénectomie est contre-indiquée, l’ablation de la rate, qu’elle soit faite à la suite d’un traumatisme ou pour le traitement d’une maladie affectant cet organe, n’entraîne aucune conséquence néfaste et est compatible avec une vie parfaitement normale.

Structure

La rate est entourée d’une capsule conjonctive qui envoie de nombreuses travées dans le parenchyme. Les vaisseaux et les nerfs pénètrent dans la rate au niveau du hile. On distingue trois parties dans le parenchyme splénique: la pulpe rouge, la pulpe blanche, la zone marginale (fig. 1).

– La pulpe rouge est formée de sinus sanguins et de cordons cellulaires appelés cordons de Billroth. La paroi des sinus est très mince. Les cordons s’étendent entre les sinus et contiennent de nombreuses cellules: macrophages, plasmocytes, globules rouges, globules blancs, plaquettes.

– La pulpe blanche est constituée d’amas de tissu lymphoïde (corpuscules de Malpighi) qui forme un manchon autour des artères centrales. Dans ces zones existent des follicules lymphoïdes primaires ou secondaires. La pulpe blanche est plus ou moins développée suivant les stimulations antigéniques s’exerçant sur l’organisme.

– La zone marginale est à la jonction de la pulpe rouge et de la pulpe blanche. Elle contient des cellules lymphoïdes et des macrophages. Elle est séparée de la pulpe blanche par le sinus marginal formé par une branche terminale de l’artère centrale.

Les branches de l’artère splénique se divisent en artères trabéculaires qui circulent dans les travées conjonctives. Ces dernières en pénétrant dans le parenchyme deviennent les artères centrales entourées de tissu lymphoïde. Les artères centrales donnent des ramifications à la pulpe blanche et des branches formant les sinus marginaux, puis se divisent dans les cordons de la pulpe rouge en artères pénicillées qui deviennent des capillaires artériels.

La microcirculation de la pulpe rouge est de deux types:

– soit les capillaires artériels peuvent se déverser directement dans les sinus veineux de la pulpe rouge (circuit fermé);

– soit ils peuvent se terminer en s’ouvrant directement dans les cordons cellulaires (circuit ouvert).

Les cellules sanguines circulent plus lentement dans les cordons. Si elles sont altérées, elles sont phagocytées par les macrophages des cordons, sinon elles regagnent les sinus veineux en s’insinuant entre les cellules endothéliales de la paroi sinusienne. Les sinus veineux sont drainés par les veines pulpaires, puis les veines trabéculaires qui forment les veines spléniques. Le sang de la rate rejoint ensuite le tronc porte par l’intermédiaire de la veine splénique. La rate n’a que des lymphatiques efférents.

Fonctions de la rate

Les fonctions de la rate peuvent être groupées sous trois rubriques: fonction de filtration, fonction de réservoir, fonction immunologique.

Fonction de filtration

– La cueillette ou culling des Anglo-Saxons est la capacité de la rate de reconnaître et de débarrasser le sang des cellules vieillies ou lésées. Des particules comme des bactéries peuvent également être filtrées. Le ralentissement circulatoire et la présence de nombreux macrophages facilitent cette épuration. Les globules rouges normaux, déformables, passent à travers la paroi des sinus, mais les globules altérés sont arrêtés.

– Le pitting est la capacité de la rate à soustraire des globules rouges des inclusions sans détruire la cellule. Ces inclusions sont variées. Il peut s’agir de débris nucléaires (corps de Jolly), de précipités d’hémoglobine (corps de Heinz), de grains de fer, d’organismes intracellulaires (Plasmodium , Bartonella ). Le passage des inclusions rigides se fait avec lenteur au niveau des sinus. Les macrophages viennent capter l’inclusion avec un bord de la membrane cellulaire et un film d’hémoglobine. La membrane cellulaire se referme ensuite et la cellule épurée peut passer dans le sinus veineux.

– Le modelage consiste à améliorer la fonction des réticulocytes à la sortie de la moelle durant 1 à 2 jours. Dans la rate, les réticulocytes se libèrent de leurs organites non nécessaires, acquièrent une charge négative plus grande, une surface plus réduite, une plus grande flexibilité.

Fonction de réservoir

Les fonctions de réservoir de la rate sont limitées essentiellement à l’accumulation des plaquettes . Normalement 30 p. 100 des plaquettes sont accumulées dans la rate. D’où elles peuvent être libérées sous différentes stimulations, adrénalinique par exemple. Il existe un équilibre entre les plaquettes circulantes et les plaquettes spléniques. Le flux d’entrée dans la rate des plaquettes marquées par un radio-isotope permet de calculer le flux sanguin splénique qui est égal à 6 梁 2 p. 100 du volume sanguin total par minute. Chez l’homme, la rate ne constitue pas un réservoir appréciable pour les globules rouges. La rate ne contient que 20 à 60 ml de globules rouges. Ce réservoir de globules rouges augmente beaucoup en cas de splénomégalie. La rate n’exerce pas, en revanche, de façon significative, la fonction de réservoir pour les globules blancs.

Fonctions immunologiques

La rate est le site le plus efficace pour la phagocytose . Sa circulation ralentie permet un temps de contact plus long et une efficacité accrue de la phagocytose. Quand les bactéries atteignent la circulation, le système réticulo-endothélial joue un rôle capital. Le site de clairance dans le système réticulo-endothélial est dépendant de la présence d’anticorps antibactériens spécifiques. En l’absence de tels anticorps spécifiques, la clairance hépatique des bactéries devient inefficace. Par contre, la phagocytose splénique reste efficace et devient essentielle pour la défense de l’hôte. La rate phagocyte aussi les cellules sanguines recouvertes d’anticorps. Les macrophages spléniques enlèvent les portions de membrane de globules rouges recouverts d’immunoglobulines G. Le globule rouge se répare ensuite lui-même mais devient un sphérocyte beaucoup plus rigide qui ne peut pas passer à travers les fentes des sinus; bloqué dans la rate, il y est détruit.

La rate est un lieu important de production d’anticorps . Les antigènes circulants sont captés par les macrophages qui les présentent aux cellules immunologiquement compétentes de la rate qui vont assurer la production d’anticorps humoraux . Des individus sans rate produisent peu ou pas d’anticorps en réponse à l’administration intraveineuse d’antigènes. Ce fait a été observé en particulier pour le pneumocoque, bactérie pouvant être responsable d’infection grave chez les sujets aspléniques. Le niveau d’immunoglobulines M est diminué pendant 2 à 4 ans après splénectomie.

L’immunité cellulaire est peu modifiée chez les sujets aspléniques.

La production de lymphocytes est la seule forme d’hématopoïèse qui persiste dans la rate après la naissance. Lymphocytes et plasmocytes sont produits dans la pulpe blanche.

La production de tuftsin : la tuftsin est un polypeptide qui stimule l’activité phagocytaire des polynucléaires et des macrophages et la migration des cellules mononucléées. Sa fabrication se fait dans la rate. Les sujets aspléniques ont des taux bas de tuftsin et peut-être de ce fait une phagocytose déficiente.

Dans le métabolisme du complément, la rate semble enfin impliquée: des anomalies dans la voie alterne du complément ont été rapportées chez des sujets aspléniques. Le mécanisme responsable de la baisse du complément observée chez certains individus aspléniques n’est pas connu.

Hématopoïèse

La rate joue un rôle relativement mineur dans l’hématopoïèse du fœtus. Après la naissance, l’hématopoïèse splénique est limitée à une petite partie de la lymphopoïèse. Au cours de certaines maladies, quelques amas de cellules hématopoïétiques apparaissent dans la rate. Chez l’homme, c’est seulement dans la myélofibrose qu’apparaît une véritable hématopoïèse splénique.

Un contrôle humoral de la rate sur l’activité médullaire a été souvent soutenu, mais les arguments supportant cette théorie sont faibles. La rate joue également un rôle dans l’activation du facteur VIII de la coagulation, dans la réutilisation du fer, dans la régulation de l’enzyme de conversion de l’angiotensine.

Méthodes d’exploration de la rate

Examens radiologiques

Les radiographies, l’échographie, le scanner fournissent des renseignements anatomiques sur la rate mais non des renseignements fonctionnels. Ils permettent de préciser la situation, la taille, l’existence de lésions intraspléniques. La résonance magnétique nucléaire n’a pas pour l’instant fait la preuve d’une supériorité quelconque.

Les études isotopiques

Elles apportent des renseignements surtout fonctionnels qui dépendent du produit radioactif utilisé. L’épuration des globules rouges lésés par la chaleur et marqués par le 51 Cr ou le 99 m Tc est utile pour explorer la fonction de filtre de la rate.

Cette épreuve met aisément en évidence une asplénie fonctionnelle ou anatomique. Elle permet de dépister une rate accessoire ou des fragments de tissu splénique actif disséminés dans l’abdomen (splénose) après un traumatisme de la rate. Elle permet aussi de visualiser une zone non vascularisée (infarctus splénique).

La technique de scintigraphie splénique la plus simple et la plus habituelle utilise des particules colloïdales marquées par le 99 m Tc. Ces particules sont phagocytées par le foie et par la rate. Le rayonnement provenant de ces colloïdes marqués fixés dans la rate permet d’obtenir une image fonctionnelle du tissu splénique. Par contre, les petites lésions inférieures à 15 millimètres ne peuvent pas être décelées par cette technique.

Dans les cytopénies, en particulier, les anémies et les thrombocytopénies, la rate joue parfois un rôle important dans la destruction des globules rouges et des plaquettes. La mesure de la durée de vie des globules rouges ou des plaquettes marqués par un isotope confirme la destruction anormale. Les comptages externes de la radioactivité fixée dans la rate et dans le foie indiquent le siège de la destruction, ce qui constitue un élément important pour décider d’une éventuelle splénectomie.

Anomalies liées à l’asplénie

Plusieurs anomalies sont constatées après splénectomie ou chez des patients dont la rate n’est pas fonctionnelle:

– les corps de Jolly sont des globules rouges contenant des fragments nucléaires; ils sont normalement retirés de la circulation par la rate; leur présence dans le sang est un très bon signe de l’absence fonctionnelle ou anatomique de la rate;

– les vésicules ou pustules à la surface des globules rouges , petits défauts de la membrane du globule rouge, ne sont visibles qu’à l’état frais par microscopie à contraste de phase; ils témoignent de l’absence de tissu splénique;

– la présence de normoblastes dans le sang suggère également, en l’absence de certaines maladies, une asplénie;

après splénectomie, la leucocytose s’élève transitoirement, dans quelques cas définitivement. De même le chiffre des plaquettes est augmenté pendant plusieurs mois ou années chez plus d’un tiers des patients splénectomisés, mais rarement à des taux dangereux.

Splénomégalies

Les maladies qui affectent la rate sont très nombreuses et se traduisent habituellement par une splénomégalie, parfois par la disparition fonctionnelle ou anatomique de la rate.

La rate n’est normalement pas palpable. La palpation de cet organe signe une splénomégalie. La rate peut être atteinte au cours d’une maladie générale sans être obligatoirement augmentée de volume.

Le diagnostic d’une splénomégalie impose un examen clinique complet et des examens complémentaires plus ou moins nombreux et complexes: hématologiques, radiologiques, isotopiques, pour en retrouver la cause.

Il n’est pas possible ici de décrire chaque maladie pouvant entraîner une splénomégalie, et on s’est donc borné à dresser la liste des principales causes de splénomégalie en les classant suivant leur mécanisme physio-pathologique, brièvement résumé.

Stase (tableau d’hypertension portale avec présence de varices œsophagiennes; hypersplénisme fréquent):

– lésions préhépatiques – veine porte (cavernome, thrombose, sténose); veine splénique (malformation, thrombose, sténose, compression);

– lésions intrahépatiques – cirrhose; maladie de Wilson; hémochromatose; maladie veino-occlusive;

– lésions posthépatiques – insuffisance cardiaque droite; péricardite constrictive; thrombose sus-hépatique.

Hémopathie maligne (splénomégalie appartenant au syndrome tumoral des leucémies ou des lymphomes ; le diagnostic repose dans les leucémies sur l’examen cytologique du sang et de la moelle; dans les lymphomes, sur l’examen histologique d’un des organes atteints, après biopsie ):

– myéloïde – leucémie aiguë, leucémie myéloïde chronique, polyglobulie primitive, thrombocythémie, splénomégalie myéloïde;

– lymphoïde – leucémie aiguë, leucémie lymphoïde chronique, maladie de Waldenström, leucémie à tricholeucocytes, maladie de Hodgkin, lymphome non hodgkinien;

Surcharge – splénomégalie due à l’accumulation de lipides (maladies de Gaucher, de Niemann-Pick, de Tay-Sachs et certaines hyperlipidémies), de substance amyloïde (amylose), d’histiocytes particuliers (histiocytose).

Tumeurs ou kystes – abcès, pseudo-kystes, kystes et autres tumeurs bénignes, malignes, primitives ou secondaires de la rate sont des affections rares, de diagnostic difficile, car la splénomégalie est souvent isolée; la splénectomie est indiquée si l’on craint une tumeur isolée de la rate.

Hémolyse – présence d’anémie, d’ictère avec augmentation de la bilirubine libre. La durée de vie des hématies marquées au 51 Cr est raccourcie. Les comptages externes de la radioactivité précisent le rôle de la rate dans l’hémolyse:

– anémie hémolytique corpusculaire;

– microsphérocytose héréditaire;

– hémoglobinopathies (thalassémie, hémoglobinose C, drépanocytose);

– enzymopathie (déficit en pyruvate-kinase);

– hémoglobinurie nocturne paroxystique.

Infections – l’hyperplasie du tissu macrophagique prime sur l’infiltration de l’organe par l’agent infectieux; le diagnostic repose sur la découverte dans le sang ou les tissus de l’agent pathogène:

– bactéries (septicémie, endocardite, brucellose, tuberculose);

– virus (hépatite virale, mononucléose infectieuse);

– parasites (paludisme, leishmaniose, bilharziose, trypanosomiase, toxoplasmose).

Inflammations :

– lupus érythémateux aigu disséminé;

– syndrome de Felty;

– sarcoïdose;

– rhumatisme articulaire aigu;

– splénomégalie idiopathique, maladie d’origine immunologique; la splénomégalie idiopathique tropicale, fréquente dans les régions d’endémie palustre, s’accompagne souvent d’hypersplénisme et peut réagir favorablement au traitement antipaludéen.

1. rate [ rat ] n. f.
• 1530; rate pour rat,XIIe; fém. de rat
Femelle du rat. ⊗ HOM. Ratte. rate 2. rate [ rat ] n. f.
• 1156; néerl. râte « rayon de miel », par anal. de forme
Organe lymphoïde du système réticuloendothélial, situé sous la partie gauche du diaphragme, et constitué par une pulpe rouge gorgée de sang parsemée de nodules blancs (follicules lymphoïdes) ( splénique) . Fonction de la rate dans la production de l'hémoglobine, des pigments biliaires, des anticorps. Hypertrophie de la rate chez les paludéens. Dans l'ancienne médecine, la rate passait pour sécréter « la bile noire », cause d'humeur mélancolique. Loc. fam. « J'aime à rire et j'ai la rate qui va en éclater » (Vallès). Désopiler, dilater la rate : faire rire. Se fouler la rate : faire des efforts. Il n'aime pas se fouler la rate.

rate nom féminin Femelle du rat. ● rate (expressions) nom féminin Faire la rate, en Suisse, diriger un rayon de soleil sur quelqu'un, au moyen d'un miroir, par jeu. ● rate (homonymes) nom féminin rate forme conjuguée du verbe rater ratent forme conjuguée du verbe rater rates forme conjuguée du verbe rater ratte nom fémininrate nom féminin (moyen néerlandais rate, rayon) Organe richement vascularisé situé dans l'angle supérieur gauche de l'abdomen, entre le diaphragme et les côtes, et qui, avant la naissance, produit une partie des cellules sanguines et, après la naissance, joue un rôle important dans l'immunité. ● rate (expressions) nom féminin (moyen néerlandais rate, rayon) Populaire. Ne pas se fouler la rate, ne faire aucun effort, paresser. ● rate (homonymes) nom féminin (moyen néerlandais rate, rayon) rate forme conjuguée du verbe rater ratent forme conjuguée du verbe rater rates forme conjuguée du verbe rater ratte nom féminin

rate ou ratte
n. f. Femelle du rat.
————————
rate
n. f. ANAT Organe lymphoïde fortement vascularisé, de consistance molle et spongieuse, situé dans la partie gauche de la cavité péritonéale, sous le diaphragme. La rate a un rôle hématopoïétique et immunitaire.

⇒RATE, subst. fém.
ANAT. Organe lymphoïde volumineux, situé dans l'abdomen, sous le diaphragme gauche, constitué d'une pulpe rouge formée de sinus gorgés de sang (d'apr. MAN.-MAN. Méd. 1977). Grosse rate; ablation, obstruction, lésion de la rate; rate hypertrophiée. La greffe de la rate, par exemple, se réalise avec un pourcentage considérable de réussites (CUÉNOT, J. ROSTAND, Introd. génét., 1936, p. 79).
Loc. verb. fig., pop., fam. Décharger sa rate. Faire éclater sa colère, sa mauvaise humeur. (Dict. XIXe et XXe s.). Dilater sa rate, se dilater la rate. V. dilater B 2. (Ne pas) se fouler la rate. (Ne pas) se fatiguer. Pourquoi se fouler la rate pour si peu! (BAUDEL., Art romant., 1846, p. 385).
Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. rate (rem. s.v. rat) et formes de rater. Att. ds Ac. dep. 1694). Étymol. et Hist. 1. [Xe s. lat. médiév. rata anat. (De corporis humani partibus, ms. B.N., lat. 6810, f ° 48 ds R. Philol. Litt. Hist. anc., 3e série, t. 44, 1970, p. 100: lien, quam rustici ratam vocant)] XIIe s. (Gloss. Tours, 329 ds T.-L.); 2. a) 1652 dilater, épanouir, etc. la rate « faire rire » (Th. CORNEILLE, D. Bertr. de Cigarral, IV, 5 ds LITTRÉ, s.v. épanouir: pour lui faire épanouir la rate); b) 1808 se fouler la rate « faire des efforts » (HAUTEL); c) 1842 ne pas se fouler la rate. Orig. incertaine. L'hyp., proposée par Diez et reprise avec réticence par le FEW t. 16, pp. 673-674, d'un empr. au m. néerl. rate « rayon de miel », qui se serait fait en raison d'une certaine ressemblance de l'intérieur de la rate avec un rayon de miel, se heurte au fait que le mot néerl. ne signifie jamais « rate » et que le mot fr. ne signifie jamais « rayon de miel »: le changement de sens aurait donc dû se faire au moment même de l'empr. Fréq. abs. littér.:159. Bbg. QUEM. DDL t. 17.

1. rate [ʀat] n. f.
ÉTYM. 1530; rate pour rat, XIIe; fém. de rat.
Femelle du rat.
1 Il avait fini peu à peu par distinguer différentes sortes de personnalités ratières. Les bêtes avaient leurs noms et quand telle rate opulente et sympathique baptisée Roni avait gagné ses bonnes grâces, il la laissait souvent rogner tranquillement sa paillasse.
P. Grainville, les Flamboyants, 1976, p. 67.
REM. 1. On trouve parfois ratte.
2 Un de nos confrères pince-sans-rire se fit l'écho d'une plainte de membres d'une autre académie qui trouvent incommode que la rate, femelle du rat, ne prenne qu'un T, tout comme le viscère.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 33.
2. Le mot, rare ou plaisant dans l'usage général, est normal en biologie, le rat étant un animal de laboratoire très habituel.
DÉR. Ratte.
HOM. 2. Rate, ratte.
————————
2. rate [ʀat] n. f.
ÉTYM. 1156; moyen néerl. râte « rayon de miel » (→ 2. Rayon), par anal. de forme.
Organe lymphoïde du système réticulo-endothélial, situé sous la partie gauche du diaphragme, et constitué par une pulpe rouge gorgée de sang parsemée de nodules blancs (follicules lymphoïdes). || De la rate. Splénique. || Fonction de la rate dans la production de l'hémoglobine, des pigments biliaires, des anticorps. || Maladies de la rate. Périsplénite, ratelle, splénite. || Hypertrophie de la rate chez les paludéens. || Ablation expérimentale de la rate. Dérater (→ aussi Ouf, cit. 3). || Absence de rate. Asplénie.Dans l'ancienne médecine la rate passait pour sécréter la « bile noire », cause d'humeur mélancolique ( Atrabilaire; mélancolie, spleen). || Dégonfler la rate (→ Médecine, cit. 2).
1 Galien dit que l'usage de la rate est de nettoyer le sang féculent, et d'attirer l'humeur mélancolique : et pour cela quelques-uns l'ont appelée faux foie, et d'autres l'organe du ris; d'où vient qu'on dit de ceux qui se réjouissent, qu'ils s'épanouissent la rate.
Furetière, Dict., art. Rate.
2 La rate est un organe lymphoïde, dont les fonctions multiples et complexes sont encore mal connues. Les fonctions se rattachent à la lymphopoïèse (formation des globules blancs), à l'hématopoïèse (formation des globules rouges), à l'hématolyse (destruction des globules rouges). En dehors de ces fonctions, la rate semble jouer encore un pouvoir phagocytaire important. Véritable grenier de globules rouges, elle les déverse dans la circulation sanguine sous diverses influences (influence de l'altitude, par exemple, Binet). Enfin elle joue un rôle important dans la libération des pigments ferrugineux (fonction martiale).
L. Testut, Traité d'anatomie, t. IV, p. 707.
(1652, épanouir la rate). Loc. fig. et fam. Décharger (cit. 14) sa rate : faire éclater sa colère.Dilater, désopiler la rate : amuser, faire rire. || Après nous être bien épanoui (cit. 5) la rate.Se fouler la rate : faire des efforts.Ne pas se fouler (cit. 13) la rate : paresser.
3 Je suis gai de nature; j'aime à rire et j'ai la rate qui va en éclater quelquefois !
J. Vallès, l'Enfant, XV.
Loc. fam. Se mettre la rate au court-bouillon : se faire beaucoup de souci.
DÉR. Ratelle.
COMP. Dérater.
HOM. 1. Rate, ratte.

Encyclopédie Universelle. 2012.